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POST’U ( 2015 )

Les ampullomes :
traitement endoscopique
;;Bertrand Napoléon
(u)  Hôpital privé Jean Mermoz, Générale de Santé, 55, avenue Jean-Mermoz, 69008 Lyon
E-mail : dr.napoleon@wanadoo.fr

biliaire). Le diagnostic repose finale-


Objectifs pédagogiques Introduction ment sur l’association d’une histoire
clinique, d’un aspect endoscopique et
–– Définition anatomopathologique La prévalence des adénomes et des de résultats anatomopathologiques.
–– Présentations cliniques et endosco- adénocarcinomes de l’ampoule de Pris individuellement, chacun de ces
piques Vater varie entre 0,1 et 0,6 % dans les éléments peut être pris en défaut.
–– Indications, technique et résultats de séries autopsiques [1]. La séquence
la résection endoscopique adénome-adénocarcinome est actuel- Présentation clinique
lement acceptée comme au niveau
–– Suivi après traitement endoscopique
colique. Néanmoins, cette séquence est Il existe trois principaux modes de
variable en fonction du tissu d’origine. découverte.
L’ampoule de Vater est en effet un car-
•  Les patients symptomatiques repré-
refour entre trois types de structures
sentent généralement la principale
histologiques différentes dont peuvent
cohorte des séries chirurgicales [2].
naître les tumeurs. Ceci explique un
Les principaux symptômes sont
pronostic qui est meilleur que celui des
l’angiocholite, l’ictère, un épisode de
adénocarcinomes pancréatiques (40 %
pancréatite aiguë, une hémorragie
de survie à 5 ans) mais qui reste parfois
digestive ou des douleurs abdomi-
aussi péjoratif. Le traitement endosco-
nales. Le diagnostic peut également
pique à visée curative a fait ce jour
être porté devant de simples anoma-
preuve de son efficacité sur des tumeurs
lies biologiques du bilan hépatique
non invasives, soigneusement sélec-
ou la découverte d’une dilatation du
tionnées. En cas de tumeur invasive, la
cholédoque ou du wirsung par ima-
duodéno-pancréatectomie céphalique
gerie. En cas de symptômes, les
(DPC) reste nécessaire. Cette mise au
lésions sont plus souvent néopla-
point a pour objectif de préciser les élé-
siques et avancées que pour les
ments qui vont permettre d’établir le
autres modes de découvertes.
diagnostic d’ampullome, de sélection-
ner les tumeurs susceptibles de béné-
ficier d’un traitement endoscopique à
visée curative et d’en rappeler les
modalités.

Diagnostic d’adénome
ampullaire

La région ampullaire s’avère complexe.


Anatomiquement, la présence de plu-
sieurs tissus et organes se rejoignant
rend l’approche diagnostique délicate
(Fig. 1). L’histologie ne définit pas à elle
seule une lésion ampullaire. En effet,
le tissu ampullaire n’est pas hautement Figure 1.  Anatomie de l’ampoule
spécifique. Dans ces conditions, c’est
Sm : sous-muqueuse dudénale (bleu clair)
essentiellement l’endoscopie qui posera Oddi : sphincter d’Oddi (rose)
le diagnostic de localisation ampul- MP : musculaire propre du duodénum
laire, l’histologie affirmant la tumeur (rouge brique)
ENDOSCOPIE

et orientant vers le tissu d’origine (duo- Chol : cholédoque


dénal, ampullaire, pancréatique ou Wirs : canal de Wirsung

273
Figure 2.  Formes endoscopiques d’ampullome
A. Forme avec ulcère du capuchon
= adénocarcinome avancé
B.  Forme végétante
A B C
C.  Forme endoampullaire

