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Résumé : La pancréatite aiguë, définie comme une inflammation aiguë pancréatique, est une maladie
fréquente, imprévisible et potentiellement mortelle. Une douleur abdominale typique associée à l’élévation
de la lipasémie à plus de trois fois la normale suffisent pour établir le diagnostic. L’endoscopie digestive
joue un rôle d’importance croissante dans la prise en charge de la pancréatite tant à la phase aiguë que
pour la prise en charge des complications tardives telles que les pseudokystes ou les collections de nécrose.
Cet élargissement des indications est le fruit du développement de l’échoendoscopie interventionnelle et
d’innovations telles que les prothèses d’apposition ainsi que d’une meilleure connaissance de la place de
la sphinctérotomie endoscopique et du choix des méthodes de renutrition. De nombreux essais cliniques
ont permis de modifier considérablement le paradigme de prise en charge des patients souffrant de
pancréatite aiguë. De nouvelles stratégies thérapeutiques ont été élaborées dans lesquelles l’endoscopie
digestive joue un rôle de premier plan. L’objectif de cette revue de littérature est de clarifier le rôle et les
indications de l’endoscopie dans la prise en charge de la pancréatite aiguë et de ses complications.
© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Hépatologie 1
Volume 0 > n◦ 0 > xxx 2020
med MEHERZI http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(21)43933-1
7-104-A-40 Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë
Tableau 1.
Les principales causes de pancréatite aiguë.
Lithiase biliaire
Alcool
Mécanique non lithiasique Vatériennes et périvatériennes (imputabilité inconstante) : Ampullome (généralement invasif),
diverticule, kyste cholédocien,
dysfonction du sphincter d’Oddi
Canalaires pancréatiques : Tumeurs intracanalaires papillaires et
mucineuses du pancréas (canal principal)
Autres obstacles canalaires : calcul
pancréatique, sténose, parasites (ascaris)
Métabolique Hypercalcémie
Hypertriglycéridémie
Médicamenteuses : Azathioprine, pentamidine steroids,
sulfamethoxazole-trimethoprim, erythromycin, rifampicin,
hydrochlorothiazide, furosémide, sulfasalazine, mésalazine,
mercaptopurine, tétracycline, opiates, valproic acid,
carbamazépine, octréotide, énalapril, etc.
Infections Virales : Oreillons, Coxsackie A, CMV, VZV, HSV,
hépatite B
Bactéries : Mycoplasmes, légionnelles, leptospires,
salmonelles
Parasites : Ascaris, Cryptosporidium, toxoplasma
Génétiques PRSS 1 : Protease serine 1 (gène du trypsinogène cationique)
SPINK 1 : sérine protéase inhibitor kazal type 1
CFTR : cystic fibrosis transmembrane conductance regulator
(mucoviscidose)
Chymotrypsin-C
Calcium sensing receptor
Claudin 2
Post-CPRE
Auto-immune : PAI type 1 et 2
Autres causes Traumatisme abdominal
Ischémie mésentérique
Chirurgie (rate, rein gauche, duodénopancréas, etc.)
Anomalies anatomiques congénitales (hors kyste du
cholédoque) : Pancreas divisum (rarement cause isolée de PA),
pancréas annulaire
CMV : cytomégalovirus ; VZV : virus de la varicelle et du zona ; HSV : herpes simplex virus ; CPRE : cholangiopancréatographie rétrograde par voie endoscopique ; PAI :
pancréatite auto-immune ; PA : pancréatite aiguë.
2 EMC - Hépatologie
Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë 7-104-A-40
Place du traitement
instrumental
Complications en lien
avec les coulées
inflammatoires
Complications en
avec le syndrome
inflammatoire
sous le nom de critères d’Atlanta révisés [4] . Comme les critères trique allemand [14] remettait en cause ces premiers résultats.
d’Atlanta originaux, les collections liquidiennes postpancréa- L’étude, conçue pour inclure uniquement les patients présentant
tiques sont classées comme aiguës (survenant moins de 4 semaines des signes d’obstruction biliaire définis par des critères clinico-
après l’épisode de pancréatite) ou chroniques (survenant plus de radiologiques, ne montrait pas de bénéfice d’une CPRE précoce
4 semaines après l’épisode de pancréatite). Cependant, dans les plus ou moins la SE (dans les 72 h suivant l’apparition des symp-
critères révisés, les collections aiguës et chroniques sont subdivi- tômes) par rapport à un traitement conservateur. Dix ans plus
sées en fonction de la présence de nécrose dans la collection. Les tard, deux nouveaux essais contrôlés randomisés, l’un argen-
collections aiguës sont divisées en quatre catégories et détaillées tin et l’autre chinois, confirmaient l’absence de bénéfice de la
dans le Tableau 2 : CPRE précoce chez les patients présentant une obstruction biliaire
• collection liquidienne aiguë péripancréatique ; clinicoradiologique sans angiocholite associée [15, 16] .
