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MASTER II ECONOMIE ET GESTION

Spécialité Management des Organisations de la Neteconomie

MODULE D01 - Séquence 1

INTRODUCTION

I. DE LA GESTION DE L'INFORMATION
1.1. Comprendre le concept d'information
1.2. Pour mieux urbaniser les systèmes d'information

II. A L'ECONOMIE DE L'INFORMATION


2.1. Comprendre les mythes de la nouvelle économie
2.2. Et assurer la transition vers la sphère digitale

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

SITOGRAPHIE

QUIZ 1
QUIZ 2

APPLICATION 1
APPLICATION 2
APPLICATION 3
APPLICATION 4
APPLICATION 5
APPLICATION 6
APPLICATION 7

DIAPORAMA

Auteur : M. Alain DEPPE


: alain.deppe@u-picardie.fr
MANAGEMENT DE L'INFORMATION ET COMPETITIVITE
DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de l'information

Objectif général :
- Montrer la complexité des enjeux liés au développement de l'économie de
l'information

Objectifs intermédiaires :
- Analyser le concept d'information
- Comprendre l'utilité des systèmes d'information comme facteur de création de
valeur
pour l'entreprise
- Dégager les problèmes économiques fondamentaux soulevés par la nouvelle
économie
- Montrer les processus de transformation des modes de gouvernance, de
production
et de distribution

INTRODUCTION

Il apparaît, à certains moments, des changements qui transforment, voire


bouleversent les sociétés et les systèmes économiques, politiques, sociaux, et
culturels qu'elles ont mis en place. Ainsi, de la même façon que les inventions du
XIXe siècle ont façonné les bases organisationnelles de l'économie industrielle du
XXe siècle, Internet fait entrer le monde du XXIe siècle dans l'ère de l'économie
digitale, caractérisée à la fois par la convergence de deux technologies autrefois
dissociées, l'information et la communication, vers un même standard numérique et
par le développement des réseaux. Les effets combinés de la mondialisation et de la
diffusion rapide des technologies de l'information et de la communication à
l‛ensemble des secteurs économiques ont profondément changé l‛accès à
l‛information et à la connaissance, modifié les modes de production et de
consommation et ont été à l‛origine de toute une série de mutations structurelles
qui doivent conduire à repenser l‛économie. Le paradigme walrassien (concept de
marché parfait) serait-il devenu, grâce à l'Internet, une réalité et les activités
numériques permettraient-elles, à partir du facteur informationnel, l'avènement
d'un nouveau modèle productif qui rendrait les organisations plus efficaces ?

Cette première séquence s'articule en deux parties. Dans la première partie seront
rappelés quelques uns des principes qui permettent de mieux comprendre la nature
du concept d'information et dans quelle mesure celui-ci peut être source de valeur
ajoutée. Un premier cadre d‛analyse de la contribution des SI à la création de
valeur sera proposé. Dans la deuxième partie seront exposés les types nouveaux de
relation et d'échange qui caractérisent le développement de l'économie de
l'information.

I.- DE LA GESTION DE L'INFORMATION

L'information est à la fois une matière première et un matériau stratégique. Elle


joue un rôle essentiel dans les organisations, voire dans les sociétés, et pose à
l'entreprise les problèmes de sa mise en circulation et de son exploitation. Les
besoins en information des agents économiques varient selon leurs critères
personnels de rationalité. Pour être plus efficaces, les organisations mettent en
œuvre une fonction de production spécifique qui leur permet d'insérer alors
l'information dans un système de données validées, le système d'informations.

1.1.- Comprendre le concept d'information

L'information est un concept pluridimensionnel et polysémique forgé au XIIIe


siècle dans la sphère du vocabulaire philosophique qui s'est déployé dans nombre de
domaines d'activités. Il convient donc de préciser, tout d'abord, l'usage de ce
terme dans ses différentes acceptions. Dans une entreprise, l'information est une
ressource clef qui sert de base aux décisions.

1.1.1. D'une approche théorique

L‛analyse théorique de l‛information, apparue avec l‛analyse cybernétique, a permis


de caractériser le concept comme “ce qui forme ou transforme une
représentation”.

1.1.1.1. d'un point de vue général

Une information est une indication ou un événement porté à la connaissance d‛une


personne ou d‛un groupe susceptible d'être à la fois :
- connue par une méthode d'analyse (fait de fournir à des personnes des
renseignements, des précisions, ....)
- communiquée par un processus de transmission

1.1.1.1.1. l'information, structure complexe, est


constituée d'un ensemble d'éléments

L'information est un concept qui désigne une structure composée, complexe et qui
se caractérise par un ensemble de propriétés telles que l'improbabilité tant au
niveau physique (elle peut changer d'intensité) que sémantique (au niveau du sens,
elle est par essence différente et, de ce fait, permet de capter l'attention). De ce
point de vue, l'improbabilité du signal doit être répétitive (la sonnerie d'un réveil
par exemple) pour constituer une information. L'information, en permettant la
prévision, lève l'incertitude. Cela présuppose qu'elle peut être imparfaite et qu'elle
doit faire l'objet d'ajustements permanents. Ceci implique un processus cognitif et
récursif d'adaptation et d'apprentissage entre un émetteur et un récepteur. Il
n'existe pas d'information en soi. Elle est un élément d'un ensemble qui renvoie à
autre chose qu'à elle-même (valeur de signe) et qui lui donne sa force (avec des
effets démultipliés et disproportionnés par rapport à la cause). Elle s'inscrit dans
une durée qui échappe au temps physique grâce aux corrections d'erreurs et
régulations (évolution, complexification, optimisation de l'information).

D'un point de vue


technique,
l'information (unité
de signification,
symbole ou signal)
transmise à l'aide
d'un canal après avoir
été préalablement
codée par le langage,
puis transcodée (par
l'écriture, la
signalisation
électronique,
numérique ou analogique) voire cryptée, est constituée d'un ensemble d'unités ou de
signes élémentaires (figure 1) appelées données (unités de stockage comme le
montant des ventes d'une entreprise sur une période donnée), de représentations
(images, modèles, photographies, ...), ou de référentiels tacites (impressions,
intuitions). Une série de signes (nombres ou lettres) devient une donnée quand on
connaît la signification correspondante. Quand cette donnée prend un sens grâce au
modèle d'interprétation (et au contexte sémantique) qui lui est associé, la donnée
se transforme en information (14.02.2006 correspond à une date de naissance).
Celle-ci a été jusqu‛à présent conservée et transmise à l‛aide de caractères
typographiques sur des documents papier.

Dans son usage technique, le concept peut être défini, soit comme un phénomène
physique quantifiable qui correspondrait à la dégradation du signal en présence du
bruit, soit pour désigner un symbole numérique (0 ou 1) codé de façon binaire. Il est
donc possible de transmettre maintenant l'information au moyen d'impulsions
électroniques et de la conserver sur des supports numériques pour faciliter leur
traitement automatisé (codes barres des étiquettes produits). Dans ce cas, il n‛est
plus possible de les lire sans un outil supplémentaire appelé ordinateur.

On peut, à cet égard, retenir que c'est sur la racine du mot information que Philippe
Dreyfus construisit en 1962 le néologisme "informatique", mot valise qui est la
contraction de information et automatique, pour traduire l'expression anglo-
saxonne "computer science".

1.1.1.1.2. l'information est un matériau basique qui


a fait l'objet de nombreuses transformations

Le concept d'information a des implications fondamentales dans tous les domaines


(juridique, médiatique, informatique, économique, politique, philosophique, culturel,
social, biologique, ...). Dans la sphère juridique par exemple, l'information
correspond à la constitution d'un dossier, et à la réalisation d'un long travail de
recherche de renseignements, de témoignages pour extraire un fait de la masse des
événements.

D'un point de vue médiatique, le concept d'information est associé à l'information


de presse et les organes de presse se présentent avant tout comme des vecteurs
d'information.

L'idée que
le
journaliste
serait le
garant
d'une
information
neutre et
objective
doit nous
conduire à
faire la
distinction
entre le
fait et le
commentaire.
Le rôle du journaliste, en effet, consiste à traduire en information des événements,
à extraire des faits de la réalité courante, à les formaliser et à les porter à la
connaissance d'autrui (figure 2). Il en va de même pour le professionnel de
l'information quand il se situe dans une perspective de collecte, d'harmonisation,
d'agencement, de description, de commentaire et de mise en forme d'une matière
première comme dans le cas de l'activité de veille (journaux d'entreprise, revues de
presse, dossiers, synthèses, banques de données, rapports d'étonnement, produits
de la veille stratégique, etc.). Il distingue l'information, issue des documents
primaires (livres, textes de loi, brevets, articles …) de l‛information secondaire qui
recense et/ou analyse une information primaire (notices bibliographiques enrichies,
résumés, catalogues, ...). L'information primaire est souvent brute. Elle représente
l‛information qui n‛a subi aucun traitement. Elle manque souvent, à ce titre, de
fiabilité. Après plusieurs phases de traitement, elle prend de la valeur et acquiert
le statut d'information élaborée. Lorsque la quantité d'information élaborée aura
été réduite par recoupement, elle pourra devenir une information directement
utilisable pour la prise de décision.

L‛information est à la base de l‛organisation du déroulement des opérations


relatives à la gestion courante de l'entreprise (commande, fiche de stock, bulletin
de paye). Elle peut viser des objectifs d'orientation (note de service, contenu de
réunion, rumeur), d'évaluation (bilan, études de marché), ou prévisionnels (analyse
concurrentielle, article sur la veille technologique). Elle est donc en même temps un
contenu et un processus qui sert de base au savoir et à la connaissance.

1.1.1.1.3. l'information est la mise en forme d'un


fait

Si le concept d'information nomade fait acte de propagation à travers de nombreux


champs d'application, peu d'auteurs sont parvenus à en donner une définition
précise. Ainsi, pour le sociologue et théoricien de la communication Daniel Bougnoux,
l'information est "ce qui apporte une variation par rapport à un thème ou une
réponse sur le fond d'une alternative" et pour le sociologue et philosophe Edgar
Morin, il s'agit de "ce qui, pour un observateur ou récepteur placé dans une
situation où il y a au moins deux occurrences possibles, peut dénouer une
incertitude ou résoudre une alternative, c'est-à-dire substituer du connu à
l'inconnu, du certain à de l'incertain".

D'autres ont associé le concept d'information à la connaissance tel Jacques Arsac


qui, reprenant la définition du Dictionnaire Philosophique Lalande, "donner une
forme à une matière", considère que l'information serait "la forme qui porte la
connaissance". L'ancien sens relatif à la matière subsiste, mais ce n'est plus elle qui
est l'objet de la mise en forme mais l'esprit. On se rapproche ainsi du sens actuel
du verbe informer tel que le philosophe français Descartes l'avait déjà pressenti
trois siècles plus tôt. C'est dans le dictionnaire Webster qu'on semble avoir
approché au plus près l'essence du concept en indiquant que l'information peut être
assimilée à "une communication ou une réception de renseignements, un fait prêt à
être communiqué, et que l'on doit distinguer de ceux relevant de la pensée ou de
ceux incorporés dans une théorie ou un corps de doctrine, ...", ce qui permet de
mettre en évidence à la fois que l'information est déjà la mise en forme d'un fait
(vient du latin informare qui signifie mettre en forme) et qu'elle a été produite
dans le but d'être transmise à un public donné.

Les biologistes, de leur coté, ont souligné que l'information, matière vivante, était à
la fois, insérée dans un système ouvert, et organisée par niveau de complexité.
Henri Laborit, en étudiant les fonctions de l'information dans l'organisation des
systèmes vivants a identifié deux sortes d'informations : "l'information structure"
transmise par le code génétique et "l'information circulante" qui se transmet par
les organes sensoriels. L'information ne devient signifiante qu'au moment où elle
est perceptible sensoriellement, et seulement dans la mesure où elle a été
structurée et organisée par le système nerveux. L'évolution humaine a été rendue
possible grâce à la capitalisation de l'information, permise par la transmission de
l'expérience acquise, au moyen du langage. Les travaux de H. Laborit ont permis de
souligner l'intégration de l'information dans le fonctionnement des systèmes qui
n'apparaît pas ex nihilo, mais qui est le résultat d'un système qui la produit.

1.1.1.2. Selon une approche typologique

L'information a fait l'objet de nombreuses classifications

1.1.1.2.1. l'information peut être ouverte ou fermée

Certains auteurs comme Philippe Baumard (figure 3) considèrent une information


comme ouverte si "la source délivre l‛information de son plein gré" comme par
exemple les bulletins météorologiques ou d'informations routières . Dans le cas
contraire, elle est fermée. Pour d‛autres, l'approche est moins restrictive et
l‛information fermée correspond à ce qui n‛est pas publié.

Dans cette hypothèse, l‛information ouverte est


assimilée à l‛information écrite soit environ 95 % de
toutes les informations. Dans les deux cas,
l'information ouverte représente donc une
information à faible valeur ajoutée par opposition à
une information fermée stratégique et
confidentielle. Très abondante, l‛information dite
"ouverte", pour être efficace et utile pour la prise
de décision, doit être répertoriée, décomposée,
retravaillée, complétée, classée et diffusée.

Quant à l‛information fermée, elle émane des


circuits propres à l‛entreprise. Elle peut parfois,
être obtenue de manière illégale. La collecte de
cette information non formalisée nécessite la mise
en place d‛une méthode comme nous le verrons dans le chapitre suivant.

1.1.1.2.2. l'information peut être explicite ou tacite

Une autre distinction peut aussi être opérée entre les informations explicites pour
parler des connaissances (informations potentielles, utilisables dans l'avenir
et applicables dans des situations variées), des savoirs inscrits, enregistrés sous
forme écrite orale ou audiovisuelle et l'information tacite pour parler de l'action de
s'informer, du processus par lequel un sujet s'informe. La première, facilement
transmissible, peut apparaître et se diffuser dans le système d‛information de
l‛entreprise alors que la seconde, perçue par la pratique et dans l‛action, est
difficilement identifiée et donc transmissible.

L'information naît donc de la rencontre entre un problème (une nécessité


d'information) et un ensemble de données (informations non évaluées) et n'a
réellement d'utilité (aide à la décision) que par rapport à un contexte et à un
problème précis. Elle est donc par nature éphémère.

1.1.1.2.3. l'information peut être caractérisée de


différentes façons

Il existe différentes typologies qui permettent de caractériser


l'information

1.1.1.2.3.1. Selon le niveau de confidentialité

Il s'agit de la typologie de l'AFNOR qui distingue trois types d’information (tableau 1) :

Tableau 1 - Typologie de l'AFNOR (source Général Pichot-Duclot - ESLSCA)

INFORMATION INFORMATION INFORMATION


BLANCHE GRISE NOIRE

Ce qui est obtenu à la


suite d'un traitement
Ce qui est protégé par
de l'information ou
CODE Ce que chacun peut la loi ou le contrat et
grâce à la compétence
COULEUR voir et recueillir réservé aux personnes
de l'analyste ou par un
autorisées
procédé immoral (sans
être illégal)

Information ouverte Information sensible Information fermée ou


CATEGORIE
(70 % du total) (20 % du total) secrète (10 % du total)
Domaine de l'infraction Infractions aux lois
Pas d'infraction au
jurisprudentielle (litige civiles et commerciales ,
recueil qui est licite
TYPE de concurrence ou atteintes aux intérêts
(attention à la
D'INFRACTION débauchage de cadres de la nation ou à ceux
propriété intellectuelle
ou atteintes au secret de l'entreprise, ou à
et/ou à l'emploi)
professionnel) ceux de l'individu

Médias et centres de
Sources consultées sans
documentation, Documentation de
autorisation officielle
réunions publiques, l'entreprise, personnel
ou privée de manière
bases de données, de l'entreprise, toute
SOURCE illégale (interceptions
organismes publics information non
techniques), sources
(ARIST, CRCI, publique obtenue de
humaines se mettant
INPI, ...), greffe des manière non illégale
dans l'illégalité
tribunaux

L'Afnor met donc en évidence :


- L‛information facilement et légalement accessible que certains appellent
"information blanche " (information publique et accessible à tout le monde,
disponible par exemple sur des pages Web classiques que l'on peut trouver à l'aide
des outils « classiques » de recherche d‛information et qui ne fait l‛objet d‛aucune
sécurisation particulière). Ouverte à tous, son accès ne présente aucun problème
juridique. Elle se trouve dans la presse, les publications spécialisées, les colloques,
la littérature grise, les banques de données, internet…
- L‛information licitement accessible mais caractérisée par des difficultés dans la
connaissance de son existence et de son accès. Cette « information grise » se
présente sous une forme plus élaborée (information sensible d‛accès légal que l'on
peut trouver, de manière indirecte ou détournée, en utilisant, par exemple, les
techniques avancées de recherche et de traitement de l‛information par inscription,
gratuite ou payante, dans des groupes de discussion, des listes de diffusion, ou des
serveurs d‛information spécialisés comme les agences de presse scientifique, ...).
Pour la trouver, il faut d‛abord savoir la chercher. Elle se rapproche davantage du
renseignement
- L‛information à diffusion restreinte et dont l‛accès et l‛usage sont expressément
protégés. Il s‛agit ici de « l‛information noire » qui est protégée par un contrat ou
une loi (ce genre d‛information, hautement sécurisé, est très difficile à consulter et
y accéder indûment relève d'activités illégales considérées comme de l'espionnage
industriel ou scientifique). Seules, quelques personnes sont autorisées à y accéder.
Son recueil peut entraîner des poursuites pénales si une personne non autorisée la
détient. Dans ce cadre, l'information ouverte serait obtenue à partir d'une source
qui délivre une information de son plein gré et l'information fermée proviendrait
d'une source qui ne délivre pas une information de son plein gré.