•  La deuxième situation est le dépis- rable à l’aspect des polypes duo­ inflammatoire régénératif peut être
tage d’un ampullome dans un dénaux. La migration récente d’un difficile. D’un point de vue histolo-
contexte de Polypose Adénomateuse calcul peut donner un aspect pseudo­ gique, il faut insister sur l’importance
Familiale (PAF). Le risque d’ampul- tumoral limité à l’ampoule. des remaniements architecturaux pour
lome est alors multiplié par 200 [3]. L’extension duodénale rend parfois conclure formellement au diagnostic
On sait aujourd’hui que l’histoire difficile la différentiation entre un d’adénome. Les atypies cytologiques
naturelle de ces tumeurs est parti- adénome ampullaire étendu au duo- sont en effet parfois marquées, y com-
culière avec une possibilité de lésion dénum et un large adénome duodé- pris dans des lésions purement inflam-
en néoplasie intra-épithéliale de bas nal recouvrant l’ampoule. Les deux matoires ou régénératives. D’une façon
grade (NBG) non évolutive sur des situations sont généralement grou- plus générale, les données de l’étude
suivis de plus de 10 ans. Il existe par pées dans les séries d’ampullecto- histologique doivent être interprétées
ailleurs une association fréquente mie, le geste technique étant iden- à la lumière du contexte endoscopique
avec les polypes duodénaux. Le profil tique (cf. infra) ; et clinique, qui peut s’avérer détermi-
évolutif de ces derniers peut être nant pour décider de la prise en charge.
–– les formes de développement uni-
beaucoup plus agressif et passer au Chez un patient présentant un syn-
quement endoampullaire (16 % des
premier plan [4]. En l’absence de drome clinico-biologique d’obstacle
cas) et se présentent comme une
risque duodénal, on réalisera un trai- ampullaire, la présence d’aspects cyto-
ampoule bombante à muqueuse
tement endoscopique en cas de néo- logiques de NBG, associés à des anoma-
normale. Les biopsies seront alors
plasie intra-épithéliale de haut lies architecturales, est suffisante pour
faussement négatives. Cet aspect
grade (NHG) aux biopsies et/ou conclure à une tumeur ampullaire et
peut aussi correspondre à une
devant un aspect d’ampoule tumo- pour envisager un traitement complé-
impaction calculeuse, voire à une
rale d’une taille ≥ 1cm en endosco- mentaire. Il est nécessaire d’être
ampoule normale ;
pie. ­beaucoup plus prudent chez un patient
–– les formes mixtes représentent 59 % asymptomatique où la notion de
•  Le troisième mode de révélation est
des cas. tumeur ampullaire est portée sur une
en augmentation : la découverte for-
tuite au décours d’une endoscopie ampoule hypertrophiée en gastrosco-
Pour compliquer les choses, une
haute représente actuellement plus pie avec des biopsies concluant à une
lithiase cholédocienne peut être asso-
de 30 % des cas adressés pour ampul- NBG. Avant d’envisager un traitement,
ciée à un ampullome dans 6 à 38 % des
lectomie endoscopique [5]. Ce mode un contrôle d’endoscopie avec un duo-
cas [7].
de découverte est en augmentation, dénoscope est indispensable, associé à
probablement grâce à un examen de nouvelles biopsies si l’aspect tumo-
plus systématique de l’ampoule en Résultats anatomopathologiques ral n’est pas formel. Une double lecture
gastroscopie avec des endoscopes anatomopathologique peut également
plus performants. C’est la situation Biopsie à la pince [7-9] se discuter avant de conclure à un adé-
la plus à risque de faux positif d’am- nome. La sensibilité des biopsies est
pullome aux biopsies (cf. infra). Le diagnostic histologique peut égale- faible : les faux négatifs de cancer sont
ment être difficile à poser. Les biopsies retrouvés dans 19 à 40 % des cas et les
devront être réalisées ou contrôlées faux négatifs de tumeurs dans 5 à 38 %
Aspect endoscopique (Fig. 2) avec un duodénoscope. Les critères his- des cas, en particulier dans les formes
tologiques utilisés pour identifier et de développement exclusivement
Si l’utilisation d’un gastroscope permet grader les lésions adénomateuses de endoampullaires. Dans ces formes, la
de suspecter un ampullome, il convient l’ampoule sont les mêmes que pour les sphinctérotomie peut se discuter pour
d’utiliser un duodénoscope pour visua- lésions adénomateuses développées augmenter la sensibilité des biopsies
liser de manière satisfaisante l’am- dans le reste du tube digestif. Le dia- mais elle doit être bien pesée car elle
poule. Le diagnostic endoscopique n’est gnostic repose sur: (a) des critères peut perturber le staging ultérieur,
cependant pas toujours facile car une architecturaux : existence d’une proli- rendre difficile une ampullectomie en
ampoule normale peut être hypertro- fération en relief, d’architecture tubu- un seul fragment et compliquer l’ana-
phiée avec une papille pseudovilleuse. laire ou tubulo-papillaire, (b) des cri- lyse histologique finale. Du fait des
En fonction du mode de développe- tères cytologiques : présence d’atypies faux négatifs pouvant être induits par
ment, trois formes peuvent être pré- cytonucléaires dont la sévérité permet la coagulation ou par des biopsies
sentes [6] : de grader les lésions. Les résultats les encore trop superficielles, un contrôle
–– dans les formes à développement plus fréquemment obtenus sont : car- est à conseiller 2 à 4 semaines après la
extra-ampullaire (25 % des cas), l’as- cinome invasif, NHG ou NBG. La dis- sphinctérotomie si l’histologie initiale
pect est évocateur, végétant, compa- tinction entre NBG et simple foyer est négative.

