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Objectifs du cours
- Définir le phlegmon péri-amygdalien.
1. Généralités
1.1. Définition :
Le phlegmon péri-amygdalien est une collection purulente localisée dans
l’espace décollable péri-amygdalien entre la paroi pharyngée en dehors et la
capsule de l’amygdale en dedans.
1.2. Intérêt :
C’est une urgence ORL qui engage le pronostic vital
Epidémiologique :
- Pathologie en régression dans les pays développés, avec une incidence de
30/100 000 cas pour le PPA.
- Keita A (Guinée) : 2,4% des CSU 2018 [J.Af Cl.C], Gyebre (BF) : 21,2
cas/an en 2010 âge moyen = 23, 66 ans [Rev Afr d’ORL] , Sanou MS : ≈
6 cas/an en 2015 [ Rev Afr d’ORL
Diagnostique : le diagnostic positif est clinique basé sur
l’oropharyngoscopie.
Thérapeutique : le traitement est médico – chirurgical.
Pronostic : dépend de la précocité et de l’adéquation de la prise en
charge. Les récidives sont classiquement fréquentes selon la littérature.
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Deux faces : Une face interne, adhérente à la paroi et une face externe,
libre, siège de cryptes qui peuvent se creuser et abriter le caséum ;
Deux pôles : supérieur et inférieur.
Elle est entourée d’une capsule fibreuse qui la sépare de cette paroi
oropharyngée latérale. Il existe un espace entre la capsule et le fascia pharyngo-
basilaire. C’est dans cet espace appelé espace décollable peri-tonsillaire que se
constituent les phlegmons péri-amygdaliens.
La tonsille palatine présente deux types de rapports : immédiats et médiats
Rapports immédiats : ils se font avec la loge. Pilier antérieur, en avant,
contenant le muscle palato-glosse ; le pilier postérieur en arrière contenant
le muscle palato-pharyngé ; latéralement de dedans en dehors :
L’espace décollable qui est net dans ses 2/3 supérieurs ;
Le fascia pharyngo-basilaire ;
La couche musculaire constituée par les constricteurs du pharynx ;
Le fascia péri-pharyngien.
En bas la loge est libre
Rapports médiats : ils se font par l’intermédiaire de la loge.
Avec les régions péri pharyngées notamment : la région para-
pharyngée qui est divisée par la partie interne du rideau stylien en
deux loges :
La loge pré-stylienne, directement en contact avec le fascia pharyngo-
basilaire, est occupée par les muscles ptérygoïdiens, l’artère et le nerf
maxillaire interne.
La loge rétro-stylienne qui contient l’artère carotide interne, située à 15
mm du pôle supérieur et à 7 mm du pilier postérieur, la veine jugulaire
interne, les quatre dernières paires crâniennes (IX, X, XI et XII) et le
ganglion sympathique cervical.
La loge parotidienne au fond de laquelle est située la carotide externe qui
est à 15 mm du pilier postérieur et à 7 mm du pôle inférieur de l’amygdale
palatine.
Les rapports médiats peuvent s’étendre à l’espace rétropharyngien au niveau de
la paroi postérieure de l’oropharynx. L’espace rétropharyngien s’étend de la
base du crâne au médiastin.
1.4. Physiopathologie
2. SIGNES
2.1. TDD : Phlegmon péri-amygdalien unilatéral au stade suppuré de
l’adulte jeune
C’est la forme la plus fréquente, sémiologiquement riche : tableau douloureux
aigu
2. 1. 1. Les signes cliniques
Circonstances de découverte
Habituellement il s’agit d’un patient qui consulte en urgence pour odynophagie
fébrile, apathique avec AEG et une position antalgique caractéristique : il est
assis, la tête inclinée du côté malade, la bouche ouverte, laissant couler la salive
qu’il ne peut avaler.
Interrogatoire
L'interrogatoire du patient ou de son entourage porte sur:
Le malade :
L'identité complète du patient ;
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Les antécédents: de phlegmon, d’angines à répétition, de tares (diabète ;
tid) ;
La prise de médicaments (antibiotiques).