1.1.1.2.3.2. Selon l'usage auquel elle est destinée

Aujourd‛hui, les technologies de l‛information et de la communication, qui


bouleversent aussi bien le process de production que celui de la consommation,
devraient permettre l'émergence d'une société de l‛information qui pourrait
s'inscrire dans un contexte de développement durable.

L'accès à une information pluraliste, garante des libertés d'opinion, d'expression et


de choix, devrait être reconnu à tout citoyen dans un régime démocratique. De fait,
grâce aux développements de la technologie, l'information est délivrée à un nombre
croissant de personnes, en un minimum de temps, et dans un espace de plus en plus
large. Elle peut générer l'évènement (par exemple susciter du désordre) ou être
utilisée comme un moyen de pouvoir en fonction des intérêts personnels de celui qui
la possède (chef d'entreprise qui doit rendre des arbitrages entre les différents
acteurs impliqués dans son organisation).

La typologie de Humbert et Elisabeth Lesca, en comparant le système d‛information


de l‛entreprise à l‛appareil circulatoire du corps humain a identifié trois types
d‛information selon l'usage auquel celle-ci est destinée dans l'entreprise :

- les informations de fonctionnement, répétitives, formalisées et le plus souvent


informatisées. Elles sont destinées à permettre l'exécution des opérations
courantes de la vie de l'entreprise (facture, commande du client, commande au
fournisseur, fiche de stock, bilan de l'entreprise, bulletin de salaire, relevé
bancaire, ....).Elles sont subdivisées en informations de commande nécessaires à la
réalisation d‛une
commande ou d‛une
tâche bien définie
(commander,
déclencher ou
réaliser une opération
proprement dite) et
en informations de
contrôle des résultats
d‛une opération, d‛une
tâche, d‛un évènement
(contrôler des
résultats issus de
l'opération, fiche de
stock, bilan de
l‛entreprise, relevé
bancaire, historique
des ventes…). La facture ci-contre (figure 4) montre par exemple que la facture,
document d'information usuel, n'est pas toujours simple à déchiffrer. L'entreprise
qui établit ce document doit veiller à apporter une plus value dans la communication
avec le client pour augmenter son taux de satisfaction et sa fidélité. Elle doit donc
lui fournir des informations de nature à fournir une vision complète de l'utilisation
des services de l'entreprise.

- les informations d'influence (au sens d'animation, de stimulation, de coordination),


totalement informelles (rumeurs, bruits de couloir, ...) ou bien extrêmement
formalisées (charte graphique de l'entreprise, catalogue produits, rapports
adressés à la banque…) ont pour objectif de faire pression sur les différents
acteurs impliqués au sein de l'entreprise (internes/externes) afin de modifier
leurs choix décisionnels et leur comportement dans un sens qui soit favorable aux
intérêts de l'entreprise (figure 5).

Figure 5 - L'information d'influence

Les leçons à tirer de l‛affaire du Clémenceau


Par admin - Date: 2006-02-17 19:59:58 (Extrait d'un article paru sur Knowckers.org )

La première est sans doute la plus grave : les conseillers du Ministre de la Défense n’ont
pas compris dans quel monde ils évoluent et en particulier ne saisissent rien aux
problématiques de guerre de l’information. Les erreurs sont multiples et doivent être
soulignées avec gravité et insistance :

• Aucune analyse sérieuse n’a été faîte sur le


désir de revanche qui animait Greenpeace
après son fiasco médiatique à Mururoa lors
de sa tentative de pénétration du site d’essai
nucléaire avec le Rainbow Warrior II. A
l’époque, la stratégie de communication de
Greenpeace Monde avait été contrée par
une opération mûrement réfléchie et
préparée par le Ministère de la Défense.
Greenpeace attendait depuis longtemps
l’heure de la revanche. L’ONG aurait pu
s’attaquer à d’autres cibles pour dénoncer
les navires poubelles mais l’occasion était
trop belle.
• Aucune démarche cohérente n’a été suivie
par les pouvoirs publics français pour traiter
sur le fond le contexte mondial du
désamiantage des navires. Les
fonctionnaires formés à l’ENA n’ont pas saisi
une des données essentielles de la société
de l’information : c’est celui qui prend la
parole en se faisant passer pour le défenseur
de la veuve et de l’orphelin qui a un avantage
décisif dans le débat. Il suffit d’écouter
chaque jour la radio d’Etat France Inter à
différentes tranches horaires pour en avoir la
démonstration.
Face à cette occupation souvent pathétique du terrain par la parole du journaliste donneur
de leçon, alimentée à souhait par les robins des bois de la société civile, les fonctionnaires
formés par l’ENA appliquent la règle du principe de précaution. Il s’agit là d’une erreur
majeure.

Les informations d‛influence sont le ciment de la cohésion de l‛entreprise.

- les informations d'anticipation, qui permettent de piloter l'entreprise dans la


bonne direction et sont liées à des tâches peu répétitives réalisées en contexte
d'incertitude, difficiles à formaliser et provenant de la mise en place d'outils de
veille technologique, concurrentielle, commerciale, ... Visé par la veille, ce type
d‛information permet ainsi à l‛entreprise « de voir venir à l‛avance certains
changements de son environnement socio-économique dans le but d‛en tirer un
avantage ou bien d‛éviter un risque ». Il s‛agit d‛informations concernant un
concurrent, d‛un renseignement concernant le projet d‛un client, d‛une rumeur
concernant une modification dans la législation, la parution d‛un article
scientifique…

1.1.1.2.3.3. Selon l'importance qu'elle peut revêtir


pour l'entreprise

Selon Zartarian et Hunt, l‛information peut être divisée en quatre grands


ensembles importants pour l‛entreprise

- l‛information de type « texte » qui représente 40 % de l‛information totale. Il


s‛agit de l‛information structurée provenant généralement des bases de données
internes ou externes (serveurs, internet) : normes, contraintes environnementales,
brevets. Cette information est validée, travaillée, codifiée afin de la rendre
accessible.
- l‛information de type « floue » qui représente 40 % de la totalité. Ce type
d‛information concerne en priorité des informations glanées à l‛extérieur de
l‛entreprise par le personnel en contact avec les clients, les fournisseurs, les
commerciaux après un salon, les experts après un colloque : l‛existence d‛un réseau
de personnes débouche sur l‛apparition de ces informations. Elles sont très souvent
éparpillées dans les différents services de l‛entreprise : achat, marketing, R&D,
vente. Pour identifier ce type d‛informations, généralement sans support formel, il
est primordial de mettre en place une stratégie de collecte, un processus de
contrôle de validité et de formaliser la récupération. L‛information de type « floue
» ou informelle revêt une importance stratégique indéniable et représente la cible
privilégiée des managers en raison de sa spontanéité. L‛information formalisée
serait pour eux trop générale et trop tardive (manque de « fraîcheur »). Elle
offrirait une description incomplète de l‛environnement externe de l‛entreprise
- l‛information de type « expertise » qui représente 10 % de la totalité. Ce type
d‛information concerne les experts de l‛entreprise ou en relation avec elle, leur
localisation, leur connaissance, leur talent et rassemble les savoir-faire. Il s‛agit de
la mémoire de l‛entreprise.
- l‛information de type « foires et salons » représente 10 % de la totalité. Ce type
d‛information revêt une grande importance pour l‛entreprise car dans un même lieu
sont rassemblés les concurrents et les clients. Il est nécessaire d‛organiser une
stratégie de recueil des informations pertinentes : visites de stands, questions à
poser, plaquettes à récupérer et de formaliser les informations ainsi recueillies.

1.1.2. A une approche finalitaire

La finalité est ce qui donne sens à l‛information. Nous sommes, comme individus,
porteurs de finalités humaines et d‛un désir de reconnaissance qui nous conduisent à
accumuler des connaissances. L‛information semble une partie intégrante de
l‛apprentissage. Le langage et l‛histoire ont jusqu'à maintenant permis, de façon plus
ou moins violente, l‛accumulation d‛informations et de savoirs. L'information peut se
confondre avec la communication

1.1.2.1. d'un point de vue économique

Dans l‛économie classique, l‛étude du concept d'information est récente même si


l'importance de son rôle dans la prise de décision est identifiée depuis près de
deux siècles. Dans la définition de la concurrence pure et parfaite, l‛information,
d'abord considérée comme une donnée, est librement accessible. Cette conception
exclut l‛information du champ de la marchandise dans la mesure où elle n‛est pas
susceptible d‛appropriation et d‛échange. Cependant, les comportements des agents,
censés disposer d'une information pure et parfaite, sont essentiellement gouvernés
par les principes de rationalité objective et dans ce cadre, l'information sera
soumise aux lois du marché.

1.1.2.1.1. l'information accumule de la valeur

Herbert Simon démontre, dans la deuxième moitié du XXe siècle, que les individus
n'agissent pas, pour résoudre un problème, par optimisation mais dans le cadre d'un
processus séquentiel et adaptatif de recherche de solutions appropriées en
s'appuyant principalement sur les informations directement disponibles. Elargie à
l'organisation, l'analyse du concept de rationalité limitée met en évidence les
limites liées à l'accroissement de la quantité d'informations qui devient nécessaire
dans le processus de décision (coût élevé de collecte de l‛information, coût élevé de
traitement de l‛information, problèmes d‛incertitude) et l'importance des outils
informatiques dans la collecte, le traitement et la diffusion des données. En
conséquence, les agents ne vont pas chercher la solution "optimale" mais se
contenter de celle qui leur semble "satisfaisante" (voir application 1) .

L'information, dans la sphère marchande, est maintenant considérée comme une


marchandise, et susceptible d'être achetée et vendue à un prix fixé par les
consommateurs en fonction de l'offre et de la demande. Sa valeur dépend de sa
rareté. Le prix est donc la contrepartie de l‛accès à cette information, mais aussi sa
protection. cette analyse considère que l‛information, analysée comme un
patrimoine, est susceptible d‛appropriation et qu‛elle est recherchée pour son
utilité.

Pour certains économistes (Alain Millon, la valeur de l'information, Presses


Universitaires de France), la valeur de l'information dépend souvent de la facilité
avec laquelle elle peut être interprétée et utilisée dans la prise de décision. En
effet, l'information apparaît d'abord comme un matériau de base, une matière
première destinée soit à être utilisée à l'état brut (les données sont directement
injectées dans le fonds informationnel où elles sont accessibles en fonction des
relations existant entre elles ou par rapport à leur objet), soit à faire l'objet d'un
retraitement à plusieurs niveaux. Les données scientifiquement validées constituent
à ce moment des connaissances qui peuvent être organisées en savoir. Les données,
l'information et les connaissances constituent donc autant d'étapes nécessaires sur
un chemin au long duquel la valeur et la contribution humaine vont en s'accroissant.
Au départ, les données ont peu de valeur en elles-mêmes si ce n'est d'être faciles à
manipuler et à stocker sur ordinateur. L'information apparaîtra lorsque les données
auront été interprétées et contextualisées. L'information a donc plus de valeur que
les données. La mobilisation de cette information dépendra enfin des connaissances
détenues par un individu qui seront appliquées directement à l'utilisation des
informations et à la prise de décision. Il est difficile, en pratique, de maîtriser le
processus de transformation des données en information et de l'information en
connaissance.

La valeur de l'information est donc quelque chose de très difficile à quantifier et


qui dépend de plusieurs paramètres (fiabilité, exclusivité, écoulement du temps,
destinataire, ...)

1.1.2.1.2. L'information est structurée et


formalisée

La valeur ajoutée proviendra aussi de l'expérience professionnelle ou du savoir-


faire qui permettront à un individu de maîtriser les connaissances concernées,
d'interpréter l'information et de lui donner du sens. Ainsi la valeur d'un éditorial
repose-t-elle moins sur les moyens dont dispose un journaliste pour recueillir les
données que de ses compétences pour interpréter et commenter
l'information. Contrairement aux données qui sont neutres et qui transitent,
l'information et la connaissance parlent donc de signification et dépendent du
contexte où elles ont été créées de façon dynamique par des interactions entre des
individus et leur environnement social, culturel et technologique. La connaissance,
d'essence individuelle, se construit à partir des flux d'informations, de nature
collective, qu'elle s'approprie et qu'elle intériorise dans un système de valeurs et
de croyances cohérent et justifié syntaxiquement (au niveau des volumes) et
sémantiquement (au niveau du sens). Par exemple, on ne peut regarder un tableau
sans penser à son auteur. L'information est interprétée grâce à des connaissances
qui permettent d'établir des liens entre elle et le monde. Mais encore faut-il
disposer de connaissances suffisamment riches et fiables pour faciliter la
compréhension.

La structuration sur plusieurs niveaux (d'abord


l'échange de données, ensuite l'échange
d'informations, puis l'échange de concepts) aboutit à
l'élaboration de ce qu'Alvin TOFFLER appelle " les
métadonnées " (figure 6), extrapolées à partir de
l'analyse d'indices ou d'autres données collectées
ailleurs.

D'un point de vue entrepreneurial, l'information


rassemble toutes les données collectées et produites
par l'entreprise dans le cadre de son activité
commerciale. Cette information se structure autour
des relations établies avec les différents partenaires commerciaux (fournisseurs,
clients, Pouvoirs Publics, médias, ...). Classiquement, l'organisation commerciale vise
à mobiliser des ressources en amont du marché pour répondre à des sollicitations
en aval du marché. L'entreprise intervient donc, soit en injectant, soit en analysant
les flux importants d'informations à destination ou en provenance de ces différents
marchés pour modifier le comportement des différents acteurs en sa faveur. Dans
l'entreprise, la comptabilité reste cependant une base essentielle d'information,
surtout pour l'analyse financière. C'est sur les marchés amont que la mise en forme
de l'information est la plus avancée (comment l'information est-elle codée pour
être accessible aux différents acteurs amenés à l'utiliser ?). Cependant, le
développement du web et de ses technologies (forum, chat, extranet, tracking, ...)
conduit à une formalisation rapide et croissante des flux d'informations en
direction et en provenance des marchés aval (mise en place de toute une série de
standards qui ont commencé avec l'EAN et l'EDI et qui continue aujourd'hui avec le
WEB EDI).

1.1.2.1.3. l'information peut provenir de sources


formelles ou informelles

Aujourd‛hui, l‛entreprise est amenée à gérer un flux très important d‛informations.


