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Brûlures cornéennes
J.-J. Gicquel, H. Dua
Les brûlures cornéennes peuvent être consécutives à l’exposition à des agents chimiques, à des
températures extrêmes, ou à des radiations ultraviolettes ou infrarouges. Celles par bases fortes, qui à la
différence des acides pénètrent profondément au sein du segment antérieur, sont particulièrement
sévères. L’examen initial permet de donner un pronostic et d’adapter la thérapeutique en s’aidant d’une
classification standardisée des lésions. Celle de Roper-Hall qui compte quatre grades est insuffisamment
précise en cas de formes graves. Elle a été remplacée par celle de Dua en six grades. Le traitement
chirurgical visant à rétablir un épithélium cornéen sain a permis une amélioration du pronostic des formes
graves. Il peut être précoce (greffe de membrane amniotique, épithéliectomies sectorielles séquentielles)
ou tardif (greffes de cellules souches limbiques [CSL]/expansion in vivo ou ex vivo). Un contrôle optimal de
l’inflammation de surface est indispensable à la survie des CSL greffées.
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Plan ■ Introduction
Les brûlures oculaires représentent une pathologie fréquem-
¶ Introduction 1
ment rencontrée [1].
¶ Brûlures chimiques 1 Lorsqu’elles sont d’origine chimique, elles sont souvent
Épidémiologie 1 bilatérales et à l’origine de nombre de lésions de l’épithélium
Physiopathologie 2 cornéen et conjonctival. Les formes sévères conduisent à une
¶ Agents responsables de brûlures oculaires chimiques 4 conjonctivalisation, une néovascularisation de la cornée ainsi
qu’à des érosions cornéennes récidivantes [2]. Ces stigmates de
¶ Signes fonctionnels 4
l’insuffisance limbique peuvent s’accompagner de destructions
¶ Examen clinique 4 plus ou moins étendues du stroma cornéen conduisant à la
¶ Classifications des brûlures 4 formation de taies. Les lésions conjonctivales présentes notam-
Classification de Roper-Hall 4 ment au niveau des culs-de-sac peuvent elles aussi engendrer
Nouvelle classification de Dua 5 des séquelles majeures notamment à type de symblépharon. Le
pronostic des formes graves a été amélioré au cours de la
¶ Prise en charge guidée par la nouvelle classification de Dua
dernière décennie grâce à la greffe de membrane amniotique
en urgence 5
(MA) [3, 4] ainsi que l’utilisation des auto- [5] ou allogreffes [6] de
Importance du lavage 5
cellules souches limbiques.
Traitement médical 5
¶ Traitement chirurgical 6
Greffe de membrane amniotique 6 ■ Brûlures chimiques
¶ Brûlures thermiques 9
Épidémiologie 9 Épidémiologie
Physiopathologie 9 Les brûlures chimiques représentent 7,7 % à 18 % des
Clinique 9 traumatismes oculaires [7-9]. Dans les pays industrialisés elles
Traitement 9 touchent principalement des hommes jeunes (66,7 %-86 %) [10-
12]. Les enfants sont relativement peu atteints (7 %) [13]. Les
¶ Brûlures par rayonnements 9
Épidémiologie 9 accidents du travail représentent 73 % des cas en Allemagne,
Physiopathologie 9 71 % en Australie et 50 % au Royaume-Uni [10]. Les accidents
Clinique 9 domestiques (37 %) ainsi que les agressions sont moins fré-
Traitement 9 quents (10 %). Un département français d’outre-mer présente
cependant des statistiques hors normes : la Martinique. Les
¶ Monitoring de l’inflammation de la surface oculaire 9 accidents du travail ne représentent que 30 % des cas ; alors que
¶ Conclusion 9 45,5 % des brûlures sont causées par des agressions. Les femmes
trompées ont pour coutume de projeter de l’alcali (solution
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Cellules Cellules
post- différenciées
mitotiques terminales
Cellules
Cellules amplificatrices
souches transitoires Figure 2. Coupe histologique d’une crypte épithéliale. La niche dans
laquelle se trouvent les cellules souches épithéliales trouve son origine
Figure 1. Schéma illustrant l’hypothèse XYZ de Thoft. Les cellules sous une palissade de Vogt, son extrémité s’étend au sein de la substancia
souches basales du limbe se divisent pour donner naissance aux cellules propria.
amplificatrices transitoires, qui entament un mouvement centripète (XY)
et de la profondeur vers la surface (Z), pour finalement donner naissance
aux cellules post-mitotiques ayant perdu la capacité à proliférer. La biologie moléculaire ainsi que l’immunohistochimie ont
permis de caractériser ces cellules souches et de les localiser avec
précision au sein du limbe. Chez l’adulte, celles-ci se trouvent
au niveau de cryptes épithéliales (Fig. 2) [18, 19].
