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PHLEGMON PERI-AMYGDALIEN

DES2 KAGAMBEGA ADELISE

DES1 SANNE AZARA

Objectifs du cours
- Définir le phlegmon péri-amygdalien.

- Décrire les signes cliniques du phlegmon péri-amygdalien.

- Décrire les complications du phlegmon péri-amygdalien.

- Traiter le phlegmon péri-amygdalien.

1. Généralités
1.1. Définition :
Le phlegmon péri-amygdalien est une collection purulente localisée dans
l’espace décollable péri-amygdalien entre la paroi pharyngée en dehors et la
capsule de l’amygdale en dedans.
1.2. Intérêt :
C’est une urgence ORL qui engage le pronostic vital
 Epidémiologique : 
- Pathologie en régression dans les pays développés, avec une incidence de
30/100 000 cas pour le PPA.
- Keita A (Guinée) : 2,4% des CSU 2018 [J.Af Cl.C], Gyebre (BF) : 21,2
cas/an en 2010 âge moyen = 23, 66 ans [Rev Afr d’ORL] , Sanou MS : ≈
6 cas/an en 2015 [ Rev Afr d’ORL
 Diagnostique : le diagnostic positif est clinique basé sur
l’oropharyngoscopie.
 Thérapeutique : le traitement est médico – chirurgical.
 Pronostic : dépend de la précocité et de l’adéquation de la prise en
charge. Les récidives sont classiquement fréquentes selon la littérature.

1.3. Rappels anatomiques et physiologique


La tonsille palatine dénommée cliniquement, amygdale, est une formation
lymphoïde, appartenant à l’anneau de Waldeyer, plaquée contre la paroi latérale
de l’oropharynx.
La tonsille a une forme d’amande avec :

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 Deux faces : Une face interne, adhérente à la paroi et une face externe,
libre, siège de cryptes qui peuvent se creuser et abriter le caséum ;
 Deux pôles : supérieur et inférieur.
Elle est entourée d’une capsule fibreuse qui la sépare de cette paroi
oropharyngée latérale. Il existe un espace entre la capsule et le fascia pharyngo-
basilaire. C’est dans cet espace appelé espace décollable peri-tonsillaire que se
constituent les phlegmons péri-amygdaliens.
La tonsille palatine présente deux types de rapports : immédiats et médiats
 Rapports immédiats : ils se font avec la loge. Pilier antérieur, en avant,
contenant le muscle palato-glosse ; le pilier postérieur en arrière contenant
le muscle palato-pharyngé ; latéralement de dedans en dehors :
 L’espace décollable qui est net dans ses 2/3 supérieurs ;
 Le fascia pharyngo-basilaire ;
 La couche musculaire constituée par les constricteurs du pharynx ;
 Le fascia péri-pharyngien.
En bas la loge est libre
 Rapports médiats : ils se font par l’intermédiaire de la loge.
 Avec les régions péri pharyngées notamment : la région para-
pharyngée qui est divisée par la partie interne du rideau stylien en
deux loges :
 La loge pré-stylienne, directement en contact avec le fascia pharyngo-
basilaire, est occupée par les muscles ptérygoïdiens, l’artère et le nerf
maxillaire interne.
 La loge rétro-stylienne qui contient l’artère carotide interne, située à 15
mm du pôle supérieur et à 7 mm du pilier postérieur, la veine jugulaire
interne, les quatre dernières paires crâniennes (IX, X, XI et XII) et le
ganglion sympathique cervical.
 La loge parotidienne au fond de laquelle est située la carotide externe qui
est à 15 mm du pilier postérieur et à 7 mm du pôle inférieur de l’amygdale
palatine.
Les rapports médiats peuvent s’étendre à l’espace rétropharyngien au niveau de
la paroi postérieure de l’oropharynx. L’espace rétropharyngien s’étend de la
base du crâne au médiastin.

