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Examen de la sécrétion lacrymale


Assessment of the lacrymal secretion
A. Muselier, C. Creuzot-Garcher

Les pathologies de la surface oculaire constituent des entités variées impliquant la conjonctive, la cornée et
Mots-clés :
le film lacrymal. Les méthodes d’étude du film lacrymal représentent une seule facette de l’exploration de la
Film lacrymal surface oculaire qu’il est difficile de dissocier des méthodes d’examens conjonctival et cornéen. Cette évaluation
Conjonctive repose avant tout sur la réalisation de tests cliniques simples qu’il convient d’effectuer de façon rigoureuse
Test de Schirmer et dans un ordre précis. Le test de Schirmer, la mesure du break-up time, l’analyse de l’imprégnation par
Fluorescéine la fluorescéine et par le vert de lissamine restent les piliers de cette exploration. Les autres méthodes comme
Temps de rupture du film lacrymal la mesure de l’osmolarité du film lacrymal ou les empreintes conjonctivales sont des apports indéniables en
Vert de lissamine recherche et dans des cas d’inflammations conjonctivales complexes. Les techniques qui nécessitent le recueil
Osmolarité lacrymale des larmes souffrent de biais liés au mode de prélèvement.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Keywords:
Lacrymal layer
Conjunctiva Ocular surface disorders are lacrymal, corneal and conjunctival entities. Methods to study lacrymal layer
Schirmer test can hardly be dissociated from conjunctival and corneal assessments. These evaluations are mainly based
Fluorescein on Schirmer test, Break up time, fluorescein and lissamin green stainings leading to the definition of an
Break-up time organigram. Other methods such as measurement of osmolarity or impression cytology are reliable methods
Lissamin green for research or for complex inflammatory cases. All techniques using tear sampling suffer from the biases due
Osmolarity to reflex tearing during the collection.
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Plan la cornée contre la dessiccation, de maintenir une surface


réfractive lisse, d’assurer une protection antimicrobienne, de
■ Introduction 1 permettre une bonne oxygénation cornéenne et d’empêcher sa
déshydratation.
■ Film lacrymal 1 Toute perturbation de ce dernier peut être à l’origine de
Généralités 1 symptômes et/ou de signes cliniques, notamment de sécheresse
Différentes couches du film lacrymal 2 oculaire. Celle-ci constitue une des atteintes les plus fréquentes
Physiologie du film lacrymal 2 de la surface oculaire que ce soit de façon primitive ou secon-
■ Mesure de la sécrétion lacrymale 2 dairement à une pathologie ou un traitement. Le film lacrymal
Test de Schirmer I et dérivés 2 est depuis des décennies au cœur de la définition de l’œil sec
Test de Jones 2 puisqu’en 1995, Holly et Lemp, rapportaient une définition basée
Test au rouge phénol 3 sur le concept des trois couches du film lacrymal [1] . Toute atteinte
■ Évaluation de la qualité du film lacrymal 3 d’une ou plusieurs de ces couches pouvait être à l’origine de modi-
Mesure du temps de rupture du film lacrymal fications qualitatives ou quantitatives du film lacrymal et induire
(« break-up time ») 3 une kératoconjonctivite sèche. Depuis, une nouvelle définition
Analyse de l’intégrité du film lacrymal et des conséquences plus adaptée à la gravité réelle de la maladie et à ses mécanismes
cellulaires : colorants 3 biologiques a été validée lors du dernier consensus internatio-

nal sur la sécheresse oculaire en 2007. La définition actuelle de
Examens complémentaires 4
l’œil sec est donc la suivante : « L’œil sec est une maladie mul-
Test de clairance de la fluorescéine 4
tifactorielle des larmes et de la surface oculaire, entraînant des
Interférométrie 4
symptômes d’inconfort, une gêne visuelle et une instabilité du
Évaluation optique du film lacrymal 4
film lacrymal, avec risque d’atteinte de la surface oculaire. Il
Autres examens 4
s’accompagne d’une augmentation de l’osmolarité du film lacry-
■ Dosages lacrymaux 4 mal et d’une inflammation de l’unité fonctionnelle que constitue
Dosage du lysozyme et de la lactotransferrine lacrymale 4 la surface oculaire » [2] .
Électrophorèse des protéines lacrymales 4 L’examen clinique du film lacrymal doit être précédé d’un inter-
Mesure de l’osmolarité lacrymale 4 rogatoire précisant la symptomatologie et ses horaires, les prises
Analyse des lipides 5 médicamenteuses, les affections générales associées, le métier du
■ Analyses histologiques 5 patient et un éventuel tabagisme. Ces questions permettent en
Biopsie conjonctivale 5 outre d’observer les patients, la fréquence des clignements pal-
Empreinte conjonctivale 5 pébraux et de rechercher d’éventuelles affections palpébrales et
■ Conclusion – conséquences pratiques 5 cutanées associées.