274
Figure 3.  Différence entre la classification TNM et la classification
japonaise
T1 (rond vert) : tumeur limitée par l’ampoule
d0 : tumeur limitée au sphincter d’Oddi
d1 : tumeur envahissant la sous-muqueuse duodénale
d2 = T2 : tumeur envahissant la MP
sm : sous-muqueuse duodénale
MP : musculaire propre du duodénum

Biopsie échoguidée sous EE et échographique évocateur) mais


avec un aspect endoscopique discu- Bilan d’extension (Fig. 3)
Cette technique a été décrite dans une table et des anomalies échoendosco-
série rétrospective de 35 patients [10]. piques non spécifiques, l’hypothèse Évaluer précisément le degré d’enva-
Trois passages intralésionnels étaient d’une tumeur ampullaire est à évo- hissement tumoral reste l’étape indis-
recommandés avec une efficacité dia- quer en priorité en l’absence de calcul pensable avant le choix thérapeutique
gnostique de 88 %, une sensibilité de cholédocien. Une courte sphinctéro- (chirurgical ou endoscopique). Deux
82,4 %, et une spécificité de 100 %. tomie pour permettre des biopsies éléments sont déterminants pour le
L’utilité de cette approche peut se dis- endoampullaires est recommandée choix du traitement : l’envahissement
cuter dans des formes avancées de dans un premier temps (avec pose pariétal et l’envahissement endocana-
développement endoampullaires et à de prothèse si la vidange biliaire est laire. En Occident, la classification TNM
extension intrapancréatique. Elle n’a insuffisante). Si les biopsies sont utilisée est peu précise [13]. Pour le
pas sa place dans les lésions suscep- positives, un traitement endosco- staging pariétal, les tumeurs limitées
tibles d’être traitées par ampullectomie pique pourra être réalisé au mieux à l’ampoule sont classées T1. Elles
endoscopique. dans un deuxième temps. Si les biop- incluent des lésions ayant de simples
sies sont négatives, un contrôle pré- foyers d’adénocarcinome intra-épithé-
Autres imageries coce à 15 jours sera nécessaire avec lial à des lésions présentant une exten-
large sphinctérotomie et nouvelles sion dans la sous-muqueuse duo­
L’échoendoscopie (EE) a une faible spé- biopsies. Si elles sont à nouveau dénale. Les lésions T2 infiltrent la
cificité pour le diagnostic : les seuls négatives et que le tableau est peu musculeuse duodénale. La classifica-
signes spécifiques en faveur d’un évocateur d’oddite, un dernier tion japonaise est plus détaillée [14] :
ampullome en EE sont les signes de contrôle couplant EE et duodénosco- les lésions T1 sont réparties en lésions
tumeur invasive ou l’envahissement pie avec biopsies sera souhaitable d0 qui respectent la sous-muqueuse
intracanalaire du wirsung ou du cho- plus à distance. En cas de calcul cho- duodénale (dégénérescence limitée au
lédoque [11]. Les autres critères tels que lédocien présent avec une ampoule sphincter d’Oddi) et en lésion d1 qui
l’élargissement de l’ampoule, la dilata- douteuse, une sphictérotomie large l’infiltrent. Les lésions d2 sont super-
tion du wirsung ou du cholédoque sont pour extraire le calcul sera effectuée posables au T2. L’existence d’embols
non spécifiques et peuvent être vus et des biopsies à distance (2 à vasculaires est également notée. La
lors d’une oddite scléreuse ou même 4 semaines) seront nécessaires afin différence est fondamentale : dans les
devant une ampoule normale. L’EE ne de différencier une oddite scléreuse séries de la littérature utilisant la clas-
peut par ailleurs en aucun cas suffire d’un ampullome. Dans cette der- sification TNM, le risque ganglionnaire
à exclure un ampullome. Un bilan à la nière situation, l’ampullectomie se en cas de lésion T1 va de 0 à 20 %. Dans
recherche d’un obstacle ampullaire fera ultérieurement en deux frag- la classification japonaise, les tumeurs
devra toujours comporter une vue ments (cf. infra). d0 sans embols vasculaires sont tou-
endoscopique de l’ampoule. Quand jours N-, et la survie des patients à
celle-ci est mal visualisée avec la vision 2. En cas de découverte fortuite, chez
5 ans est de 100 %. Les tumeurs d1 (et/
latérale de l’échoendoscope, un duodé- un patient asymptomatique, d’une
ou avec embols) présentent 30 % d’adé-
noscope devra être utilisé. L’IRM et le ampoule hypertrophiée avec une
nopathies métastatiques [15] et la sur-
scanner ont une sensibilité diagnos- première série de biopsies retrou-
vie des patients à 5 ans est de 65 %.
tique inférieure à l’EE [12]. vant de la NBG et une EE normale.
Pour les Japonais, les lésions d0 sans
De nouvelles biopsies devront être
Au total, le diagnostic d’ampullome embols vasculaires peuvent donc être
pratiquées avec un duodénoscope
repose sur l’association d’une histoire considérées comme des « early can-
et analysées par un anatomopa-
clinique, d’un examen endoscopique cer », sans risque ganglionnaire [14],
thologiste entraîné avant d’envisa-
et sur les résultats des biopsies. Deux susceptibles de bénéficier d’un traite-
ger un traitement. Si la nouvelle
situations restent cependant difficiles : ment endoscopique à visée curative.
série de biopsies est négative, l’en-
ENDOSCOPIE

1. Devant un obstacle ampullaire pro- semble du bilan sera recontrôlé à 6 L’envahissement intracanalaire sera
bable (tableau clinique, biologique mois. apprécié au niveau du cholédoque et

