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INTRODUCTION

Définition

L’urgence pédiatrique est définie comme un état de santé nécessitant un traitement


immédiat chez un enfant de moins de 15 ans.

Elle est une situation particulière impliquant une procédure accélérée. La notion
d’urgence se confond avec l’idée d’un danger pour la vie, danger immédiat ou seulement
proche.

Intérêts et généralités

Les urgences sont très fréquentes dans nos régions à cause du recours tardif des
parents aux soins. Il s’agit d’une situation dramatique qui conduit rapidement à la mort ou
à des séquelles définitives. Elle pose au médecin les problèmes les plus irritants en
raison de l’affolement des parents et de l’insuffisance des moyens diagnostiques et
thérapeutiques.

Le moment de l’urgence est celui de l’approche rapide du diagnostic, de l’évaluation de


la gravité et de l’exécution des gestes de sauvetage qui doivent être simples, bien
codifiés et parfaitement connus du personnel de santé.

I. PLACE DES URGENCES AU SEIN DES PATHOLOGIES PEDIATRIQUES

1.1 Fréquence

Les urgences représentent 60% des admissions dans un service de Pédiatrie en Afrique
Noire, soit 6 enfants sur 10. Cette fréquence élevée témoigne du recours tardif des
parents à faire consulter ou hospitaliser leurs enfants malades. Ce recours tardif aux
soins de santé est sous tendu par plusieurs facteurs comme le vécu socioculturel de la
maladie comme une fatalité, l’ignorance des premiers symptômes de la maladie, le coût
élevé des soins de santé, l’état de pauvreté des populations, l’automédication.

1.2 Influence d’âge

La tranche d’âge la plus exposée aux urgences est celle du nourrisson, soit 1 à 30 mois,
à cause du déficit immunitaire physiologique du nourrisson.
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1.3 Influence du niveau socio-économique

Les urgences s’observent fréquemment chez les enfants dont les parents ont un niveau
socio-économique bas.

II. CAUSES DES URGENCES PEDIATRIQUES

2.1 Types d’urgences

On peut distinguer les urgences selon les symptômes. Ce sont :

 L’arrêt respiratoire  L’œdème pulmonaire


 L’asphyxie  L’arrêt cardiaque
 La détresse respiratoire  Le collapsus
 L’hémoptysie  Les convulsions
 L’hématémèse  Le coma

Une autre classification se base plutôt sur les urgences selon la maladie en cause ou
selon l’appareil atteint. On distingue ainsi les détresses hématologiques, neurologiques,
respiratoires, métaboliques, toxiques, infectieuses, ORL, cardiovasculaires,
chirurgicales…

2.2 Principales causes

 Au sein des détresses hématologiques, les principales causes sont :


 L’anémie sévère, mal tolérée ou décompensée
 La drépanocytose

 Au sein des détresses neurologiques, les principales causes sont :


 Le neuropaludisme
 La Méningite bactérienne
 La convulsion
 Le coma

 Au sein des détresses ORL et respiratoires, les principales causes sont :


 Les laryngites
 Les corps étrangers
 Les bronchopneumonies
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 Les staphylococcies pleuro-pulmonaires


 La bronchiolite
 La crise d’asthme

 Au sein des détresses métaboliques et toxiques, les principales causes sont :


 La déshydratation par diarrhée et/ou vomissement
 Les hypoglycémies
 Les intoxications
 Choc anaphylactique

 Au sein des détresses infectieuses, les principales causes sont :


 Le choc septique
 Le paludisme grave

 Les principales urgences chirurgicales pédiatriques (prise en charge en chirurgie


pédiatrique) :
 L’invagination intestinale aigue
 Les occlusions
 Les appendicites
 Les péritonites
 Les ostéites, ostéo-arthrite et ostéomyélites

III. PRISE EN CHARGE GLOBALE

Elle fait intervenir l’infrastructure, l’équipe soignante, le matériel et les médicaments.

3.1 Infrastructure

Elle comporte :

 L’unité de réception des urgences


 Les salles de soins et de surveillance continus
 Les unités de réanimation infantile
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3.2 L’équipe de soin

L’équipe soignante est composée des médecins, des infirmiers et des agents hospitaliers
entrainés aux gestes de mise en condition : désobstruction des voies aériennes,
oxygénation, ventilation assistée, massage cardiaque externe, prise de voie veineuse.