• collection nécrotique aiguë ; Deux méta-analyses ont été publiées en 2008 [17, 18] . La pre-
• pseudokyste pancréatique ; mière a révélé que la CPRE précoce, comparée à un traitement
• nécrose circonscrite ou encapsulée (walled-off necrosis). conservateur chez les patients souffrant de PA légère ou sévère, ne
La formation d’une collection péripancréatique se produit fré- diminuait pas l’incidence des complications pancréatiques locales
quemment au cours des PA comme des pancréatites chroniques. ni le taux de mortalité [17] . La seconde méta-analyse a été conçue
Elles se résolvent spontanément dans plus de 50 % des cas et, pour annuler l’effet confondant de l’angiocholite aiguë et n’a
par conséquent, une approche attentiste est souvent la bonne démontré aucun avantage de la CPRE précoce par rapport au
décision en l’absence de symptômes. traitement conservateur en termes de complications et de mor-
talité chez les patients présentant une PA modérée ou sévère [18] .
La conclusion à tirer de ces études est que la CPRE précoce est
Traitement endoscopique indiquée chez les patients atteints de PA s’il existe des preuves
cliniques d’angiocholite aiguë associée, mais pas chez ceux qui
d’urgence ont une cholestase isolée. Si la cholestase peut refléter la persis-
Quelle est la place de la sphinctérotomie tance d’un calcul biliaire obstructif, elle peut également être due
à un œdème de l’ampoule de Vater secondaire au passage récent
endoscopique en urgence au cours du calcul dans le duodénum et on peut donc s’attendre à une
de la pancréatite aiguë biliaire ? amélioration au cours des premiers jours d’admission. Une choles-
tase persistante sans angiocholite peut nécessiter une CPRE, mais
La place de la cholangiopancréatographie rétrograde par voie généralement pas en situation aiguë.
endoscopique (CPRE) en phase aiguë de la PA biliaire a suscité Dans une autre méta-analyse conduite par Tse et al. en 2012 [19] ,
beaucoup de controverse. Le primum movens de la PA biliaire étant les auteurs ne retrouvaient pas de bénéfice de la CPRE dans la PA
la migration suivie de l’enclavement temporaire ou durable d’un biliaire de manière générale concernant la mortalité et le risque
calcul dans l’ampoule de Vater, il est logique de penser qu’un de complications locales ou systémiques. De la même manière,
désenclavement très précoce du calcul obstruant le carrefour en analyse en sous-groupe, les auteurs identifiaient en revanche
biliopancréatique est susceptible de prévenir ou d’enrayer la cas- un bénéfice de la CPRE en cas d’angiocholite ou d’obstruction
cade délétère de la PA sévère. À partir des années 1980, la CPRE et biliaire.
la sphinctérotomie (SE) commençaient à s’ancrer dans la pratique Plus récemment, l’étude néérlandaise APEC [20] incluait
courante pour le traitement de la lithiase de la voie biliaire princi- 232 patients présentant une PA sévère sans angiocholite ran-
pale. Au début des années 1990, la CPRE plus ou moins la SE a été domisés en deux groupes : CPRE urgente avec sphinctérotomie
proposée comme une intervention pouvant être bénéfique chez (n = 118) ou traitement conservateur (n = 114). Le critère de
les patients présentant une PA d’origine biliaire suite à la publica- jugement principal était un score composite associant morta-
tion de deux essais contrôlés randomisés, l’un du Royaume-Uni et lité et complications majeures définies comme une défaillance
l’autre de Hong Kong qui comparaient la réalisation d’une CPRE persistante d’organe, la survenue d’une angiocholite, d’une bac-
plus ou moins la SE précoce (dans les 48 à 72 h suivant l’admission) tériémie, d’une pneumopathie, d’une surinfection de nécrose
à un traitement conservateur [10, 11] . Les deux essais démontraient pancréatique ou d’une insuffisance pancréatique dans les 6 mois.
