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2014; 43: 376–392


www.em-consulte.com/revue/lpm ß 2014 Elsevier Masson SAS.
Pathologie des surrénales www.sciencedirect.com Tous droits réservés.

Dossier thématique
Mise au point

Syndromes de Cushing : physiopathologie,


étiologie et principes thérapeutiques

Olivier Chabre1,2

1. CHU de Grenoble, Hôpital Nord, Service d’Endocrinologie-Diabétologie-Nutrition,


BP 217, 38043 Grenoble cedex 9, France
2. Faculté de Médecine, Université Joseph Fourier, Grenoble-1, 38042 Grenoble cedex
9, France

Correspondance :
Olivier Chabre, CHU de Grenoble, Hôpital Nord, Service d’Endocrinologie-
Disponible sur internet le : Diabétologie-Nutrition, BP 217 38043 Grenoble cedex 9, France.
20 mars 2014 olivierchabre@chu-grenoble.fr

Key points Points essentiels

Cushing syndrome: Physiopathology, etiology and princi- La cause la plus fréquente du syndrome de Cushing
ples of therapy est iatrogène : complication inévitable des traitements corti-
coïdes au long cours à une dose > 7,5 mg de prednisone
The most frequent cause of Cushing’s syndrome is iatrogenic, par jour.
as Cushing’s syndrome is the unavoidable consequence of La cause la plus fréquente des syndromes de Cushing endo-
long-term glucocorticoid treatment using more than 7.5 mg gènes est la maladie de Cushing, hypercorticisme dépendant
prednisone per day. de l’ACTH lié à un adénome corticotrope souvent de petite taille.
The most frequent cause of endogenous Cushing’s syndrome Son traitement en 1re intention est neurochirurgical : exérèse
is Cushing’s disease (CD), which is an ACTH dependent hyper- transsphénoïdale par un neurochirurgien expert. En 2e inten-
cortisolism linked to a pituitary corticotroph adenoma. This tion, il fait appel à des médicaments dont les cibles sont
adenoma is often very small, its diagnosis may require bila- hypophysaire ou surrénalienne, ainsi qu’à la radiothérapie
teral inferior petrosal sinus sampling and the first line treat- hypophysaire ou la surrénalectomie bilatérale.
ment of CD is transsphenoidal surgery by an expert Les hypercorticismes dépendants de l’ACTH d’origine ecto-
neurosurgeon. The second line treatments include drugs that pique sont liés soit à un carcinome endocrine peu différencié de
can act either on the pituitary adenoma or on adrenal steroi- mauvais pronostic (ex : cancer à petites cellules du poumon),
dogenesis, pituitary radiotherapy or bilateral adrenalectomy. soit à une tumeur endocrine bien différenciée (ex : tumeurs
Ectopic ACTH dependent Cushing’s syndrome is linked either carcinoïdes bronchiques) dont le traitement est chirurgical et le
to poorly differentiated endocrine tumors with a very poor pronostic très bon mais de localisation parfois difficile, voire
prognosis, such as small cell lung cancer, or to well differen- impossible.
tiated endocrine tumors, such as bronchial carcinoid tumors, Les syndromes de Cushing surrénaliens, indépendants
which have a good prognosis when treated by surgery, but d’une sécrétion hypophysaire ou tumorale d’ACTH, compren-
may be very difficult to localize. nent le cancer corticosurrénalien dont le mauvais pronostic
Adrenal Cushing’s syndromes, which are independent of impose une surrénalectomie élargie par un chirurgien expert,
pituitary ACTH secretion, include adrenal cortex carcinoma, l’adénome cortisolique traité par surrénalectomie unilatérale
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http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.02.001
Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
Pathologie des surrénales

Mise au point
which requires abdominal surgery with extended adrenalec- laparoscopique, et les hyperplasies macro- et micronodulaire
tomy by an expert surgeon, adrenal adenoma which is treated bilatérales traitées par surrénalectomies uni- ou bilatérales.
by laparoscopic unilateral adrenalectomy and bilateral macro- Le traitement des syndromes de Cushing donne des résultats
nodular hyperplasia, whose surgical treatment may require cliniques souvent spectaculaires mais la réversibilité de certains
unilateral or bilateral adrenalectomy. signes est incomplète, ce qui souligne l’urgence de leur prise en
Treatment of Cushing’s syndrome generally leads to specta- charge diagnostique et thérapeutique par une équipe multi-
cular clinical results, which must not hide the fact that the disciplinaire avertie.
reversibility of some signs is actually incomplete. This under-
lines the need for a timely multidisciplinary management of
the patients by an expert team.

d’hyperandrogénie, car les corticoïdes de synthèse n’ont pas

L e diagnostic positif du syndrome de Cushing doit le plus


souvent être évoqué par un médecin qui n’est pas spécialiste de
d’activité androgénique et la sécrétion d’androgènes surréna-
liens est freinée.
Le syndrome de Cushing iatrogène ne pose pas de problème
cette pathologie. Par contre, la confirmation diagnostique, diagnostique, à l’exception d’une de ses rares variantes, la prise
traitée dans un autre article de ce dossier, ainsi que le diag- inavouée de corticoïdes (syndrome de Münchausen) qui, elle,
nostic étiologique et la stratégie thérapeutique, présentés ici, pose de réelles difficultés : si le patient prend des corticoïdes de
vont nécessairement impliquer des spécialistes de l’hypo- synthèse au moment des explorations, le cortisol et l’ACTH
physe, des glandes surrénales ou d’autres tumeurs endocrines, seront bas ; s’il prend de l’hydrocortisone, le cortisol sera haut
thoraciques ou abdominales. Les endocrinologues sont le plus et l’ACTH bas, et s’il est exploré à distance de toute prise
souvent les coordinateurs de cette prise en charge et nous nous prolongée de glucocorticoïde l’ACTH et le cortisol seront bas.
inspirerons ci-dessous largement d’un document de référence,
le protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) [1], Syndromes de Cushing endogènes :
réalisé à la demande de la HAS, sous la direction du centre de étiologie
référence national des maladies rares de la surrénale de En dehors d’un contexte néoplasique connu, la cause la plus
l’hôpital Cochin, par une équipe multidisciplinaire où les endo- fréquente des syndromes de Cushing endogènes est
crinologues sont largement représentés. hypophysaire : maladie de Cushing (MC), qui représente envi-
ron 75 % des diagnostics (figure 1). La MC est un hypercorti-
Syndrome de Cushing iatrogène cisme « dépendant de l’ACTH », où l’ACTH est sécrétée par un
La cause de loin la plus fréquente des syndromes de Cushing est adénome hypophysaire corticotrope, le plus souvent de petite
iatrogène : traitement corticoïde au long cours, où l’on utilise taille (microadénome). Par opposition, la deuxième cause des
l’effet anti-inflammatoire puissant des glucocorticoïdes. Celui-ci hypercorticismes, par ordre de fréquence, est appelée « indé-
s’accompagne inévitablement d’un syndrome de Cushing plus pendante de l’ACTH », car elle est d’origine primitivement
ou moins intense ; en effet, les corticoïdes ne sont que des surrénalienne (15 %) et la sécrétion d’ACTH hypophysaire
agonistes du récepteur du cortisol (récepteur glucocorticoïde) est alors freinée par rétrocontrôle. On sait maintenant que
et leur effet anti-inflammatoire, lié à l’activation des récepteurs certaines causes d’hypercorticisme surrénalien ne sont pas réel-
glucocorticoïdes des lymphocytes, nécessite des doses de lement indépendantes de l’ACTH, puisqu’elles sont en fait sous la
glucocorticoïdes qui sont l’équivalent d’une très forte hyper- dépendance d’une sécrétion d’ACTH. . . d’origine surrénalienne
sécrétion de cortisol. À titre d’exemple, un traitement par [2] ! La troisième cause des syndromes de Cushing est la sécrétion
prednisone à la posologie de 1 mg/kg/j chez un patient de ectopique d’ACTH par une tumeur extra-hypophysaire, respon-
80 kg équivaut à 80  4 = 320 mg d’hydrocortisone, soit sable d’un syndrome de Cushing dit paranéoplasique ou ecto-
16 fois la dose substitutive en hydrocortisone (on rappelle pique (CE), et pour être complet, il faut citer les exceptionnels
que « hydrocortisone » n’est qu’un autre nom du cortisol). hypercorticismes liés à une sécrétion tumorale de CRH
Bien évidemment, ces glucocorticoïdes prescrits à titre anti- (corticotropin releasing hormone), responsable d’une hyper-
inflammatoire n’activent pas seulement les récepteurs gluco- sécrétion d’ACTH par les cellules hypophysaires normales [3].
corticoïdes des lymphocytes, mais aussi ceux des cellules de la Il faut cependant souligner que la fréquence des différentes
peau, des muscles, des os, du foie, pour constituer un syndrome causes dépend des modes de recrutement (figure 1). Par exem-
de Cushing iatrogène, que l’on appelle « effets indésirables des ple, dans le CHU d’une ville moyenne comme Grenoble, 194 syn-
glucocorticoïdes ». dromes de Cushing ont été pris en charge entre 1990 et 2013 ([4]
Chez les femmes, la particularité clinique du syndrome et données non publiées) dont 157 MC (81 %), 10 CE (5 %),
de Cushing iatrogène est de ne pas comprendre de signes 27 Cushing surrénaliens (14 % incluant 13 corticosurrénalomes
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Figure 1
Étiologies des syndromes de
Cushing endogènes
Les chiffres sont ceux cités dans le
PNDS [1], et correspondent à un
recrutement endocrinologique. Ils ne
tiennent pas compte des Cushing
ectopiques liés à des cancers peu
différenciés comme le cancer du
poumon à petites cellules, qui peut
représenter à lui seul plus de 10 %
des syndromes de Cushing [5].
*Certaines pathologies
surrénaliennes ne sont pas
réellement indépendantes de l’ACTH
car elles sont dépendantes d’une
sécrétion surrénalienne d’ACTH [2].