d’ammoniaque à 15,3 %/pH 12,8) au visage des hommes Certains marqueurs plaident en faveur du caractère « souche »
infidèles, afin de « chasser les mauvais esprits » [14]. Merle et al. de ces cellules présentes au niveau des cryptes. Celles-ci
expliquent cette particularité martiniquaise par un faible niveau expriment par exemple la protéine de transport ABCG2 et
d’industrialisation de l’île. Klein et al. [15] puis Beare et al. [11] l’isoforme DNp63a de P63. À l’inverse elles n’expriment pas la
ont mis en évidence aussi de forts taux d’agression par des bases desmogléine (molécule d’adhésion). Pendant longtemps,
fortes au sein de populations défavorisées de zones urbaines. En l’absence d’expression de la connexine 43, protéine des « jonc-
France, du fait de l’absence de dispositif, visant à comptabiliser tions communicantes », au niveau des cellules basales du limbe
de manière systématique les brûlures oculaires, l’incidence réelle a été considérée comme un témoin du caractère « souche » de
à l’échelle du territoire national est difficilement évaluable. Au celles-ci. Récemment, l’expression de ce marqueur a été mise en
Royaume-Uni, bien qu’un tel dispositif existe déjà, l’incidence évidence au niveau de certaines cellules des cryptes épithéliales
enregistrée est très probablement aussi inférieure à la réalité [10]. ou adjacentes aux cryptes [20].
La matrice extracellulaire du limbe est différente de celle de
la cornée centrale. On y retrouve une expression spécifique de
Physiopathologie l’intégrine b1 et de la ténascine C [19].
Chez l’enfant, c’est le limbe tout entier qui présente des
Mise au point concernant le renouvellement caractéristiques semblables à celles des cryptes épithéliales. Les
et la réparation de l’épithélium cornéen cryptes n’apparaîtraient donc que plus tard au cours du déve-
loppement de l’individu [21].
Pour expliquer le renouvellement de l’épithélium, l’hypothèse En cas de désépithélialisation centrale de la cornée sans
la plus classiquement admise est celle dite XYZ (X + Y = Z) où atteinte limbique, la cicatrisation s’effectue par migration
X représente la migration antérieure de cellules à partir de cellulaire centripète (Fig. 3) [22].
l’épithélium basal, Y correspond à la migration centripète de S’il y a une atteinte localisée du limbe, celui-ci cicatrise par
cellules à partir du limbe et Z représente la perte de cellules de migration circonférentielle de cellules adjacentes, puis la cornée
la surface, échafaudée par Thoft [16] (Fig. 1). centrale cicatrise dans un second temps (Fig. 4).
Elle fait du limbe la source cellulaire indispensable au Si le limbe ne joue plus son rôle de barrière et que de
renouvellement cellulaire cornéen. l’épithélium conjonctival envahit la cornée, il en résulte une
Les cellules souches limbiques ont un cycle cellulaire long. insuffisance limbique partielle [17] . Les deux épithéliums,
Elles donnent naissance aux cellules amplificatrices transitoires, cornéen et conjonctival, peuvent ainsi coexister presque
possédant un pouvoir de prolifération augmenté, et répondant indéfiniment [23, 24].
après une blessure par une migration centripète de la profon- L’hypothèse de Thoft et al. [16] a pendant longtemps été
deur du limbe vers la superficie de la cornée. Après plusieurs considérée comme un dogme et ce d’autant plus que la clinique
divisions, les cellules perdent leur pouvoir mitotique et donnent l’a confirmée. Cependant, des publications récentes démontrent
naissance aux cellules épithéliales cornéennes différenciées [17]. que les mécanismes de réparation de l’épithélium cornéen après
Figure 3. Cicatrisation cornéenne par migration cellulaire centripète en l’absence d’atteinte du limbe (reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur [22]).
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Figure 4. Cicatrisation cornéenne par migration cellulaire circonférentielle lors d’une atteinte limbique localisée en inférieur (reproduit avec l’aimable
autorisation de l’éditeur [17]).
A. Brûlure de grade III selon la classification de Dua (4,5 heures de limbe lésé + 30 % de la conjonctive).
B à D. L’épithélium limbique survivant migre de manière circonférentielle.
une agression ne sont probablement pas les mêmes que ceux • les « membrane type » protéinases (MMP 14-17) ;
liés au renouvellement physiologique de l’épithélium cornéen. • la matrilysine (MMP7).