La généralisation des nouvelles technologies de l‛information, la globalisation de
l‛économie, l‛accélération des échanges économiques, le raccourcissement de la
durée de vie des produits, le développement de la gestion clients … sont autant de
raisons pour l‛entreprise de « mettre la main » sur les informations nécessaires à sa
prise de décision, son développement, son maintien dans le paysage économique.
L‛enjeu pour le dirigeant est d‛une part d‛identifier les sources internes (ce qui
l‛informera entre autres sur l‛état de son entreprise), et d‛autre part de connaître
les sources externes qui le renseigneront sur l‛environnement de celle-ci et lui
donneront une vision plus lointaine.

Tous les domaines de gestion disposent de sources informationnelles allant de


supports formels (donnant des informations de type « texte ») répertoriées,
indexées, codifiées (brevets, nomenclatures, méthodes, procédures, consignes,
réglementation, tableaux de bord) à des sources informelles (savoir-faire,
expérience, connaissance intuitive de la concurrence) sans support précis, souvent
orales et qualitatives, et nécessitant un grand travail d‛analyse, de vérification et
de recoupement avec d‛autres sources pour être retenues et utilisées par
l‛entreprise. L‛information commerciale est majoritairement présente sous une
forme informelle, Il s‛agit d‛une information souvent générée par l‛entreprise elle-
même, pas ses contacts avec les clients, les fournisseurs, les experts, les
concurrents, les partenaires politiques. Ce type d‛information peut être relevé
également sur les forums ou sur les listes de diffusion.

Les informations collectées seront validées, soit à partir du croisement des


différentes sources, soit à partir du contrôle de la pertinence des informations.

1.1.2.2. d'un point de vue communicationnel

Les concepts d'information et de communication sont assez proches et prêtent


souvent à confusion. En effet, l'information est toujours interprétée et dépend de
ce fait des acteurs impliqués et de leur subjectivité.

1.1.2.2.1. l'information est un processus et le


résultat d'un processus

Si l'information est ce qui fait qu'un message circule, elle se distingue toutefois de
la communication au sens où la communication est une relation entre deux ou
plusieurs personnes avec des mécanismes d'ajustement interpersonnel. Elle désigne
un processus (la succession d'actions par lesquelles on s'informe) et le résultat du
processus (le volume, la variété des informations obtenues) liant l'individu à son
environnement direct. La communication désigne un cas particulier de l'information
processus car elle suppose l'existence d'un échange avec un ou plusieurs individus,
d'une information qui se crée en retour (feed-back) et qui sera définie par ses
propriétés (la quantité d'information, la vitesse de circulation, l'origine, le
comportement, l'itinéraire, la durée de vie, ..).

La théorie de l‛information,
formulée par Claude Shannon
(figure 7) pour répondre à
des problèmes précis de
transmission de l‛information
par des canaux de
communication (il aurait été
préférable de la nommer
théorie de la transmission de
l‛information) considère que
la quantité
d‛information nécessaire est
égale au logarithme de
l‛inverse de sa probabilité,
selon la formule :

quantité d‛information = I =
Log(1/p)

Cette formule pourrait se traduire par « la quantité d‛information d‛un message


dépend de l‛improbabilité de l‛événement dont le message nous informe » et l'on
pourrait rajouter aussi de la personne à laquelle cette information est destinée.

En effet, quel que soit le canal de transmission utilisé (écrit ou oral), la situation de
départ s'appuie sur une réalité représentée ou perçue et décrite par un message
porteur d'une certaine quantité d'informations. L'émetteur du message va coder
cette quantité d'information, pour les besoins de la communication, d‛une certaine
façon. Le récepteur, pour pouvoir l‛utiliser, doit la décoder et restituer, au terme
de la communication, la même quantité d‛informations qui se trouvait dans le
message initial. Le message initial peut être perturbé (bruits, parasites, ..) au
moment de sa transmission et la quantité d'informations peut, à ce moment,
modifier la représentation initiale de la réalité décrite ou perçue par l'émetteur ou
le récepteur.

1.1.2.2.2. l'information est un contenu que


l'on partage

Dans la mesure où la nature de l'individu le conduit d'abord à communiquer, la


relation prime par rapport à l'information, moins consubstantielle et naturelle à
l'individu. Il y a cependant dans toute communication deux aspects, l'un relationnel,
l'autre qui a trait au contenu, donc à l'information. Toutefois, la relation englobe le
contenu, qu'elle précède et qu'elle pilote. Et l'information tend à se confondre avec
la communication dès lors qu'elle s'éloigne de la vérité et des faits (effets de mise
en scène, recherche du sensationnel, effets de style...).

C'est donc par la manière dont nous la valorisons que l'information se distingue de
la communication. La communication est donc le processus intermédiaire qui permet
l'échange d'information entre les individus . On peut conclure que la communication
est un acte, un processus, une machinerie et que l'information peut s'apparenter à
des données brutes ou à un savoir. Elle n'est donc pas nécessairement de nature
cognitive. De ce point de vue, l'expression "Medium is message", de Mac Luhan, est
tout à fait révélatrice. Dans la sélection des informations à laquelle procèdent tous
les individus, la vérité affective se fait au détriment du jugement critique fondé
sur le principe de réalité. Le processus de constitution de l'information, au sens de
l'établissement d'un savoir, est occulté au profit du processus de communication.
L'accent est mis sur celui qui communique un savoir devenu message, davantage que
sur celui qui élabore ce savoir.

L'échange relationnel diffère sensiblement de l'échange transactionnel. Les biens


naturels ont une tendance naturelle vers la rareté. Mais la transmission de
l‛information procède d‛une autre logique : "donnez-la et vous l‛aurez encore". En
fait, on ne donne pas une information, on la partage. Dans l'échange, ce détour par
quelque chose d‛aussi immatériel que l‛information a des conséquences sur la
manière d'acquérir la connaissance et d'obtenir par voie de conséquence un résultat
tangible.

1.1.2.2.3. l'information est un contenu dont la


valeur dépend des destinataires

La qualité et la valeur d'une information résident dans sa pertinence et son degré


d‛opportunité.

Le management des connaissances n‛a pas pour objectif de tout capitaliser. Il vise
les informations et/ou connaissances qui sont de nature à augmenter les résultats
et la valeur de l‛entreprise. Par conséquent, la valeur d‛une information réside dans
ses caractéristiques stratégiques. Cela nécessite de distinguer les connaissances
stratégiques de celles qui deviennent obsolètes et de disposer de feed-back
récurrents et immédiats de la part des experts, fournisseurs, partenaires
présentant un gage de fraîcheur des informations maniées.

Il faut restituer à la bonne personne l‛information dont elle a besoin, au moment ou


elle en a besoin, et même lui permettre d‛élargir l‛estimation initiale de ses besoins.
Pour faire cela, le système doit s‛appuyer sur une taxinomie pour permettre un
accès orienté et rapidement utile aux connaissances et savoirs nécessaires dans
telle ou telle situation professionnelle.

CONCLUSION POINT 1.1

L'information, concept pluridimensionnel, est une donnée qui a un sens et un impact


sur le récepteur. Sa valeur dépendra de la fiabilité qu'on peut lui accorder, de la
facilité avec laquelle elle peut être interprétée et utilisée dans la prise de décision
et des personnes auxquelles elle est destinée. L'entreprise doit donc disposer de la
bonne information au bon moment. Cela revient à évaluer l‛adéquation du système
aux besoins. L'ensemble des informations collectées et traitées va permettre de
créer une configuration globale, le système d'information, dont l'usage dépendra
des moyens d'organisation et de communication dont dispose l'entreprise.

1.2.- Pour mieux urbaniser les systèmes d'information

L‛information, comme nous venons de le voir, permet à l‛organisation de mieux


appréhender son environnement. Pour en rationaliser la production, elle met en
œuvre une fonction spécifique appelé système d‛information. La qualité de
l‛information fournie dépend du système d‛information, et permet au décideur de
recevoir la bonne information au bon moment pour anticiper les menaces et les
opportunités de l‛environnement. La notion de système d‛information, très
abstraite, peut être assimilée à une chaîne de production de signes sous des formes
reconnaissables et reproductibles, susceptibles d‛en accroître le rendement.

Souvent réduit à la simple dimension d'un système informatique, le système


d'information est en fait un dispositif de création de valeur par lequel l'entreprise
s'informe sur son fonctionnement et son évolution. La claire compréhension de son
usage permet de comprendre et d‛optimiser la trajectoire stratégique des
organisations qui ,peu à peu, intègrent la technologie dans les modes opératoires.

1.2.1. De la conception/coordination du système


d‛information

Les Systèmes d'Information (SI) ont progressivement équipé les divers types de
fonctions et s'appuient sur les outils de l'informatique de communication

1.2.1.1. L'émergence et la conception des SI

Les progrès essentiels dans l'organisation du travail de bureau ont été réalisés tout
au long du vingtième siècle aux Etats-Unis

1.2.1.1.1. De la mécanisation à l'informatisation

La mécanisation des machines à écrire et des machines à calculer et la


rationalisation des méthodes et des espaces de travail dans les bureaux permettent
d'accroître, de manière sensible, la productivité des entreprises (succession de
transferts de liasses de documents d'un employé à l'autre en mode "last in, first
out" et mise en place d'une activité de contrôle)

L‛industrialisation du travail de bureau, avec les armoires de dossiers suspendus, les


classeurs, la mise en place de la logistique du transport des dossiers, ... date des
années 50. C'est aussi à cette époque que les premiers secteurs (banque et
assurance) commencent à s‛informatiser. Très rapidement, dans toutes les
entreprises, l'ensemble des opérations de comptabilité, de paie et de gestion des
stocks est réalisé, à partir des années 50, au moyen d'un outil de traitement de
l'information.

L‛espace de travail change alors d‛allure. L‛écran-clavier s‛installe sur les bureaux.
Les supports papier disparaissent au profit des supports numériques (cartes
perforées, bandes magnétiques, ...). Les informations sont dorénavant stockées
dans des mémoires électroniques. Les opérations (facturation, paie, comptabilité,
impressions des documents, ...) sont automatisées (la recopie d'une information
déjà introduite dans le système d‛information n'est plus nécessaire).

Sur la plan théorique, G. Davis a présenté les systèmes d‛information, comme “des
systèmes qui fournissent des informations supportant les opérations, la gestion, et
la prise de décision dans une organisation sociale“. Si cette définition présente
l‛intérêt de mettre en exergue les trois principales composantes de l‛organisation
qui lui permettent de s'adapter à son environnement, — le système d‛information, la
structure, la stratégie —, elle présente le système d‛information comme le ventre
mou informationnel de l'organisation sur lequel le manager doit s'appuyer pour
prendre une décision. La définition proposée par H. Lucas, à savoir “un ensemble de
procédures organisées qui, quand elles sont exécutées, fournissent une information
pour aider à la prise de décision” précise mieux le rôle que jouent les systèmes
d'informations, tant au niveau de la démarche méthodologique (collecte, circulation
et traitement de l‛information) que structurelle (support d‛informations dédié à
cette tâche).

1.2.1.1.1. De l'informatique des processus à


l'informatique communicante

De fait, on constate que la nature du travail évolue, de manière concomitante, sur


une conception tayloriste du partage des tâches où l'individu est de plus sollicité
sur sa capacité d'expertise. Cette réorientation organisationnelle, qui s'amorce
dans les années 80, est mal ressentie par les acteurs concernés. L'outil
informatique, qui autorise des gains d'efficacité au sein de l'entreprise, manque de
cohérence et de convivialité. Il communique mal et sa maîtrise suppose un long
apprentissage.
L‛irruption du micro-ordinateur et sa généralisation rapide, dans les années 80, vont
permettre de satisfaire aux exigences de cohérence et de communication du
système d'information de l'entreprise. Les applications bureautiques (traitement
de texte, tableur, grapheur), qui avaient été développées pour des systèmes
informatiques lourds, dans un certain désordre (versions différentes des
applications, travaux locaux sans cohérence d'ensemble) doivent désormais se
fonder sur un référentiel unique qui garantit la cohérence sémantique (pour toute
donnée importante, seule doit exister sur le réseau une mesure définie et tenue à
jour par le propriétaire de la donnée).

La mise en réseau des PC (personal computer), au début des années 90, accélère
cette tendance en fournissant aux utilisateurs, au sein d'un groupe de travail
(intranet), un média de communication asynchrone et en permettant de fédérer
sous une ergonomie cohérente les accès aux diverses applications. Les activités
bureautiques deviennent communicantes et autorisent désormais l'automatisation
du processus de travail lui-même. Cette évolution du process permet à l'entreprise
de rétablir les pratiques du contrôle et de l'évaluation (remises en cause par la
dématérialisation de la chaîne des activités à caractère administratif) et
d'accroître la productivité du travail collectif.

L‛informatique, à son tour, devient communicante. Elle mobilise des outils


jusqu'alors inconnus de messagerie électronique, d'agenda partagé, d'annuaire
électronique, ... et retrouve peu à peu la maîtrise de la logistique qu'elle avait dans
un premier temps négligée. Les techniques du workflow, entre autres, en
concentrant l'attention sur l‛enchaînement des tâches opérationnelles réalisées par
les individus au sein d'intranets (utilisation combinée du courrier, du téléphone, du
présentiel, de l'internet, ....) ou d'extranets (la mise en place de partenariats
reliant plusieurs entreprises en amont et en aval au sein de filières imposent de fait
l'interopérabilité des SI) réintroduisent dans les systèmes d'information la
traçabilité des dossiers et le suivi du travail grâce à l'utilisation d'indicateurs de
volume et de délai. Avec l‛analyse du processus de décision de Herbert Simon, la
qualité de l‛information décisionnelle est mieux appréhendée, et la notion de
système d‛information a fortement évolué.

L'opérationnalisation du processus s'avère cependant plus aisée dans le cadre des


marchés internes de l'organisation que dans celui, moins malléable, des contacts
avec les partenaires extérieurs. La formalisation de systèmes d'information sur
mesure, au sein des organisations, s'effectue à partir de l'analyse du déroulement
des processus au sein des métiers et de la mise en évidence de l'expression des
besoins en s'appuyant (aujourd'hui) sur le langage de modélisation UML (Unified
Modeling Language) qui se compose de plusieurs documents en langage courant
(présentation de la stratégie, des objectifs et du calendrier de mise en œuvre de
l'outil, présentation des processus de travail par lesquels la stratégie entend se
réaliser, présentation des choix et des méthodes utilisées pour la modélisation
formelle) et en langage formalisé (présentation du modèle lui-même).

Lorsque celui-ci aura été réalisé, il restera pour l'entreprise à le faire fonctionner.

1.2.1.2. La coordination d'un SI

Comme tout être vivant, l‛entreprise est une organisation qui nait, vit et meurt. La
mise en place d'un système d'information implique de comprendre, pour chaque
étape de son développement, les objectifs, ambitions et rôles des individus qui y
travaillent, la mise en place et articulation des structures de décision, le
déroulement des process opérationnels, les interconnexions avec les partenaires,....

Dans la structure
pyramidale qui
caractérise encore
l'organisation de la
majorité des
organisations
aujourd'hui (figure
8), on distingue tout
d'abord, à la base, le
système opérant qui
gère des flux
physiques en
transformant des
inputs (matières
premières, matières
consommables, ...) en
outputs (produits
finals). Tout en haut
de la pyramide
apparaît ensuite le système de pilotage dont la mission consiste, au travers les flux
décisionnels, à conduire l'organisation vers les buts et objectifs qu'elle a à
atteindre, en contrôlant leur bonne réalisation et en apportant les éventuelles
corrections nécessaires. Enfin, entre les deux, s'intercale le système d'information
qui s'occupe de récolter l'information, de la traiter et de l'injecter dans le fonds
informationnel (saisie), et/ou de mettre à disposition du système opérant et du
système de pilotage les flux informationnels qui reflèteront le plus fidèlement les
flux physiques et financiers (la restitution des informations bénéficie elle aussi des
progrès réalisés et notamment de la convergence des technologies vers le même
standard numérique).

