Vous êtes sur la page 1sur 12

 41-420

Lymphadénectomies rétropéritonéales
pour tumeurs germinales
non séminomateuses du testicule.
Chirurgie ouverte et voies d’abord
mini-invasives
X. Durand, J.-B. Beauval, P. Chiron

La lymphadénectomie rétropéritonéale désigne un geste d’exérèse chirurgicale de tissu lymphonodal,


partie intégrante de la prise en charge multimodale du cancer du testicule. Les indications de lympha-
dénectomie recouvrent des situations carcinologiques diverses (cancer localisé, métastatique de faible
volume, maladie avancée). Pour chacune de ces situations, le rationnel du geste chirurgical ainsi que
les objectifs carcinologiques sont très différents. Ils doivent être compris du chirurgien afin d’adapter
techniquement le geste, notamment dans l’étendue des territoires réséqués. La lymphadénectomie rétro-
péritonéale expose de jeunes patients à un risque d’anéjaculation qui est au cœur des préoccupations
techniques évoquées dans cet article. Ce risque pèse à la fois sur les indications et les voies d’abord. Si
la laparotomie médiane reste la voie d’abord de référence, la laparoscopie, y compris robot-assistée, est
en cours d’évaluation. Les voies d’abord mini-invasives, pour séduisantes qu’elles soient, ne doivent pas
détourner le geste de son objectif principal : le caractère complet de la résection du tissu lymphonodal
dans un territoire sélectionné.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Testicule ; Non séminomateux ; Lombo-aortique ; Lymphadénectomie ;


Laparoscopie robot-assistée ; Rétropéritonéal

Plan ■ Techniques chirurgicales 5


Planification préopératoire 5
■ Introduction 1 Lymphadénectomie par laparotomie 6
Lymphadénectomies par voie mini-invasive (laparoscopique
■ Rappels anatomiques 2 et robot-assistée) 9
Anatomie de l’extension lymphonodale du cancer du testicule 2
■ Conclusion 11
Anatomie du support nerveux de l’éjaculation 2
Rationnel de la réduction des territoires de lymphadénectomie 2
Rationnel de la technique de préservation nerveuse 3
■ Indications des lymphadénectomies rétropéritonéales

 Introduction
pour TGNS 3
Lymphadénectomie de stadification (TGNS de stade I) 3
Lymphadénectomie primaire (TGNS de stade IIA) 3
Lymphadénectomie post-chimiothérapie (TGNS de stade Les tumeurs germinales du testicule sont rares : 2317 nouveaux
supérieur ou égal à IIB) 4 cas en 2012 en France [1] . Elles constituent néanmoins la tumeur
Lymphadénectomie « à haut risque » 4 solide la plus fréquente de l’adulte jeune. Leur incidence se situe
en Occident aux alentours de 5/100 000 et a doublé ces trois
■ Quels territoires de lymphadénectomie, pour quelle
dernières décennies [2] .
indication ? 5
Les tumeurs germinales non séminomateuses (TGNS) repré-
Lymphadénectomies primaires 5
sentent la moitié des tumeurs germinales, et se définissent par la
Lymphadénectomies post-chimiothérapie 5
présence d’un ou plusieurs des contingents suivants : tératome ;
Lymphadénectomies post-chimiothérapie « à haut risque » 5
choriocarcinome ; tumeur du sac vitellin ; carcinome embryon-
■ Critères de qualité d’un curage rétropéritonéal 5 naire.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 1


Volume 12 > n◦ 2 > avril 2019
Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0879(19)84714-5
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
41-420  Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives

Les TGNS de stade I ont un taux de survie spécifique appro-


chant 99 % [3] . Pour les formes métastatiques, le taux de survie
globale à cinq ans varie entre 95 %, 85 % et 64 % respec-
tivement selon les formes de bon, intermédiaire ou mauvais
pronostic selon l’International Germ Cell Cancer Collaborative
Group (IGCCCG) [4] . Ces excellents taux de guérison tiennent lar-
gement à l’efficacité de la chimiothérapie à base de sels de platine,
mais aussi à la chirurgie de lymphadénectomie rétropéritonéale
qui trouve une indication dans une stratégie multimodale spéci-
fique à chaque stade de la maladie.

 Rappels anatomiques
Anatomie de l’extension lymphonodale
du cancer du testicule
Les travaux de Donohue [5] , de Weissbach [6] et de Ray [7] ,
dans les années 1980, ont posé les bases du raisonnement anato-
mique et chirurgical portant le rationnel de la lymphadénectomie
pour cancer du testicule. Définissant des zones d’essaimage pri-
maire, ces auteurs montrèrent que les cancers du testicule droit
métastasent dans les régions inter-aortico-cave, précave et para-
cave (par ordre de fréquence). À gauche, leur dissémination
lymphatique s’effectue en zone para-aortique et préaortique. Un
« croisement » métastatique est possible pour les tumeurs du
testicule droit, croisant la ligne médiane dans le cas de stades
avancés.
Un territoire de curage limité latéralement par les uretères, en
bas par l’arche de bifurcation aortique et en haut par la région
suprahilaire rénale, est alors défini. L’efficacité carcinologique du
curage dans ces limites est rapidement confirmée, mais également
sa morbidité (plaie pancréatique, ascite chyleuse, complications
rénovasculaires). Donohue démontre alors que la résection lym-
phonodale suprahilaire n’a d’intérêt carcinologique que pour les
stades avancés [8] , et le territoire de curage « bilatéral complet »
est alors défini (Fig. 1). Il reste encore aujourd’hui la référence, Figure 1. Limites du territoire bilatéral complet, standard carcinolo-
satisfaisant pleinement aux exigences carcinologiques du geste gique de la lymphadénectomie rétropéritonéale.
d’exérèse. Il fait consensus que les régions suprahilaire, rétrocru-
rale et interiliaques peuvent être écartées du curage.
provoquant un relâchement du sphincter externe de l’urètre, et
des contractions rythmiques et synergiques des muscles ischio- et

“ Point fort bulbocaverneux [9] .


En résumé, l’éjaculation antérograde nécessite au plan anato-
mique la préservation de trois structures situées dans le champ de
dissection :
Le territoire de curage « bilatéral complet » est délimité • ganglions sympathiques paravertébraux et troncs sympa-
par les uretères latéralement, par l’arche de bifurcation thiques ;
aortique en bas et par la région suprahilaire rénale en • fibres postganglionnaires (nerfs sympathiques lombaires), en
haut. La résection lymphonodale suprahilaire n’a d’intérêt particulier L1 à L3 ;
carcinologique que pour les stades avancés avec atteinte • plexus hypogastrique supérieur.
radiologique à ce niveau.

Rationnel de la réduction des territoires


de lymphadénectomie
Anatomie du support nerveux de l’éjaculation La principale complication à long terme de la lymphadénecto-
L’éjaculation normale antérograde nécessite l’intégrité d’un mie en territoire bilatéral complet est l’anéjaculation, par lésion
circuit nerveux permettant que des signaux efférents, initiale- des structures précédemment décrites.
ment conduits par des fibres préganglionnaires médullaires (T12 Aussi, plusieurs études ont exploré dans les années 2000
à L3), forment synapse dans le tronc sympathique lombaire et l’intérêt fonctionnel et la validité carcinologique d’une réduc-
convergent vers l’ostium de l’artère mésentérique inférieure sous tion des territoires de résection. Il en résulte que la préservation
forme de nerfs sympathiques lombaires, en région préaortique, anatomique unilatérale des ganglions sympathiques, des fibres
pour former le plexus hypogastrique supérieur. postsynaptiques et de la région préaortique du plexus hypo-
Les nerfs sympathiques lombaires droits sont rétrocaves, puis gastrique supérieur permet la conservation d’une éjaculation
croisent dans l’espace inter-aortico-cave avant de se porter sur la antérograde dans plus de 80 % des cas [10, 11] . Deux territoires
face latérale droite de l’aorte (Fig. 2). Les nerfs gauches, plus courts, unilatéraux modifiés droit et gauche ont été définis (Fig. 3),
abordent l’angle postérolatéral gauche de l’aorte. Le nerf L1 est le satisfaisant au double objectif de traiter l’ensemble des zones
plus souvent orienté verticalement. de dissémination métastatique, pour un côté donné, y compris
Les fibres sympathiques se distribuent alors aux organes effec- l’espace inter-aortico-cave, et d’épargner les structures nerveuses
teurs, déclenchant la fermeture du col vésical, la contraction sympathiques controlatérales essentielles à la fonction éjacula-
séminale et prostatique. Ce processus est coordonné avec une toire, y compris l’espace préaortique avoisinant l’ostium de l’artère
innervation somatique issue de la moelle lombosacrée (S2-S4), mésentérique inférieure.