que la SE précoce était associée à une réduction des complications Le critère d’évaluation principal est apparu chez 45 (38 %) des
sans pour autant affecter la mortalité, mais les bénéfices n’étaient 117 patients du groupe CPRE et chez 50 (44 %) des 113 patients
apparents que chez les patients dont on prédisait une forme du groupe de traitement conservateur (risque relatif : 0,87 ; inter-
sévère de pancréatite. Certaines données suggèrent que la durée valle de confiance [IC] 95 % : 0,64–1,18 ; p = 0,37). L’analyse des
de l’obstruction biliaire, plutôt que la gravité prévue de la PA, composantes individuelles de la survenue de complications
est le déterminant le plus important du résultat [12, 13] . Quelques retrouvait en revanche une diminution du risque de PA biliaire
années plus tard, un nouvel essai contrôlé randomisé multicen- secondaire puisqu’il n’apparaissait aucun nouvel épisode chez les
EMC - Hépatologie 3
7-104-A-40 Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë
Tableau 2.
Définitions des collections liquidiennes pancréatiques d’origine inflammatoire au cours des pancréatites aiguës (selon les critères d’Atlanta révisés) [4] .
Délai de formation Débris nécrotiques Aspect à l’imagerie
Collection liquidienne aiguë < 4 semaines Non Collection homogène de densité liquidienne
péripancréatique (acute pancreatic Absence de paroi
fluid collection) Adjacent au pancréas (pas d’extension
intrapancréatique)
Pseudokyste pancréatique > 4 semaines Non Collection liquidienne bien circonscrite
(pancreatic pseudocyst) extrapancréatique
Paroi visible (encapsulée)
Densité liquidienne
Maturation nécessitant généralement au moins
4 semaines
Collection nécrotique aiguë (acute < 4 semaines Oui Hétérogénéité de densité liquidienne et non
necrotic collection) liquidienne
Localisation intra- et/ou péripancréatique
Non circonscrite, absence de paroi
Nécrose circonscrite (walled off > 4 semaines Oui Densité hétérogène liquidienne et non liquidienne
necrosis) Circonscrite, encapsulée avec paroi visible se
rehaussant après injection de produit de contraste
Intra- et/ou extrapancréatique
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Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë 7-104-A-40
EMC - Hépatologie 5
7-104-A-40 Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë
A B C D
Figure 4. Drainage par mise en place de prothèses plastiques double queue
de cochon.
A. Repérage puis ponction de la collection sous contrôle échoendoscopique.
B. Mise en place d’un fil guide.
C. Dilatation du trajet.
D. Vision endoscopique du fil guide.
E. Déploiement des prothèses plastiques double queue de cochon (vision endo-
scopique).
F. Aspect fluoroscopique des prothèses plastiques double queue de cochon entre
la collection et la cavité gastrique.
E F
A B
6 EMC - Hépatologie
Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë 7-104-A-40
• escalade thérapeutique consistant en traitement mini-invasif succès technique de la LAMS de 98 % (96–99 %), un taux de succès
de drainage percutané suivi de débridement rétropéritonéal clinique de 93 % (89–96 %) et un taux d’événement indésirable
vidéoassisté puis de nécrosectomie ouverte si nécessaire ; de 13 % (9–20 %) incluant migration de l’endoprothèse (4,2 %),
• ou nécrosectomie chirurgicale ouverte d’emblée. hémorragie (2,4 %) et occlusion de l’endoprothèse (1,9 %).
Le critère de jugement principal composite regroupant le décès Pourtant, le meilleur niveau de preuve disponible provient d’un
et les complications sévères était présent chez 40 % des malades essai randomisé comparant l’efficacité du drainage transluminal
bénéficiant de la stratégie step-up contre 69 % avec la stratégie endoscopique avec LAMS à des stents plastiques à double queue
classique. de cochon chez des patients présentant une nécrose encapsulée,
Malgré un taux de mortalité non diminué (19 contre 16 % ; surinfectée et symptomatique [48] . Dans cette étude, 31 patients
p = 0,70), le groupe escalade thérapeutique présentait moins de recevaient une LAMS (n = 31) et 29 les prothèses plastiques.
complications séquellaires (hernies, diabète de novo), et moins de Les auteurs ne trouvaient pas de différence significative entre les
défaillance d’organe (12 contre 40 % ; p = 0,002). Point très impor- groupes concernant le nombre total d’interventions réalisées (2
tant dans cette étude, le drainage seul (sans nécrosectomie) était contre 3 ; p = 0,192), le succès du traitement, les événements cli-
suffisant pour 35 % des patients du groupe escalade thérapeutique. niques indésirables, les réadmissions, le coût global du traitement.