3.3 Matériel et médicaments d’urgence

Il comporte :

 La trousse d’urgence
 Le matériel d’aspiration, d’oxygénation, de perfusion, d’intubation et de ventilation
 Les médicaments de la trousse d’urgence

IV. PREVENTION

Le traitement des urgences est onéreux en ressources financières et humaines. Pour les
pays en développement, démunis souvent en moyens financiers et humains, la
prévention constitue la priorité. Elle passe par :

 L’information et l’éducation des parents sur la notion d’urgence et de gravité afin


d’éviter le recours tardif aux unités de soins ;
 La subvention des soins par les autorités
 La formation des prestataires des centres de santé périphériques sur la
reconnaissance et les premières mesures de prise en charge des urgences avant
la référence vers des structures appropriées.
 La limitation de l’automédication
 La pratique de la vaccination
 La prévention de principales causes de morbidité et de mortalité dans l’enfance :
infections respiratoires, maladies diarrhéiques, paludisme, malnutrition

V. TRAITEMENT DE PRINCIPALES URGENCES PEDIATRIQUES

La combinaison d’une prise en charge spécifique à une prise en charge globale est
nécessaire pour le traitement des urgences pédiatriques. Pour chaque urgence
pédiatrique, nous suivrons le plan : diagnostic, bilan paraclinique, traitement.
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5.1 URGENCES NEUROLOGIQUES

5.1.1 MENINGITE BACTERIENNE

 Diagnostic : Il est confirmé par l’analyse du LCR : aspect trouble ou clair avec
une hypercellulorachie, une hyperprotéinorachie, une hypoglycorachie et
l’isolement du germe.

 Prélèvement pour l’ECB + biochimie du LCR, culture et antibiogramme, NFS,


CRP, hémoculture, glycémie, ionogramme sanguin.

 Traitement

− Antibiothérapie :
o Ceftriaxone 100 mg/kg/j IVD en 1-2 prises ou céfotaxime 200 mg/kg/j
en 3-4 prises pendant 10 jours associé à un aminoside (gentamycine
5 mg/kg/j en 1 prise) pendant 5 jours
o Adapter par la suite l’antibiotique et sa durée selon le germe identifié
ou l’antibiogramme si disponible ou selon la clinique.

− Traitement symptomatique
o Restriction hydrique à 80 ml/kg/j
o Anticonvulsivant si convulsion (cfr convulsions)
o Antipyrétique si fièvre : paracétamol 15mg/kg/dose, à répéter 4x si
persistance de fièvre
o Corticothérapie: dexaméthasone 0,15mg/kg/dose 4x par jour
pendant 2 à 4 jours ; la 1ère dose est à administrer avant ou avec la
1ère dose d’antibiotique.

5.1.2 CONVULSIONS
 Diagnostic : il repose sur des mouvements toniques, cloniques ou tonico-
cloniques. On peut avoir des équivalents convulsifs comme la révulsion oculaire
ou le mâchonnement.

 Bilan :
− NFS, CRP, GE, glycémie, ionogramme sanguin
− Examen cytobactériologique + biochimie du LCR ; culture et antibiogramme
− EEG, scanner si nécessaire
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 Traitement
− Position latérale de sécurité
− Libération des voies aériennes supérieures
− Oxygénothérapie
− Diazépam 0,5 mg/kg en intra-rectal (maximum 10mg par prise). Si
persistance des convulsions, répéter après 5 minutes, en IV si possible, à
la dose de 0,25 mg/kg. Si persistance des convulsions après 10 minutes,
faire une troisième dose IV 0,25 mg/kg. Si persistance des convulsions,
donner phénobarbital 20 mg/kg si nourrisson de moins de 3 mois ou 15
mg/kg si nourrisson de plus de 3 mois une fois en 24h
− Traitement étiologique

5.1.3 COMA

 Diagnostic : il est évoqué devant une altération de la conscience. Sa profondeur


est évaluée soit par le score de Glasgow (chez les enfants pouvant s’exprimer),
soit par le score de Blantyre (chez les enfants incapables de s’exprimer)

 Bilan paraclinique :
 Bilan minimum : PL, GE, glycémie, ionogramme sanguin, NFS, CRP
 Autres bilans en fonction de l’étiologie suspectée

 Traitement
 Position latérale de sécurité
 Libération des voies aériennes supérieures par aspiration douce,
oxygénation, ventilation
 Restriction hydrique à 50 ml/kg
 Prévention de l’hypoglycémie (voir hypoglycémie)
 Nursing
 Traitement étiologique
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5.2 URGENCES ORL

5.2.1 Laryngites aigues

 Diagnostic : elle est évoquée devant une toux aboyante, une dyspnée inspiratoire
avec tirage sus-sternal, cornage et voix rauque. On distingue :

 Laryngite aigue spasmodique : début brutal, tableau bruyant mais pas de


signes de gravité
 Laryngite aigue sous glottique modérée à sévère, où il y a un risque
d’obstruction totale des voies aériennes, nécessitant une hospitalisation et
un bilan.

