Vous êtes sur la page 1sur 13

¶ 21-208-A-05

Brûlures cornéennes
J.-J. Gicquel, H. Dua

Les brûlures cornéennes peuvent être consécutives à l’exposition à des agents chimiques, à des
températures extrêmes, ou à des radiations ultraviolettes ou infrarouges. Celles par bases fortes, qui à la
différence des acides pénètrent profondément au sein du segment antérieur, sont particulièrement
sévères. L’examen initial permet de donner un pronostic et d’adapter la thérapeutique en s’aidant d’une
classification standardisée des lésions. Celle de Roper-Hall qui compte quatre grades est insuffisamment
précise en cas de formes graves. Elle a été remplacée par celle de Dua en six grades. Le traitement
chirurgical visant à rétablir un épithélium cornéen sain a permis une amélioration du pronostic des formes
graves. Il peut être précoce (greffe de membrane amniotique, épithéliectomies sectorielles séquentielles)
ou tardif (greffes de cellules souches limbiques [CSL]/expansion in vivo ou ex vivo). Un contrôle optimal de
l’inflammation de surface est indispensable à la survie des CSL greffées.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Brûlures chimiques ; Cellules souches limbiques ; Cryptes épithéliales ;


Greffe de membrane amniotique ; Greffe de limbe ; Culture de progéniteurs limbiques ex vivo

Plan ■ Introduction
Les brûlures oculaires représentent une pathologie fréquem-
¶ Introduction 1
ment rencontrée [1].
¶ Brûlures chimiques 1 Lorsqu’elles sont d’origine chimique, elles sont souvent
Épidémiologie 1 bilatérales et à l’origine de nombre de lésions de l’épithélium
Physiopathologie 2 cornéen et conjonctival. Les formes sévères conduisent à une
¶ Agents responsables de brûlures oculaires chimiques 4 conjonctivalisation, une néovascularisation de la cornée ainsi
qu’à des érosions cornéennes récidivantes [2]. Ces stigmates de
¶ Signes fonctionnels 4
l’insuffisance limbique peuvent s’accompagner de destructions
¶ Examen clinique 4 plus ou moins étendues du stroma cornéen conduisant à la
¶ Classifications des brûlures 4 formation de taies. Les lésions conjonctivales présentes notam-
Classification de Roper-Hall 4 ment au niveau des culs-de-sac peuvent elles aussi engendrer
Nouvelle classification de Dua 5 des séquelles majeures notamment à type de symblépharon. Le
pronostic des formes graves a été amélioré au cours de la
¶ Prise en charge guidée par la nouvelle classification de Dua
dernière décennie grâce à la greffe de membrane amniotique
en urgence 5
(MA) [3, 4] ainsi que l’utilisation des auto- [5] ou allogreffes [6] de
Importance du lavage 5
cellules souches limbiques.
Traitement médical 5
¶ Traitement chirurgical 6
Greffe de membrane amniotique 6 ■ Brûlures chimiques
¶ Brûlures thermiques 9
Épidémiologie 9 Épidémiologie
Physiopathologie 9 Les brûlures chimiques représentent 7,7 % à 18 % des
Clinique 9 traumatismes oculaires [7-9]. Dans les pays industrialisés elles
Traitement 9 touchent principalement des hommes jeunes (66,7 %-86 %) [10-
12]. Les enfants sont relativement peu atteints (7 %) [13]. Les
¶ Brûlures par rayonnements 9
Épidémiologie 9 accidents du travail représentent 73 % des cas en Allemagne,
Physiopathologie 9 71 % en Australie et 50 % au Royaume-Uni [10]. Les accidents
Clinique 9 domestiques (37 %) ainsi que les agressions sont moins fré-
Traitement 9 quents (10 %). Un département français d’outre-mer présente
cependant des statistiques hors normes : la Martinique. Les
¶ Monitoring de l’inflammation de la surface oculaire 9 accidents du travail ne représentent que 30 % des cas ; alors que
¶ Conclusion 9 45,5 % des brûlures sont causées par des agressions. Les femmes
trompées ont pour coutume de projeter de l’alcali (solution

Ophtalmologie 1
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
21-208-A-05 ¶ Brûlures cornéennes

Conjonctive Limbe Cornée

Cellules Cellules
post- différenciées
mitotiques terminales

Cellules
Cellules amplificatrices
souches transitoires Figure 2. Coupe histologique d’une crypte épithéliale. La niche dans
laquelle se trouvent les cellules souches épithéliales trouve son origine
Figure 1. Schéma illustrant l’hypothèse XYZ de Thoft. Les cellules sous une palissade de Vogt, son extrémité s’étend au sein de la substancia
souches basales du limbe se divisent pour donner naissance aux cellules propria.
amplificatrices transitoires, qui entament un mouvement centripète (XY)
et de la profondeur vers la surface (Z), pour finalement donner naissance
aux cellules post-mitotiques ayant perdu la capacité à proliférer. La biologie moléculaire ainsi que l’immunohistochimie ont
permis de caractériser ces cellules souches et de les localiser avec
précision au sein du limbe. Chez l’adulte, celles-ci se trouvent
au niveau de cryptes épithéliales (Fig. 2) [18, 19].
d’ammoniaque à 15,3 %/pH 12,8) au visage des hommes Certains marqueurs plaident en faveur du caractère « souche »
infidèles, afin de « chasser les mauvais esprits » [14]. Merle et al. de ces cellules présentes au niveau des cryptes. Celles-ci
expliquent cette particularité martiniquaise par un faible niveau expriment par exemple la protéine de transport ABCG2 et
d’industrialisation de l’île. Klein et al. [15] puis Beare et al. [11] l’isoforme DNp63a de P63. À l’inverse elles n’expriment pas la
ont mis en évidence aussi de forts taux d’agression par des bases desmogléine (molécule d’adhésion). Pendant longtemps,
fortes au sein de populations défavorisées de zones urbaines. En l’absence d’expression de la connexine 43, protéine des « jonc-
France, du fait de l’absence de dispositif, visant à comptabiliser tions communicantes », au niveau des cellules basales du limbe
de manière systématique les brûlures oculaires, l’incidence réelle a été considérée comme un témoin du caractère « souche » de
à l’échelle du territoire national est difficilement évaluable. Au celles-ci. Récemment, l’expression de ce marqueur a été mise en
Royaume-Uni, bien qu’un tel dispositif existe déjà, l’incidence évidence au niveau de certaines cellules des cryptes épithéliales
enregistrée est très probablement aussi inférieure à la réalité [10]. ou adjacentes aux cryptes [20].
La matrice extracellulaire du limbe est différente de celle de
la cornée centrale. On y retrouve une expression spécifique de
Physiopathologie l’intégrine b1 et de la ténascine C [19].
Chez l’enfant, c’est le limbe tout entier qui présente des
Mise au point concernant le renouvellement caractéristiques semblables à celles des cryptes épithéliales. Les
et la réparation de l’épithélium cornéen cryptes n’apparaîtraient donc que plus tard au cours du déve-
loppement de l’individu [21].
Pour expliquer le renouvellement de l’épithélium, l’hypothèse En cas de désépithélialisation centrale de la cornée sans
la plus classiquement admise est celle dite XYZ (X + Y = Z) où atteinte limbique, la cicatrisation s’effectue par migration
X représente la migration antérieure de cellules à partir de cellulaire centripète (Fig. 3) [22].
l’épithélium basal, Y correspond à la migration centripète de S’il y a une atteinte localisée du limbe, celui-ci cicatrise par
cellules à partir du limbe et Z représente la perte de cellules de migration circonférentielle de cellules adjacentes, puis la cornée
la surface, échafaudée par Thoft [16] (Fig. 1). centrale cicatrise dans un second temps (Fig. 4).
Elle fait du limbe la source cellulaire indispensable au Si le limbe ne joue plus son rôle de barrière et que de
renouvellement cellulaire cornéen. l’épithélium conjonctival envahit la cornée, il en résulte une
Les cellules souches limbiques ont un cycle cellulaire long. insuffisance limbique partielle [17] . Les deux épithéliums,
Elles donnent naissance aux cellules amplificatrices transitoires, cornéen et conjonctival, peuvent ainsi coexister presque
possédant un pouvoir de prolifération augmenté, et répondant indéfiniment [23, 24].
après une blessure par une migration centripète de la profon- L’hypothèse de Thoft et al. [16] a pendant longtemps été
deur du limbe vers la superficie de la cornée. Après plusieurs considérée comme un dogme et ce d’autant plus que la clinique
divisions, les cellules perdent leur pouvoir mitotique et donnent l’a confirmée. Cependant, des publications récentes démontrent
naissance aux cellules épithéliales cornéennes différenciées [17]. que les mécanismes de réparation de l’épithélium cornéen après

Figure 3. Cicatrisation cornéenne par migration cellulaire centripète en l’absence d’atteinte du limbe (reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur [22]).

A. Ulcération isolée de l’épithélium cornéen central.


B, C. L’épithélium cicatrise par migration centripète des cellules.