2 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives  41-420

L’association d’une réduction du territoire (unilatéral modifié)


et d’une technique de préservation nerveuse permet la conserva-
tion d’une éjaculation antérograde dans 97 % des cas [15] .
L1

 Indications
des lymphadénectomies
rétropéritonéales pour TGNS
Lymphadénectomie de stadification
2
(TGNS de stade I)
L2
1 Environ 55 % des TGNS se présentent sous la forme de stade I :
tumeur confinée au testicule, marqueurs postopératoires négatifs
(human chorionic gonadotropins totales [hCGt], lacticodéshydrogé-
nase [LDH], alphafœtoprotéine [AFP]), et scanner thoracique et
abdominopelvien normal.
L3 3 Un tiers de ces TGNS de stade I récidivent, en situation rétropé-
ritonéale, dans les deux ans qui suivent l’orchidectomie, sous une
forme métastatique de bon pronostic IGCCCG dans l’immense
majorité des cas. Le risque de récidive est principalement lié au
stade pT de la tumeur initiale : il dépasse 50 % pour les stades pT2
(présence d’invasion lymphovasculaire) [16] . La présence de car-
cinome embryonnaire ultramajoritaire est également un facteur
prédictif (secondaire) de rechute métastatique rétropéritonéale.
Trois options de prise en charge se discutent : la surveillance [17] ;
la chimiothérapie adjuvante par un cycle unique de bléomycine,
L4
étoposide, sels de platine (BEP) [18] ; la lymphadénectomie rétro-
péritonéale. De multiples variables interviennent dans le choix
d’une option, incluant le niveau de risque de rechute (lui-même
lié au stade pathologique), la morbidité de l’option thérapeutique
Figure 2. Anatomie nerveuse sympathique lombaire. Les structures
mise en perspective avec la comorbidité du patient, sa tolérance,
légendées sont celles à reconnaître et préserver au cours de la chirurgie. 1.
la compliance attendue, le choix du patient informé.
Nerfs lombaires ; 2. troncs sympathiques lombaires droit et gauche et leurs
Les arguments en faveur de la lymphadénectomie pour les
ganglions ; 3. plexus hypogastrique supérieur (lacis de nerfs entourant
stades I sont les suivants :
l’ostium de l’artère mésentérique inférieure).
• la qualité de la stadification procurée par la procédure chirur-
gicale. Malgré les progrès de l’imagerie par scanner, environ
30 % des stades I cliniques comportent des micrométastases
occultes dans le rétropéritoine [13, 19] . A contrario, 35 % des
stades IIA cliniques ne comportent aucune métastase (pN0)
dans le spécimen de lymphadénectomie [20] . Cette situation sou-
“ Point fort met le patient à un risque de sous-traitement ou au contraire à
une exposition à une morbidité à long terme significative non
justifiée (surtraitement) ;
Les territoires de curage unilatéral modifié sont délimités • la lymphadénectomie permet la résection de tératome, contin-
par l’uretère homolatéral en dehors, l’artère iliaque primi- gent tumoral chimiorésistant, non sécrétant, pour lequel une
tive homolatérale en bas, le hile rénal homolatéral en haut. chimiothérapie adjuvante à l’orchidectomie est inefficace.
Ils doivent concerner les zones précave, rétrocave, inter- L’absence de contrôle initial du tératome peut conduire au gro-
aortico-cave et latérocave à droite, et latéroaortique, pré- wing teratoma syndrome [21] : croissance volumique de la tumeur
qui infiltre les tissus de voisinage, transformation somatique du
et rétro-aortique sus-mésentérique à gauche (Weissbach-
tératome [22] , de pronostic très péjoratif ;
Bœdefeldt). Le pédicule gonadique est toujours retiré en
• le potentiel curatif de la lymphadénectomie est démontré par
totalité. plusieurs études rapportant 99 % de survie spécifique pour
les stades I pathologiques (pN0) [23] . Pour les pN1, une méta-
analyse rapporte de 60 à 92 % de survie spécifique attribuée à
la chirurgie seule [20] .
Rationnel de la technique de préservation
nerveuse Lymphadénectomie primaire
La connaissance des supports neuroanatomiques de
(TGNS de stade IIA)
l’éjaculation permet d’appliquer des techniques chirurgicales En alternative à la chimiothérapie par BEP adaptée au risque
spécifiques focalisées sur la reconnaissance peropératoire et la IGCCCG, la possibilité d’une lymphadénectomie primaire pour
préservation méticuleuse des ganglions sympathiques et des les TGNS métastatiques de faible volume, et notamment de stade
nerfs sympathiques lombaires qui croisent dans l’espace de IIA (adénopathies inférieures à 2 cm), est une option valide [24] ,
dissection (cf. supra). Des taux de conservation d’éjaculation éventuellement adossée à une surveillance armée consistant en
antérograde atteignent plus de 95 % pour les lymphadénectomies la répétition du scanner à 1 mois. La négativation des mar-
primaires [12, 13] , et 79 à 95 % pour des lymphadénectomies queurs post-orchidectomie, le site métastatique rétropéritonéal
post-chimiothérapie [14] . Enfin, les résultats oncologiques ne unique inclus dans la zone de drainage homolatérale, l’absence
sont pas grevés par la technique de préservation nerveuse : de symptômes reliés, sont les critères autorisant l’option de la
au contraire, la dissection attentive qu’impose cette technique lymphadénectomie primaire.
pourrait avoir un effet bénéfique sur la qualité de la résection La lymphadénectomie primaire et la chimiothérapie ont
elle-même. un résultat carcinologique similaire (taux de guérison global

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 3


Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
41-420  Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives

Figure 3. Limites des territoires unilatéral droit (A) et unilatéral gauche (B). La réduction des territoires de curage, qui a pour but de préserver l’éjaculation
antérograde, est valide sur le plan carcinologique dans des conditions bien précises.

avoisinant 98 %), mais les effets secondaires diffèrent et le choix Lymphadénectomie « à haut risque »
du patient à ce titre doit être pris en compte [25] . La lymphadénec-
tomie primaire seule guérit 70 % des stades pN+ . Il est admis que Certaines situations carcinologiques très péjoratives intègrent la
les pN1 requièrent une surveillance postopératoire. Les pN2 pour- lymphadénectomie à une stratégie multimodale complexe. Elles
raient bénéficier d’une chimiothérapie adjudante par deux cycles soulignent l’importance fondamentale du caractère complet de la
de BEP [26] , à discuter par rapport au traitement à la rechute. lymphadénectomie initiale, et requièrent une expérience clinique
et chirurgicale limitées à des centres experts.

Lymphadénectomie post-chimiothérapie
Lymphadénectomies de sauvetage, après
(TGNS de stade supérieur ou égal à IIB)
chimiothérapie de seconde ligne
La chimiothérapie d’induction par BEP, selon le niveau de risque La chirurgie est plus difficile compte tenu de la réaction des-
IGCCCG, est le traitement de référence des TGNS métastatiques. moplasique. Le taux de résection complète est plus faible et
L’indication d’une lymphadénectomie post-chimiothérapie le taux de spécimens enfermant une tumeur active avoisine
repose sur la présence d’une masse résiduelle rétropéritonéale, 50 % [29] .
alors que les marqueurs sont normalisés par le traitement
systémique. La définition d’une masse résiduelle fait encore
aujourd’hui débat, mais il est consensuel de considérer que toute Seconde lymphadénectomie, après récidive
lésion tissulaire de mesure axiale supracentimétrique en situation (chirurgie de « reprise »)
anatomique lymphonodale requiert une lymphadénectomie.
La nature histologique des masses résiduelles est imprédictible Le caractère incomplet de la résection initiale grève largement le
avec les outils cliniques ou d’imagerie actuellement disponibles. pronostic des patients. Le taux de survie globale à cinq ans chute à
Elle se répartit en : nécrose, 55 % ; tératome, 30 % ; tumeur germi- 56 % [30] . Le curage gauche para-aortique et la région du hile rénal
nale active, 15 % [27] . Pour des masses résiduelles centimétriques gauche sont particulièrement concernés.
et en deçà, le taux de tératome reste de 22 % et de tumeur viable
de 5 %.
Chacune de ces situations a un pronostic propre et nécessite
Lymphadénectomies pour maladie métastatique
une prise en charge spécifique adjuvante dont le détail n’est pas en progression (chirurgie de « dernière chance »)
l’objet de cet article. Le rationnel de la lymphadénectomie est Le taux de survie globale de ces patients varie entre 20 et 55 %
supporté par le risque imprédictible d’ignorer le développement à cinq ans [31] . La sélection de patients qui pourraient tirer béné-
d’une maladie évolutive. Les taux de survie sans récidive à cinq ans fice de ce type de chirurgie repose sur la résécabilité de la tumeur
sont de 95 %, 81 % et 65 % selon l’histologie : fibrose, tératome, (planning préopératoire), la stabilité des marqueurs, le nombre de
tumeur active, respectivement [28] . sites.