Certains patients présentant une insuffisance limbique sur 360° MMP-1, collagénase de type I, n’est habituellement pas
peuvent malgré tout conserver une cornée centrale claire, avec détectable dans la cornée normale car l’épithélium cornéen sain
un épithélium de bonne qualité pendant plusieurs années [25]. synthétise du transforming growth factor (TGF) b2 qui inhibe sa
Ces îlots centraux d’épithélium cornéen semblent être capables synthèse par les kératocytes [2, 32]. Elle est exprimée uniquement
de se renouveler sans avoir recours aux cellules du limbe. Cette en cas de réparation cornéenne. Sa présence peut être détectée
hypothèse, déjà démontrée chez l’animal [26, 27], a été confirmée jusqu’à 9 mois après le traumatisme initial. Il s’agit de la seule
chez l’homme ex vivo, par une étude pratiquée sur des cornées enzyme capable de cliver le collagène de type I à un pH neutre.
en cultures. Après destruction totale du limbe, par ablation au Les polynucléaires neutrophiles produisent quant à eux une
laser excimer à une profondeur de 80 µm, on assiste à une autre collagénase de type I, la MMP-8.
cicatrisation à partir de cellules de l’épithélium central [28]. La MMP-2, collagénase de type IV, est synthétisée par les
La réparation du stroma cornéen après une brûlure chimique kératocytes. Elle peut être détectée physiologiquement dans la
s’effectue en deux phases : détersion, puis réparation. Après une cornée. Elle est augmentée dans le kératocône et participe au
phase de sidération pouvant durer de quelques minutes à remodelage du stroma cornéen après brûlure. La MMP-9 est une
quelques heures, la phase de détersion commence. Les cellules gélatinase produite par l’épithélium cornéen et en moindre
détruites libèrent des radicaux libres, de l’histamine, des concentration par les kératocytes, les monocytes et les poly-
prostaglandines et des leucotriènes. Ces derniers engendrent un nucléaires. MMP-9 dégrade notamment la membrane basale de
afflux de cellules inflammatoires (polynucléaires et cellules collagène [2].
mononucléées) [29]. Pour qu’il y ait ulcération stromale il faut que l’épithélium
Les brûlures caustiques libèrent par hydrolyse des protéines : cornéen et sa basale aient disparu (action de la MMP-9). Après
la N-acétyl-proline-glycine-proline (Ac-PGP) et la méthyl- une brûlure caustique, la production de MMP-1 normalement
proline-glycine-proline (Me-PGP). Ces deux molécules sont le inhibée par les cytokines produites par l’épithélium augmente.
déclencheur de la réaction inflammatoire initiale, entraînant Les cellules mononucléées synthétisent à leur tour des cytokines
l’afflux et la prolifération des polynucléaires neutrophiles [30]. et la plasmine qui stimulent cette synthèse de MMP-1 par les
Parmi les protéines sécrétées par polynucléaires neutrophiles kératocytes. MMP-1 est inhibée par l’inhibiteur tissulaire des
lors de la phase de détersion, les métalloprotéinases matricielles métalloprotéinase (TIMP), produit par toutes les cellules sauf les
(MMP) jouent un rôle particulièrement important, en dégradant polynucléaires [2, 29, 31].
le collagène lors de la phase de détersion [2, 31] . Elles sont MMP-7 a une action antiangiogénique en détruisant la
sécrétées sous forme latente puis activées par protéolyse [2, 29, membrane basale des vaisseaux [29]. Si la phase de détersion est
31] . Elles comportent un ion métallique dans leur structure trop importante, il y a un risque de perforation.
chimique (ion métallique zinc le plus souvent). À l’inverse, si elle est incomplète, la persistance de tissu
Il y en a cinq classes différentes : nécrotique constitue un risque d’infection.
• les collagénases (MMP 1-4 et 8) ; Une fois la phase de détersion terminée, la phase de cicatri-
• les gélatinases (MMP 2-9) ; sation débute. Les kératocytes y participent en synthétisant le
• les stromélysines (MMP 3, 10 et 11) ; collagène de type I. Cette synthèse de collagène nécessite
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Brûlures cornéennes ¶ 21-208-A-05
Tableau 2.
Classification de Dua.
Grade Pronostic Atteinte limbique en heures Atteinte conjonctivale en % Échelle analogique
I Très bon 0h 0% 0/0 %
Elle classe les lésions en quatre grades de gravité croissante. du patient doit être réévalué régulièrement. En cas de passage
Elle est principalement basée sur l’aspect de la cornée et au grade IV, il pourra bénéficier d’un traitement chirurgical
.
l’étendue de l’ischémie limbique. complémentaire (greffe de MA).
Le grade IV est défini par une atteinte de 6 à 9 heures de
Nouvelle classification de Dua (Tableau 2) limbe et 50 % à 75 % de la conjonctive. Le pronostic va de bon
à réservé.