 Film lacrymal
 Introduction Généralités
Les affections de la surface oculaire constituent un ensemble Le film lacrymal est l’interface entre l’œil et le monde exté-
hétérogène impliquant l’unité fonctionnelle représentée par le rieur. Il doit assurer une bonne qualité réfractive, une défense
film lacrymal et la surface cornéoconjonctivale. Le film lacry- antimicrobienne efficace et doit être capable de protéger la sur-
mal est une structure élaborée et dynamique dont le rôle est face oculaire contre toutes les attaques extérieures [3] . Il constitue
primordial. Chacune de ses couches a son importance et lui d’ailleurs la deuxième barrière de protection de la surface ocu-
permet d’assurer ses différentes fonctions qui sont de protéger laire après les paupières. Il est composé d’eau, d’enzymes, de

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 11 > n◦ 2 > avril 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(14)63262-7
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protéines, d’immunoglobulines, de lipides, de glycoprotéines, de Physiologie du film lacrymal


différents métabolites et de cellules exfoliées multinucléées. Sa
variabilité dans le temps explique qu’il est difficile de définir sa Un schéma pour expliquer la physiologie de la sécrétion lacry-
constitution instantanée exacte. Le volume du film lacrymal est male a été proposé par Stern et al. et repris dans le dernier
évalué entre 7 et 9 ␮l avec une sécrétion basale de 1 à 2 ␮l/min. workshop de 2007 [2, 9] . L’unité lacrymale fonctionnelle est ainsi
La constitution du film lacrymal dépend de trois éléments : la composée des glandes lacrymales, de la surface oculaire et de
sécrétion des larmes, l’étalement correct de celles-ci à la surface connexions nerveuses. Une stimulation inconsciente des termi-
oculaire et leur résorption en partie par le canal lacrymonasal naisons nerveuses cornéennes induirait un arc réflexe afférent le
et en partie par évaporation [4] . Le flux lacrymal peut être éva- long du trajet du trijumeau pour arriver jusqu’au tronc cérébral.
lué par fluorophotométrie (0,9–1,2 ␮l/min). L’épaisseur réelle du De là, un message efférent empruntant les fibres autonomes le
film lacrymal évaluée autrefois par Prydall par interférométrie à long du trajet du nerf facial VII serait généré jusqu’aux glandes
35 à 40 ␮m serait en fait plutôt de l’ordre de 10 ␮m, ce dernier lacrymales. Cette boucle réflexe serait à l’origine de la sécrétion
étant en grande majorité formé d’un gel contenant des mucines, régulière et coordonnée des trois phases du film lacrymal pour
élément essentiel de sa stabilité [5–8] . Quelle que soit l’épaisseur permettre une protection de la surface oculaire.
mesurée du film lacrymal, il est actuellement bien établi que les
trois couches lipidique, aqueuse et muqueuse sont étroitement
intriquées : le mucus est dilué dans l’eau et adhère aux cellules  Mesure de la sécrétion lacrymale
cornéoconjonctivales superficielles (formant un gel de mucus de
densité décroissante vers la surface) alors que la couche lipidique Une appréciation de la sécrétion lacrymale peut être réalisée
s’étale en surface afin de limiter l’évaporation. Nous allons pour par différents tests mais une façon rapide et simple est représen-
plus de clarté décrire séparément les trois constituants du film tée par la mesure de la hauteur du ménisque lacrymal. Elle est
lacrymal que sont la couche lipidique, la couche aqueuse et la le reflet du volume basal des larmes. Normalement, celle-ci est
couche muqueuse. d’environ 0,3 mm. Elle peut être mesurée plus précisément grâce
à la hauteur de la fente lue sur le vernier ou de façon plus moderne
par vidéoméniscométrie ou grâce à l’optical coherence tomography
Différentes couches du film lacrymal (OCT) de segment antérieur [10] .