L‛entreprise est à l‛origine de taille modeste. Son système d‛information, ensemble


de moyens humains, techniques, et organisationnel est relativement peu développé.
Au fur et à mesure que l'entreprise grandit, le système d‛information s‛alourdit et
se structure autour d'applications informatiques stables et de procédures
organisationnelles plus ou moins intégrées. Les besoins en informations utiles à la
décision deviennent de plus en plus importants dans le cadre d'un contrôle de
direction de plus en plus pressant. Les informaticiens règnent en maîtres. Le
système d‛information, fournit des éléments d‛aide à la décision et s‛organise autour
du référentiel de l‛organisation. Le champ concurrentiel de plus en plus aiguisé
oblige l'entreprise à intégrer ou à constituer des alliances stratégiques au sein de
réseaux multipartenaires. L'avantage compétitif repose dorénavant sur des
relations de type interdépendance électronique, c'est-à-dire la capacité des
entreprises à interconnecter leurs systèmes informatiques productifs et
commerciaux et à les faire fonctionner ensemble. Le système d‛information s'appuie
sur le travail collaboratif (extranet) ou coopératif (intranet) assisté par ordinateur
et les procédures de validation de flux (workflow). Il articule les applications
centrales avec les ressources du groupware, en intranet, et les besoins du réseau,
en extranet.

Le référentiel du
système
d'information
(structure
regroupant des
données, des
règles et des
processus) sera
construit dès lors
à partir et autour
de composants
métiers (approche
fonctionnelle qui
regroupe les
directions qui
produisent et
vendent comme le
marketing, la production, la maintenance, ...) réutilisables par divers processus
(figure 9). Dans cette logique, les utilisateurs au sein de l'organisation doivent
percevoir l'intérêt de la solution proposée (exemple de la mise en place d'une
messagerie électronique pour l'ensemble des salariés de l'entreprise), comprendre
comment cela fonctionne et assimiler le savoir-faire pour apprendre à s‛en servir.
Ces changements rapides qui, comme nous venons de le voir ci-dessus, substituent à
l‛informatique de traitement des données structurées (utilisant un langage
conceptuel facilitant la simulation des causalités) une informatique de
communication (véhiculant le langage naturel et connoté des êtres humains),
suscitent parfois l‛appréhension et ont tendance à ossifier les systèmes
d'information.

Dès lors, les applications informatiques qui supportent ces systèmes d'information
dans le système opérant, travaillent sur des masses de données fortement
atomisées et flexibles (il est possible, de n'importe quel poste informatique,
d'accéder en temps réel à un document de la chaîne d'information comme une
commande ou une facture) et mobilisent de plus en plus les outils du travail
collaboratif assisté par ordinateur. Au niveau décisionnel, les applications
informatiques sont plus sophistiquées et s'appuient sur des technologies comme les
EIS (Executive Information System) ou tableaux de bord informatisés, les
datawarehouses, et les SIAD (système d'intelligence et d'aide à la décision) pour
travailler sur des données fortement agrégées et obtenir des résultats utilisables
sur le long terme). Les évolutions deviendront cependant d‛autant plus difficiles que
l‛entreprise est plus étendue et que les réseaux l‛enserrent de plus près.

Le système d'information, ensemble de moyens humains, techniques et


organisationnels, doit donc être capable de fournir, à tout moment, un flux
d'informations qui reflète le plus fidèlement possible le flux physique tout en
apportant au système opérationnel les éléments nécessaires à son fonctionnement
quotidien et au système de pilotage les données utiles à la prise de décision.

1.2.2. Aux innovations organisationnelles et à la création de valeur

La reconfiguration progressive des systèmes d'information, dans le cadre d'un plan


d'urbanisation, transforme le design organisationnel de l'entreprise

1.2.2.1. Les différentes phases de développement

Dans les points précédents, nous avons développé l'idée que les systèmes
d‛information permettaient, notamment par la modélisation des processus, de créer
des configurations organisationnelles nouvelles plus performantes et plus réactives.
La reconfiguration des processus existants s'est principalement appuyée sur
l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui
n'ont pas été conçues, au départ, pour travailler ensemble. De ce fait, la
dissémination d'informations redondantes au sein de l'organisation, par exemple,
ralentissait les performances de l'entreprise et pouvait générer des difficultés de
fonctionnement.

Pour y remédier, plusieurs solutions se sont succédé depuis une cinquantaine


d'années, à chacune desquelles est liée une logique d'organisation :

- La première phase, caractérisée par la mise en place de systèmes informatiques


centralisés autour de macro-ordinateurs et de bases de données hiérarchiques,
correspondait à l‛organisation taylorienne du travail, avec une interface de
communication unique entre toutes les applications et une architecture cloisonnée
et non communicante. C'est l'intégration d'application (EAI). Les applications,
généralement propriétaires, étaient dédiées à la plate-forme. L‛objectif de
l‛informatique était principalement le traitement automatique des données. Les
évolutions, au sein d'un tel système, étaient difficiles, voire impossibles.
- La deuxième phase, basée sur un standard plus souple, le langage UNIX, fait
accomplir un bond en avant important en permettant l'interconnexion des systèmes.
Les données, structurées en bases de données relationnelles, autorisent les
changements et l‛évolution des architectures qui deviennent modulables grâce à
l'utilisation de plus en plus généralisée de logiciels d‛automatisation des processus
standards, articulés autour d‛un ERP (Enterprise Resources Planning - Progiciel de
gestion intégré qui comprend un ensemble de programmes intégrant les principales
fonctions nécessaires à la gestion des flux et des procédures de l'entreprise
comme la comptabilité, la finance, la logistique, la paie, les ressources humaines,
etc... en utilisant des ressources communes, en particulier des bases de données).
Dans cette approche, on remplace les principales applications fonctionnelles du
Système d'Information par une seule et unique application capable de traiter
toutes ces fonctions et d'en fournir une seule vision cohérente et performante.
Les process productifs et distributifs des systèmes d'information gagnent en
souplesse et les plates-formes ne sont plus contraintes par une organisation
hiérarchique. L'entreprise peut dès lors aligner l‛architecture du système
d'informations sur celle des processus métiers et réintroduire dans cette nouvelle
configuration le contrôle de gestion stratégique dans la mesure où il redevient
possible d'identifier les activités critiques et les inducteurs de performance (voir
application 2).
- La troisième phase capitalise les acquis de la technologie Internet (notamment la
simplicité) et lève les obstacles inhérents à la standardisation des processus
métiers induite par les ERP. Au lieu de gérer des données, on peut gérer des
processus (figure 10) que l‛on peut décrire par un langage spécifique, le BPML
(Business Process Modelling language ou métalangage de modélisation qui permet de
définir un modèle d'interaction entre collaborateurs participant à une activité de
l'entreprise, voire entre une organisation et ses partenaires. Les processus métiers
sont représentés par un flux de données, ou un flux d'événements sur lesquels on
peut influer en définissant des règles métier, des règles de sécurité, des règles de
transactions). Il sera possible à ce moment de réaliser un alignement parfait du
système d‛information sans préjudice du règlement des questions de partage des
responsabilités et des profits, ou de gestion des comptes entre partenaires, ....
Les Technologies de l'Information et de la Communication vont permettre une mise
en réseau par les intranets (moyens pour dynamiser la vitalité de groupes de travail
collectifs et autonomes) qui vont développer des fonctionnalités d‛informatique
communicante (messagerie électronique, agenda partagé, tableau blanc, workflow…).
Le multimédia, en plus, va permettre d‛assurer la cohérence de la relation avec
l‛ensemble des partenaires amont et aval (clients, fournisseurs, sous-traitants,...)
quel que soit le canal (courrier, téléphone, Internet, réunion…). Les systèmes
informatiques deviennent interopérables, et un simple logiciel de navigation permet
de bâtir les requêtes et des tableaux de bord prospectifs en temps réel.

Toutefois, des difficultés perdurent pour que les entreprises puissent ajuster leurs
besoins en processus qui permettent de définir des systèmes spécifiques aux
contraintes imposées par les processus standardisés des progiciels de gestion
intégrée. Les outils de la prochaine génération devraient permettre de lever cet
obstacle en fournissant un métalangage de description des processus.

Quoiqu'il en soit, les systèmes d'informations restent des modèles réducteurs des
faits et des évènements actuels et passés. Ils sont des artefacts (objets artificiels
utilisés pour l'occasion en contexte contraint) greffés sur le fonctionnement
quotidien de l'entreprise.
1.2.2.2. Les stratégies de changement

Les entreprises, en concevant les nouvelles configurations de leurs systèmes


d'information, intègrent maintenant dans leur réflexion des méthodes plus
flexibles et moins coûteuses comme l‛approche objet (logiciel élaboré à partir de
composants, si possible standardisés et réutilisables, encapsulant les informations
et les opérations qui définissent un comportement et qui communiquent entre eux
par l'intermédiaire de messages) et le développement d‛applications selon les
normes du langage de modélisation UML (Unified Modeling Language). Les nouveaux
outils et méthodes de conception des systèmes d‛information (logique 3-tiers,
Unified Process, RAD, extreme Programming…) favorisent l‛agilité à la fois en
conception et en réalisation et les nouveaux outils de construction et d‛intégration
(langages objets, XML…) favorisent la réutilisation et l‛interopérabilité.

Le besoin grandissant de communication a créé l‛ère de l‛informatique répartie et


interconnectée au travers du réseau Internet. Non seulement, l‛entreprise utilise
l‛informatique pour son fonctionnement interne, mais en plus, son système
d‛information est accessible de l‛extérieur pour lui permettre un travail en réseau
avec ses partenaires (clients, fournisseurs, donneurs d ‛ordre, administration, ...)

Ces innovations organisationnelles, qui permettent d'adapter en douceur les


applications nouvelles aux systèmes déjà mis en place, ne peuvent résulter que d‛un
pilotage du changement au niveau stratégique, cernant pleinement tous les enjeux
(notamment en termes de services rendus aux clients/utilisateurs), et capables de
reconfigurer l‛ensemble des processus impactés sans tomber dans la simple
réingénierie de processus dominés par la technologie. Les évolutions de la stratégie
des entreprises sont donc parfois accompagnées de modifications de leur
périmètre, et la complexité croissante de leurs métiers imposent souvent de
mettre en place des changements importants et rapides du système d‛information
dans le cadre d'un plan d'urbanisation qui permet de sortir le système d‛information
du fonctionnement vertical en donnant à l‛utilisateur une vision transversale. Au
sein de ce système d‛information, les transformations touchent aussi bien le
système informatique et les technologies mises en place que l'évaluation des
applications, des processus et de l‛organisation. Pour l'entreprise, c‛est le passage
d‛une ère à dominante productive à une ère des services à l‛utilisateur avec une
logique de fonctionnement radicalement différente. Le système d‛information
s'impose dorénavant à tous les niveaux et pour tous les métiers de l‛entreprise.

Les stratégies de changement concernent donc moins les questions de découpage de


l'organisation en termes de logique informatique (par exemple automatiser la chaîne
de commande-livraison-facturation) que la reconfiguration d‛une organisation et de
ses processus dans le cadre d'une vision globale du système (le système
d'information doit se calquer sur les métiers de la firme, voire en gérer les
évolutions notamment au niveau de la remise en cause des hiérarchies).

De ce fait, les investissements réalisés dans le domaine de l'information pour


transformer l'organisation et générer de nouvelles sources de valeur doivent donc
être pensés comme des investissements stratégiques, et non de simples
investissements informatiques (ils doivent, entre autres, permettre que la
transformation des systèmes soit guidée par l'évolution des métiers et non par les
aléas propres aux technologies de l'information).

Le plan d‛urbanisation (l'urbanisation est la


démarche qui consiste à rendre un système
d'information plus apte à servir la stratégie
de l'entreprise et à anticiper les
changements de son environnement) se
construit sur une logique d‛investissement
économique qui doit améliorer la capacité du
système d‛information à servir la stratégie
de l‛entreprise. Le principe de base est de
pouvoir identifier et planifier les extensions
des principales applications pour construire
un schéma directeur. Les interfaces entre
applications jouent un rôle essentiel dans
l'urbanisation du système d'Information.
Chacune doit être identifiée, décrite et
évaluée afin de s'assurer de sa nécessité et
surtout de son efficacité en terme de
transfert d'information et de compatibilité
technologique. Ainsi, sur le plan de métro ci-contre (figure 11) que l'on pourrait
assimiler à un plan d'urbanisation, chaque extension (ligne de métro) correspondrait
à une application et les stations seraient, selon les besoins, identifiées aux
processus, aux modules, ou autres versions. Les quartiers et les grands axes qui
recouvrent chaque ligne sont, dans cet ordre d'idées, assimilables au périmètre
fonctionnel du système (marketing, comptable, ressources humaines, finances...).

La création de valeur par le système d'information sera donc d'abord définie à


postériori à partir de la notion d'efficacité comme "une contribution significative à
l'atteinte d'un objectif organisationnel donné pour supérieur à la situation
d'origine, mesurable par analyse d'écart entre les qualité, coûts et délais attendus
et réalisés". On retrouve cette idée dans la valorisation du capital immatériel d'une
organisation, et en particulier dans le fait que le système d'information participe
de la constitution du goodwill, dont il semble qu'il soit à la fois l'un des éléments et
l'un des vecteurs. Dans cette hypothèse, la création de valeur par le système
d'information, bien qu'en partie subjective, n'en est pas moins indéniable.
L‛évaluation va permettre de déterminer si la capitalisation et la diffusion de
connaissances par le biais du système d‛information sont adaptées ou non aux
besoins et aux pratiques informationnelles des intéressés. Elle mobilise des outils
de mesure et de suivi comme les enquêtes de satisfaction (généralement réalisées
sous forme de questionnaires), les indicateurs statistiques et de tableaux de bord,
le benchmarking (processus continu d‛évaluation des produits, services et méthodes
par rapport à ceux des concurrents les plus performants), la démarche qualité
(recherche d'une adéquation entre les besoins et les pratiques), ...

Le système d‛information et les technologies qu‛il met en œuvre n‛est pas une fin en
soi, mais seulement un moyen de créer du développement dans l‛entreprise (voir
application 3)

CONCLUSION POINT 1.2

Les innovations représentées par les TIC dans la reconfiguration des systèmes
d'information et la mise en œuvre de stratégies de changement ont conduit à la
transformation des métiers et à la création de valeur au niveau :
- de la mise en place des processus (taux de roulement des stocks, qualité des
processus, des produits et des services, délai d‛un processus … ),
- des besoins, des attentes et des comportements des individus (satisfaction
utilisateur, gain du temps par salarié, satisfaction client…)
- de la façon dont est gérée l‛organisation (des points de vue financier, opérationnel
ou concurrentiel).
Le développement des activités numériques à partir de la prise en compte d'une
meilleure appréhension du matériau informationnel dans le fonctionnement des
organisations annonce-t-il l'avènement d'un nouveau paradigme économique ?

II.- A L'ECONOMIE DE L'INFORMATION

Le concept d'Economie de l'Information, évoqué pour la première fois par Machlup,


au début des années 60, dans son approche d'une "industrie basée sur le savoir",
fut successivement défini, à la fin des années 70, par Porat puis par Rubin. La
distinction opérée avec l'économie du savoir provient du fait qu'il n'existe pas
aujourd'hui de consensus sur la définition de ce concept ni d'unités de mesures
clairement identifiées. Par contre, la définition de "l'Economie de l'Information"
très largement acceptée (notamment par l'OCDE) est celle de Parat qui considère
qu'une économie devient une économie de l'information quand le travail en rapport
avec l'information, définie ici comme la résolution de l'incertitude, devient plus
important que le travail en rapport avec les autres secteurs. Ce phénomène se
serait produit aux Etats-Unis en 1967, quand 53 % de la main d'œuvre américaine
s'est trouvée impliquée dans le travail de l'information. Dans ce cadre , on
commencera par mettre en évidence , dans un premier point, ce qui a caractérisé le
développement de la Nouvelle Economie (devenue Net Economie après
l'effondrement boursier intervenu au début des années 2000), pour présenter,
dans le deuxième point, les moyens d'intégration des activités électroniques dans
ce nouveau système technico-économique.

2.1 - Comprendre les mythes de la Nouvelle Economie

Le concept de Nouvelle Economie (expression apparue dans un article de Mandel


publié en 1996 dans Business Week pour faire référence à l'envolée des valeurs
boursières de haute technologie et à la croissance soutenue de l'économie
américaine tirée par les technologies de l'information), qui a prévalu jusqu'à l'e-
krach du début des années 2000, a caractérisé à la fois l'émergence d'un nouveau
secteur économique tiré par les industries de l‛information et des
télécommunications (point 1) et une nouvelle manière d‛appréhender l‛économie dans
son ensemble (point 2).