L’éventail thérapeutique s’étant considérablement élargi, Le grade V est synonyme de mauvais pronostic. Il se définit
notamment grâce à l’apparition de nouveaux outils permettant par une destruction subtotale du limbe supérieure à 9 heures
une reconstruction chirurgicale de la surface oculaire, la mais inférieure à 12 heures et de 75 % à 99,9 % de la conjonc-
classification de Roper-Hall n’est plus suffisamment précise pour tive. Malgré tout, un sauvetage de l’œil est encore envisageable
établir de façon reproductible le pronostic oculaire. Les discor- par la chirurgie.
dances entre les études publiées pour l’utilisation d’une même Le grade VI implique une atteinte limbique sur 360° ainsi
technique (greffe de MA, greffe limbique, ou les deux combi- qu’une destruction de 100 % de la conjonctive. Le pronostic est
nées) ne proviennent pas de la non-reproductibilité des techni- très mauvais quel que soit le traitement utilisé.
ques employées, mais plutôt de l’imprécision de la stadification
initiale des lésions. Ceci s’applique surtout au grade IV de la
classification de Roper-Hall (atteinte limbique comprise entre ■ Prise en charge guidée
50 % et 100 %). Grâce aux techniques modernes de reconstruc-
tion, on peut espérer un résultat satisfaisant pour une destruc-
par la nouvelle classification
tion limbique comprise entre 50 % et 75 %, alors qu’un limbe de Dua en urgence (Fig. 5)
détruit à 100 % augure toujours d’un pronostic sombre. De
plus, l’ancienne classification ne tient pas compte de l’atteinte Importance du lavage
conjonctivale. Lorsque le limbe est détruit à 100 %, si la
conjonctive l’est aussi, il n’y a pas de réépithélialisation et le Le lavage oculaire est effectué le plus rapidement possible.
risque de perforation est majeur. En revanche, s’il persiste de la L’irrigation doit être abondante, l’œil étant maintenu largement
conjonctive saine, un recouvrement de la surface cornéenne par ouvert, au besoin à l’aide d’écarteurs, après instillation préalable
celle-ci évite la fonte du stroma et permet une reconstruction d’une goutte d’oxybuprocaïne ou de tétracaïne. On prend soin
par apport de cellules limbiques dans un deuxième temps. La de bien rincer les culs-de-sac. D’éventuels corps étrangers sont
nouvelle classification de Dua [39], élaborée à partir d’une série retirés lors du lavage ; leur persistance pouvant être à la source
de 67 patients, tient compte de la destruction des cellules d’ulcérations profondes.
souches du limbe, mais aussi de la conjonctive. La solution employée pour le lavage est préférentiellement
Elle comporte six grades. Le limbe est divisé en 12 quadrants une solution saline tamponnée à pH 7,4 par du bicarbonate de
horaires. La notion d’ischémie limbique jugée trop réductrice est sodium [40]. Cette irrigation, hormis en cas de produits simple-
abandonnée au profit d’une « atteinte limbique ». En effet, il est ment irritants, doit être maintenue durant au moins une
possible d’avoir une destruction d’une portion de limbe de demi-heure [41].
pleine épaisseur sans ischémie et à l’inverse, une ischémie En cas de brûlure par base, on peut substituer au sérum
transitoire du limbe n’entraîne pas forcément une destruction physiologique, une solution de chélateur amphotère (Diphoté-
des cellules souches. La destruction conjonctivale est exprimée rine®) [42]. À volume identique utilisé, la Diphotérine® permet-
en pourcentage de surface. Cette classification en grades peut trait une réépithélialisation plus rapide, pour les grades I et II
aussi être exprimée de façon « analogique » permettant une de Ropper-Hal par rapport au sérum physiologique [14]. Cette
précision plus grande à l’intérieur de chaque grade lors du solution, disponible sous la forme de kits prêts à l’emploi est
premier examen ainsi qu’un suivi au cours du temps. Le déjà largement utilisée dans l’industrie.
