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TUMÉFACTIONS PAROTIDIENNES

Introduction
Une tuméfaction parotidienne se définit comme une augmentation de volume de la région parotidienne.
- La pathologie parotidienne est le plus souvent unilatérale
- La pathologie tumorale bénigne ou maligne.
- La pathologie infectieuse : parotidites aigues virales, bactériennes ou lithiasiques, parotidites
chroniques, est plus rare.
- La lithiase parotidienne est beaucoup moins fréquente que la lithiase sous-mandibulaire.
- Les tuméfactions parotidiennes bilatérales peuvent s’intégrer dans le cadre d’une maladie de système
ou d’une calcinose salivaire. Les autres causes sont nutritionnelles ou toxiques.
– En avant par l’apophyse mastoïde et le muscle sterno-cléido-mastoïdien ;
– En haut par le conduit auditif externe et la por9on postérieure de l’arcade
zygomatique ;
– En bas par une ligne horizontale allant de la mastoïde à l’angle de la mandibule ;
– En profondeur par l’apophyse styloïde et l’espace latéropharyngien.
- La région parotidienne, traversée par le canal de Sténon, l’artère carotide externe,
le confluent veineux parotidien, le nerf facial.

I- CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE:
– Découverte fortuite par le pa9ent ou le médecin d’une tuméfaction parotidienne ;
– Tuméfaction parotidienne douloureuse déclenchée par l’alimentation ;
– Tuméfaction parotidienne douloureuse dans un tableau infectieux

II- DIAGNOSTIC CLINIQUE:


1. INTERROGATOIRE: doit préciser :
– Âge – Habitudes alimentaires, la no9on d’une intoxication alcoolique ; – ATCDS chirurgicaux ;
– L’existence d’une pathologie rhumatismale, pulmonaire ou hématologique connue ;
– Notion d’une radiothérapie cervicale ;
– Notion d’un traumatisme sur la région parotidienne ;
– Date de début et le mode évolutif de la tuméfaction, les variations du volume de la tuméfaction avec l’alimentation ;
– Signes associés : douleur de la région parotidienne et rapport de la douleur avec l’alimentation, sécheresse buccale
ou oculaire, asymétrie faciale.

2. EXAMEN CLINIQUE
Inspection: Palpation:
- Tuméfaction parotidienne comblant le - permet de confirmer le siège parotidien de la tuméfaction et ses
sillon rétro-mandibulaire puis soulève en rapport
dehors le lobule de l'oreille, - Taille, surface lisse ou irrégulière, limites, consistance, sensibilité,
- L'état de la peau en regard de la douleur provoquée, mobilité par rapport à la peau et aux plans profonds.
tuméfaction, - Un écoulement à l’orifice endobuccal du canal de Sténon ;
- Paralysie faciale, - Une tuméfaction sur le trajet du canal de Sténon (palpaFon bimanuelle
- Examen endobuccal et dentaire est avec un doigt endobuccal).
indispensable: aspect de l’ostium du canal - Palpation de toutes les aires ggaires cervicales à la recherche
de Sténon et de la salive, abondante ou d’adénopathies associées.
rare, claire ou purulente, - Otoscopie doit être systématique,

III- DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


1. KYSTES DERMOÏDES ET KYSTES SÉBACÉS 2. ADP SOUS-DIGASTRIQUES
PRÉTRAGIENS - Une ADP sous-digastrique peut parfois être confondue avec une
- Mobiles sur le plan parotidien profond. tumeur du pôle inférieur de la parotide.
- La cytoponction et l’écho aident au Dg différentiel. L’examen, tête en hyperextension, permet en général de localiser
- Le Dc est parfois chirurgical. le siège sous-angulomandibulaire de la tuméfaction
IV- EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
1. PONCTION CYTOLOGIQUE 3. SIALOGRAPHIE 5- Echographie :
- moyen de Dc simple, rapide, - Opacification du système canalaire - Exploration du lobe superficiel
peu traumatisant, sensible et par un produit de contraste, injecté de la parotide,
peu coûteux, par le canal de Sténon. - Le lobe profond étant masqué par les
- intéressant dans la - Son intérêt est limité dans la structures osseuses.
pathologie tumorale. pathologie tumorale car elle ne - Intérêt dans la pathologie tumorale
- n’a de valeur que si elle est visualise la tumeur que par des signes (différencie les tumeurs intra glandulaires
positive ; indirects de déplacement des canaux des tumeurs juxta-glandulaires).
- un cytologiste expérimenté. salivaires. - Elle peut visualiser des calculs
- pas de risque de suffisamment volumineux.
dissémination cellulaire - Elle ne présente aucun
tumorale ou de lésion intérêt dans les
du nerf facial, contrairement à pathologies
la biopsie qui est inflammatoires ou dans
formellement les maladies de système
contre-indiquée. intéressant la parotide.