4 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives  41-420

Lymphadénectomies avec tumeur viable  Critères de qualité d’un curage


dans le spécimen de curage
rétropéritonéal
Le caractère complet de la résection est une nouvelle fois dans
cette situation une condition au bénéfice potentiel que pourraient Le nombre de ganglions prélevés est un critère de qualité car-
tirer les patients d’une nouvelle ligne de chimiothérapie [32] . cinologique d’une lymphadénectomie. Thomson rapporte dans
une série de lymphadénectomies primaires que le nombre moyen
de ganglions se situe aux alentours de 50 par curage. En analyse
 Quels territoires multivariée, un nombre de ganglions total supérieur à 40 est un
de lymphadénectomie, facteur indépendant prédictif d’un curage pN+ [39] . Ces données
appuient l’impérative exclusion d’un geste de prélèvement biop-
pour quelle indication ? sique (picking) dans le territoire concerné, qui n’a aucune valeur
ni diagnostique ni curative.
Lymphadénectomies primaires En situation post-chimiothérapie, Carver et al. ont montré
que la diminution du nombre de ganglions prélevés est un fac-
À ce jour, aucune étude prospective n’a comparé le territoire teur prédictif indépendant de récidive rétropéritonéale, dans une
unilatéral modifié au standard que constitue le curage bilatéral population de 628 curages comportant fibrose ou tératome [40] .
complet. La préservation des vaisseaux lombaires lors d’une lympha-
Eggener [33] a rapporté que la réduction de territoire omet entre dénectomie est également un facteur significatif de récurrence
3 et 23 % des pN+ (selon la radicalité de cette réduction). Il locale, d’après une série de 203 patients réopérés après lymphadé-
a recommandé de procéder à un curage bilatéral complet avec nectomie primaire [41] .
conservation nerveuse lors des lymphadénectomies primaires Ces critères, issus de séries de chirurgie ouverte, doivent être
(TGNS de stade I et IIA). transposés aux voies d’abord mini-invasives.
Pour autant, les survies globale et spécifique rapportées par
les séries unilatérales modifiées sont identiques au standard,
c’est-à-dire proches de 98 % [34, 35] . La réalisation d’une lymphadé-
nectomie primaire en territoire unilatéral modifié est donc licite.
La question n’est pas tranchée et réside dans la résolution d’une
“ Point fort
équation complexe intégrant efficacité oncologique, morbidité
opératoire et adjuvante. Facteurs de risque de récurrence locale après lym-
phadénectomie rétropéritonéale
Lymphadénectomies post-chimiothérapie • Curage insuffisant (< 40 ganglions).
• Préservation des vaisseaux lombaires.
Plusieurs séries ont cherché à démontrer la validité oncologique
d’une réduction de territoire (unilatéral modifié) pour des patients
sélectionnés [27, 36–38] . Il ne s’agit pas d’études randomisées se com-
parant au standard bilatéral complet. Néanmoins, il en résulte que
le territoire unilatéral modifié est une option valide, à condition  Techniques chirurgicales
de se conformer strictement aux critères suivants :
• tumeur bien limitée, mesurant moins de 5 cm, localisée en ter- Planification préopératoire
ritoire concordant à la tumeur testiculaire (zone d’essaimage
primaire) initiale, avant et après chimiothérapie ; La préparation de lymphadénectomie est un temps particuliè-
• marqueurs sériques normaux post-chimiothérapie ; rement important à plusieurs titres.
• maladie métastatique appartenant aux groupes de risque
IGCCCG bon ou intermédiaire. Information du patient
Les principes de l’intervention, les possibles complications
Lymphadénectomies post-chimiothérapie périopératoires et à long terme, en particulier génitosexuelles,
doivent être délivrés et tracés. Une fiche de l’Association française
« à haut risque » d’urologie est disponible à cet effet sur urofrance.com. Une conser-
La complexité et le pronostic de ces situations imposent une vation de gamètes en Centre d’Études et de Conservation des Œufs
chirurgie étendue au territoire bilatéral complet. et du Sperme doit être systématiquement proposée si elle n’a pas
été réalisée en amont dans la prise en charge.

Évaluation anesthésiologique
“ Point fort Les effets secondaires pulmonaires de la bléomycine doivent
être évalués par l’anesthésiste dans les cas, fréquents, d’indication
Il existe quatre indications de lymphadénectomie rétropé- post-chimiothérapie. Les complications thromboemboliques
ritonéale pour TGNS du testicule : doivent également faire l’objet d’une prévention active et réflé-
• en cas de TGNS de stade I : lymphadectomie de stadi- chie.
fication (unilatérale modifiée ou bilatérale), en alternative Réévaluation carcinologique
à la surveillance ou à la chimiothérapie adjuvante ;
• en cas de TGNS de stade II : lymphadénectomie pri- L’indication autant que le geste sont intimement liés au
contexte carcinologique de la lymphadénectomie. Il semble donc
maire (unilatérale modifiée ou bilatérale) en alternative à
logique de réaliser un dosage de marqueurs sériques tumoraux
la chimiothérapie par BEP ; (AFP, hCGt, LDH) dans les deux semaines, et un scanner thoraco-
• en cas de TGNS de stade supérieur ou égal à IIB : lym- abdomino-pelvien dans le mois précédant l’intervention.
phadénectomie (bilatérale, ou unilatérale modifiée pour
des patients sélectionnés) pour toute masse résiduelle Planification technique
supracentimétrique après chimiothérapie ; Une lecture très attentive du scanner abdominal est indis-
• dans certaines situations à haut risque carcinologique, pensable. Elle se porte en particulier sur l’anatomie vasculaire
dans le cadre d’un traitement multimodal (et dans ce cas, de la veine cave inférieure, de l’aorte, des pédicules rénaux,
toujours bilatérale). l’identification des vaisseaux lombaires, l’existence d’une throm-
bose, afin d’anticiper les difficultés et variations anatomiques. En

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 5


Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
41-420  Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives

1
4

2
3

A B
2
2
4

1 1 3

3 C D
Figure 5. Principes de dissection split and roll.
A. Situation modale ganglionnaire et nerveuse. 1. Veine cave ; 2. tronc
sympathique ; 3. arcade du psoas ; 4. aorte ; 5. rameau lombaire.
B. Initiation de la dissection à l’aplomb des vaisseaux aortiques et caves
inférieurs.
C. Dissection par roulement des lames pré- et paracave (1), inter-aortico-
cave (2), pré- et para-aortique (4), dissection rétrocave (3) après contrôle
Figure 4. Exposition du rétropéritoine. 1. Décollement du côlon droit des vaisseaux lombaires.
et de la racine du mésentère ; 2. dissection de l’angle duodénojéjunal et D. Les quatre lames sont libérées de leur espace de dissection.
ligature de la veine mésentérique inférieure ; 3. ouverture du fascia de
Treitz gauche en cas de volumineuse masse para-aortique.
résiduelles de volume important, para-aortiques gauches, le fas-
cia de Toldt gauche peut être incisé pour permettre un double
cas de doute sur un envahissement vasculaire, une IRM est utile contrôle externe et médial de la masse.
pour anticiper un geste de résection qui implique une équipe plu-
ridisciplinaire. Technique du « split and roll »
Abord primaire des gros vaisseaux
Lymphadénectomie par laparotomie En fonction du territoire d’intérêt, la dissection se porte en pre-
mier à l’aplomb de l’aorte ou de la veine cave inférieure au niveau
Installation et voie d’abord sous-rénal.
Le patient est placé en décubitus dorsal. Un billot lombaire haut En cas de territoire bilatéral, notre préférence va d’abord à la
permet d’ouvrir l’exposition sous-costale. Une sonde nasogas- veine cave inférieure dont la dissection permet la recherche du
trique est habituellement mise en place et retirée très précocement tronc sympathique lombaire droit à son angle postérolatéral. Le
au réveil. Une sonde urinaire est posée. tissu périvasculaire est séparé de l’adventice du vaisseau, la lym-
La laparotomie médiane xiphopubienne satisfait à la plupart phostase est réalisée au clip ou au fil 4/0 résorbable. Par roulement
des indications. La laparotomie transverse bi-sous-costale ou en de la lame ganglionnaire, cette dernière est séparée de la face
« chevrons » est préférée lorsqu’un geste de résection hépatique antérolatérale du vaisseau (technique de split and roll) (Fig. 5).
est associé. À droite sont ainsi initiées une lame paracave et une lame inter-
L’accès à l’espace inframédiastinal postérieur, où peut siéger aortico-cave. La limite caudale de cette dissection est la bifurcation
une masse résiduelle rétrocrurale, ou la nécessité d’un curage iliocave.
suprahilaire sont des occurrences très rares. Des voies d’abord et À gauche, la dissection est initiée à l’aplomb de l’aorte immé-
cheminements complexes, thoraco-phréno-laparotomie, abords diatement sous-rénale, où un contrôle particulièrement attentif
transdiaphragmatiques, s’avèrent alors nécessaires, de même de la lymphostase est nécessaire. Une fois l’adventice aortique en
qu’une planification pluridisciplinaire. contact, la technique de split and roll permet d’initier la sépa-
ration à droite de la lame inter-aortico-cave et à gauche de la
Cheminement lame pré- et para-aortique. La limite caudale de cette dissection
est l’ostium de l’artère mésentérique inférieure en cas de territoire
Il s’agit de parvenir à l’exposition du rétropéritoine. Après unilatéral modifié ou la bifurcation aortique en cas de territoire
contrôle du ligament rond et section du ligament falciforme, bilatéral complet. L’artère mésentérique inférieure est dans ce cas
un écarteur autostatique est mis en place. Le péritoine parié- liée. À noter que la technique de conservation nerveuse nécessite
tal postérieur est incisé depuis l’angle colique droit jusqu’à la d’interrompre au-dessus de l’ostium de l’artère mésentérique infé-
racine du mésentère. Le cæcum, le côlon droit et l’intestin grêle rieure la dissection aortique pour revenir à cette région une fois
sont ainsi mobilisés et placés en hypochondre, ou extériorisés identifiés latéralement les rameaux sympathiques convergents.
sur la paroi antérieure du thorax, bien protégés dans un champ L’artère mésentérique inférieure est alors liée plus à distance de
humide. la paroi antérieure de l’aorte.
La dissection peut nécessiter la ligature de la veine mésentérique
inférieure, permettant la mobilisation du quatrième duodénum Lame pré- et paracave
par section du fascia de Treitz et offrant un jour sur la veine rénale Cette lame est souvent grêle. Elle emporte la veine gonadique
gauche (Fig. 4). droite liée à sa terminaison sur la face antérolatérale de la veine
Le plan entre le mésentère et le rétropéritoine, avasculaire, est cave inférieure. Sa dissection médiale offre un jour sur la face
celui de la face antérieure de la veine gonadique. Le deuxième postérolatérale de la veine cave inférieure où les veines lombaires
duodénum est séparé de la veine cave inférieure. Pour des masses (de topographie et de nombre variables) sont identifiées et liées

6 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives  41-420

par un fil non résorbable 4/0 avant section. Cette manœuvre per-


met la mobilisation de la veine cave inférieure et l’identification
du tronc sympathique droit à respecter.
▲ Attention
Plus latéralement, la dissection est conduite jusqu’à l’uretère,
mis sur lacs. En haut, la lame est séparée de la veine rénale droite, La technique décrite est un aperçu d’une situation modale
de l’uretère et du pôle inférieur du rein droit. En arrière, le plan du et idéale. Les circonstances opératoires, le volume, la situa-
psoas est suivi, le nerf génitofémoral doit être reconnu. La limite tion des masses résiduelles, peuvent imposer une stratégie
inférieure est l’artère iliaque primitive droite qui précroise le car- différente, en particulier de contournement de ganglions
refour iliocave. La veine gonadique est réséquée jusqu’à l’orifice volumineux et adhérents. Les gros vaisseaux doivent
inguinal profond.
être abordés en zone saine, à distance des ganglions
Lame inter-aortico-cave pathologiques. Une adaptation de cette technique aux cir-
La dissection latérale droite de cette lame démarre à partir de constances pathologiques est en permanence nécessaire,
la limite précédente pour gagner le ligament vertébral commun car toutes les structures anatomiques décrites ne sont pas
antérieur. En cas de conservation nerveuse, les nerfs sympathiques toujours identifiables.
droits, qui croisent le plan profond de cette région, sont identifiées
et chargés sur fils. Une veine lombaire peut classiquement précroi-
ser cet espace et doit être liée. Par roulement, le tissu lymphonodal
peut alors être séparé des nerfs conservés.
La dissection latérale gauche de cette lame reprend à partir du la face latérale de l’aorte pour aborder le plexus hypogastrique
contact aortique à midi. La technique de split and roll permet supérieur (Fig. 6, 7).
d’atteindre la gouttière postéromédiale aortorachidienne où les À droite, les deux ou trois fibres nerveuses postganglionnaires
artères lombaires droites (généralement au nombre de trois) sont sympathiques sont reconnaissables après avoir mobilisé la veine
liées au fil non résorbable 4/0. Cette manœuvre permet la mobi- cave inférieure, à la face profonde de la lame inter-aortico-cave
lisation de l’aorte et l’identification de la confluence des nerfs mobilisée. Un tampon monté peut être utilisé pour repousser
pelviens vers le plexus hypogastrique supérieur. le tissu graisseux périnerveux et reconnaître l’aspect nacré de la
En haut, la lame est séparée de l’aisselle de la veine rénale structure sympathique. Tracter légèrement les nerfs reconnus peut
gauche. Une attention doit ici être portée à l’artère rénale droite aider à la visualisation du réseau à préserver. Les rapports intimes
parfois visible. En arrière, la brillance du ligament vertébral signe entre les structures sympathiques et les vaisseaux lombaires sont
le caractère complet du geste. En bas, cette lame devient trian- un danger de cette dissection.
gulaire entre la face latérale gauche de la veine cave inférieure et Au total, la conservation nerveuse est une manœuvre chi-
l’origine de l’artère. rurgicale exigeante, nécessitant une connaissance poussée de
l’anatomie du rétropéritoine. Elle ne doit pas cependant détour-
Lame rétrocave
ner de l’objectif primaire et fondamental de cette chirurgie :
Les manœuvres précédentes ayant libéré la veine cave infé- l’exérèse en totalité du tissu lymphonodal, dans un territoire
rieure, cette dernière est tractée verticalement par deux lacs qui donné.
permettent une bonne reconnaissance des structures nerveuses
sympathiques droites à respecter (en cas de conservation ner-
veuse), ainsi que d’un éventuel tissu ganglionnaire résiduel qui Fermeture et soins périopératoires
n’aurait pas été réséqué précédemment. Les hémostases sont vérifiées ; la lymphostase est le cas échéant
Lame pré- et para-aortique complétée, notamment autour de la veine rénale gauche, ainsi que
À partir du même contact adventitiel à midi, par roulement du celle des vaisseaux lymphatiques qui croisent les pédicules iliaques
tissu périartériel, la dissection gagne la gouttière aortovertébrale communs. Tout écoulement chyleux est tari par applications de
gauche. Les artères lombaires gauches sont liées et sectionnées, clips ou sutures. Le rétropéritoine est drainé par un ou deux drains
permettant une mobilisation prudente de l’aorte vers la droite, à aspiratifs en fonction du territoire traité. Le tube digestif, inspecté
même de favoriser la reconnaissance des nerfs lombaires gauches attentivement, est remis en place dans la cavité abdominale. Le
et du tronc sympathique gauche, objets de préservation nerveuse péritoine pariétal postérieur est suturé par un surjet résorbable afin
le cas échéant. de repéritoniser le site opératoire. La fermeture de la paroi est sans
Plus latéralement, la lame est, comme à droite, disséquée jusqu’à particularité.
l’uretère gauche, tracté en dehors. En arrière, le muscle psoas et Le spécimen est orienté, placé sur un calque photographié repré-
le nerf génitofémoral sont dénudés. La veine gonadique gauche sentant le rétropéritoine afin de renseigner le pathologiste (Fig. 8).
doit être rapidement reconnue au sein de cette lame. Liée à son La sonde nasogastrique est retirée très précocement si aucune
croisement avec l’uretère, elle est contrôlée également à sa termi- suture digestive n’a été nécessaire et le patient est réalimenté à j1.
naison sur la veine rénale gauche. En haut, la lame para-aortique La prévention thromboembolique mécanique (contention, lever)
est volontiers épaisse, et la lymphostase sous-rénale gauche doit et par héparine de bas poids moléculaire débute dès j0. La durée
être attentive et appuyée dans la région ostiale gonadique. L’aspect d’hospitalisation varie de 3 à 5 jours.
inférieur de cette dissection suit le jambage aorto-iliaque commun
gauche jusqu’au croisement urétérique. Gestes complémentaires associés
Le cas échéant, en cas de tumeur primitive gauche, la veine
Ces gestes chirurgicaux « de nécessité » ne doivent pas être
gonadique gauche est disséquée jusqu’à l’anneau inguinal, ce qui
considérés comme des complications subies, et doivent être au
nécessite de passer sous le côlon sigmoïde.
contraire anticipés. Cela permet de s’entourer des compétences
chirurgicales adéquates (vasculaires notamment) et d’informer le
Préservation nerveuse patient.
La technique de conservation nerveuse (cf. supra) consiste, lors Ces procédures sont l’apanage des lymphadénectomies post-
d’un curage bilatéral, à préserver le plus possible les structures chimiothérapie.
nerveuses sympathiques et tout le moins la séquence anatomique
unilatérale : tronc sympathique ; nerfs lombaires (surtout L2 et Néphrectomie
L3) ; plexus hypogastrique supérieur. Elle concerne 5 à 30 % des cas [42] . Plus fréquente à gauche,
Si possible bilatérale, elle se limite, en cas de masse volumi- l’envahissement du pédicule ou de l’uretère proximal en sont les
neuse, au côté controlatéral à la masse résiduelle macroscopique. causes les plus fréquentes. Les situations carcinologiques à haut
À gauche, les trois fibres des nerfs sympathiques lombaires sont risque (chirurgie de reprise, chirurgie de « dernière chance », chi-
reconnaissables sur la face latérale de l’aorte et de l’artère iliaque rurgie de sauvetage), ainsi que la taille des masses résiduelles ont
commune ; L1 est assez vertical et profond, partant de la région été identifiées comme facteurs de risque indépendants de néphrec-
hilaire rénale, tandis que les nerfs suivants s’horizontalisent sur tomie [43] .