premier chiffre représente alors le nombre d’« heures de limbe »
détruites de 0 à 12 et le deuxième le pourcentage de la surface Traitement médical
conjonctivale atteinte. Dans les formes sévères, Dua [39] propose Les patients atteints de brûlures de grade I ou II sont traités
une réévaluation quotidienne ou tous les 2 jours de l’état du par :
patient. • des substituts lacrymaux non conservés à volonté : ils
Le grade I de la nouvelle classification est caractérisé par favorisent la réépithélialisation dans un contexte où le film
l’absence d’atteinte limbique ou conjonctivale. Le pronostic est lacrymal est anormal du fait de la destruction des cellules à
excellent. mucus. Ils seront poursuivis une fois la réépithélialisation
Le grade II est caractérisé par une atteinte de moins de trois obtenue [43] ;
quadrants horaires de limbe ainsi que de moins de 30 % de la • un collyre cycloplégique (atropine 1 %) : il possède une
conjonctive. Le pronostic reste bon. Les grades I et II de la activité antalgique propre et minimise le risque de synéchies
nouvelle classification sont globalement superposables à ceux de iridocristalliniennes ;
celle de Roper-Hall. • un collyre antibiotique à large spectre ;
Le grade III, défini par une atteinte limbique de 3 à 6 heures • un antalgique per os (paracétamol seul ou associé au
et conjonctivale de 30 % à 50 %, reste de bon pronostic. L’état dextropropoxyphène).
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Examen initial
* Localement (collyre) :
- cycloplégique (atropine 1 %) : jusqu'à 1 goutte /4 h Réévaluation passée la phase aiguë :
- antibiotique à large spectre (ciprofloxacine) : auto- ou allogreffe limbique
initialement 1 goutte × 6/j puis diminuer
- corticoïde en unidose (prednisolone 0,5 %) :
1 goutte horaire pendant 24 h puis diminuer sur 7 j
- vitamine C : initialement horaire puis diminuer
jusqu'à réépithélialisation
Par voie générale :
- antalgiques : de niveau 2
- tétracyclines : doxycycline 200 mg/j
Figure 5. Abre décisionnel. Prise en charge guidée par la nouvelle classification de Dua (d’après [23]).
Les patients atteints de brûlures de grade III à VI doivent être partir du grade III [48]. Les fortes doses de vitamine C admi-
hospitalisés afin d’optimiser l’observance des traitements locaux nistrées par voie générale ne semblent pas apporter de
administrés de façon répétée au cours du nycthémère. bénéfice en adjonction de la vitamine C administrée locale-
Le traitement médical des patients présentant un grade III à ment [43] ;
VI comporte : • les tétracyclines : elles possèdent une action inhibitrice sur les
• les mêmes médications que pour les grades I et II ; collagénases. On privilégie l’administration par voie générale
• des antalgiques : par voie intraveineuse, qui doivent être plutôt qu’en topique [43, 47, 49] ;
largement prescrits, les lésions des nerfs cornéens engendrant • l’acétylcystéine : celle-ci posséderait une action anticollagé-
des douleurs violentes ; nase, mais son efficacité est controversée [43] ;
• des collyres mucomimétiques : le hyaluronate de sodium • les lentilles de contact : les lentilles souples hydrophiles à
augmente la mouillabilité de la surface et l’adhérence du film haut DK/E permettant une bonne oxygénation de la cornée
lacrymal. En outre, il préviendrait la fibrose conjonctivale [43, peuvent être utilisées comme « pansement ». Elles présentent
44] ; un effet antalgique et amélioreraient l’épithélialisation, mais
• des corticoïdes locaux : en administration initialement ne sont pas dénuées de risques infectieux dans ce
horaire ils évitent une destruction secondaire des tissus en contexte [43]. On leur préfère dans cette indication, la greffe
limitant les phénomènes inflammatoires, en diminuant le de MA [4, 49-52].
chimiotactisme pour les cellules inflammatoires et en stabili-
sant les membranes cellulaires et lysosomiales des polynu-
cléaires [43]. Ils ont longtemps été considérés comme ■ Traitement chirurgical
responsables potentiels de perforations cornéennes [45]. Des
données plus récentes remettent en question cette responsa- Greffe de membrane amniotique
bilité [46, 47]. Après la phase aiguë, les corticoïdes risquant de À partir du grade IV, le patient bénéficie d’une greffe de
ralentir la réépithélialisation, ainsi que la réparation de la MA [49, 51]. Cette membrane correspond à la fois au feuillet
trame collagène, il convient de les arrêter en moins de tissulaire le plus interne du sac chorial (accolé au chorion) et à
10 jours. Leur réintroduction est licite après la 6e semaine celui recouvrant le placenta. Avasculaire et acellulaire, elle
pour lutter contre l’inflammation chronique [43] ; facilite la cicatrisation épithéliale en se comportant comme une
• la vitamine C topique : elle possède une action antioxydante membrane basale (possède les mêmes isoformes de collagène
limitant l’action des radicaux libres libérés durant une que la membrane basale conjonctivale) [50].
agression cornéenne chimique. Elle agit comme cofacteur de Elle est riche en facteurs de croissance tels que : le TGF b2, le
la synthèse du collagène. La vitamine C intraoculaire natu- TGFb1, l’hepatocyte growth factor (HGF) et l’epithelial growth factor
rellement sécrétée dans l’humeur aqueuse par le corps ciliaire (EGF). Ceux-ci sont responsables par leur action conjuguée avec
est rapidement consommée en cas de brûlure chimique de nombreuses autres cytokines d’une stimulation de l’épithé-
sévère. L’usage de vitamine C en topique est recommandé à lialisation et d’une inhibition de la fibrose [50, 53-55].