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du Wirsung, en sachant que le taux de L’EE est donc indispensable pour dia- BICAP, sonde chaude ou laser YAG.
résection endoscopique à visée cura- gnostiquer des lésions > T1 et/ou avec Depuis plus de 15 ans, l’ampullectomie
tive est inférieur à 50 % en présence de une infiltration endocanalaire qui endoscopique par anse diathermique
cet envahissement [16]. Un traitement seront inaccessibles à un traitement est devenue le geste de référence car
endocanalaire complémentaire par endoscopique curatif et qui devront c’est le seul qui permet une analyse
radiofréquence sur les bourgeons alors faire discuter d’un traitement histologique complète. Les contre-indi-
encholédociens est en cours d’évalua- chirurgical. En présence d’une tumeur cations à un geste à visée curative sont
tion chez des patients non opérables. uT1 en EE sans envahissement endo- l’envahissement de la sous-muqueuse
En attendant plus de résultats, une canalaire, deux attitudes peuvent se duodénale, une extension dans le cho-
ampullectomie endoscopique à visée discuter : une ampullectomie endosco- lédoque ou le canal de Wirsung et les
curative ne sera envisagée qu’en l’ab- pique d’emblée ou une minisonde problèmes de coagulation non contrô-
sence d’envahissement endocanalaire d’endoscopie préalable au geste d’exé- lables. Si la résection de la tumeur
(limite technique) et en l’absence de rèse. s’apparente à l’éxèrèse d’un volumi-
risque d’envahissement ganglionnaire neux polype sessile, la prévention des
(limite carcinologique). Plusieurs exa- complications potentielles rend le geste
Minisonde d’endosonographie
mens sont à notre disposition pour complexe. Plusieurs techniques diffé-
réaliser ce staging. biliaire [21-23] rentes peuvent être utilisées à chaque
étape, ce qui rend les comparaisons
Elle est montée sur fil guide dans le
Endoscopie entre séries compliquées. En fonction
cholédoque ou éventuellement dans le
de la présentation endoscopique, cer-
Wirsung lors de la CPRE. La réalisation
Le caractère ulcéré est un signe prédic- taines procédures seront également
d’une sphinctérotomie n’est pas néces-
tif de dégénérescence. Quand l’ulcéra- plus adaptées que d’autres. Au total, les
saire. La fréquence utilisée de 20 Mhz
tion siège sur le capuchon muqueux de standards du geste sont difficiles à
permet l’individualisation de la sous-
l’ampoule, à distance de la papille affirmer et varient suivant les équipes
muqueuse duodénale et parfois du
(Fig. 2), la tumeur aura alors nécessai- [5, 16, 25, 26]. Un certain nombre de
sphincter d’Oddi. La sensibilité et la
rement traversé la sous-muqueuse grandes lignes se dégagent cependant.
spécificité sont meilleures que celle de
duodénale, ce qui contre-indique un 1. L’injection sous-muqueuse, préa-
l’EE sur le staging des petites tumeurs.
traitement endoscopique [17] à visée lable à l’exérèse, n’est pas systéma-
L’efficacité pour différencier les tumeurs
curative. Les biopsies réalisées dans tiquement recommandée car elle
d0 (sans envahissement de la sous-
l’ulcération seront alors positives en peut gêner la résection profonde de
muqueuse duodénale) des tumeurs d1
adénocarcinome. Si le caractère ulcéré l’ampoule ; elle sera réservée aux
est retrouvée entre 85 et 95 % des cas