Physiologie : Elles interviennent dans la déglutition, au 2ème temps ou temps


pharyngien ou on observe une succession de 4 événements :
• Occlusion du sphincter vélo-pharyngé
• Propulsion du bol alimentaire dans le pharynx
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• Progression du bol alimentaire
• Ouverture de la bouche de Killian
Un trouble à ce niveau sera à l’origine d’une dysphagie

1.4. Physiopathologie

Angines aiguës non ou mal traitées (90%)

Facteurs de risque (10%)


Une prolifération bactérienne diffusant dans la zone décollable entre la capsule
et la paroi pharyngée musculaire

Cellulite en phase pré suppurative

Abcès = suppuration collectée

Les amygdales palatines jouent un rôle aussi dans l’immunité

2. SIGNES
2.1. TDD : Phlegmon péri-amygdalien unilatéral au stade suppuré de
l’adulte jeune
C’est la forme la plus fréquente, sémiologiquement riche : tableau douloureux
aigu
2. 1. 1. Les signes cliniques
 Circonstances de découverte
Habituellement il s’agit d’un patient qui consulte en urgence pour odynophagie
fébrile, apathique avec AEG et une position antalgique caractéristique : il est
assis, la tête inclinée du côté malade, la bouche ouverte, laissant couler la salive
qu’il ne peut avaler.
 Interrogatoire
L'interrogatoire du patient ou de son entourage porte sur:
 Le malade :
 L'identité complète du patient ;
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 Les antécédents: de phlegmon, d’angines à répétition, de tares (diabète ;
tid) ;
 La prise de médicaments (antibiotiques).
 La maladie :
 La date de début de la symptomatologie ;
 Va préciser les signes fonctionnels :
- Une odynophagie intense, irradiant dans l'oreille réalisant une otalgie
réflexe. Elle est d’aggravation progressive pouvant aboutir à une
aphagie ; 
- Une hypersialorrhée ; 

- Une otalgie unilatérale

- Une voix sourde et nasonnée= voix amygdalienne ou de patate


chaude (ou voix de crampon chez l’enfant)
- Parfois, le patient signale une dyspnée obstructive.

 Signes généraux
Ils sont marqués par :
- Une AEG avec une apathie, une asthénie.  Le malade est pâle ;

- Un syndrome infectieux sévère : fièvre à 38,5 – 39°, variable ;

- Une tachycardie ;

- Une haleine fétide (halitose).


L’état d’hydratation et de nutrition doit être évalué
Au total, ce tableau clinique se caractérise par une triade symptomatique :
l’odynophagie fébrile, l’hypersialorrhée et l’otalgie réflexe, qui doit imposer
l’examen ORL complet du patient.

 Signes physiques
 L’examen ORL
 Conditions d’examen et matériels : Il se fera dans un cabinet de
consultation ORL comportant au minimum : un siège pour le médecin, un
fauteuil pour le malade muni d’une têtière et orientable dans toutes les
directions, un meuble de consultation où sont rangés les instruments, une
source de lumière focale, un complexe d’aspiration, des spéculums nasals

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et auriculaires, un miroir laryngé, des abaisse-langues, des lames de
bistouri, des seringues et la pince de Lubet Barbon +++
 Examen de la PCF montre une peau saine, sensible à la palpation.
 L’examen des muqueuses : met en évidence une triade physique

L’examen de la cavité buccale et l’oropharyngoscopie, objectivent :


- D’abord un trismus qui limite l’ouverture buccale et rend difficile cet
examen. Mais ce trismus peut être vaincu par la mise en place délicate et
progressive de l’abaisse-langue métallique. On visualise alors :
- Une voussure ou un bombement de l’hémi-voile avec une zone
blanchâtre témoin de la suppuration.
Un élargissement du pilier antérieur de l’amygdale ; les deux amygdales
sont augmentées de volume et inflammatoires avec, du côté du phlegmon
une déviation médiale de l’amygdale avec parfois issue de pus spontanée
et des crachats purulents ;
- Une luette déviée du côté sain, œdématiée et infiltrée.
Au terme de l’examen se dégage la triade physique caractérisée par : un
trismus, un bombement du voile et un œdème de la luette.
La ponction à l’aiguille en pleine voussure établit le diagnostic en ramenant
du pus
D’autres signes sont notés :
 L’examen des aires ganglionnaires et des glandes retrouve des ADP
cervicales satellites inflammatoires sous angulo-mandibulaires, sous-
digastriques homolatérales, qui peuvent aussi évoluer vers la collection et
réaliser un adénophlegmon.
 D’autres signes peuvent être retrouvés :
- Un torticolis, voire une raideur cervicale

- Un empâtement de la région rétro mandibulaire associé à un


épaississement du pilier postérieur de l’amygdale ou une tuméfaction
cervicale douloureuse en arrière de l’angle mandibulaire, dans la région
parotidienne
- Une paralysie des dernières paires crâniennes.
 L’examen ORL sera complet associé à celui des autres appareils à la
recherche d’un foyer dentaire.
2.1. 2. Signes paracliniques

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Les examens para cliniques n’apportent rien au diagnostic positif mais seront
essentiellement à visée étiologique, d’extension et de retentissement.

