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Journal de Chirurgie (2009) 146, 115—128

MISE AU POINT

Prise en charge de la pancréatite chronique


calcifiante symptomatique : endoscopie ou
chirurgie ?
Management of chronic pancreatitis: Endoscopy or surgery?

J.-M. Regimbeau

Service de chirurgie viscérale et digestive, CHU d’Amiens Nord,


université de Picardie Amiens Nord, place Victor-Pauchet,
80054 Amiens cedex 01, France

Disponible sur Internet le 21 juin 2009

MOTS CLÉS Résumé Les indications d’un traitement interventionnel (endoscopique ou chirurgical) de
Pancréas ; la pancréatite chronique (PC) peuvent être schématiquement séparées en plusieurs grands
Traitement ; groupes lésionnels ou de symptômes : la douleur, les conséquences de la fibrose sur les organes
Pancréatite de voisinage (sténose biliaire ou duodénale, voire colique, thrombose de la veine splénique
chronique ; avec hypertension portale segmentaire), les conséquences de la rupture canalaire en amont
Chirurgie ; d’un obstacle (pseudokyste persistant symptomatique, ascite pancréatique réfractaire), et la
Endoscopie suspicion de cancer. Enfin, les patients chez qui les procédures endoscopiques sont impossibles
(papille non accessible) ou trop rapprochées représentent un dernier groupe d’indication chi-
rurgicale. Récemment, deux nouveaux critères d’évaluation ont été mis en avant : le nombre
de procédures nécessaires pour atteindre l’objectif fixé, et la durée d’hospitalisation.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Summary The indications for interventional treatment (endoscopic or surgical) of chronic
Pancreas; pancreatitis can be classified in several major groups of lesions or symptoms: pain, conse-
Chronic pancreatitis; quences of fibrosis on neighboring organs (biliary, duodenal or even colic stenosis, thrombosis
Surgery; of the splenic vein with segmental portal hypertension), consequences of duct rupture above
Endoscopy the obstacle (persistent symptomatic pseudocyst, refractory pancreatic ascites), and suspected
cancer. Finally, surgery is indicated for patients for whom endoscopic procedures are impossible
(papillae inaccessible) or too close together. Recently, two new criteria have been sugges-
ted: the number of procedures necessary for achieving the objective set, and the duration of
hospitalization.
© 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Adresse e-mail : regimbeau.jean-marc@chu-amiens.fr.

0021-7697/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.jchir.2009.05.022
116 J.-M. Regimbeau

Introduction graisses et sans alcool, de la prise d’antalgique, et d’un


traitement de huit semaines d’enzymes pancréatiques à
Les indications d’un traitement interventionnel (endosco- forte dose, un traitement endoscopique. En cas d’échec
pique ou chirurgical) de la pancréatite chronique (PC) de celui-ci, ou en cas d’impossibilité de ce traitement
peuvent être schématiquement séparées en cinq grands endoscopique, il faut discuter de l’indication d’un geste
groupes lésionnels ou de symptômes [1] : chirurgical.
• la douleur (quel que soit son mécanisme) ; Cependant, c’est sur la théorie du burnout (destruc-
• les conséquences de la fibrose sur les organes de voisinage tion progressive du parenchyme pancréatique fonctionnel,
(sténose biliaire ou duodénale voire colique ; remplacé par du tissu scléreux, qui explique la disparition
• thrombose de la veine splénique avec hypertension por- progressive des douleurs) qu’est habituellement fondée la
tale segmentaire) ; prise en charge des patients : Amman et al. ont observé
• les conséquences de la rupture canalaire en amont d’un une disparition de la douleur chez 80 % des patients à dix
obstacle (pseudokyste [PK] persistant symptomatique, ans d’évolution de la PC [2]. Cette théorie, vérifiée le plus
ascite pancréatique réfractaire) ; souvent, est à l’origine de la prise en charge des patients
• la suspicion de cancer. ayant une PC : à savoir attitude attentiste ou intervention-
nelle non chirurgicale, fondée chez la majorité des patients.
Enfin, les patients chez qui les procédures endosco- Mais plusieurs nuances doivent être apportées à la théo-
piques sont impossibles (papille non accessible) ou trop rie du burnout. La durée d’évolution de la douleur est en
rapprochées représentent un dernier groupe d’indication fait très variable, dépendante des patients et des lésions
chirurgicale. observées : dans une étude randomisée, Scuro et al. n’ont
Une lésion ne doit être traitée de façon interventionnelle observé une amélioration des douleurs à dix ans que chez
que si elle est symptomatique ou susceptible d’évoluer vers 43 % des patients traités médicalement contre 63 % chez les
une complication grave (cirrhose, hémorragie). Quelle que patients opérés [8]. D’autres séries et une revue de la lit-
soit l’indication, le traitement interventionnel doit être dis- térature [7] confirment ces résultats : à dix ans, seulement
cuté de façon multidisciplinaire et doit répondre à plusieurs 47 % des patients rapportent une diminution des douleurs
objectifs : il doit être associé à une faible morbimortalité, et 65 % des patients ont encore des crises douloureuses
et préserver au mieux la fonction endocrine. Il doit amé- (suivi moyen de 11,3 années) [5]. La qualité de vie des
liorer clairement la qualité de vie, et avoir été évalué à patients ayant une PC est altérée en raison des phénomènes
long terme, au mieux de façon prospective. Récemment, douloureux même lorsque le traitement médical semble
deux nouveaux critères d’évaluation ont été mis en avant : le bien conduit [7,9]. De plus, d’expérience, l’explication de
nombre de procédures nécessaires pour atteindre l’objectif la théorie du burnout n’est pas forcément la réponse la
fixé, et la durée d’hospitalisation. plus appropriée à la demande (faire céder la douleur) dans
Où en est-on en 2009 ? Certaines prises en charge cette population de patients souvent peu compliants (alcoo-
sont-elles plus standardisées et les places respectives de lisme).
l’endoscopie thérapeutique et de la chirurgie se sont-elles Au total, une attitude attentiste ne peut donc plus être
précisées ? actuellement proposée de façon dogmatique en cas de dou-
Nous n’aborderons pas le problème de la chirurgie antal- leur invalidante.
gique La splanchnicectomie à visée antalgique reste peu
diffusée quelle que soit sa voie d’abord et les techniques
utilisant un abord percutané ou échoendoscopique sont éga-
lement très rarement proposées en pratique [1].
Pseudokystes : leur traitement est
endoscopique le plus souvent
Près de 20 à 40 % des patients ayant une PC développent un
Douleur : la théorie du burnout revisitée PK du pancréas [10,11]. Ces PK doivent avoir une « paroi »
épaisse, solide pour autoriser le drainage au mieux interne
La douleur est l’indication la plus fréquente du traitement
endoscopique (transmural) ou chirurgical (par anastomose
interventionnel : 30 à 60 % des patients relèvent de la chi-
kystodigestive). Il n’existe pas d’étude randomisée compa-
rurgie, en moyenne quatre ans après le diagnostic [2,3],
rant traitement endoscopique et chirurgical des PK.
principalement pour des phénomènes douloureux [4—6]. La
douleur peut être rattachée à des épisodes de pancréa-
tite aiguë ou à l’hyperpression canalaire, à l’inflammation Quels pseudokystes traiter ? Facteurs de
ou la fibrose périnerveuse. De plus, cette douleur peut risque de complication d’un pseudokyste
aussi être due à l’atteinte concomitante (intriquée) des
organes de voisinage, ou à une pathologie digestive fonc- Seuls les PK symptomatiques (responsables de douleurs,
tionnelle, voire vasculaire. À chacun de ces mécanismes d’une compression ou d’une infection) doivent être drai-
correspondent des options thérapeutiques adaptées. Son nés. Une taille de plus de 4 cm et une persistance de plus
caractère continu (plutôt que discontinu) est un élément de six semaines (s’ils surviennent après une poussée de
d’orientation vers un geste de résection plutôt que de déri- pancréatite aiguë documentée) sont les conditions habi-
vation. Il ne faut pas hésiter à adresser les patients à la tuellement requises [12,13]. Gouyon et al. ont rapporté
consultation antidouleur pour adapter au mieux le traite- l’histoire naturelle de PK d’une PC : une régression complète
ment, et dépister des comportements de dépendance aux était observée chez 25 % des patients, une persistance
antalgiques. sans symptôme chez 25 % des patients, et des symptômes
Concernant la prise en charge des douleurs au cours de imposant un traitement chez 50 % des patients. En analyse
la PC, en 1998 l’American Gastroenterological Association multivariée, une taille de plus de 4 cm et une localisation
recommandait [7], après la recherche d’une complica- extrapancréatique étaient deux facteurs indépendants pré-
tion curable, et en cas d’échec d’un régime pauvre en dictifs de complications [14].
Pancréatite chronique symptomatique : endoscopie ou chirurgie 117