est limité à la papille, le carcinome extensions muqueuses para-ampul-
suivant les séries. La présence d’une
peut n’être qu’intramuqueux et un laires duodénales.
prothèse et/ou la sphinctérotomie
bilan d’évaluation complémentaire
­préalable diminuent de manière signi- 2. La résection est pratiquée à l’aide
sera nécessaire.
ficative l’efficacité diagnostique. d’une anse à polypectomie. Les anses
utilisées varient : de la classique
EE [18-21] L’intérêt de la minisonde existe surtout
anse tressée aux anses spécialement
en cas de lésion avec adénocarcinome
Elle permet de visualiser la musculeuse conçues pour l’ampullectomie. Leur
aux biopsies ou si le mode de décou-
duodénale et d’examiner les ganglions positionnement est habituellement
verte a été l’existence de symptômes
péripancréatiques. Un staging pariétal céphalocaudal. Il n’existe pas de
en particulier d’obstruction biliaire. En
et ganglionnaire (uTN) comparable à consensus sur l’intensité, ni sur le
l’absence de ces deux éléments, l’hypo-
celui de la classification TNM peut ainsi type de courant à utiliser : section
thèse d’un adénocarcinome avec exten-
être effectué avec des performances pure ou endocoupe sont privilégiées.
sion à la sous-muqueuse est quasiment
satisfaisantes, de 71 à 91 % pour le sta- La résection en monobloc est néces-
nulle (expérience personnelle) et une
ging pariétal, atteignant 90 % pour saire pour un examen anatomopa-
ampullectomie sans minisonde préa-
sélectionner les tumeurs uT1 versus thologique « idéal ». Sur les très volu-
lable est parfaitement envisageable.
> uT1 et de 53 à 87 % pour le staging mineuses tumeurs, une résection en
ganglionnaire. La valeur prédictive « piece-meal » sera incontournable.
négative de l’atteinte ganglionnaire est Autres examens Sur les lésions très étendues en sur-
cependant très insuffisante pour consi- face, plusieurs sessions peuvent être
C’est uniquement pour la détection de utiles pour obtenir une résection
dérer qu’une tumeur uT1N0 en EE n’a
métastases à distance (scanner, TEP…) complète. Dans ces cas, on réséquera
pas de risque ganglionnaire. Le sphinc-
qu’ils seront utiles [12]. en monobloc l’ampoule avant de
ter d’Oddi n’est par ailleurs pas visua-
lisé et une extension tumorale à la réséquer par mucosectomie clas-
sous-muqueuse duodénale ne peut pas sique l’extension duodénale satel-
être exclue. L’EE permet également de Traitement lite. En cas de large sphinctérotomie
visualiser des bourgeons tumoraux effectuée au préalable, il ne sera pas
remontant dans le cholédoque ou le La première série de tumeurs ampul- possible de réséquer la lésion en
Wirsung avec une précision de 82 à laires traitées endoscopiquement a été monobloc. On pourra en revanche le
90 %. L’examen devra préférentielle- décrite en 1987 par Van Stolk [26]. Il plus souvent la réséquer en deux
ment être réalisé avant tout geste thé- avait alors testé toutes les méthodes fragments (antérieur et postérieur).
rapeutique. La sphinctérotomie ou la disponibles : résection à l’anse diather- 3. Une sphinctérotomie biliaire com-
pose de prothèse diminue les perfor- mique, électrocoagulation à la pointe plémentaire n’est pas systématique.
mances sur le staging pariétal. et destruction thermique par sonde Elle est recommandée d’emblée en