2.1.1. Une transformation en profondeur des structures de


l'économie

Le développement de l'Internet impose de nouveaux modes de régulation et de


coordination plus flexibles et horizontaux

2.1.1.1. Le développement de la nouvelle économie

Depuis une dizaine d'années, le développement de l'internet, apparu au début des


années 70 sous l‛égide du dispositif militaro-scientifique américain (création du
réseau Arpanet en 1971), et privatisé au milieu des années 90, s'est accompagné,
dans le secteur des technologies de l'information et de la communication, d'une
vague d'innovations techniques et sociales qui s'est rapidement propagée à
l'ensemble de l'activité économique et qui a permis aux Etats Unis de connaître une
période de croissance non inflationniste sans précédent.

2.1.1.1.1. Une économie de l'immatériel


Considérée à l'origine comme un épiphénomène technique, les technologies de
l'information et de la communication apparaissent comme la partie visible d‛une
transformation beaucoup plus large des économies industrielles au centre de
laquelle l'information, dorénavant considérée comme un facteur de production, est
devenue le premier vecteur de transformation sociale et organisationnelle dans un
contexte paradoxalement à la fois mondialisé et personnalisé (figure 12).

Certains auteurs (François Caron, les deux révolutions industrielles, Pocket


collection agora, 1999) n'ont pas hésité, à propos du développement de l'Internet, à
parler de révolution industrielle (concept qui traduit le basculement dans une ère
nouvelle de systèmes économiques et de sociétés) qui, à l'instar des précédentes,
sanctionnerait l'essoufflement des anciens modèles productifs. Pour d'autres
(Artus, La Nouvelle Economie La Découverte, Collections repères, 2001), les TIC en
général et l'Internet en particulier seraient les moteurs d'un nouveau régime de
croissance qualifié de Nouvelle Economie qui se caractérise notamment par :
- la dématérialisation des flux informationnels (données, textes, sons, images,
programmes,...) favorisant largement la numérisation de l'économie (qui peuvent
maintenant être acheminés via le réseau sans contenant par n'importe quel
ordinateur connecté) et le développement d'une offre intangible en ligne
- la commutativité qui traduit la capacité de l'internet à mettre en relation de
nouveaux arrivants, à intégrer de nouveaux contenus de toute nature et à supporter
des modalités très différenciées de gestion de l'information
- la transversalité qui permet de transcender les frontières géographiques,
sociales, politiques et économiques en créant des espaces informationnels
transnationaux, transsectoriels et transutilisateurs et en propageant les techniques
dans tout le système productif.

D'autres encore définissent également la Nouvelle Economie, technologiquement et


de façon extensive, à partir de l'importance qu'y ont l'immatériel, le savoir, la
connaissance.

Si les interdépendances technologiques et sectorielles (selon le modèle de la


tornade, plusieurs technologies -les valeurs TMT comme l'informatique, les médias,
les télécommunications, ...- convergent vers le même standard technique, celui du
numérique) apparaissent comme une condition de base aux évolutions du système
industriel (automatisation de la logistique administrative dans les services de
comptabilité, de paie, de facturation, de gestion des stocks dans les années 1960,
automatisation de la production industrielle dans les ateliers de robotique, de
productique, ou flexibles dans les années 1970, automatisation du travail individuel
de bureau avec le passage d'une informatique centralisée à une informatique
répartie et distribuée dans les années 1980, automatisation des processus de
communication par la mise en réseaux des systèmes informatiques et des micro-
ordinateurs et le développement de l'EDI dans les années 1990, automatisation des
échanges économiques et du commerce électronique dans les années 2000, ...), il
faut également un contexte institutionnel et social favorable (l'obligation d'être
pour le capital, profitable et pour le travail, employable) caractérisé par la
libéralisation des marchés et la mondialisation des échanges (l'entreprise doit
réagir de plus en plus vite et intervenir de plus en plus loin au sein de modes
d'organisation, les réseaux, qui permettent de fonctionner dans un cadre spatial
long et un horizon temporel court) .

2.1.1.1.2. Une économie de l'innovation

La Nouvelle Economie, au sens large, concerne donc toutes les évolutions techniques
actuelles qui, par leur émergence et leur diffusion, ont pour conséquence de faire
naître des comportements économiques nouveaux et de susciter de profonds
changements structurels. C'est l'informatisation de l'échange par opposition à une
ancienne économie où domine encore le modèle stratégique impliqué par
l'informatisation de la production et de la gestion. Le développement exponentiel
des activités électroniques sur les réseaux fait très rapidement apparaître, sur les
marchés des biens et services, la nécessité en amont d'une nouvelle infrastructure,
assurant la coordination des filières du producteur de matières premières jusqu'au
consommateur final, et en aval d'un tissu industriel spécialisé dédié au commerce
électronique qui puisse exploiter toutes les possibilités multimédia de l'internet.

Si la Nouvelle Economie étend sa zone d'influence à de nouvelles activités, elle


transforme aussi les anciens schémas relationnels qui prévalaient dans les systèmes
productifs et distributifs en désintermédiant (mise en relation directe des maillons
de la chaîne, préalablement séparés par un intermédiaire) ou en réintermédiant les
échanges (il apparaît un besoin d'intermédiation à chaque fois qu'il y a asymétrie
d'information pour des transactions qui s'accompagnent de nouveaux services). Au
phénomène initial de désintermédiation, consécutif à la réduction des coûts de
transaction, semble donc succéder un mouvement de réintermédiation caractérisé
par de nouveaux modes de coordination entre les agents économiques [Brousseau,
The governance of transaction by commercial intermediaries : an analysis of the re-
ingineering of intermediation by electronic commerce, Third conference of the
international society for new institutionnal economics, Washington, 1999], aussi
bien sur les marchés amont (externalisation de la fonction productive) que sur les
marchés avals (intermédiation de la gestion de la clientèle).

Les difficultés
rencontrées alors
par les entreprises,
confrontées dans
un environnement
de plus en plus
incertain à la
baisse de leur
rentabilité, les
conduisent à
rechercher de
nouveaux
débouchés dans un
espace virtuel qui
se mondialise
(toutes les
entreprises, quelle
que soit leur taille,
peuvent accéder à une multitude de réseaux planétaires interconnectés et
flexibles) et au sein duquel la compétitivité est fortement associée à la capacité à
innover (les entreprises sont contraintes à accroître la densité informationnelle de
leur offre commerciale) et à communiquer (les échanges se multiplient). Au schéma
linéaire traditionnel de l'ancienne économie se substituent peu à peu les logiques de
relation de causalité circulaire de la Net Economie (figure 13). Il en va de même
pour les marchés financiers (de plus en plus intégrés et interdépendants) et le
marché du travail (de plus en plus soumis aux stratégies de différenciation des
acteurs et à la contrainte du prix).

L'internet est donc moins la technologie support d'un nouveau mode de


développement économique que le fonds sédimentaire d'une nouvelle économie où
peuvent être exploitées massivement, dans l'entreprise, les capacités à gérer de
l'information de manière décentralisée et sur mesure.

2.1.1.2. modifie les règles du jeu et les comportements des acteurs


de la "vieille économie"

La transversalité des TIC et la finesse du contrôle des échanges d'information sur


les réseaux numériques fédérés par Internet font que la frontière entre "ancienne
économie" et "nouvelle économie" a beaucoup de mal à se dessiner, et ce, quel que
soit le niveau d'analyse retenu.

2.1.1.2.1. Une économie de la vitesse

L'effet réseau des technologies de l'information et de la communication a créé un


nouvel espace temps pour les entreprises et de nouvelles conditions d'intervention
des acteurs au sein des réseaux.

Nous venons de voir que le partage d'informations instaure, au niveau


microéconomique, de nouvelles modalités d'interaction entre les différents acteurs
impliqués sur les marchés externes (nouvelles formes de coordination réticulaire
inter ou intra-entreprises), et reformate, en interne, le design organisationnel de
l'entreprise (émergence de nouveaux secteurs d‛activités -e-business, e-
procurement,....-, de nouveaux acteurs -agrégateurs, attracteurs,
convertisseurs, ...- et/ou de nouvelles méthodes de travail en réseau -groupware,
workflow,...).

De même, au niveau macroéconomique, de nouvelles règles du jeu économique


semblent s'imposer comme la loi des rendements croissants (l'utilité d'une unité
supplémentaire d'information accroît la productivité marginale du facteur
information) qui ne s'applique plus seulement aux puces mais plus largement aux
individus (figure 14), ou encore comme l'inversion de la relation classique cherté/
rareté (la valeur est une fonction croissante de l'abondance -plus donne plus- ou
quand le réseau s'étend et que le nombre de nœuds s'accroît arithmétiquement, la
valeur du réseau croît exponentiellement)
Le secteur de l'internet, qui se caractérise aussi par une dilatation spatiale et une
contraction temporelle (Torrès) est qualifié d'"Economie de la vitesse". Croissance
durable, absence d'inflation et création d'emplois sont désormais les paramètres
de l'équation macroéconomique qui semble invalider de grands principes
traditionnels comme la théorie des cycles (fluctuations économiques longues
caractérisées par le renouvellement permanent de périodes de croissance, de
stagnation et de récession par le jeu de la destruction créatrice), la loi de Phillips
(relation décroissante entre inflation et chômage) et le paradoxe de Solow ("on voit
les ordinateurs partout sauf dans les statistiques ").

Si cette remise en cause s'explique en partie par plusieurs facteurs liés à


l'ancienne économie (évolution des taux de change, baisse du prix des produits de
base, surévaluation boursière, ...), voire par les effets positifs générés par les
processus d'innovation et de diffusion des TIC (hausse de la productivité, baisse
des coûts, accroissement de l'intensité capitalistique, ...), il y a un large consensus
pour considérer que la croissance que connaissent les États-Unis depuis maintenant
une bonne quinzaine d'années tient principalement à des éléments qui sont propres
à l'économie américaine (harmonieuse combinaison de l'initiative publique en
matière de gestion des outils de politique budgétaire et monétaire et de l'initiative
privée relative à l'esprit d'entreprise, judicieuse mobilisation du capital-risque,
activité recherche-développement intensive, ...).

2.1.1.2.2. Une économie des réseaux

Comme nous l'avons vu plus avant, l'opposition entre ancienne économie et nouvelle
économie se lit dans la profonde évolution des pratiques stratégiques des
entreprises. La construction de l'avantage compétitif (différence entre la valeur
perçue par les clients et les coûts supportés par l'entreprise pour la créer), qui
implique désormais de nouveaux schémas de fonctionnement, opposent stratégies
informationnelles et stratégies organisationnelles de l'entreprise, modes de
valorisation de l'ancienne économie et modes de développement de la nouvelle
économie.

Les technologies de l'information et de la communication posent donc en termes


nouveaux l'organisation des entreprises et des filières industrielles. Elles ont
généré, au cours de ces 20 dernières années, un certain nombre de débats qui ont
posé les bases des réflexions menées sur l'organisation des nouvelles chaînes de
valeur, tant du coté des économistes de la transaction [Williamson et Ouchi, The
markets and Hierarchies program of research : origins, implications and prospects,
dans Van de Ven et Joyce, Perspectives on Organization design and behavior, Siley,
NY, 1981 ; Thorelli, network, between market and hierarchies, strategic
management journal, Vol 7, 1986] que des économistes industriels [Malone, Yates et
Benjamin, Electronic markets and electronic hierarchies, communication of ACM,
1987 ; Bensaou et Venkatraman, Configuration of interorganizational relationship,
Management science, Vol 41, 1999 ; Shapiro et varian, L'économie de l'information,
De Boeck Université, 1999] ou des théoriciens des organisations ou des
compétences [Porter et Millar, How information gives you competitive advantage,
Harvard Business Review, 1985 ; Hammel et Prahalad, Competing for the future,
Harvard Business School Press, 1994].

Ces recherches ont mis en


évidence la complexité des
relations interentreprises
au sein des modèles
d'affaires générés par
Internet [Benghozi, Charue-
Duboc et Midler, Innovation-
Based competition and
design systems dynamics,
L'harmattan, 2000] et
l'apparition de
configurations hybrides
combinant les formes
d'organisation
traditionnelles ("Brick and
mortar") avec les modèles
de la nouvelle économie
("click and mortar"). Ainsi,
le développement des TIC
sur les marchés finals induit-il, d'ores et déjà, des contraintes sur les marchés
intermédiaires, qui remplacent progressivement les formes d'organisation
"verticale" (par produit), par des ensembles organisationnels plus
"horizontaux" (par micro-segment de clientèle) structurés en réseau et appelés
écosystèmes d'affaires (figure 15) où les standards et les stratégies de
coopération deviennent prédominants.

L'entreprise réseau remplira une fonction d'adaptation entre deux ensembles


horizontaux, d'un coté une demande complexe et variable et de l'autre coté, un
système productif lourd et peu flexible, et ce, sur des marchés réticulaires
liquides et de plus en plus capricieux. L'avantage concurrentiel reposera sur des
relations de type interdépendance électronique, c'est-à-dire la capacité des
entreprises à interconnecter leurs systèmes informatiques productifs et
commerciaux et à les faire fonctionner ensemble [Bensaou et Venkatraman, ibid].

La nouvelle économie nécessite donc la mise en place de nouveaux modes de


régulation qui vont s'appuyer sur de vieilles recettes

2.1.2. Qui s'appuie sur de vieilles règles

De nouveaux modèles organisationnels apparaissent dans un environnement


économique qui continue de fonctionner selon les vieilles règles classiques.

2.1.2.1. Les lois économiques restent fondamentalement les mêmes

Deux lois technologiques de la nouvelle économie résument d'une certaine façon le


fonctionnement typique de l'Internet sans contredire pour autant les principes de
base de l'analyse économique traditionnelle.

2.1.2.1.1. Une économie nouvelle aussi régie par des


lois

La première, la loi de Moore postule que la puissance des microprocesseurs croît de


façon exponentielle (elle double tous les 18 mois).

La seconde loi, celle de Metcalfe, selon laquelle la valeur d'un réseau maillé
progresse comme le carré du
nombre de personnes qui y sont
reliées (un réseau de N personnes
se connaissant toutes autorise N
(N-1)/2 relations, et lorsque N
est grand, ce nombre est de
l'ordre de N²/2, donc varie
effectivement comme le carré de
N), quantifie l'effet de réseau
encore appelé effet de club
(figure 16).

Le jeu combiné de ces nouvelles


règles de la nouvelle économie
entraîne à la fois une baisse des
prix des services d'information
et de communication et une
élévation du niveau de qualité du
service rendu. Cette loi du prix
inverse, tirée par l'innovation et
les externalités de réseau,
permet aux entreprises de dégager de substantiels gains de productivité et, par
voie de conséquence, de réduire les coûts d'extraction de la matière première de la
Nouvelle Economie, à savoir l'information.

La mutation technologique ne peut cependant s'affranchir des lois classiques des


modèles économiques précédents. Elle réalise de fait une synthèse de
considérations diverses liées au néo-libéralisme, à la globalisation des affaires, aux
modes de fonctionnement des marchés financiers, aux stratégies organisationnelles
d'entreprises, aux relations directes entre offreurs et demandeurs, à l'accès au
savoir en les intégrant et en les adaptant dans un nouveau cadre.