[7 %], 8 adénomes [4 %] et 6 hyperplasies surrénaliennes ou douteuse est observée chez 40 à 50 % des patients porteurs
macronodulaires bilatérales [3 %]) Cependant, ces chiffres d’un hypercorticisme dépendant de l’ACTH (figure 2) [8–11].
ne prennent pas en compte les CE liés à des cancers indifférenciés L’origine hypophysaire de l’ACTH doit alors être démontrée par
comme le cancer à petites cellules du poumon (CPCP) : entre la réalisation d’un cathétérisme des sinus pétreux inférieurs
1998 et 2012, 23 cas de CPCP avec CE ont été pris en charge dans [12]. Ce problème de sensibilité insuffisante de l’IRM n’est pas
le même centre [5], représentant plus de 10 % du total des seulement lié à la petite taille de l’adénome corticotrope, car la
syndromes de Cushing, ce qui en fait la deuxième cause, après la plupart des adénomes invisibles à l’IRM ont une taille suffisante
MC et avant le corticosurrénalome. pour être retrouvés et enlevés par un neurochirurgien expert.
Les patients porteurs d’un microadénome corticotrope n’ont
Syndromes de Cushing dépendants de aucun retentissement tumoral de leur adénome hypophysaire
l’ACTH alors que les patients porteurs de macroadénomes corticotro-
Maladie de Cushing pes (10 % des adénomes corticotropes) peuvent avoir un
syndrome tumoral, le plus souvent chiasmatique. En plus des
Épidémiologie et présentation clinique signes liés à l’hypercortisolisme, les patientes souffrant d’une
La cause la plus fréquente des syndromes de Cushing (si le MC peuvent présenter des signes liés à l’hypersécrétion
recrutement est endocrinologique) reste une maladie rare : d’androgènes surrénaliens (hirsutisme, acné) qui est égale-
l’incidence serait de l’ordre de 2,5/millions/an [6,7], et elle ment dépendante de l’ACTH. Contrairement à une idée reçue,
touche de façon prédominante les femmes (4 femmes pour un les patients porteurs d’une maladie de Cushing n’ont pas de
homme). mélanodermie car leurs taux d’ACTH ne sont que modérément
L’adénome hypophysaire corticotrope est le plus souvent de élevés.
petite taille. Dans 90 % des cas, il s’agit d’un microadénome, La MC est le plus souvent d’apparition progressive et insidieuse
qui peut ne pas dépasser 2 mm et échappe souvent aux IRM les sur quelques années, ce qui ajoute de la difficulté à un diag-
plus performantes : dans les séries récentes, une IRM normale nostic qui souffre déjà du manque de spécificité des signes
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Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
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paranéoplasique [12]. Les MC vont montrer plus souvent que
les CE ont un freinage de la sécrétion d’ACTH et de cortisol par
de fortes doses de dexaméthasone, et une stimulation par le
CRH ou par le ddAVP.
Prédisposition génétique
Elle est rare, seuls les patients porteurs d’une mutation du gène
MEN1 responsable de la néoplasie endocrinienne multiple de
type 1 (NEM1) ont un risque de 20 % de révéler un adénome
hypophysaire, qui est alors le plus souvent prolactinique, et
beaucoup plus rarement (2 %) corticotrope. À noter que contre
un déterminisme génétique de la MC, il a été rapporté un cas de
MC chez une patiente (non NEM1) qui avait une jumelle
homozygote, qui elle n’a pas révélé la maladie [15].
Anomalies moléculaires rapportées dans les adénomes
corticotropes
Les mécanismes moléculaires du développement d’un adé-
nome corticotrope restent pour l’essentiel méconnus. Le défaut
de sensibilité aux glucocorticoïdes (par rapport à des cellules
normales) des adénomes corticotropes a pu être rattaché aux
Figure 2 anomalies suivantes : perte d’un allèle du gène du récepteur
Maladie de Cushing : adénome hypophysaire corticotrope glucocorticoïde [16] ; élévation du taux de l’enzyme
ACTH : adrenocorticotropic hormone ; CSPI : cathétérisme des sinus pétreux 11bHSD2 qui inactive le cortisol [17] ; défaut d’expression
inférieurs ; IRM : imagerie par résonnance magnétique. de deux protéines, BrG1 et HDAC2, impliquées dans la signa-
lisation du récepteur glucocorticoïde [18].

Syndrome de Cushing par sécrétion ectopique


cliniques. L’intensité du syndrome de Cushing est générale- d’ACTH
ment moindre que dans les syndromes paranéoplasiques, et Épidémiologie et présentation clinique
l’hypokaliémie, liée à l’effet minéralocorticoïde d’une forte La liste des tumeurs non hypophysaires capables de secréter de
hypersécrétion de cortisol, est plus rare. Il existe cependant l’ACTH est longue mais comprend essentiellement deux gran-
des MC sévères d’apparition récente. Chez l’enfant, la MC a un des catégories de tumeurs qui se développent à partir des
retentissement particulier [13] (rencontré aussi dans les autres cellules endocrines présentes dans de nombreux tissus, notam-
causes de syndrome de Cushing de l’enfant [14]) : il s’agit d’une ment broncho-pulmonaires et digestifs (figure 3).
des rares causes d’obésité associée à une diminution de la Le premier groupe comprend des tumeurs endocrines malignes
vitesse de croissance, ce qui fait que la comparaison de courbes peu différenciées ou indifférenciées à taux de prolifération
de poids et de taille est très évocatrice. élevé, en premier lieu le cancer à petites cellules du poumon.
Ces patients ne sont souvent pas comptabilisés dans les séries
Caractéristiques biologiques de syndromes de Cushing « endocrinologiques » car ils sont pris
Les cellules des adénomes hypophysaires corticotropes de la en charge dans des services d’oncologie médicale ou de
MC sont plus proches des cellules corticotropes normales que pneumologie, où la priorité est de mettre rapidement en
les cellules des tumeurs responsables de syndrome de Cushing route le traitement chimiothérapique de leur cancer de très
paranéoplasique. Ainsi, elles gardent le plus souvent une mauvais pronostic. Cependant, leur fréquence est loin d’être
certaine sensibilité au freinage par les glucocorticoïdes (moin- négligeable : dans une ville moyenne comme Grenoble, entre
dre que celle des cellules corticotropes normales, mais meil- 1990 et 2013, 200 cas de syndrome de Cushing endocrinolo-
leures que celles des cellules de tumeurs ectopiques sécrétant gique ont été enregistrés dans le registre national, alors que
de l’ACTH) et une sensibilité à la stimulation par la CRH ou par la dans la même ville, entre 1998 et 2012, 25 cas de CPCP
desmopressine (ddAVP, agoniste du récepteur AVPR1B de la avec hypercorticisme ACTH dépendant sévère ont été pris en
vasopressine). Ces réponses sont la base de tests diag- charge [5]. La sévérité et la rapidité du développement du
nostiques : freinage « fort » par la dexaméthasone, stimulation CPCP fait que l’expression du syndrome de Cushing chez ces
par le CRH ou par le ddAVP, qui permettent une certaine patients est particulière : pas d’obésité, mais au contraire un
distinction entre maladie de Cushing et syndrome de Cushing amaigrissement avec amyotrophie marquée, mélanodermie,
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Figure 3
Syndrome de Cushing
paranéoplasique
Sécrétion tumorale ectopique d’ACTH
par une tumeur endocrine
différenciée (A), peu différenciée (B)
ou occulte (C). ACTH :
adrenocorticotropic hormone ; CSPI :
cathétérisme des sinus pétreux
inférieurs.