Résultats des séries endoscopiques dans 89 % des cas, sans récidive du PK après un suivi de 12
mois [15].
Les résultats du traitement endoscopique transmural ont été
rapportés par Barthet et al. qui ont colligé 191 PK traités Indication du traitement chirurgical
par drainage kystodigestif : le taux d’échec était de 5 % (0
à 16 %), et celui de récidive de 6 % (3 à 13 %). La morta- Les indications du traitement chirurgical ne peuvent cepen-
lité était de 0,5 % (un patient est décédé par hémorragie dant se résumer aux échecs du traitement endoscopique.
sur hypertension portale), la morbidité de 15 % (hémorra- Chez certains patients, la chirurgie (dérivation ou résection)
gie, perforation, infection). Quinze pour cent des patients doit être discutée d’emblée : lorsqu’il existe une associa-
ont nécessité un geste chirurgical ultérieur. Un traitement tion lésionnelle (PK, sténose symptomatique de la voie
transpapillaire a été réalisé pour 121 PK : le taux de récidive biliaire principale, grosse tête du pancréas), lorsque la
était de 9 %, la mortalité était nulle, la morbidité de 10 %. distance PK-lumière digestive fait plus de 1 cm (laissant pré-
Onze pour cent des patients ont nécessité un geste de chirur- sager de difficultés techniques lors du geste endoscopique),
gie ultérieure (12 à 30 %) [10]. Bartoli et al. ont rapporté les lorsqu’ils sont situés dans la région pancréatique corporéo-
résultats de la prise en charge de 14 patients présentant 14 caudale et associés à une thrombose de la veine splénique
PK d’une PC : chez 12 patients le traitement endoscopique [16], lorsqu’ils sont multiples ou compliqués (rupture d’un
(Fig. 1) permettait d’obtenir une disparition de la douleur pseudoanévrisme après échec du traitement radiologique

Figure 1. Traitement endoscopique d’un pseudokyste compliquant une pancréatite chronique (imagerie fournie par le Dr E. Bartoli (service
de gastroentérologie CHU - université de Picardie Amiens) : scanner injecté : pseudokyste (a) ; mise en place de deux prothèses queue de
cochon par voie transgastrique (b et c) ; contrôle endoscopique (d) ; scanner injecté : à trois mois disparition du pseudokyste (e).
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interventionnel) ou qu’il persiste un doute diagnostique Étude prospective chirurgicale


(habituellement avec un cystadénome mucineux).
Nealon et al. ont rapporté un taux de récidive de 1 % (avec
Quelle dérivation chirurgicale faire ? un suivi moyen de 73 mois) après dérivation simple du
canal pancréatique principal chez 47 patients ayant un PK
Le drainage externe du pancréas et un canal pancréatique principal dilaté (le
Le drainage externe (chirurgical ou radiologique) n’est effi- PK étant traité par simple ponction). La mortalité était
cace que chez 50 % des patients, les 50 % restant développant nulle. Il s’agit de la première série chirurgicale prenant en
une fistule pancréatique externe chronique. Cette dernière compte la composante canalaire dans le traitement chi-
nécessite une réintervention chirurgicale chez près de 90 % rurgical des PK (par analogie au traitement transpapillaire
des patients chez qui le traitement percutané a échoué endoscopique) [19].
[17,18]. Ce type de drainage est donc réservé aux patients
chez qui il existe un sepsis non contrôlé. Au total, « la place du traitement endoscopique des PK
du pancréas semble être la plus affirmée au sein de toutes
les modalités de traitement endoscopique de la PC » [13],
Le drainage interne
et seulement 10 à 15 % des patients nécessitent un drai-
Le drainage interne, dérivation kystodigestive, endosco- nage chirurgical secondaire pour échec de du traitement
pique ou chirurgicale (traitement transmural), est un endoscopique du PK. De plus, un traitement endoscopique
traitement symptomatique ce qui explique le risque de préalable gène peu un éventuel geste chirurgical secondaire
récidive du PK rapporté dans les séries de 5 à 10 % [13,19]. du fait de l’absence de geste intrapéritonéal. Mais la chi-
Trois segments digestifs peuvent être utilisés pour le drai- rurgie doit être proposée d’emblée chez certains patients,
nage du PK : l’estomac, le duodénum, le jéjunum. Le choix essentiellement lorsqu’il existe une sténose du canal
de l’organe dans lequel dériver le PK est lié à la proximité pancréatique principal à l’origine des PK afin d’obtenir des
de celui-ci et au caractère le plus large et déclive du taux très faibles de récidive à long terme.
drainage : la dérivation kystogastrique est indiquée lorsque
le PK est à développement pancréatique antérieur, dans
l’arrière cavité des épiploons ; la dérivation kystoduodénale Association sténose-dilatation du canal
s’adresse aux PK de la tête du pancréas situés au contact de
pancréatique principal : de l’endoscopie
la paroi duodénale ; enfin, la dérivation kystojéjunale sur
anse en Y est réservée aux PK développés sous le pancréas, vers la chirurgie
en arrière ou dans la racine du mésentère, ou trop bas
Il s’agit de la seule situation anatomoclinique dans la PC
situés pour être drainés efficacement dans l’estomac.
pour laquelle il existe deux essais randomisés comparant
les traitements endoscopique et chirurgical. La place
Résultats des interventions de dérivation respective du traitement endoscopique ou chirurgical pour
kystodigestive les lésions canalaires pancréatiques symptomatiques se
précise actuellement en raison de la publication d’une
Newel et al. ont rapporté les résultats de la dérivation kysto- étude randomisée [21] renforçant l’étude princeps de
gastrique et kystojéjunale [20] (Tableau 1). La morbimorta- Dite et al. [22]. Détailler l’essai de Dite et al. [22] paraît
lité associée à ces deux interventions était semblable : bien fondamental, car c’est sur cette étude et ses faiblesses
que de façon non significative, la dérivation kystogastrique qu’a été construite celui de Cahen et al. [21].
était associée à un risque hémorragique postopératoire plus
important, et la dérivation kystojéjunale à un risque infec- Essai de Dite et al. [22]
tieux majoré. La durée opératoire et les pertes sanguines
étaient en faveur de la dérivation kystogastrique. Au total, Il s’agit du premier essai randomisé comparant les traite-
ces deux interventions permettaient un traitement du PK ments endoscopique et chirurgical dans la PC. Les patients
avec un risque de récidive semblable, de 10 % : il s’agit du étaient inclus s’ils présentaient une PC symptomatique (dou-
risque de récidive observé après traitement endoscopique leur) en rapport avec une obstruction canalaire, évoluant
des PK mais au prix d’une mortalité plus importante. depuis plus de cinq ans et résistant au traitement médical.