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présence d’un doute sur l’envahisse- pensable. Pour les bourgeons endo- ni d’embols vasculaires en cas d’adéno­
ment endocanalaire ou en présence canalaires dans le cholédoque, une carcinome) associé à l’absence de réci-
d’une cholestase. Elle pourra être destruction par radiofréquence dive au décours du suivi. Il varie suivant
réalisée au cours du contrôle précoce pourrait s’avérer efficace. Un proto- les séries entre 72 et 90 %. Le succès
si la pièce d’exérèse n’a pas emporté cole d’évaluation est en cours par la semble meilleur pour les tumeurs spo-
l’ensemble de la lésion avec des SFED. radiques (86 versus 68 %). Le taux de
marges saines. Elle permettra alors récidive varie entre 6 et 33 %. Bonhacker
de mieux exposer le bas cholédoque retrouve un taux de récidive de 12 %
pour faciliter le traitement complé- Complications [5, 16, 25-28] versus 37 % respectivement en l’ab-
mentaire et la surveillance. sence et en présence d’envahissement
4. Après résection, la pose d’une pro- intracanalaire. Dans ce dernier cas, la
L’ampullectomie endoscopique est un
thèse pancréatique pour prévenir le résection était curative dans moins de
geste à haut risque même si la compa-
risque de pancréatite postCPRE est 50 % des cas contre 83 % en l’absence
raison avec la duodénopancréatecto-
un standard établi et recommandé d’envahissement intracanalaire. Le
mie céphalique est bien sûr favorable.
même si certaines séries de la litté- recours à la chirurgie varie entre 0 et
Sur les séries monocentriques rétros-
rature ont pu être contradictoires. 15 %.
pectives, la morbidité moyenne était
Les échecs sont rares dans des mains de 21 % des cas avec un risque de 13 %
entraînées. La présence d’un pan- pour la pancréatite aiguë, 6 % pour
créas divisum rend la pose de pro- l’hémorragie digestive, 2 % pour la per- Surveillance [17, 29-31]
thèse inutile. Un calibre de prothèse foration et 1 % pour la sténose biliaire.
de 4 à 5 french est suffisant et La mortalité était nulle. Dans la série Un bilan complémentaire avec colos-
­permet une élimination spontanée multicentrique prospective française, copie devra être réalisé à la phase ini-
dans plus de 50 % des cas. Le repé- la mortalité était de 0,9 % (pancréatite tiale de l’ampullectomie compte tenu
rage du Wirsung se fera le plus sou- aiguë sévère) et la morbidité de 35 %. de l’association adénome ampullaire,
vent au moyen de l’extrémité d’un La complication principale était la pan- polype colique. Les recommandations
guide hydrophile. L’injection de colo- créatite aiguë (20 % des procédures, pour la surveillance postampullecto-
rant dans le Wirsung avant la résec- essentiellement chez des patients sans mie reposent sur des avis d’expert. On
tion a été proposée pour mieux repé- pose de prothèse prophylactique), suivi pourra proposer un contrôle ampul-
rer l’orifice secondairement. du saignement observé dans 10 % des laire à 6 mois puis semestriel pendant
5. Quand la résection est endoscopi- procédures. Une perforation était notée 2 ans par examen clinico-biologique,
quement complète et que la pro- dans 3,6 % des cas (traitement médical) duodénoscopie et biopsies. Une EE
