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Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) de l’adulte est un œdème pulmonaire de perméabilité
survenant à la suite d’une agression directe ou indirecte de la membrane alvéolocapillaire, associée à une
inflammation pulmonaire intense et une hypoxémie sévère. L’incidence est de 58 cas pour
100 000 personnes/an et le taux de mortalité de 40 % à 50 %. La prise en charge est centrée sur
l’assistance ventilatoire invasive. La préoccupation essentielle du thérapeute est de choisir de façon
rationnelle les réglages du ventilateur afin de ne pas induire de lésions pulmonaires supplémentaires. Les
recommandations actuelles sont de maintenir la pression partielle en oxygène dans le sang artériel
(PaO2) entre 55 et 80 mmHg, limiter le volume courant entre 4 et 8 ml/kg de poids prédit par la taille et
maintenir la pression plateau de fin d’inspiration en dessous de 28-30 cmH2O. Une curarisation précoce
et courte (48 heures) réduit la mortalité. Une pression expiratoire positive élevée (≥ 15 cmH2O) est à
réserver aux malades dont le potentiel de recrutement pulmonaire est élevé. Une pression expiratoire
positive (PEP) plus basse (entre ≥ 5 cmH2O et ≤ 12 cmH2O) est à préférer chez les patients avec un
potentiel de recrutement faible. La mise en décubitus ventral peut être bénéfique chez les malades avec
un rapport pression partielle en oxygène dans le sang artériel/concentration de l’oxygène dans l’air
inspiré (PaO2/FIO2) inférieur à 100 mmHg. Maintenir un bilan hydrique négatif, une fois la phase de choc
contrôlée, permet de réduire le nombre de jours vivants sans ventilation mécanique. Une corticothérapie
peut être mise en route en cas de SDRA non résolutif. La biopsie pulmonaire chirurgicale est réalisable au
lit du malade de façon fiable et peut être bénéfique si elle est contributive à la prise en charge
thérapeutique. De nombreuses évaluations sont en cours : imagerie pulmonaire fonctionnelle, ventilation
par oscillation à haute fréquence, ventilation spontanée précoce, niveau de PEP guidé par la pression
transpulmonaire, décubitus ventral, épuration extracorporelle de gaz carbonique.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Syndrome de détresse respiratoire aiguë ; Œdème pulmonaire ; Ventilation mécanique ;
Lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique ; Hypoxémie ; Pression expiratoire positive
Plan ¶ Évolution 7
Fibroprolifération 7
¶ Introduction 2 Complications infectieuses 7
Hypertension artérielle pulmonaire 7
¶ Définitions 2
Pneumothorax 7
¶ Épidémiologie 2 Évolution à long terme 7
¶ Étiologies 3 ¶ Traitement non ventilatoire 7
Atteinte pulmonaire directe ou indirecte 3 Moyens pharmacologiques et non pharmacologiques agissant
Facteurs de risque d’« acute lung injury » 3
sur l’oxygénation sanguine 7
Facteurs génétiques 3
Apport d’une substance exogène déficiente 8
¶ Physiopathologie 3 Modulation de la réponse inflammatoire pulmonaire 8
Atteinte de la membrane alvéolocapillaire 3 Modulation de l’équilibre des fluides de part et d’autre
Perte de volume pulmonaire aéré 4 de la membrane alvéolocapillaire pulmonaire 8
Lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique 5
¶ Traitement ventilatoire 9
Altérations des propriétés élastiques de la paroi thoracique 6
Ventilation mécanique conventionnelle 9
¶ Diagnostic positif 6 Ventilation mécanique non conventionnelle 12
¶ Diagnostic différentiel 6 Assistance respiratoire extracorporelle 13
¶ Diagnostic étiologique 6 ¶ Conclusion 13
Anesthésie-Réanimation 1
36-969-A-10 ¶ Syndrome de détresse respiratoire aiguë
2 Anesthésie-Réanimation
Syndrome de détresse respiratoire aiguë ¶ 36-969-A-10
Les facteurs de risque de mortalité peuvent être séparés en des gènes de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, de la
facteurs sur lesquels une intervention thérapeutique peut agir et protéine fixant l’endotoxine et de l’IL-6 [18, 19]. Des avancées
facteurs non modifiables par un traitement (âge, étiologies du sont à attendre avec le développement de nouvelles techniques
SDRA). Les facteurs de risque du premier type sont évalués au de protéomique/génomique, l’augmentation du nombre de
mieux dans les ERC avec ajustement sur les facteurs de risque patients étudiés dans de larges études cliniques et la mise en
du deuxième type. Ceux-ci sont, en revanche, identifiés dans les évidence de liens entre gènes et devenir du malade avec SDRA.
études de cohorte, et sont entre autres l’âge élevé, une gravité
élevée de la présentation initiale du malade évaluée par les
scores de gravité, la présence d’un état de choc, un délai plus ■ Physiopathologie
court en réanimation après le début de l’ALI, une durée d’hos-
pitalisation plus longue avant le début de l’ALI, l’aspect
radiologique, l’immunodéficience. L’hypoxémie n’est plus un Atteinte de la membrane alvéolocapillaire
facteur de risque indépendant de mortalité comme cela avait La physiopathologie du SDRA est très complexe [20] . La
déjà été souligné il y a 25 ans. Toutefois, dans l’étude euro- séquence globale des événements peut se résumer ainsi. Le
péenne, il existait un lien clair entre hypoxémie et mortalité, primum movens est une augmentation de la perméabilité de la
notamment à partir d’un rapport PaO2/FIO2 inférieur à 150 [12]. membrane alvéolocapillaire à la suite de différentes agressions,
Même si l’hypoxémie pourrait être considérée comme un qui produit dans l’interstitium et/ou dans les alvéoles une issue
facteur de risque de décès, il n’est pas démontré qu’améliorer de plasma avec augmentation de l’eau pulmonaire extravascu-
l’oxygénation réduit la mortalité. C’est même l’inverse qui est .
laire (œdème pulmonaire, augmentation du poids du poumon),
observé [13]. une réaction inflammatoire intense, une hypercoagulabilité et
des altérations du surfactant.
Il est classique de séparer trois phases successives qui se
■ Étiologies télescopent en réalité :
• une phase exsudative avec œdème, hémorragie intra-
Atteinte pulmonaire directe ou indirecte .
alvéolaire, membranes hyalines, réaction inflammatoire
(afflux de PNN) ;
Le SDRA est l’expression d’une agression de la membrane • une phase fibroproliférative avec production de collagène ;
alvéolocapillaire qui peut être directe, sur le versant épithélial de • une phase de résolution avec récupération ad integrum.
la membrane, comme au cours des pneumonies infectieuses, ou
Une multitude d’acteurs intervient au cours de ces trois
.
Anesthésie-Réanimation 3
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1
Volume
C3
∆V C2
Normal
C1 SDRA
Pression élastique
Vr ∆P
Figure 1. Courbe pression-volume (V-P) du système respiratoire chez
un patient normal au cours de l’inspiration et chez un patient avec
syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) au cours de l’inspiration
puis de l’expiration. L’axe de volume des courbes est référé au volume de
relaxation du système respiratoire (Vr). La ligne verticale rouge montre Figure 2. Scanner d’un patient avec syndrome de détresse respiratoire
une diminution importante de volume pour une même pression inspira- aiguë (SDRA) montrant le faible volume aéré résiduel (baby lung) situé
toire élastique entre le sujet normal et le patient avec SDRA. Dans les deux dans les régions antérieures du poumon.
situations, la relation V-P n’est pas linéaire mais chez le sujet normal la
non-linéarité a lieu à haut volume pulmonaire. Chez le patient avec SDRA,
la non-linéarité est présente à bas volume également : la pente de la même variation de pression par rapport à un sujet normal. Le
relation V-P (compliance) est faible (C1) à bas volume pulmonaire puis SDRA réalise donc un syndrome restrictif majeur. Par TDM, il a
augmente brutalement (C2) pour diminuer à nouveau (C3) à haut volume été montré que la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) est
pulmonaire. réduite de 58 % dans le SDRA par rapport aux sujets nor-
maux [28]. La compliance du système respiratoire (Csr), rapport
entre le changement de volume (DV) et le changement de
.