2 Ophtalmologie

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
Brûlures cornéennes ¶ 21-208-A-05

Figure 4. Cicatrisation cornéenne par migration cellulaire circonférentielle lors d’une atteinte limbique localisée en inférieur (reproduit avec l’aimable
autorisation de l’éditeur [17]).
A. Brûlure de grade III selon la classification de Dua (4,5 heures de limbe lésé + 30 % de la conjonctive).
B à D. L’épithélium limbique survivant migre de manière circonférentielle.

une agression ne sont probablement pas les mêmes que ceux • les « membrane type » protéinases (MMP 14-17) ;
liés au renouvellement physiologique de l’épithélium cornéen. • la matrilysine (MMP7).
Certains patients présentant une insuffisance limbique sur 360° MMP-1, collagénase de type I, n’est habituellement pas
peuvent malgré tout conserver une cornée centrale claire, avec détectable dans la cornée normale car l’épithélium cornéen sain
un épithélium de bonne qualité pendant plusieurs années [25]. synthétise du transforming growth factor (TGF) b2 qui inhibe sa
Ces îlots centraux d’épithélium cornéen semblent être capables synthèse par les kératocytes [2, 32]. Elle est exprimée uniquement
de se renouveler sans avoir recours aux cellules du limbe. Cette en cas de réparation cornéenne. Sa présence peut être détectée
hypothèse, déjà démontrée chez l’animal [26, 27], a été confirmée jusqu’à 9 mois après le traumatisme initial. Il s’agit de la seule
chez l’homme ex vivo, par une étude pratiquée sur des cornées enzyme capable de cliver le collagène de type I à un pH neutre.
en cultures. Après destruction totale du limbe, par ablation au Les polynucléaires neutrophiles produisent quant à eux une
laser excimer à une profondeur de 80 µm, on assiste à une autre collagénase de type I, la MMP-8.
cicatrisation à partir de cellules de l’épithélium central [28]. La MMP-2, collagénase de type IV, est synthétisée par les
La réparation du stroma cornéen après une brûlure chimique kératocytes. Elle peut être détectée physiologiquement dans la
s’effectue en deux phases : détersion, puis réparation. Après une cornée. Elle est augmentée dans le kératocône et participe au
phase de sidération pouvant durer de quelques minutes à remodelage du stroma cornéen après brûlure. La MMP-9 est une
quelques heures, la phase de détersion commence. Les cellules gélatinase produite par l’épithélium cornéen et en moindre
détruites libèrent des radicaux libres, de l’histamine, des concentration par les kératocytes, les monocytes et les poly-
prostaglandines et des leucotriènes. Ces derniers engendrent un nucléaires. MMP-9 dégrade notamment la membrane basale de
afflux de cellules inflammatoires (polynucléaires et cellules collagène [2].
mononucléées) [29]. Pour qu’il y ait ulcération stromale il faut que l’épithélium
Les brûlures caustiques libèrent par hydrolyse des protéines : cornéen et sa basale aient disparu (action de la MMP-9). Après
la N-acétyl-proline-glycine-proline (Ac-PGP) et la méthyl- une brûlure caustique, la production de MMP-1 normalement
proline-glycine-proline (Me-PGP). Ces deux molécules sont le inhibée par les cytokines produites par l’épithélium augmente.
déclencheur de la réaction inflammatoire initiale, entraînant Les cellules mononucléées synthétisent à leur tour des cytokines
l’afflux et la prolifération des polynucléaires neutrophiles [30]. et la plasmine qui stimulent cette synthèse de MMP-1 par les
Parmi les protéines sécrétées par polynucléaires neutrophiles kératocytes. MMP-1 est inhibée par l’inhibiteur tissulaire des
lors de la phase de détersion, les métalloprotéinases matricielles métalloprotéinase (TIMP), produit par toutes les cellules sauf les
(MMP) jouent un rôle particulièrement important, en dégradant polynucléaires [2, 29, 31].
le collagène lors de la phase de détersion [2, 31] . Elles sont MMP-7 a une action antiangiogénique en détruisant la
sécrétées sous forme latente puis activées par protéolyse [2, 29, membrane basale des vaisseaux [29]. Si la phase de détersion est
31] . Elles comportent un ion métallique dans leur structure trop importante, il y a un risque de perforation.
chimique (ion métallique zinc le plus souvent). À l’inverse, si elle est incomplète, la persistance de tissu
Il y en a cinq classes différentes : nécrotique constitue un risque d’infection.
• les collagénases (MMP 1-4 et 8) ; Une fois la phase de détersion terminée, la phase de cicatri-
• les gélatinases (MMP 2-9) ; sation débute. Les kératocytes y participent en synthétisant le
• les stromélysines (MMP 3, 10 et 11) ; collagène de type I. Cette synthèse de collagène nécessite

Ophtalmologie 3
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
21-208-A-05 ¶ Brûlures cornéennes

comme cofacteur l’ascorbate, présent dans la chambre anté-


rieure (déplété en cas de brûlure caustique). Le stroma cornéen
■ Signes fonctionnels
va initialement cicatriser grâce à des fibroblastes indifférenciés Les signes fonctionnels sont le plus souvent bruyants :
qui sécrètent du collagène de type III et de l’élastine (rétractile). douleur, sensation de corps étranger, blépharospasme, photo-
À long terme, la matrice extracellulaire de la cornée se remodè- phobie, larmoiement, rougeur oculaire et baisse de l’acuité
lera, le collagène de type III étant progressivement remplacé par visuelle.
du collagène de type I, pour tenter de lui rendre sa forme et sa
transparence [29].
La cicatrisation épithéliale se fait selon les modèles décrits ■ Examen clinique
précédemment avec un épithélium de phénotype cornéen ou
conjonctival en fonction de la gravité de l’atteinte limbique. Un examen clinique minutieux est réalisé une fois que le
Des facteurs de croissances mitogènes pour les cellules épithé- lavage de la surface, des culs-de-sac et des voies lacrymales a été
liales tels que l’epidermal growth factor (EGF), naturellement effectué. Au niveau des paupières, on recherche des malposi-
présent dans les larmes et le fibroblast growth factor (FGF), tions (ectropion, entropion, malposition des cils). Le chiffrage
stimulant la synthèse de la membrane basale, participent de l’atteinte conjonctivocornéenne (kératite, ulcérations,
également à cette régénération de l’épithélium cornéen. nécroses) est indispensable pour la classification initiale en
grades de gravité croissante. On s’aide de fluorochromes
(fluorescéine). On mesure la tension intraoculaire (possible
■ Agents responsables de brûlures hypo- ou hypertonie) en se méfiant d’un éventuel œdème du
stroma cornéen pouvant fausser la mesure au tonomètre à
oculaires chimiques aplanation de Goldman.
On cote l’inflammation de chambre antérieure, on recherche
La gravité des lésions rencontrées est fonction de l’agent
une éventuelle atteinte de l’endothélium ou une cataracte. Chez
causal et de la durée d’exposition. Dans le cas des brûlures
l’enfant on a parfois recours à un examen sous anesthésie
chimiques, les dommages sont corrélés au pH mais aussi au
générale afin de mieux apprécier l’étendue des lésions.
pouvoir de pénétration au sein du segment antérieur (bases
Passé la phase aiguë, en cas d’atteinte limbique majeure, on
fortes).
recherche l’apparition d’un pannus cornéen conjonctivovascu-
Les acides forts (pH < 4), présents notamment dans le liquide
laire signant l’insuffisance limbique. L’épithélium cornéen est
de batterie (acide sulfurique), les produits d’entretien de piscines
remplacé par des cellules épithéliales conjonctivales provenant
(acide chlorhydrique) ou encore dans certaines lessives (acide
du fornix. On prend soin de repérer les signes précoces (d’insuf-
sulfureux) coagulent les protéines des tissus (c’est-à-dire
fisance limbique). La disparition des palissades de Vogt serait le
dénaturent leur conformation tridimensionnelle) ; celles-ci
premier d’après Kinoshita et al. [36]. On recherche une néo-
jouant un rôle de tampon chimique. Les lésions sont souvent
vascularisation de type superficiel, ou bien encore un marquage
d’emblée maximales et la pénétration du produit est stoppée au
diffus de l’épithélium cornéeen par la fluorescéine.
niveau des couches tissulaires superficielles.
La ligne de contact entre l’épithélium conjonctival et l’épi-
Les bases fortes (pH > 10), telles que la soude ou l’ammonia-
thélium cornéen normal se caractérise par une ligne ondulée et
que, lipophiles, réalisant une saponification des acides gras des
de petites projections prenant la fluorescéine. Le stroma
membranes cellulaires vont détruire les cellules de l’épithélium,
cornéen est le siège d’opacités. Au niveau de la conjonctive
puis du stroma et de l’endothélium [8]. Les ions hydroxyles
bulbaire, on peut retrouver une kératinisation. Une atteinte
formés sont responsables de la dénaturation de la trame
palpébrale associée est possible dans les formes sévères : fibrose
collagène et des glycosaminoglycanes. Ainsi, la pénétration de
tarsale, entropion, dystrichiasis.
la solution va se poursuivre après l’exposition : les bases fortes
peuvent atteindre la chambre antérieure en 5 à 15 minutes
endommageant l’iris, le cristallin, l’angle iridocornéen et le
corps ciliaire. On observe une diminution de la sécrétion et de
■ Classifications des brûlures
la quantité d’ascorbate dans l’humeur aqueuse. Des protéases Le but des différentes classifications est d’évaluer de façon
sont libérées par la cornée lésée par les bases fortes. Celles-ci simple et reproductible le pronostic fonctionnel de l’œil atteint
participent au processus d’ulcération et de nécrose tissulaire. Les en fonction de l’étendue des lésions constatées lors de l’examen
métalloprotéases MMP-2 et MMP-9 sont notamment impli- initial. Ainsi, le protocole thérapeutique le mieux adapté peut
quées [31]. Les cytokines inflammatoires, dont l’interleukine 6 être mis en route.
(IL6) participent aussi à cette réponse [33].
L’acide fluorhydrique est un cas à part. Bien qu’il s’agisse
d’un acide faible, c’est le seul liquide connu capable de dissou- Classification de Roper-Hall (Tableau 1)
dre le verre (d’où la nécessité de le stocker dans des récipients La plus utilisée à l’heure actuelle est celle de Ballen [37]
en plastique). Il dissout tous les métaux sauf le platine, l’or, modifiée par Roper-Hall [38].
l’argent et le mercure. Les expositions accidentelles peuvent
survenir au travail (du fait de son utilisation dans l’industrie
pour la purification de l’aluminium, de l’uranium ou bien Tableau 1.
encore le nettoyage de circuits imprimés ou de surfaces vitrées). Classification de Roper-Hall.
Les accidents domestiques sont aussi possibles (l’acide fluorhy- Grade I Atteinte épithéliale pure Excellent pronostic
drique étant présent dans des produits nettoyeurs de jantes en Absence d’opacité cornéenne
aluminium, ou de façades, ou bien encore dans des antirouilles
Absence d’ischémie limbique
textiles). Tant qu’il se trouve sous une forme non ionisée, il est
capable de pénétrer rapidement les membranes cellulaires et de Grade II Cornée modérément trouble Bon pronostic
provoquer une nécrose tissulaire semblable à celle rencontrée
Détails de l’iris analysables
dans les brûlures par bases. Cliniquement, les accidents d’expo-
Ischémie limbique entre 120° et 180°
sition à l’acide fluorhydrique sont caractérisés par de violentes
douleurs oculaires : sous forme ionisée (ions fluorides) il va se Grade III Cornée trouble Pronostic réservé
combiner au calcium et au magnésium intracellulaire et ainsi
Détails de l’iris non analysables
former des complexes insolubles [34]. Cette complexation du
calcium conduit à une stimulation nerveuse via des mouve- Ischémie limbique entre 120° et 180°
ments de l’ion potassium. Des signes gastro-intestinaux, Grade IV Cornée opaque ne permettant plus la Mauvais pronostic
neurologiques, cardiovasculaires, respiratoires peuvent apparaître visualisation de l’iris
secondairement lors du passage systémique des ions fluorides
Ischémie limbique supérieure à 180°
associés à une hypocalcémie sévère [35].