Couche lipidique
Test de Schirmer I et dérivés
Elle est essentiellement sécrétée par les glandes de Meibomius,
glandes de type holocrine qui sont enchâssées dans le tarse. Les tests décrits ci-dessous permettent d’apprécier le réflexe
Chaque orifice libère ses sécrétions lipidiques lors du clignement de larmoiement lié à une stimulation conjonctivale (Schirmer I),
et assure ainsi la diffusion des lipides à la surface du film lacry- nasale (Schirmer II) et rétinienne (Schirmer III) [11] .
mal. L’épaisseur et la stabilité du film lacrymal sont dépendantes Le test de Schirmer I mesure la sécrétion lacrymale totale, basale
de la capacité d’expression de ces glandes de Meibomius qui et réflexe. Une bandelette de papier buvard graduée de 5 en
sont sous l’influence de facteurs divers de types mécanique, ner- 5 mm est placée dans le fornix inféroexterne à la jonction du
veux, hormonal et physique. Sa composition majoritairement de tiers externe et des deux tiers internes du cul-de-sac conjoncti-
nature lipidique (triglycérides, acides gras libres, cires, choles- val pendant cinq minutes, en évitant tout contact cornéen. Le
térol estérifié) varie d’un sujet à l’autre. La phase lipidique du test, bilatéral et comparatif, est effectué sans anesthésie locale et
film lacrymal est constituée de deux niveaux distincts : un niveau avant toute instillation ou geste local (Fig. 1). La mesure doit être
superficiel constitué de lipides non polarisés, hydrophobes, et un lue au bout de cinq minutes (longueur de la zone humidifiée).
niveau profond constitué de lipides polarisés et en contact étroit On parle d’hyposécrétion lorsque l’imprégnation du papier
avec les lipocalines de la couche aqueuse sous-jacente. Elle repré- buvard est inférieure à 10 mm en cinq minutes. On améliore la
sente donc la couche la plus externe du film lacrymal et joue spécificité du test en retenant la valeur seuil de 5 mm. Cepen-
un rôle majeur malgré sa faible épaisseur. Elle assure quatre rôles dant, la sensibilité de ce test est médiocre (variant de 25 à 83 %
principaux : la prévention de l’évaporation de la couche mucinoa- selon les auteurs) et sa reproductibilité mauvaise rendant parfois
queuse, la lubrification de la cornée et des paupières au cours du l’interprétation de son résultat difficile. Ce test est important pour
clignement, le lissage du film lacrymal qui en améliore les qualités distinguer les différentes étiologies de sécheresse oculaire [12] .
optiques et enfin un rôle de barrière contre la contamination du Le test de Schirmer II mesure la sécrétion après stimulation de la
sébum cutané. muqueuse nasale avec un Coton-Tige® qui induit un larmoiement
réflexe dont la norme est située à 10 mm [13, 14] . Ce test serait plus
sensible que celui de Schirmer I mais est abandonné actuellement.
Couche aqueuse Le test de Schirmer III évalue l’influence de la stimulation lumi-
neuse sur la sécrétion lacrymale.
Elle représente la majeure partie du film précornéen et son
épaisseur est d’environ 8 ␮m. Elle est principalement consti-
tuée d’eau (98 %), mais contient aussi des gaz, des électrolytes, Test de Jones
des facteurs de croissance, des composés organiques et pro-
téiques, des immunoglobulines et des cellules desquamées. La Il s’agit d’un test de Schirmer effectué après instillation d’un
sécrétion basale est assurée par les glandes lacrymales acces- anesthésique local qui supprime la composante réflexe du lar-
soires de Krause et Wolfring tandis que la sécrétion réflexe et les moiement due à l’irritation conjonctivale, même si la distinction
protéines le sont par la glande lacrymale principale. Elle joue
un rôle antimicrobien essentiel grâce à un taux élevé de lyso-
zyme et une concentration importante d’anticorps et permet
l’apport de nutriments, d’oxygène et une hydratation cornéenne
prévenant une kératinisation qui entraînerait une opacification
cornéenne.

Couche muqueuse
Elle est constituée de mucines qui sont des glycoprotéines de
haut poids moléculaire. Celles-ci sont sécrétées par les cellules à
mucus de la conjonctive. La couche muqueuse constitue la couche
la plus profonde du film lacrymal et elle adhère étroitement aux
Figure 1. Test de Schirmer I.
cellules épithéliales sous-jacentes.

2 EMC - Ophtalmologie
Examen de la sécrétion lacrymale  21-169-A-10

entre sécrétions basale et réflexe n’est pas aisée [15] . Il permet donc
une étude de la sécrétion lacrymale basale (flux physiologique)
et il est considéré comme anormal en dessous de 5 mm au bout
de cinq minutes de contact [16] . Il doit être réalisé au moins deux
minutes après l’instillation d’anesthésique local.

Test au rouge phénol


Ce test utilise un fil de coton imbibé d’une substance indicatrice
de pH (le rouge phénol) que l’on place au niveau du cul-de-
sac au tiers externe de la paupière inférieure. Ce test rapide et
indolore est un bon reflet de la quantité de larmes présente au
niveau de la rivière lacrymale. La norme est de 9 à 18 mm en
15 secondes, la valeur de 12 mm semblant une bonne valeur seuil
(longueur de fil imbibé de larmes devenu rouge orangé) [17] . Il
semble que la combinaison de ce test avec le test de Schirmer per-
met d’améliorer le taux de détection des patients présentant un
syndrome sec [18] .