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Figure 6.
A, B. Conjonctivalisation superficielle de la surface cornéenne persistante 2 ans (A) et 5 ans (B) après la brûlure initiale (reproduit avec l’aimable autorisation
de l’éditeur [23]).
C à F. Technique d’épithéliectomie sectorielle séquentielle. C. Conjonctivalisation inférotemporale. D. Aspect après ablation de l’épithélium conjonctival.
E. Aspect 24 heures plus tard. F. Aspect 1 semaine après (la zone préalablement conjonctivalisée est maintenant recouverte par de l’épithélium cornéen).
La greffe de MA est réalisée sous anesthésie topique. En cas Place de la plastie tenonienne
de pannus conjonctival majeur, celui-ci est préalablement
réséqué sous anesthésie sous-tenonienne. Le greffon est mis en En cas de nécrose conjonctivale étendue, dans les grades V et
place en patch, face épithéliale vers le bas afin que les facteurs VI de Dua, on peut effectuer un rapprochement au limbe de
de croissance épithéliotrophiques tels que l’EGF, liés à la lambeaux tenoniens, après parage de la conjonctive nécrotique.
membrane des cellules de l’épithélium de la MA soient en Cette technique vise à rétablir une vascularisation, pour éviter
contact direct avec les cellules limbiques restées encore vivan- la perforation sclérale [62]. Elle n’empêche pas la constitution
tes [50, 55]. Ce patch agit aussi comme une barrière vis-à-vis des d’une insuffisance limbique, mais permet de réaliser secondai-
cellules immunitaires [56, 57], diminuant la réponse immunitaire, rement une greffe de limbe.
en inhibant l’expression de l’IL1b et de l’IL8 [58], ainsi que par
la production de protéines antiangiogéniques [59]. La MA peut se
Transplantation de cellules souches limbiques
lyser rapidement après sa mise en place. Si c’est le cas, la greffe En cas d’insuffisance limbique avérée, atteignant l’axe
de MA pourra être répétée si besoin durant la phase aiguë. La optique, la greffe de cellules souches limbiques (auto- ou
greffe de MA seule peut permettre de restaurer la surface allogreffe de limbe) est alors nécessaire [3, 63-65]. En cas d’apport
cornéenne et conjonctivale en cas de brûlure modérée [4]. Dans de fragments de limbe entiers, à partir desquels des cellules vont
les grades plus sévères, elle ne suffit pas à assurer une cicatrisa- coloniser la cornée lésée, on parle d’expansion in vivo. Lorsque
tion de l’épithélium cornéen [60]. Cependant, elle aide à préparer ce sont des progéniteurs limbiques ou des cellules de muqueuse
un terrain favorable pour la greffe de limbe. Elle a le mérite de buccale cultivées qui sont greffées, on parle d’expansion ex
posséder un effet antalgique puissant [51, 61] , indispensable vivo.
surtout chez l’enfant.
Techniques d’expansion cellulaire in vivo
Prévention chirurgicale de l’insuffisance limbique
Dans tous les cas, la préparation du lit du receveur reste la
La greffe de limbe est déconseillée à la phase aiguë, mais un .
même. Une péritomie conjonctivale est réalisée sur 360° à
traitement chirurgical précoce à type d’« épithéliectomie 4-5 mm du limbe. Le pannus conjonctival est excisé en évitant
séquentielle sectorielle » est indiqué en cas de brûlures modérées toute effraction du stroma cornéen profond.
à sévères. Cette technique vise à limiter le développement d’une En cas de forme unilatérale, l’autogreffe conjonctivolimbique
insuffisance limbique [23]. Elle consiste à débrider de manière (Fig. 7) est la technique de choix [64, 65, 67] . Deux greffons
répétée sous anesthésie topique l’épithélium conjonctival qui, à limbiques sont prélevés sur l’œil adelphe, sur 12 heures et
partir d’une zone d’atteinte limbique, a tendance à recouvrir 6 heures, sous forme de croissants d’arc de 3 à 4 heures (jamais
plus rapidement la surface cornéenne que l’épithélium cornéen plus de 8 heures). Le risque d’apparition d’une insuffisance
sain (Fig. 6). limbique induite par le prélèvement est faible. Malgré tout, trois
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anti-inflammatoires et épithéliotrophiques [88]. En cas d’allo- La physiopathologie des lésions rencontrées lors des exposi-
greffe, la ciclosporine A en collyre peut être utilisée comme tions aux infrarouges est à rapprocher de celle des brûlures
traitement adjuvant de l’immunosuppression par voie géné- thermiques [92].
rale [79, 87].