En cas de suspicion d’étiologie bactérienne (hyperthermie, altération sévère de l’état


général), évoquer une épiglottite ou une laryngite bactérienne.

 Prélèvement : NFS, CRP (si suspicion d’étiologie bactérienne)


 Traitement
− Déranger l’enfant le moins possible. Eviter le décubitus dorsal et l’examen de
la gorge avec l’abaisse-langue
− Aérosol de dexaméthasone ou budésonide (pulmicort) : 1 ampoule par
aérosol
− Si pas d’amélioration : aérosol d’adrénaline 0,1 ml/kg (solution à 1/ 1000, càd
une ampoule non diluée) (attention effet rebond possible après 2h, à
surveiller en hospitalisation)
− Si toujours pas d’amélioration : prednisolone 0,5mg/kg/dose 3x/j ou
dexaméthasone 0,6 mg/kg dose unique, per os ou IV.
− L’oxygénothérapie est à éviter si l’enfant est trop agité, risque de précipiter
l’obstruction des voies aériennes. Indication au cas par cas.
− Si sévérité+++ : envisager adrénaline IM 0,01 ml/kg (max 0,5 ml) et
trachéotomie éventuellement si syndrome asphyxique
− Si suspicion de laryngite bactérienne (hyperthermie, altération sévère de
l’état général) : antibiothérapie.
− Si suspicion d’épiglottite (début brutal, hyperthermie, état général très altéré,
garde une position assise penchée en avant) : Ne pas regarder dans la
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gorge ! Admission en unité des soins intensifs. Présence du réanimateur


et/ou de spécialiste en ORL pour intubation voire trachéotomie.
Antibiothérapie : ceftriaxone 100 mg/kg/j + gentamycine 5 mg/kg/j en une
prise par jour. Bilan à faire en plus, quand enfant stable : Hémoculture, Rx
thorax, PL selon clinique.

5.2.2 INHALATION DES CORPS ETRANGERS

 Diagnostic : il s’agit du syndrome de pénétration : à l'occasion d'un repas ou lors


d'un jeu, l'enfant présente un accès de suffocation aiguë, brutal et spasmodique,
accompagné de quintes de toux expulsives et improductives. L'enfant est
cyanosé. Il présente des signes de gêne respiratoire (polypnée sifflante, tirage,
cornage). La durée de cet accident varie de quelques secondes à plusieurs
heures.

 Bilan : en phase aigue et devant une symptomatologie caractéristique, le bilan


vient en second plan (radiographie du thorax en inspiration et expiration forcée).
La démarche urgente est d’extraire d’abord le corps étranger et ainsi libérer les
voies aériennes.

 Traitement :

 Extrême urgence à domicile : manœuvre d’Heimlich ou de Moffenson (à


faire par une personne expérimentée)
 Si le corps étranger est pharyngé, l'extraction à la pince de Magill est
réalisable. Si le corps étranger est glottique, et en l'absence du matériel
endoscopique nécessaire, le corps étranger peut être repoussé en sous-
glotto-trachéal en intubant le malade avec le bronchoscope ou avec une
sonde pendant que l'anesthésiste cherche la voie veineuse et surveille le
rythme cardiaque.
 L'indication de la trachéotomie doit rester exceptionnelle puisqu'elle
s'adresse surtout aux corps étrangers glotto-sous-glottiques impactés,
corps étrangers dont on peut pratiquer l'extraction au laryngoscope dans la
majorité des cas.
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5.3 URGENCES RESPIRATOIRES

5.3.1 BRONCHOPNEUMONIES

 Diagnostic : il est évoqué devant une fièvre, toux, signes de détresse


respiratoire, douleur abdominale projetée avec une auscultation pulmonaire
pathologique (râles crépitants, sous-crépitants, souffle tubaire).

 Bilan : Rx thorax, NFS, CRP +/- hémoculture si état septique.