2. RADIOGRAPHIES 4- Scintigraphie au technétium 99m : 6- TDM:


STANDARD - Fixa=on sur les glandes salivaires du - Indiqué dans la pathologie
- intérêt dans la lithiase 99mTc, après administra=on tumorale,
salivaire, peu fréquente intraveineuse. en cas d’incertitude à
au niveau de la paro=de - Seules les tumeurs dont la taille est > l’échographie sur
1,5 cm sont visualisées. l’extension tumorale.
7- IRM : elle est intéressante - Le cystadénolymphome papillaire est - Permet l’exploration du lobe
dans la pathologie tumorale, la seule tumeur capable de fixer le profond de la parotide et
avec une résolution tissulaire 99mTc de façon précoce, intense et l’analyse de l’extension aux
supérieure à celle du scanner. durable. structures avoisinantes,
- Il présente peu d’intérêt en
cas de pathologie non
tumorale.

V- ORIENTATIONS DIAGNOSTIQUES DEVANT UNE TUMÉFACTION PAROTIDIENNE UNILATÉRALE


A. TUMEURS
1. CLASSIFICATION HISTOLOGIQUE DE L’OMS 1991
Les tumeurs sont classées en épithéliales et non épithéliales
a. Tumeurs épithéliales : 80% b. Tumeurs non épithéliales : 20%
- Tumeurs bénignes : les adénomes : • Tumeurs conjonc,ves non lymphoïdes :
– L’adénome pléomorphe 50% – Tumeurs bénignes
– Tumeur de Warthin (cystadénolymphome) 10-15% - Lipome
– Myoépithéliome 10-15% - Angiome, lymphangiome
– Oncocytome 5-10% - Neurofibrome, neurinome (shwannome)
– Autres : L’adénome à cellules basales, les adénomes – Tumeurs malignes
monomorphes - Histiocytofibrome malin - Hémangiopéricytome
- Tumeurs malignes : les carcinomes: - Rhabdomyosarcome - Schwannome malin
- Adénocarcinomes ; - Mélanome
- Carcinomes adénoïdes kys3ques (2 à 4% ) Lymphome : - Les lymphomes malins non Hodgkinien
- Carcinomes muco- épidermoïdes (5 à 20% ) - Les lymphomes malins Hodgkinien
- Carcinomes à cellules acineuses (2 à 5%) Tumeurs secondaires à :
- Carcinomes épithélio-myoépithélial, - Carcinome épidermoide
- Carcinomes épidermoïdes - Mélanome
- Carcinomes à cellules basales - Métastases (carcinome bronchique à petite cellule, cancer
- Cystadénocarcinomes du rein, cancer du sein)
- Carcinomes canalaires Lésions apparentées :
- Carcinomes à petites cellules Sialose, lésion lymphoépithliale bénigne, kyste salivaire
- Carcinomes indifférenciés, adénosquameux, sébacés
2. TUMEURS BÉNIGNES:
- L’adénome pléomorphe est le plus fréquent .
- Les autres tumeurs bénignes (dominées par le cystadénolymphome (10 à 15% ).
- Découvertes devant une tuméfaction parotidienne unilatérale et isolée, lisse ou parfois bosselée, ferme ou dure,
indolore, mobile par rapport à la peau et au plan profond, sans paralysie faciale associée.
- Pas d’adénopathie cervicale satellite.
- Tableau clinique est évocateur d’une tumeur bénigne,
a. Adénomes pléomorphes b. Cystadénolymphomes c. Adénomes
- A tout âge, - Surtout chez la femme . - Homme +++, 60 et 70 ans oncocytaires
- Bosselé et dur: faveur du diagnostic. - Tumeur bien limitée, - surtout après
- IRM +++ superficielle, 50 ans et chez la
- Histologie: éléments épithéliaux et mésenchymateux. postéro-inférieure, femme, proches
- L’évolution spontanée: l’augmentation de volume, avec risque - Evolution lente avec cliniquement de
de dégénérescence maligne. parfois des poussées l’adénome
- TRT: chirurgical inflammatoires. pléomorphe.

