Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
l'adulte
La maladie
Cette Reco concerne la prise en charge en urgence des crises convulsives (CC) de l'adulte. Elle ne précise pas la conduite à tenir après les
1res heures. Deux situations sont décrites : la crise elle-même et l'état de mal convulsif.
Physiopathologie
Les CC sont liées à une activité neuronale hypersynchrone entraînant une décharge électrique. Les CC occasionnelles sont souvent liées à une
affection cérébrale ou générale. Dans 25 % des cas, aucune cause n'est retrouvée ; la crise peut alors témoigner d'une entrée dans l'épilepsie, ou
d'un abaissement du seuil épileptogène.
Epidémiologie
L'incidence des CC varie de 40 à 70/100 000 habitants/an dans les pays industrialisés. Le sex ratio est compris entre 1,1 et 1,7 homme pour
1 femme. Il existe un pic d'incidence chez le nourrisson et chez le sujet âgé. Les CC représentent entre 0,3 et 1,2 % des motifs de recours aux
services d'urgences. Aux urgences, les CC seraient en rapport avec un alcoolisme dans 50 % des cas. En l'absence d'affection cérébrale retrouvée,
une 2e CC est un indicateur fiable de maladie épileptique.
Complications
De la crise convulsive : augmentation du risque de mort subite, traumatismes, rhabdomyolyse, pneumopathie d'inhalation. De l'état de mal convulsif :
décès par défaillance multiviscérale, séquelles neurologiques, troubles respiratoires et hémodynamiques.
Diagnostic
Les crises convulsives (CC) sont un motif fréquent de recours aux services d'urgences. Elles peuvent être occasionnelles (symptomatiques) ou
s'intégrer dans le cadre d'une maladie épileptique. Lire Épilepsie de l'adulte.
Le diagnostic de CC repose principalement sur l'interrogatoire des éventuels témoins de la crise.
Les CC généralisées se manifestent par une perte de conscience initiale associée ou non à des signes moteurs, d'abord toniques puis cloniques, des
membres, du tronc et du visage (d'où souvent morsure latérale de la langue). Cet épisode est suivi d'une hypotonie avec respiration stertoreuse, et
parfois d'une perte d'urines. Au réveil, il existe une confusion postcritique et le patient ne garde aucun souvenir de l'épisode. Les absences sont des
suspensions brèves de la conscience avec interruption de l'activité.
Au cours des crises partielles simples, il n'y a pas d'altération de la conscience et le patient peut décrire ses symptômes (sensitifs, moteurs,
hallucinations visuelles, etc.).
L'état de mal convulsif (EDMC) est défini par des crises convulsives continues ou subintrantes durant au moins 5 minutes. AE Le diagnostic est
clinique.
Prise en charge
Crise convulsive de l'adulte
1 Décision d'adresser ou non le patient aux urgences
En cas de survenue, chez un épileptique connu, d'une crise identique aux crises habituelles, et si l'entourage est fiable, le recours au service
d'urgences n'est pas nécessaire.
Dans les autres cas, il est recommandé d'adresser le patient aux urgences hospitalières. Dans l'attente : position latérale de sécurité et
prévention de tout risque de blessure. En cas d'incertitude, appeler le 15 pour avis.
5 Critères d'hospitalisation
Patients > 60 ans ou en cas de CC accompagnée.
Examens biologiques selon la clinique. Ponction lombaire indiquée en urgence (après l'imagerie) si fièvre > 38 °C, si confusion persistante, si
immunodépression.
3 Convulsions persistantes
Si les convulsions persistent 20 minutes après le début du phénobarbital ou 30 minutes après le début de la phénytoïne, les recommandations
proposent le recours au médicament antiépileptique non utilisé en 1re intention (phénobarbital après phénytoïne/fosphénytoïne, et vice versa) si
toutes les conditions suivantes sont présentes :
EDMC < 60 minutes AE ,
probabilité faible de lésion cérébrale aiguë AE ,
pas de facteur incontrôlé d'agression cérébrale (instabilité hémodynamique, hypoxie, hyperthermie majeure) AE .
Cas particuliers
Crises convulsives occasionnelles ou symptomatiques
Lorsque la maladie épileptique n'est pas certaine, il est essentiel de rechercher une maladie causale ayant déclenché la crise convulsive. Les
principales causes sont :
L'intoxication alcoolique aiguë, le sevrage alcoolique.
La prise excessive de café.
Les accidents vasculaire cérébraux (ischémiques et hémorragiques).
Les méningites.
Les encéphalites.
Les encéphalopathies.
Les infections cérébrales (abcès, infections opportunistes du sida).
Les tumeurs cérébrales.
Les troubles métaboliques (hypoglycémie, hyponatrémie).
Les intoxications.
Les prises de médicaments convulsivants (neuroleptiques, antidépresseurs, fluoroquinolones, hypoglycémiants), les sevrages en
benzodiazépines.