Au cours de la phase fibroproliférative, il existe une prolifé- pression (DP), est très diminuée au cours du SDRA par rapport
ration des PII et des dépôts de collagène dans les espaces aériens au sujet normal, suggérant que le système respiratoire au cours
distaux. du SDRA est essentiellement rigide (Fig. 1). Toutefois, la Csr est
L’élévation de la concentration du procollagène III dans le constante chez le sujet normal sur une large gamme de volume
LBA est corrélée à la présence d’une fibrose histologique au alors qu’elle varie au cours du SDRA sur la même gamme de
cours du SDRA. La compliance pulmonaire est très abaissée. Les volume : la Csr est d’abord faible à bas volume pulmonaire
mécanismes moléculaires qui régulent le passage vers la récupé- (C1), puis augmente brutalement (C2) et enfin diminue à
ration complète ou vers l’évolution fibroproliférative après la nouveau (C3) (Fig. 1). Il s’agit d’une représentation de l’hétéro-
phase œdémateuse de l’agression initiale ne sont pas connus. généité du poumon au cours du SDRA. En fait, seule la quantité
L’hypoxémie au cours du SDRA est liée à une augmentation de volume normalement aéré mesurée en TDM, mais non celle
du shunt intrapulmonaire secondaire à la perte massive du de volume non aéré ou peu aéré, corrèle avec C1 [29] . La
volume pulmonaire aéré (dérecrutement). La vasoconstriction compliance spécifique (= Csr/CRF), est normale au cours du
pulmonaire hypoxique est altérée, ce qui contribue également à SDRA, indiquant que les propriétés élastiques du poumon aéré
l’hypoxémie en maintenant une perfusion inadaptée dans les au sein du poumon de SDRA sont normales. Le poumon avec
zones mal ventilées. SDRA est donc beaucoup plus un poumon de bébé (baby
lung [30]), avec une masse aérée réduite, qu’un poumon diffusé-
Perte de volume pulmonaire aéré ment rigide, en tout cas à la phase initiale du SDRA (Fig. 2).
La réduction de volume pulmonaire aéré est prédominante
La tomodensitométrie (TDM) thoracique a permis d’accomplir dans les lobes inférieurs du poumon au cours du SDRA [28]. Elle
des progrès majeurs dans la connaissance de la distribution des s’associe dans un quart des cas à une masse tissulaire normale
lésions pulmonaires régionales au cours du SDRA [27] . Ces (atélectasie de compression) et dans trois quart des cas à un
avancées ont un impact direct sur les réglages du ventilateur et excès de masse tissulaire (atélectasie inflammatoire) [28]. L’étude
représentent l’essentiel de la physiopathologie du SDRA utile de la distribution régionale de l’atténuation au sein du poumon
.
pour le réanimateur. C’est la raison pour laquelle nous com- a conduit à distinguer trois types de SDRA [28] : SDRA avec
mençons par rappeler les principes de l’analyse quantitative en atténuation diffuse et homogène de l’aération au sein du
TDM. poumon (un quart des malades), SDRA avec atténuation lobaire
de l’aération (36 %) et SDRA avec atténuation hétérogène en
Distribution du volume pulmonaire au cours
mosaïque (41 %). Les trois groupes ont un même excès de tissu
du SDRA entre les lobes supérieurs et inférieurs et une même réduction
Le volume pulmonaire aéré communiquant avec l’atmosphère de CRF dans les lobes inférieurs. En revanche, les malades avec
peut être mesuré au lit du malade par un pneumotachographe atténuation diffuse de l’aération ont une réduction de CRF plus
placé, chez un sujet intubé, au niveau de la sonde d’intubation. marquée dans les lobes supérieurs que dans les deux autres
En mesurant simultanément le volume pulmonaire par un groupes de SDRA et que chez les normaux [28]. Les patients avec
pneumotachographe et la pression dans les voies aériennes SDRA diffus ont une courbe V-P mesurée à l’atmosphère (à PEP
(Pao), il est possible de construire la relation volume-pression nulle) caractérisée par une distinction marquée entre C1 et C2
(V-P) du système respiratoire (= poumon + paroi thoracique) en (Fig. 1), alors que les patients avec SDRA lobaire ont une courbe
condition quasi statique (insufflation lente du système respira- V-P linéaire [31].
toire par le respirateur) chez le malade avec SDRA (Fig. 1). La Le poids du poumon avec SDRA peut être mesuré au scanner
courbe V-P explore les propriétés élastiques du système respira- en multipliant la gravité spécifique (= (–1 000 – CT)/–1 000)
toire et apporte les informations physiologiques suivantes. Le par le volume. Le poumon du SDRA est ainsi plus de deux fois
volume pulmonaire aéré est très diminué au cours du SDRA plus lourd que le poumon normal, 2 589 ± 1 201 g versus
comme le montre la réduction importante de volume pour une 1 292 ± 198 g (moyenne ± 1 DS), respectivement [32] . En
4 Anesthésie-Réanimation
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décubitus dorsal, l’effet de la gravité sur la distribution de la Il existe une hétérogénéité de la recrutabilité du poumon par
pression pleurale (Ppl), donc de la pression transpulmonaire la ventilation mécanique, définie par l’augmentation de la
(PTP = Pao – Ppl), chez le sujet normal où Ppl a été estimée par masse de poumon aéré dans des territoires non aérés ou
la pression œsophagienne (Pes) [33] et chez l’animal à poumon faiblement aérés, suite à une augmentation de Pao. La recruta-
agressé, où Ppl a été mesurée directement, est bien établi. Il bilité est faible au cours du SDRA, la valeur médiane est de 9 %
existe un gradient ventrodorsal de Ppl qui induit, si on admet de la masse de poumon et la moyenne 13 ± 11 % [40]. De plus,
que Pao reste constante, une réduction de PTP, donc de la environ un quart de la masse du poumon est consolidée et non
ventilation alvéolaire, des régions ventrales vers les régions recrutable, du moins dans la gamme de pression étudiée, c’est-
dorsales. Surajoutée à l’effet de la gravité, la masse du poumon à-dire entre 5 et 45 cmH2O [40]. Il en résulte que 30 % à 70 %
va exercer une pression sur les régions sous-jacentes de proche du poids du poumon restent ouverts et disponibles pour la
en proche dans un axe ventrodorsal. Cette pression imposée par ventilation [40] . Le recrutement alvéolaire est un processus
la masse du poumon à un niveau donné sur les niveaux sous- continu au cours de l’insufflation [36, 37] et se poursuit bien
jacents contribue à augmenter la fraction tissulaire au sein du au-delà de l’intersection entre C1 et C2 et même de l’intersec-
volume pulmonaire. Entre les régions ventrales et dorsales du tion entre C2 et C3 (Fig. 1). La limite du recrutement est la
poumon, le rapport gaz/tissu moyen passe de 4,7 à 1,8 chez les surdistension pulmonaire (augmentation de la masse pulmo-
sujets normaux et de 1,2 à 0,3 chez les sujets avec SDRA. La naire hyperinflatée). L’intersection entre C2 et C3 (Fig. 1)
réduction du rapport gaz/tissu est exponentielle avec une représente autant la fin du processus de recrutement que le
constante de 13,9 ± 1,3 cm chez les normaux et de 7,8 ± 0,8 cm début de la surdistension. Si le recrutement alvéolaire est un
chez les patients avec SDRA [34]. Au niveau n du thorax dans un objectif thérapeutique au cours du SDRA, on comprend qu’on
sens ventrodorsal, la pression imposée par le poids du poumon expose le poumon au risque de surdistension, tant ces deux
peut être mesurée en TDM : phénomènes sont liés.