thèse pancréatique a pu être posi- et des complications biliaires dans 7 % complémentaire ± une opacification
tionnée, la fermeture de la brèche des cas (angiocholite et cholécystite). canalaire sont conseillées afin de
muqueuse duodénale par des clips Malgré ce taux élevé de complications, dépister précocement une récidive en
est utile pour limiter les risques de la durée moyenne d’hospitalisation profondeur ou endocanalaire. Le suivi
saignements secondaires. L’évolution n’était que de 3,9 jours (1-23, médiane pourra être ensuite annuel pendant
des clips ces dernières années a 2 jours). Les mesures prophylactiques 3 ans. La surveillance devra être pour-
rendu le geste possible de manière appliquées actuellement (AINS préca- suivie ultérieurement car l’ampullec-
quasi constante avec un duodénos- thétérisme, prothèse pancréatique sys- tomie ne résèque pas l’ensemble de la
cope. En cas de saignement, l’hémos- tématique, fermeture par clips des structure ampullaire et que des réci-
tase est le plus souvent obtenue en brèches sous-muqueuse duodénales) dives tardives ont été décrites même
utilisant ou combinant injection réduisent la morbidité. Ce geste reste en dehors d’un contexte de PAF. Un
d’adrénaline au 1/10 000e, pose de néanmoins risqué. Une information contrôle ultérieur tous les 3 ans paraît
clip, pince coagulante. préalable détaillée et spécifique sera à raisonnable en cas d’adénome spora-
délivrer au patient. Un nombre signifi- dique. Pour les patients porteurs de
6. Outre les résections muqueuses
catif de patient à traiter par an sera par PAF, une surveillance tous les 2 ans au
complémentaires par mucosectomie
ailleurs souhaitable pour acquérir une minimum est conseillée, à moduler en
duodénale ou par complément
expérience suffisante. fonction du score de Spiegelman.
d’ampullectomie, la destruction de
résidus adénomateux pourra se dis-
cuter dans un deuxième temps. Un
traitement par plasma argon pourra Résultats [5, 16, 25-28] Conclusion
être réalisé pour finir de détruire de
petits bourgeons périampullaires. Une douzaine de séries essentielle- Les modes de révélation de l’ampul-
En cas de persistance de lésion sur la ment monocentriques et rétrospec- lome ont évolué. La découverte lors
zone d’ampullectomie ou la termi- tives et une série multicentrique pros- d’une gastroscopie d’une ampoule sus-
naison des canaux, l’utilisation pective ont été publiées depuis 20 ans. pecte n’est plus exceptionnelle. Cela
devra être bien pesée en alternative Suivant les séries, le bilan préthérapeu- devra conduire à la réalisation d’une
avec une chirurgie d’exérèse complé- tique, les conditions d’inclusion ainsi duodénoscopie avec une deuxième
mentaire. On réservera le traitement que la technique étaient hétérogènes. série de biopsies si la lésion est en NBG.
à des lésions résiduelles de NBG et/ Les durées médianes de suivi varient Si un traitement endoscopique à visée
ou à des patients porteurs de PAF ou de 9 à 61 mois. Le succès peut être défini curative est envisagé, un staging par
contre-indiqués pour la chirurgie. La comme l’exérèse complète d’une lésion EE doit être systématique. Le bilan sera
ENDOSCOPIE