 Évaluation de la qualité du film


lacrymal Figure 2. Examen de la surface oculaire à l’aide de colorants vitaux.
Imprégnation par la fluorescéine pour mettre en évidence une kératite
Mesure du temps de rupture du film lacrymal ponctuée superficielle.
(« break-up time »)
Après instillation d’une goutte d’une solution de fluorescéine échelles (comme celle d’Oxford par exemple qui varie de 0 à 4).
à 0,5 %, on mesure le délai d’apparition de la première zone Elle permet en outre de bien localiser les lésions de kératite fila-
de rupture du film lacrymal en l’absence de clignement. Ces menteuse.
mesures sont répétées à trois reprises pour retenir la moyenne Dans la pratique ophtalmologique, c’est l’association
de celles-ci. L’instillation de la fluorescéine doit être modérée « recherche de l’imprégnation fluorescéinique et recueil des
sous peine de fausser la mesure. L’idéal est donc plutôt d’imbiber symptômes cliniques » qui est la combinaison la plus fréquem-
une bandelette de fluorescéine d’une goutte de sérum physiolo- ment effectuée lors de l’évaluation d’une anomalie de la surface
gique pour approcher l’extrémité de la bandelette de la rivière oculaire [23] .
lacrymale et imprégner ensuite celle-ci. La mesure s’effectue dans
tous les cas après une attente de une minute. Le break-up time
Rose bengale
(BUT) permet d’étudier la qualité du film lacrymal en appréciant
sa tension superficielle, sa viscosité et sa stabilité sur la surface On a longtemps pensé que le rose bengale était indicateur des
cornéoconjonctivale. cellules dévitalisées de l’épithélium cornéoconjonctival et des fila-
Le chiffre normal moyen est de dix secondes, à décomp- ments de mucus. On sait maintenant qu’il ne s’agirait pas d’un
ter entre le dernier clignement palpébral et l’apparition de la colorant vital mais d’un marqueur à effet potentiellement toxique
première zone de rupture. L’idéal est de respecter le cligne- sur les cellules saines dont l’imprégnation « in vivo » serait le reflet
ment normal du patient et de ne pas maintenir les paupières de la non-intégrité de la couche de mucus [24] . Cette dernière exer-
ouvertes de façon forcée. Sa valeur peut être modifiée par des cerait en effet un rôle de barrière protectrice. Les glycoprotéines de
facteurs hormonaux (phase estrogénique du cycle menstruel) surface dérivées des cellules épithéliales protégeraient également
ou par des administrations locales (anesthésiques, collyres avec la surface cornéenne de la coloration par le rose bengale. Une
conservateurs). L’influence de la température ou l’humidité reste imprégnation est donc le témoin d’une altération de la couche de
controversée [19, 20] . mucus et non d’une altération cellulaire. En raison du caractère
douloureux de l’instillation, celle-ci est nécessairement modérée
(5 ␮l) ou précédée d’une anesthésie locale de contact. Il est plus
Analyse de l’intégrité du film lacrymal facile d’apprécier ce marquage à l’aide du filtre vert de la lampe
et des conséquences cellulaires : colorants à fente. Chaque quadrant (temporal, nasal et cornéen) est évalué
de 0 à 3 et la somme des trois donne le score de Van Bijsterveld.
L’objectif de ces colorants est de mettre en évidence des alté- D’autres schémas ont été proposés en détaillant davantage le degré
rations cellulaires (cornéennes et conjonctivales) et d’apprécier la d’atteinte conjonctivale (score d’Oxford coté de 0 à 4). Le rose ben-
qualité du film lacrymal. On définit un colorant vital par sa capa- gale est de nos jours peu utilisé en pratique clinique courante et
cité à distinguer une cellule normale d’une autre endommagée est remplacé par le vert de lissamine [22] .
ou morte. Ces colorants existent actuellement tous sous forme
d’unidose, sauf le vert de lissamine (Lissaver® ). Vert de lissamine
Ce colorant est utilisé avec les mêmes indications que le rose
Fluorescéine bengale mais présente l’avantage d’être indolore lors de son ins-
Il s’agit d’un colorant de la famille des hydroxyxanthènes. Elle tillation dans l’œil. Ses caractéristiques ne sont pas exactement
met en évidence le film lacrymal par l’étude du BUT et objective superposables à celles du rose bengale puisqu’il colore unique-
les pertes cellulaires épithéliales. L’instillation ne doit pas dépasser ment les cellules mortes et que sa coloration n’est pas perturbée
2 ␮l dans le cul-de-sac conjonctival. Elle ne colore ni le mucus ni par la couche de mucus [25] . Il peut donc être considéré comme un
les cellules elles-mêmes. Une imprégnation par la fluorescéine sur- colorant vital. On lui reproche son manque de spécificité dans le
vient lorsque les jonctions intercellulaires sont rompues (Fig. 2). diagnostic des xérosis précoces. L’examen est rendu plus sensible
Elle ne marque pas les cellules si celles-ci sont intactes, n’a pas de par l’emploi d’un filtre rouge [22] . Il permet d’étudier la sécrétion
toxicité intrinsèque et le marquage n’est pas modulé par la qualité des glandes de Meibomius et d’apprécier la souffrance des cel-
du film lacrymal sus-jacent [21, 22] . lules épithéliales cornéennes. Disponible sous forme de bandelette
On quantifie le marquage fluorescéinique en cotant celui-ci imprégnée (Lissaver-Plus® ), il est administré après humidification
sur les quadrants nasaux, cornéens et temporaux avec différentes de celle-ci par une goutte de sérum physiologique. L’intensité du

EMC - Ophtalmologie 3
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Autres examens
• L’OCT de segment antérieur permet de fournir une image struc-
turelle du film lacrymal [34, 35] .
• Le microscope confocal in vivo permet surtout une visuali-
sation des conséquences cornéennes et conjonctivales d’un
dysfonctionnement lacrymal.
• L’analyse de la température du film lacrymal (thermographie)
semble être un moyen intéressant d’apprécier la qualité de celui-
ci. Cet examen reste du domaine de la recherche.