Pression imposée = [1– (CT/–1 000)] × hauteur (cm) + pres-
sion imposée n-1 Lésions pulmonaires induites
où CT est la densité au niveau pulmonaire n et n-1 est le par la ventilation mécanique
niveau au-dessus. La pression imposée passe de moins
de 1,5 cmH2O dans les régions ventrales pour les deux groupes Dès son introduction dans la prise en charge du SDRA, la
de sujets à 4,5 et 10,5 cmH2O dans les régions dorsales chez les ventilation mécanique en pression positive a été reconnue
sujets normaux et les patients avec SDRA, respectivement [34]. comme dangereuse initialement par ses effets hémodynamiques
Ces constatations ont conduit au concept d’éponge pour puis par ses effets sur le poumon lui-même. Au cours du temps,
modéliser le poumon de SDRA [34]. Selon cette représentation, la la répercussion pulmonaire délétère de la ventilation mécanique
a connu différentes dénominations. Initialement, a été reconnu
perte de volume pulmonaire aéré selon l’axe ventrodorsal obéit
le « barotrauma » comme conséquence d’un excès de Pao à
au seul effet du poids du poumon sous-jacent et la perte de
l’origine de pneumothorax, pneumomédiastin, fistule broncho-
volume de gaz est compensée par l’augmentation du volume
pleurale. Puis, il est apparu que le coupable n’était pas la
tissulaire. Le poids du poumon est augmenté par l’œdème
pression en elle-même mais l’excès de volume pulmonaire,
interstitiel qui entraîne une perte d’aération par compression.
notamment en fin d’inspiration, et que ce « volutrauma »
Or, d’autres études discutées plus haut ont montré que le
provoquait une lésion de la membrane alvéolocapillaire [41].
maximum de perte de volume pulmonaire aéré se situe dans les
Ainsi était défini le concept de lésions pulmonaires induites par
lobes inférieurs. Il existe donc un gradient craniocaudal à la
la ventilation mécanique (LIVM) à haut volume [42]. La pression
perte de volume aéré, lié au poids du médiastin et à l’augmen-
est impliquée dans le volutrauma mais la pression pertinente
tation de la pression abdominale. Enfin, en analysant régiona-
n’est pas la Pao mais la PTP. La répétition cyclique de l’ouver-
lement la ventilation pulmonaire avec une méthode à forte
ture au cours de l’inspiration et de la fermeture au cours de
résolution spatiale, d’autres auteurs ont proposé que l’œdème l’expiration suivante des espaces aériens distaux est également
pulmonaire soit essentiellement alvéolaire et non interstitiel, associée à des lésions histologiques au niveau des petites voies
remettant en cause le concept de l’éponge [35]. aériennes, un phénomène décrit comme l’expression de LIVM
Quel que soit le concept sous-jacent, la perte de volume à bas volume pulmonaire ou « atelectrauma » [43]. En fait, en
pulmonaire aéré est une caractéristique fondamentale du raison de l’interdépendance tissulaire, les forces qui s’exercent
poumon de SDRA et implique une nécessaire augmentation de au sein du parenchyme pulmonaire sont plus importantes que
pression intramurale dans les voies aériennes pour « réou- celles qui s’exercent au niveau des voies aériennes. Les LIVM à
vrir » et reventiler ces territoires « fermés ». L’analyse TDM a bas volume sont associées à des pressions très importantes
permis d’estimer des pressions critiques d’ouverture à partir de localement, à l’intersection entre les zones atélectasiées avec
la construction d’une courbe V-P analogue à celle présentée sur excès de tissu en fin d’expiration et les mêmes zones soumises
la Figure 1 dans laquelle les pressions sont les pressions des à l’ouverture-fermeture cyclique. Mead et al. avaient suggéré
voies aériennes mesurées en condition statique en fin d’inspira- qu’une Pao de 30 cmH2O génère une pression de 140 cmH2O à
tion (pression plateau [Pplat]) et les volumes mesurés en TDM l’interface entre zones soumises à l’ouverture-fermeture cycli-
sont exprimés en termes de capacité pulmonaire totale (CPT) ou que [44]. Le concept de « biotrauma » a été ensuite élaboré pour
de recrutement fractionnel [36, 37]. Le recrutement est la dimi- intégrer l’ensemble des conséquences biochimiques et biologi-
nution du tissu non aéré sous l’effet d’une augmentation de Pao ques qui font suite à une augmentation des contraintes méca-
ou de Pplat. La pression critique d’ouverture est définie comme niques imposées au poumon par la ventilation mécanique [45].
la Pao ou la Pplat associée à une augmentation du recrutement. Ce concept a été généré par une étude expérimentale ex vivo
La distribution des pressions critiques d’ouverture est gaussienne dans laquelle des poumons de rats non agressés ont été soumis
avec un mode à 20 cmH2O dans une étude conduite chez cinq à différentes contraintes pendant 2 heures : faible ou grand
patients avec SDRA [37] et bimodale dans une autre étude volume courant (VT) associé à un niveau de pression expiratoire
portant sur 26 patients avec SDRA, avec un premier pic de positive (PEP) nulle ou positive. La concentration en cytokines
fréquence à 28 cmH2O et un deuxième à 38 cmH2O [38]. pro-inflammatoires dans le LBA était significativement plus
Ces considérations illustrent une autre caractéristique fonda- élevée dans le groupe VT 40 ml/kg avec PEP 0 cmH2O que dans
mentale du poumon de SDRA, l’hétérogénéité de la distribution les autres groupes [46] . La conclusion était qu’un poumon
du volume pulmonaire aéré. Il existe au sein d’un même normal ventilé mécaniquement pendant 2 heures de façon
poumon une hétérogénéité de la distribution des anomalies agressive pouvait produire des cytokines pro-inflammatoires
structurales qui s’associe à une hétérogénéité fonctionnelle. Les provenant des cellules épithéliales alvéolaires. En outre, il s’est
différences régionales de pression critique d’ouverture sont en avéré que cette réaction inflammatoire naissant au niveau du
.
effet liées à des différences régionales de propriétés mécaniques. poumon peut s’exporter dans la circulation systémique, entraî-
Les trois types de SDRA décrits en TDM [28] sont associés à des ner une apoptose des cellules épithéliales tubulaires rénales
différences en termes physiologiques et de mortalité [39]. et des villosités de l’intestin grêle et ainsi contribuer à la
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SDRA ? La réponse est non. D’ailleurs dans l’ERC sus-cité [13], le utilisé entre les centres et sur banc d’essai, il s’agit du respirateur
VT pouvait être réglé entre 4 et 8 ml/kg de poids prédit par la avec le moins de différence entre le VT réglé et le VT consigne.