Tableau 1 Pseudokystes et pancréatite chronique : comparaison des interventions de dérivations kystogastriques et


kystojéjunales [19].
Dérivation kystogastrique (n = 39) Dérivation kystojéjunale p
(n = 59)
Diamètre du pseudokyste (cm) 11 ± 0,9 6,7 ± 0,7 < 0,05
Durée opératoire (min) 148 ± 11 265 ± 15 < 0,05
Pertes sanguines (ml) 397 ± 82 703 ± 80 < 0,05
Hémorragie secondaire (%) 8 2 ns
Complications infectieuses 2 (5 %) 8 (13 %) ns
Mortalité 2 (5 %) hémorragie (n = 2) 2 (3 %) péritonite (n = 1) ns
embolie pulmonaire (n = 1)
Récidives 10 % 7% ns
ns : non significatif.
Pancréatite chronique symptomatique : endoscopie ou chirurgie 119

Au total 140 patients ont été inclus, mais seuls 72 patients ayant des douleurs chroniques invalidantes dues à une PC
ont réellement participé à l’étude avec randomisation. et une dilatation du canal pancréatique principal (diamètre
Parmi la population globale étudiée (140 patients), moyen 10 mm) sans masse inflammatoire céphalique (dia-
64 patients ont eu un traitement endoscopique : 100 % mètre de la tête du pancréas < 4 cm). Ces critères d’inclusion
de sphinctérotomie pancréatique, 52 % de prothèses pan- (en particulier un cadre lésionnel unique et bien défini)
créatiques (durée médiane 16 mois [12 à 27 mois], six répondent tous aux critiques faites à l’étude de Dite et
changements en moyenne [1 à 4]), 12 % de prothèses al. [22]. Les patients recevaient soit un traitement endo-
biliaires, 5 % d’extraction de calculs, 0 lithotritie. Un suc- scopique (lithotritie extracorporelle et pose de prothèses
cès technique était observé chez 98 % des patients. Il n’y endocanalaires) soit un traitement chirurgical par dérivation
avait aucun décès, et 8 % des patients ont développé une wirsungojéjunale (sans geste de résection pancréatique). Le
complication (pancréatite aiguë, abcès, hémorragie) ne critère principal de jugement était le score de douleur de
nécessitant, dans aucun des cas, un traitement chirurgical Izbicki [23] à deux ans (diminution du score de la douleur
secondaire. Par ailleurs, 76 patients ont eu un traitement de plus de 50 %). Il s’agit d’un score spécifique de la PC,
chirurgical : 80 % ont eu une résection pancréatique, 20 % intégrant la fréquence et l’intensité de la douleur l’usage
une dérivation wirsungojéjunale. Il n’y avait aucun décès lié des antalgiques, les conséquences de la douleur sur les acti-
à la chirurgie, et 8 % des patients ont développé une compli- vités. Les critères secondaires étaient le taux de succès,
cation (pancréatite aiguë, fistule pancréatique ou digestive, la morbidité, la mortalité et le nombre d’interventions.
occlusion), nécessitant chez deux patients (3 %) une réinter- L’étude a été interrompue de façon prématurée par un
vention. L’analyse du sous-groupe des 72 patients ayant reçu comité d’experts indépendants en raison d’une différence
un traitement endoscopique (n = 36) ou chirurgical (n = 36) significative en faveur de la chirurgie après inclusion de
après randomisation avec un suivi moyen de cinq ans a mon- 39 patients. Le suivi moyen était de 24 mois. Le score de
tré que : douleur était significativement plus faible après traitement
• une disparition de la douleur était observée chez 15 % des chirurgical (25 contre 51, p = 0,001). La réponse était immé-
patients du groupe traitement endoscopique contre 34 % diate après chirurgie (moins de six semaines). Le taux de
des patients du groupe chirurgie (p = 0,002) ; succès était respectivement de 75 et 33 % dans les groupes
• aucune amélioration de la douleur n’était observée chez chirurgie et endoscopie. Le nombre moyen d’interventions
40 % du groupe traitement endoscopique contre 14 % des était d’un contre cinq dans le groupe endoscopie (p < 0,001).
patients du groupe chirurgie (ns) ; Les patients du groupe endoscopie avaient en médiane
• 29 % des patients du groupe traitement endoscopique huit sessions thérapeutiques. Un patient est décédé dans
avaient une augmentation de leur poids contre 47 % des le groupe endoscopie (perforation d’ulcère). La morbidité
patients du groupe chirurgie (p = 0,003) ; était semblable dans les deux groupes.
• l’apparition d’un diabète était notée chez 34 % des Les résultats de cette étude, très en faveur de la chirur-
patients du groupe traitement endoscopique contre 39 % gie en termes de nombre de procédures, en disparition de
des patients du groupe chirurgie (ns). la douleur (score d’Izbicki) et/ou de délai de disparition de
la douleur, ont été à l’origine d’un grand nombre de lettres
À noter que ces résultats étaient observés dans la popu-
aux auteurs, dont certaines virulentes : les principales cri-
lation globale.
tiques concernaient le faible nombre (encore) de procédures
Cette étude est critiquable sur de nombreux aspects :
endoscopiques thérapeutiques (médiane 8 par patient) et le
• faiblesse de la description des lésions (nombre de patients
faible taux de succès à deux ans de celles-ci (32 %). Ce taux
avec lésions biliaires au total, présence d’une masse
de 32 % à deux ans ne traduirait-il pas en fait l’efficacité
céphalique inflammatoire) ;
réelle de la prise en charge endoscopique de ce type de
• multiplicité des tableaux lésionnels ;
lésions révélée (mais trop brutalement annoncée) dans le
• la randomisation portait sur une partie des patients seule-
cadre d’une analyse prospective des résultats ?
ment ;
Au total, après analyse de ces deux essais randomisés, la
• l’insuffisance de traitement dans le groupe traitement
chirurgie paraît être un facteur prédictif fort de disparition
endoscopique (faible nombre de procédures, absence de
rapide, au prix de peu de procédures et de façon durable, de
prothèse pancréatique chez près de 50 % des patients,
la douleur dans le cadre de la sténose du canal pancréatique
absence de lithotritie) ;
principal liée à la PC.
• gestes de résection principalement (80 %) dans le groupe
traitement chirurgical (qui aurait dû essentiellement
comprendre des procédures de drainage). Lésions biliaires : chirurgie ou
Cependant, il s’agit de la première étude randomisée endoscopie ?
effectuée chez des patients ayant une PC, ce qui souligne
la difficulté de la réalisation de telles études dans cette Une sténose biliaire est observée chez 5 à 20 % des patients
population, en raison principalement de la multiplicité des [15,24—29]. Ce taux atteint 56 % à 60 % en cas de masse
tableaux lésionnels. Le résultat principal est que, chez des inflammatoire de la tête du pancréas [30,31]. Le traite-
patients pouvant a priori avoir un traitement endoscopique ment endoscopique des sténoses biliaires, jusqu’alors un
ou chirurgical, une disparition de la douleur est observée à peu décevant à long terme (par opposition à celui des PK
cinq ans chez 60 % des patients du groupe endoscopique et par exemple), est en pleine évolution depuis l’utilisation de
chez 85 % des patients du groupe chirurgical à morbimorta- prothèses plastiques multiples et l’apparition des prothèses
lité égale (précoce et tardive). métalliques expansibles extractibles. Il n’existe pas d’étude
randomisée comparant les traitements endoscopique et chi-
Essai de Cahen et al. [21] rurgical des sténoses biliaires symptomatiques. Cette étude
est en fait de conception très difficile (rareté des patients
Cahen et al., ont rapporté en 2007 [21] les résultats de avec lésion biliaire isolée) et est en cours d’élaboration
la deuxième étude randomisée réalisée chez des patients (PHRC national Amiens 2009).
120 J.-M. Regimbeau