Dans la réévaluation à plus long terme de ces patients publiée par Bien que la durée de l’intervention ait été plus courte (15 contre
Hollemans et al. [43] , les auteurs retrouvaient moins d’insuffisance 40 min ; p < 0,001), les événements indésirables liés au stent (32,3
pancréatique exocrine dans le groupe traité par escalade théra- contre 6,9 % ; p = 0,01) et les coûts de l’intervention (12 155 contre
peutique (17 versus 39 % ; p = 0,047) et une tendance vers moins 6609 dollars américains ; p < 0,001) étaient plus élevés avec le
d’insuffisance pancréatique endocrine (40 versus 63 % ; p = 0,053). système LAMS.
Suite à l’étude PANTER, le même groupe a rapporté les résul- Ainsi, il n’existe pas à ce jour de preuve d’une supériorité des
tats de l’étude Pancreatitis Endoscopic Transgastric versus Primary LAMS sur une technique plus classique.
Necrosectomy in Patients with Infected Pancreatic Necrosis (PEN- Par conséquent, les dernières lignes directrices consensuelles
GUIN). Cette étude multicentrique visait à évaluer l’évolution du recommandent soit le choix des LAMS, avec le retrait systéma-
syndrome inflammatoire associée aux complications graves de la tique du stent LAMS après 4 semaines pour minimiser les risques
PA après drainage endoscopique ou nécrosectomie ouverte [44] . Les de complications, soit celui des stents en plastique à double queue
auteurs montraient une diminution du syndrome inflammatoire de cochon pour le drainage transluminal endoscopique, selon les
plus rapide et plus importante après la procédure de nécrosec- habitudes et préférences de l’utilisateur [49] .
tomie endoscopique comparativement au traitement chirurgical,
une diminution des taux de décès (20 versus 80 % ; p = 0,03),
de défaillance d’organe (0 versus 50 % ; p = 0,03) et de fistule
Planification des actes
pancréatique (10 versus 70 % ; p = 0,02). Les préconisations actuelles consistent à traiter les collections
Par la suite, l’essai Transluminal Endoscopic Step-up Approach liquidiennes aiguës nécrotiques à plus de 4 semaines de distance
versus Minimally Invasive Surgical Step-up Approach in Patients du premier jour de la pancréatite afin que la collection murisse et
with Infected Pancreatic Necrosis (TENSION) [45] en 2018 s’encapsule [26] . Le fondement rationnel de ces recommandations
comparait chez 418 patients une stratégie d’escalade thérapeu- provient de l’ère de la nécrosectomie chirurgicale qui était le geste
tique endoscopique (drainage endoscopique puis nécrosectomie réalisé en première intention. Il a été observé que les interventions
endoscopique) à une escalade chirurgicale (drainage percutané plus précoces étaient associées à des complications, notamment
suivi d’un drainage par débridement rétropéritonéal vidéoassisté). de péritonite, liées à l’absence d’encapsulation et d’accolement
Cette étude n’a pas montré de différence significative en termes de à la paroi digestive [50–52] . Des données endoscopiques récentes
mortalité et de morbidité majeure (43 contre 45 %), mais la durée confirment cette stratégie. Dans une cohorte rétrospective de Tri-
moyenne d’hospitalisation était plus courte (53 jours contre 69 j ; kydanathan et al. [53] , les auteurs trouvent que les patients ayant
p = 0,01) pour la stratégie endoscopique, et les patients traités un drainage précoce avaient un taux de mortalité plus important
selon l’approche endoscopique développaient moins de fistules (13 versus 4 %, p = 0,02), un recours à une nécrosectomie chirurgi-
pancréaticocutanées (5 contre 38 %). cale ouverte plus important (7 versus 1 %, p = 0,04), ainsi qu’une
Enfin, l’essai contrôlé randomisé MISER [46] a comparé la durée de séjour en unité de soin intensif et hospitalisation plus
chirurgie mini-invasive (débridement rétropéritonéal par lapa- longue. Il est toutefois important de mentionner que les groupes
roscopie ou par vidéo) à l’approche endoscopique progressive. étaient différents puisque les patients ayant bénéficié d’un drai-
Là encore, cet essai n’a montré aucune différence en termes de nage précoce présentaient plus de défaillance rénale (43 versus