4 Ophtalmologie

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
Brûlures cornéennes ¶ 21-208-A-05

Tableau 2.
Classification de Dua.
Grade Pronostic Atteinte limbique en heures Atteinte conjonctivale en % Échelle analogique
I Très bon 0h 0% 0/0 %

II Bon ≤3h ≤ 30 % 0,1-3/1-29,9 %

III Bon > 3-6 h > 30-50 % 3,1-6/31-50 %

IV Bon à réservé > 6-9 h > 50-75 % 6,1-9/51-75 %

V Réservé à mauvais > 9 h - < 12 h > 75 - < 100 % 9,1-11,9/75,1-99,9 %

VI Très mauvais 12 h 100 % 12/100 %

Elle classe les lésions en quatre grades de gravité croissante. du patient doit être réévalué régulièrement. En cas de passage
Elle est principalement basée sur l’aspect de la cornée et au grade IV, il pourra bénéficier d’un traitement chirurgical
.
l’étendue de l’ischémie limbique. complémentaire (greffe de MA).
Le grade IV est défini par une atteinte de 6 à 9 heures de
Nouvelle classification de Dua (Tableau 2) limbe et 50 % à 75 % de la conjonctive. Le pronostic va de bon
à réservé.
L’éventail thérapeutique s’étant considérablement élargi, Le grade V est synonyme de mauvais pronostic. Il se définit
notamment grâce à l’apparition de nouveaux outils permettant par une destruction subtotale du limbe supérieure à 9 heures
une reconstruction chirurgicale de la surface oculaire, la mais inférieure à 12 heures et de 75 % à 99,9 % de la conjonc-
classification de Roper-Hall n’est plus suffisamment précise pour tive. Malgré tout, un sauvetage de l’œil est encore envisageable
établir de façon reproductible le pronostic oculaire. Les discor- par la chirurgie.
dances entre les études publiées pour l’utilisation d’une même Le grade VI implique une atteinte limbique sur 360° ainsi
technique (greffe de MA, greffe limbique, ou les deux combi- qu’une destruction de 100 % de la conjonctive. Le pronostic est
nées) ne proviennent pas de la non-reproductibilité des techni- très mauvais quel que soit le traitement utilisé.
ques employées, mais plutôt de l’imprécision de la stadification
initiale des lésions. Ceci s’applique surtout au grade IV de la
classification de Roper-Hall (atteinte limbique comprise entre ■ Prise en charge guidée
50 % et 100 %). Grâce aux techniques modernes de reconstruc-
tion, on peut espérer un résultat satisfaisant pour une destruc-
par la nouvelle classification
tion limbique comprise entre 50 % et 75 %, alors qu’un limbe de Dua en urgence (Fig. 5)
détruit à 100 % augure toujours d’un pronostic sombre. De
plus, l’ancienne classification ne tient pas compte de l’atteinte Importance du lavage
conjonctivale. Lorsque le limbe est détruit à 100 %, si la
conjonctive l’est aussi, il n’y a pas de réépithélialisation et le Le lavage oculaire est effectué le plus rapidement possible.
risque de perforation est majeur. En revanche, s’il persiste de la L’irrigation doit être abondante, l’œil étant maintenu largement
conjonctive saine, un recouvrement de la surface cornéenne par ouvert, au besoin à l’aide d’écarteurs, après instillation préalable
celle-ci évite la fonte du stroma et permet une reconstruction d’une goutte d’oxybuprocaïne ou de tétracaïne. On prend soin
par apport de cellules limbiques dans un deuxième temps. La de bien rincer les culs-de-sac. D’éventuels corps étrangers sont
nouvelle classification de Dua [39], élaborée à partir d’une série retirés lors du lavage ; leur persistance pouvant être à la source
de 67 patients, tient compte de la destruction des cellules d’ulcérations profondes.
souches du limbe, mais aussi de la conjonctive. La solution employée pour le lavage est préférentiellement
Elle comporte six grades. Le limbe est divisé en 12 quadrants une solution saline tamponnée à pH 7,4 par du bicarbonate de
horaires. La notion d’ischémie limbique jugée trop réductrice est sodium [40]. Cette irrigation, hormis en cas de produits simple-
abandonnée au profit d’une « atteinte limbique ». En effet, il est ment irritants, doit être maintenue durant au moins une
possible d’avoir une destruction d’une portion de limbe de demi-heure [41].
pleine épaisseur sans ischémie et à l’inverse, une ischémie En cas de brûlure par base, on peut substituer au sérum
transitoire du limbe n’entraîne pas forcément une destruction physiologique, une solution de chélateur amphotère (Diphoté-
des cellules souches. La destruction conjonctivale est exprimée rine®) [42]. À volume identique utilisé, la Diphotérine® permet-
en pourcentage de surface. Cette classification en grades peut trait une réépithélialisation plus rapide, pour les grades I et II
aussi être exprimée de façon « analogique » permettant une de Ropper-Hal par rapport au sérum physiologique [14]. Cette
précision plus grande à l’intérieur de chaque grade lors du solution, disponible sous la forme de kits prêts à l’emploi est
premier examen ainsi qu’un suivi au cours du temps. Le déjà largement utilisée dans l’industrie.
premier chiffre représente alors le nombre d’« heures de limbe »
détruites de 0 à 12 et le deuxième le pourcentage de la surface Traitement médical
conjonctivale atteinte. Dans les formes sévères, Dua [39] propose Les patients atteints de brûlures de grade I ou II sont traités
une réévaluation quotidienne ou tous les 2 jours de l’état du par :
patient. • des substituts lacrymaux non conservés à volonté : ils
Le grade I de la nouvelle classification est caractérisé par favorisent la réépithélialisation dans un contexte où le film
l’absence d’atteinte limbique ou conjonctivale. Le pronostic est lacrymal est anormal du fait de la destruction des cellules à
excellent. mucus. Ils seront poursuivis une fois la réépithélialisation
Le grade II est caractérisé par une atteinte de moins de trois obtenue [43] ;
quadrants horaires de limbe ainsi que de moins de 30 % de la • un collyre cycloplégique (atropine 1 %) : il possède une
conjonctive. Le pronostic reste bon. Les grades I et II de la activité antalgique propre et minimise le risque de synéchies
nouvelle classification sont globalement superposables à ceux de iridocristalliniennes ;
celle de Roper-Hall. • un collyre antibiotique à large spectre ;
Le grade III, défini par une atteinte limbique de 3 à 6 heures • un antalgique per os (paracétamol seul ou associé au
et conjonctivale de 30 % à 50 %, reste de bon pronostic. L’état dextropropoxyphène).