Indication d’un traitement interventionnel et le taux de sténose secondaire [24,26,27,52,53]. La


mortalité varie de 0 à 3 % et la morbidité de 14 à 25 % :
Chez 25 % de ces patients il existe une cholestase anicté- ces taux sont supérieurs à ceux des séries endoscopiques.
rique [32]. La sténose biliaire se complique d’ictère dans Cependant, il faut préciser que certaines séries incluent
25 % des cas [33], d’angiocholite dans près de 10 % des cas la cholécystojéjunostomie comme procédé de dérivation
et de cirrhose biliaire secondaire à long terme dans moins biliaire, technique dont la mortalité est élevée, les résultats
de 5 % des cas. Les lésions de fibrose peuvent régresser après à long terme médiocres avec des taux d’échec de 16 à 27 %
drainage biliaire [34]. [54]. Les données de la littérature ne permettent pas de
Au total, des lésions secondaires hépatiques sévères sont montrer de supériorité d’une anastomose cholédocoduo-
trouvées chez près de 40 % des patients sans qu’aucun cri- dénale ou cholédocojéjunale : la seule étude randomisée
tère prédictif puisse être individualisé [32]. Une notion est (dans le cadre de la pathologie lithiasique et non de la
fondamentale à connaître : la prise en charge d’une lésion PC) ne trouve aucune différence significative entre la
morphologique biliaire ne se conçoit que lorsqu’il existe une dérivation choledocoduodénale et la dérivation cholédo-
cholestase persistant plus de trois à neuf mois (phosphatases cojéjunale pour le taux d’angiocholite (respectivement
alcalines > 3 N), car la cholestase est transitoire dans 50 % 10 et 11 %) et le taux de sténose secondaire (2 et 5 %)
des cas si celle-ci est observée à distance d’une poussée [55].
de pancréatite aiguë [32]. Le but de la dérivation biliaire
pour sténose, liée à la PC, est d’améliorer les symptômes et
Au total, la prise en charge des lésions biliaires de
surtout de prévenir la cirrhose biliaire secondaire de façon
PC est en pleine évolution en raison de la modification
durable.
des protocoles d’endoscopie. Classiquement, une dériva-
tion biliodigestive chirurgicale reste indiquée en cas de
Traitement endoscopique cholestase persistant plus de six à neuf mois. Toutefois,
Le traitement endoscopique conventionnel (prothèse plas- un traitement endoscopique « maximaliste » (dilatation,
tique unique) est toujours efficace à court terme [13,35,36] pose d’endoprothèse multiples et régulièrement changées,
(Tableau 2). Le problème est l’inévitable obstruction de la ou endoprothèses métalliques extractibles) constitue une
prothèse par du sludge et la récidive rapide de la sténose, alternative acceptable, en particulier chez un malade
après ablation de l’endoprothèse : les succès à long terme à haut risque opératoire. Ces propositions reposent sur
du traitement endoscopique varient, dans la littérature, de une littérature qui a moins évolué que les techniques
10 à 90 %, et 30 à 80 % des patients nécessitent des pro- d’endoscopie et seule une étude randomisée multicentrique
cédures biliaires ultérieures [13,36,37]. Ces résultats ont comparant chirurgie versus endoscopie moderne (prothèses
été améliorés par l’utilisation conjointe d’une dilatation à plastiques multiples) permettrait une comparaison fac-
la mise en place d’une prothèse plastique [38—40]. Enfin, tuelle.
l’existence de lésions canalaires pancréatiques associées à
une sténose de la voie biliaire principale est un facteur
d’échec du traitement endoscopique : dans la série de Bar- Grosse tête inflammatoire du pancréas :
toli et al. le traitement à long terme n’était efficace que
chez 37 % des patients ayant des lésions pancréatiques asso-
plutôt la chirurgie
ciées [15].
Dans cette situation, observée chez 10 à 20 % des patients
Des séries plus récentes ont rapporté des succès à
ayant une PC [56] la partie céphalique du pancréas est
long terme de 60 à 90 % (avec un recul de plus de 36
le siège d’obstruction des canaux secondaires avec le plus
mois) : cette amélioration est liée à l’utilisation de multiples
souvent une dilation du canal pancréatique principal (non
prothèses plastiques associée à des séances de dilatation
obligatoire), associée à une inflammation, aboutissant à
[41—43]. La morbidité du geste endoscopique varie de
l’hypertrophie de celle-ci (hypertrophie de la tête du pan-
9 à 72 %. Il s’agit essentiellement de morbidité mineure
créas supérieure ou égale à 35 mm).
[43].
Cette association de sténoses rétentionnelles des canaux
Les prothèses métalliques classiques [44—47] ont été pro-
secondaires est reconnue comme un facteur d’échec (réci-
posées dans cette indication mais leur durée de vie (25 %
dive de la douleur à long terme) après dérivation wirsungojé-
sont encore perméables à cinq ans) [48], les complications
junale (intervention de drainage assimilable à un traitement
qu’elles génèrent dans un contexte de lésion bénigne [49],
canalaire endoscopique) [57], par l’intermédiaire de ce qui
alors qu’elles sont non extractibles, rendent leur utilisation
est appelé le syndrome du compartiment céphalique pan-
très controversée [50].
créatique. De plus, le taux de lésions duodénales ou biliaires
Les prothèses métalliques extractibles (Fig. 2),
(sténose) associées peut atteindre 63 % [58]. Ces deux der-
d’apparition plus récente permettant un calibrage à long
nières raisons expliquent le caractère plutôt chirurgical de
terme, et extractibles, donnent des résultats encourageants
cette lésion (sans que cette attitude soit validée par une
dans des séries récentes [51].
étude randomisée comparant traitement endoscopique et
chirurgical) : 70 % des patients avaient eu un geste endo-
Traitement chirurgical scopique préalable à l’inclusion dans l’étude de Strate et
Le taux de sténose secondaire (0 à 6 %) et des résultats al. comparant la duodénopancréatectomie céphalique (DPC)
à plus long terme que ceux des séries endoscopiques et l’intervention de Frey (évidement céphalique) dans une
font que, jusqu’à récemment, la dérivation chirurgicale population de patients ayant tous une grosse tête du pan-
restait le traitement de référence des sténoses biliaires créas inflammatoire [58].
liées à la PC (Tableau 2). La dérivation chirurgicale est Il existe, en revanche, de très nombreuses données fac-
une dérivation cholédocoduodénale ou cholédocojéjunale tuelles comparant les différentes interventions proposées
dont les résultats sont proches en termes de mortalité, (DPC ou interventions de Frey et de Beger) dans cette indi-
la morbidité, le taux d’angiocholite secondaire (5 à 11 %) cation.
Pancréatite chronique symptomatique : endoscopie ou chirurgie
Tableau 2 Sténose biliaire et pancréatite chronique : séries endoscopiques utilisant une seule prothèse (métallique ou plastique).
Auteurs [référence] Malades (n) Type de prothèse Succès long terme (%) Morbidité (%) Suivi (mois) Traitements ultérieurs
Devière et al. [37] 25 Plastique 12 72 14 22/25
Barthet et al. [13] 19 Plastique 10 8 18 6/19
Devière et al. [44] 58 Métallique 90 10 33 2/20
Smits et al. [36] 58 Plastique 28 9 49 42/58
Vitale et al. [38] 25 Plastique + dilatation 80 56 32 5/25
Kahl et al. [40] 61 Plastique + dilatation 26 34 40 45/61
Eickhoff et al. [39] 39 Plastique + dilatation 31 13 58 11/39
Van Berkel et al. [46] 13 Métallique 69 NP 50 NP
Cahen et al. [35] 58 Plastique 38 4 45 NP
Yamaguchi et al. [47] 8 Métallique 87 NP 88 NP