3. TUMEURS MALIGNES:
a. Carcinomes adénoïdes kystiques: b. Tumeurs c. Carcinomes à cellules
- Femme +++, 50 et 60 ans. muco-épidermoïde acineuses:
- Ont tendance à suivre les nerfs en les infiltrant +++ - Parfois associées à - A tout âge, la femme +++.
- Douleurs associées à la tuméfacFon (inconstante mais des douleurs - Evolution est lente,
évocatrice) - Risque surtout - Pas de critère pronostique
- Douleurs à type de décharge électrique lors de la palpation local, récidive après histologique.
tumorale +++ exérèse. - Récidives locales ou
- Evolution: lente, - Pronostic dépend ganglionnaires peuvent
- Risque de récidive locale, ganglionnaire ou la survenue de du grade survenir tardivement.
métastases (pulmonaires +++). histologique. - Les métastases sont rares.
- Pronostic: péjoratif (70% de survie à 5 ans, 20% à 20 ans)

4. CAT DEVANT UNE TUMÉFACTION PAROTIDIENNE UNILATÉRALE


- Obtenir un diagnostic de nature de la tumeur.
- Parotidectomie exploratrice avec examen extemporané.
- Toute tumeur parotidienne impose une Parotidectomie .
- Prévenir le patient des modalités de l’intervention chirurgicale et des risques de complications :
+ Une paralysie ou une parésie faciale sont en général transitoires, sauf en cas de section du nerf facial accidentelle ou
de nécessité ;
+ Le SD de Frey est représenté par une sudation temporale lors des repas ou d’une stimulation salivaire (de survenue
inconstante et imprévisible )
+ Dépression résiduelle de la région Parotidienne
+ Insensibilité de la région auriculaire est de récupération aléatoire et tardive.

LES INTERVENTIONS
Sur la parotide Sur le facial
- Parotidectomie exo-faciale. - Pas de sacrifice systématique.
- Parotidectomie totale avec conservation du facial. - Résection à la demande.
- Parotidectomie totale sans conservation du facial. - Reconstruction systématique.
- Parotidectomie élargie.
B. PAROTIDITES
1. PAROTIDITES AIGUËS VIRALES 2. PAROTIDITES AIGUËS 5. LITHIASES DE LA PAROTIDE
- La parotidite ourlienne +++, BACTÉRIENNES - Moins fréquente au niveau de la
- le plus souvent chez l’enfant ou l’adulte - Les signes fonctionnels sont glande parotide
jeune. représentés par une douleur vive et - Ses manifestations sont plus
- Les signes fonctionnels: douleur de la un léger trismus. souvent infectieuses que
région parotidienne irradiée à l’oreille, - Les signes généraux sont marqués mécaniques.
augmentée par la mastication associée à avec fièvre et asthénie intense. – Au point de vue fonctionnel, les
une hyperthermie. – A l’examen on retrouve : manifestations mécaniques
- Unilatérale au début, se bilatéralise en 2 - Une tuméfaction parotidienne sont de 2 ordres :
à 3 jours ; inflammatoire ; - La hernie parotidienne : survenue
– A l’examen on note : - Une douleur provoquée intense ; brutale, lors d’un repas, d’une
- Peau en regard luisante - L’orifice du canal de Sténon tuméfaction parotidienne qui
- Une tuméfaction parotidienne turgescent avec issue de salive disparaît rapidement après
inflammatoire, rénitente, sensible à la purulente. un bref écoulement de salive ;
palpation, - Sur le plan biologique, il existe une
- La colique salivaire :
- ADP parotidienne ou sous-maxillaire hyperleucocytose avec - Même tableau clinique avec
parfois associée ; polynucléose. l’association à la tuméfaction
- L’orifice du canal de Sténon rouge avec - Le TRT: antibiotique doit être parotidienne d’une douleur intense.
salive mais claire. rapidement instauré. - Les manifestations infectieuses
- Biologique: Lymphocytose avec sont représentées par la parotidite
mononucléose, l’amylasémie est élevée. 3. PAROTIDITES BACTÉRIENNES suppurée ou non, parfois
- La sérologie: élévation du taux des Acs CHRONIQUES NON SPÉCIFIQUES récidivante.
- Plus fréquentes chez l'enfant – A l’examen, la glande parotide est
4. PAROTIDES CHRONIQUES SPÉCIFIQUES (peuvent survenir chez l’adulte parfois encore tuméfiée.
- Parotidite tuberculeuse: sous la forme mais en général bilatérales). L'ostium du canal de Sténon est
d’un nodule froid intraparotidien, parfois - Se manifestent sous la forme de rouge, tuméfié, non purulent.
sensible, avec ramollissement en son poussées de parotidites aiguës - Les radiographies sans préparation
centre et adhérence à la peau. récidivantes. recherchent le calcul.
- IDR, Radiographie pulmonaire, - La sialographie est évocatrice et – La sialographie retrouve parfois la
- Ponction pour culture sur milieu retrouve des images arrondies, lacune due au calcul, et
spécifique aident au diagnostic, en « plomb de chasse », qui surtout une dilatation du canal en
qui n’est parfois posé que sur l’examen persistent aux clichés en évacuation, amont de l’obstacle
anatomopathologique les canaux salivaires sont normaux.