Le traitement immunosuppresseur per os est indispensable en
cas d’allogreffe. Selon les auteurs, il comporte la ciclosporine A, Clinique
le cyclophosphamide, l’azathioprine, le tacrolimus, le métho- Environ 12 heures après l’exposition, le patient présente une
trexate en association avec la prednisolone [71, 84, 87] . Le douleur intense, un blépharospasme, un larmoiement et une
tacrolimus serait aussi efficace [89] et mieux toléré que la photophobie. En lampe à fente on note une kératite ponctuée
ciclosporine A, traitement de référence [90]. superficielle associée à une hyperhémie conjonctivale et peu ou
pas de réaction en inflammatoire en chambre antérieure. La
■ Brûlures thermiques guérison survient au bout de 48 heures [92].
Épidémiologie Traitement
L’atteinte cornéenne au cours d’une exposition à de hautes Il consiste en une antibiothérapie locale pour prévenir
températures est rare (1-5 %). Il s’agit le plus souvent d’acci- l’infection, associé à l’occlusion à titre antalgique [92] et des
dents domestiques [91, 92] . L’atteinte cornéenne lors d’une antalgiques per os.
exposition à de très basses températures est essentiellement
rencontrée lors d’une cryothérapie [93].
■ Monitoring de l’inflammation
Physiopathologie
de la surface oculaire
Les brûlures thermiques sont provoquées soit à distance par
la chaleur dégagée par une combustion, soit par le contact avec L’état inflammatoire de la surface oculaire joue un rôle
un liquide, un gaz, un métal en fusion ou encore de la poudre majeur dans les chances de succès d’une greffe de cellules
à canon projetée lors de la manipulation de feux d’artifice. La souches limbiques. Son évaluation est cruciale en cas d’auto-
gravité dépend de la température et de la durée d’exposition [91, greffe ou de greffe réalisée à partir d’un donneur apparenté [4,
92] . Les très basses températures entraînent une atteinte de 94-99]. La persistance d’une inflammation chronique au niveau
l’endothélium cornéen responsable d’œdème cornéen et plis du stroma, du limbe et de la conjonctive constitue un facteur
descemétiques [93]. de mauvais pronostic [95]. Des médiateurs de l’inflammation tels
que le TGFb1, le tumour necrosis factor a (TNFa) ou l’interféron c,
Clinique interfèrent avec le fonctionnement interne des cellules souches
limbiques. Ceux-ci entraînent des anomalies de la prolifération,
Les lésions du globe oculaire sont le plus souvent limitées à de la migration et de l’adhérence cellulaire, aboutissant à
l’épithélium. Le réflexe de clignement rapide et le phénomène l’apoptose [98]. En l’absence d’un traitement anti-inflammatoire
de Charles Bell permettant le plus souvent de préserver le globe bien conduit à la phase aiguë, les populations de cellules
oculaire [91]. Les paupières sont en revanche fréquemment le souches résiduelles vont décliner progressivement [4]. De même,
siège de lésions sévères pouvant aboutir à des brides, des l’inflammation conjonctivolimbique affecte la survie des cellules
rétractions, trichiasis, entropion ou ectropion mettant en danger souches transplantées [99].