Séries endoscopiques utilisant plusieurs prothèses plastiques ou une prothèse métallique extractible.

Auteur/année Malades (n) Type de prothèse Succès long terme (%) Morbidité (%) Suivi (mois) Traitements ultérieurs
Draganov et al. [42] 29 Multiple Plastique + dilatation 62 13 48 9/39
Catalano et al. [41] 12 Multiple plastique 92 9,3 47 1/12
Pozsar et al. [43] 29 Multiple plastique 60 NP 21 3/29
Cahen et al. [51] 6 Métallique extractible 66 NP 24 1/6

Séries chirurgicales.

Auteur/année Type de chirurgie n Mortalité (%) Morbidité (%) Sténose (%) Angiocholite (%) Suivi (mois)
Par cet al. [52] CD 177 3 17 0 6 63
Yadegar [24] CD/HJ/CJ 21 0 19 NP NP NP
Stabile et al. [26] CD/HJ/CJ 38 2,5 18 5 NP 58
Huizinga et al. [27] CD/HJ/CJ 37 9 14 NP 5 25
Rothlin et al. [53] HJ 51 2 25 6 8 91
NP : non précisé ; CD : anastomose cholédocoduodénale ; HJ : anastomose hépaticojéjunale ; CJ : anastomose cholécystojéjunale.

121
122 J.-M. Regimbeau

Figure 2. Traitement endoscopique d’une sténose biliaire compliquant une pancréatite chronique par prothèse métallique extractible
couverte (Walflex® ) (imagerie fournie par le Dr E. Bartoli (service de gastroentérologie CHU—université de Picardie Amiens).

Principes de l’intervention de Frey Principes de l’intervention de Beger


Il s’agit d’une intervention de résection pancréatique cépha- La technique de Beger, pancréatectomie céphalique avec
lique partielle avec préservation duodénale par évidemment conservation duodénale, réalise une résection pancréa-
de la face antérieure de la tête du pancréas associé à une tique céphalique segmentaire ne préservant qu’une lame
dérivation wirsungojéjunale [59,60] (Fig. 3). de parenchyme pancréatique au contact du duodénum et

Figure 3. Intervention de Frey : scanner injecté en recoupes frontale : grosse tête inflammatoire du pancréas, sténose biliaire avec
dilatation des voies biliaires d’amont, et dilatation du canal pancréatique principal (a) ; schémas expliquant la nature et l’étendue de
l’évidement céphalique et de la wirsungotomie (b et c) ; vue opératoire : évidement céphalique (d) ; vue opératoire : hémostase par sutures
appuyées des berges de la wirsungotomie (e).
Pancréatite chronique symptomatique : endoscopie ou chirurgie 123