hypokaliémie souvent sévère et qui fait évoquer le diagnostic. taille, en particulier les carcinoïdes bronchiques. Cependant, les
Les taux de cortisol plasmatique et urinaire sont très élevés, de progrès de l’imagerie, en particulier de la tomodensitométrie
même que les taux d’ACTH : dans ce contexte, aucune autre (TDM), font que la plupart des tumeurs endocrines responsa-
exploration n’est nécessaire pour affirmer le diagnostic. Il est bles d’un Cushing ectopique montre maintenant une image
admis que la présence d’un syndrome de Cushing paranéo- détectable sur une TDM thoraco-abdomino-pelvienne (TAP)
plasique est un facteur de plus mauvais pronostic du CPCP, moderne. Celle-ci doit rechercher avec beaucoup d’attention
notamment en augmentant le risque d’infection opportuniste. une tumeur carcinoïde bronchique, thymique, pancréatique,
En dehors du CPCP, de nombreux cancers agressifs peuvent être des métastases hépatiques (nécessité de clichés artériels à
responsables d’un syndrome de Cushing paranéoplasique, en un temps précoce) ou une tumeur endocrine médullo-
particulier, les carcinomes neuro-endocrines digestifs peu dif- surrénalienne (phéochromocytome), qu’il faudra différencier
férenciés, à petites ou grandes cellules (grade G3 de l’OMS). des discrètes hyperplasies corticosurrénaliennes, parfois nodu-
Le deuxième groupe de tumeurs responsables de syndrome de laires, secondaires à l’hypersécrétion d’ACTH.
Cushing ectopique comprend des tumeurs bien différenciées, à
faible taux de prolifération, et de malignité moins sévère, en Caractéristiques biologiques
premier lieu les tumeurs neuro-endocrines issues de l’intestin Par opposition aux adénomes corticotropes, les tumeurs endo-
antérieur : carcinoïdes bronchiques, tumeurs neuro-endocrines crines responsables d’une sécrétion d’ACTH montrent généra-
digestives de grade G1 (carcinoïde digestif) ou G2, carcinoïdes lement une moindre sensibilité au freinage par la dexamé-
thymiques. Il faut mentionner également le cancer médullaire thasone, à la stimulation par le CRH et le ddAVP. Cependant, ces
de la thyroïde, et le phéochromocytome, qui lui peut être bénin. différences, qui sont caricaturales pour les tumeurs endocrines
La présentation clinique du patient est un syndrome de Cushing peu différenciées (pour lesquelles les tests sont cependant
similaire à celui d’une MC même s’il est en moyenne plus superflus), peuvent être très modérées ou inexistantes pour
sévère, avec hypokaliémie plus fréquente, d’évolution plus les tumeurs bien différenciées, en particulier, pour les tumeurs
rapide et qu’il n’y a pas de prédominance féminine. La question carcinoïdes bronchiques de très petite taille, qui peuvent alors
diagnostique essentielle est de les différencier d’une MC, ce qui également échapper à l’imagerie, posant un véritable défi
peut être difficile car les tumeurs peuvent être de très petite diagnostique.
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Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
Pathologie des surrénales

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Sur le plan sécrétoire, les tumeurs endocrines responsables carcinoïdes responsables de CE, comparés à des tumeurs carci-
d’une sécrétion d’ACTH se distinguent également par une moins noïdes non responsables de CE n’a pas permis de reconnaître un
bonne capacité à cliver l’ACTH de son précurseur, la propiomé- profil spécifique de facteurs de transcription dans les premières
lanocortine ou POMC. De ce fait, ces tumeurs sécrètent non [21].
seulement de l’ACTH mais également de la POMC, dont la
mesure a un intérêt dans le diagnostic différentiel des hyper- Syndromes de Cushing « indépendants de
cortisolismes dépendants de l’ACTH [19]. En pratique, cepen- l’ACTH » ou surrénaliens
dant, ce dosage est actuellement difficilement accessible, et
par ailleurs, il se heurte aux mêmes limites que les tests La distinction classique entre syndromes de Cushing dépen-
dynamiques : les tumeurs qui sécrètent le plus de POMC non dants de l’ACTH (MC et CE) et syndromes de Cushing « indé-
clivée sont aussi les moins différenciées et les plus accessibles à pendants de l’ACTH » c’est-à-dire surrénaliens, vient de prendre
un diagnostic en imagerie, et les tumeurs de très petite taille du plomb dans l’aile avec la très belle démonstration, par
avec réponses équivoques aux tests dynamiques peuvent cliver l’équipe du Pr Hervé Lefebvre, que certaines causes de syn-
la POMC aussi bien que les adénomes corticotropes. drome de Cushing surrénalien (comme les hyperplasies sur-
Enfin, certaines tumeurs responsables de CE sécrètent des rénalienne macronodulaires bilatérales [HSMB]) sont en fait
marqueurs spécifiques qu’il est intéressant de mesurer : calci- dépendantes d’une sécrétion locale d’ACTH, par des îlots de
tonine (cancer médullaire de la thyroïde), dérivés methoxylés cellules surrénaliennes au sein de l’hyperplasie macronodulaire
(phéochromocytome), gastrine (gastrinomes duodéno- [2]. Cette classification garde cependant un intérêt clinique,
pancréatiques), 5 HIAA urinaires (carcinoïdes digestifs). dans la mesure où l’ACTH circulante est essentiellement d’ori-
gine hypophysaire : dans les HSMB, l’ACTH circulante reste
Physiopathologie moléculaire basse, même si elle n’est pas toujours indétectable, car une
Les mécanismes moléculaires qui rendent compte de la petite partie de l’ACTH surrénalienne peut se retrouver dans la
sécrétion d’ACTH par un tissu tumoral non hypophysaire sont circulation.
mal connus mais il a été établi que, dans ces tissus tumoraux, la Les syndromes de Cushing surrénaliens regroupent plusieurs
transcription du gène de la POMC aboutit à un ARNm identique pathologies : tumeur corticosurrénalienne unilatérale qui peut
à celui exprimé dans les cellules corticotropes hypophysaires, être bénigne (adénome), ou maligne (corticosurrénalome, que
suggérant l’utilisation d’un promoteur identique [20]. l’on appelle maintenant plutôt cancer corticosurrénalien) ;
Cependant, l’analyse des facteurs de transcription de tumeurs hyperplasie bilatérale qui est soit macro- soit micronodulaire