Ophtalmologie 5
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
21-208-A-05 ¶ Brûlures cornéennes

Lavage oculaire précoce et abondant sur les lieux de l'accident

Lavage renouvelé aux urgences sous anesthésie topique (± écarteurs à paupières)


Surface + culs-de-sac + voies lacrymales
Arrêter lavage quand pH neutre (bandelette)

Examen initial

Grades I et II Grades III, IV, V et VI


Sortie du service avec collyre cycloplégique Hospitalisation
1 goutte × 2/j
Collyre antibiotique à large spectre 1 goutte × 4-6/j

Grade III Grades IV, V, VI


Traitement médical* seul Traitement médical
+ greffe
de membrane
Réévaluation à 24 h amniotique

* Localement (collyre) :
- cycloplégique (atropine 1 %) : jusqu'à 1 goutte /4 h Réévaluation passée la phase aiguë :
- antibiotique à large spectre (ciprofloxacine) : auto- ou allogreffe limbique
initialement 1 goutte × 6/j puis diminuer
- corticoïde en unidose (prednisolone 0,5 %) :
1 goutte horaire pendant 24 h puis diminuer sur 7 j
- vitamine C : initialement horaire puis diminuer
jusqu'à réépithélialisation
Par voie générale :
- antalgiques : de niveau 2
- tétracyclines : doxycycline 200 mg/j

Figure 5. Abre décisionnel. Prise en charge guidée par la nouvelle classification de Dua (d’après [23]).

Les patients atteints de brûlures de grade III à VI doivent être partir du grade III [48]. Les fortes doses de vitamine C admi-
hospitalisés afin d’optimiser l’observance des traitements locaux nistrées par voie générale ne semblent pas apporter de
administrés de façon répétée au cours du nycthémère. bénéfice en adjonction de la vitamine C administrée locale-
Le traitement médical des patients présentant un grade III à ment [43] ;
VI comporte : • les tétracyclines : elles possèdent une action inhibitrice sur les
• les mêmes médications que pour les grades I et II ; collagénases. On privilégie l’administration par voie générale
• des antalgiques : par voie intraveineuse, qui doivent être plutôt qu’en topique [43, 47, 49] ;
largement prescrits, les lésions des nerfs cornéens engendrant • l’acétylcystéine : celle-ci posséderait une action anticollagé-
des douleurs violentes ; nase, mais son efficacité est controversée [43] ;
• des collyres mucomimétiques : le hyaluronate de sodium • les lentilles de contact : les lentilles souples hydrophiles à
augmente la mouillabilité de la surface et l’adhérence du film haut DK/E permettant une bonne oxygénation de la cornée
lacrymal. En outre, il préviendrait la fibrose conjonctivale [43, peuvent être utilisées comme « pansement ». Elles présentent
44] ; un effet antalgique et amélioreraient l’épithélialisation, mais
• des corticoïdes locaux : en administration initialement ne sont pas dénuées de risques infectieux dans ce
horaire ils évitent une destruction secondaire des tissus en contexte [43]. On leur préfère dans cette indication, la greffe
limitant les phénomènes inflammatoires, en diminuant le de MA [4, 49-52].
chimiotactisme pour les cellules inflammatoires et en stabili-
sant les membranes cellulaires et lysosomiales des polynu-
cléaires [43]. Ils ont longtemps été considérés comme ■ Traitement chirurgical
responsables potentiels de perforations cornéennes [45]. Des
données plus récentes remettent en question cette responsa- Greffe de membrane amniotique
bilité [46, 47]. Après la phase aiguë, les corticoïdes risquant de À partir du grade IV, le patient bénéficie d’une greffe de
ralentir la réépithélialisation, ainsi que la réparation de la MA [49, 51]. Cette membrane correspond à la fois au feuillet
trame collagène, il convient de les arrêter en moins de tissulaire le plus interne du sac chorial (accolé au chorion) et à
10 jours. Leur réintroduction est licite après la 6e semaine celui recouvrant le placenta. Avasculaire et acellulaire, elle
pour lutter contre l’inflammation chronique [43] ; facilite la cicatrisation épithéliale en se comportant comme une
• la vitamine C topique : elle possède une action antioxydante membrane basale (possède les mêmes isoformes de collagène
limitant l’action des radicaux libres libérés durant une que la membrane basale conjonctivale) [50].
agression cornéenne chimique. Elle agit comme cofacteur de Elle est riche en facteurs de croissance tels que : le TGF b2, le
la synthèse du collagène. La vitamine C intraoculaire natu- TGFb1, l’hepatocyte growth factor (HGF) et l’epithelial growth factor
rellement sécrétée dans l’humeur aqueuse par le corps ciliaire (EGF). Ceux-ci sont responsables par leur action conjuguée avec
est rapidement consommée en cas de brûlure chimique de nombreuses autres cytokines d’une stimulation de l’épithé-
sévère. L’usage de vitamine C en topique est recommandé à lialisation et d’une inhibition de la fibrose [50, 53-55].

6 Ophtalmologie

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
Brûlures cornéennes ¶ 21-208-A-05

Figure 6.
A, B. Conjonctivalisation superficielle de la surface cornéenne persistante 2 ans (A) et 5 ans (B) après la brûlure initiale (reproduit avec l’aimable autorisation
de l’éditeur [23]).
C à F. Technique d’épithéliectomie sectorielle séquentielle. C. Conjonctivalisation inférotemporale. D. Aspect après ablation de l’épithélium conjonctival.
E. Aspect 24 heures plus tard. F. Aspect 1 semaine après (la zone préalablement conjonctivalisée est maintenant recouverte par de l’épithélium cornéen).

La greffe de MA est réalisée sous anesthésie topique. En cas Place de la plastie tenonienne
de pannus conjonctival majeur, celui-ci est préalablement
réséqué sous anesthésie sous-tenonienne. Le greffon est mis en En cas de nécrose conjonctivale étendue, dans les grades V et
place en patch, face épithéliale vers le bas afin que les facteurs VI de Dua, on peut effectuer un rapprochement au limbe de
de croissance épithéliotrophiques tels que l’EGF, liés à la lambeaux tenoniens, après parage de la conjonctive nécrotique.
membrane des cellules de l’épithélium de la MA soient en Cette technique vise à rétablir une vascularisation, pour éviter
contact direct avec les cellules limbiques restées encore vivan- la perforation sclérale [62]. Elle n’empêche pas la constitution
tes [50, 55]. Ce patch agit aussi comme une barrière vis-à-vis des d’une insuffisance limbique, mais permet de réaliser secondai-
cellules immunitaires [56, 57], diminuant la réponse immunitaire, rement une greffe de limbe.
en inhibant l’expression de l’IL1b et de l’IL8 [58], ainsi que par
la production de protéines antiangiogéniques [59]. La MA peut se
Transplantation de cellules souches limbiques
lyser rapidement après sa mise en place. Si c’est le cas, la greffe En cas d’insuffisance limbique avérée, atteignant l’axe
de MA pourra être répétée si besoin durant la phase aiguë. La optique, la greffe de cellules souches limbiques (auto- ou
greffe de MA seule peut permettre de restaurer la surface allogreffe de limbe) est alors nécessaire [3, 63-65]. En cas d’apport
cornéenne et conjonctivale en cas de brûlure modérée [4]. Dans de fragments de limbe entiers, à partir desquels des cellules vont
les grades plus sévères, elle ne suffit pas à assurer une cicatrisa- coloniser la cornée lésée, on parle d’expansion in vivo. Lorsque
tion de l’épithélium cornéen [60]. Cependant, elle aide à préparer ce sont des progéniteurs limbiques ou des cellules de muqueuse
un terrain favorable pour la greffe de limbe. Elle a le mérite de buccale cultivées qui sont greffées, on parle d’expansion ex
posséder un effet antalgique puissant [51, 61] , indispensable vivo.
surtout chez l’enfant.
Techniques d’expansion cellulaire in vivo
Prévention chirurgicale de l’insuffisance limbique
Dans tous les cas, la préparation du lit du receveur reste la
La greffe de limbe est déconseillée à la phase aiguë, mais un .
même. Une péritomie conjonctivale est réalisée sur 360° à
traitement chirurgical précoce à type d’« épithéliectomie 4-5 mm du limbe. Le pannus conjonctival est excisé en évitant
séquentielle sectorielle » est indiqué en cas de brûlures modérées toute effraction du stroma cornéen profond.
à sévères. Cette technique vise à limiter le développement d’une En cas de forme unilatérale, l’autogreffe conjonctivolimbique
insuffisance limbique [23]. Elle consiste à débrider de manière (Fig. 7) est la technique de choix [64, 65, 67] . Deux greffons
répétée sous anesthésie topique l’épithélium conjonctival qui, à limbiques sont prélevés sur l’œil adelphe, sur 12 heures et
partir d’une zone d’atteinte limbique, a tendance à recouvrir 6 heures, sous forme de croissants d’arc de 3 à 4 heures (jamais
plus rapidement la surface cornéenne que l’épithélium cornéen plus de 8 heures). Le risque d’apparition d’une insuffisance
sain (Fig. 6). limbique induite par le prélèvement est faible. Malgré tout, trois