de la voie biliaire principale. La voie biliaire principale est la dérivation wirsungojéjunale [7,17,57,70] et des interven-
ourlée dans la cavité d’évidement ; le pancréas gauche et le tions de type DPC, Beger, et Frey [61,62,71—73].
pancréas céphalique résiduel sont drainés par une anse en Globalement, la mortalité postopératoire la plus impor-
Y [30]. Les principaux reproches faits à cette intervention tante est observée après DPC (5 à 10 %) ; après dérivation
sont : wirsungojéjunale et interventions de Frey et Beger, elle
• elle ne prend pas en compte la pathologie canalaire du est inférieure à 5 %. La morbidité postopératoire est plus
corps et de la queue du pancréas ; importante après DPC (25 %), qu’après intervention de Beger
• la résection partielle de la tête du pancréas est dange- (15 %), intervention de Frey et dérivation wirsungojéju-
reuse car nécessite en arrière la libération de la face nale (10 %). Elle est principalement représentée par les
antérieure de la veine porte ; complications respiratoires (5 à 10 %) (justifiant d’une kiné-
• le rétablissement de la continuité biliaire et pancréatique sithérapie respiratoire active pré- et postopératoire) et
est complexe. hémorragiques (5 à 10 %). Une hémostase préventive très
soigneuse doit donc être faite lors de ces interventions qui
Faut-il associer systématiquement une mettent en communication une tranche pancréatique et la
lumière digestive (en particulier sur les berges de la wirsun-
dérivation wirsungojéjunale ?
gotomie et de la cavité d’évidement céphalique) (Fig. 3). La
Beger et al. n’ont associé cette anastomose que dans 9 % des fibrose du parenchyme pancréatique explique le taux très
504 patients, avec des résultats semblables à ceux rapportés faible de fistules pancréatiques (inférieur à 5 %). Le taux
pour l’intervention de Frey [61]. Frey et al. ont proposé de de réintervention pour complication précoce est de 10 %
ne pas la réaliser si le canal pancréatique principal était après DPC, de 5 % après intervention de Beger, et proche
indemne de dilatation [59]. de 0 après intervention de Frey et dérivation wirsungojéju-
nale. La durée moyenne d’hospitalisation est de 15 jours
après DPC, de dix jours après intervention de Beger, et
Interventions de Frey et Beger et organes de proche d’une semaine après intervention de Frey et dériva-
voisinage tion wirsungojéjunale. La mise en place préopératoire d’une
prothèse pancréatique augmente la morbidité après inter-
Les interventions de Frey et de Beger pourraient permettre, vention de Frey, principalement en augmentant le risque de
par l’obtention d’une décompression de la tête du pancréas, complications infectieuses [74]. Les résultats de la DPC et de
de régler sans autre geste les compressions biliaire et duo- l’intervention de Beger sont donc assez proches, ainsi que
dénale associées : ainsi 95 % des patients ayant une lésion ceux de l’intervention de Frey et de la dérivation wirsungo-
associée à une hypertrophie céphalique (sténose distale de jéjunale.
la voie biliaire principale [n = 37], sténose duodénale [n = 7], L’analyse des résultats à long terme s’est affinée, de la
hypertension portale segmentaire [HTPS] [n = 10]) ont été description simple de la disparition de la douleur (pour-
traités définitivement par décompression simple de la tête centage), à l’utilisation de scores de qualité de vie (GIQLI,
du pancréas avec un suivi moyen de 4,2 ans [31]. Cepen- EORTC-QLQ-30) et à l’appréciation des fonctions exocrines
dant, toutes les séries rapportent des réinterventions pour et endocrines après chirurgie. Le suivi moyen des patients
sténose biliaire symptomatique, ce qui correspond égale- dans ces séries chirurgicales est de cinq ans. On observe
ment à notre expérience : la persistance ou la récidive de la une disparition durable de la douleur chez 70 à 80 % des
cholestase après interventions de Frey ou de Beger peuvent patients après dérivation wirsungojéjunale, chez 80 à 90 %
être liées à une majoration de la sténose due à la PC ou à une des patients après intervention de Frey et de Beger, et de
ischémie postopératoire de la voie biliaire distale lésée dans 90 à 100 % après DPC. La reprise de poids est plus impor-
la cavité céphalique. Ainsi, Beger et al. ont réalisé une déri- tante après intervention de Frey ou de Beger (5 à 6 kg), puis
vation biliaire dans un second temps dans 23 % des cas alors après dérivation wirsungojéjunale (3 à 4 kg) et après DPC (1
qu’une cholangiographie peropératoire était systématique à 2 kg). Le contrôle de la compression des organes de voi-
lors de l’intervention initiale [61]. Dans une autre série, sinage (voie biliaire, duodénum) est observé chez tous les
deux réinterventions chirurgicales (15 %) après intervention patients après DPC, chez 90 % des patients après interven-
de Frey ont été nécessaires pour persistance de l’ictère tion de Frey ou de Beger, et seulement chez 75 % des patients
[62]. Notre attitude serait de proposer largement une déri- après dérivation wirsungojéjunale. Une réintervention liée
vation biliaire, par analogie avec la pathologie lithiasique, au pancréas est nécessaire chez 10 à 15 % des patients après
de type anastomose choledocoduodénale (plus facile de dérivation wirsungojéjunale, ou après intervention de Frey
réalisation, accessible endoscopiquement) [55] dès que la ou de Beger (le plus souvent dérivation biliaire). Vingt à 40 %
voie biliaire est dilatée, surtout s’il existe une cholestase des patients développent un diabète après DPC, contre 10
biologique. à 15 % après intervention de Frey ou de Beger ou dériva-
tion wirsungojéjunale. L’insuffisance pancréatique exocrine
Résultats a été moins bien analysée mais est plus fréquente après
DPC qu’après intervention de drainage. La qualité de vie
Six essais randomisés ont été publiés au cours de ces der- globale est dans toutes les séries meilleures après interven-
nières années comparant opération de Beger et DPC avec tion de Frey ou de Beger, qu’après DPC. Une intégration
conservation pylorique [63—65], opération de Beger et opé- professionnelle durable est observée chez 70 à 80 % des
ration de Frey [66,67], et opération de Frey et DPC [68]. patients.
Deux études concernent spécifiquement la qualité de vie Au total, l’intervention de Frey est une modification effi-
après DPC ou intervention de Frey et de Beger [23,65]. Une cace de la dérivation wirsungojéjunale, et une technique
étude récente randomisée a rapporté les résultats à long moins morbide et complexe que l’intervention de Beger ou
terme de l’intervention Frey et de la DPC [59]. Une méta- la DPC. Les bons résultats fonctionnels de cette interven-
analyse a comparé l’opération de Beger et la DPC [69]. tion sont très probablement dus à l’absence de résection
Plusieurs études rétrospectives ont rapporté les résultats de digestive et à la faible quantité de parenchyme réséqué.
124 J.-M. Regimbeau

Hypertension portale segmentaire : distale avec splénectomie dans la PC réglant à la fois le