Ainsi, les TIC affectent-elles les dimensions spatio-temporelles des nouveaux


modèles d'affaires gérés par Internet (il faut aller plus loin et réagir plus vite) ou
confèrent-elles aux agents économiques la capacité de gérer de manière très fine,
en fonctions de leurs préférences individuelles, les informations échangées
(question du pilotage de l'offre par la demande ou problème du recouvrement des
coûts fixes supportés et de la tarification différenciée). Les différents modes de
couplage économique (interentreprises, intra-entreprises, entreprises-clients)
développés en environnement incertain (difficulté de modéliser le processus
décisionnel dans l'économie numérique) visent toujours, comme par le passé, la
captation de la valeur sous forme de rentes de monopole (fondées sur le pouvoir de
marché), de rentes différentielles (fondées sur l'efficacité) et de rentes
d'innovation (fondées sur la prise de risque). Cependant, la richesse ne provient plus
seulement de l'accumulation de capital matériel mais aussi de la transformation de
l'information en connaissance, c'est-à-dire de la valorisation d'un savoir mobilisable
par les acteurs (l'intelligence organisée ou collective) dans une perspective
stratégique. En l'occurrence, le fonds sédimentaire de la loi de la productivité, qui
consiste à faire plus avec moins, problématisé, à la fin des années 80, par ce que
l'on a appelé le paradoxe de Solow, intègre désormais, à coté des outils classiques
de l'approche quantitative (exprimée en termes de quantités produites), la capacité
de l'entreprise à gérer ses relations avec ses partenaires amont et aval
(productivité par la relation) et la capacité à maîtriser le risque (productivité
devant l'aléa).

2.1.2.1.2. Une économie imparfaite

Parallèlement, l'idée que les entreprises de la Nouvelle Economie, en apparaissant


comme des nœuds d'échanges instantanés et constamment révisables, en donnant
l'impression que les libertés d'entrée et de sortie sont totales, les informations
dorénavant disponibles instantanément et gratuitement, et les marchés
transparents, pouvait remettre le paradigme walrassien au devant de la scène
théorique de l'économie est rapidement contestée par les faits (voir application 4).
Certains parlent même à ce propos de cyberillusion. La Nouvelle Economie en effet,
s'avère un système de concurrence très imparfaite dans lequel la rationalité des
acteurs (voir partie 1 - point 1.1.2.1.1.) n'est pas substantielle mais procédurale et
limitée (par les capacités informationnelles et cognitives). Le mécanisme des prix et
l'information ne sont pas gratuits (d'où des coûts et de l'incertitude qui impliquent
que les marchés ne sont ni parfaits ni complets). Les acteurs ne sont pas tous
preneurs de prix ou "price takers" (ils ne recherchent pas la maximisation de leur
fonction économique mais une satisfaction minimale et leur comportement est
stratégique en ce sens qu'il dépend en grande partie des réactions anticipées des
autres participants au marché).

S'il est possible de


constater que le
développement des TIC
obéit dans une large
mesure aux règles
classiques de
l'économie, il convient
néanmoins de rappeler
que l'arrivée des start-
up Internet a produit
un impact majeur sur le
financement et
l'évaluation des valeurs
de haute technologie.
L'émergence rapide des
TIC au niveau mondial
et leur diffusion à tous
les secteurs d'activité
a provoqué, sur les marchés financiers, une euphorie qui a conduit les investisseurs
à revoir régulièrement à la hausse leurs perspectives de profits, confortés qu'ils
furent dans leurs anticipations par l'évolution très favorable des chiffres de la
productivité (qui mettait un terme au paradoxe de Solow) et de ceux de l'inflation.
De fait, l'indice IXIC du marché électronique Nasdaq, indice boursier des valeurs
de haute technologie, qui était à 1000 points au début de 1995, a ainsi été
multipliée par cinq en 5 ans et a culminé à plus de 5000 points en 2000 avant de
perdre brutalement 60 % de sa valeur au cours des douze mois suivants (figure 17).
Ces mouvements d'une rare amplitude, qui mettent l'accent sur la volatilité du
cours des valeurs de haute technologie, font éclater la bulle financière en assurant
une correction qui s'avérait, pour nombre d'analystes, nécessaire et rappellent que
la nouvelle économie ne transforme pas les principes économiques de l'évaluation
des actifs financiers (le cours d'un titre reste toujours la valeur actuelle des flux
futurs qu'il est certain, cas d'une obligation du Trésor public, ou susceptible, cas
des actions, de générer dans le futur). Une entreprise non rentable ne peut pas
survivre. Devant l'obligation qui leur est faite de mieux s'adapter à l'incertitude et
au risque, de nouveaux modèles d'organisations se dessinent.

Les changements sont donc bien réels et l'époque du paradoxe de Solow est
aujourd‛hui révolue. Cependant, comme l‛ont clairement montré les désillusions à la
suite de l'éclatement de la bulle liée à Internet, la thèse selon laquelle les TIC
rapprocheraient l‛économie de la double fiction des marchés parfaits et des
hiérarchies débureaucratisées est inexacte. Cette approche reposait en effet sur
l'idée que les TIC réduiraient, voire élimineraient les coûts d‛information. Elle avait
négligé de prendre en considération les éléments constitutifs des coûts
d'information au niveau de la création des contenus, de leur médiation et de leur
utilisation. L‛Internet, par sa nature même, tend à augmenter les coûts
d'élaboration et d'acquisition, en même temps qu‛il tend à diminuer les coûts de
transmission. En conséquence, même si l‛Internet permet avec une grande
flexibilité des interactions dont le coût de diffusion est très faible, l‛économie
numérique ne sera pas pour autant une économie exempte de coûts d‛information,
mais au contraire une économie où la valeur se créera et s‛accumulera dans
l‛élaboration de contenus et leur transformation en connaissances mobilisables par
les acteurs.

2.1.2.2. Mais les pratiques managériales évoluent


Internet fait naître de nouveaux modes de production et surtout de nouvelles
modalités d'interaction entre les agents économiques autour du partage de
l'information selon des procédures mêlant modèle gratuit de diffusion sans
contrepartie (le succès des logiciels libres révèle une sorte de
néocommunautarisme) et modèle payant de diffusion (avec les problèmes de
recouvrement des coûts fixes que cela peut poser).

2.1.2.2.1. Les entreprises inventent de nouvelles


architectures sociales

Le problème reste cependant le même. Pour se donner le temps d'amortir les coûts
initiaux de recherche développement très élevés, les entreprises élèvent des
barrières à l'entrée sur leur marché (technologiques, stratégiques, commerciales,
financières, ...) pour en restreindre l'accès à la concurrence et se retrouvent sur
des secteurs à tendance oligopolistique, voire monopolistique, en situation de
faiseuses de prix ou "price makers" (modèle price makers versus modèle price
takers en système de concurrence pure et parfaite). A ce moment, leur rentabilité
repose essentiellement sur leur capacité à exploiter hypertextuellement leurs
gisements d'informations et à mettre en œuvre un système de tarification
approprié. La palette est large. Il pourra s'agir d'une politique de prix qui couvre le
coût marginal de reproduction, quasiment nul (livres numériques de la librairie
électronique Numilog), ou d'un système au forfait (à l'instar de ceux facturés par
les différents fournisseurs d'accès) qui ne prend pas en compte l'usage, ou d'un
cofinancement public/privé pour la mise en place des infrastructures nécessaires
(High Speed backbone), ou encore de l'utilisation du modèle publicitaire (modèle
vedette de l'économie numérique).

Cette tendance à la concentration sera renforcée par l'existence d'effets de club


et d'externalités positives de réseau qui poussent les entreprises, en quête de
rentes de situation, à accroître leur taille et à inventer, en fonction des
orientations stratégiques définies, de nouvelles formes d'organisation, plus
flexibles et réactives (moins de hiérarchie, plus d'autonomie et de capacité de
décision, et de réactivité). Cette adaptation de l'architecture sociale en structures
plus liquides et à géométrie variable s'inscrit dans une tendance économique où les
sources de pouvoir traditionnelles ont tendance à devenir obsolètes. La remise en
cause de l'efficacité verticale hiérarchisée conduit les entreprises à un découpage
du problème en sous-problèmes qu'il est plus facile de résoudre séparément
(cellulisation de la firme et individualisation des situations professionnelles ...) et à
encadrer les relations dans un ensemble de conventions (juridiques, linguistiques,
techniques, sociales, cognitives, ...) et de contrats implicites ou explicites (contrôle
social par les pairs au travers le respect de normes) qui ont pour objectifs de
limiter les coûts de coopération et de renforcer la coordination et la motivation. Le
nouveau pouvoir hiérarchique, de type horizontal, permet à la fois d'éliminer
l'asymétrie d'information dont pourraient bénéficier les employés dans un contexte
de structure décentralisée et d'éviter les résultats désastreux.

Ces évolutions organisationnelles créent, de la même façon, une asymétrie


d'information entre les actionnaires et les dirigeants d'entreprises de la nouvelle
économie (conflits d'agence entre l'équipe dirigeante et les capital-risqueurs et
nécessité d'un contrôle) qui peut aboutir, via l'aléa moral, à une perte de contrôle
des actionnaires. Elles réorientent le pouvoir décisionnel vers de nouvelles formes
de gouvernance, à partir de modèles hybrides empruntant aux deux modèles de
base (modèle de type "shareholder" qui privilégie le contrôle externe et pilotage
par le marché versus modèle de type "stakeholder" où le contrôle, de nature
interne, est assuré par le noyau dur des actionnaires majoritaires et les procédures
incitatives). Ce paradigme de la nouvelle entreprise est censé faire la synthèse
entre les exigences de la géométrie financière qui caractérise une économie de
fonds propres (rupture du lien entre l'actionnaire et le véritable propriétaire des
fonds investis appelé gestionnaire de portefeuille) et celles de la démarche
partenariale qui illustre les concepts contemporains de développement durable ou
d'entreprise socialement responsable (l'entreprise, perçue comme un "nœud de
contrats ou de conventions" et partenaire de tout un ensemble de parties prenantes
sur lesquelles elle exerce son influence, mais desquelles elle est également
dépendante, doit être mieux contrôlée et gouvernée)

2.1.2.2.2. Les évolutions touchent toutes les


entreprises de manière contingente

L'Internétisation, qui concerne d'abord les grandes organisations, se propage peu à


peu, par contagion, à l'ensemble des entreprises (recherche de gains de
productivité, pression des partenaires, nouvelle organisation des marchés, ...) et
structure la nouvelle économie à partir de l'intégration des TIC dans les pratiques
managériales. Ainsi, par exemple, selon les résultats de l'enquête effectuée par le
Service des Etudes et des Statistiques Industrielles, les facteurs les plus
discriminants pour expliquer le développement des TIC au sein des entreprises sont
la taille, l'ouverture sur l'extérieur, l'appartenance à un groupe (surtout étranger)
et la capacité innovatrice et les raisons les plus fréquemment avancées tiennent à
l'amélioration du service au client, à la réduction des coûts, à l'amélioration de
l'organisation interne, à l'accroissement de la flexibilité de la production, et de la
qualité des produits, ... On peut ainsi distinguer un premier niveau qui regroupe
l'ensemble des entreprises (modèle brick and mortar) où l'usage des TIC se limite
essentiellement au courrier électronique et à quelques essais souvent infructueux
d'outils coopératifs. A un deuxième niveau se situent les entreprises qui, tant en
interne au sein de collecticiels (groupware) qu'en externe (utilisations d'outils
collaboratifs, EDI, ..), essaient d'exploiter au mieux de leur intérêt les
opportunités du web. Enfin, au troisième niveau, apparaissent les entreprises
électroniques (start-up qui exploitent des niches) et les entreprises de l'économie
"traditionnelle" (entreprises click and mortar qui se mettent en réseau pour créer
des places de marchés ou proposer une partie de leurs activités en ligne). La
mutation des échanges économiques en général et les nouvelles articulations entre
échanges physiques et relations informationnelles se traduisent par une
réorganisation des chaînes de valeur autour d'une alternative globalisation/
différenciation, traditionnelle en gestion, et à partir de trois facteurs clés relatifs
aux effets de localisation et aux formes de coopération, à l'exploitation des
gisements d'information et à la maîtrise de la technologie (le symbole de cette
mutation est sans conteste la place de marché (voir application 5), espace virtuel
sur le web, où les entreprises se rencontrent pour échanger des biens ou des
services grâce à des outils de navigation standard).

Trois types de
mouvements, autour
desquels se
structurent les
modèles d'affaires
des filières de la
nouvelle économie ,
illustrent à la fois les
tentatives
d'adaptation des
entreprises face à la
demande et à
l'évolution technique
et les démarches
stratégiques visant à
limiter la compétition.

Le premier correspond à l'irruption sur la scène électronique de nouveaux acteurs


(assurant des fonctions d'offreur de technologies, ou de distributeur ou
d'intermédiaire). Le deuxième tient à l'évolution de la position respective des
acteurs (redéfinition des frontières externes et prise en compte du poids des
partenariats dans la filière) au sein du ou des réseaux auxquels ils appartiennent. Le
dernier résulte du choix du meilleur compétiteur sur les différents maillons de la
chaîne de valeur.

En tout état de cause, les transformations s'effectuent progressivement, de


manière contingente, autour de quelques acteurs qui tirent le reste de la filière et
dans le cadre d'un secteur en plein développement mais qui tend à se concentrer
comme le montre le schéma ci-contre (figure 18). L'alignement concurrentiel
intervient donc nécessairement. Internet reste un modèle fondamentalement
hétérogène.
CONCLUSION POINT 2.1

La Nouvelle Economie est apparue, aux yeux de certains analystes, comme une
mythologie néo-techno-libérale qui reproduit, de façon très sélective, certaines
caractéristiques du mode de fonctionnement de l'économie américaine : flexibilité
et dualisme du marché du travail, dérégulation des marchés, nouveau mode de
gouvernance des entreprises fondé sur la valorisation financière. L'effondrement
boursier intervenu en 2001 semble leur avoir en partie donné raison (non remise en
cause de la théorie des cycles, problème non résolu de la réallocation des gains de
productivité, invalidation des hypothèses relatives à la question de l'évaluation des
valeurs de la nouvelle économie et de la prééminence des actifs d'exploitation
(gisements d'informations) sur les résultats, pertinence non établie du concept de
croissance exponentielle de la valeur du réseau, ...).

Si elles font beaucoup parler d'elles, les TIC restent cependant un phénomène
difficile à appréhender. Aujourd'hui banalisées, elles ne sont plus constitutives
d'avantage concurrentiel pour les firmes mais restent essentielles dans le
processus de création de valeur. Leur extension à l'ensemble des secteurs
économiques a substitué à l'expression "Nouvelle Economie" celle "d'Economie
Numérique" ou de "Net Economie".

2.2.- Et assurer la transition vers la sphère digitale

Alors que le concept de nouvelle économie tend à être remis en cause, la diffusion
des TIC dans le grand public et l'intégration naturelle de l'Internet par la sphère
marchande accélèrent le processus de transition vers une économie digitale (ou
numérique) caractérisée par des règles de fonctionnement qui tiennent compte des
spécificités du nouvel univers (coopération, libre circulation, communauté, biens et
services complémentaires, ...) et qui englobent tous les moyens électroniques par
lesquels les TIC créent de la valeur (une transaction est qualifiée d'électronique si
au moins une étape de chacune de ses phases est accomplie sous forme
électronique).

2.2.1. D'abord, surmonter les problèmes inhérents au nouvel


environnement

Les acteurs de la sphère digitale sont confrontés à des problèmes de différentes


natures (technique, économique, financière, institutionnelle, ...) qu'ils tentent de
résoudre dans le cadre d'un processus peu déterministe.
2.2.1.1. Les problèmes générés par la gestion des flux et le choix
d'une tarification

Si les échanges électroniques ont ouvert aux entreprises de nouvelles possibilités,


que ce soit dans le secteur des TI ou dans d'autres secteurs, leur impact varie
sensiblement d'une entreprise à l'autre selon la manière dont leur utilisation a été
prévue et tarifée.

2.2.1.1.1. Les problèmes au niveau de la


régulation des flux

Internet est une toile mondiale de réseaux électroniques, dont les potentialités
autorisent la mise en place de modalités très différenciées de gestion de
l'information et induisent une numérisation croissante des activités.