La maladie :
La date de début de la symptomatologie ;
Va préciser les signes fonctionnels :
- Une odynophagie intense, irradiant dans l'oreille réalisant une otalgie
réflexe. Elle est d’aggravation progressive pouvant aboutir à une
aphagie ;
- Une hypersialorrhée ;
Signes généraux
Ils sont marqués par :
- Une AEG avec une apathie, une asthénie. Le malade est pâle ;
- Une tachycardie ;
Signes physiques
L’examen ORL
Conditions d’examen et matériels : Il se fera dans un cabinet de
consultation ORL comportant au minimum : un siège pour le médecin, un
fauteuil pour le malade muni d’une têtière et orientable dans toutes les
directions, un meuble de consultation où sont rangés les instruments, une
source de lumière focale, un complexe d’aspiration, des spéculums nasals
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et auriculaires, un miroir laryngé, des abaisse-langues, des lames de
bistouri, des seringues et la pince de Lubet Barbon +++
Examen de la PCF montre une peau saine, sensible à la palpation.
L’examen des muqueuses : met en évidence une triade physique
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Les examens para cliniques n’apportent rien au diagnostic positif mais seront
essentiellement à visée étiologique, d’extension et de retentissement.
Biologie
o Examen cytobactériologique
L’examen bactériologique du prélèvement de pus isole le plus souvent une
association de streptocoque du groupe A à des anaérobies. Un antibiogramme
sera réalisé afin d’adapter l’antibiothérapie.
o NFS : montre une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles
o VS est accélérée, traduisant l’inflammation,
o Hémoculture si fièvre à plus de 39°C
o Ionogramme recherche des troubles ioniques,
o Bilan de terrain : Glycémie, SRV
Examens radiologiques
o Les panoramiques dentaires à la recherche d’un foyer infectieux
dentaire.
o Une radiographie pulmonaire à la recherche d’une opacité lobaire
témoin d’une infection pulmonaire associée et/ou d’un élargissement du
médiastin évocateur d’une infection médiastinale.
o TDM : n’est pas indispensable, cependant elle permet de faire la
différence entre la forme présuppurative (Image d’épaississement de
l’espace décollable) et la forme suppurée (hyperdensité de l’espace
décollable) guidant ainsi le traitement. Il permet par ailleurs de préciser
l’extension péripharyngée. Elle trouve également son indication chez les
enfants de moins de 5 ans et surtout quand le trismus empêche l’examen
endobuccal.
2.1.3. Evolution et complications
Evolution favorable
Diagnostiqué tôt et traité correctement, l’évolution est favorable. Dans le cas
contraire, des complications peuvent survenir.
Les complications
Complications loco-régionales :
Suppurations péri-pharyngées
Adénites voire adénophlegmons : Il s’agit d’une suppuration d’un
ganglion lymphatique le plus souvent de la chaîne jugulocarotidienne.
L’adénophlegmon cervical réalise une induration cervicale chaude et
douloureuse qui évolue vers le ramollissement, la fluctuation et même la
fistulisation ;
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Abcès latéro-pharyngés : ce sont des suppurations latéro-cervicales qui
sont dues à l’extension du processus infectieux dans les espaces péri-
pharyngés notamment rétrostylien ou préstylien. Outre les signes
généraux marqués, la majoration d’un trismus, d’un torticolis douloureux,
d’un empâtement cervical, oriente le diagnostic.
Abcès rétro-pharyngés : c’est une suppuration des ganglions de Gilette
de l’espace rétro-pharyngé. C’est une affection fréquente du nourrisson
entre 1 an-3 ans. La présentation clinique typique associe un syndrome
infectieux à un syndrome digestif fait de dysphagie progressive, une
douleur pharyngée et un cri typique de l’enfant dit : cri de crapaud. A ce
tableau s’ajoute rapidement une dyspnée pouvant engager le pronostic
vital. L’examen physique du patient note un bombement de la paroi
postérieure de l’oropharynx.