 Traitement
− Position proclive et libération des voies aériennes
− Oxygénation si saturation en oxygène ≤ 90%
− Antalgique/antipyrétique : Paracétamol
− Couverture de besoins hydriques : solution mixte 80-100ml/kg/j
− Antibiothérapie empirique en IV:
 Ampicilline 100 mg/kg par jour en 3 prises, ou
 Céfotaxime 150mg/kg/j en 3 doses si infection sévère ou
résistance à la pénicilline, ou
 Ceftriaxone 75-100 mg/kg/j en 1-2 prises si infection sévère ou
résistance à la pénicilline.
 Adapter l’antibiotique aux résultats paracliniques et à l’évolution
clinique
N.B : l’enfant peut être traité en ambulatoire par amoxicilline per os à la dose de
80mg/kg/j en 3 prises, en dehors des indications suivantes d’hospitalisation:
 Enfant < 6 mois
 Hypoxémie avec SpO2 < 90%
 Déshydratation, incapacité de boire ou s’alimenter
 Signes de détresse respiratoire
 Pathologies sous jacentes
 Echec de traitement en ambulatoire bien conduit pendant 48-72 heures
 Bilans paracliniques fort pathologiques
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5.3.2 STAPHYLOCOCCIES PLEURO-PULMONAIRES

 Diagnostic : il est évoqué devant l’association des signes suivants :


syndrome infectieux sévère, signes de pneumonie ou d’épanchement
pleural, troubles digestifs (diarrhées, ballonnement abdominal) et lésions
staphylococciques cutanées.

 Bilan : Rx du thorax (à répéter plusieurs fois), analyse du liquide de


ponction pleurale, NFS, CRP, hémocultures

 Traitement
− Antibiothérapie :
o Cloxacilline 100-200 mg/kg/j en 3 prises si staphylocoque
aureus méti sensible, associée à la gentamycine 7,5mg/kg/j en
une prise, ou
o Ceftriaxone 100 mg/kg/j en 2 prises ou céfotaxime 200 mg/kg/j
en 3 prises associée à la clindamycine 30 mg/kg /j en 3 prises
− Traitement per os dès amélioration clinique
− Durée totale de traitement : 21 jours
− Drainage d’une pleurésie purulente ou d’un pneumothorax

5.3.3 CRISE D’ASTHME

 Diagnostic : évoquée devant une toux, une dyspnée à type de bradypnée


expiratoire avec wheezing et sibilances à l’auscultation; possible fébricule. Le
score de Wood permet d’apprécier la sévérité de la crise : on parle de crise sévère
si le score est > 4

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Wheezing aucun modéré marqué

Tirage aucun modéré sévère

Entrée d’air normale diminuée très diminuée

Cyanose (ou PaO2<70) absente à l’air ambiant sous FiO2 40%

Conscience normale altérée ou agitation coma


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 Bilan : Rx thorax (pour exclure les autres diagnostics différentiels et après


jugulé la détresse respiratoire), DEP

 Traitement

Devant la crise, administrer du salbutamol spray une 1 bouffée / 2kg sans dépasser 10
bouffées. Si absence d’amélioration,

− Hospitaliser
− Position proclive
− Aérosol de salbutamol : 0,03 ml/kg ou 2,5mg si poids < 16kg ; 5mg si poids ≥ 16
kg. On répétera la même dose toutes les 20 min pendant la 1 ère heure puis toutes
les 4h
− Corticoïde à action rapide : prednisolone (solupred) comprimés 1-2 mg/kg per os
− Si échec au salbutamol, faire une injection sous-cutanée d’adrénaline 0,01ml/kg
d’une solution à 1/1000 (maximum 0,3ml)
− Associer oxygénothérapie, hydratation suffisante et kinésithérapie au décours
− Surveiller : T°, FR, FC, coloration, saturation en oxygène, signes respiratoires.

5.3.4 BRONCHIOLITE (1er épisode)

 Diagnostic : il s’agit d’une dyspnée au décours d’une rhinopharyngite,


associant une toux, un frein expiratoire, une distension thoracique, des
signes de lutte respiratoires et des anomalies auscultatoires (crépitants,
sous-crépitants, sibilants, silence) chez un nourrisson de moins de 2 ans.

 Prélèvements :
 INUTILES en dehors des signes de surinfection.
 Si signes de surinfection : Rx pulmonaire, NFS, CRP

 Traitement
− Position proclive 30°
− Bonne hydratation
− Fractionner les repas
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− Lavage du nez au sérum physiologique au besoin à la demande (minimum


4 lavages), surtout avant les repas
− Oxygénothérapie si Sa O2 ≤ 90 %
− Kiné respiratoire si les râles crépitants sont importants en dehors de la
phase de sibilances
− L’aérosol de salbutamol, les antitussifs, les mucolytiques, les antiviraux sont
inutiles
− Les antibiotiques sont indiqués si :
 Fièvre ≥ 38,5 °C pendant plus de 48h
 Otite moyenne aigue ou conjonctivite associée
 Pneumonie ou cardiopathies sous-jacentes
 Foyer pulmonaire radiologiquement documenté

5.4 URGENCES ABDOMINALES

5.4.1 ABDOMEN AIGU CHIRURGICAL

 Diagnostic : il sera chaque fois évoqué devant une douleur abdominale aigüe ou
un arrêt de transit de plus de 48 heures avec ou sans ballonnement abdominal et
ne pouvant être mis de manière univoque au compte d’une cause médicale bien
déterminée.