Enfin, plusieurs circonstances de la vie peuvent abaisser le seuil épileptogène et favoriser la survenue d'une crise convulsive : surmenage,
manque de sommeil, fièvre, stimulation lumineuse (peut-être lumière alternée de certains night-clubs, stimulation d'écran de jeu, etc.).
clonazépam
RIVOTRIL 1 mg/1 ml sol diluer/solv p sol inj
diazépam
DIAZEPAM RENAUDIN 10 mg/2 ml sol inj
VALIUM ROCHE 10 mg/2 ml sol inj
Afin de favoriser le bon usage du clonazépam administré par voie orale (risque de pharmacodépendance, d'abus et d'usage détourné), l'ANSM
a décidé de soumettre ce médicament à certaines conditions de prescription et de délivrance relevant de la réglementation des stupéfiants.
Depuis le 15 mars 2012, la prescription initiale annuelle est réservée aux neurologues et aux pédiatres (ANSM, décembre 2011).
clobazam
URBANYL 10 mg cp séc
URBANYL 20 mg cp
clonazépam
RIVOTRIL 2 mg cp quadriséc
Phénytoïne et fosphénytoïne
La phénytoïne et la fosphénytoïne sont des anticonvulsivants indiqués en cas d'EDMC. La fosphénytoïne, précurseur de la phénytoïne, plus
maniable que cette dernière, est mieux tolérée localement et plus utilisée en pratique. La phénytoïne et la fosphénytoïne sont contre-indiquées en
cas de bradycardie < 60/min, de bloc auriculoventriculaire connu de 2e et 3e degrés non appareillé. Un contrôle du taux plasmatique de
phénytoïne dans les heures suivant la dose de charge est nécessaire pour ajuster le traitement d'entretien. 1,5 mg de fosphénytoïne équivaut à
1 mg de phénytoïne sodique (EP = équivalent phénytoïne).
poso Dans l'EDMC, la dose de charge est de 15 mg d'EP/kg en perfusion IV, le débit de perfusion recommandé est de 100 à 150 mg
d'EP/minute.
fosphénytoïne
PRODILANTIN 75 mg/ml sol inj
phénytoïne
DILANTIN 250 mg/5 ml sol inj
Barbituriques
Les barbituriques ont des propriétés anticonvulsivantes, sédatives et hypnotiques. Il sont utilisés en perfusion au cours de l'état de mal convulsif.
Leurs contre-indications sont les porphyries, les antécédents d'hypersensibilité aux barbituriques et l'insuffisance respiratoire sévère AE . Le
phénobarbital a un délai d'action rapide. On peut juger de sa pleine efficacité 20 minutes après le début de la perfusion. AE Il induit une
perturbation de la vigilance qui peut gêner l'évaluation de l'état neurologique. AE Il est administré en perfusion intraveineuse lente.
phénobarbital
GARDENAL 200 mg/4 ml pdre/solv p sol inj
GARDENAL 40 mg/2 ml pdre/solv p sol inj
midazolam
MIDAZOLAM 1 mg/1 ml sol inj IM/IV/rectale
MIDAZOLAM 5 mg/1 ml sol inj IM/IV/rectale
propofol
DIPRIVAN 10 mg/ml émuls inj seringue préremplie
DIPRIVAN 20 mg/ml émuls inj seringue préremplie
PROPOFOL FRESENIUS 10 mg/ml émuls inj ou perfusion
PROPOFOL LIPURO 1 % (10 mg/ml) émuls inj pour perfusion
PROPOFOL LIPURO 2 % (20 mg/ml) émuls inj pour perfusion
PROPOFOL LIPURO 5 mg/ml émuls inj ou perfusion
PROPOFOL MYLAN 20 mg/ml émuls inj IV
Références
« Les crises convulsives de l'adulte au service d'Accueil et d'Urgence : 1re conférence de consensus en Médecine d'Urgence », Genève, 1991,
actualisé en 2001 et 2006.
http://www.sfmu.org/upload/consensus/actualisation_cc_2006VF.pdf
« Prise en charge en situation d'urgence et en réanimation des états de mal épileptique de l'adulte et de l'enfant (nouveau-né exclu) », Société de
réanimation de langue française, Réanimation, 2009, n° 18, pp. 4-12.
http://www.sfmu.org/upload/consensus/RFE.EME.pdf
« Apport de l'EEG en médecine d'urgence : principales indications et contribution au diagnostic et à la prise en charge », L. Vercueil, Annales
françaises de médecine d'urgence, 2011, vol. 1, n° 6, pp. 395-402.
« Clinical Policy : Critical Issues in the Evaluation and Management of Adult Patients Presenting to the Emergency Department with Seizures »,
Annals of Emergency Medicine, 2014, vol. 63, n° 4, pp. 437-47.
http://www.acep.org/workarea/DownloadAsset.aspx?id=96604