 Biologie
o Examen cytobactériologique
L’examen bactériologique du prélèvement de pus isole le plus souvent une
association de streptocoque du groupe A à des anaérobies. Un antibiogramme
sera réalisé afin d’adapter l’antibiothérapie.
o NFS : montre une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles
o VS est accélérée, traduisant l’inflammation,
o Hémoculture si fièvre à plus de 39°C
o Ionogramme recherche des troubles ioniques,
o Bilan de terrain : Glycémie, SRV
 Examens radiologiques
o Les panoramiques dentaires à la recherche d’un foyer infectieux
dentaire.
o Une radiographie pulmonaire à la recherche d’une opacité lobaire
témoin d’une infection pulmonaire associée et/ou d’un élargissement du
médiastin évocateur d’une infection médiastinale.
o TDM : n’est pas indispensable, cependant elle permet de faire la
différence entre la forme présuppurative (Image d’épaississement de
l’espace décollable) et la forme suppurée (hyperdensité de l’espace
décollable) guidant ainsi le traitement. Il permet par ailleurs de préciser
l’extension péripharyngée. Elle trouve également son indication chez les
enfants de moins de 5 ans et surtout quand le trismus empêche l’examen
endobuccal.
2.1.3. Evolution et complications
 Evolution favorable
Diagnostiqué tôt et traité correctement, l’évolution est favorable. Dans le cas
contraire, des complications peuvent survenir.
 Les complications
 Complications loco-régionales :
 Suppurations péri-pharyngées
 Adénites voire adénophlegmons : Il s’agit d’une suppuration d’un
ganglion lymphatique le plus souvent de la chaîne jugulocarotidienne.
L’adénophlegmon cervical réalise une induration cervicale chaude et
douloureuse qui évolue vers le ramollissement, la fluctuation et même la
fistulisation ;

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 Abcès latéro-pharyngés : ce sont des suppurations latéro-cervicales qui
sont dues à l’extension du processus infectieux dans les espaces péri-
pharyngés notamment rétrostylien ou préstylien. Outre les signes
généraux marqués, la majoration d’un trismus, d’un torticolis douloureux,
d’un empâtement cervical, oriente le diagnostic.
 Abcès rétro-pharyngés : c’est une suppuration des ganglions de Gilette
de l’espace rétro-pharyngé. C’est une affection fréquente du nourrisson
entre 1 an-3 ans. La présentation clinique typique associe un syndrome
infectieux à un syndrome digestif fait de dysphagie progressive, une
douleur pharyngée et un cri typique de l’enfant dit : cri de crapaud. A ce
tableau s’ajoute rapidement une dyspnée pouvant engager le pronostic
vital. L’examen physique du patient note un bombement de la paroi
postérieure de l’oropharynx.
Le diagnostic est essentiellement clinique mais peut être aidé de la
radiographie cervicale standard
 Thrombophlébite de la veine jugulaire interne : c’est une complication
relativement fréquente des infections de l’espace viscéral du cou. Cette
complication peut passer inaperçue ou être constatée lors du drainage
chirurgical de l’abcès lorsque cette thrombose est aseptique, réactionnelle
à l’infection adjacente. La thrombose septique de la jugulaire interne est
parfois palpable sous la forme d’un cordon induré et douloureux en avant
du muscle sterno-cléido-mastoïdien, rarement associée à une atteinte
neurologique du pneumogastrique. Une septicémie peut être le seul signe
évocateur. Elle peut évoluer vers le syndrome de LEMIERE.
 Hémorragies par rupture de la carotide interne dans l’espace rétrostylien :
la rupture peut se manifester par une hémorragie buccale cataclysmique
lorsque l’hémorragie s’évacue au niveau du pilier postérieur de
l’amygdale ou uniquement par un volumineux hématome cervical puis par
un état de choc.
 Médiastinite: l’infection péri-pharyngée peut s’étendre au médiastin avec
un syndrome infectieux sévère une AEG.
 Extension de l’infection aux autres organes
 Otite moyenne aigue : otodynie, à l’otoscopie, le tympan est soit
congestif ou bombant, témoignant une collection ;
 Laryngite : syndrome infectieux, dyspnée laryngée. La LI si elle est
réalisable fait le diagnostic ;
 Trachéo-bronchite : fièvre, toux, râles bronchiques à l’auscultation. La
radiographie pulmonaire fait le diagnostic.