taille en fonction du niveau de Pplat et d’acidose respiratoire
secondaire. Le niveau de VT à régler dépend en fait de la taille PEP
du baby lung, du recrutement alvéolaire au cours du cycle et de
la compliance du système respiratoire. Ces grandeurs varient au La question de savoir s’il faut régler une PEP haute ou une
cours du temps du fait de la progression (amélioration ou PEP basse est encore plus débattue que celle du VT. Il est admis
aggravation) du SDRA et de l’histoire ventilatoire liée à la PEP qu’il faut régler une valeur minimale de PEP de 5 cmH2O pour
ou à l’utilisation de manœuvres de recrutement. Idéalement, il éviter le dérecrutement. Le choix entre une PEP élevée
faudrait régler le VT en proportion de la taille du baby lung. Le (≥ 15 cmH2O) ou basse (entre 5 et 9 cmH2O) n’est pas tranché.
potentiel de recrutement du poumon entre 5 et 45 cm H2O est Par ailleurs, il existe de nombreux outils et de nombreux critères
faible, de 13 ± 11 % [40]. Des valeurs très proches de recrutement d’évaluation pour choisir la meilleure PEP. En 1975, en testant
intracycle ont été mises en évidence entre des valeurs moyennes différents paliers de PEP, Suter avait défini la best-PEEP, la PEP
de PEP de 10,4 ± 2,8 et de Pplat de 26,6 ± 1,8 cmH2O [81]. optimale, comme celle qui ménageait simultanément la
L’importance du recrutement intracycle dépend du niveau de meilleure oxygénation, le débit cardiaque maximal, le transport
dérecrutement en fin d’expiration. Enfin, il a été montré que le en oxygène maximal, la compliance dynamique maximale, et le
réglage systématique du VT à 6 ml/kg de poids prédit par la VD/VT physiologique minimal [82]. La valeur médiane de la PEP
taille en maintenant Pplat inférieure à 30 cmH2O ne garantit optimale était de 6 cmH2O mais le VT était de 15 ml/kg de
pas l’absence de surdistension. Chez 30 malades avec SDRA, ces poids mesuré [82]. Cette étude a eu un impact majeur et a mis
réglages sont associés à des critères TDM de surdistension en fin en avant le rôle de la mécanique ventilatoire comme élément
d’inspiration chez un malade sur trois [81]. Chez ces malades utile au réglage du ventilateur.
avec poumon non protégé, le VT était trop grand par rapport à Le contexte actuel est celui de VT beaucoup plus faibles que
la taille du baby lung et la taille du baby lung trop faible en ceux utilisés dans cette étude et logiquement le niveau de PEP
raison d’une importante masse non aérée dans les régions devrait être plus élevé. Les nombreux travaux de recherche
postérieures. En outre, cette masse non aérée n’est pas recrutée récents et de grande qualité sur le choix du niveau de PEP au
au cours du cycle. Finalement, cette situation correspond au cours du SDRA ont été de deux types.
SDRA lobaire. Les auteurs suggèrent de fixer la Pplat cible . Le premier type regroupe des études pragmatiques sous forme
en-dessous de 28 cmH2O [81]. Au cours du SDRA, ni le VT ni la de trois ERC multicentriques de grande taille comparant PEP
Pplat ne sont de bons marqueurs du stress ni du strain [50]. élevée à PEP basse.
Néanmoins, en admettant un strain de 2 comme une limite Chaque ERC pris individuellement ne montre pas d’effet
supérieure au-delà de laquelle peut survenir une rupture du significatif sur la mortalité, alors que le choix du niveau de PEP
fibrosquelette pulmonaire [50] , et sachant que K est égal à a été fait sur une base rationnelle différente : table PEP-FIO2
13,5 cmH2O, on obtient un stress (PTP) de 27 cmH2O. La valeur dans deux ERC [83, 84] et prévention de la surdistension versus
de Pao correspondante dépend du rapport EL/Esr, qui est lui- recrutement augmenté dans un ERC [85]. Une méta-analyse sur
même égal à PL/Pao. Ce rapport est de l’ordre de 0,7 en cas de les données groupées de ces trois ERC [86] ne détecte pas d’effet
SDRA. La valeur de Pplat correspondant à une PTP de sur la mortalité de même qu’une méta-analyse sur données
27 cmH2O est alors de 38 cmH2O. D’après cette approche, le individuelles [87]. Toutefois, dans cette dernière analyse [87], la
risque de LIVM par excès de strain a une probabilité assez faible mortalité des sujets avec SDRA était significativement réduite
de survenir au cours du SDRA si le VT est réglé à 6 ml/kg de avec les niveaux élevés de PEP alors qu’une tendance inverse
poids prédit par la taille et si Pplat est maintenue inférieure était observée pour les malades avec ALI. Au total, en mainte-
à 30 cmH2O [50]. On voit que ces calculs ne sont pas strictement nant un VT faible et identique entre les deux groupes, aucune
en accord avec les données observées par Terragni et al. [81]. Une différence significative de mortalité ne peut être mise en
explication est que l’on raisonne ici sur un EL/Esr à 0,7, et qu’il évidence entre une PEP élevée (14 cmH2O en moyenne) et une
existe des variations individuelles importantes de ce rapport au PEP basse (9 cmH2O en moyenne). Ces résultats appellent trois
cours du SDRA. Le risque de LIVM par dérecrutement est en commentaires. Le premier est que la mise en évidence d’une
revanche plus prononcé. Dans un ERC, la mortalité avait été différence cliniquement pertinente et statistiquement significa-
plus élevée, sans atteindre la significativité statistique, dans le tive de mortalité entre les deux groupes de PEP, de l’ordre de
groupe où l’objectif de Pplat était inférieur à 25 cmH2O [79]. 10 % en valeur absolue, comme dans l’étude ARMA [13], néces-
C’est la raison pour laquelle il a été recommandé de maintenir siterait l’inclusion d’un très grand nombre de patients dans un
Pplat entre 25 et 28 cmH2O [81]. nouvel ERC, qui ne sera probablement jamais conduit dans le
Les ventilateurs de réanimation doivent être très précis dans futur. Le deuxième commentaire est de rappeler que trois ERC,
leur capacité de délivrer le VT réglé. Or, une étude très récente . certes de plus faible taille, avaient montré un effet bénéfique
sur banc d’essai a montré de grandes disparités entre les d’une PEP élevée par rapport à une PEP basse [49, 75, 76] , alors
ventilateurs de réanimation à délivrer le VT consigne. Ceci est que le VT n’était pas identique entre les deux groupes (Fig. 3).