Figure 4
Syndromes de Cushing
surrénaliens
381

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(figure 4). Nous présentons essentiellement ici les causes de l’hypercortisolisme et mise en évidence d’une ACTH indé-
bénignes, qui partagent certains mécanismes moléculaires, tectable ou basse, le diagnostic est alors posé par la TDM.
et ne ferons qu’évoquer le cancer corticosurrénalien (traité Cependant, il est souvent fait à l’occasion d’une TDM réalisée
dans un autre article de ce dossier). pour une autre raison, révélant des grosses surrénales bila-
térales (incidentalome surrénalien bilatéral), chez un patient
Adénomes sécrétant du cortisol dont le syndrome de Cushing n’avait pas encore été reconnu ou
Présentation clinique qui n’est qu’au stade d’hypercortisolisme modéré, voire infra-
Ces tumeurs corticosurrénaliennes bénignes cortisolo- clinique. L’HSMB se rencontre souvent de façon sporadique
secrétantes représentent un peu plus de 50 % des causes de mais il a été décrit des familles comprenant plusieurs membres
syndromes de Cushing surrénalien, avec une prédominance affectés, suggérant une cause génétique qui vient d’être
féminine. Le plus souvent, elles ne secrètent peu ou pas d’andro- démontrée [23] (voir ci-dessous).
gènes. La sécrétion hypophysaire d’ACTH est freinée par rétro-
Caractéristiques biologiques
contrôle, ce qui induit un arrêt de la sécrétion de cortisol et
d’androgènes de la partie non tumorale de la surrénale adjacente Les hyperplasies macronodulaires bilatérales présentent plu-
à la tumeur, et de la surrénale controlatérale. Cliniquement, il sieurs particularités sur le plan sécrétoire :
 la sécrétion de cortisol n’est souvent pas constante au cours de
s’agit d’un syndrome de Cushing classique, d’évolution assez
lente mais qui peut conduire progressivement à des tableaux la journée, elle peut décrire des variations traduisant la
sévères s’il n’est pas diagnostiqué. Les patientes n’ont le plus stimulation de récepteurs hormonaux anormalement exprimés,
souvent pas de signes d’hyperandrogénie. comme celle du récepteur au GIP, responsable d’une hyper-
sécrétion de cortisol stimulée par la prise alimentaire, du
Caractéristiques biologiques et radiologiques récepteur béta-adrénergique responsable d’une stimulation
Comme dans toutes les causes de syndromes de Cushing par l’orthostatisme, du récepteur LH responsable d’une
endogènes, le cortisol libre urinaire (CLU) est élevé, le cortisol stimulation lors de l’ovulation, la grossesse ou la ménopause
plasmatique à 8 h est souvent dans les valeurs normales mais [24] ;
par contre, le cortisol plasmatique ou salivaire à minuit est  le taux d’ACTH circulant est bas mais pas toujours indétec-

élevé. L’ACTH est très basse ou indétectable à tout moment de table, un détail qui dans le passé a conduit à l’hypothèse
la journée et il n’y a pas de freinage de la sécrétion de cortisol d’une « transition » entre MC, dont l’hypersécrétion d’ACTH
par la dexaméthasone. induirait dans un premier temps une hyperplasie surréna-
Sur le plan radiologique, l’adénome corticosurrénalien est une lienne, qui deviendrait ensuite autonome, hypothèse
tumeur unilatérale de plus de 1 cm qui a des caractéristiques de complexe maintenant abandonnée et remplacée par une
tumeur corticosurrénalienne bénigne, avec deux critères radio- explication bien plus élégante (voir ci-dessous) [2].
logiques : soit une densité radiologique basse (< 10 unités
Hounsfeld avant injection), critère souvent pris en défaut Hyperplasie micronodulaire bilatérale
dans les adénomes sécrétants, soit un taux de lavage du produit « pigmentée » (PPNAD)
de contraste > 50 % en taux relatif ou > 60 % en taux absolu. Cette pathologie se rencontre également sous forme sporadique
La surrénale controlatérale ne montre pas d’hyperplasie ni de ou familiale, où elle peut alors être associée à un syndrome de
nodule, son atrophie fonctionnelle n’a par contre pas de reten- Carney, maladie autosomique dominante qui peut comprendre
tissement radiologique évident. des signes cutanés : lentiginose et nævus bleus de la face y
compris lèvres, conjonctive et sclérotique et qui peut s’étendre
Hyperplasie surrénalienne macronodulaire aussi sur le cou et tronc ; des tumeurs ou hyperplasie endocrines
bilatérale (surrénalienne, testiculaire, hypophysaire, thyroïdienne) et enfin
Présentation clinique et radiologique des tumeurs non endocrines (myxome de l’oreillette, tumeurs
La pathologie surrénalienne est bilatérale, avec en TDM des cutanées, mammaires, schwannome) [25,26].
surrénales souvent de très grosse taille, un aspect macrono- Le syndrome de Cushing lié à cette hyperplasie micronodulaire
dulaire et des caractéristiques radiologiques de tissu cortico- bilatérale peut se révéler dès l’enfance et il a souvent un
surrénalien bénin (voir ci-dessus). À niveau de sécrétion caractère intermittent. De façon remarquable, les PPNAD mon-
équivalent, ces hyperplasies macronodulaires bilatérales trent une stimulation paradoxale de la sécrétion de cortisol par
« primitives » sont généralement de taille nettement plus de fortes doses de dexaméthasone.
grande que les hyperplasies secondaires à une hypersécrétion
d’ACTH, ce qui témoigne du taux de sécrétion faible du tissu Physiopathologie moléculaire des adénomes et
HSMB [22], compensé par sa masse très élevée. Cliniquement, hyperplasies corticosurrénaliennes primitives
les patients développent un syndrome de Cushing classique qui Plusieurs anomalies ont été décrites au niveau de la voie de
se révèle le plus souvent entre 40 et 60 ans. Après confirmation l’AMP cyclique, qui est la voie activée physiologiquement par
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Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
Pathologie des surrénales