 Bilans et prise en charge:


 AVIS CHRIRURGICAL dès l’admission
 NFS, CRP, ECBU, selles à frais, ASP, échographie abdominale,
ionogramme, GE
 Pas d’antalgique avant la mise au point diagnostic
 Traitement en fonction de l’étiologie
 Laisser le patient à jeun
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5.4.2 DESHYDRATATION PAR DIARRHEE ET/OU VOMISSEMENT

 Diagnostic

 Déshydratation grave : >2 signes parmi : léthargie ou inconscience, langue


très sèche, yeux très enfoncés, pli cutané persistant >2 sec, incapacité de
boire ou boit peu, perte de poids >10%
 Déshydratation modérée : >2 signes parmi : agitation/irritabilité, yeux
enfoncés, boit avidement, soif, pli cutané persistant < 2sec

 Bilan
 Glycémie et ionogramme sanguin en cas de déshydratation sévère
 Autres bilans en fonction de l’étiologie suspectée (selles à frais,
coproculture)

 Traitement

A. Déshydratation grave :

 Donner d’abord 30 ml/kg de Ringer Lactate en 1 heure puis ensuite 70 ml/kg en


5 heures.

 Dès que possible, SRO (5 ml/kg/h) per os en plus.

 Encourager la mère à continuer à l’allaiter ou le faire boire fréquemment.

 Lorsque la déshydratation grave est corrigée, administrer du zinc (comprimé de


20mg) : < 6 mois : 1/2 comprimé/j pendant 10 j ; > 6mois : 1 comprimé/j pendant
10 j.

B. Déshydratation modérée

Administrer 75 ml/kg de SRO pendant 4 heures. Si vomissement ou refus, perfusion de


75 ml/kg de solution mixte en 4 heures. Encourager la mère à continuer à allaiter ou à
faire boire fréquemment. Prescrire du Zinc comme ci-haut. L’enfant doit être réévalué
l’enfant chaque heure
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5.5 URGENCES METABOLIQUES ET TOXIQUES

5.5.1 HYPOGLYCEMIES

 Diagnostic : évoquée devant :


 Les incidents mineurs (pâleur, asthénie, anxiété, frissonnement avec
souvent crampe épigastrique, céphalées dans un contexte non fébrile,
faim impérieuse) ou
 Les accidents majeurs (convulsion, troubles visuels, sueurs froides,
irritabilité ou autre trouble de la conscience pouvant aller au coma).

Elle est confirmée par une glycémie < 0,40 g/l.

 Prélèvement pour glycémie

 Traitement
− Administration du sucre en cas d’incidents mineurs
− En cas d’accidents majeurs : injection de 1ml/kg de SG30% en IVD ou 3 ml/kg
de SG10% en IVD. A répéter 30 min plus tard si persistance des signes
− Traitement de la cause
− Surveillance toutes les 4h et correction à nouveau si persistance de
l’hypoglycémie

5.5.2 INTOXICATIONS

 Diagnostic : il n’existe pas de signes pathognomoniques d’intoxication. Le


diagnostic sera évoqué devant :
 Un tableau neurologique aigu chez un enfant non fébrile, sans antécédent
et bien portant jusque-là, par exemple la convulsions, le malaise avec ou
sans perte de connaissance, coma ;
 Une symptomatologie collective (due par exemple à une intoxication par le
monoxyde de carbone) ;
 Des présentations répétées aux urgences pour des symptômes sans
étiologie évidente ;
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 Devant une symptomatologie survenue dans des circonstances


particulières chez un enfant traité par une substance et présentant une
symptomatologie inhabituelle : exemple de la survenue de symptômes chez
un enfant jeune jouant dans un jardin (baies, plantes), d’un syndrome
opioïde chez un enfant dont les parents sont toxicomanes (ingestion de
méthadone, buprénorphine), d’une perte de connaissance chez un enfant
gardé par ses grands-parents dans une maison chauffée par une chaudière
(CO) ;
 Un décès subit inexpliqué

 Paraclinique : il sera fonction de l’étiologie suspectée

 Prise en charge : obéit à 5 règles d’or :


 Considérer toute intoxication potentielle comme étant réelle
 La dose ingérée doit être considérée comme maximale
 La durée écoulée entre le moment de la prise du toxique et le premier
geste efficace doit être la plus courte possible
 Il faut toujours faire un lavage gastrique sauf contre-indication
 Toute intoxication doit conduire à une hospitalisation