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 7


Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
41-420  Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives

L1
L1

L2 L2
L3
L3

L4
L4

A B
Figure 6. Rapports des nerfs sympathiques lombaires L1, L2 et L3 avec les vaisseaux axiaux rétropéritonéaux.
A. Droit.
B. Gauche.

Résection de veine cave inférieure Lymphocèles


Elle est une occurrence nécessaire dans 5 à 10 % des lympha- Les lymphocèles sont très fréquentes et probablement sous-
dénectomies [44] . Le volume de la masse résiduelle ainsi que le évaluées car asymptomatiques. L’infection secondaire ou la
contexte carcinologique (groupe pronostique IGCCCG) sont, là compression urétérale sont les principales circonstances symp-
encore, prédictifs de la résection. L’envahissement ou la throm- tomatiques (1,7 %) [13, 49] . La prévention des lymphocèles réside
bose massive de la veine cave en sont les indications principales. dans l’attention portée en peropératoire à la lymphostase, en
La reconstruction vasculaire n’est habituellement pas nécessaire particulier sous-hilaire. Le traitement des lymphocèles sympto-
chez les jeunes patients, du fait du développement rapide de la matiques est basé sur le drainage percutané et le traitement anti-
collatéralité [45] . L’IRM est un examen très précis pour analyser les biotique.
rapports entre la paroi vasculaire et la masse résiduelle.
Ascite chyleuse
Résection aortique Elle se définit comme l’épanchement intrapéritonéal de liquide
Elle est rare, concernant 1 % des procédures. L’obligation de lymphatique riche en chylomicrons, parfois de volume impor-
s’adjoindre les compétences de chirurgie vasculaire impose de tant. Cette complication affecte 2 % des lymphadénectomies
connaître les facteurs prédictifs de résection aortique. Deux tiers primaires et jusqu’à 7 % post-chimiothérapie [49] . La présenta-
de ces patients sont opérés après une chimiothérapie de sauve- tion clinique associe anorexie, nausées, vomissements, douleurs
tage de seconde ligne ou avec des marqueurs sériques élevés [46] . abdominales, météorisme, dyspnée et prise de poids. Le diagnos-
L’histologie du spécimen retrouve dans 80 % des cas de la tumeur tic est posé lorsque la ponction du liquide intrapéritonéal repéré
active et dans 20 % des cas du tératome [44] . L’IRM est un au scanner ramène un liquide « blanc lait ». Les dissections supra-
outil indispensable dans ces situations pour planifier le geste. hilaires et rétrocrurales sont à risque d’ascite chyleuse par lésion
L’interposition d’une prothèse aortique droite ou aorto-bi-iliaque des collecteurs lymphatiques rétroaortiques (citerne de Pecquet).
est à la base du procédé de reconstruction vasculaire. Les procédures vasculaires associées, la durée de l’intervention, le
saignement peropératoire, sont également corrélés à la survenue
Complications de cette complication [50] .
Le traitement repose sur le drainage de l’épanchement par un
Le taux global de complication postopératoires varie entre 10 drain non aspiratif, associé à des mesures diététiques : alimenta-
et 30 % [13, 47–49] . Les lymphadénectomies primaires semblent être tion pauvre en triglycérides à chaîne légère. En cas d’échec (débit
moins concernées (10 à 24 %) par rapport aux procédures post- du drain constant), une alimentation parentérale peut être insti-
chimiothérapie (20 à 32 %). L’étendue du territoire de curage ne tuée ainsi qu’un traitement par octréotide. Persévérer 2 à 3 mois
semble en revanche pas influer sur le taux de complications [13] . est nécessaire. En dernier recours, il est exceptionnellement néces-
saire de recourir à une réintervention.
Iléus
Il s’agit de la complication la plus fréquente, qui peut prendre Complications thromboemboliques
la forme dans 2,5 % des cas d’une occlusion grêlique. Il est recom- Elles sont paradoxalement rares, eu égard à l’âge des patients
mandé de conserver une sonde nasogastrique quelques jours en et à leur déambulation précoce. Le taux d’embolie pulmonaire
cas de dissection digestive imposée par des masses résiduelles n’excède pas 1 à 3 %. Pour autant, les manipulations iliocaves
importantes. de cette chirurgie carcinologique imposent de prévenir le risque,

8 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives  41-420

2
1

3 4

Figure 8. Orientation du spécimen de lymphadénectomie. Ce type de


schéma peut être transmis au pathologiste pour améliorer l’exploitation
des analyses.

sion. Une préparation digestive est ici utile afin de décomprimer


l’intestin grêle qui reste intracorporel avec cette voie d’abord.
Les principes de la chirurgie par voie ouverte doivent être
transposés le plus fidèlement possible à ces voies d’abord mini-
invasives.