lié aux différents algorithmes utilisés par les respirateurs pour Entre le groupe PEP élevée-VT bas et le groupe PEP basse-VT
compenser d’une part le piégeage du VT dans la compliance du élevé, la mortalité était significativement plus basse dans deux
circuit du ventilateur et d’autre part l’augmentation du VT qui études [75, 76], alors que l’inflammation pulmonaire et systémi-
fait suite aux changements hygrométriques du gaz à sa sortie de que et l’occurrence de défaillances d’organes extrapulmonaires
la source. Ces deux facteurs agissent en sens opposé, rendant étaient significativement réduites [49]. Ces résultats suggèrent
encore plus compliqué le fonctionnement des algorithmes. La que, si la baisse de mortalité attendue passe par une réduction
source de gaz peut être soit murale soit une turbine qui utilise des LIVM, une action simultanée sur chaque composante
l’air ambiant et l’oxygène mural. Les conditions hygrométriques (réduction des LIVM à haut volume, c’est-à-dire du stress/strain
sont différentes entre les deux sources : les gaz muraux sont à de fin d’inspiration et réduction des LIVM à bas volume, c’est-
0 % d’humidité relative et à 15 °C de température alors qu’avec à-dire du stress/strain de fin d’expiration) est d’une part
la turbine les conditions dépendent de celles de l’air ambiant indispensable, et d’autre part efficace. De plus, une telle double
actuel. Des différences de 1-2 ml/kg de VT ont été mises en action permet de rendre au poumon plus d’homogénéité et d’y
évidence entre les respirateurs sur banc d’essai. Il est fondamen- distribuer le stress et le strain de façon moins contraignante. On
tal d’avoir ces notions à l’esprit quand on règle le ventilateur comprend bien toutefois que dans une perspective de clarifica-
chez un malade avec SDRA. En outre, ces considérations tion, les ERC n’étudiant que l’effet d’un des deux facteurs, des
devraient faire jeter un regard encore plus critique sur les LIVM devaient être faits. La troisième remarque est qu’il est
résultats des ERC multicentriques conduits dans ce domaine, hautement probable que la non-prise en compte des caractéris-
ERC dans lesquels différents respirateurs ont été utilisés. Il est à tiques anatomiques et fonctionnelles du poumon sous-jacent
noter que dans l’ERC de l’ARDSnet [13] le même ventilateur était contribue à expliquer les trois ERC négatifs [83-85]. Ceci nous
10 Anesthésie-Réanimation
Syndrome de détresse respiratoire aiguë ¶ 36-969-A-10
conduit à discuter le deuxième type d’études récemment systématique des manœuvres de recrutement mais réserve leur
réalisées sur le réglage de la PEP au cours du SDRA : les études usage aux sujets les plus hypoxémiques, comme méthode de
physiopathologiques. Quatre aspects sont à discuter. sauvetage [92]. La deuxième consiste, après avoir recruté plus ou
Premièrement, dans les trois études positives [49, 75, 76], le moins complètement le poumon, à régler la PEP à un haut
niveau de PEP était réglé sur une base physiologique spécifique niveau (20 ou 24 cmH2O) puis à baisser par paliers de 2 cmH2O
du patient, puisque la PEP était située au-dessus de l’intersection jusqu’à un niveau associé à une baisse significative de la PaO2
entre C1 et C2 (Fig. 1). Ce point, appelé abusivement point ou de la compliance dynamique, niveau qui correspond au
d’inflexion inférieur, reflète un seuil de recrutement alvéolaire, début du dérecrutement mesuré indépendamment en TDM. La
et régler la PEP au-dessus de ce seuil permet très probablement PEP est alors laissée juste au-dessus de ce niveau. Cette stratégie
d’éviter les phénomènes de répétition d’ouverture-fermeture. n’est pas validée bien qu’elle paraisse très attractive car rejoi-
L’étude Express [85], qui comportait dans son dessin une base gnant la logique de son application (un réglage expiratoire) et
rationnelle physiologique puisque comparant une prévention de des développements théoriques [93]. La troisième approche est
la surdistension à un recrutement augmenté, comporte un de régler la PEP sur la branche expiratoire de la courbe V-P. Il
résultat positif en faveur du groupe PEP élevé sur un critère de est possible de modéliser la courbe V-P par une équation
jugement secondaire, la réduction du nombre de jours vivants sigmoïde et de régler la PEP en fonction de certains de ses
sans ventilation mécanique. Dans les deux autres ERC, la PEP a paramètres [94]. Sur cette base, la PEP serait à régler au-dessus du
été réglée sur une table PEP/FIO2 dont les bases rationnelles sont point de décroissance maximale de la compliance dérivée de
incertaines, même si cette table a un intérêt pratique réel au cette équation, point au niveau duquel le dérecrutement et la
sein d’un service donné pour homogénéiser les pratiques, surdistension sont minimisés [95]. Régler la PEP à ce niveau
facteur indiscutable de qualité des soins. Cette table ne permet génère des niveaux de PEP élevés. La quatrième est de régler la
pas de faire la différence entre recruteurs et non recruteurs [88] PEP en mesurant la PTP de fin d’expiration. Talmor et al. [96]
et, ainsi, les patients non recruteurs peuvent être traités avec ont montré que maintenir une PTP de fin d’expiration positive
une PEP élevée avec un risque de surdistension et, inversement, revient à utiliser des niveaux de PEP élevés qui sont associés à
une oxygénation supérieure et une tendance à une mortalité
les patients recruteurs peuvent recevoir une PEP basse avec un
plus faible que dans un groupe où le niveau de PEP est réglé
risque d’atelectrauma. Les malades avec SDRA ayant la recruta-
selon une table PEP-FIO2. De façon intéressante, la Pplat de fin
bilité la plus importante présentent comme caractéristiques
d’inspiration n’est pas différente entre les deux groupes [96]. La
d’être les plus hypoxémiques et d’avoir la mortalité la plus
mesure de la PTP nécessite la mesure de la Ppl qui ne peut être
élevée [40]. Il est logique de traiter ces malades avec une PEP
estimée que par la Pes chez l’homme, ce qui pose de nombreux
élevée. Ceci d’autant plus que la PEP élevée chez ces malades
problèmes méthodologiques intrinsèquement.
réduit l’importance des phénomènes cycliques d’ouverture-
Quatrièmement, la prise en compte des altérations de la
fermeture alors que la PEP élevée n’a pas d’effet chez les
mécanique ventilatoire du système respiratoire au cours du
malades avec un faible potentiel de recrutement [89]. Dans les
SDRA a son importance pour d’autres raisons. Si Pplat ne reflète
deux groupes de potentiel de recrutement, l’augmentation du
plus PTP quand Ecw augmente, la conséquence est de régler un
strain de fin d’inspiration est en outre identique. Le gain de
VT trop faible donc de risquer le dérecrutement. La mesure de
recrutement apporté par la PEP élevée contre-balance son risque
PTP est logique dans les circonstances où l’on suspecte une
de surdistension [89]. Ceci rejoint des observations antérieures augmentation d’Ecw. Une autre option est d’augmenter le seuil
faites par l’équipe de Rouby [31, 90]. Selon les mêmes considéra- de Pplat de sécurité de 30 à 35 cmH 2 O comme cela a été
tions, chez les malades avec un faible potentiel de recrutement, proposé dans les situations où la pression intravésicale, reflet de
l’usage d’une PEP basse est à recommander. Il s’agit des SDRA la pression intra-abdominale, est augmentée [63]. Au cours d’une
qualifiés de lobaires [31, 90]. manœuvre de recrutement dans le SDRA, les patients non
Deuxièmement, d’autres auteurs insistent sur le rôle délétère répondeurs en termes d’oxygénation avaient une augmentation
de la PEP sur la fonction ventriculaire droite dont la post- d’Ecw par rapport aux répondeurs [97] . Une même Pao de
charge peut être augmentée par une PEP excessive via une 40 cmH2O utilisée pour le recrutement alvéolaire était associée
compression des vaisseaux alvéolaires : la post-charge du à un VT plus bas en cas d’Ecw augmentée qu’en cas d’Ecw
ventricule droit augmente de 1 mmHg par augmentation de PEP normale. L’augmentation de la composante Ew d’Ecw pourrait
de 5 cmH2O. Ces auteurs proposent une PEP basse et un VT toutefois être bénéfique dans certaines circonstances : en
faible pour protéger le ventricule droit [91]. décubitus ventral, le gain en oxygénation par rapport au
Troisièmement, même si la PEP, en augmentant la Pplat, décubitus dorsal est corrélé à l’augmentation d’Ew due au
contribue au recrutement alvéolaire en fin d’inspiration, c’est changement postural. Une contrainte exercée sur le thorax en
essentiellement un réglage expiratoire. On a ici un rationnel décubitus dorsal peut faciliter le recrutement de zones dépen-
pour régler la PEP afin de prévenir le dérecrutement faisant suite dantes (postérieures et basales du poumon) en redistribuant la
à un recrutement. Cette approche peut être réalisée de quatre ventilation dans cette direction. Des études complémentaires
façons. La première est de procéder à des manœuvres de sont en cours pour préciser la place de la mesure de la Pes au
recrutement. L’objectif est d’atteindre, voire de dépasser les cours du SDRA et pourraient donner lieu à des avancées
pressions critiques d’ouverture pour maximaliser le recrutement importantes.