Ophtalmologie 7
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
21-208-A-05 ¶ Brûlures cornéennes

microprélèvement de limbe (1 mm × 3 mm) [71, 72]. Ceci rend


virtuellement nul le risque d’insuffisance limbique induite.
Cette technique permet parfois d’éviter le recours à l’allogreffe
même si l’atteinte est bilatérale (un prélèvement limbique de
petite taille restant envisageable sur un œil ayant subi une
brûlure modérée).
Les cellules sont cultivées soit sur un substrat de fibrine [73],
soit sur MA dénudée, agissant alors comme une membrane
basale [71, 72]. On privilégie des milieux de culture « humani-
sés », sans sérum de veau fœtal ni recours aux fibroblastes
murins inactivés (composants interdits en France par l’Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé [AFS-
SAPS]) [74]. La MA permet une manipulation et un transfert aisé
des cellules. Une fois recouverte uniformément des progéniteurs
limbiques, elle est mise en place sur la cornée et suturée au
limbe [71]. La membrane peut aussi être fixée par de la colle de
fibrine [74].
Afin de s’affranchir de tout risque de rejet, en cas d’insuffi-
sance limbique bilatérale sur 360°, certaines équipes proposent
déjà de remplacer le prélèvement limbique par une biopsie de
muqueuse buccale [75, 76]. Après digestion enzymatique du tissu
biopsié, les cellules épithéliales séparées de leur muqueuse sont
cultivées sur MA. On obtient ainsi un épithélium aux propriétés
proches de l’épithélium cornéen [76]. Récemment, des cellules
souches provenant de pulpe dentaire humaine, cultivées ex vivo
ont permis une cicatrisation cornéenne dans un modèle d’insuf-
fisance limbique chez le lapin [77]. L’épithélium ainsi obtenu
Figure 7. présentait une bonne transparence et exprimait les principaux
A. Schéma illustrant la mise en place des greffons conjonctivolimbiques marqueurs communs aux cellules souches limbiques, tels que
autologues à 12 h et 6 h (reproduit avec l’aimable autorisation de ABCG2, l’intégrine b1, la vimentine, p63, la connexine 43 et les
l’éditeur [66]). cytokératines 3/12 [77, 78].
B. Autogreffe conjonctivolimbique associée à une greffe de cornée (dia- Pour toutes ces techniques de greffe de limbe, on peut
mètre : 7 mm habituellement). Les greffons conjonctivolimbiques débor- adjoindre au montage final une greffe de MA, en patch à visée
dent de 2 mm en périphérie de la greffe (reproduit avec l’aimable épithéliotrophique et anti-inflammatoire [55, 74].
autorisation de l’éditeur [66]).
Greffe de cornée
cas de conjonctivalisation progressive de l’œil prélevé après Une fois un épithélium cornéen stable restauré, il est souvent
autogreffe ont été rapportés [68] . Aussi faut-il s’assurer que nécessaire de procéder à une kératoplastie pour restaurer la
l’atteinte initiale est strictement unilatérale et récuser tout transparence cornéenne. En fonction de la profondeur de
patient présentant des signes a minima d’insuffisance limbique l’opacification stromale, on procède soit à une kératoplastie
sur l’œil adelphe. lamellaire profonde (à condition que l’endothélium soit
En cas d’atteinte bilatérale on a le plus souvent recours à une sain) [79, 80], soit à une kératoplastie transfixiante [69, 81, 82]. En
allogreffe [64]. théorie, si greffe de cellules souches limbiques (allogreffe) et
Deux techniques sont possibles : l’allogreffe kératolimbique greffe de cornée sont réalisées en même temps, la « charge
provenant de donneurs décédés ou la greffe conjonctivolimbi- immunitaire » (en cas de donneur identique) est moindre, ainsi
que à partir de donneur apparenté. que le risque de rejet [81, 82]. En pratique, la plupart des auteurs
En cas de greffe kératolimbique provenant d’un donneur préfèrent attendre entre 3 mois [69] et 1 an [79, 83] ; le risque de
décédé, l’idéal est que le donneur soit le plus jeune possible. Les rejet de la greffe de cornée étant plus important si le lit du
greffons pédiatriques contiennent des cellules dont la viabilité receveur est inflammatoire et hypervascularisé [84, 85].
est optimale, mais posent des difficultés sur le plan éthique [69].
Lors du prélèvement on prend soin de ne pas endommager Traitement postopératoire
l’épithélium et de conserver une collerette conjonctivale de Le but du traitement postopératoire d’une greffe de cellules
4-5 mm. La cornée centrale du donneur est excisée au trépan de souches limbiques tient en cinq points :
7,5 mm. La collerette cornéolimbique ainsi obtenue est ensuite • prévenir le rejet (à la différence de la cornée, avasculaire, le
coupée en deux, puis on procède à une ablation des deux tiers limbe ne possède pas de privilège immunologique ; sa
postérieurs par dissection lamellaire. En plus de l’ablation du vascularisation permet un afflux rapide des cellules immuni-
pannus conjonctival et de la réalisation de la péritomie, on taires, surtout en cas d’inflammation sous-jacente) ;
procède chez le receveur à une dissection lamellaire de la sclère • prévenir l’infection (indispensable surtout lorsque l’on a
.
visant à une meilleure adaptation du greffon. recours aux immunosuppresseurs) ;
Lorsque cela est possible, on privilégie la greffe conjonctivo- • maintenir l’intégrité du film lacrymal ;
limbique à partir d’un donneur vivant apparenté. • diminuer l’inflammation de la surface oculaire ;
Cette technique est identique à l’autogreffe, à ceci près que • promouvoir l’épithélialisation du greffon à partir du greffon.
les greffons sont prélevés chez un membre de la famille. Elle se Le traitement topique, commun aux auto- et allogreffes de
heurte à deux problèmes principaux : la nécessité de réaliser limbe, comprend des antibiotiques de préférence non conservés
chez le donneur un bilan sérologique (hépatites, virus de (chloramphénicol unidose [non disponible en France]). Celui-ci
l’immunodéficience humaine [VIH], syphilis, etc.), souvent mal est maintenu jusqu’à épithélialisation complète. La dexamétha-
accepté et le risque pour celui-ci de développer à son tour une sone collyre en unidose est administrée à forte dose initiale-
insuffisance limbique. Les deux avantages principaux sont le ment, puis diminuée rapidement afin de ne pas retarder
moindre risque de rejet et le meilleur potentiel régénératif du l’épithélialisation [86]. Elle est maintenue au long cours afin de
tissu (donneur vivant) [70]. limiter toute inflammation chronique, délétère pour la survie du
greffon, en prenant garde de contrôler régulièrement la pression
Techniques d’expansion cellulaire ex vivo intraoculaire. Afin de maintenir la qualité du film lacrymal on
Comme alternative à la greffe de limbe, il est possible de utilise abondamment les substituts lacrymaux non conservés [84,
cultiver ex vivo des cellules souches limbiques, à partir d’un 85, 87]. Le sérum autologue peut être utilisé, pour ses propriétés

8 Ophtalmologie

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
Brûlures cornéennes ¶ 21-208-A-05

anti-inflammatoires et épithéliotrophiques [88]. En cas d’allo- La physiopathologie des lésions rencontrées lors des exposi-
greffe, la ciclosporine A en collyre peut être utilisée comme tions aux infrarouges est à rapprocher de celle des brûlures
traitement adjuvant de l’immunosuppression par voie géné- thermiques [92].
rale [79, 87].
Le traitement immunosuppresseur per os est indispensable en
cas d’allogreffe. Selon les auteurs, il comporte la ciclosporine A, Clinique
le cyclophosphamide, l’azathioprine, le tacrolimus, le métho- Environ 12 heures après l’exposition, le patient présente une
trexate en association avec la prednisolone [71, 84, 87] . Le douleur intense, un blépharospasme, un larmoiement et une
tacrolimus serait aussi efficace [89] et mieux toléré que la photophobie. En lampe à fente on note une kératite ponctuée
ciclosporine A, traitement de référence [90]. superficielle associée à une hyperhémie conjonctivale et peu ou
pas de réaction en inflammatoire en chambre antérieure. La
■ Brûlures thermiques guérison survient au bout de 48 heures [92].

Épidémiologie Traitement
L’atteinte cornéenne au cours d’une exposition à de hautes Il consiste en une antibiothérapie locale pour prévenir
températures est rare (1-5 %). Il s’agit le plus souvent d’acci- l’infection, associé à l’occlusion à titre antalgique [92] et des
dents domestiques [91, 92] . L’atteinte cornéenne lors d’une antalgiques per os.
exposition à de très basses températures est essentiellement
rencontrée lors d’une cryothérapie [93].
■ Monitoring de l’inflammation
Physiopathologie
de la surface oculaire
Les brûlures thermiques sont provoquées soit à distance par
la chaleur dégagée par une combustion, soit par le contact avec L’état inflammatoire de la surface oculaire joue un rôle
un liquide, un gaz, un métal en fusion ou encore de la poudre majeur dans les chances de succès d’une greffe de cellules
à canon projetée lors de la manipulation de feux d’artifice. La souches limbiques. Son évaluation est cruciale en cas d’auto-
gravité dépend de la température et de la durée d’exposition [91, greffe ou de greffe réalisée à partir d’un donneur apparenté [4,
92] . Les très basses températures entraînent une atteinte de 94-99]. La persistance d’une inflammation chronique au niveau