 Dosages lacrymaux
Le mode de prélèvement à privilégier demeure le principal obs-
tacle au dosage lacrymal de différentes substances qui nécessitent
donc chacune la définition de la « moins mauvaise » méthode de
prélèvement [36] . Une stimulation, aussi minime soit-elle, liée à un
contact avec la conjonctive, ne met plus le prélèvement dans des
conditions basales puisqu’il entraîne un larmoiement réaction-
Figure 3. Examen de la surface oculaire à l’aide de colorants vitaux. nel, donc une dilution de la substance dosée d’autant plus que
Imprégnation par le vert de lissamine (chaque zone – nasale, temporale cette dilution varie selon les molécules. Une des méthodes pour
ou cornéenne – est cotée sur 3 dans le score de Van Bijsterveld). éviter ce biais est de rapporter la substance dosée à une variable
comme la teneur en albumine. Cette technique néglige toutefois
la variation protidique liée à certaines affections conjoncti-
marquage est évaluée par les mêmes classifications que pour le vales inflammatoires. Plus qu’une valeur absolue, il est donc
rose bengale (score de Van Bijsterveld, score d’Oxford) auquel il préférable d’évaluer, par le dosage direct dans les larmes, une
s’est progressivement substitué (Fig. 3) [26] . molécule par rapport à une autre (par exemple, rapport des
marqueurs du système Th1/Th2 dans les affections inflamma-
toires de la conjonctive). Le deuxième obstacle est bien entendu
 Examens complémentaires le faible volume de larmes, circonstances encore aggravées
par la sécheresse oculaire, ce qui privilégie donc les micro-
méthodes permettant des dosages multiples à partir d’un seul
Test de clairance de la fluorescéine prélèvement.
Certains auteurs insistent sur la valeur du test de clairance d’une
solution de fluorescéine à 0,5 % (10 ␮l) qui peut être effectué assez
facilement par l’évaluation du degré de dilution de fluorescéine au
Dosage du lysozyme et de la lactotransferrine
bout d’un temps donné par fluorométrie. Cet examen est un bon lacrymale
reflet du turnover des larmes, de la production de larmes et indirec-
tement des capacités de drainage des larmes. Les valeurs normales Il permet d’apprécier l’activité fonctionnelle de synthèse pro-
sont en moyenne de 19 contre 11 chez les patients atteints de syn- téique de la glande lacrymale puisque la lactoferrine représente
drome sec. Il serait plus sensible que le test de Schirmer et aurait le quart des protéines réflexes. Pour obtenir une analyse fiable, le
une meilleure corrélation avec les symptômes rapportés par les dosage du lysozyme doit être confronté à celui de sujets témoins
patients ; cependant, il n’est pas ou peu utilisé en pratique clinique du même âge. Il ne fait pas partie des critères fiables d’examens
courante [27] . Différents index ont été définis afin de sensibiliser les complémentaires en raison de la grande variabilité liée au mode
tests cliniques [28] . de prélèvement des larmes (disque de papier déposé au niveau de
la rivière lacrymale).

Interférométrie Électrophorèse des protéines lacrymales


Divers appareils permettent l’étude du film lacrymal de manière Effectuée sur bande d’acétate de cellulose, elle mesure la quan-
non invasive en se basant sur un système d’interférométrie. Ces tité globale de protéines dans les larmes (qui sont synthétisées
systèmes permettent d’évaluer l’épaisseur de ce dernier et plus essentiellement au niveau de la glande lacrymale) et met en
précisément de sa composante lipidique, sa répartition et sa stabi- évidence quatre pics protéiniques (albumine, protéines diverses,
lité. Plusieurs classifications ont été proposées selon les appareils lactoferrine/immunoglobuline et lysozyme). Toute dysfonction
(Tearscope® , etc.) [29] . Depuis quelques mois, un nouveau dis- de synthèse de cette glande est donc aisément repérable par
positif (LipiView® ) permet une étude de cette composante du l’électrophorèse des protéines lacrymales [37] . Cet examen reste
film lacrymal et une aide au diagnostic de dysfonctionnement assez peu réalisé en pratique.
meibomien. Toutefois, l’interprétation de cette technique qui De la même façon, toutes les molécules de l’inflammation
n’est pas aisée n’en fait pas un outil très répandu en clinique peuvent être dosées dans les larmes, les nouvelles techniques
courante [30] . permettant d’atteindre des seuils de détection très bas adaptés
aux larmes (dosages de cytokines, de prostaglandines, de média-
teurs de l’inflammation ou de l’apoptose, etc.) par méthode
Évaluation optique du film lacrymal enzyme-linked immunosorbent assay (Elisa), par cytométrie en flux,
etc.
L’analyse optique par vidéokératoscopie repose sur une éva-
luation de la stabilité du film lacrymal utilisant des indices
de stabilité régulière ou asymétrique des larmes [31] . D’autres Mesure de l’osmolarité lacrymale
appareils tels l’aberromètre de Shack-Hartmann ou l’Optical
Quality Analyzing System (OQAS) permettent d’apprécier les L’osmolarité des larmes apprécie la concentration des sub-
anomalies optiques secondaires à une irrégularité du film stances osmotiquement actives des larmes. Une diminution de la
lacrymal [32] . Ces technologies permettent d’évaluer le reten- sécrétion aqueuse ou une augmentation de l’évaporation entraîne
tissement fonctionnel sur la vision des anomalies du film une hyperosmolarité lacrymale responsable à son tour de lésions
lacrymal [33] . épithéliales et secondairement d’une réaction inflammatoire qui

