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Amine, âgé de 18 mois, est adressé aux urgences pédiatriques par son médecin traitant pour une
toux dyspnéisante évoluant depuis 4 jours. II s'agit du troisième épisode de la sorte en 2 mois. Son
médecin a porté à l'occasion de chaque poussée paroxystique le diagnostic de bronchite
asthmatiforme du fait de l'association d'une toux sibilante et de râles bronchiques diffus. II lui a alors
prescrit Ventoline® sirop, Célestène@ gouttes et Clamoxyl® suspension buvable. L'état clinique de
Amine n'a jamais été totalement satisfaisant entre les accès puisque persistait un sifflement
expiratoire intermittent. Devant cette troisième récidive, son médecin vous l'adresse pour
explorations complémentaires et prise en charge thérapeutique. Le développement psychomoteur
de Amine s'est normalement déroulé depuis sa naissance à l'issue d'une grossesse normale.
Accouchement eutocique à terme, enfant eutrophique, indice d'Apgar coté à 10/10. Notamment
aucune détresse respiratoire en période néonatale. Quelques épisodes infectieux banals sont notés
dans le Carnet de Santé. Le premier épisode de "bronchite asthmatiforme" est apparu peu de temps
après la mise en crèche. La courbe staturo-pondérale est satisfaisante, les vaccinations sont à jour
notamment le BCG et anti-Haemophilus influenzae. Vous relevez dans les antécédents familiaux la
notion d'un terrain atopique marqué : la mère d’Amine ainsi que sa sœur aînée souffrent de coryza
saisonnier et d'eczéma; son père est asthmatique.
A l'examen, Amine est visiblement fatigué, fébrile à 38,8°C. II existe un wheezing expiratoire audible
ainsi qu'une toux sèche. Vous retrouvez un tirage intercostal ainsi qu'un balancement thoraco-
abdominal. II n'existe pas d'entonnoir xyphoïdien ni de battement des ailes du nez. La fréquence
respiratoire est notée à 48/min, régulière, sans épisode d'apnée. L'auscultation cardiaque est sans
particularité ; l'auscultation pulmonaire révèle des sibilants diffus dans les deux champs pulmonaires.
II n'existe pas de signe pulmonaire en foyer. La palpation abdominale est normale et ne retrouve
notamment pas d'hépato-splénomégalie. L'examen cutané retrouve un eczéma des joues et de la
région sacrée. II existe une rhinorrhée antérieure et postérieure sale ; la gorge est discrètement
érythémateuse sans angine et les tympans sont congestifs. La tension artérielle est normale. II existe
une tachycardie régulière à 150/min. La saturation artérielle en oxygène mesurée par capteur
transcutané (Sao2) est mesurée à 91 % sous air ambiant, labile. Le reste de l'examen clinique
notamment neurologique est normal.
2. Quelles sont les causes possibles d'épisodes récurrents de sifflement respiratoire chez l'enfant ?
5. Que pensez-vous du traitement prescrit en ville à l'occasion des deux premiers accès ?
8. Quels seront vos examens complémentaires une fois l'état de l'enfant amélioré ?
1. Quel est votre diagnostic ? Sur quels arguments ?
• Aigu
• Grave (oubli = 0)
• Du nourrisson
Arguments et terrain
• Antécédents
- par définition
. bronchiolite aiguë = toux, wheezing, sibilants chez un enfant âgé de moins de 3 ans
- atopie familiale
• Clinique
- rhino-pharyngite purulente :
. pharyngite érythémateuse .
. fièvre.
- détresse respiratoire :
. mauvaise tolérance.
. asthénie
. tirage intercostal
. balancement thoraco-abdominal.
. polypnée.
réanimateur, aucun régulateur de SAMU ne vous contestera ce diagnostic... L'évoquer "à tort" n'est
donc `pas grave"... Ne pas confondre bronchiolite et asthme : parler d'asthme revient à montrer que
l'on a compris qu'il s'agit d'une maladie chronique, nécessitant une prise en charge adaptée du
terrain de fond (inflammation bronchique chronique) et des accès aigus (bronchodilatateurs)... Plus
de 3 crises de bronchiolite = asthme, un point c'est tout.
2. Quelles sont les causes possibles d'épisodes récurrents de sifflement respiratoire chez l'enfant ?
• Asthme.
• CE.
•RGO.
•Malformations pulmonaires.
• ADP (tuberculose).
•Séquelles de viroses.
•Cardiopathies congénitales.
• Mucoviscidose
• Arcs aortiques.
• Recherche de pneumallergènes :
- moquette
- plume
- acariens
- peluche
- tabagisme passif
- numération-formule sanguine
• Bilan infectieux :
- prélèvement rhinopharyngé :
NB : Éliminer absolument une méningite devant tout enfant "choqué" : urgence thérapeutique ! Le
VRS n'est recherché que dans les centres participant aux études épidémiologiques (pas de véritable
intérêt sauf chez les malades présentant une 3e crise de bronchiolite et pour lesquels on hésite avec
un asthme, par exemple du fait de l'absence de terrain atopique franc ; pas d'indication à un
traitement antiviral spécifique par aérosol sauf pour les malades immunodéprimés).
5. Que pensez-vous du #traitement #prescrit en ville à l'occasion des deux premiers accès ?
• Amoxicilline seule
• En urgence
• Corticoïdes
- bétaméthasone .
- examen rhino-pharyngé
- état cutané
• Antibiothérapie (oubli = 0)
- per os
- et l 'Hœmophilus influenza=
- désinfection de l'eau du bain, tiède à 33°C, par exemple par Septivon® : 1 bouchon pour 20 litres
NB: Prévoir également la prise en charge à 100 %, le traitement (dont kiné, mais pas à la phase
8. Quels seront vos examens complémentaires une fois l'état de l'enfant amélioré ?
- consultation ORL
- pH-métrie œsophagienne
- discuter une fibroscopie œsophagienne : recherche d'œsophagite occulte.
• Tests épicutanés
• Immunoélectrophorèse (Ig G, A, M et E)
NB : Les déficits mineurs en al -antitrypsine sont beaucoup plus fréquents qu'on ne veut bien
l'admettre... Ne pas hésiter à demander un dosage (et le consigner dans le carnet de santé, afin
d'éviter les prélèvements ultérieurs inutiles et couteux). Comme par hasard, une fois le dosage
revenu pathologique, on retrouvera chez un grand-père un emphysème non lié au tabac...
NB : Évitez l'oxygénation par enceinte de Hood : cela fait un boucan incroyable pour les petits, genre
tête dans un réacteur de 747... Les «lunettes», surtout en coupant les petits embouts, ça marche très
bien et c'est surtout moins inconfortable.