5.5.3 ACIDO-CETOSE DIABETIQUE

 Diagnostic
 Evoqué devant des signes de déshydratation avec polyurie, polydipsie,
perte de poids, douleurs abdominales, fatigue, vomissements, troubles de
la conscience, l’haleine fruitée, une polypnée pouvant aller jusqu’à la
respiration de Kussmaul.
 Confirmée par
o Hyperglycémie > 2,5 g/l (> 14 mmol/l)
o Glycosurie, cétonurie
o Acidose métabolique : pH <7,30 et bicarbonates sanguins < 15 mEq/l

 Prélèvements
− Glycémie > 2,5 g/l
− Glycosurie positive, cétonurie positive
− Ionogramme, urée, créatinine pour le retentissement
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 Traitement

o Insulinothérapie
 Idéalement sous pousse seringue aux soins intensifs
 Préparation 50 UI (0.5ml) d’insuline dans 49.5 ml de NaCl 0.9
pourcents (avoir une solution de 1UI/ml)
 0.1 UI/kg/h d’insuline ordinaire ou 0.05 UI/kg chez les enfants < 5 ans

o Réhydratation
 SS9‰ à 20 cc/kg sur 2 heures
 Dosage de la glycémie et cétonurie chaque heure :
 Si glycémie entre 250-300 mg/dl, ajouter le SG5% dans la
perfusion de NaCl ou RL (à défaut d’avoir les NaCl et le KCl
auquel cas SG 5% 3l/m2SC/j + 2gNaCl + 3gKCl + 1gCaCl2 /litre
 Si < 250 mg/dl passer à du SG 10%
 Poursuivre insuline IV jusqu’à la disparition de la cétonurie,
puis passer en SC à 1 UI/kg/j.
 Passer à l’insuline en sous cutanée si glycémie 150-200mg (< 5
ans) ou 100-150mg (> 5 ans)
 Rechercher et traiter le facteur de décompensation

5.5.4 CHOC ANAPHYLACTIQUE

 Diagnostic : il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité immédiate, IgE médiée. Les


symptômes apparaissent moins de 24h après le contact avec l’agent déclenchant.
Il faut qu’il y ait plus de deux systèmes entrepris : cutané, respiratoire, circulatoire,
digestif et/ou neurologique. Les signes de gravité sont une tachycardie, une
hypotension artérielle, un stridor (œdème laryngé) ou wheezing (bronchospasme),
une angoisse majeure voire des convulsions ou altération de la conscience.

 Prélèvements : inutiles en dehors des signes de surinfection

 Traitement
 Libérer les voies aériennes
 Oxygénothérapie
 Adrénaline IM (1mg/ml) : 0,01 mg/kg, à répéter après 10-15 min si pas de
réponse
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 Remplissage avec 20 ml/kg de SS 0,9% en 30 min, poursuivre les liquides


IV selon évolution.
 Prednisolone 1 mg/kg/dose une fois par jour
 Levocétirizine ou desloratadine: 2 à 6 ans : 2,5 mg/jour, > 6 ans : 5 mg/j
 Si bronchospasme : aérosol de salbutamol (cfr crise d’asthme)
 Si œdème laryngé : aérosol d’adrénaline non diluée : 0,1 ml/kg avec 2ml de
SS 0,9%

5.6 URGENCES INFECTIEUSES ET HEMATOLOGIQUES

5.6.1 CHOC SEPTIQUE

 Diagnostic : évoqué devant les signes de sepsis sévère associés à la persistance


de l’hypotension malgré 2 remplissages vasculaires avec les cristalloïdes.
 Bilan : ne doivent pas retarder la prise en charge. Ils seront fonction de l’étiologie
suspectée

 Traitement
 Pose de deux grosses voies d’abord veineuses
 Remplissage vasculaire avec bolus de cristalloïdes (sérum salé isotonique
ou Ringer lactate) 15-20 ml/kg en 15 minutes, à répéter sur 1h si
persistance des signes d’hypoperfusion. Transfusion si nécessaire.
 Si échec, administrer les catécholamines : noradrénaline 0,1 à 5 μg/kg/min
 Administration d’oxygène pour atteindre les saturations en O2 ≥ 95 %
 Mise en place d’une sonde urinaire pour la surveillance de la diurèse
horaire.
 Antibiothérapie probabiliste selon l’âge, le pari microbien et la clinique. En
absence d’orientation et en attendant le bilan, on administrera le
ceftriaxone (ou céfotaxime) associé à la gentamycine.
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5.6.2 PALUDISME GRAVE