Mise au point
l’ACTH, pour stimuler la prolifération et la sécrétion de la cellule
corticosurrénalienne. Des activations de cette voie ont été
retrouvées au niveau des récepteurs : mutation activatrice
du récepteur de l’ACTH (exceptionnelle) ; surexpression ou
expression ectopique d’autres récepteurs couplés aux protéines
G, dans les HSMB ainsi que dans certains adénomes ; activation
de la sous-unité a de Gs : mutation activatrice dans l’excep-
tionnel syndrome de McCune–Albright ; activation de la pro-
téine kinase A par mutation inactivatrice de sa sous-unité
régulatrice (PPNAD) et indirectement par mutation inactivatrice
des phosphodiéstérase 11A et 8B (PPNAD, dans certaines HSMB
et adénomes). Il faut saluer ici l’apport considérable de l’équipe
de l’hôpital Cochin à ces découvertes [27]. Figure 5
Enfin, très récemment, deux découvertes majeures ont fait Algorithme diagnostique des hypercorticismes
progresser la compréhension des HSMB : tout d’abord, la Première étape : détermination du caractère dépendant ou « indépendant » de
l’ACTH.
démonstration très élégante que la sécrétion de cortisol par
les HSMB était liée à la sécrétion d’ACTH par des « clusters » de
cellules de ces hyperplasies, et que cette sécrétion d’ACTH
stimulait ensuite l’expression d’autres récepteurs [2], et généralement indétectable ou très basse (figure 5). Il est vrai
enfin, la mise en évidence de mutation inactivatrices germi- que dans certains cas d’hypercorticismes liés à un HSMB, l’ACTH
nales d’un gène ARMC5, et de perte d’hétérozygotie de ce gène secrétée au niveau de la surrénale peut être détectée dans la
dans les surrénales de patient opérés pour HSMB. La fonction de circulation, mais les taux restent généralement très bas.
ARMC5 n’est pas connue mais il se comporte comme un gène Dans les rares cas où le taux d’ACTH est équivoque, c’est-à-dire
suppresseur de tumeur dont les mutations offrent une base à la fois trop bas pour être certain d’une origine hypophysaire
génétique à l’HSMB [23]. ou tumorale, mais également trop haut pour être certain d’une
origine surrénalienne, le test au CRH, qui n’est pas utilisé ici
Cancer corticosurrénalien ou corticosurrénalome dans son indication la plus commune a un intérêt. En effet, un
Ce sujet est traité dans un autre article de ce dossier (voir article hypercorticisme dépendant de l’ACTH avec un taux d’ACTH
de Libé et al.). Nous rappellerons juste qu’il s’agit d’un cancer relativement bas sera le plus souvent une maladie de Cushing
de très mauvais pronostic (survie < 40 % à 5 ans), qui doit être avec une bonne réponse au CRH, en revanche, les rares Cushing
la hantise du diagnostic étiologique d’un syndrome de Cushing, surrénaliens avec discrète sécrétion surrénalienne d’ACTH,
car la seule chance de guérison est son traitement chirurgical à comme certaines HSMB, ne sont pas sensibles au CRH [2]. La
un stade précoce, par un chirurgien expert. TDM surrénalienne peut également avoir un intérêt pour résou-
dre ce problème (rare), si elle est analysée avec un oeil critique :
Diagnostic étiologique des syndromes de les HSMB ont une taille généralement bien plus importante que
Cushing les discrètes hyperplasies surrénaliennes secondaires à une
À ce stade, le diagnostic positif du syndrome de Cushing a été sécrétion hypophysaire ou tumorale d’ACTH.
fait : il y a bien un hypercortisolisme organique et un « pseudo-
Hypercorticismes ACTH dépendant : distinction entre
syndrome de Cushing » a été éliminé.
origine hypophysaire ou ectopique
Distinction entre hypercorticisme surrénalien et Une fois la première étape passée, la question est de distinguer
hypercorticisme dépendant de l’ACTH d’origine une MC et un CE. Trois types d’exploration sont envisageables :
hypophysaire ou tumorale les tests dynamiques, les imageries et enfin la recherche d’un
gradient hypophysaire de sécrétion d’ACTH, réservée aux cas
Malgré la découverte récente d’une sécrétion corticosurréna-
difficiles (figure 6).
lienne d’ACTH dans les hyperplasies surrénaliennes macrono-
dulaires bilatérales, la distinction entre d’un côté les Tests dynamiques
hypercorticismes dépendants de l’ACTH d’origine hypophysaire Classiquement, les adénomes corticotropes ont une sécrétion
ou ectopique, et de l’autre, les hypercorticismes « indépendants » d’ACTH stimulable par le CRH et le ddAVP et gardent une certaine
de l’ACTH, d’origine surrénalienne, reste cliniquement pertinente. sensibilité à la dexaméthasone, ce qui n’est pas le cas des
En effet, la mesure du taux sérique d’ACTH permet le plus souvent tumeurs extra-hypophysaires. La sensibilité à la dexaméthasone
de distinguer sans difficulté le premier groupe, où l’ACTH est était classiquement explorée par le test « fort » à 8 mg sur deux
élevée ou « normale », du deuxième groupe, où l’ACTH est jours, ce qui est long, elle est maintenant plus facilement
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O Chabre

spécificité de l’IRM : il n’est pas toujours possible d’affirmer


qu’une image de très petite taille est un microadénome, plutôt
qu’un microkyste de la poche de Rathke ou un artéfact.
Imagerie des tumeurs extra-hypophysaires
La TDM TAP (thoraco-abdomino-pelvienne) reste l’examen de
référence. La TDM thoracique sera toujours pathologique dans
les CPCP et reste l’examen le plus performant pour détecter les
tumeurs carcinoïdes bronchiques et thymiques. La TDM abdo-
minale est également performante pour le diagnostic des
phéochromocytomes, et des métastases hépatiques de
tumeurs endocrines digestives ou bronchiques. Dans une
étude, la TDM était globalement nettement plus performante
que tous les autres types d’imagerie (IRM, PET scan FDG,
Octréoscan, PET scan F Dopa) pour le diagnostic étiologique
des CE, même si quelques rares tumeurs échappaient à cet
examen en restant détectable par les autres techniques d’ima-
Figure 6 gerie [29]. Malgré tout, la TDM et toutes les imageries actuel-
Algorithme diagnostique des hypercorticismes dépendants de lement disponibles gardent une sensibilité insuffisante :
l’ACTH certains hypercorticismes dépendants de l’ACTH ne montrent
Détermination du caractère hypophysaire ou ectopique. CBSPI : cathétérisme aucune image pathologique malgré une origine extra-hypo-
bilatéral des sinus pétreux inférieurs ; IRM : imagerie par résonnance magnétique ;
physaire démontrée par l’absence de gradient hypophysaire
TDM TAP : tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne.
d’ACTH au cathétérisme des sinus pétreux inférieurs. Ces hyper-
corticismes ectopiques sont alors appelés « occultes ». Dans une
étude récente, la moitié de ces tumeurs occultes se révélaient,
explorée soit par le pourcentage de freination sous 2 mg, soit par
au cours du suivi, être des petites tumeurs carcinoïdes bron-
le test à 4 mg en intraveineux [12]. Ces tests ont des bonnes
chiques [30].
valeurs discriminantes, mais ils peuvent être mis en défaut par
les petites tumeurs carcinoïdes, qui posent également des Cathétérisme bilatéral des sinus pétreux inférieurs
difficultés à l’imagerie. Le test au CRH est sans doute le plus (CBSPI)
discriminant : une stimulation de la sécrétion de cortisol de plus Cette exploration repose sur le principe que, si la sécrétion d’ACTH
de 14 % a une sensibilité de 85 % et une spécificité de 100 % pour est d’origine hypophysaire, alors on doit observer une concen-
différencier une MC d’un CE, pour une stimulation de l’ACTH de tration d’ACTH plus élevée dans du sang veineux proche de
plus de 105 % les sensibilité et spécificité sont de 70 % et 100 % l’hypophyse que dans une veine périphérique éloignée de
[28]. l’hypophyse. Le sang veineux hypophysaire circule d’abord
dans les sinus caverneux, puis les sinus pétreux qui se jettent
Imagerie hypophysaire dans les veines jugulaires internes. Au cours du cathétérisme des
L’IRM hypophysaire doit être réalisée en coupes coronales, sinus pétreux inférieurs, on introduit successivement deux cathé-
sagittales et éventuellement axiales, en séquence T1, T2, ters en abordant la veine fémorale dans le creux inguinal pour les
sans injection puis clichés dynamiques après injection avec remonter dans la veine cave inférieure, sinus auriculaire, veine
acquisitions à un temps précoce pour mettre en évidence un cave supérieure, puis dans chacune de veines jugulaires internes,
défaut de prise de contraste de l’adénome et à un temps tardif pour qu’ils soient positionnés de façon symétrique dans les sinus
pour révéler une prise de contraste retardée. La mise en pétreux. Des prélèvements sont ensuite réalisés de façon simul-
évidence d’une image typique d’adénome a alors de très tanée dans chacun des deux cathéters et dans une veine péri-
bonnes chances d’être un adénome corticotrope. Cependant, phérique, ceci avant, puis au cours d’une stimulation par le CRH.
même avec les IRM les plus modernes, la sensibilité n’atteint Le gradient d’ACTH est dit significatif d’une origine hypophysaire
que 60 à 70 % : la très petite taille de certains microadénomes si le rapport des concentrations ACTH sinus pétreux/ACTH péri-
n’est pas la seule explication de ce défaut de sensibilité car phérique est > 2 à l’état basal et/ou > 3 sous CRH. Il s’agit d’une
certains microadénomes indétectables à l’IRM sont découverts exploration techniquement difficile, coûteuse en matériel et en
sans trop de difficultés par un neurochirurgien expert personnel médical (neuroradiologue expert) et paramédical,
(ceci explique d’ailleurs que les résultats de l’IRM n’influent relativement longue (de 1 à 3 h) et qui reste invasive. Le risque
quasiment pas sur les performances de la chirurgie hypophy- de complications est très faible et peu sévère dans les séries
saire de chirurgiens experts). Il existe aussi un défaut de récentes [31], même si des complications dramatiques ont été
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Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
Pathologie des surrénales