l’endothélium cornéen responsable d’œdème cornéen et plis du stroma, du limbe et de la conjonctive constitue un facteur
descemétiques [93]. de mauvais pronostic [95]. Des médiateurs de l’inflammation tels
que le TGFb1, le tumour necrosis factor a (TNFa) ou l’interféron c,
Clinique interfèrent avec le fonctionnement interne des cellules souches
limbiques. Ceux-ci entraînent des anomalies de la prolifération,
Les lésions du globe oculaire sont le plus souvent limitées à de la migration et de l’adhérence cellulaire, aboutissant à
l’épithélium. Le réflexe de clignement rapide et le phénomène l’apoptose [98]. En l’absence d’un traitement anti-inflammatoire
de Charles Bell permettant le plus souvent de préserver le globe bien conduit à la phase aiguë, les populations de cellules
oculaire [91]. Les paupières sont en revanche fréquemment le souches résiduelles vont décliner progressivement [4]. De même,
siège de lésions sévères pouvant aboutir à des brides, des l’inflammation conjonctivolimbique affecte la survie des cellules
rétractions, trichiasis, entropion ou ectropion mettant en danger souches transplantées [99].
l’intégrité de la surface cornéenne et nécessitant une prise en Gicquel et al. [52] ont comparé l’expression de human leukocyte
charge par un oculoplasticien [92]. antigen DR (HLA-DR) (marqueur non spécifique de l’activation
du système immunitaire, indiquant une exposition à certaines
Traitement cytokines pro-inflammatoires, exprimées par les cellules de la
conjonctive) en cytométrie de flux (selon une méthode mise au
En cas de lésion superficielle, on se contente d’un collyre point par Brignole et al. [100]) chez des patients atteints de
antibiotique, de substituts lacrymaux non conservés associés brûlures oculaires graves (grade III à VI de Dua) sur une période
parfois à un collyre cycloplégique. En cas d’atteinte plus sévère, de 24 mois, à des volontaires sains. Les auteurs ont relevé un
il est superposable à celui des brûlures chimiques [92]. pic d’expression de HLA-DR entre le 2e et le 6e mois suivi d’une
décroissance à partir du 12e mois, pour finalement aboutir à un
niveau minimal au bout de 24 mois. À partir du 24e mois, il
■ Brûlures par rayonnements persiste malgré tout un niveau d’inflammation significativement
plus élevé que chez les volontaires sains y compris chez les
Épidémiologie patients n’ayant pas développé d’insuffisance limbique, dont
l’examen en lampe à fente semble « normal ». L’expression de
C’est l’exposition aux ultraviolets (290-400 nm) qui est la HLA-DR était significativement plus élevée en cas de grade IV-V
plus fréquemment responsable de brûlures par rayonnement. par rapport au grade III. Dans cette même étude, les auteurs
Celles-ci se produisent souvent lors des vacances (ophtalmie des tentèrent d’établir une corrélation entre l’expression de HLA-DR
neiges, des mers). Les accidents du travail sont essentiellement et les modifications cytopathologiques de la surface oculaire
représentés par la kératite du soudeur (l’accident survenant le classées selon les grades définis par Nelson [101]. Il s’agit d’une
plus souvent lors de l’allumage de l’arc alors que le patient n’a étude des empreintes conjonctivales en microscopie optique,
pas encore mis en place ses lunettes de protection). Les brûlures avec une coloration standard (acide périodique Schiff [PAS]). Le
par rayonnement infrarouge (900-1000 nm) sont plus rares. degré de métaplasie cellulaire et le déficit en cellules à mucus
Elles surviennent lors d’explosions ou d’accidents industriels [92]. varient avec l’inflammation de surface, mais il n’y a pas de
corrélation au-delà de 6 mois. L’aspect de l’épithélium conjonc-
Physiopathologie tival en microscopie optique redevient normal passé ce délai,
alors que l’expression de HLA-DR demeure élevée.
Les rayons ultraviolets provenant de la réverbération de soleil
chez des sujets dépourvus de protection par verres filtrants, ou
de la lumière intense de l’arc chez un ouvrier qui ne porte pas
son masque de soudeur, sont presque totalement absorbés par ■ Conclusion
la cornée. Ils réagissent avec les acides nucléiques et les
protéines cellulaires. Il s’en suit un détachement des cellules L’ophtalmologiste dispose désormais d’un panel varié d’outils
épithéliales et un œdème stromal. permettant d’améliorer la régénération de la surface oculaire en

Ophtalmologie 9
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
21-208-A-05 ¶ Brûlures cornéennes

cas de brûlure cornéenne sévère. La greffe de MA permet [21] Yeung AM, Tint NL, Kulkarni BB, Mohammed I, Suleman H,
d’améliorer efficacement l’épithélialisation. Elle doit être utilisée Hopkinson A, et al. Infant limbus: an immunohistological study. Exp
dès la phase aiguë, ce d’autant plus qu’elle possède un effet Eye Res 2009;88:1161-4.
antalgique puissant. Le recours à la greffe de cellules souches [22] Dua HS, Forrester JV. Clinical patterns of corneal epithelial wound
limbiques n’est indiqué que secondairement, une fois l’inflam- healing. Am J Ophthalmol 1987;104:481-9.
mation de surface contrôlée. Le recours aux techniques [23] Dua HS, Gomes JA, Singh A. Corneal epithelial wound healing. Br
d’expansion cellulaire ex vivo [72, 73, 75] devrait améliorer à J Ophthalmol 1994;78:401-8.
l’avenir le pronostic des formes sévères bilatérales et ouvre la [24] Dua HS. The conjunctiva in corneal epithelial wound healing. Br
J Ophthalmol 1998;82:1407-11.
voie au traitement des insuffisances limbiques d’origine généti-
[25] Dua HS, Miri A, Alomar T, Yeung AM, Said DG. The role of limbal
que [102, 103]. Cependant, il convient de ne pas pour autant
stem cells in corneal epithelial maintenance: testing the dogma.
négliger la prévention en amont : respect des règles de sécurité, Ophthalmology 2009;116:856-63.
port de lunettes de protection, kits de lavage des yeux à portée [26] Majo FH, Barrandon Y. Limbal stem cell can contribute to both the
de main dans tous les environnements potentiellement cornea and the conjunctiva in mouse. Invest Ophthalmol Vis Sci
accidentogènes. 2002:43 [E-Abstract 1979].
.
[27] Majo F, Rochat A, Nicolas M, Jaoude GA, Barrandon Y. Oligopotent
stem cells are distributed throughout the mammalian ocular surface.
■ Références Nature 2008;456:250-4.
[28] Chang CY, Green CR, McGhee CN, Sherwin T.Acute wound healing in