l’intégrité de la surface cornéenne et nécessitant une prise en Gicquel et al. [52] ont comparé l’expression de human leukocyte
charge par un oculoplasticien [92]. antigen DR (HLA-DR) (marqueur non spécifique de l’activation
du système immunitaire, indiquant une exposition à certaines
Traitement cytokines pro-inflammatoires, exprimées par les cellules de la
conjonctive) en cytométrie de flux (selon une méthode mise au
En cas de lésion superficielle, on se contente d’un collyre point par Brignole et al. [100]) chez des patients atteints de
antibiotique, de substituts lacrymaux non conservés associés brûlures oculaires graves (grade III à VI de Dua) sur une période
parfois à un collyre cycloplégique. En cas d’atteinte plus sévère, de 24 mois, à des volontaires sains. Les auteurs ont relevé un
il est superposable à celui des brûlures chimiques [92]. pic d’expression de HLA-DR entre le 2e et le 6e mois suivi d’une
décroissance à partir du 12e mois, pour finalement aboutir à un
niveau minimal au bout de 24 mois. À partir du 24e mois, il
■ Brûlures par rayonnements persiste malgré tout un niveau d’inflammation significativement
plus élevé que chez les volontaires sains y compris chez les
Épidémiologie patients n’ayant pas développé d’insuffisance limbique, dont
l’examen en lampe à fente semble « normal ». L’expression de
C’est l’exposition aux ultraviolets (290-400 nm) qui est la HLA-DR était significativement plus élevée en cas de grade IV-V
plus fréquemment responsable de brûlures par rayonnement. par rapport au grade III. Dans cette même étude, les auteurs
Celles-ci se produisent souvent lors des vacances (ophtalmie des tentèrent d’établir une corrélation entre l’expression de HLA-DR
neiges, des mers). Les accidents du travail sont essentiellement et les modifications cytopathologiques de la surface oculaire
représentés par la kératite du soudeur (l’accident survenant le classées selon les grades définis par Nelson [101]. Il s’agit d’une
plus souvent lors de l’allumage de l’arc alors que le patient n’a étude des empreintes conjonctivales en microscopie optique,
pas encore mis en place ses lunettes de protection). Les brûlures avec une coloration standard (acide périodique Schiff [PAS]). Le
par rayonnement infrarouge (900-1000 nm) sont plus rares. degré de métaplasie cellulaire et le déficit en cellules à mucus
Elles surviennent lors d’explosions ou d’accidents industriels [92]. varient avec l’inflammation de surface, mais il n’y a pas de
corrélation au-delà de 6 mois. L’aspect de l’épithélium conjonc-
Physiopathologie tival en microscopie optique redevient normal passé ce délai,
alors que l’expression de HLA-DR demeure élevée.
Les rayons ultraviolets provenant de la réverbération de soleil
chez des sujets dépourvus de protection par verres filtrants, ou
de la lumière intense de l’arc chez un ouvrier qui ne porte pas
son masque de soudeur, sont presque totalement absorbés par ■ Conclusion
la cornée. Ils réagissent avec les acides nucléiques et les
protéines cellulaires. Il s’en suit un détachement des cellules L’ophtalmologiste dispose désormais d’un panel varié d’outils
épithéliales et un œdème stromal. permettant d’améliorer la régénération de la surface oculaire en
Ophtalmologie 9
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cas de brûlure cornéenne sévère. La greffe de MA permet [21] Yeung AM, Tint NL, Kulkarni BB, Mohammed I, Suleman H,
d’améliorer efficacement l’épithélialisation. Elle doit être utilisée Hopkinson A, et al. Infant limbus: an immunohistological study. Exp
dès la phase aiguë, ce d’autant plus qu’elle possède un effet Eye Res 2009;88:1161-4.
antalgique puissant. Le recours à la greffe de cellules souches [22] Dua HS, Forrester JV. Clinical patterns of corneal epithelial wound
limbiques n’est indiqué que secondairement, une fois l’inflam- healing. Am J Ophthalmol 1987;104:481-9.
mation de surface contrôlée. Le recours aux techniques [23] Dua HS, Gomes JA, Singh A. Corneal epithelial wound healing. Br
d’expansion cellulaire ex vivo [72, 73, 75] devrait améliorer à J Ophthalmol 1994;78:401-8.
l’avenir le pronostic des formes sévères bilatérales et ouvre la [24] Dua HS. The conjunctiva in corneal epithelial wound healing. Br
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voie au traitement des insuffisances limbiques d’origine généti-
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Gicquel J.-J., Dua H. Brûlures cornéennes. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-208-A-05,
2011.
12 Ophtalmologie
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Exemples de patients illustrant les différents grades de la classification de Dua (reproduit avec l'aimable autorisation de l'éditeur).
a. Grade I : brûlure cornéenne étendue suite à une projection accidentelle d'ammoniaque. Prise de fluorescéine étendue. Il n'y a
pas d'atteinte limbique ni conjonctivale. b. Grade III (5/35 %) : brûlure de la surface oculaire suite à un accident industriel
(projection d'une base forte). Cinq heures de limbe et 35 % de la conjonctive sont atteints. c. Grade IV (7/50 %) : brûlure de la
surface oculaire faisant suite à une projection d'acide fort. Sept heures de limbe et 50 % de la conjonctive sont atteints. Une
autogreffe de limbe a été pratiquée au niveau du quadrant inféronasal (flèches). d. Grade V (9,5/60 %) : brûlure faisant suite à une
projection de base forte. Neuf heures et demie de limbe et 60 % de la conjonctive sont atteints. Une conjonctivalisation étendue
recouvre la cornée. e. Grade VI (12/100 %) : brûlure consécutive à une agression (projection d'un nettoyant industriel servant à
nettoyer le fond de bassins réservés à l'aquaculture). L'intégralité du limbe et de la conjonctive son atteints. Le pronostic pour ce
patient est très réservé.
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