Mise au point
rapportées antérieurement (référencé dans [31]). Le taux de d’hypercorticisme « indépendant de l’ACTH ». Le plus souvent,
succès de cette technique est très opérateur dépendant : elle montre une tumeur unilatérale et les caractéristiques
clairement, elle est à réserver à des équipes neuroradiologiques radiologiques, notamment, la densité avant injection et le
expertes. Le CBSPI a une sensibilité et spécificité supérieures à taux de lavage du produit de contraste sont des éléments
95 % pour le diagnostic de l’origine hypophysaire de la sécrétion essentiels à la distinction entre adénome et corticosurréna-
d’ACTH. Ses performances sont moindres pour prédire la latéra- lome. S’il existe des anomalies bilatérales, l’aspect des HSMB
lisation (86 % lorsque la vascularisation est symétrique et les est le plus souvent typique avec une volumineuse hyperplasie
cathéters en position identique [4]), qui reste une donnée utile macronodulaire, alors que dans le PPNAD, les surrénales ont un
au neurochirurgien. aspect micronodulaire. Sur le plan sécrétoire, les HSMB et le
Stratégie diagnostique PPNAD ont des particularités qui peuvent aussi aider au diag-
nostic (cf. ci-dessus). Dans de rares cas, il peut être difficile de
Il faut se rappeler que hors contexte néoplasique évident, 90 %
faire la part entre HSMB et adénomes bilatéraux dont un seul
des patients porteurs d’un hypercorticisme dépendant de
peut être responsable de l’hypercorticisme, une scintigraphie
l’ACTH ont une maladie de Cushing. Dans un premier temps,
au noriodocholestérol sans freinage est alors utile pour orienter
on réalisera donc des tests dynamiques, par exemple, le test au
la surrénalectomie unilatérale.
CRH et un test de freinage dexaméthasone et une IRM hypo-
physaire (figure 6). S’il existe des réponses aux tests dynami- Traitements de première intention
ques typiques de maladie de Cushing et une image typique
d’adénome à l’IRM hypophysaire, le diagnostic d’adénome Maladie de Cushing : chirurgie hypophysaire
corticotrope est considéré comme démontré et le patient transsphénoïdale
peut être confié au neurochirurgien. L’exérèse chirurgicale par voie transsphénoïdale est le traite-
Si, par contre, la réponse aux tests n’est pas en faveur d’une ment de choix de l’adénome hypophysaire corticotrope et il
maladie de Cushing et surtout si l’IRM hypophysaire ne montre doit être envisagé chez virtuellement tous les patients porteurs
pas d’image typique d’adénome (certains placent la barre à d’une maladie de Cushing démontrée (figure 7). Réalisée par
6 mm pour la taille minimale de la lésion, ce qui est très un neurochirurgien expert, ce qui doit être la règle, cette
spécifique mais peu sensible), on réalisera une TDM TAP : si chirurgie permet un taux de rémission de 75 % [11]. Il est
celle-ci met en évidence une image indiscutable de tumeur important de comprendre que ce traitement doit être proposé
endocrine thoracique ou abdominale, qui à elle seule justifie non seulement aux patients porteurs d’un microadénome bien
l’intervention, on confiera le patient à un chirurgien thoracique visible à l’IRM, mais également à ceux qui ont une IRM hypo-
ou abdominal. Dans le cas contraire, on considère qu’il est physaire normale ou douteuse, avec un CBSPI démontrant
probable que le patient a « une maladie de Cushing à IRM l’origine hypophysaire de la sécrétion d’ACTH. En effet, lorsque
normale ou douteuse » et on doit confier le patient à une le patient est opéré par un neurochirurgien expert, les taux de
équipe neuroradiologique experte pour la réalisation d’un rémission post-chirurgicale sont très voisins dans les deux
cathétérisme des sinus pétreux. situations (tableau I) [8–10,32].
Si le CBSPI montre un gradient centre/périphérie d’ACTH > 2 aux La chirurgie transsphénoïdale, qui est maintenant réalisée sous
mesures basales et/ou > 3 sous stimulation par CRH, on consi- endoscopie, garde cependant ses limites : il n’est pas possible
dère l’origine hypophysaire démontrée et on confiera le patient à de réaliser l’exérèse complète d’un adénome envahissant
une équipe neurochirurgicale experte, pour laquelle la valeur du largement le sinus caverneux, en particulier, s’il entoure la
gradient latéral peut être une aide à la localisation de l’adénome carotide. Ce problème est plus fréquent dans les macroadéno-
corticotrope. mes corticotropes, dont le taux de rémission est plus faible
Si, par contre, il n’y a pas de gradient d’ACTH mis en évidence au (50 %), mais qui restent minoritaires.
CBSPI, on se trouve face à un CE occulte, qui amène à tenter Les patients porteurs d’un hypercorticisme très sévère ont
d’autres types d’imagerie que la TDM TAP (en particulier vraisemblablement un risque de complications chirurgicales
octréoscan), généralement sans succès, nécessitant alors d’uti- plus élevé, notamment infectieux et thromboembolique.
liser un traitement de type « deuxième intention », pharma- Dans ces situations graves, un traitement médical préopéra-
cologique (voir ci-dessous), et de répéter régulièrement la TDM, toire est justifié, en sachant que pour les cas les plus sévères
en espérant voir apparaître une tumeur endocrine qui pourra une trithérapie par kétoconazole, métopirone et mitotane
être traitée chirurgicalement. (op’ddd) peut normaliser le taux de cortisol en moins de
48 h chez virtuellement tous les patients [33].
Hypercorticisme « indépendant de l’ACTH » ou
surrénalien : diagnostic étiologique Complications
La TDM surrénalienne est l’outil essentiel du diagnostic étiolo- Elles sont essentiellement celles de la chirurgie hypophysaire
gique des différentes pathologies surrénaliennes responsables transsphénoïdale. Les complications graves restent très rares :
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O Chabre

Figure 7
Traitement en première
intention des adénomes
hypophysaires corticotropes
(maladie de Cushing)
CBSPI : cathétérisme bilatéral des
sinus pétreux inférieurs.

hémorragie carotidienne, fuite de LCR, méningite [11]. Les insipide puis, dans les 5 à 8 jours qui suivent la chirurgie, de
complications moins sévères sont plus fréquentes, essentiel- syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique
lement des sinusites. En postopératoire immédiat, l’exérèse (SIADH) transitoire avec risque d’hyponatrémie symptoma-
complète d’un adénome corticotrope s’accompagne générale- tique. Ces complications hormonales nécessitent que le suivi
ment d’une insuffisance corticotrope profonde, liée au fait que post-opératoire immédiat se fasse en coordination étroite avec
les cellules hypophysaires corticotropes normales, freinées par une équipe endocrinologique. Enfin, il existe un risque de
l’hypercortisolisme, sont en inertie et incapables de reprendre complications thromboemboliques postopératoires.
leur sécrétion d’ACTH avant plusieurs mois. Ceci n’est pas une
complication mais plutôt la conséquence attendue du traite- Récidive
ment chirurgical, témoin d’une bonne exérèse et qui est Le taux élevé de rémission post-chirurgicale ne doit pas faire
associée à un risque moindre de récidive. Si la chirurgie réalise oublier qu’il existe un risque significatif de récidive, d’environ
une lésion de la post-hypophyse, il existe un risque de diabète 20 % à 5 ans [34]. Ceci est sans doute lié au fait que les

Tableau I
Comparaison du taux de rémission de la maladie de Cushing en fonction des résultats de l’IRM préopératoire

Rémission postopératoire n = (%)

Shimon et al., Salenave et al., 2004 Jehle et al., 2008 Hofmann et al., 2008 Total
2002 [9] [8] [32] [10]
IRM normale ou douteuse 8/10 (80 %) 22/28 (78 %) 77/98 (79 %) 86/133 (65 %) 194/269 (72 %)

Image d’adénome 56/72 (78 %) 23/26 (88 %) 78/95 (82 %) 99/137 (72 %) 257/330 (78 %)

IRM : imagerie par résonnance magnétique.