alvéolaire. La limite de sécurité de Pao de 30 cmH 2 O est Comme on vient de le voir, les modalités de réglage de la PEP
dépassée pour une courte durée et la PEP est fixée selon un sont non encore résolues. La prise en compte des caractéristi-
critère qui indique le début du dérecrutement. Il existe plusieurs ques fonctionnelles du poumon du patient est probablement
types de manœuvres de recrutement, toutes réalisables avec le cruciale, ce qui implique de disposer de méthodes de mesure de
respirateur : soupirs, maintien d’une pression élevée pendant ces caractéristiques que l’on puisse utiliser de façon prolongée
une brève durée (40 cmH2O pendant 40 secondes par exemple) au lit du malade. Les bases rationnelles de ce réglage nécessitent
sans cyclage au-dessus de la PEP. Une stratégie plus complexe la connaissance du potentiel de recrutement du poumon et
consiste à utiliser le mode pression contrôlée, à garder constante doivent ménager un équilibre entre prévention du dérecrute-
une pression motrice de 15 cmH2O et augmenter la PEP par ment et prévention de la surdistension. Ceci nécessite la
paliers jusqu’à de très hauts niveaux (45 cmH 2 O avec une réalisation d’une TDM avec plusieurs inconvénients : transport
pression de fin d’inspiration de 60 cmH2O, ce qui induit une du malade avec ses risques inhérents, coût, irradiation, analyse
baisse très importante du VT) pendant 2 minutes par quantitative non immédiate. Au lit du malade, les moyens
séquence [38]. Cette stratégie, qui permet de recruter complète- sont :
ment le poumon et nécessite une grande expertise et une • augmenter la PEP par paliers et choisir celui qui minimise le
surveillance rapprochée du malade, n’a pas encore été évaluée retentissement hémodynamique (débit cardiaque) et maxi-
donc validée. Une revue récente ne recommande pas l’usage malise l’oxygénation ;
Anesthésie-Réanimation 11
36-969-A-10 ¶ Syndrome de détresse respiratoire aiguë
• diminuer la PEP par paliers après une manœuvre de recrute- musculaires liée à une protéolyse excessive et à une augmenta-
ment et choisir le niveau auquel la compliance dynamique tion du stress oxydant [98]. Ces données conduisent à postuler
est maximale ; que :
• régler le niveau au-dessus de l’intersection entre C1 et C2 sur • la prolongation excessive de la sédation et de la ventilation
la courbe V-P inspiratoire construite à PEP nulle (Fig. 1) ; mécanique en réanimation favorise l’atrophie et la baisse de
• régler la PEP au-dessus du point de compliance maximale sur la contractilité du diaphragme, d’autant plus que ce muscle
la branche expiratoire de la courbe V-P ; est soumis à d’autres agressions (sepsis, troubles ioniques,
baisse d’apport d’oxygène) ;
• utiliser des outils de monitoring disponibles au lit du malade
• ces phénomènes pourraient expliquer certains échecs de
et en cours d’évaluation : le stress index et la tomographie en
sevrage et la prolongation de la durée de ventilation mécani-
. impédance électrique. Le stress index est la façon dont Esr que, source de morbidité et d’augmentation des coûts.
augmente au cours de l’insufflation à débit inspiratoire Une implication pratique immédiate est de chercher à réduire
constant, selon l’équation : la durée de sédation pour minimiser l’agression du diaphragme
Pao = a + temps inspiratoire b induite par la ventilation mécanique. Une réduction systémati-
où a est une constante correspondant à Pao quand le temps que quotidienne de la sédation, par rapport à un groupe de
inspiratoire est égal à 0 et b le stress index. À débit inspiratoire contrôle, chez des malades de réanimation est associée à une
constant, la relation Pao-temps inspiratoire décrite par cette réduction significative de la durée de ventilation mécanique et
équation est l’équivalent d’une relation Pao-volume dont la de la durée de séjour. Par ailleurs, il a été spéculé que la
pente est Esr. La constante b décrit la façon dont b évolue au préservation de la ventilation spontanée pourrait augmenter la
cours de l’insufflation. Si b est au-dessus de 1, Esr augmente PTP dans les régions pulmonaires postérieures et faciliter le
avec l’augmentation du temps inspiratoire, donc du VT, indi- recrutement des zones atélectasiées à ce niveau. Des études
quant une surdistension. Si b est en dessous de 1, Esr diminue expérimentales ont montré que le mode BIPAP (pression
avec l’augmentation de VT, indiquant un recrutement au cours contrôlée avec une pression haute et une pression basse, dont
on peut régler la durée respective, et qui permet en outre des
de l’insufflation donc un recrutement-dérecrutement au cours
cycles spontanés à chaque niveau de pression) a cet effet de
du cycle. L’objectif est de régler la PEP (et le VT) pour obtenir b
recrutement alvéolaire des régions dépendantes lorsque la
proche de 1. La tomographie en impédance électrique permet
ventilation spontanée est préservée. Les données cliniques sont
d’estimer la ventilation pulmonaire régionale à partir des très fragmentaires. Un ERC multicentrique est en cours en
variations d’impédance thoracique générées par l’injection à la France, comparant un groupe de contrôle à un groupe dans
surface du thorax d’un courant de très faible intensité. Cette lequel les malades sont ventilés en BIPAP après une phase
méthode a une faible résolution spatiale mais une forte résolu- initiale de 48 heures pendant lesquelles la ventilation mécani-
tion temporelle. Des développements méthodologiques sont en que protectrice avec sédation et curarisation est appliquée.
cours pour définir le recrutement et la surdistension D’autres modes ventilatoires, ventilation assistée proportionnelle
régionalement. ou assistance ventilatoire ajustée selon l’activité électrique du
diaphragme, sont en cours d’évaluation.
Autres réglages
En raison de l’usage de faibles VT, une acidose respiratoire
Ventilation mécanique non conventionnelle
avec hypercapnie se développe. Elle est tolérée tant que le pH Ventilation non invasive
reste supérieur à 7,20. Elle peut être prévenue ou minimisée par
La VNI occupe une place de plus en plus grande en réanima-
la réduction de l’espace mort instrumental (utilisation d’humi- tion dans la prise en charge de l’insuffisance respiratoire aiguë.
dificateurs chauffants et non d’échangeur de chaleur et d’humi- Dans ce contexte, le recours à la VNI est à utiliser en cas de
dité, ablation du raccord annelé situé entre la sonde défaillance pulmonaire isolée, avec un facteur rapidement
d’intubation et le circuit du ventilateur) et l’augmentation de la réversible, chez un sujet coopérant et non encombré. Dans le
fréquence respiratoire jusqu’à 35 ou 40 cycles par minute. Cette SDRA, ces critères ne sont habituellement pas remplis. Si la VNI
tachypnée peut générer une PEP intrinsèque qui peut traduire est utilisée au cours du SDRA, chez le sujet immunodéprimé par
l’existence d’une surdistension. La FIO2 est réglée en lien avec exemple, il faut rapidement, en 6 heures, décider de la nécessité
le niveau de PEP si on utilise la table PEP/FIO2. Sinon, il est formelle d’intuber le patient. En effet, le danger est de retarder
recommandé de la réduire en dessous de 80 % dès que possible l’intubation avec un impact sur le devenir du patient [99]. Il est
pour minimiser les atélectasies de dénitrogénation. Il est par ailleurs difficile de réaliser les objectifs de prévention des
hautement recommandé d’éviter toute déconnexion intempes- LIVM en VNI.