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 Complications générales
 Méningite aigue : exacerbation des signes fonctionnels du PPA,
syndrome infectieux sévère, raideur cervicale… la ponction lombaire avec
examen cytobactériologique du LCR confirme le diagnostic.
 Syndrome de LEMIERRE: Thrombophlébite de la VJI + emboles
septiques pulmonaires
 Septicémie/syndrome de choc toxique streptococcique : syndrome
infectieux sévère, AEG, état de choc septique. L’hémoculture est positive
et isole le germe.

 Complications post streptococciques :

- Glomérulonéphrites aiguës : Le plus souvent œdémateuses ou


hématuriques, survenant de 10 à 20 jours après l’angine
streptococcique ; leur évolution est en général favorable chez
l’enfant, mais peut se faire vers une insuffisance rénale irréversible,
surtout chez l’adulte.
- Rhumatisme articulaire aigu (RAA) ou maladie de
BOUILLAUD : Il débute 15 à 20 jours après l’infection
amygdalienne initiale soit :
 De façon brutale et parlante par une polyarthrite ;
 De façon insidieuse en cas de cardite modérée inaugurale.
Il existe une relation inverse entre la gravité de l’atteinte articulaire et le risque
de développement d’une atteinte cardiaque.
Les manifestations articulaires sont les plus fréquentes :
 La forme clinique typique, devenue rare, se caractérise par une
polyarthrite mobile, migratrice, asymétrique des grosses articulations.
L’articulation est le siège de douleurs limitant la mobilité, de rougeur, de
chaleur et de tuméfaction ; cette forme est actuellement remplacée soit par
de simples arthralgies, soit par une mono-arthrite faisant discuter le
diagnostic d’arthrite purulente.
- Les manifestations cardiaques constituent l’élément pronostique
essentiel :
Leur pronostic est tant immédiat avec le risque de survenue d’une
insuffisance cardiaque, que tardif par le risque de séquelles valvulaires.
L’échographie cardiaque permet d’en confirmer le diagnostic et d’en
surveiller l’évolution ;

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- Les manifestations nerveuses : la chorée de Sydenham est évoquée
devant l’existence de mouvements involontaires, désordonnés,
anarchiques, diffus, bilatéraux. Cette symptomatologie neurologique
n’apparaît, comme les sténoses valvulaires, qu’après de nombreuses
poussées inflammatoires. Les manifestations générales : la fièvre est très
fréquente, non durable, répondant bien aux anti-inflammatoires, même
non stéroïdiens. Il existe une hyperleucocytose. Les marqueurs à
l’inflammation sont élevés (VS) souvent supérieure à 100 à la première
heure).

2.2. Formes cliniques


2.2.1. Formes évolutives :
 Forme pré-suppurative : le tableau clinique est identique mais la
ponction à l’aiguille est blanche. Le syndrome infectieux est moins sévère
 Forme suppurative = TDD
2.2.2. Formes topographiques :
 Formes unilatérales =TDD
• Antéro-supérieure: plus fréquente, refoulement de l’AP en bas et
en AR
• Antéro- inférieure : rare, AP refoulée en haut et en AR ou en
dedans
• Postérieure: rare, trismus absent, bombement du pilier postérieur
 Formes bilatérales très rares, hyperalgique
2. 2. 3. Forme selon l’âge :
 Forme de l’adulte jeune : TDD ;
 Chez l’enfant des troubles digestifs à type de vomissements, diarrhée
peuvent égarer le diagnostic pouvant évoluer vers l’abcès rétropharyngé

3. Diagnostic
3.1. Diagnostic positif
Le diagnostic positif est clinique et repose sur :
- La triade symptomatique : fièvre ; odynophagie fébrile et otalgie reflexe,
hypersialorrhée qui doit faire rechercher la triade physique.
- L’examen physique en particulier l’oropharyngoscopie : objective la
triade physique= trismus ; bombement du voile et œdème de la luette.
- La ponction à l’aiguille fine ramène du pus et confirme le diagnostic.