Le fonctionnement du réseau est pris en charge par des opérateurs dont la mission
est de fournir un ensemble de services de télécommunications (principalement
accès au web et messagerie électronique) selon un modèle d'assemblage modulaire
et flexible grâce à des interfaces standardisées qui permettent à des machines de
traitement numérique de l'information (les micro-ordinateurs) d'interopérer. Les
normes Internet, qui rendent les interconnexions possibles sur le réseau,
organisent la communication entre machines (exemple des échanges de courriers
électroniques) sur la base d'une architecture informatique client-serveur (le client
envoie une requête au serveur qui lui répond) à partir des règles suivantes (figure
19):
- les micro-ordinateurs connectés au réseau doivent pouvoir être identifiés de
manière univoque à l'aide d'un numéro (157.26.164.10)
- un système d'adressage, proche du langage naturel, dont la partie visible
correspond au nom de domaine (www.u-picardie.fr ou alain.deppe.free.fr), est
transformé en adresse machine par des serveurs appelés serveur DNS (Domain
Name System)
- un ensemble de normes techniques dénommé protocole de communication IP
(Internet Protocol, ...) assure l'interopérabilité entre les différentes composantes
du réseau
- la communication entre machines (à l'aide de textes, d'images, de sons, ...)
s'effectue à l'aide d'un langage de programmation (par exemple HTML pour Hyper
Text Markup Language) qui permet de coder et décoder les demandes et les
réponses échangées entre postes clients et serveurs.

Le développement d'activités économiques liées à l'Internet, qui demandait donc de


plus en plus de débit, a conduit les décideurs à travailler sur les moyens de réguler
les échanges (mise en place d'une gouvernance technique) pour mobiliser de façon
optimale les tuyaux par lesquels passent les flux informationnels. De ce point de
vue, la bande passante, pour des raisons qui pouvaient être autant techniques
qu'économiques, était un facteur rare dont le coût d'utilisation apparaît encore
aujourd'hui comme difficilement maîtrisable (instabilité de la demande, difficulté
d'identifier tous les coûts de fonctionnement, modes de financement de l'Internet,
gratuité de l'accès au réseau pour certains services, ...). En outre, les relations de
coopétition entre les opérateurs et la décentralisation de l'administration du
réseau, qui permettent aux flux informationnels de choisir le chemin le plus
efficace pour atteindre leur cible (notamment en "empruntant les voies" qui ne sont
pas saturées) rendaient les échanges difficilement identifiables et quantifiables.

2.2.1.1.2. Le développement de l'Internet pose


des problèmes au niveau des choix
tarifaires

Par le passé, les mesures de trafic se faisaient principalement sur les backbones
(autoroutes de l'information) et au niveau des fournisseurs d'accès et le caractère
stratégique et confidentiel de ces informations les rendait difficilement
accessibles. A ce niveau, le codage de l'information était plus important que
l'information elle-même car il s'agissait de prévoir et d'allouer les ressources
nécessaires à la transmission d'une série de bits, et ce, quelle que pouvait être la
valeur du contenu informationnel.

Dans cette optique, le coût


de transmission était
principalement corrélé à
son volume physique
(garantir un débit
suffisant pour que la
circulation sur le réseau
soit la plus fluide possible)
alors que la valeur de
l'information dépendait,
pour le client, de l'utilité
qu'il en retirait (privilégier
la valeur d'usage
contingente à la nature de
l'information souhaitée et
par voie de conséquence
cibler la gestion
prioritaire des flux). La
manière dont étaient
tarifées ces informations
apparaissait donc cruciale
pour savoir comment se
répartissaient les gains
liés aux autoroutes de
l'information.

En effet, si le réseau constituait en lui-même une externalité positive qui


permettait à l'ensemble des internautes d'échanger des informations à faible coût,
les embouteillages sur le réseau représentaient une externalité négative dont le
coût social pouvait s'avérer très important (l'entreprise qui ne peut transmettre
son projet en réponse à un appel d'offres parce qu'un adolescent télécharge une
copie pirate du film Pirate des Caraïbes). Il ne s'agissait donc pas simplement, en
l'occurrence, de résoudre un simple problème technique mais de tenter de répartir,
au mieux, la ressource rare entre les utilisateurs.

Il en a résulté, alors que la question des problèmes de saturation apparaît


maintenant comme moins primordiale, une grande variété de modes de gouvernance.

Celles-ci ont tout d'abord exploré les voies des modalités gratuites
d'interconnexion à travers des accords de peering destinés à minimiser les coûts de
transaction (la disparition progressive des politiques de subvention de l'accès
s'explique en partie par la faible sensibilité des recettes publicitaires à l'audience).
Elles ont ensuite emprunté les chemins mieux connus des diverses formules de
tarification (système de tarification théorique dans lequel le prélèvement d'une
taxe de congestion conduit l'utilisateur à une décision socialement optimale, par
comparaison entre son bénéfice marginal et son coût marginal augmenté de la taxe,
système de tarification optimale dynamique comme celui de Mayeticvillage qui
permet à l'utilisateur de choisir, dans un menu, une option incluant un coût
monétaire et une durée estimée pour le service retenu, système de tarification de
priorité statique qui garantit un niveau de service socialement optimal quel que soit
l'état de congestion du réseau, ...) et/ou d'arrangements organisationnels (système
des enchères, financements indirects, modèles publicitaires, ...).

Les solutions adoptées marient le plus souvent une dimension tarifaire et une
dimension organisationnelle.

En tout état de cause, les études disponibles montrent que les prix sur Internet
sont de plus en plus dispersés, et que des ressources de plus en plus importantes
sont dédiées au formatage et au rapprochement des offres et des demandes.

2.2.1.2. Les entreprises sont confrontées aux problèmes générés


par l'élaboration de normes
et l'universalisation du réseau

Le monde de l'internet, dominé par des acteurs non institutionnels (entreprise,


recherche) est né de standards de faits comme HTTP, HTML, XML (un standard
est un ensemble de recommandations émanant d'un groupe représentatif
d'utilisateurs réunis autour d'un forum), efficaces et simples issus de normes
comme OSI complexes et difficiles à mettre en œuvre (une norme est un ensemble
de règles de conformité, édictées par un organisme de normalisation au niveau
national ou international).

Le plus connu est le standard TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet


Protocol) qui fédère tout les ordinateurs reliés au réseau en définissant, à l'aide de
protocoles de communication développés par le département de la défense
américaine (DARPA), l'ensemble des règles à respecter pour assurer l'expédition et
la circulation des données à travers des réseaux hétérogènes (et notamment le
réseau Internet). TCP/IP désigne communément une architecture réseau, mais cet
acronyme désigne en fait 2 protocoles étroitement liés : un protocole de transport,
TCP (Transmission Control Protocol) qu'on utilise par-dessus un protocole réseau,
IP (Internet Protocol). TCP-IP n'est pas une norme entérinée par un organisme
international. L'utilisation du terme norme TCP-IP est, de ce fait, inappropriée. A
mesure que de nouveaux standards sont développés et atteignent leur masse
critique, ils permettent une meilleure utilisation de l'information dans le domaine
dans lequel ils sont adoptés. Et, par un enchaînement naturel, plus les utilisateurs
sont nombreux à adopter un standard, plus celui-ci s'impose. Chaque standard fait
éclater un arbitrage entre la richesse de l'information et son étendue et permet, à
son tour, le développement de standards d'un niveau supérieur (OFX, par exemple,
en devenant un standard général pour les informations financières personnelles,
permettra à chacun d'effectuer des opérations d'achat ou de vente avec la
compétence d'un professionnel).
L'interopérabilité des ressources disponibles sur Internet est assurée par des
organes de régulation technique aux compétences limitées parmi lesquels on
distingue principalement les dispositifs suivants :
- le W3C (World Wide Web Corporation) qui est l'organisme de normalisation des
langages multimédia utilisés sur internet pour la présentation d'une page (format
HTML), son codage (SET), sa définition (PICS), ...
- l'IETF (Internet Ingeneering Task Force), outil de réflexion et d'influence, qui
est de fait l'organisme de normalisation des protocoles de communication pour la
messagerie, le ftp, le HTTP, et pour les réseaux/transport : IP, multicast, TCP, RTP
- l'IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) présent à la fois sur les
infrastructures (pour les liaisons, les réseaux locaux, le niveau physique, les câbles)
et les ressources électroniques (développement des métadonnées pour décrire les
objets d'apprentissage y compris non numériques)
- l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), entité de
gouvernance de l'internet chargé de la distribution des adresses IP et de
l'attribution des noms de domaine.

L'émergence de standards sur le web, processus complexe, échappe de fait aux


dispositifs traditionnels de régulation et de normalisation internationale, trop peu
réactifs et ouverts sur les principes de fonctionnement du réseau. L'IETF ou le
W3C, par les usages qu'ils permettent de développer en termes d'interopérabilité,
peuvent donc exercer une influence notable sur le comportement des acteurs
impliqués dans l'Internet. Cependant, leur incomplétude et leur manque de
légitimité, face notamment aux premiers développements du commerce
électronique, expliquent certainement les raisons pour lesquelles une démarche de
co-régulation étatique, sur la base du principe de subsidiarité, s'est
progressivement imposée dans la régulation socio-économique du réseau.

Le partage des activités initié par le gouvernement américain au milieu des années
80, entre des opérateurs de réseau chargés de fournir un ensemble de services de
télécommunication (principalement les fournisseurs d'accès internet et de services
de messagerie prestataires de services informationnels) et les propriétaires des
infrastructures autoroutières chargés d'assurer les interconnexions
(essentiellement les administrateurs prestataires des réseaux physiques),
renouvela la problématique de l'économie industrielle autour de la gestion bien
comprise du binôme partenariat/concurrence (interopérabilité de réseaux à la fois
hétérogènes et concurrentiels, transfert de trafic d'un opérateur à l'autre,
création et développement de réseaux intra et inter organisationnels, assimilation
et dissémination des innovations technologiques, reconfiguration de la chaîne de
l'offre, relation de causalité circulaire entre l'individuel et le collectif, logique de
fonctionnement open source...).

L'organisation apprend à créer de la valeur en passant de la gestion des systèmes


d'information à l'élaboration et l'accumulation d'un capital immatériel de
connaissances qui devient, dans la sphère digitale, un élément d'actif immobilisé
essentiel.

2.2.2. Pour en exploiter toutes les opportunités

La captation, par les acteurs impliqués dans la sphère digitale, des externalités de
réseau générées par les activités numériques, conduisent à une logique de
concentration du secteur et met en évidence la nécessité d'un cadre institutionnel
et socio-économique approprié aux échanges électroniques

2.2.2.1. Capitaliser les externalités

La sphère digitale apparaît donc comme un ensemble de nœuds et de liens,


interconnectant entre eux des marchés, des individus, et des modèles hybrides
autorisant une personnalisation variable et adaptative du rôle de chaque individu, en
fonction des interactions particulières dans lesquelles il sera impliqué. L'analyse
traditionnelle des réseaux supposait que le réseau était détenu par une seule firme,
ce qui résumait la tâche de l'économiste à la recherche de l'allocation optimale des
ressources sur ce réseau et à leur bonne utilisation.

Les évolutions organisationnelles des années 90, au sein de l'environnement


numérique, ont conduit les chercheurs à intégrer dans leur réflexion les paramètres
cruciaux que sont la compatibilité, l'interopérabilité, l'interconnexion et la
coordination des qualités de services. L'un des premiers domaines d'études a été
l'étude de la gestion des complémentarités informationnelles et des processus
d'innovation. Sur les réseaux apparaît un grand nombre de biens complémentaires
entre le terminal de l'utilisateur et le backbone. Ces biens peuvent s'avérer aussi
substituables (par exemple, Apple et l'environnement Macintosh, composé du
système Mac OS, du processeur Motorola, du modem câble, du réseau câblé, et du
backbone est un substitut de la configuration PC d'IBM avec le système Microsoft
Windows, le modem 3COM, le réseau téléphonique). Or, cette substituabilité,
inhérente à la capacité des TIC à discriminer les accès et les usages, permet de
proposer une large panoplie de moyens et d'outils pour organiser les relations entre
offreurs et demandeurs.

Le réseau, de par son existence, est donc la source d'externalités, directes


(bilatérales entre deux utilisateurs ou un utilisateur et un groupe d'utilisateur) ou
indirectes (entre un utilisateur et un marché), à la fois pour le producteur de biens
et pour le consommateur. Cependant, le réseau ne se limite pas à la mise en marché
de biens privés. Il est aussi le support de la diffusion de biens collectifs produisant
des externalités (proposés par des organismes publics ou non marchands ou
services que se rendent les utilisateurs entre eux) dont la gestion par un mécanisme
de marché peut s'avérer inefficace (le client n'est pas disposé à en payer le prix et
le producteur n'est pas incité à investir suffisamment) comme par exemple un
paysage (voir application 6). Sur Internet, ces questions sont rendues plus
complexes encore par la multiplicité des externalités relatives à la vie économique
et sociale (fourniture de services gratuits d'informations versus transaction
commerciale réalisée sur un site marchand au niveau des interdépendances entre
contenus, facilité et coût d'accès aux backbones versus fluidité et qualité des
échanges sur sites au niveau des interdépendances entre réseaux physiques et
contenus) qui affectent à la fois les activités informationnelles à proprement parler
(relatives à des biens publics ou mixtes) et les activités marchandes (relatives à
des biens privés). Ces questions se règlent, dans un univers où la ressource rare est
la capacité à trier et à discriminer l'information, au moyen de modèles hybrides et
flexibles combinant système de transactions marchandes et mécanismes
d'affectation non marchands (autorégulation du système qui garantit une
circulation et un partage efficaces de l'information au sein, par exemple, de
communautés virtuelles par le biais de la netiquette).

Les études menées dans les années 90 ont bien démontré que l'existence
d'externalités provenait de la complémentarité des biens utilisés dans un réseau.
Comme le facteur déterminant pour commencer à bénéficier des externalités du
réseau est d'atteindre une masse critique, la conséquence prévisible de ce constat
se traduit, pour les entreprises, par une tendance à la concentration des fonctions
essentielles (fourniture d'accès, fourniture d'interconnexion, systèmes
d'adressage, ...) aux fins d'exercice d'un pouvoir de monopole.

Compte tenu des externalités importantes créées par les activités supportées par
Internet, de la nécessité d'assurer une régulation technico-économique minimale du
réseau, ainsi que des tendances à la monopolisation des ressources clés dans
l'économie numérique, une régulation de l'Internet apparaît incontournable

2.2.2.2.. dans un cadre institutionnel et socio-économique approprié

Dans le même temps, Internet accélère le processus de séparation entre le contenu


(l'information) et le contenant (le support physique). Cette dématérialisation
affecte aussi bien les conditions de l'offre que celle de la demande.

En amont, le coût de développement d'un logiciel engendre des coûts fixes élevés
qui sont perdus quelles que soient les ventes du logiciel. En revanche, en aval, une
fois le logiciel créé, la duplication et la diffusion s'effectuent à coût marginal quasi
nul pour les CD ou les DVD et nul sur Internet. Il en résulte donc une fonction de
coût de production (pour le producteur de logiciel par exemple) à rendements
fortement croissants qui invalide nombre des conclusions de l'économie classique de
marché. Les logiciels sont des produits qui présentent de fortes externalités de
réseau qui apparaissent lorsque la masse critique est atteinte (Il est nécessaire de
posséder la suite bureautique Office de Microsoft pour lire, dans de bonnes
conditions, les fichiers créés avec Word). Pour atteindre au plus vite cette masse
critique sous contrainte de recouvrement des coûts fixes, l'industrie du logiciel
utilise des stratégies de prix différenciés très complexes (voir application 7) qui
supposent une connaissance très fine des préférences des consommateurs (produits
shareware ou freeware, pratique du bundling par Microsoft avec son navigateur
Internet Explorer intégré dans son système Windows, ...)