VI- ORIENTATION DIAGNOSTIQUES DEVANT UNE TUMÉFACTION PAROTIDIENNE BILATÉRALE.


A. TUMÉFACTIONS PAROTIDIENNES AU COURS DES MALADIES DE SYSTÈME
1. SARCOÏDOSE 2. SD DE GOUGEROT- 3. LEUCÉMIES
- Tuméfaction parotidienne: indolore, SJÖGREN - Au cours des LLC, une tuméfaction
bilatérale, - La tuméfaction parotidienne indolore et bilatérale peut être
- Installation rapide et de régression parotidienne est indolore, isolée ou s’intégrer dans le cadre d’un SD de
spontanée. d’installation lente, Mikulicz.
- Association: parotidite, paralysie - En général inhomogène et - Au cours des leucémies aiguës, une
faciale et uvéite = SD de Heerfordt. indurée au stade de sclérose tuméfaction parotidienne peut être en
- Association: atteinte parotidienne, glandulaire. rapport avec une infiltration leucémique ou
sous-mandibulaire et lacrymale - Rechercher une sécheresse une infection virale dans le cadre d’une
= SD de Mikulicz. buccale et oculaire. immuno-dépression.

B. PAROTIDOMÉGALIE NUTRITIONNELLES
1. Par excès
Excès de consommation d’hydrates de carbone, diabète, obésité, éthylisme chronique.
2. Par carence
Grandes malnutritions, anorexie mentale.
C. PAROTIDITES CHRONIQUES D’ORIGINE TOXIQUE
Certaines intoxications chroniques sont responsables d’une tuméfaction parotidienne sensible : plomb, pesticides,
insecticides, iodures.

D. CALCINOSE SALIVAIRE
- Parotidite chronique bilatérale ou à bascule,
- Tuméfaction parotidienne douloureuse intermittente, salive séropurulente.
- Femmes de la cinquantaine,
- Présence de multiples calcifications intracanalaires.
- Radiographies sans préparation: calcifications au niveau des 2 parotides.
- Sialographie: Images arrondies, des canaux légèrement dilatés.

CONCLUSION:
- Une tuméfaction parotidienne unilatérale doit faire évoquer en premier lieu une tumeur.
- Une tuméfaction parotidienne bilatérale doit faire évoquer en premier lieu une maladie de système.
- Une tuméfaction parotidienne unilatérale doit être opérée,
les tuméfactions parotidiennes bilatérales ne sont, en général, pas chirurgicales.
- En cas de pathologie tumorale, il ne faut jamais réaliser de tumorectomie ou d’énucléation, mais toujours une
parotidectomie totale ou subtotale.
- Il ne faut pas multiplier inutilement les examens complémentaires.

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