tive entre le patient et le respirateur. Ceci peut se produire
Ventilation par oscillations à haute fréquence
notamment au cours des aspirations trachéales. Des systèmes
existent qui minimisent, voire évitent totalement (aspiration en Cette méthode est radicalement différente de la ventilation
système clos), cet inconvénient. Certains préconisent une mécanique conventionnelle. Un piston fait osciller le système
manœuvre de recrutement après les aspirations trachéales. respiratoire à une fréquence de 3 et 10 Hz, générant un VT de
1 à 2 ml/kg. Du gaz frais entre dans le circuit à 30 à 50 l/min
et au niveau de l’expiration une valve contrôle la Pao moyenne
Préservation de la ventilation spontanée au cours dans le circuit. Le mouvement de retour du piston rend l’expi-
de la ventilation mécanique ration active. L’oxygénation est gérée par la FIO2 et la Pao
La suppression de l’activité des muscles respiratoires (sédation moyenne. La ventilation, donc la PaCO 2 , est inversement
proportionnelle à la fréquence et proportionnelle à l’amplitude
avec ou sans curarisation) avec une assistance respiratoire en
de pression de l’oscillateur. Dans le SDRA, six ERC ont été
volume contrôlé est responsable d’une diminution de la force
réalisés chez l’adulte dont la méta-analyse conclut à un bénéfice
contractile du diaphragme avec atrophie au bout de 3 jours,
en termes de mortalité, alors qu’individuellement aucun n’en
comme cela a été démontré dans plusieurs études expérimenta- présente [100]. Un large ERC multicentrique est en cours.
les chez différentes espèces animales (rongeurs, chiens, lapins).
Le fait que dans ces études les muscles striés squelettiques non Ventilation mécanique liquide
respiratoires sont préservés de l’atrophie suggère que la ventila- Il s’agit d’injecter dans le poumon un volume de liquide
tion mécanique per se a un rôle délétère propre sur le contenant du perfluorocarbone qui a une grande affinité pour
diaphragme. L’atrophie d’inactivation est liée à une augmenta- l’oxygène et permet le transport du gaz. La ventilation liquide
tion du stress oxydant et à une protéolyse excessive. Chez au cours du SDRA a pour effets de recruter des zones pulmonai-
l’homme, l’inactivité complète du diaphragme pendant 18 à res atélectatiques, d’homogénéiser la ventilation et de redistri-
96 heures est associée à une atrophie significative des fibres buer le débit sanguin pulmonaire régional. La ventilation
12 Anesthésie-Réanimation
Syndrome de détresse respiratoire aiguë ¶ 36-969-A-10
mécanique conventionnelle est surajoutée de telle sorte que le sanguine étant assurée par la pompe cardiaque. À ce jour, il n’y
poumon présente deux compartiments : un compartiment a pas d’ERC publié ayant comparé cette méthode avec un
liquidien et un compartiment gazeux. Un risque de surdisten- groupe de contrôle dans le SDRA.
sion avait été d’emblée souligné, fonction de la dose employée.
Un ERC à trois bras (2 doses 10 et 20 ml/kg de ventilation Épuration extracorporelle de CO2
liquide et un groupe de contrôle en ventilation mécanique
conventionnelle) a été sanctionné d’un surcroît significatif de Les objectifs de la ventilation mécanique au cours du SDRA
mortalité ayant entraîné l’arrêt de son utilisation chez l’homme. sont de maintenir une oxygénation correcte et de limiter les
LIVM par l’usage de faibles VT et le maintien d’une Pplat
inférieure à 28 à 30 cmH2O. La conséquence peut être une
Assistance respiratoire extracorporelle acidose respiratoire. L’objectif de Pplat peut ne pas être atteint
Elle connaît un regain d’intérêt actuellement. Il y a trois (compliance du système respiratoire très basse), obligeant à
aspects techniques. diminuer le VT à 4 ml/kg, aggravant encore l’acidose respira-
toire. Terragni et al. [81] se sont fixé comme objectifs de
Oxygénation extracorporelle à membrane avec maintenir la Pplat entre 25 et 28 cmH2O. Dans un essai ouvert
pompe (ECMO) contrôlé et non randomisé [102], ils ont traité 10 patients avec
SDRA chez qui la Pplat a été maintenue au prix d’une baisse du
Cette technique a été développée dans la décennie qui a suivi VT et d’une acidose respiratoire avec pH inférieur à 7,25, par
la découverte du SDRA. Elle se pratique avec une cannulation une circulation veinoveineuse à débit sang modéré (jusqu’à
de gros calibre, mise en place chirurgicalement ou par voie 400 ml/min) à travers une cartouche épurant le CO2. Ils ont
transcutanée, veinoartérielle ou veinoveineuse, une pompe qui comparé ces 10 patients à 22 autres SDRA hospitalisés dans la
génère un débit sanguin supérieur à 2 l/min et une membrane même période, ventilés mécaniquement de façon convention-
à travers laquelle s’effectue l’apport en oxygène. Les premiers nelle et chez qui la Pplat était maintenue dans la cible. Chez les
essais ont été négatifs et la technique a été employée pour 10 patients, la circulation extracorporelle a permis de corriger
épurer le CO2 plutôt que d’administrer l’oxygène. La technique l’acidose, d’abaisser le VT en-dessous de 6 ml/kg, d’augmenter
restait ces dernières années très confidentielle. La conjonction la PEP et de maintenir la Pplat dans la cible. La surdistension a
de l’évolution du matériel, la publication des résultats d’un ERC diminué et l’aération a augmenté en TDM de façon significative
en Angleterre (CESAR) [101] et l’épidémie de grippe H1N1 a au 3e jour pour devenir comparables au groupe de contrôle. Les
relancé l’intérêt pour cette technique. Dans cette étude [101], marqueurs pro-inflammatoires dans le LBA ont présenté la
90 malades avec insuffisance respiratoire aiguë ont été inclus même évolution. Un ERC multicentrique international est en
dans le groupe ECMO et 90 dans le groupe de contrôle. À cours.
6 mois, une proportion significativement plus élevée de malades
Un courant de pensée actuelle, qui découle de toutes les
avait atteint le critère de jugement principal (être vivant ou être
considérations vues précédemment, est d’entériner le rôle
indemne d’incapacité fonctionnelle majeure) dans le groupe
délétère de la ventilation mécanique invasive et d’imaginer une
ECMO que dans le groupe de contrôle. Toutefois, la mortalité
approche combinant une ventilation mécanique non invasive à
seule n’était pas différente entre les deux groupes. L’ECMO
l’épuration extracorporelle de CO2. Des études sont en cours
n’était en fait réalisée que dans un seul centre dans lequel les
dans ce domaine.
patients randomisés dans le groupe ECMO étaient transportés.