Figure 7. Vue peropératoire. Dissection hypersélective du nerf sympa-


thique L2 droit (cliché du Dr T. Murez, CHU Montpellier). 1. Veine cave Matériels spécifiques
inférieure ; 2. aorte ; 3. nerf sympathique L2 droit ; 4. artère mésentérique Laparoscopie
inférieure. Le matériel comprend les instruments classiques : ciseaux ;
pinces à préhension ; pince bipolaire ; porte-aiguilles ; aspira-
teur ; irrigation ; optique de 10 mm et 30◦ . Plus spécifiquement,
par la mise en place peropératoire de dispositifs de compression
un écarteur endocorporel est utile pour récliner les structures
séquentielle, la contention postopératoire, la déambulation pré-
digestives. Les clips Hem-o-lokTM sont indispensables pour les
coce et les héparines de bas poids moléculaire.
ligatures vasculaires (gonadiques et lombaires). L’utilisation de
Complications respiratoires ciseaux laparoscopiques bipolaires de type Ultracision® n’a pas
Les complications pulmonaires à type de syndrome de détresse été évaluée dans sa capacité à assurer la lymphostase. Les procédés
respiratoire aiguë concernent 3 à 5 % des patients [49] . Apanage des complémentaires hémostatiques de type éponge, compresse, tam-
patients ayant reçu de la bléomycine, ils peuvent être prévenus par pon et les colles biologiques sont utiles pour parfaire l’hémostase
notamment des mesures de ventilation protectrice. en cas de lésion vasculaire.
Mortalité postopératoire
Laparoscopie robot-assistée
Elle n’excède pas 1 % : syndrome de détresse respiratoire,
Le matériel comprend les instruments classiques d’une pro-
défaillance multiviscérale, fistule aortoduodénale, complications
cédure robot-assistée à quatre bras : optiques 0◦ et 30◦ (qui
thromboemboliques, qui sont rapportés toujours dans le cas
permettent d’augmenter la qualité visuelle avec une angula-
d’indications post-chimiothérapie [51] .
tion appréciable dans le curage rétropéritonéal) ; ciseaux ; pince
bipolaire (Maryland bipolar forceps) ; pince Prograsp ; clamp vas-
Lymphadénectomies par voie mini-invasive culaire robot en cas de plaie vasculaire ; porte-aiguille. Pour
l’aide-opératoire, un système d’aspirateur/lavage, une pince à
(laparoscopique et robot-assistée) préhension, un angle droit cœlioscopique, des clips de 5 mm
La planification opératoire est semblable à celle de la voie (ChallengerTM ) ou Hem-o-lokTM .
ouverte. L’information au patient doit être complétée par les Le matériel de chirurgie ouverte nécessaire à un geste vasculaire,
risques spécifiques de la laparoscopie et les risques de conver- en cas de conversion, doit être disponible en salle opératoire.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 9


Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
41-420  Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives

Figure 9. Position des trocarts lors du curage laparoscopique unilaté- Figure 10. Position des trocarts lors du curage robot-assisté unilaté-
ral modifié gauche. Point rouge : emplacement du trocart optique de ral modifié gauche. Point rouge : emplacement du trocart optique de
12 mm ; points noirs : emplacement des trocarts de 5 mm ; point bleu : 12 mm ; point noir : emplacement du trocart de 5 mm ; points verts :
emplacement du trocart de l’aide de 12 mm. emplacement des trocarts du robot de 8 mm ; point bleu : emplacement
du trocart de l’aide de 12 mm.

Installation et positionnement des trocarts


le trocart inférieur récline l’intestin grêle en hypochondre gauche.
Les voies d’abord décrites ci-après sont transpéritonéales : les
Le côlon droit est médialisé, puis le deuxième duodénum, offrant
plus utilisées, elles facilitent le contrôle de l’ensemble des zones
un jour sur le rétropéritoine latéral droit, jusqu’au bord droit de
potentielles de dissection. Le patient peut être placé en décubitus
l’aorte.
dorsal, les deux bras le long du corps avec inclinaison latérale
La dissection se poursuit par le contrôle de la veine gonadique
marquée de la table et Trendelenburg. Cette installation permet
droite, depuis l’orifice inguinal profond où elle côtoie les vais-
de traiter les deux territoires, droit et gauche. Nous conseillons
seaux épigastriques à respecter, jusqu’à son ostium sur la face
néanmoins de positionner le patient en décubitus latéral, adapté
antérolatérale de la veine cave inférieure. La dissection emporte
certes uniquement à une dissection unilatérale, mais offrant une
les tissus lymphatiques attenants à la veine gonadique, clipée par
exposition facilitée par la mobilisation passive du grêle (Fig. 9).
deux Hem-o-lokTM avant transsection au niveau de son ostium,
Une sonde urinaire de Foley ainsi qu’une sonde nasogastrique
fragile. L’uretère est repéré sur les vaisseaux iliaques, ainsi que le
sont mises en place. Un dispositif de compression veineuse
pôle inférieur du rein. L’espace jusqu’à la veine cave est évidée
pneumatique séquentielle (FlowtronTM ) est utilisé. Une attention
de son tissu cellulolymphatique, souvent peu abondant, selon la
particulière est portée aux points de compression et aux étire-
technique du split and roll. La reconnaissance de petits vaisseaux
ments nerveux potentiels pour cette chirurgie longue.
lymphatiques doit faire l’objet de lymphostase par clips de 5 mm.
La voie extrapéritonéale est également possible, par abord
La procédure se poursuit (cf. supra), par la mobilisation de la veine
iliaque interne homolatéral au pattern de dissection. Elle évite
cave inférieure, d’abord latérale, puis médiale dans l’espace inter-
tout contact digestif, et permet de reconnaître facilement les fibres
aortico-cave. Le contrôle se fait à l’aide de clips placés distants
postganglionnaires sympathiques et de les respecter. Enfin, en cas
de quelques millimètres de la veine cave afin de pouvoir rattra-
de masse postchimiothérapique, le plan de clivage avec le vais-
per un éventuel lâchage. L’espace inter-aortico-cave est ensuite
seau sous-jacent est plus aisé à repérer. Bien que possible, cet abord
évidé, jusqu’au ligament commun antérieur, en profondeur. Une
latéral ne nécessite pas de section des vaisseaux lombaires car la
attention particulière doit être portée aux deux artères lombaires
dissection peut s’effectuer de façon aussi radicale [52] . Un entraî-
droites qui croisent cet espace, et dont le contrôle par clips ouvre
nement spécifique et une pratique régulière sont nécessaires.
l’espace rétroaortique et permet la libération du bord gauche de
Laparoscopie la lame inter-aortico-cave.
Une procédure d’open-cœlioscopie est réalisée en position para- Lymphadénectomie en territoire unilatéral modifié gauche
rectale, 2 cm au-dessus de l’ombilic, pour placer le trocart optique
La procédure débute par l’incision du péritoine latéralement
de 12 mm. Trois trocarts de 5 mm sont placés respectivement
par rapport au côlon descendant, jusqu’à la mobilisation en haut
sous l’auvent costal, la ligne axillaire antérieure, à la pointe
du bloc splénopancréatique dont les attaches au fascia de Gérota
de la onzième côte, et 2 cm en avant et au-dessus de l’épine
sont incisées. Le bloc digestif est mobilisé en dedans jusqu’à
iliaque antérosupérieure. Un trocart de 12 mm est placé en fosse
l’exposition satisfaisante de l’aorte, de la veine rénale gauche qu’il
iliaque (Fig. 9). Un trocart supplémentaire peut être placé en cours
précroise et de l’espace inter-aortico-cave. Un écarteur endosco-
d’intervention en fonction des besoins d’exposition. Les optiques
pique maintient en dedans le bloc digestif.
de 0◦ et 30◦ peuvent être utiles.
Comme à droite (cf. supra), la veine gonadique est disséquée
Laparoscopie robot-assistée à l’orifice inguinal profond et mobilisée avec les lymphatiques
Le système chirurgical Da VinciTM est utilisé. Les patients sont attenants jusqu’à la veine rénale gauche. L’artère spermatique,
placés en position de décubitus latéral avec le robot placé dans branche de l’aorte, est contrôlée par clips plus bas avant section.
le dos du patient, au niveau des omoplates. La mise en place La lame para-aortique est alors disséquée. Un point-clé réside
d’un port robotique est fonction du côté et de la localisation de dans la dissection sous-veineuse où la lymphostase doit être très
la tumeur : pour le curage gauche, une open-cœlioscopie sur la rigoureuse, les veines lombaires éventuellement anastomosées
ligne pararectale 2 cm au-dessus de l’ombilic (trocart caméra de avec la veine rénale gauche sont ligaturées. La lame pré-aortique
12 mm), un trocart médian sous la xiphoïde pour placer un écar- est séparée de la face antérolatérale du vaisseau, jusqu’à l’angle
teur pour les organes digestifs des hypochondres (5 mm), trois aortovertébral, siège de la chaîne sympathique gauche et des
trocarts robots (8 mm) placés sous le hauban costal, à la pointe de artères lombaires gauches qui fusent sous les arcades psoïques.
la onzième côte et en fosse iliaque droite et enfin un trocart d’aide Ces artères sont contrôlées par clips le plus à distance possible de
(12 mm) en paraombilical (Fig. 10). l’aorte. La présence d’une artère polaire inférieure doit être consi-
dérée. L’ostium de l’artère gonadique droite appartient également
à cette zone de dissection et doit être contrôlé. La mobilisation du
Cheminement
tissu préaortique s’interrompt au-dessus de l’artère mésentérique
Lymphadénectomie en territoire unilatéral modifié droit inférieure pour préserver le cas échéant le plexus hypogastrique.
Le premier temps est la mobilisation du côlon droit par incision L’artère mésentérique inférieure constitue un obstacle à la pro-
du fascia de Toldt depuis les vaisseaux iliaques jusqu’au ligament gression vers le bas. En cas de nécessité carcinologique, elle est
péritonéal hépatorénal. Un écarteur endoscopique introduit dans doublement clipée par Hem-o-lockTM avant transsection.