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Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
Pathologie des surrénales

Mise au point
associés secondairement à des bêta-bloquants, ainsi que des
anticortisoliques et de la spironolactone.
Carcinomes endocrines indifférenciés à haut taux de
prolifération
Pour les tumeurs endocrines peu différenciées et de haut grade
comme le cancer à petites cellules du poumon, le traitement
repose sur la chimiothérapie [5]. Pendant la phase initiale de
rémission, l’hypercorticisme peut disparaître, pour réapparaître
lors de la récidive, qui est inéluctable. Le traitement pharma-
cologique de ces hypercorticismes est difficile, il peut faire
appel à la métopirone, kétoconazole et spironolactone pour
contrôler l’hypokaliémie sévère, voire au mitotane (op’ddd) si
l’espérance de vie semble supérieure à 3 mois. Il est possible,
mais non démontré, qu’un traitement efficace de l’hypercorti-
solisme puisse réduire la surmortalité de ces patients, qui est
liée en partie à un sur-risque d’infections opportunistes pro-
bablement favorisé par l’hypercortisolisme massif.

Cushing ectopique occulte


La stratégie thérapeutique repose sur le contrôle de la produc-
Figure 8 tion surrénalienne de cortisol. L’approche pharmacologique
Traitement des syndromes de Cushing paranéoplasiques utilise des inhibiteurs de la stéroïdogénèse, ou op’ddd possé-
dant à la fois des effets inhibiteurs et cytotoxiques. L’approche
chirurgicale utilise la surrénalectomie bilatérale, qui a l’avan-
tage de son efficacité et l’inconvénient d’imposer une insuffi-
sance surrénale totale et définitive. Ces traitements surréna-
liens doivent être couplés à un suivi de l’imagerie, pour sur-
veiller l’apparition éventuelle de la tumeur responsable de la
adénomes hypophysaires sont des tumeurs bénignes mais non sécrétion ectopique d’ACTH, qui est le plus souvent bronchique.
encapsulées, dont les limites avec le tissu normal sont difficiles
à apprécier macroscopiquement. Les récidives sont probable- Cushing surrénaliens
ment liées à des prolongements de l’adénome ayant échappé à Adénome cortisolique
l’exérèse, même si celle-ci est large. Le traitement est la surrénalectomie unilatérale, sous coelios-
copie (figure 9). Du fait de l’hypercortisolisme et du freinage de
l’ACTH, la surrénale controlatérale est atrophique et il faut
Cushing ectopique avec tumeur identifiée
prévoir dès l’exérèse un traitement substitutif par hydrocorti-
sone de cette insuffisance corticotrope (avec déficit en cortisol
Tumeurs endocrines bien différenciées à faible taux de
mais pas en aldostérone) qui peut perdurer pendant des mois,
prolifération
voire plus d’un an. Le patient doit recevoir une éducation à
Le traitement du syndrome de Cushing ectopique repose
l’insuffisance surrénalienne.
d’abord sur celui de la tumeur responsable (figure 8). Pour
les tumeurs endocrines différenciées et de bas grade, il s’agit Cancer corticosurrénalien
de la chirurgie d’exérèse de la tumeur. Les tumeurs carcinoïdes Il est essentiel que le traitement chirurgical, qui est le seul
bronchiques peuvent nécessiter des lobectomies pulmonaires traitement curatif de ce cancer de très mauvais pronostic (voir
ou des gestes de résection plus limités. Un curage ganglionnaire article de R. Libé dans ce dossier), soit réalisé par un chirurgien
est souvent nécessaire [35]. Les tumeurs endocrines pancréa- expert. L’exérèse chirurgicale, effectuée par laparotomie, doit
tiques nécessitent une pancréatectomie partielle adaptée à la permettre une exérèse « en monobloc » de la lésion, sans
localisation de la tumeur. Les éventuelles métastases hépati- aucune rupture capsulaire de celle-ci, ce qui impose souvent
ques peuvent bénéficier d’un traitement locorégional : radio- une néphrectomie homolatérale et des résections partielles des
fréquence, cryothérapie, chimio-embolisation. Le traitement autres organes de voisinage (figure 9). L’exérèse totale
chirurgical par surrénalectomie des phéochromocytomes secré- s’accompagne également d’une insuffisance corticotrope
tant de l’ACTH peut nécessiter de contrôler au préalable l’HTA et nécessitant un traitement substitutif par hydrocortisone. Un
l’hypokaliémie en combinant à la fois des alpha-bloquants, traitement postopératoire adjuvant par mitotane doit être est
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tome 43 > n84 > avril 2014


O Chabre

et ramène le patient à un temps où malgré des surrénales


hyperplasiques il n’était pas encore en hypercorticisme.
Surrénalectomie bilatérale
Elle est bien sûr toujours efficace mais condamne le patient à
une insuffisance surrénale glucocorticoïde et minéralocorti-
coïde totale et définitive. L’avis personnel de l’auteur est
que ce traitement devrait être réservé aux éventuels échecs
de la surrénalectomie unilatérale (jusqu’ici non rapportés dans
la littérature), ou aux éventuelles récidives d’hypercortisolisme
à distance d’une surrénalectomie unilatérale.

Traitements en deuxième intention


Nous abordons ici les traitements proposés lorsque le traite-
ment en première intention n’est pas possible, ou qu’il n’est
pas suffisamment efficace, ou encore en cas de récidive après
rémission initiale.
Figure 9
Traitement des syndromes de Cushing surrénaliens Maladie de Cushing
Les situations où le traitement chirurgical par voie transsphé-
noïdale n’est pas possible ou insuffisant ont déjà été exposées
ci-dessus : patient inopérable ; adénome corticotrope dont
l’exérèse complète n’est pas ou n’a pas été possible
proposé à la majorité des patients, qui resteront donc insuffi- (il s’agit le plus souvent de macroadénome envahissant le
sants surrénaliens. sinus caverneux) ; microadénome non retrouvé lors du geste
opératoire et patient non guéri ; récidive de l’hypercorticisme
Hyperplasie surrénalienne macronodulaire après une période de rémission post-chirurgicale (taux de
bilatérale récidive d’environ 20 % à 5 ans, [34]).
Les moyens thérapeutiques sont alors les suivants (figure 10) :
Traitement pharmacologique  ré-intervention chirurgicale transsphénoïdale : en cas d’échec
La découverte de l’expression anormale et fréquente de récep- primaire, une deuxième chirurgie n’a d’intérêt que si la cause
teurs, dont les récepteurs béta-adrénergiques ou à la LH, a de l’échec est identifiée. En cas de récidive à distance d’une
permis de développer des traitements pharmacologiques rémission initiale, le taux de rémission apporté par une ré-
de l’hypercortisolisme en bloquant ces récepteurs (bêta- intervention chirurgicale peut atteindre 60 % [39] ;
bloquants) [36] ou en inhibant la sécrétion de leur ligand  traitement pharmacologique : les médicaments utilisables
(agonistes LH–RH) [24]. Cette approche très séduisante n’a peuvent être classés selon leur cible. Les seuls bénéficiant
cependant été rapportée que dans un très petit nombre de cas, d’une AMM pour le traitement des syndromes de Cushing sont
et avec parfois des efficacités ou tolérance imparfaite qui ont le mitotane, la métopirone et le pasiréotide et ce dernier est
nécessité par la suite une surrénalectomie unilatérale. le seul à avoir l’AMM pour la maladie de Cushing. L’utilisation
Surrénalectomie unilatérale des autres médicaments s’appuie sur le PNDS Cushing [1].
Ce traitement est attractif dans la mesure où plusieurs études Traitement pharmacologique
de petite taille ont documenté son efficacité y compris dans les Cible hypophysaire
hypercortisolismes francs, avec même insuffisance surrénale Le pasiréotide est un nouvel agoniste de plusieurs sous-type de
corticotrope, uniquement glucocorticoïde, malgré la surrénale récepteurs de la somatostatine, en particulier du sous-type 5,
hyperplasique controlatérale toujours en place [37,38]. Il peut présents sur une partie des adénomes corticotropes. L’activa-
sembler étonnant que l’on arrive à contrôler un hypercortiso- tion de ces récepteurs inhibe la sécrétion d’ACTH par
lisme parfois franc en laissant en place une surrénale hyper- l’adénome, malheureusement les récepteurs à la somatosta-
plasique, mais il faut se rappeler que le taux de sécrétion du tine sont également présents sur les cellules endocrines diges-
tissu HSMB est faible [22] et réaliser que cette surrénalectomie tives et les cellules béta des ilots de Langerhans, où leur
unilatérale équivaut à faire remonter le temps au patient, pour activation inhibe la sécrétion des incrétines et de l’insuline.
une durée équivalente à un doublement tumoral. Du fait de Dans une vaste étude multicentrique qui a permis l’obtention
l’évolutivité faible des HSMB, cette durée est sans doute longue de l’AMM, le pasiréotide, en deux injections sous cutanées par
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tome 43 > n84 > avril 2014