mortalité (9 % avec l’approche endoscopique par paliers contre 32 %, p = 0,09), plus de défaillance respiratoire (41 versus 22 %,
6 % avec la chirurgie mini-invasive) et de nouvelle défaillance p = 0,005) et étaient plus souvent en état de choc (7 versus 1 %,
d’organe (6 contre 9 %), mais l’approche endoscopique progres- p = 0,03). Dans une autre série rétrospective de faible effectif, 19
sive permettait de réduire le taux de complications majeures (12 patients non consécutifs ayant bénéficié d’une intervention endo-
contre 41 %), notamment la probabilité de fistule entérale et scopique précoce sur une collection nécrotique ont été comparés
pancréaticocutanée (0 contre 28 %). à un groupe bénéficiant d’un drainage à distance. L’âge médian
Ainsi, cette série d’essais contrôlés de haute qualité au cours des des collections au moment de l’intervention endoscopique ini-
2 dernières décennies a permis d’asseoir la position de la méthode tiale était de 23 jours (15–27 j). Onze des 19 patients avaient une
endoscopique comme la référence dans le traitement de la nécrose nécrosectomie endoscopique dans le même temps. Une améliora-
pancréatique compliquée. tion clinique était observée chez 17 patients (83 %), mais la durée
totale de prise en charge était plus longue pour l’intervention pré-
coce comparée au groupe contrôle (103 contre 69 jours ; p = 0,042),
Quel appareillage privilégier ? avec une mortalité nulle et des taux d’effets indésirables similaires
Le traitement endoscopique de la pancréatite nécrosante infec- à ceux du groupe contrôle [54] . Il est cependant important de sou-
tée a évolué rapidement au fil des années. Les prothèses de type ligner les limites de cette étude, à savoir le caractère sélectif et
LAMS du fait de leur plus gros diamètre ont rapidement séduit non consécutif de la population étudiée que les auteurs ont essayé
les utilisateurs qui ont apprécié la plus grande facilité des gestes de limiter par appariement. Enfin, un essai contrôlé randomisé
permis par la large ouverture de ces prothèses. publié récemment [55] incluant au total 104 patients répartis en
Six études portant sur 504 patients ont comparé les perfor- deux groupes : drainage précoce et drainage classique. Le critère
mances des prothèses métalliques d’apposition aux prothèses de jugement principal est un indice de complication (Compre-
plastiques. Les risques relatifs de succès technique et clinique et hensive Complication Index Score) entre 0 et 100 %. Cet indice
le risque d’événement indésirable étaient respectivement de 1,71 était mesuré à 57 % dans le groupe drainage précoce et à 58 % dans
(0,38–7,37), 0,37 (0,20–0,67) et 0,39 (0,18–0,84) en faveur de la le groupe drainage classique (–1 % [–12 à 10], p = 0,90). La mor-
prothèse métallique d’apposition (LAMS). talité était de 13 % dans le groupe drainage précoce contre 10 %
Une méta-analyse récente conduite par Hammad et al. [47] dans le groupe à drainage classique (p = 0,02). Le nombre moyen
incluant onze études portant sur 688 patients montre un taux de d’interventions était plus élevé dans le groupe drainage précoce
EMC - Hépatologie 7
7-104-A-40 Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë
(4,4 versus 2,6). Cet essai n’a donc pas montré de supériorité du rurgicales (kystojéjunostomie et pancréatectomie distale), mais la
drainage précoce et entérine la stratégie attentiste. pancréatectomie distale était associée à une incidence plus élevée
d’insuffisance pancréatique endocrine (OR = 3,06 ; p = 0,01).
8 EMC - Hépatologie
Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë 7-104-A-40
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Service d’endoscopie digestive, Hôpital Beaujon, AP–HP, 100, boulevard du General-Leclerc, 92110 Clichy, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Hedjoudje A, Prat F. Prise en charge endoscopique de la pancréatite aiguë. EMC - Hépatologie
2020;0(0):1-10 [Article 7-104-A-40].
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