10 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives  41-420

Les différentes lames sont extraites séparément dans plusieurs ciplinaires, est requis pour atteindre l’objectif cardinal de cette
endobags. Le rétropéritoine est irrigué puis aspiré, le pneumo- chirurgie : le caractère complet de l’exérèse lymphonodale.
péritoine atténué pour contrôler l’hémostase. Une attention
particulière est enfin portée à la vérification de l’intégrité des
structures digestives. Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
d’intérêts en relation avec cet article.
Complications spécifiques des voies mini-invasives
La majorité des complications sont partagées avec les autres  Références
voies chirurgicales et ne sont pas spécifiques. Elles oscillent entre 9
et 25 % [53] . Aucune complication spécifiquement liée à l’assistance [1] Rébillard X, Grosclaude P, Leone N, Velten M, Coureau G, Villers A,
robotique n’a été décrite : et al. Incidence and mortality of urological cancers in 2012 in France.
• blessure d’un organe de voisinage (plaie de vaisseaux sanguins, Prog Urol 2013;23(Suppl. 2):S57–65.
organes adjacents), notamment lors de la mise en place des [2] Le Cornet C, Lortet-Tieulent J, Forman D. Testicular cancer incidence to
trocarts ; rise by 25% by 2025 in Europe? Model-based predictions in 40 countries
• troubles respiratoires ou cardiaques, liés à une intolérance au using population-based registry data. Eur J Cancer 2014;50:831–9.
gaz créant le pneumopéritoine ; [3] Kollmannsberger C, Tandstad T, Bedard PL. Patterns of relapse in
• embolie gazeuse, par diffusion du gaz dans la circulation vei- patients with clinical stage I testicular cancer managed with active sur-
neuse ; veillance. J Clin Oncol 2015;33:51–7.
[4] Kier MG, Lauritsen J, Mortensen MS. Prognostic factors and treatment
• hernie ou incarcération d’une anse intestinale dans un orifice
results after bleomycin, etoposide, and cisplatin in germ cell cancer: a
de trocart. population-based study. Eur Urol 2017;71:290–8.
La conversion chirurgicale en chirurgie ouverte en cas d’urgence [5] Donohue JP, Zachary JM, Maynard BR. Distribution of nodal metastases
vasculaire est une occurrence rare (4,3 %) [54] . in nonseminomatous testis cancer. J Urol 1982;128:315–20.
[6] Weissbach L, Boedefeld EA. Localization of solitary and multiple metas-
tases in stage II nonseminomatous testis tumor as basis for a modified
 Conclusion [7]
staging lymph node dissection in stage I. J Urol 1987;138:77–82.
Ray B, Hajdu SI, Whitmore WF. Proceedings: distribution of retrope-
ritoneal lymph node metastases in testicular germinal tumors. Cancer
La lymphadénectomie rétropéritonéale est une procédure 1974;33:340–8.
technique complexe, qui répond à un cahier des charges carci- [8] Donohue JP, Thornhill JA, Foster RS. Retroperitoneal lymphadenec-
nologique précis, adapté à l’indication. Elle requiert une parfaite tomy for clinical stage A testis cancer (1965 to 1989): modifications of
connaissance de l’anatomie du rétropéritoine, une planification technique and impact on ejaculation. J Urol 1993;149:237–43.
préopératoire oncologique et technique très aboutie. [9] Kihara K. Nerve-sparing retroperitoneal lymph node dissection: control
La voie d’abord ouverte par laparotomie est le standard. Les mechanism, technique for nerve-sparing and reconstruction. Int J Urol
voies d’abord mini-invasives, en cours d’évaluation, doivent être 2000;7(Suppl. 1):52–5.
réservées à des équipes expertes en chirurgie laparoscopique et [10] Fosså SD, Ous S, Stenwig AE. Distribution of retroperitoneal lymph
à des indications mesurées. L’exérèse de volumineuses masses node metastases in patients with non-seminomatous testicular cancer in
résiduelles, en territoire bilatéral complet, ou les situations car- clinical stage I. Eur Urol 1990;17:107–12.
[11] Pizzocaro G, Salvioni R, Zanoni F. Unilateral lymphadenectomy in
cinologiques dites « à risque », restent des défis chirurgicaux pour
intraoperative stage I nonseminomatous germinal testis cancer. J Urol
lesquels le recours à des équipes expertes, volontiers multidis-
1985;134:485–9.
[12] Jewett MA, Kong YS, Goldberg SD. Retroperitoneal lymphadenec-
tomy for testis tumor with nerve sparing for ejaculation. J Urol
1988;139:1220–4.
“ Points essentiels [13] Heidenreich A, Albers P, Hartmann M. Complications of primary nerve
sparing retroperitoneal lymph node dissection for clinical stage I non-
seminomatous germ cell tumors of the testis: experience of the German
• Les indications des lymphadénectomies rétropérito- Testicular Cancer Study Group. J Urol 2003;169:1710–4.
[14] Pettus JA, Carver BS, Masterson T. Preservation of ejaculation in patients
néales sont restreintes, mais peuvent être rencontrées à
undergoing nerve-sparing postchemotherapy retroperitoneal lymph node
de nombreux stades des TGNS. dissection for metastatic testicular cancer. Urology 2009;73, 328-31-2.
• Si le curage bilatéral complet en constitue le gold stan- [15] Beck SD, Bey AL, Bihrle R. Ejaculatory status and fertility rates after pri-
dard, la lymphadénectomie unilatérale modifiée permet mary retroperitoneal lymph node dissection. J Urol 2010;184:2078–80.
des résultats carcinologiques équivalents dans des situa- [16] Mortensen MS, Lauritsen J, Gundgaard MG. A nationwide cohort study
tions bien codifiées. of stage I seminoma patients followed on a surveillance program. Eur
Urol 2014;66:1172–8.
• La planification préopératoire, par l’imagerie notam-
[17] Daugaard G, Gundgaard MG, Mortensen MS. Surveillance for stage I
ment, est capitale pour anticiper les difficultés opératoires nonseminoma testicular cancer: outcomes and long-term follow-up in a
et s’entourer des compétences pluridisciplinaires néces- population-based cohort. J Clin Oncol 2014;32:3817–23.
saires. [18] Tandstad T, Ståhl O, Håkansson U. One course of adjuvant BEP in
• Les principales conséquences de ce geste étant d’ordre clinical stage I nonseminoma mature and expanded results from the
SWENOTECA group. Ann Oncol 2014;25:2167–72.
génitosexuel, la chirurgie de préservation nerveuse peut [19] Albers P, Siener R, Krege S. Randomized phase III trial comparing retro-
permettre la conservation d’une éjaculation antérograde. peritoneal lymph node dissection with one course of bleomycin and
• Par voie ouverte, la technique de dissection split and roll etoposide plus cisplatin chemotherapy in the adjuvant treatment of cli-
permet la dissection en évitant les plaies vasculaires. nical stage I nonseminomatous testicular germ cell tumors: AUO trial
• Elle peut être reconduite par des voies d’abord mini- AH 01/94. J Clin Oncol 2008;26:2966–72.
[20] Stephenson AJ, Sheinfeld J. The role of retroperitoneal lymph
invasives, laparoscopie standard ou robot-assistée.
node dissection in the management of testicular cancer. Urol Oncol
• Le nombre de ganglions retirés et analysés est un facteur 2004;22:225–33.
prédictif indépendant du risque de récidive. [21] Dusaud M, Durand X, Lahutte M. Growing teratoma syndrome. Prog
• Les voies d’abord ouvertes et mini-invasives sont Urol 2012;22:568–71.
possibles, mais ces dernières demandent une grande expé- [22] Giannatempo P, Pond GR, Sonpavde G. Treatment and clinical outcomes
rience pour assurer la complétude et la sécurité du geste. of patients with teratoma with somatic-type malignant transformation:
An international collaboration. J Urol 2016;196:95–100.
• Cette chirurgie réputée difficile devrait rester l’apanage
[23] Nielsen ME, Lima G, Schaeffer EM. Oncologic efficacy of laparoscopic
de centres experts. RPLND in treatment of clinical stage I nonseminomatous germ cell
testicular cancer. Urology 2007;70:1168–72.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 11


Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
41-420  Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives

[24] Weissbach L, Bussar-Maatz R, Flechtner H. RPLND or primary che- [41] Pedrosa JA, Masterson TA, Rice KR. Reoperative retroperitoneal lymph
motherapy in clinical stage IIA/B nonseminomatous germ cell tumors? node dissection for metastatic germ cell tumors: analysis of local recur-
Results of a prospective multicenter trial including quality of life assess- rence and predictors of survival. J Urol 2014;191:1777–82.
ment. Eur Urol 2000;37:582–94. [42] Djaladat H, Nichols C, Daneshmand S. Adjuvant surgery in testicu-
[25] Stephenson AJ, Bosl GJ, Motzer RJ. Nonrandomized comparison of lar cancer patients undergoing postchemotherapy retroperitoneal lymph
primary chemotherapy and retroperitoneal lymph node dissection for node dissection. Ann Surg Oncol 2012;19:2388–93.
clinical stage IIA and IIB nonseminomatous germ cell testicular cancer. [43] Cary KC, Beck SD, Bihrle R. Clinical and pathological features predic-
J Clin Oncol 2007;25:5597–602. tive of nephrectomy at post-chemotherapy retroperitoneal lymph node
[26] Kondagunta GV, Motzer RJ. Adjuvant chemotherapy for stage II nonse- dissection. J Urol 2013;189:812–7.
minomatous germ cell tumors. Urol Clin North Am 2007;34:179–85. [44] Winter C, Pfister D, Busch J. Residual tumor size and IGCCCG risk
[27] Heidenreich A, Pfister D, Witthuhn R. Postchemotherapy retroperitoneal classification predict additional vascular procedures in patients with
lymph node dissection in advanced testicular cancer: radical or modified germ cell tumors and residual tumor resection: a multicenter analy-
template resection. Eur Urol 2009;55:217–24. sis of the German testicular cancer study group. Eur Urol 2012;61:
[28] Daneshmand S, Albers P, Fosså SD. Contemporary management of post- 403–9.
chemotherapy testis cancer. Eur Urol 2012;62:867–76. [45] Beck SD, Lalka SG. Long-term results after inferior vena caval resection
[29] Fox EP, Weathers TD, Williams SD. Outcome analysis for patients with during retroperitoneal lymphadenectomy for metastatic germ cell cancer.
persistent nonteratomatous germ cell tumor in postchemotherapy retro- J Vasc Surg 1998;28:808–14.
peritoneal lymph node dissections. J Clin Oncol 1993;11:1294–9. [46] Beck SD, Foster RS, Bihrle R. Aortic replacement during
[30] McKiernan JM, Motzer RJ, Bajorin DF. Reoperative retroperitoneal post-chemotherapy retroperitoneal lymph node dissection. J Urol
surgery for nonseminomatous germ cell tumor: clinical presentation, 2001;165:1517–20.
patterns of recurrence, and outcome. Urology 2003;62:732–6. [47] Baniel J, Sella A. Complications of retroperitoneal lymph node dissec-
[31] Beck SD, Foster RS, Bihrle R. Pathologic findings and therapeutic tion in testicular cancer: primary and post-chemotherapy. Semin Surg
outcome of desperation post-chemotherapy retroperitoneal lymph node Oncol 1999;17:263–7.
dissection in advanced germ cell cancer. Urol Oncol 2005;23:423–30. [48] Baniel J, Foster RS, Rowland RG. Complications of post-chemotherapy
[32] Fizazi K, Tjulandin S, Salvioni R. Viable malignant cells after primary retroperitoneal lymph node dissection. J Urol 1995;153(3Pt2):976–80.
chemotherapy for disseminated nonseminomatous germ cell tumors: [49] Subramanian VS, Nguyen CT, Stephenson AJ. Complications of open
prognostic factors and role of postsurgery chemotherapy–results from primary and post-chemotherapy retroperitoneal lymph node dissection
an international study group. J Clin Oncol 2001;19:2647–57. for testicular cancer. Urol Oncol Semin Orig Investig 2010;28:504–9.
[33] Eggener SE, Carver BS, Loeb S. Pathologic findings and clinical out- [50] Evans JG, Spiess PE, Kamat AM. Chylous ascites after post-
come of patients undergoing retroperitoneal lymph node dissection chemotherapy retroperitoneal lymph node dissection: review of the
after multiple chemotherapy regimens for metastatic testicular germ cell M.D. Anderson experience. J Urol 2006;176(4Pt1):1463–7.
tumors. Cancer 2007;109:528–35. [51] Capitanio U, Jeldres C, Perrotte P. Population-based study of
[34] Nicolai N, Miceli R, Artusi R. A simple model for predicting nodal perioperative mortality after retroperitoneal lymphadenectomy for non-
metastasis in patients with clinical stage I nonseminomatous germ cell seminomatous testicular germ cell tumors. Urology 2009;74:373–7.
testicular tumors undergoing retroperitoneal lymph node dissection only. [52] Leblanc E, Caty A, Dargent D. Extraperitoneal laparoscopic para-aortic
J Urol 2004;171:172–6. lymphnode dissection for early stage nonseminomatous germ cell tumors
[35] Stephenson AJ, Bosl GJ, Motzer RJ. Retroperitoneal lymph node dissec- of the testis with introduction of a nerve sparing technique: description
tion for nonseminomatous germ cell testicular cancer: impact of patient and results. J Urol 2001;165:89–92.
selection factors on outcome. J Clin Oncol 2005;23:2781–8. [53] Permpongkosol S, Lima GC, Warlick CA. Postchemotherapy laparosco-
[36] Beck SD, Foster RS, Bihrle R. Is full bilateral retroperitoneal lymph pic retroperitoneal lymph node dissection: evaluation of complications.
node dissection always necessary for postchemotherapy residual tumor? Urology 2007;69:361–5.
Cancer 2007;110:1235–40. [54] Cheney SM, Andrews PE, Leibovich BC. Robot-assisted retroperitoneal
[37] Steiner H, Peschel R, Bartsch G. Retroperitoneal lymph node dissection lymph node dissection: technique and initial case series of 18 patients.
after chemotherapy for germ cell tumours: is a full bilateral template BJU Int 2015;115:114–20.
always necessary? BJU Int 2008;102:310–4.
[38] Carver BS, Shayegan B, Eggener S. Incidence of metastatic nonse-
minomatous germ cell tumor outside the boundaries of a modified Pour en savoir plus
postchemotherapy retroperitoneal lymph node dissection. J Clin Oncol
2007;25:4365–9. Houlgatte A. Cancer du testicule. Paris: Springer; 2006.
[39] Thompson RH, Carver BS, Bosl GJ. Contemporary lymph node Klein EA. Nerve-sparing retroperitoneal lymphadenectomy. In: Novick AC,
counts during primary retroperitoneal lymph node dissection. Urology Jones JS, editors. Operative urology at the Cleveland Clinic. Towata:
2011;77:368–72. Humana Press; 2006. p. 139–47.
[40] Carver BS, Cronin AM, Eggener S. The total number of retroperitoneal Ghazi AE, Janetschek G. Difficulties in laparoscopic retroperitoneal lymph
lymph nodes resected impacts clinical outcome after chemotherapy for node dissection. In: Difficult conditions in laparoscopic urologic surgery.
metastatic testicular cancer. Urology 2010;75:1431–5. London: Springer; 2011. p. 259–83.

X. Durand (xavier.durand.urovdg@orange.fr).
Service d’urologie, Hôpital d’instruction des Armées Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France.
J.-B. Beauval.
Service d’urologie, Centre hospitalier universitaire Rangueil, 1, avenue du Professeur-Jean-Poulhès, 31400 Toulouse, France.
P. Chiron.
Service d’urologie, Hôpital d’instruction des Armées Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Durand X, Beauval JB, Chiron P. Lymphadénectomies rétropéritonéales pour tumeurs germinales non
séminomateuses du testicule. Chirurgie ouverte et voies d’abord mini-invasives. EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 2019;12(2):1-12 [Article 41-420].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

12 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

Téléchargé pour Abdoulaye Ndiath (ndiath.ndiath23@gmail.com) à Hopital Nord Franche-Comte à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur novembre
18, 2021. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2021. Elsevier Inc. Tous droits réservés.

Vous aimerez peut-être aussi