problème du PK et de l’HTPS [77].
l’endoscopie et la chirurgie s’adressent à
des patients différents Pancréatite chronique asymptomatique et
L’HTPS, par thrombose complète ou sténose de la veine splé- hypertension portale symptomatique
nique et/ou de la veine mésentérique supérieure (liée à une
Lorsqu’un patient présente une hémorragie digestive et
pancréatite aiguë, un PK compressif, ou une fibrose péripan-
est asymptomatique en termes de pancréatite, le traite-
créatique) est une complication dont le traitement est mal
ment de l’hémorragie digestive est non spécifique associant
codifié. L’HTPS est trouvée chez 15 à 25 % des patients et
sclérothérapie, ligature, voire dérivation portosystémique
se complique de varices gastriques ou œsophagiennes chez
radiologique ou chirurgicale [76,80,81]. La splénectomie
seulement 2 à 10 % des patients [75,76]. Ces dernières, sont
n’est efficace que lorsqu’il existe une thrombose isolée de la
rarement à l’origine d’hémorragie digestive (2,2 % sur une
veine splénique [81]. Aucune étude ne justifie un geste de
série de 266 patients) [75]. Des lésions spléniques existent
résection pancréatique comme traitement prophylactique
chez 2,2 % (11/500) des patients ayant une PC (PK intras-
des récidives hémorragiques.
plénique, hématome sous capsulaire, rupture spontanée de
rate) et sont favorisées par l’existence d’une thrombose de
la veine splénique (63 % contre 11 %). L’association d’un PK Pancréatite chronique et hypertension portale
caudal et d’une thrombose de la veine splénique entraîne un asymptomatiques
risque de complication splénique de 18 %, 15 fois plus élevé
que chez les autres patients ayant une PC [16]. En fait, trois Une dernière situation rencontrée est celle où le patient à
situations cliniques principales sont rencontrées associant une HTPS (avec ou sans varices) et une PC asymptomatique :
PC et HTPS. la présence d’une HTPS est un tel marqueur de morbimor-
talité qu’aucun geste « préventif » n’est indiqué [76,82].
Pancréatite chronique symptomatique et
hypertension portale Les associations lésionnelles : geste
Le patient a des lésions principalement endoscopique préalable et surmorbidité
céphaliques postopératoire
Une étude prospective portant sur 154 patients présentant
Un bon exemple d’association lésionnelle est la présence
une PC à grosse tête (> 35 mm) symptomatique (douleur) et
d’une grosse tête inflammatoire du pancréas (Fig. 3), situa-
pour certains une HTPS (n = 36, 27 %) a analysé l’influence de
tion dans laquelle 60 % des patients ont d’autres lésions
l’HTPS à court terme après intervention chirurgicale [76].
(sténose biliaire ou duodénale, PK) [58]. Cette associa-
Les interventions proposées étaient la DPC, l’intervention
tion de sténoses rétentionnelles des canaux secondaires est
de Beger et l’intervention de Frey (cf. supra). La durée opé-
reconnue comme un facteur d’échec après dérivation wir-
ratoire (325 ± 75 contre 214 ± 48 min), le nombre de culots
sungojéjunale (intervention de drainage assimilable à un
globulaires (4 ± 2,2 contre 2,1 ± 1,3), la mortalité postopé-
traitement canalaire endoscopique) [57].
ratoire (6 % contre 0), le taux de complications globales (58 %
De plus, comme signalé auparavant, l’existence de
contre 18 %) étaient significativement plus élevés dans le
lésions canalaires pancréatiques associées à une sténose de
groupe de patients avec HTPS, et cela, quel que soit le geste
la voie biliaire principale est un facteur d’échec du trai-
effectué. Les décès étaient observés dans le groupe avec
tement endoscopique : dans la série de Bartoli et al., la
HTPS, confirmant l’étude de Sharma et al. [77]. L’HTPS est
présence de lésions bicanalaires biliaires et pancréatiques
donc un marqueur de morbimortalité dans la chirurgie de
était un facteur de risque d’échec du traitement biliaire et
la PC mais ne contre-indique pas formellement la DPC. À
surtout pancréatique (80 % de bons résultats sur la douleur
long terme aucun patient n’a présenté d’hémorragie diges-
du traitement endoscopique en l’absence de lésions biliaires
tive. Une seconde étude randomisée publiée par Izbicki et
versus 37 %) [15].
al. a montré que seules les interventions de résection (DPC
et intervention de Beger) permettaient, chez les patients
présentant une sténose incomplète de la veine splénique,
Influence du traitement endoscopique
de retrouver un flux veineux splanchnique normal [78]. préalable
Les autres patients symptomatiques ayant, soit un PK non
caudal, soit une sténose proximale du canal pancréatique De 15 à 60 % des patients candidats à un geste chirurgi-
principal, soit une sténose biliaire symptomatique isolée cal ont eu au moins un geste endoscopique avant d’être
fibreuse de PC (non liée à l’HTPS) doivent au mieux être adressés au chirurgien [66,70,83] (70 % dans la série de
pris en charge par drainage endoscopique, par voie trans- Strate et al. [58]. Un geste endoscopique canalaire pan-
papillaire ou transpariétale guidée par échoendoscopie, ces créatique précédant la chirurgie ne semble pas majorer la
techniques étant moins gênées par la présence d’une HTPS morbidité lorsque l’on réalise une dérivation wirsungojéju-
[79]. nale dans la série de Boerma et al. [84]. Ce résultat n’a
pas été confirmé par Chaudhary et al., qui après inter-
vention de Frey ont rapporté significativement plus de
Le patient à un pseudokyste de la queue du complications infectieuses chez les patients ayant eu une
pancréas prothèse pancréatique avant le geste chirurgical, aboutis-
L’association lésionnelle PK de la queue du pancréas et sant a une durée d’hospitalisation plus longue, que chez les
thrombose de la veine splénique majore le risque de compli- patients opérés d’emblée. La mise en place préopératoire
cation splénique [16]. Il s’agit alors (avec le doute avec un d’une prothèse pancréatique était, en analyse multiva-
cancer) d’une des dernières indications de pancréatectomie riée, le seul facteur influençant la morbidité postopératoire
Pancréatite chronique symptomatique : endoscopie ou chirurgie 125

[74]. La mise en place d’une prothèse pancréatique mul- des causes classiques de mortalité postopératoire [32]. Une
tipliait par trois la morbidité postopératoire après DPC, dénutrition sévère doit être recherchée et les complications
splénopancréatectomie gauche et dérivation wirsungojéju- pulmonaires, qui compliquent tous types de chirurgie sur ce
nale dans la série de Schnelldorfer et al. [87]. Le problème terrain, doivent également être prévenues.
est plus complexe lorsque le traitement endoscopique (ou
interventionnel) est biliaire. Dans une série rétrospective,
Povoski et al. ont montré que le drainage biliaire pré- Chirurgie prophylactique
opératoire et non les gestes endobiliaires sans drainage
(cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique, cho- Faut-il traiter chirurgicalement une lésion paucisympto-
langiographie transhépatique, exploration chirurgicale de la matique lorsqu’il existe une autre indication formelle
voie biliaire principale) augmentait de façon significative la chirurgicale ? En fait ce problème pratique peut se décom-
morbidité globale, notamment infectieuse (générale, abcès poser de la façon suivante :
intra abdominaux) et la mortalité [85]. Ce travail, qui n’a • il y a une lésion pancréatique (canal pancréatique prin-
concerné que des DPC, montre que la contamination de la cipal dilaté, grosse tête inflammatoire du pancréas)
bile par une prothèse endoscopique est réelle et doit être symptomatique pour laquelle il existe une indication chi-
prise en compte (prélèvement bactériologique systématique rurgicale ; il y a par ailleurs une dilatation de la voie
de bile et antibioprophylaxie adaptée). biliaire principale sans cholestase. Il est recommandé
Au total, toute stratégie endoscopique doit intégrer la alors de ne pas effectuer de dérivation biliaire : cepen-
part éventuelle de ce geste endoscopique préalable dans dant, on retrouve de 4 à 23 % de réinterventions pour
une potentielle surmorbidité postopératoire ultérieure. Il sténose biliaire symptomatique [10,31,69,76]. Notre atti-
s’agit là encore d’une justification à une discussion multi- tude serait de discuter plus largement une dérivation
disciplinaire. biliaire, car ce geste est associé à une morbimortalité
faible dès que la voie biliaire est dilatée même sans
traduction biologique pour éviter une réintervention fré-
Cas particulier : dystrophie kystique sur quente dans des conditions opératoires plus difficiles ;
• il y a une lésion biliaire symptomatique pour laquelle il
pancréas aberrant de la paroi duodénale existe une indication chirurgicale ; il existe par ailleurs
(DKPD) une dilatation du canal pancréatique principal, ou une
grosse tête inflammatoire du pancréas asymptomatique.
La DKPD est à l’origine de douleurs (60 % des patients), Faut-il faire un geste de type dérivation wirsungojéjunale
de vomissements (30 % des patients), d’un ictère (8 % des ou intervention de Frey ? Le patient étant non doulou-
patients), ou d’une hémorragie digestive par ulcère (5 % reux, on se situe alors dans le cadre d’un geste pouvant
des patients) [75]. La DKPD illustre la complexité des situa- interférer avec le développement d’un diabète lorsque
tions anatomiques rencontrées dans la PC. Le traitement l’intervention chirurgicale est proposée plus précocement
est d’abord médical, et peut comporter l’administration comme rapporté dans les deux séries de Nealon et al. et
d’octréotide ; il peut être endoscopique par fenestration Sidhu et al. [88,89]. Ces données n’ont pas été confir-
des kystes dans le duodénum. Ces deux modalités thé- mées par l’étude de Malka et al. [86]. Enfin, il s’agit
rapeutiques ont une efficacité à long terme incertaine, d’interventions dont la morbimortalité est plus élevée que
mais doivent être proposées en première intention [73]. La celle rapportée après dérivation biliaire. Sur ces données,
chirurgie est réservée aux formes symptomatiques (doulou- nous ne recommandons pas de geste pancréatique associé
reuses et obstructives) résistants aux traitements médicaux. si les lésions pancréatiques sont asymptomatiques.
Il s’agit d’une dérivation digestive par gastroentéro-
anastomose lorsque le tableau occlusif est isolé : cette
intervention simple est associée à une morbimortalité Conclusions : la notion de décision
faible, mais il s’agit d’une intervention incomplète laissant
en place les lésions qui peuvent évoluer et être théorique-
pluridisciplinaire
ment source de douleurs secondaires, dont l’incidence est Trois grandes options thérapeutiques sont disponibles pour
cependant mal chiffrée. La DPC représente l’intervention traiter un patient atteint de PC : le traitement médi-
la plus logique mais également celle qui est associée à la cal, l’endoscopie interventionnelle associée à la lithotritie
morbimortalité la plus importante [73]. Pessaux et al. ont extracorporelle, la chirurgie. Loin de s’opposer, ces diffé-
rapporté les résultats de la DPC effectuée chez 12 patients rentes options sont complémentaires, et leurs indications
ayant une DKPD : la mortalité était de 8 %, la morbidité de respectives en permanente redéfinition.
25 % ; après un suivi moyen de 64 mois (six à 158 mois), Quelle que soit sa nature (endoscopique ou chirurgical),
un seul patient a présenté une récidive douloureuse par un traitement interventionnel doit être décidé de façon mul-
sténose de l’anastomose pancréatogastrique [83]. Le choix tidisciplinaire. Cette notion est fondamentale, du fait des
entre dérivation et DPC est donc à poser au cas par cas, progrès récents et importants de l’endoscopie intervention-
en analysant la symptomatologie et en tenant compte du nelle, des résultats comparatifs désormais disponibles des
terrain. différents gestes chirurgicaux, et des possibles interférences
entre les deux types de traitement.
Toutefois, à la lumière des études publiées, certaines
Quelles sont les contre indications à la indications préférentielles peuvent être dégagées.
chirurgie ? Pour le traitement endoscopique : le PK, un risque opé-
ratoire prévisible élevé, une sténose biliaire symptomatique
La ponction biopsie hépatique est à discuter chez tous associée à un cavernome portal.
les patients devant être opérés pour une PC avec cho- Pour la chirurgie : la sténose isolée du canal pancréa-
lestase car l’hépatite alcoolique aiguë ou la cirrhose sont tique principal, une sténose biliaire symptomatique sans
126 J.-M. Regimbeau