[1] Saini JS, Sharma A. Ocular chemical burns-clinical and demographic the human central corneal epithelium appears to be independent of
profile. Burns 1993;19:67-9. limbal stem cell influence. Invest Ophthalmol Vis Sci 2008;49:5279-86.
[2] Wagoner MD. Chemical injuries of the eye: current concepts in [29] Renard G. Physiopathology of eye burns. J Fr Ophtalmol 2004;27:
pathophysiology and therapy. Surv Ophthalmol 1997;41:275-313. 1164-9.
[3] Tseng SC, Prabhasawat P, Barton K, Gray T, Meller D. Amniotic mem- [30] Pfister RR, Haddox JL, Sommers CI, Lam KW. Identification and
brane transplantation with or without limbal allografts for corneal synthesis of chemotactic tripeptides from alkali-degraded whole
surface reconstruction in patients with limbal stem cell deficiency. Arch cornea. A study of N-acetyl-proline-glycine-proline and N-methyl-
Ophthalmol 1998;116:431-41. proline-glycine-proline. Invest Ophthalmol Vis Sci 1995;36:1306-16.
[4] Meller D, Pires RT, Mack RJ, Figueiredo F, Heiligenhaus A, Park WC, [31] Rigal-Sastourne JC, Tixier JM, Renard JP, Maurin JF, Pouliquen Y,
et al.Amniotic membrane transplantation for acute chemical or thermal Legeais JM. Corneal burns and matrix metalloproteinases (MMP-2 and
burns. Ophthalmology 2000;107:980-9 (discussion 990). -9): the effects of human amniotic membrane transplantation. J Fr
[5] Kenyon KR. Limbal autograft transplantation for chemical and thermal Ophtalmol 2002;25:685-93.
burns. Dev Ophthalmol 1989;18:53-8. [32] Strissel KJ, Rinehart WB, Fini ME. A corneal epithelial inhibitor of
[6] Tsubota K, Toda I, Saito H, Shinozaki N, Shimazaki J. Reconstruction stromal cell collagenase synthesis identified as TGF-beta 2. Invest
of the corneal epithelium by limbal allograft transplantation for severe Ophthalmol Vis Sci 1995;36:151-62.
ocular surface disorders. Ophthalmology 1995;102:1486-96. [33] Berry M, Jeffreys D. Ocular injuries from household chemicals: early
[7] Jones NP, Hayward JM, Khaw PT, Claoue CM, ElkingtonAR. Function signs as predictors of recovery. In Vitr Mol Toxicol 2001;14:5-13.
of an ophthalmic ″accident and emergency″ department: results of a six [34] Beiran I, Miller B, Bentur Y. The efficacy of calcium gluconate in ocular
month survey. BMJ 1986;292:188-90. hydrofluoric acid burns. Hum Exp Toxicol 1997;16:223-8.
[8] Pfister RR. Chemical injuries of the eye. Ophthalmology 1983;90: [35] Chan KM, Svancarek WP, Creer M. Fatality due to acute hydrofluoric
1246-53. acid exposure. J Toxicol Clin Toxicol 1987;25:333-9.
[9] Liggett PE, Pince KJ, Barlow W, Ragen M, Ryan SJ. Ocular trauma in [36] Kinoshita S. kiritoshi A, Ohji M, Ohashi Y, Manabe R. Disappearance
an urban population. Review of 1132 cases. Ophthalmology 1990;97: of palisades of vogt in ocular surface disease. Jpn J ClinOphthalmol
581-4. 1986;40:363-6.
[10] Macdonald EC, Cauchi PA, Azuara-Blanco A, Foot B. Surveillance of [37] Ballen PH. Treatment of chemical burns of the eye. Eye Ear Nose
severe chemical corneal injuries in the UK. Br J Ophthalmol 2009;93: Throat Mon 1964;43:57-61.
1177-80. [38] Roper-Hall MJ. Thermal and chemical burns. Trans Ophthalmol Soc U
[11] Beare JD. Eye injuries from assault with chemicals. Br J Ophthalmol K 1965;85:631-53.
1990;74:514-8. [39] Dua HS, King AJ, Joseph A. A new classification of ocular surface
[12] Morgan SJ. Chemical burns of the eye: causes and management. Br burns. Br J Ophthalmol 2001;85:1379-83.
[40] Herr RD, White Jr. GL, Bernhisel K, Mamalis N, Swanson E. Clinical
J Ophthalmol 1987;71:854-7.
comparison of ocular irrigation fluids following chemical injury. Am
[13] Kuckelkorn R, Luft I, Kottek AA, Schrage NF, Makropoulos W,
J Emerg Med 1991;9:228-31.
Reim M. Chemical and thermal eye burns in the residential area of
[41] Burns FR, Paterson CA. Prompt irrigation of chemical eye injuries may
RWTH Aachen. Analysis of accidents in 1 year using a new automated
avert severe damage. Occup Health Saf 1989;58:33-6.
documentation of findings. Klin Monbl Augenheilkd 1993;203:34-42.
[42] Gerard M, Josset P, Louis V, Menerath JM, Blomet J, Merle H. Is there
[14] Merle H, Donnio A, Ayeboua L, Michel F, Thomas F, Ketterle J, et al.
a delay in bathing the external eye in the treatment of ammonia eye
Alkali ocular burns in Martinique (French West Indies). Evaluation of burns? Comparison of two ophthalmic solutions: physiological serum
the use of an amphoteric solution as the rinsing product. Burns 2005; and Diphoterine. J Fr Ophtalmol 2000;23:449-58.
31:205-11. [43] Hoang-Xuan T, Hannouche D. Medical treatment of ocular burns. J Fr
[15] Klein R, Lobes Jr. LA. Ocular alkali burns in a large urban area. Ann Ophtalmol 2004;27:1175-8.
Ophthalmol 1976;8:1185-9. [44] Reim M. A new treatment concept in severe caustic injuries and burns
[16] Thoft RA, Friend J. The X, Y, Z hypothesis of corneal epithelial of the eye. Fortschr Ophthalmol 1989;86:722-6.
maintenance. Invest Ophthalmol Vis Sci 1983;24:1442-3. [45] Pfister RR. The effects of chemical injury on the ocular surface.
[17] Dua HS, Forrester JV. The corneoscleral limbus in human corneal Ophthalmology 1983;90:601-9.
epithelial wound healing. Am J Ophthalmol 1990;110:646-56. [46] Oether A. Topical steroid use in the treatment of ocular alkali burns. Br
[18] Dua HS, Shanmuganathan VA, Powell-Richards AO, Tighe PJ, J Ophthalmol 2000;84:124.
Joseph A. Limbal epithelial crypts: a novel anatomical structure and a [47] Graffan R, Riss I, Colin J. Traitement des brûlures cornéennes par base.
putative limbal stem cell niche. Br J Ophthalmol 2005;89:529-32. Réflex Ophtalmol 2001;43:17-9.
[19] Yeung AM, Schlotzer-Schrehardt U, Kulkarni B, Tint NL, [48] Brodovsky SC, McCarty CA, Snibson G, Loughnan M, Sullivan L,
Hopkinson A, Dua HS. Limbal epithelial crypt: a model for corneal Daniell M, et al. Management of alkali burns: an 11-year retrospective
epithelial maintenance and novel limbal regional variations. Arch review. Ophthalmology 2000;107:1829-35.
Ophthalmol 2008;126:665-9. [49] Gicquel JJ. Prise en charge des brûlures oculaires en 2003. Réflexions
[20] Shanmuganathan VA, Foster T, Kulkarni BB, Hopkinson A, Gray T, Ophtalmologiques. Juin 2003.
Powe DG, et al. Morphological characteristics of the limbal epithelial [50] Dua HS, Gomes JA, King AJ, Maharajan VS. The amniotic membrane
crypt. Br J Ophthalmol 2007;91:514-9. in ophthalmology. Surv Ophthalmol 2004;49:51-77.