4 EMC - Ophtalmologie
Examen de la sécrétion lacrymale  21-169-A-10

Figure 4. TearLabTM Osmolarity System. Cette plateforme permet de


réaliser une mesure simple et rapide de l’osmolarité lacrymale.

Figure 5. Empreinte conjonctivale à l’aide d’un disque d’acétate de


altère le film lacrymal et favorise ainsi son évaporation, condui- cellulose afin d’étudier les anomalies cellulaires au niveau de la conjonctive
sant à un véritable cercle vicieux [38] . L’hyperosmolarité lacrymale supérieure.
est de nos jours reconnue comme un des mécanismes centraux de
la sécheresse oculaire [39] .
La mesure de l’osmolarité lacrymale bénéficie d’un regain
tissulaires. Il s’agit malheureusement d’une technique invasive
d’intérêt depuis plusieurs années depuis l’arrivée sur le marché
qui ne peut être réalisée de façon systématique mais elle reste un
d’un osmomètre (le TearLab® Osmolarity System) (Fig. 4) permet-
moyen irremplaçable d’étude de la conjonctive.
tant de réaliser de façon rapide, simple et indolore une mesure
de l’osmolarité lacrymale. Les valeurs « normales » de l’osmolarité
lacrymale oscillent autour de 310 mOsm/l. La plupart des études
portent sur l’intérêt de mesurer l’osmolarité lacrymale dans la
Empreinte conjonctivale
sécheresse oculaire [40–43] . Cependant, il a été montré une grande Elle permet de prélever la couche superficielle des cellules
variabilité des résultats à quelques minutes d’intervalle chez un conjonctivales ainsi que le mucus de surface [48] . Cette technique
même patient [44] . Cette variabilité encore plus importante chez consiste à placer, après anesthésie locale de contact, un disque
les patients souffrant de sécheresse oculaire reste un des inconvé- d’acétate de cellulose sur le secteur conjonctival étudié (Fig. 5).
nients de la mesure de l’osmolarité lacrymale tout comme le coût Après quelques secondes de contact, la membrane est décollée de
du dispositif [43] . la conjonctive avec une pince, emportant avec elle les couches
les plus superficielles de la surface conjonctivale ainsi que du
mucus. L’empreinte est alors fixée, déposée sur une lame, puis
Analyse des lipides colorée avant étude en microscopie optique ou électronique. Cette
L’analyse des lipides est rendue assez difficile par leur faible méthode est séduisante car elle est atraumatique. En revanche, on
quantité dans le film lacrymal et par les méthodes permettant peut lui reprocher d’être assez inhomogène même si des efforts
de les recueillir (bandelette, microcapillaire). L’interférométrie ont été faits pour niveler les variations liées à la zone de prélè-
permet une étude globale de la couche lipidique alors que la vement. La possibilité d’étudier globalement les cellules prélevées
meibométrie évalue plutôt le volume de la couche lipidique [45] . par empreinte par cytométrie en flux a été une avancée indéniable.
Certains auteurs insistent sur l’importance d’une sécrétion mei- Il devient en effet possible de quantifier la réaction inflamma-
bomienne résiduelle et proposent différents algorithmes reposant toire en associant plusieurs marqueurs ou d’envisager un suivi
avant tout sur la qualité de cette dernière [46] . L’analyse plus pous- thérapeutique [49–52] .
sée de quantités infimes de lipides meibomiens peut être réalisée
grâce à des techniques de chromatographie en phase gazeuse cou-
plée à de la spectrométrie de masse mais reste du domaine de la  Conclusion – conséquences
recherche [47] .
pratiques
 Analyses histologiques Les différents examens décrits permettent d’étudier les princi-
paux composants du film lacrymal et d’évaluer de manière globale
sa structure. Cependant, leur sensibilité et leur spécificité sont
Elles donnent des reflets indirects de la fonction lacrymale et
variables. Pris isolément, chaque test ne permet pas à lui seul
sont donc à la limite des explorations dévolues uniquement au
d’établir un diagnostic précis. Il en est tout autrement si les résul-
film lacrymal dont elles explorent avant tout les conséquences
tats des tests sont confrontés deux à deux : ainsi le BUT et le test de
conjonctivales du dysfonctionnement.
Schirmer (< 10 mm) pris isolément ont une bonne sensibilité mais
une mauvaise spécificité. En revanche, l’association de ces deux
Biopsie conjonctivale tests permet d’atteindre une sensibilité de 90 % et une spécificité
de 91 % [53] .
Sous anesthésie locale, on prélève un fragment de conjonctive Le but de ces investigations est essentiellement de distinguer des
qui est fixé et inclus en paraffine pour examen en microsco- affections dont la symptomatologie est très proche : les affections
pie optique ou électronique. Cette technique permet une étude liées à un déficit de la fraction aqueuse (lié ou non au syndrome
histologique fine de toutes les structures de la conjonctive, de de Gougerot-Sjögren), les déficits des couches muqueuses ou les
l’épithélium jusqu’au chorion. Elle est donc particulièrement indi- anomalies de la fraction lipidique du film lacrymal. Pflugfelder a
quée si la structure étudiée est profonde ou si l’on désire avoir proposé un algorithme soulignant la pertinence de ces différents
une meilleure idée de l’organisation des différents constituants tests lors de ces affections : le test principal est le BUT qui permet