cavernome portal, un risque opératoire prévisible faible,


l’association d’une sténose biliaire à une sténose symptoma- • En présence d’une hypertension portale
tique du canal pancréatique principal, le doute diagnostique segmentaire, le choix entre endoscopie et
avec un cancer, une hypertrophie céphalique inflammatoire. chirurgie est fonction de la topographie des lésions
Dans les autres cas, le choix entre les deux techniques pancréatiques, du caractère symptomatique
doit se faire au cas par cas, après discussion médicochirur- de l’hypertension portale, et de l’existence
gicale, dans l’attente d’autres essais randomisés ou d’autres d’éventuelles lésions spléniques associées.
études prospectives, dont la conception est cependant dif- • Toute stratégie endoscopique doit tenir compte du
ficile. rôle délétère éventuel de ce geste endoscopique
préalable sur la morbidité postopératoire
ultérieure.
• La chirurgie prophylactique de lésions
POINTS ESSENTIELS
asymptomatiques doit être évitée ou discutée s’il
• Les indications d’un traitement interventionnel
existe une autre indication opératoire.
de la pancréatite chronique (PC) peuvent être • La discussion multidisciplinaire doit s’étendre au
schématiquement séparées en cinq grands groupes
traitement endoscopique et ne plus intéresser
lésionnels ou symptômes : la douleur (quel que
exclusivement que l’indication d’un traitement
soit son mécanisme) ; les conséquences de la
chirurgical.
fibrose sur les organes de voisinage (sténose
biliaire ou duodénale voire colique, thrombose
de la veine splénique avec hypertension portale
segmentaire) ; les conséquences de la rupture
canalaire en amont d’un obstacle (PK persistant
symptomatique, ascite pancréatique réfractaire),
et ; la suspicion de cancer. Enfin, les patients chez Références
qui les procédures endoscopiques sont impossibles
[1] Regimbeau JM, Dumont F, Yzet T, et al. Surgical management of
(papille non accessible) ou trop rapprochées
chronic pancreatitis. Gastroenterol Clin Biol 2007;31:672—85.
représentent un dernier groupe d’indication [2] Ammann RW, Muellhaupt B. The natural history of
chirurgicale. En règle, une lésion ne doit être pain in alcoholic chronic pancreatitis. Gastroenterology
traitée de façon interventionnelle que si elle est 1999;116:1132—40.
symptomatique ou susceptible d’évoluer vers une [3] Arotcarena R, Heyries L, Moreau J, et al. Natural history of
complication grave (cirrhose, hémorragie). non alcoholic and non familial chronic pancreatitis. Results of
• En présence de douleurs chroniques, une attitude a multicentre study. Gastroenterol Clin Biol 1999;23:1368—75.
attentiste ne peut plus être actuellement [4] Robles-Diaz G, Vargas F, Uscanga L, Fernandez-del Castillo C.
proposée de façon dogmatique car la théorie du Chronic pancreatitis in Mexico City. Pancreas 1990;5:479—83.
burnout (destruction progressive du parenchyme [5] Lankisch PG, Lohr-Happe A, Otto J, Creutzfeldt W. Natural
course in chronic pancreatitis. Pain, exocrine and endocrine
pancréatique fonctionnel, remplacé par du tissu
pancreatic insufficiency and prognosis of the disease. Digestion
scléreux) qui explique la disparition progressive 1993;54:148—55.
des douleurs doit être nuancée. [6] Lankisch PG. Natural course of chronic pancreatitis. Pancrea-
• Le traitement de première intention d’un tology 2001;1:3—14.
pseudokyste est habituellement endoscopique. La [7] Warshaw AL, Banks PA, Fernandez-Del Castillo C. AGA technical
chirurgie doit être cependant proposée d’emblée review: treatment of pain in chronic pancreatitis. Gastroente-
chez certains patients. rology 1998;115:765—76.
• L’association sténose—dilatation du canal [8] Scuro LA, Vantini I, Piubello W, et al. Evolution of pain in chro-
pancréatique principal représente la seule nic relapsing pancreatitis: a study of operated and nonoperated
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dans la PC deux études randomisées comparant
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chirurgie apparaît comme un facteur prédictif dokystes de pancréatite aiguë : étude rétrospective de 45 cas.
fort de disparition rapide, au prix de peu de Gastroenterol Clin Biol 1992;16:853—9.
procédures, et durable de la douleur, dans le [11] Baillie J. Pancreatic pseudocysts (Part I). Gastrointest Endosc
cadre de cette entité. 2004;59:873—9.
• La prise en charge des sténoses biliaires de PC est [12] Ponsot P, Ruszniewski P. The role of endoscopic treat-
en pleine évolution en raison de la modification ment of complications of chronic pancreatitis. Ann Chir
des protocoles d’endoscopie (prothèses plastiques 2000;125:68—73.
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