Le diagnostic est essentiellement clinique mais peut être aidé de la
radiographie cervicale standard
Thrombophlébite de la veine jugulaire interne : c’est une complication
relativement fréquente des infections de l’espace viscéral du cou. Cette
complication peut passer inaperçue ou être constatée lors du drainage
chirurgical de l’abcès lorsque cette thrombose est aseptique, réactionnelle
à l’infection adjacente. La thrombose septique de la jugulaire interne est
parfois palpable sous la forme d’un cordon induré et douloureux en avant
du muscle sterno-cléido-mastoïdien, rarement associée à une atteinte
neurologique du pneumogastrique. Une septicémie peut être le seul signe
évocateur. Elle peut évoluer vers le syndrome de LEMIERE.
Hémorragies par rupture de la carotide interne dans l’espace rétrostylien :
la rupture peut se manifester par une hémorragie buccale cataclysmique
lorsque l’hémorragie s’évacue au niveau du pilier postérieur de
l’amygdale ou uniquement par un volumineux hématome cervical puis par
un état de choc.
Médiastinite: l’infection péri-pharyngée peut s’étendre au médiastin avec
un syndrome infectieux sévère une AEG.
Extension de l’infection aux autres organes
Otite moyenne aigue : otodynie, à l’otoscopie, le tympan est soit
congestif ou bombant, témoignant une collection ;
Laryngite : syndrome infectieux, dyspnée laryngée. La LI si elle est
réalisable fait le diagnostic ;
Trachéo-bronchite : fièvre, toux, râles bronchiques à l’auscultation. La
radiographie pulmonaire fait le diagnostic.
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Complications générales
Méningite aigue : exacerbation des signes fonctionnels du PPA,
syndrome infectieux sévère, raideur cervicale… la ponction lombaire avec
examen cytobactériologique du LCR confirme le diagnostic.
Syndrome de LEMIERRE: Thrombophlébite de la VJI + emboles
septiques pulmonaires
Septicémie/syndrome de choc toxique streptococcique : syndrome
infectieux sévère, AEG, état de choc septique. L’hémoculture est positive
et isole le germe.
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- Les manifestations nerveuses : la chorée de Sydenham est évoquée
devant l’existence de mouvements involontaires, désordonnés,
anarchiques, diffus, bilatéraux. Cette symptomatologie neurologique
n’apparaît, comme les sténoses valvulaires, qu’après de nombreuses
poussées inflammatoires. Les manifestations générales : la fièvre est très
fréquente, non durable, répondant bien aux anti-inflammatoires, même
non stéroïdiens. Il existe une hyperleucocytose. Les marqueurs à
l’inflammation sont élevés (VS) souvent supérieure à 100 à la première
heure).
3. Diagnostic
3.1. Diagnostic positif
Le diagnostic positif est clinique et repose sur :
- La triade symptomatique : fièvre ; odynophagie fébrile et otalgie reflexe,
hypersialorrhée qui doit faire rechercher la triade physique.
- L’examen physique en particulier l’oropharyngoscopie : objective la
triade physique= trismus ; bombement du voile et œdème de la luette.
- La ponction à l’aiguille fine ramène du pus et confirme le diagnostic.
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3.2. Diagnostic différentiel
Tumeur de l’amygdale (carcinome, lymphome): l’absence de signes
inflammatoires, la palpation montre une loge amygdalienne indurée. La
biopsie et l’anatomopathologie font le diagnostic.
Tumeurs parapharyngées : notamment une tumeur parotidienne à
prolongement pharyngée. La durée d’évolution, l’absence de syndrome
infectieux, l’aspect sain de l’amygdale palatine orientent le diagnostic. La
TDM et l’anatomopathologie font le diagnostic.
Corps étranger amygdalien : notion d’accrochage au cours des repas,
gène pharyngée. L’oropharyngoscopie objective le CE siégeant dans
l’amygdale dont l’extraction entraine un amendement des signes
Traumatisme du pharynx : notion de traumatisme oropharyngé.
Syndrome de COSTEN (ou SADAM = syndrome algo dystrophique de
l’articulation temporo mandibulaire) : c’est un dysfonctionnement algique
de l’articulation temporo-mandibulaire.