 Diagnostic

Il s’agit d’un enfant présentant une goutte épaisse positive au P. falciparum (rarement P.
malariae, vivax) associé à au moins un des critères suivants :

 Critères cliniques :
1. Neuropaludisme (Glasgow < 9, Blantyre < 2)
2. Troubles de la conscience (Glasgow entre 9-15 ; Blantyre entre 2-5)
3. Convulsions répétées (> 1/ 24 heures)
4. Prostration
5. Syndrome de détresse respiratoire
6. Collapsus circulatoire (TAS <50 mmHg avant 5ans, TAS < 80 mmHg après 5ans)
7. Hémorragie anormale
8. Malade qui vomit tout
9. Ictère clinique
10. Hémoglobinurie macroscopique

 Critères biologiques :
1. Anémie (Hb < 5g/dl ou Ht < 15%)
2. Acidose (bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/l ou PH < 7,35)
3. Hypoglycémie (< 2,2 mmol/l ou < 40mg/dl)
4. Hyper parasitémie (> 5 % des GR infectés ou > 250.000 parasites / μl)s)
5. Insuffisance rénale diurèse < 0.5ml/kg/h ou créatininémie élevée pour l’âge

 Critère radiologique : œdème pulmonaire

NB : 3 formes fréquentes chez l’enfant : anémique, neurologique et détresse respiratoire

 Bilan paraclinique : goutte épaisse, TDR paludisme ; les autres bilans en


fonction de la complication suspectée
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 Traitement

 Traitement curatif :

 1ère intention : Artésunate 2,4 mg/kg en IVL à H0-H12-H24-H48 … jusqu’à la


disparition des signes de danger ou jusqu’au réveil avant de passer aux CTA per
os (3 jours)
 2ème intention : Artéméther : 3,2 mg/kg en IM (dose d’attaque), suivis de
1,6 mg/kg chaque jour jusqu’à ce que le patient puisse avaler
 3ème intention : Quinine : dose de charge = 20 mg/kg dans 5-10 ml/kg de SG5%
pendant 4h ; 12h plus tard, placer la 2ème perfusion (10mg/kg, même volume,
même durée) qui sera répétée toutes les 12h.
o Si contre-indication à la quinine (fièvre bilieuse hémoglobinurique, déficit en
glucose 6 phospho-déshydrogénase), donner artésunate ou artéméther
o Dès que possible, quinine per os 3x10mg/j + Clindamycine 2x 10mg/j
o Durée totale de traitement : 7 jours

 Traitement des complications fréquentes

 Anémie grave : culot globulaire 10 ml/kg ou sang total 20 ml/kg en 3-4h


 Hypoglycémie : 3ml/kg de SG10% en IV, ou solutions sucrées par SNG
 Convulsions :
 Prise en charge de la fièvre
 Traiter une hypoglycémie
 Diazépam 0,5 mg/kg en intra rectal
 Si échec après 2 administrations => phénytoїne 0,18 mg/kg pendant 20 min
 Phénobarbital 15mg/kg/j dose d’attaque, puis 5mg/kg/j pendant 48h, si
aucun autre anticonvulsivant n’est disponible
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5.6.3 COMPLICATIONS AIGUES DE LA DREPANOCYTOSE

A. Crises vaso-occlusives (CVO)

 Diagnostic
 CVO ostéo-articulaire

 Chez le nourrisson : c’est le syndrome pied-main caractérisé par une douleur des
métacarpes et des métatarses, œdèmes des parties molles avec fébricule
 Chez le grand enfant : enfant hyperalgique, les douleurs peuvent siéger au niveau
du fémur, de l’humérus, du grill costal, du rachis, du bassin et des articulations.
Généralement il n’y a pas de syndrome inflammatoire.

 CVO abdominales

Ce sont des douleurs abdominales avec défense pouvant mimer un abdomen chirurgical.
Il peut exister une notion de constipation.

 Bilan : en fonction de la clinique.