10 Ophtalmologie

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
Brûlures cornéennes ¶ 21-208-A-05

[51] Kobayashi A, Shirao Y, Yoshita T, Yagami K, Segawa Y, Kawasaki K, [74] Zakaria N, Koppen C, Van Tendeloo V, Berneman Z, Hopkinson A,
et al. Temporary amniotic membrane patching for acute chemical burns. Tassignon MJ. Standardized limbal epithelial stem cell graft generation
Eye 2003;17:149-58. and transplantation. Tissue Eng Part C Methods 2010Feb4.[Epub ahead
[52] Gicquel JJ, Navarre R, Langman ME, Coulon A, Balayre S, Milin S, of print].
et al. The use of impression cytology in the follow-up of severe ocular [75] Nakamura T, Endo K, Cooper LJ, Fullwood NJ, Tanifuji N, Tsuzuki M,
burns. Br J Ophthalmol 2007;91:1160-4. et al. The successful culture and autologous transplantation of rabbit
[53] Zito E, Borderie V, Touzeau O, Bourcier T, Allouch C, Laroche L. oral mucosal epithelial cells on amniotic membrane. Invest Ophthalmol
Amniotic membrane transplantation in severe corneal epithelial Vis Sci 2003;44:106-16.
diseases. Preliminary results. J Fr Ophtalmol 2002;25:879-88. [76] Nakamura T, Inatomi T, Cooper LJ, Rigby H, Fullwood NJ,
[54] Hopkinson A, McIntosh RS, Tighe PJ, James DK, Dua HS. Amniotic Kinoshita S. Phenotypic investigation of human eyes with transplanted
membrane for ocular surface reconstruction: donor variations and the autologous cultivated oral mucosal epithelial sheets for severe ocular
effect of handling on TGF-beta content. Invest Ophthalmol Vis Sci surface diseases. Ophthalmology 2007;114:1080-8.
2006;47:4316-22. [77] Gomes JA, Geraldes Monteiro B, Melo GB, Smith RL, Cavenaghi
[55] Gicquel JJ, Dua HS, Brodie A, Mohammed I, Suleman H, Lazutina E, Pereira da Silva M, Lizier NF, et al. Corneal reconstruction with tissue-
et al. Epidermal growth factor variations in amniotic membrane used engineered cell sheets composed of human immature dental pulp stem
for ex vivo tissue constructs. Tissue Eng Part A 2009;15:1919-27. cells. Invest Ophthalmol Vis Sci 2010;51:1408-14.
[56] HeiligenhausA, Bauer D, Meller D, Steuhl KP, Tseng SC. Improvement [78] Monteiro BG, Serafim RC, Melo GB, Silva MC, Lizier NF,
of HSV-1 necrotizing keratitis with amniotic membrane transplanta- Maranduba CM, et al. Human immature dental pulp stem cells share
tion. Invest Ophthalmol Vis Sci 2001;42:1969-74. key characteristic features with limbal stem cells. Cell Prolif 2009;42:
[57] Avila M, Espana M, Moreno C, Pena C. Reconstruction of ocular 587-94.
surface with heterologous limbal epithelium and amniotic membrane [79] Ilari L, Daya SM. Long-term outcomes of keratolimbal allograft for the
in a rabbit model. Cornea 2001;20:414-20. treatment of severe ocular surface disorders. Ophthalmology 2002;109:
[58] Solomon A, Rosenblatt M, Monroy D, Ji Z, Pflugfelder SC, Tseng SC. 1278-84.
Suppression of interleukin 1alpha and interleukin 1beta in human [80] Yao YF, Zhang B, Zhou P, Jiang JK. Autologous limbal grafting
limbal epithelial cells cultured on the amniotic membrane stromal combined with deep lamellar keratoplasty in unilateral eye with severe
matrix. Br J Ophthalmol 2001;85:444-9. chemical or thermal burn at late stage. Ophthalmology 2002;109:
[59] Hao Y, Ma DH, Hwang DG, Kim WS, Zhang F. Identification of 2011-7.
antiangiogenic and antiinflammatory proteins in human amniotic mem- [81] Theng JT, Tan DT. Combined penetrating keratoplasty and limbal
brane. Cornea 2000;19:348-52. allograft transplantation for severe corneal burns. Ophthalmic Surg
[60] Joseph A, Dua HS, King AJ. Failure of amniotic membrane transplan- Lasers 1997;28:765-8.
tation in the treatment of acute ocular burns. Br J Ophthalmol 2001;85: [82] Rao SK, Rajagopal R, Sitalakshmi G, Padmanabhan P. Limbal
1065-9. allografting from related live donors for corneal surface reconstruction.
[61] Gicquel JJ, Bejjani RA, Ellies P, Mercie M, Dighiero P. Amniotic mem- Ophthalmology 1999;106:822-8.
brane transplantation in severe bacterial keratitis. Cornea 2007;26: [83] Daya SM, Ilari FA. Living related conjunctival limbal allograft for the
27-33. treatment of stem cell deficiency. Ophthalmology 2001;108:126-33
[62] Kuckelkorn R, Kottek A, Schrage N, Redbrake C, Reim M. Long-term (discussion 33-4).
results of Tenon-plasty in treatment of severe chemical eye burns. [84] Tsubota K. Ocular surface management in corneal transplantation, a
Ophthalmologe 1995;92:445-51. review. Jpn J Ophthalmol 1999;43:502-8.
[85] Liang L, Sheha H, Tseng SC. Long-term outcomes of keratolimbal
[63] Stoiber J, Ruckhofer J, Muss W, Grabner G. Amniotic membrane trans-
allograft for total limbal stem cell deficiency using combined
plantation with limbal stem cell transplantation as a combined
immunosuppressive agents and correction of ocular surface deficits.
procedure for corneal surface reconstruction after severe thermal or
Arch Ophthalmol 2009;127:1428-34.
chemical burns. Ophthalmologe 2002;99:839-48.
[86] Holland EJ, Croasdale CR. Epithelial transplantation for management
[64] Borderie V, Touzeau O, Bourcier T, Allouch C, Scheer S, Laroche L.
of severe ocular surface disease. In: Brightbill FS, editor. Corneal
Treatment of the sequelae of ocular burns using limbal transplantation.
surgery: theory, technique, and tissue. St Louis: CV Mosby; 1999.
J Fr Ophtalmol 2003;26:710-6.
p. 488-99.
[65] Moldovan SM, Borderie V, Baudrimont M, Laroche L. Treatment of
[87] Solomon A, Ellies P, Anderson DF, Touhami A, Grueterich M,
unilateral limbal stem cell deficiency syndrome by limbal autograft.
Espana EM, et al. Long-term outcome of keratolimbal allograft with or
J Fr Ophtalmol 1999;22:302-9.
without penetrating keratoplasty for total limbal stem cell deficiency.
[66] Dua HS, Azuara-Blanco A. Autologous limbal transplantation in Ophthalmology 2002;109:1159-66.
patients with unilateral corneal stem cell deficiency. Br J Ophthalmol [88] Lagnado R, King AJ, Donald F, Dua HS. A protocol for low
2000;84:273-8. contamination risk of autologous serum drops in the management of
[67] Kenyon KR, Tseng SC. Limbal autograft transplantation for ocular ocular surface disorders. Br J Ophthalmol 2004;88:464-5.
surface disorders. Ophthalmology 1989;96:709-22 (discussion 22-3). [89] Sloper CM, Powell RJ, Dua HS. Tacrolimus (FK506) in the manage-
[68] Basti S, Mathur U. Unusual intermediate-term outcome in three cases ment of high-risk corneal and limbal grafts. Ophthalmology 2001;108:
of limbal autograft transplantation. Ophthalmology 1999;106:958-63. 1838-44.
[69] Croasdale CR, Schwartz GS, Malling JV, Holland EJ. Keratolimbal [90] Artz MA, Boots JM, Ligtenberg G, Roodnat JI, Christiaans MH,
allograft: recommendations for tissue procurement and preparation by Vos PF, et al. Conversion from cyclosporine to tacrolimus improves
eye banks, and standard surgical technique. Cornea 1999;18:52-8. quality-of-life indices, renal graft function and cardiovascular risk
[70] Fernandes M, Sangwan VS, Rao SK, Basti S, Sridhar MS, Bansal AK, profile. Am J Transplant 2004;4:937-45.
et al. Limbal stem cell transplantation. Indian J Ophthalmol 2004;52: [91] Bouchard CS, Morno K, Perkins J, McDonnell JF, Dicken R. Ocular
5-22. complications of thermal injury: a 3-year retrospective. J Trauma 2001;
[71] Shimazaki J, Aiba M, Goto E, Kato N, Shimmura S, Tsubota K. Trans- 50:79-82.
plantation of human limbal epithelium cultivated on amniotic mem- [92] Merle H, Gerard M, Schrage N. Ocular burns. J Fr Ophtalmol 2008;
brane for the treatment of severe ocular surface disorders. 31:723-34.
Ophthalmology 2002;109:1285-90. [93] Lagoutte F. Traumatismes et brûlures. L’épithélium cornéen. Rapport
[72] Grueterich M, Espana EM, Touhami A, Ti SE, Tseng SC. Phenotypic de la société Française d’ophtalmologie. Paris: Masson; 1993
study of a case with successful transplantation of ex vivo expanded (p. 203-15).
human limbal epithelium for unilateral total limbal stem cell deficiency. [94] Dua HS, Saini JS, Azuara-Blanco A, Gupta P. Limbal stem cell
Ophthalmology 2002;109:1547-52. deficiency: concept, aetiology, clinical presentation, diagnosis and
[73] Rama P, Bonini S, LambiaseA, Golisano O, Paterna P, De Luca M, et al. management. Indian J Ophthalmol 2000;48:83-92.
Autologous fibrin-cultured limbal stem cells permanently restore the [95] Tsai RJ, Tseng SC. Effect of stromal inflammation on the outcome of
corneal surface of patients with total limbal stem cell deficiency. Trans- limbal transplantation for corneal surface reconstruction. Cornea 1995;
plantation 2001;72:1478-85. 14:439-49.

Ophtalmologie 11
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
21-208-A-05 ¶ Brûlures cornéennes

[96] Schultz G, Khaw PT, Oxford K. MaCauley S, Van Setten G, Chegini N. [100] Brignole F, Pisella PJ, Goldschild M, De Saint Jean M, Goguel A,
Growth factors and ocular wound healing. Eye 1994;8(Pt2):184-7. Baudouin C. Flow cytometric analysis of inflammatory markers in
[97] Samson CM, Nduaguba C, Baltatzis S, Foster CS. Limbal stem cell conjunctival epithelial cells of patients with dry eyes. Invest
transplantation in chronic inflammatory eye disease. Ophthalmology Ophthalmol Vis Sci 2000;41:1356-63.
2002;109:862-8. [101] Nelson JD, Havener VR, Cameron JD. Cellulose acetate impressions of
[98] Brignole F, De Saint-Jean M, Goldschild M, Becquet F, Goguel A, the ocular surface. Dry eye states. Arch Ophthalmol 1983;101:1869-72.
Baudouin C. Expression of Fas-Fas ligand antigens and apoptotic [102] Gicquel JJ, Lami MC, Catier A, Balayre S, Dighiero P. Limbal stem cell
marker APO2.7 by the human conjunctival epithelium. Positive deficiency associated with KID syndrome, about a case. J Fr Ophtalmol
correlation with class II HLA DR expression in inflammatory ocular 2002;25:1061-4.
surface disorders. Exp Eye Res 1998;67:687-97. [103] Dellambra E, Pellegrini G, Guerra L, Ferrari G, Zambruno G,
[99] Puangsricharern V, Tseng SC. Cytologic evidence of corneal diseases Mavilio F, et al. Toward epidermal stem cell-mediated ex vivo gene
with limbal stem cell deficiency. Ophthalmology 1995;102: therapy of junctional epidermolysis bullosa. Hum Gene Ther
1476-85. 2000;11:2283-7.

J.-J. Gicquel, MD, HDR (j.j.gicquel@chu-poitiers.fr).


Service d’ophtalmologie (Pr P. Dighiero), Centre hospitalier universitaire Jean-Bernard, 86021 Poitiers cedex, France.
H. Dua, MD, PhD.
Division of Ophthalmology and Visual Sciences, Nottingham, Royaume-Uni.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gicquel J.-J., Dua H. Brûlures cornéennes. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-208-A-05,
2011.

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

12 Ophtalmologie

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :

1 autoévaluation
Cliquez ici

1 iconographie supplémentaire

Iconographie supplémentaire 8
Exemples de patients illustrant les différents grades de la classification de Dua (reproduit avec l'aimable autorisation de l'éditeur).
a. Grade I : brûlure cornéenne étendue suite à une projection accidentelle d'ammoniaque. Prise de fluorescéine étendue. Il n'y a
pas d'atteinte limbique ni conjonctivale. b. Grade III (5/35 %) : brûlure de la surface oculaire suite à un accident industriel
(projection d'une base forte). Cinq heures de limbe et 35 % de la conjonctive sont atteints. c. Grade IV (7/50 %) : brûlure de la
surface oculaire faisant suite à une projection d'acide fort. Sept heures de limbe et 50 % de la conjonctive sont atteints. Une
autogreffe de limbe a été pratiquée au niveau du quadrant inféronasal (flèches). d. Grade V (9,5/60 %) : brûlure faisant suite à une
projection de base forte. Neuf heures et demie de limbe et 60 % de la conjonctive sont atteints. Une conjonctivalisation étendue
recouvre la cornée. e. Grade VI (12/100 %) : brûlure consécutive à une agression (projection d'un nettoyant industriel servant à
nettoyer le fond de bassins réservés à l'aquaculture). L'intégralité du limbe et de la conjonctive son atteints. Le pronostic pour ce
patient est très réservé.
Cliquez ici

Cliquez ici pour télécharger le PDF des iconographies supplémentaires

1 vidéo/animation
Cliquez ici

© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/05/2015 par COLMAR Hospitaux Civils de Colmar (54086)

Vous aimerez peut-être aussi