EMC - Ophtalmologie 5
21-169-A-10  Examen de la sécrétion lacrymale

Tableau 1. [4] Gobbels MJ, Spitznas M. Influence of various pharmaceutical agents


Liste des principaux tests d’évaluation de la surface oculaire. on tear flow as assessed by fluorophotometry. Adv Exp Med Biol
1994;350:385–91.
Tests Normal Pathologique
[5] Tiffany JM, Bron AJ. Role of tears in maintaining corneal integrity.
Test de Schirmer > 20 mm < 5 mm en 5 min Trans Ophthalmol Soc UK 1978;98:335–8.
Ménisque de larmes 0,3 mm < 0,2 mm [6] Prydal JI, Artal P, Woon H, Campbell FW. Study of human precor-
neal tear film thickness and structure using laser interferometry. Invest
BUT > 10 s < 10 s
Ophthalmol Vis Sci 1992;33:2006–11.
Vert de lissamine 0 ou 1/9 > 4/9 [7] Prydal JI, Dilly PN. In vivo confocal microscopy of the cornea and tear
Test de Jones > 10 mm < 10 mm en 5 min film. Scanning 1995;17:133–5.
Test de Schirmer II 20 mm < 15 mm en 2 min [8] King-Smith PE, Fink BA, Hill RM, Koelling KW, Tiffany JM. The
thickness of the tear film. Curr Eye Res 2004;29:357–68.
Osmolarité (mOsm/l) 308 > 312 [9] Stern ME, Gao J, Siemasko KF, Beuerman RW, Pflugfelder SC. The
Clignement (/min) 14,3 33 role of the lacrimal functional unit in the pathophysiology of dry eye.
Exp Eye Res 2004;78:409–16.
Les principaux tests d’évaluation de la surface oculaire sont présentés avec les
[10] Oguz H, Yokoi N, Kinoshita S. The height and radius of the tear
valeurs normales et leurs valeurs pathologiques ou les seuils habituellement rete-
nus pour parler de sécheresse oculaire ; on constate qu’il existe une zone où les meniscus and methods for examining these parameters. Cornea
scores retrouvés sont à la limite ; ils ne sont ni normaux, ni réellement patho- 2000;19:497–500.
logiques : c’est la confrontation des différents examens entre eux qui permet de [11] Nelson JD. Diagnosis of keratoconjunctivitis sicca. Int Ophthalmol
retenir ou non le diagnostic. BUT : break-up time. Clin 1994;34:37–56.
[12] Tseng SC, Tsubota K. Important concepts for treating ocular surface
and tear disorders. Am J Ophthalmol 1997;124:825–35.
de retenir la notion d’instabilité du film lacrymal. Les résultats [13] Tsubota K. The importance of the Schirmer test with nasal stimulation.
des tests de Schirmer et au vert de lissamine permettent alors de Am J Ophthalmol 1991;111:106–8.
distinguer les différentes affections [54] . [14] Tsubota K, Toda I, Yagi Y, Ogawa Y, Ono M, Yoshino K. Three different
L’ordre des examens a également une certaine importance : si types of dry eye syndrome. Cornea 1994;13:202–9.
le test de Schirmer est une variable essentielle (critère d’inclusion [15] Clinch TE, Benedetto DA, Felberg NT, Laibson PR. Schirmer’s test.
dans une étude clinique par exemple), il faut effectuer ce test en A closer look. Arch Ophthalmol 1983;101:1383–6.
premier car il peut être influencé par l’instillation d’une goutte [16] Farrell J, Grierson DJ, Patel S, Sturrock RD. A classification for dry
de colorant. Il entraîne alors un marquage conjonctival lié à la eyes following comparison of tear thinning time with Schirmer tear
position du test dont il faut tenir compte dans le score retenu. test. Acta Ophthalmol 1992;70:357–60.
Dans le cas contraire, il est certainement préférable de l’effectuer [17] Labetoulle M, Mariette X, Joyeau L, Baudouin C, Kirsch O, Offret H,
après l’utilisation des colorants en sachant que l’instillation d’une et al. The phenol red thread first results for the assessment of the cut-off
substance dans l’œil, aussi minime soit-elle, peut perturber la value in ocular sicca syndrome. J Fr Ophtalmol 2002;25:674–80.
sécrétion lacrymale. [18] de Monchy I, Gendron G, Miceli C, Pogorzalek N, Mariette X, Labe-
Le diagnostic des affections de la surface oculaire repose sur les toulle M. Combination of the Schirmer I and phenol red thread tests
résultats d’examens qu’il convient d’effectuer dans un ordre et as a rescue strategy for diagnosis of ocular dryness associated with
Sjogren’s syndrome. Invest Ophthalmol Vis Sci 2011;52:5167–73.
dans des conditions bien précis. L’analyse de ces tests permet le
[19] Franck C, Palmvang IB. Break-up time and lissamine green epithelial
plus souvent de préciser l’élément défaillant dans le film lacrymal. damage in ‘office eye syndrome’. Six-month and one-year follow-up
Toutefois, l’intrication d’anomalies des différents constituants du investigations. Acta Ophthalmol 1993;71:62–4.
film lacrymal rend parfois cette recherche difficile. Des recom- [20] Paschides CA, Stefaniotou M, Papageorgiou J, Skourtis P, Psilas K.
mandations précises ont d’ailleurs été définies en 2007 lors du Ocular surface and environmental changes. Acta Ophthalmol Scand
dernier workshop pour le diagnostic de sécheresse oculaire [39] 1998;76:74–7.
(Tableau 1). [21] Feenstra RP, Tseng SC. What is actually stained by rose bengal? Arch
Ophthalmol 1992;110:984–93.
[22] Bron AJ, Evans VE, Smith JA. Grading of corneal and conjunctival