 Traitement
 Hyperhydratation 120-150ml/kg/j ou 3 litre/m2 de surface corporelle en 24h
 Per os si possible : 1/3 eau plate et 2/3 autres boissons
 Sinon IV: solution mixte RL+SG 5%

 Antalgiques par palier en fonction de l’intensité de la douleur (cfr EVA)


 Palier I (EVA < 3): paracétamol 15mg/kg/6hj ou ibuprofène 10
mg/kg/dose 3x/j
 Palier II (EVA entre 4 et 7) : Palier I +
o Codéine 0.5-1 mg/kg 6x/j (max codéine 30mg 4x/j)
o Tramadol (>1 an) 2mg/kg 4x/j (max 100mg/dose)
 Palier III : 30 min après Palier II, si EVA > 7:
o Morphine bolus IV/SC/IM 0.1mg/kg, puis 0.05mg/kg toutes les
10 minutes jusqu’à effet désiré.
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o Morphine per os 0.2mg/kg/20 min jusque diminution de l’EVA. A


réévaluer toutes les 4 h
 En cas de douleur abdominale associée : donner le spasfon, le buscopan ou le
débridat
 Transfusion 20ml/kg de sang total ou 10ml/kg de culot globulaire (pour lever la
CVO si nécessaire)
 Prévention : hydratation suffisante à domicile en fonction des besoins hydriques
journaliers par rapport au poids

B. Complications infectieuses

Le drépanocytaire est susceptible de présenter les infections aux germes encapsulés


(pneumocoques, salmonelles, méningocoques, H. influenzae…). Tout drépanocytaire
avec une température ≥ à 38,5°C doit donc être hospitalisé et un bilan infectieux le plus
large possible (hémogramme, hémoculture, ECBU, goutte épaisse et CRP) doit être
réalisé à l’entrée. Une antibiothérapie intraveineuse probabiliste bactéricide, à large
spectre et adaptée au site infectieux suspecté ou identifié, doit être instaurée.

C. Indications de la transfusion

 Transfuser si Hb ≤ 5g/dl avec ou sans signes de décompensation


 Transfuser si signes de décompensations d’une anémie (tachycardie, tachypnée,
souffle systolique d’apparition récente)
 Transfuser si syndrome thoracique aigu, si CVO sévère (séquestration splénique,
séquestration hépatique), si hémolyse massive

D. Prévention

 Eviter le froid, l’humidité, l’effort physique, la déshydratation, les lieux peu aérés
 Acide folique 1 Comprimé de 5mg par jour
 Pénicilline V 2x125mg/jr jusqu’à 3ans ; 2x250mg/jr jusqu’à 6ans ; 3x250mg/jr
jusqu’à 12ans ; 1g/jr au-delà de 12 ans
 Vaccination spécifique du drépanocytaire
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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2. e-Pilly TROP. Maladies infectieuses tropicales, Ed. Alinéa plus, 2012
3. SPILF, 17ème conférence de consensus en thérapie anti-infectieuse, prise en charge des
méningites aigues communautaires (à l’exception du nouveau-né), novembre 2008
4. BOURRILLON A, Pédiatrie pratique, collection pour le praticien, Masson, 2008
5. MERCIER JC, signes évocateurs d’une méningite chez le nourrisson, Médecine et maladies
infectieuses 39 (2009) 452–461
6. DUBOS F. Stratégie de prise en charge (diagnostic, surveillance, suivi) d’une méningite
présumée bactérienne de l’enfant, Médecine et maladies infectieuses 39 (2009) 615–628
7. FLORET D, les méningites chez l’enfant, Urgences, 2003
8. FRANÇOIS M, pathologies des voies aériennes supérieures, EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Pédiatrie, 4-061-A-10, 2003
9. AFSSAPS, antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections
respiratoires hautes de l’adulte et de l’enfant, argumentaire, novembre 2011
10. TRIGLIA J-M, NICOLAS M. Laryngites aigues dyspnéisantes de l’enfant, EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), 20-645-E-10, 1997
11. DUPONT C. Diarrhées aigues, EMC (Elsevier Masson, Paris), Pédiatrie 4-014-N-10, 2009
12. OMS, soins hospitaliers pédiatriques, prise en charge des affections courantes dans les petits
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13. J.-P. OLIVES, J. GHISOLFI. Diarrhées aiguës : Gastro-entérologie pédiatrique, 2ème édition,
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14. D. GENDREL, R. COHEN. Diarrhée bactérienne et antibiotiques : les recommandations
européennes, Archives de pédiatrie 2008, n° 15, suppl. 2, pp. 93-96
15. S. ABOUBAKER, R.E. BLACK, M. A. BONI, M. N. BRANDES. Mise en application
nouvelles recommandations pour la prise en charge des cas de diarrhée, OMS 2006
16. Programme de formation PREVAC plus, prévention par la vaccination, 2011
17. PNLP. Faire reculer le paludisme, plan stratégique 2009-2013
18. Haut conseil de la santé publique, Place de l’artésunate injectable dans le traitement du
paludisme grave chez l’adulte et l’enfant, février 2013
19. OMS, rapport 2011 sur le paludisme dans le monde, 2011
20. OMS, directives pour le traitement du paludisme, 2ème édition, 2010

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