Dans le groupe ECMO, 22 malades n’ont jamais été traités par
ECMO. Les réglages du ventilateur n’étaient pas colligés. On ne
sait pas précisément comment les malades du groupe ECMO ■ Conclusion
recevaient la ventilation mécanique et si une ventilation
mécanique protectrice avait été appliquée dans le groupe de Le SDRA est un sujet passionnant et très complexe dans
contrôle. Un large ERC est en cours en France dans le SDRA qui lequel tout reste à faire en commençant par une meilleure
évite la plupart des limites méthodologiques de l’essai CESAR. définition de la maladie. Les deux préoccupations majeures du
La question en termes de santé publique est importante à plus thérapeute sont la protection pulmonaire des risques de la
d’un titre. Faut-il limiter le nombre de centres experts dans cette ventilation mécanique et la préservation de l’oxygénation. Les
technique ou au contraire diffuser largement la technique ? La interventions qui ont montré une efficacité significative sur la
première hypothèse semble la plus raisonnable, malgré le risque mortalité sont la réduction du VT et l’utilisation de curares
lié au transport, risque qui peut être minimisé. En effet, les pendant 48 heures (Tableau 1). Les méta-analyses suggèrent que
équipes expertes sont capables de se déplacer au lit du malade, la PEP élevée, la restriction liquidienne au-delà de la 48e heure,
de mettre en place la cannulation veinoveineuse (qui est la plus le DV seraient bénéfiques sur la survie du patient et/ou sur la
logique dans le SDRA), voire veinoartérielle (en cas de durée de ventilation mécanique. Dans l’immédiat, il est possible
défaillance cardiocirculatoire associée) et d’assurer le transport .
de définir des objectifs clés et des moyens à mettre en œuvre
du malade vers le centre expert, l’ECMO étant en état de pour les atteindre au cours de la première semaine d’évolution
fonctionnement pendant le transport. Par ailleurs, la diffusion du SDRA (Tableaux 1, 2).
trop large de la technique risque de détourner l’attention des L’enjeu actuel est la capacité de mesurer de façon fiable et
réanimateurs de la bonne utilisation des réglages du respirateur répétée au lit du malade des notions physiologiques fondamen-
de façon conventionnelle. Comme souligné dans un éditorial tales : surdistension, recrutement, dérecrutement, inflammation,
récent, il faut qu’un système de santé puisse offrir cette à l’échelon régional, pour guider de façon rationnelle non
technique pour prendre en charge des sujets jeunes, avec un seulement la ventilation mécanique mais aussi les traitements
SDRA très sévère et une cause réversible mais pas au prix d’une extraventilatoires. La prévention reste sans doute la meilleure
augmentation inopportune du nombre de centres référents en stratégie. Si le SDRA est présent dès l’admission en réanimation,
la matière. Un seuil de PaO 2 inférieur à 55 mmHg sous la prévention est celle des LIVM et de la phase fibroproliférative,
FIO2 100 % avait été recommandé pour décider de débuter ainsi que celle des PAVM. Si le SDRA n’est pas présent à
l’ECMO au cours de la récente épidémie à H1N1 en France, l’admission, la prévention passe par le dépistage des sujets à
après avoir testé le DV et réglé la PEP pour obtenir une Pplat risque, la surveillance attentive de survenue de ses critères de
égale à 32 cmH2O. définition, la prévention des LIVM, la restriction liquidienne.
Des données très récentes suggèrent que ceci est peut-être une
Oxygénation extracorporelle à membrane sans réalité.
pompe
Il s’agit d’une circulation extracorporelle artérioveineuse sans Remerciements : Les auteurs remercient le Pr Mojgan Devouassoux (laboratoire
pompe impliquant la mise en place d’un dispositif vasculaire d’anatomie pathologique, hôpital de la Croix-Rousse) pour les documents
intra-artériel et intraveineux de gros calibre, la circulation histologiques pulmonaires.
Anesthésie-Réanimation 13
36-969-A-10 ¶ Syndrome de détresse respiratoire aiguë
Tableau 1.
Messages essentiels au cours des 48 premières heures.
Étapes Nature Action Durée
1 Identification rapide du SDRA en réunissant Début aigu de l’atteinte respiratoire < 2 heures
4 critères PaO2/FIO2 < 200
Infiltrats radiologiques bilatéraux
Absence d’arguments pour une élévation de la pression auriculaire gauche
2 Définir le contexte du SDRA Primaire ou secondaire < 2 heures
Atteinte respiratoire isolée ou associée à une défaillance extrarespiratoire
Contribution de la paroi thoracoabdominale significative
3 Définir le type morphologique du SDRA Lobaire ou diffus < 4 heures
4 Sécurisation du patient Oxygénation < 6 heures
Ventilation non invasive
Intubation
5 Assurer une oxygénation suffisante PaO2 entre 55 et 80 mmHg ou SaO2 entre 88 % et 95 % 15 minutes
6 Protection pulmonaire VT 6 ml/kg de poids prédit par la taille < 2 heures
Pression plateau < 28-30 cmH2O
PEP ≥ 5 cmH2O
FIO2 pour objectifs d’oxygénation
Sédation
Curarisation si PaO2/FIO2 < 150 avec PEP ≥ 5 cmH2O et FIO2 ≥ 60 %
7 En cas d’hypoxémie sévère (PaO2/FIO2 < 100 Décubitus ventral < 6 heures
avec FIO2 ≥ 60 %) Monoxyde d’azote
Manœuvres de recrutement
Circulation extracorporelle
SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë ; VT : volume courant ; PEP : pression expiratoire positive.
14 Anesthésie-Réanimation
Syndrome de détresse respiratoire aiguë ¶ 36-969-A-10
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C. Guérin (claude.guerin@chu-lyon.fr).
J.-C. Richard.
Service de réanimation médicale, Hôpital de la Croix-Rousse, 103, Grande Rue de la Croix-Rousse, 69004 Lyon, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Guérin C., Richard J.-C. Syndrome de détresse respiratoire aiguë. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Pneumologie, 6-040-P-05, 2011, Anesthésie-Réanimation, 36-969-A-10, 2011.
Anesthésie-Réanimation 17
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2 iconographies supplémentaires
Iconographie supplémentaire 4
Histologie pulmonaire obtenue par biopsie pulmonaire chirurgicale au cours du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). a
à c. Dommages alvéolaires diffus à la phase aiguë d'un SDRA avec membranes hyalines (a), dépôt de fibrine (b) et thrombose
artériolaire (c). d, e. Phase fibroproliférative avec foyer de pneumonie organisée (d) et bourgeon fibreux endoalvéolaire (e).
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Iconographie supplémentaire 5
Mesure de la pression plateau de fin d'inspiration (Pplat) au cours de la ventilation mécanique en mode volume-contrôlé. Pao :
pression dans les voies aériennes ; PEPt : pression expiratoire positive totale ; Esr : élastance du système respiratoire ; Csr :
compliance du système respiratoire ; VT : volume courant ; Ti : temps inspiratoire ; b : stress index.
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7 informations supplémentaires
Information supplémentaire 1
Score d'agression pulmonaire de Murray.
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Information supplémentaire 2
Étiologies de l'atteinte pulmonaire au cours du SDRA.
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Information supplémentaire 3
Principes de l'analyse scanographique quantitative.
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Information supplémentaire 4
Les 3 types morphologiques de SDRA.
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Information supplémentaire 5
Algorithme simplifié d'utilisation des diurétiques et du remplissage vasculaire dans le SDRA.
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Information supplémentaire 6
Volume courant, pression expiratoire positive et pression plateau à j1 au cours des essais randomisés contrôlés ayant porté sur la
ventilation mécanique au cours du SDRA avec la mortalité du patient comme critère de jugement principal.
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Information supplémentaire 7
Objectifs et moyens au cours de la première semaine d'évolution du SDRA après obtention des critères de SDRA.
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