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3.2. Diagnostic différentiel
 Tumeur de l’amygdale (carcinome, lymphome): l’absence de signes
inflammatoires, la palpation montre une loge amygdalienne indurée. La
biopsie et l’anatomopathologie font le diagnostic.
 Tumeurs parapharyngées : notamment une tumeur parotidienne à
prolongement pharyngée. La durée d’évolution, l’absence de syndrome
infectieux, l’aspect sain de l’amygdale palatine orientent le diagnostic. La
TDM et l’anatomopathologie font le diagnostic.
 Corps étranger amygdalien : notion d’accrochage au cours des repas,
gène pharyngée. L’oropharyngoscopie objective le CE siégeant dans
l’amygdale dont l’extraction entraine un amendement des signes
 Traumatisme du pharynx : notion de traumatisme oropharyngé.
 Syndrome de COSTEN (ou SADAM = syndrome algo dystrophique de
l’articulation temporo mandibulaire) : c’est un dysfonctionnement algique
de l’articulation temporo-mandibulaire.

3.3. Diagnostic étiologique


3.3.1. Facteurs favorisants
Ce sont ceux de l’angine :
 Angines à répétition ;
 Facteurs liés au terrain : diabète, immunodépression, dénutrition,
mauvaise hygiène bucco-dentaire ;
 Facteurs climatiques : pollution industrielle et atmosphérique (harmattan)
 Facteurs environnementaux : la promiscuité, l’insalubrité,
 Facteurs liés au mode de vie : tabac, alcool
3.3.2. Causes
Infection le plus souvent pluri-microbienne (80% des cas) :
- Le PPA est essentiellement causé par des bactéries anaérobies (82% à
90%). Exemple : Fusobacterium necrophorum
- Toutefois, la possibilité d’associations aéro-anaérobies avec un
pourcentage élevé de souches sécrétrices de bêta-lactamases existe. Cette
association de plusieurs espèces microbiennes représente un facteur de
virulence accru lié à un synergisme microbien. Les aérobies sont le plus
souvent : des Streptocoques, des Haemophilus, les staphylocoques.

4. Traitement
4.1. Traitement curatif

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Le phlegmon péri-amygdalien est une urgence thérapeutique. Le traitement ne
se conçoit qu’en milieu hospitalier.
4.1.1. Buts
 Soulager le patient
 Juguler l’infection
 Eviter les complications et les récidives
4.1.2. Moyens et méthodes
 Moyens médicamenteux
o Solutés de réhydratation (cristalloïdes)
o Antibiothérapie : Elle est souvent probabiliste d’emblée secondairement
orienté par l’antibiogramme
 Bêta-lactamines :
- Amoxicilline + acide clavulanique : 50-100mg/Kg/j chez l’enfant et 1g
chez l’adulte toutes les 8 heures ;
- C3G : Ceftriaxone : 50mg/Kg/j chez l’enfant en 2 prises et 2g/j chez
l’adulte ;
 Imidazolés : métronidazole : 30-40mg/Kg/j en deux prises
 Aminosides : gentamycine : 3 – 5mg/Kg/j chez l’enfant en 2 prises et
160mg/j chez l’adulte en une ou 2 prises ;
 Macrolide : érythromycine : 50mg/Kg/j chez l’enfant en 2 prises et
500mg x 4 /j chez l’adulte ;
 Quinolone : ciprofloxacine : 20mg/Kg/j chez l’enfant de plus de 12 ans en
2 prises et 500 – 750mg x 2 /j chez l’adulte ;
 Antalgique/Antipyrétiques : paracétamol : 60mg/Kg/j chez l’enfant en 4
prises et 1g à la demande chez l’adulte ;
 Anti-inflammatoires/corticoïdes : Prednisone, Méthylprednisolone : 1 à 2
mg/Kg/j ou Bétaméthazone : 0,1 – 0,2mg/Kg/j, après 3 à 5 jours d’ATB ;
 Bain de bouche : Chlorhexidine (un bain de bouche x 3/j après les repas).
 Moyens chirurgicaux

o Incision drainage :

 Matériels : Lumière focale, Xylocaïne spray, lame de bistouri,


manche, la pince de LUBET BARBON, un haricot, dispositif
d’aspiration, seringue, compresses, gants.
 1er temps ponction à l’aiguille avec un gros biseau ramenant du
pus franc à déposer pour examen cytobactériologique.
 Technique de l’incision drainage :
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Incision horizontale au point culminant de la collection. (figure
4). La pince de LUBET BARBON est introduite
horizontalement puis ouvert verticalement élargissant ainsi
l’incision. Drainage aspiratif de la collection.