4. Traitement
4.1. Traitement curatif
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Le phlegmon péri-amygdalien est une urgence thérapeutique. Le traitement ne
se conçoit qu’en milieu hospitalier.
4.1.1. Buts
Soulager le patient
Juguler l’infection
Eviter les complications et les récidives
4.1.2. Moyens et méthodes
Moyens médicamenteux
o Solutés de réhydratation (cristalloïdes)
o Antibiothérapie : Elle est souvent probabiliste d’emblée secondairement
orienté par l’antibiogramme
Bêta-lactamines :
- Amoxicilline + acide clavulanique : 50-100mg/Kg/j chez l’enfant et 1g
chez l’adulte toutes les 8 heures ;
- C3G : Ceftriaxone : 50mg/Kg/j chez l’enfant en 2 prises et 2g/j chez
l’adulte ;
Imidazolés : métronidazole : 30-40mg/Kg/j en deux prises
Aminosides : gentamycine : 3 – 5mg/Kg/j chez l’enfant en 2 prises et
160mg/j chez l’adulte en une ou 2 prises ;
Macrolide : érythromycine : 50mg/Kg/j chez l’enfant en 2 prises et
500mg x 4 /j chez l’adulte ;
Quinolone : ciprofloxacine : 20mg/Kg/j chez l’enfant de plus de 12 ans en
2 prises et 500 – 750mg x 2 /j chez l’adulte ;
Antalgique/Antipyrétiques : paracétamol : 60mg/Kg/j chez l’enfant en 4
prises et 1g à la demande chez l’adulte ;
Anti-inflammatoires/corticoïdes : Prednisone, Méthylprednisolone : 1 à 2
mg/Kg/j ou Bétaméthazone : 0,1 – 0,2mg/Kg/j, après 3 à 5 jours d’ATB ;
Bain de bouche : Chlorhexidine (un bain de bouche x 3/j après les repas).
Moyens chirurgicaux
o Incision drainage :
Traitement adjuvant :
o Repos médical
o Mesures hygiéno-diététiques
4.1.3. Indications
Hospitalisation, VV avec solutés (cristalloïdes).
Au stade pré-suppuratif, le traitement est uniquement médicamenteux :
o Une bi-antibiothérapie: Amoxi-clav et métronidazole
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o Antipyrétique/antalgique : paracétamol
o Corticoïde : Prednisone
o Bain de bouche : Chlorhexidine ou Bétadine verte.
Au stade collecté, le traitement initial consiste en :
o Incision drainage sous AL ou AG
o Une bi-antibiothérapie par voie parentérale:
- Amoxicilline + acide clavulanique
- Métronidazole injectable
o L’antibiothérapie sera adaptée à l’antibiogramme et durera
10jours. Le relais par voie orale se fait après apyrexie et
amélioration de la dysphagie (2-4 jours)
o Méthylprednisolone ou Bétaméthazone : après 3 à 5 jours
d’ATB.
o Antalgique/antipyrétique
o Bain de bouche
o Amygdalectomie dans les 4-6 semaines après la guérison (à
froid).
4.1.4. Surveillance
La surveillance est :
- clinique : signes fonctionnels, température, signes physiques
4.1.5. Pronostic
Le pronostic est bon si le traitement est adapté. Autrement l’évolution se fait
vers des complications qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital.
Selon certains auteurs, la récidive serait fréquente, d’où l’indication
d’amygdalectomie après un phlegmon péri-amygdalien.
4.2. Traitement préventif
Le traitement préventif consistera en :
- Eviction des facteurs favorisants
Conclusion
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Le PPA est une urgence médico-chirurgicale encore fréquente dans notre
pratique. Il est souvent une complication d’une angine aigue non ou mal traitée.
Son diagnostic positif est clinique basé sur l’oropharyngoscopie et la ponction à
l’aiguille.
Son potentiel de récidive indique une amygdalectomie au décours de la phase
aigüe.
Références
- EMC 2008 ; Suppurations parapharyngées
- Internet
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