“ Points essentiels [23]


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• Structure dynamique et complexe du film lacrymal [24] Feenstra RP, Tseng SC. Comparison of fluorescein and rose bengal
• Diversité des tests cliniques d’évaluation staining. Ophthalmology 1992;99:605–17.
• Absence de corrélation entre la symptomatologie et [25] Manning FJ, Wehrly SR, Foulks GN. Patient tolerance and ocular sur-
face staining characteristics of lissamine green versus rose bengal.
l’examen objectif Ophthalmology 1995;102:1953–7.
• Nécessité d’associer au moins deux tests pour préciser [26] Creuzot-Garcher C. Clinical examination of the lacrimal film. J Fr
un diagnostic, un test isolé ayant peu de valeur Ophtalmol 1999;22:461–6.
[27] Afonso AA, Monroy D, Stern ME, Feuer WJ, Tseng SC, Pflugfelder
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[28] Xu KP, Yagi Y, Toda I, Tsubota K. Tear function index. A new measure
of dry eye. Arch Ophthalmol 1995;113:84–8.
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en [29] Guillon M, Styles E, Guillon JP, Maissa C. Preocular tear film charac-
relation avec cet article. teristics of nonwearers and soft contact lens wearers. Optom Vis Sci
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6 EMC - Ophtalmologie
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1700–4. Tear Film & Ocular Surface Society : www.tearfilm.org.

A. Muselier, Praticien hospitalier.


C. Creuzot-Garcher, Professeur des Universités, chef de service (catherine.creuzot-garcher@chu-dijon.fr).
Service d’ophtalmologie, Centre hospitalier universitaire de Dijon, boulevard de Lattre-de-Tassigny, 21034 Dijon cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Muselier A, Creuzot-Garcher C. Examen de la sécrétion lacrymale. EMC - Ophtalmologie 2014;11(2):1-7
[Article 21-169-A-10].

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Iconosup 6
Évaluation de la hauteur du ménisque de larmes qui peut être coloré par la fluorescéine pour faciliter la mesure. Sa valeur normale
est d'environ 0,3 mm. On remarque la présence d'une imprégnation cornéenne par la fluorescéine.
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Iconosup 7
Mesure du temps de rupture du film lacrymal : une quantité minime de fluorescéine est instillée. La cornée est alors examinée en
lumière bleue pour mesurer le délai d'apparition de la première zone sombre au niveau de la surface cornéenne. Cette zone ne doit
pas correspondre à une ulcération cornéenne mais bien à un dry spot distribué de façon aléatoire à la surface cornéenne.
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Iconosup 8
Marquage par le vert de lissamine. La coloration par imprégnation à partir de bandelettes imprégnées de vert de lissamine est
parfois peu marquée (a). L'utilisation d'un filtre rouge permet de facilité la détection (b).
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