Figure 4: Drainage d’un phlegmon péri-amygdalien droit.

o Amygdalectomie : A chaud ou à froid (4 à 6 semaines après guérison)


Nous préférons l’amygdalectomie à froid du fait du risque de septicémie.
- Sous AG + INT
- Exposer l’oropharynx à l’ouvre bouche de BOYLES David ; mise
en place d’un pack-in hypopharyngé
- Incision, repérage du pôle supérieur et l’espace de décollement
- Exérèse de haut en bas par libération du pôle supérieur, libération
du corps, libération du pôle inférieur et enfin libération de la totalité
l’amygdale. 
- Contrôle de l’hémostase, mise en place de compresse humide dans
la loge amygdalienne.
- L’amygdalectomie controlatérale est réalisée selon la même
technique.

 Traitement adjuvant :
o Repos médical
o Mesures hygiéno-diététiques
4.1.3. Indications
Hospitalisation, VV avec solutés (cristalloïdes).
 Au stade pré-suppuratif, le traitement est uniquement médicamenteux :
o Une bi-antibiothérapie: Amoxi-clav et métronidazole
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o Antipyrétique/antalgique : paracétamol
o Corticoïde : Prednisone
o Bain de bouche : Chlorhexidine ou Bétadine verte.
 Au stade collecté, le traitement initial consiste en :
o Incision drainage sous AL ou AG
o Une bi-antibiothérapie par voie parentérale:
- Amoxicilline + acide clavulanique

- Métronidazole injectable 
o L’antibiothérapie sera adaptée à l’antibiogramme et durera
10jours. Le relais par voie orale se fait après apyrexie et
amélioration de la dysphagie (2-4 jours)
o Méthylprednisolone ou Bétaméthazone : après 3 à 5 jours
d’ATB.
o Antalgique/antipyrétique 
o Bain de bouche 
o Amygdalectomie dans les 4-6 semaines après la guérison (à
froid).
4.1.4. Surveillance
La surveillance est :
- clinique : signes fonctionnels, température, signes physiques
4.1.5. Pronostic
Le pronostic est bon si le traitement est adapté. Autrement l’évolution se fait
vers des complications qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital.
Selon certains auteurs, la récidive serait fréquente, d’où l’indication
d’amygdalectomie après un phlegmon péri-amygdalien.
4.2. Traitement préventif
Le traitement préventif consistera en :
- Eviction des facteurs favorisants

- Vaccination spécifique contre Haemophilus

- Bonne hygiène bucco-dentaire

- Bonne hygiène de vie et de l’environnement

- La prise en charge correcte des tares

Conclusion

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Le PPA est une urgence médico-chirurgicale encore fréquente dans notre
pratique. Il est souvent une complication d’une angine aigue non ou mal traitée.
Son diagnostic positif est clinique basé sur l’oropharyngoscopie et la ponction à
l’aiguille.
Son potentiel de récidive indique une amygdalectomie au décours de la phase
aigüe.

Références
- EMC 2008 ; Suppurations parapharyngées

- 16 leçons d’ORL ; Pr PORTMANN

- Essentiel médical de poche

- Cahiers d’anatomie ORL ; PERLEMUTER

- Internet

- Thèse de YELBEOGO Dénis. Complications aigües des angines en ORL


au centre hospitalier national Yalgado Ouédraogo : aspects
épidémiologiques, cliniques, et thérapeutiques (à propos de 239 cas).
- Article : Phlegmon péri-amygdalien, profil épidémio-clinique et résultats
thérapeutiques : à propos de 212 cas. Dr Gyebré YMC et coll.
- Thèse de VIRGINIE Pinaud. Phlegmon péri-amygdalien chez l’adulte :
épidémiologie de 34 observations nantaises
- Keita et col phlegmon periamygdalien a propos de 38cas

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