pose préalable d’une prothèse pan- sans risque ganglionnaire (pas d’at- idéalement complété par un examen
créatique de couverture sera indis- teinte de la sous-muqueuse duodénale à la minisonde si la lésion est dégéné-

277
rée. Les risques du geste sont élevés endoscopic ampullectomy. Am J Clin Pathol 21.  Ito K, Fujita N, Noda Y, et al. Preoperative
(morbidité > 20 %, mortalité non nulle) 2009;132:506-13. evaluation of ampullary neoplasm with EUS
and transpapillary intraductal US: a prospec-
mais restent largement en-deçà du 10.  DeFrain C, Chang CY, Srikureja W, et al.
tive and histopathologically controlled study.
risque chirurgical. L’ampullectomie Cytologic features and diagnostic pitfalls of
Gastrointest Endosc 2007;66:740-7.
primary ampullary tumors by endoscopic
endoscopique est curative dans 80 %
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278
5
Les Cinq points forts
En cas de découverte fortuite d’un adénome ampullaire en néoplasie
intra-épithéliale de bas grade, une deuxième série de biopsies en
duodénoscopie est nécessaire.
Une échoendoscopie est indispensable pour envisager un traitement
endoscopique à visée curative.
L’ampullectomie endoscopique est devenue le traitement de première
intention des adénomes et adénocarcinomes superficiels, sans
envahissement endocanalaire, de l’ampoule de Vater.
L’ampullectomie endoscopique est curative dans 80 % des cas.
L’ampullectomie endoscopique est à haut risque de complications avec
une mortalité estimée à 1 %.

Questions à choix unique

Question 1
Devant des biopsies ampullaires, la principale difficulté pour l’anatomopathologiste est :
❏❏ A. de conclure à un adénocarcinome
❏❏ B. de conclure à de la néoplasie de haut grade
❏❏ C. de différencier l’inflammation de la néoplasie de bas grade
❏❏ D. de conclure à un ampullome de point de départ pancréatique
❏❏ E. d’éliminer une tumeur endocrine

Question 2
Lequel de ces examens n’est pas indispensable avant d’envisager une ampullectomie endoscopique à visée curative ?
❏❏ A. Échoendoscopie
❏❏ B. Duodénoscopie
❏❏ C. Biopsies
❏❏ D. Wirsungo-IRM
❏❏ E. Bilan de coagulation

Question 3
L’ampullectomie endoscopique est un geste :
❏❏ A. dont la mortalité est nulle
❏❏ B. dont la morbidité est supérieure à 20 %
❏❏ C. qui se complique rarement de saignement (< 5 % des cas)
❏❏ D. dont l’efficacité reste à prouver
ENDOSCOPIE

279
Notes

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