Syndromes de Cushing : physiopathologie, étiologie et principes thérapeutiques
Pathologie des surrénales

Mise au point
Figure 10
Traitements en deuxième intention de la maladie de Cushing

jour, a permis la normalisation du cortisol libre urinaire chez inhibiteur de la stéroïdogénèse utilisable pour le contrôle des
26 % des patients traité par 900 mg 2  par jour, avec des effets hypercortisolismes sévères, à une posologie moindre que son
indésirables digestifs mais également hyperglycémiques : un action anesthésique, qui implique une utilisation dans un
traitement antidiabétique a dû être introduit chez 41 % des service de soins continus [44].
patients initialement non diabétiques et renforcé chez 64 % des Action périphérique
patients diabétiques [40]. Une forme à libération prolongée, La mifépristone est un antagoniste du récepteur de la proges-
mensuelle, est en cours d’essai clinique. térone (RU 486) utilisé essentiellement pour son action anti-
La cabergoline est un agoniste dopaminergique très efficace gestationnelle, mais il s’agit également d’un antagoniste du
dans traitement des hyperprolactinémies. Dans la maladie de récepteur glucocorticoïde. Son utilisation dans le traitement du
Cushing, il a permis la normalisation du CLU chez 40 % des syndrome de Cushing rapporte une efficacité rapide chez 73 à
patients d’une petite série, avec des doses souvent élevées, de 80 % des patients, avec des effets indésirables d’hypokaliémie,
1 à 7 mg/semaine [41]. d’hypertension artérielle et d’hyperplasie endométriale liés à
son mécanisme d’action [45]. Il s’agit d’un médicament de
Cible surrénalienne maniement difficile, car les mesures de cortisol ne sont pas
Trois inhibiteurs de la stéroïdogénèse sont utilisables. La méto- utilisables.
pirone à des doses allant de 500 à 6 000 mg/j peut normaliser
Radiothérapie hypophysaire
le CLU chez 75 % des patients. Le kétoconazole, médicament
Par des techniques conventionnelles, la radiothérapie hypo-
antifungique qui inhibe plusieurs enzymes de la stéroï-
physaire (50 Gy) a montré un taux de rémission de 55 % à 2 ans
dogénèse, a montré dans de petites séries une normalisation
et 83 % à 5 ans [46] et de 75 % à 2 ans et demi [47]. Par la
du CLU dans 50 % des cas [42]. En France, la prescription de ce
technique plus ciblée du gamma knife, le taux de rémission
médicament nécessite de passer par une autorisation tempo-
était de 42 % à 2 ans [48].
raire d’utilisation. Le mitotane, qui a un effet non seulement
inhibiteur de la steroïdogénèse mais également cytotoxique Surrénalectomie bilatérale
pour les cellules surrénaliennes, a permis de contrôler 72 % des Elle a le grand intérêt d’une efficacité proche de 100 %, les rares
patients d’une grande série [43]. L’étomidate est également un échecs étant liés à des patients qui ont des foyers corticosurré-
389

tome 43 > n84 > avril 2014


O Chabre

naliens accessoires. Elle est maintenant réalisée par coeliosco- nie et des douleurs articulaires ou musculaires, voire l’appari-
pie, ce qui en limite la morbidité. Elle a évidemment comme tion d’une véritable polyarthrite rhumatoïde [50] ou d’une
conséquence une insuffisance surrénale définitive, glucocorti- fibromyalgie [51] qui peuvent rendre la guérison pénible. La
coïde et minéralocorticoïde. Enfin, elle expose au risque régression de la plupart des signes du syndrome de Cushing est
d’environ 30 % de progression de l’adénome hypophysaire évidente en quelques mois, notamment la surcharge pon-
cortico-trope « syndrome de Nelson » [49], qui peut alors dérale, la répartition des graisses, la trophicité cutanée, la
nécessiter un traitement chirurgical ou radiothérapique. densité osseuse avec des effets souvent spectaculaires sur
Indications l’apparence physique des patients. Cependant, il est mainte-
nant établi qu’il n’y a pas de retour parfait à la normale, en
Il n’y a actuellement pas de consensus sur les indications des
termes de morbidité cardiovasculaire [52], de qualité de vie [6],
traitements en deuxième intention. Il faut cependant noter que
de masse musculaire [53], de lithiase urinaire [54], de reten-
dans une situation particulière, le syndrome de Cushing très
tissement neuro-psychique sur les fonctions cognitives [55,56].
sévère à haut risque chirurgical, la mise en route d’une tri-
thérapie kétoconazole–métopirone–mitotane a montré dans
une petite étude une efficacité remarquable (100 %) dans un Conclusion
délai très court (48 h) [33]. Enfin, chez une patiente désirant Les syndromes de Cushing endogènes sont des pathologies
une grossesse à court ou moyen terme, la seule alternative est rares mais qui doivent absolument être connues par les méde-
la surrénalectomie bilatérale, qui devra parfois être complétée cins non spécialisés dans ce domaine, car ce sont eux qui
ultérieurement d’une radiothérapie hypophysaire. Dans les devront soupçonner le diagnostic. Le diagnostic positif, puis
autres situations, la stratégie thérapeutique doit être choisie étiologique et le traitement nécessitent tous la collaboration
en concertation pluridisciplinaire et avec le patient, en pesant avec des équipes multidisciplinaires spécialisées. Le diagnostic
l’efficacité et les effets indésirables de tous les moyens dis- étiologique peut nécessiter des outils complexes comme le
ponibles. CBSPI, qui doivent être réservés à des équipes neuroradiolo-
giques expertes. La chirurgie occupe une place centrale dans le
Corticosurrénalome
traitement de toutes les étiologies sauf pour les syndromes de
Les récidives métastatiques s’accompagnent souvent d’une Cushing liés à ces cancers indifférenciés comme le CPCP. Ces
récidive de l’hypercortisolisme malgré le traitement adjuvant chirurgies doivent être confiées à des équipes de référence, en
par mitotane. Il est alors parfois possible de rajouter d’autres particulier, la chirurgie transsphénoïdale des maladies de Cush-
inhibiteurs de la stéroïdogénèse, comme le kétoconazole, mais ing (y compris à IRM hypophysaire normale ou douteuse), et la
le pronostic, lié à la progression tumorale, est alors rapidement chirurgie surrénalienne élargie des corticosurrénalomes. Même
très sombre. si les effets du traitement sont spectaculaires, les séquelles
existent, et tout délai thérapeutique peut représenter une perte
Résultats à moyen et long terme du de chance pour les patients.
traitement des syndromes de Cushing
Lorsque la rémission de l’hypercorticisme est obtenue, le Déclaration d’intérêts : Olivier Chabre a reçu des honoraires pour des
conférences, et/ou une prise en charge des frais d’inscription, logement et
patient va souvent avoir pendant quelques mois à un an, et transport à des congrès, par les laboratoires Novartis, Ipsen, NovoNordisk,
malgré la substitution de l’insuffisance corticotrope, une asthé- Lilly.

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