Sur les marchés aval, l'information présente les caractéristiques d'un bien public
de faible exclusion et de faible rivalité. En effet, il est difficile d'empêcher
quelqu'un d'utiliser des informations que l'on a produites si elles sont accessibles
sur le réseau. Ce faisant, cette information peut être utilisée par un très grand
nombre d'individus sans qu'elle soit détruite ou sans que le créateur du contenu en
soit dépossédé. Dans cette hypothèse, la valeur résiduelle du bien informationnel
correspond au coût de transmission de l'information et d'accès au réseau (pour
l'individu qui dispose d'une connexion haut débit à un prix dérisoire permettant
tous les téléchargements, les biens informationnels proposés en ligne, qui peuvent
être facilement piratés, n'ont pas de valeur intrinsèque) et il devient difficile pour
un entrepreneur de gagner de l'argent en vendant des logiciels. Dans une économie
où les droits de propriété sont insuffisamment protégés, les entreprises se
trouvent prises dans un jeu de contrats dits d'enforcement caractérisés par un
modèle économique qui articule paiement et gratuité, libre diffusion et exclusivité,
et s'appuie sur les services additionnels. Les entreprises offrent le produit de base
(le contenu) et vendent les services complémentaires (formation à l'utilisation,
maintenance du produit, financement, diffusion, ...). L'augmentation de la valeur
d'usage (en l'occurrence générée par la relation créée avec le client) est l'axe de
développement retenu dans les stratégies mises en œuvre. Le fournisseur, qui a
amorti ses coûts de développement, a intérêt à élargir et à étoffer sa proposition
commerciale. Le client, de son coté, a intérêt à garder le même logiciel car son
apprentissage est long et coûteux et le coût du changement est élevé. Le vendeur
essayera d'augmenter au maximum le coût du changement (switching cost) afin de
verrouiller le client dans une relation de long terme qualifiée de matrimoniale (lock-
in).

L'économie du web se transformerait donc en une économie de l'abondance où


coexisteraient des savoirs standardisés proposés gratuitement ou à un coût très
faible et des prestations intellectuelles spécifiques, sur mesure, facturées à un
prix qui peut être très élevé. Le corollaire de cette hypothèse est l'apparition, dans
tous les secteurs de la sphère digitale, de structures de marché à tendance
oligopolistique, voire monopolistique qui remettent en cause la viabilité du processus
concurrentiel. Les opérateurs sont en effet incités, pour profiter au maximum des
externalités de réseau offertes par les biens informationnels et atteindre au plus
vite la masse critique, d'entrer dans une logique de concentration.

Une réponse à la constitution de monopoles et à l'émergence de logiciels


propriétaires, notamment au niveau des systèmes d'exploitation de micro-
ordinateur, a été l'émergence de logiciels libres qui ont une vocation de service
public et apparaissent comme une alternative aux logiciels commerciaux (logiciels
dont les sources, c'est-à-dire l'ensemble des instructions, sont accessibles et
modifiables). Le logiciel libre comme linux offre une approche alternative du
développement d'un logiciel sur un réseau.

Dans le cas de linux,


c'est le
développement du
logiciel qui a
bénéficié des effets
de réseaux (un
réseau coopératif
de programmeurs
bénévoles qui
cherchent à
maximiser leur
fonction d'utilité
particulière soit au
travers leur propre
satisfaction soit
pour gagner en
considération au
sein du réseau)
contrairement au
modèle centralisé de développement traditionnel. Ainsi le logiciel a pu être
distribué gratuitement sans qu'aucun intermédiaire ne soit lésé. Des sociétés
commerciales ont pu se développer en assumant les coûts de coordination des
différentes parties du système et la diffusion du logiciel. Le consommateur a un
arbitrage à faire entre une version commerciale d'un système d'exploitation prêt à
l'emploi et un logiciel gratuit qui nécessite un investissement en capital humain.

La fourniture gratuite sur Internet d'outils et de contenus informationnels


facilitant les échanges économiques a facilité la mise en relation d'individus au sein
de communautés virtuelles homogènes du point de vue de leurs fonctions de
demande et permis une adaptation progressive des propositions commerciales aux
requêtes formulées. La communauté virtuelle est en même temps un dispositif
d'agrégation d'achat au sein duquel les informations et les jugements sur l'offre
sont réunis et formulés par les clients et non par les experts et un moyen
permettant aux offreurs de cibler et différencier leur offre pour autant qu'ils
puissent accéder à l'information sur la structure de la demande. Elle est la voie
propédeutique des places de marchés, véritables bourses électroniques qui assurent
l'interface sur les marchés B2B entre producteurs et assembleurs au sein d'une
filière ou entre coopétiteurs sur un secteur et d'une fonction nouvelle
d'intermédiation électronique qui consiste à mettre en relation des vendeurs et des
acheteurs, l'infomédiation.

CONCLUSION POINT 2.2

Au cours des dernières années, l'économie numérique a connu des changements


considérables. La correction des valorisations boursières excessives, la phase de
consolidation du secteur des TIC dans le contexte global d'un ralentissement
économique et de l'effondrement de nombreuses entreprises « .com » ont
démontré que la "Net Economie" est tout autant exposée aux aléas du cycle
économique que ne l'est l'économie traditionnelle, et que la survie de toute
entreprise passe par une saine gestion. Un effort particulier est donc nécessaire
pour promouvoir une utilisation adéquate des TIC – c'est-à-dire en accompagnant
celle-ci d'investissements durables dans l'organisation et les personnes dans tous
les secteurs économiques: industrie de haute technologie, fabrication à faible
technicité, services fournis par le secteur privé, ainsi que dans les administrations
publiques.

CONCLUSION

L'information, concept à géométrie variable, est devenue un matériau stratégique


de première importance. Pour l'obtenir et rester compétitives, les entreprises ont
reconfiguré leurs systèmes d'information et mis en œuvre des stratégies de
changement dans un contexte économique au sein duquel les TIC jouent un rôle
majeur dans le processus de création de valeur. Leur extension à l'ensemble des
secteurs économiques, au cours des dix dernières années, a probablement été
l'aspect le plus visible de l'avènement d'un nouveau système économique numérique
qualifié de "société de l‛information" caractérisé par l'entreprise en réseau,
l'autonomisation croissante du travail, le rôle accru des marchés financiers dans la
dynamique industrielle et les processus d‛innovation, la recomposition de la gestion
des savoirs et de la connaissance. Les tentatives avortées de transposition directe
sur Internet des activités traditionnelles de l‛économie de marché ou
d'électronisation d'activités commerciales ont démontré la nécessité d‛une forme
nouvelle de réintermédiation, l‛infomédiation, qui offre un exemple de construction
collective de connaissance et d'expertise face à un espace de biens et services de
plus en plus complexe.

L‛information, concept protéiforme, présente des caractéristiques de bien public et


s‛autonomise en tant que marchandise à part entière. Son ambivalence autorise dans
le nouveau système hybride généré par l'économie numérique autant les stratégies
de conception coopérative que les rapports de domination ; les grands groupes
côtoient les micro entreprises, la standardisation cohabite avec les stratégies de
personnalisation, l'internaute combine logiciel libre et logiciel propriétaire, la e-
communauté devient une source potentielle de création de valeur, la différenciation
retardée devient le modèle de l'avantage compétitif en banalisant les commodités
en amont de la chaîne de valeur et en personnalisant les offres en aval de cette
chaîne, ...

Tous les aspects de la société (sociaux, culturels, politiques, scientifiques, ...) sont
touchés par les transformations en cours. Le rôle des Pouvoirs Publics, en matière
d'orientation et de dynamisation sera primordial pour que l‛ensemble des citoyens
puisse accéder et bénéficier des potentialités de l'économie de l‛information.

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SITOGRAPHIE

LES OUTILS DE RECHERCHE

http://www.arc-en-web.com/html/arcenweb/edition/initiation/autofor/accueil01.
htm
http://www.imaginet.fr/ime/manuel.htm
http://www.searchenginewatch.com/ (Le site de référence sur les outils de
recherche (en anglais)
http://www.adbs.fr/ (site très complet pour comprendre les outils de recherche)
http://www.lib.berkeley.edu/TeachingLib/Guides/Internet/Stategies.html (site de
Berkeley)
http://www.bibl.ulaval.ca/vitrine/giri/ (Guide d'initiation à la recherche dans
INTERNET)

LES MOTEURS DE RECHERCHE

http://www.hotbot.com
http://www.exite.com
http://www.ecila.fr
http://lokce.iplus.fr
http://www-fr.lycos.com/
http://www.voila.fr/
LES METAMOTEURS

http://www.savysearch.com
http://www.go2net.com/
http://www.infind.com/
http://www.debriefing.com/

LES WEBRINGS

http://www.webring.org/ Il existe 203 anneaux français sur ce site.


http://calvin.edu/library/as/ Il recense les sites fédérateurs (gateway) dans 35
disciplines.

LES MOTEURS SPECIALISES

http://www.euroferret.com/ Plus de 30 millions de pages consacrées à l‛Europe sont


indexées.
http://www.euroseek.net/ Permet la recherche dans toutes les langues et tous les
pays d‛Europe.
http://www.allsearchengines.com/

LES SITES SPECIALISES

http://www.isworld.org/ un site mondial dédié à l'étude des systèmes d'information


LE CONCEPT D'INFORMATION

1 - Le concept d'information est apparu

sous l'antiquité
au Xe siècle
au XIIIe siècle
au XVIIIe siècle
au XXe siècle

2 - La donnée est constituée d'un signe et d'un code

Oui
Non

3 - L'information est constituée d'un ensemble d'unités élémentaires appelées


données

Vrai
Faux

4 - La racine latine du mot information est

formare
informare
informatio
formate
reformare

5 - Quel type de cheminement suit le continuum qui aboutit au savoir ?

connaissance - données - savoir - information


information - données - connaissance - savoir
savoir - connaissance - information - données
données - connaissance - information - savoir
données - information - connaissance - savoir

6 - Le travail collaboratif concerne les relations intraentreprises

Vrai
Faux

7 - L'expression ' Medium is message ' est de

Mac Luhan
Daniel Bougnoux
Alvin Tofler
Edgar Morin
Jacques Arsac

8 - Dans un échange, la quantité d'information nécessaire est égale à

l'inverse de la probabilité du logarithme


logarithme de l'inverse de sa probabilité
l'inverse de la racine carrée du logarithme
l'inverse de la probabilité élevée au carré
logarithme de l'inverse de la racine carrée

9 - Un système d'information est assimilé à

une chaine de conception de signes sous des formes reconnaissables et


reproductibles
une chaine de production de signes sous des formes reconnaissables et
reproductibles
une chaine de commercialisation de signes sous des formes reconnaissables et
reproductibles
une chaine de financement de signes sous des formes reconnaissables et
reproductibles

10 - L'informatique communicante date

des années 20
des années 40
des années 60
des années 80
des années 90

11 - L'informatique communicante utilise un langage conceptuel facilitant la


simulation des causalités

Vrai
Faux

12 - Les ERP sont des intégrations d'applications

Vrai
Faux

13 - Le BPML intervient sur

les données
les processus

14 - L'informatique répartie correspond à une archtiecture client serveur

Vrai
Faux

15 - L'informatique répartie sert une information distribuée

Vrai
Faux

Voyons vos résultats et la correction ...


L'ECONOMIE DE L'INFORMATION

1 - Le concept d'Economie de l'Information est apparu

Dans les années 1920


Dans les années 1950
Dans les années 1970
Dans les années 1990
En 2005

2 - Le concept d'Economie de l'Information a été forgé par

Machlup
Porat
Rubin
Toffler
Mandel

3 - Le concept de Nouvelle Economie a été forgé en 1996 par

Machlup
Porat
Rubin
Toffler
Mandel

4 - La fin du XXe siècle correspond à

la 2e révolution industrielle
la 3e révolution industrielle
une révolution informationnelle
une mutation sociétale
la 1ère révolution industrielle
5 - 2007 correspond à une période de

gestion de la net économie


croissance de la net économie
maturité de na net économie

6 - La Nouvelle Economie correspond à

une informatisation de la production et de la gestion


une informatisation de l'échange

7 - Il apparaît un besoin d'intermédiation à chaque fois qu'il y a une asymétrie


d'information

Vrai
Faux

8 - Les rendements croissants correspondent à

l'accroissement moyen de la productivé du facteur information


l'accroissement marginal de la rentabilité de l'information
l'accroissement moyen de la rentabilité de l'information
l'accroissement marginal de la productivité du facteur capital
l'accroissement marginal de la productivité du facteur information

9 - La loi de Pillips est

une relation croissante entre l'inflation et le chômage


une relation décroissante entre l'inflation et le chômage

10 - La Théorie des coûts de transaction a été forgée par

Coase
Porter
Kotler
Williamson
Keynes
11 - Selon Moore, la puissance des microprocesseurs double

tous les 6 mois


tous les 12 mois
tous les 18 mois
tous les 2 ans
tous les 3 ans

12 - Selon Metcalfe, la valeur d'un réseau maillé progresse comme l'inverse du


carré du nombre de personnes qui y sont reliées.

Vrai
Faux

13 - Une rente d'innovation est fondée sur

sur le risque
sur le pouvoir de marché
sur l'efficacité

14 - Le paradigme Walrassien correspond à un modèle de concurrence imparfaite

Vrai
Faux

15 - Le modèle shareholder privilégie le contrôle externe et le pilotage par le


marché

Vrai
Faux

16 - Le protocole IP assure l'interopérabilité entre les différentes composantes


du réseau

Vrai
Faux
17 - Les accords de peering maximise les coûts de transaction

Vrai
Faux

18 - Le W3C est chargé de l'atrribution des noms de domaines

Vrai
Faux

Voyons vos résultats et la correction ...


MANAGEMENT DE L'INFORMATION ET COMPETITIVITE
DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de l'information
Application 1 - L'information

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un travail


d'environ 2 heures

Vous lirez les deux documents ci-après et répondrez aux questions

Thème (adapté du livre d'Allison G.T., "Essence of decision explaining the Cuban
missile Crisis", Harper Collins Publishers, 1971)

Document 1

En janvier 1959, l‛entrée triomphale à La Havane d‛Ernesto « Che » Guevara et de


M. Fidel Castro fit craindre à l‛administration des Etats-Unis et au président Dwight
Eisenhower que le communisme se répande à travers l‛Amérique latine. Allié sûr de
Washington durant la guerre froide, le dictateur Fulgencio Batista avait été renversé
par une guérilla soutenue par l‛immense majorité du peuple cubain. Avant même que
M. Castro - qui n‛était pas alors communiste - mette en œuvre sa réforme agraire, le 17
mai, et commence à exproprier les compagnies américaines, en débutant par les terres
de la firme bananière United Fruit Co, le 4 avril 1960, le Conseil de sécurité nationale
de la Maison Blanche avait décidé, le 10 mars 1959, qu‛il devait être remplacé et
étudiait des stratégies pour « mettre en place un nouveau gouvernement à Cuba ».

Autorisée par Eisenhower à collaborer avec des organisations terroristes, la Central


Intelligence Agency (CIA) commença à organiser, à payer, à armer et à entraîner des
exilés cubains pour saboter la politique de M. Castro. Dans le plus grand secret, elle fut
autorisée à mettre à exécution des opérations d‛assassinat contre le président cubain,
comme l‛a révélé, en 1975, la commission spéciale du Sénat des Etats-Unis. Ainsi
commença, dès 1959, une guerre non déclarée des Etats-Unis contre Cuba.

Les attaques à la bombe et le sabotage effectué par les terroristes de la CIA


commencèrent le 21 octobre 1959, lorsque deux avions, en provenance des Etats-Unis,
mitraillèrent La Havane, y faisant 2 morts et 50 blessés. Le ministre cubain des
affaires étrangères, Raul Roa, porta l‛affaire devant les Nations unies (ONU) et, le 18
juillet 1960, présenta le nombre de Cubains tués, les numéros d‛immatriculation des
avions, les noms des pilotes et l‛origine des attaques au Conseil de sécurité.

Manipulation des Nations unies


L‛ambassadeur des Etats-Unis, Henry Cabot Lodge, réfuta les accusations : « Bien que
cela me semble tout à fait inutile, permettez-moi ici et maintenant de lui donner [à
M. Castro] cette assurance superflue : les Etats-Unis n‛ont pas d‛intention agressive
vis-à-vis de Cuba. » Le Conseil de sécurité s‛abstint d‛agir. Cela émut M. Castro et, en
septembre 1960, il se rendit à New York pour présenter l‛affaire devant l‛Assemblée
générale de l‛ONU. « Vous n‛avez pas besoin de vous inquiéter, déclara-t-il d‛emblée,
nous allons faire de notre mieux pour être bref. » Après quoi, durant cinq heures, il
énuméra et dénonça les actes criminels auxquels son régime était soumis...

Un mois avant ce discours, dans un mémorandum ultra-secret, le président Eisenhower


avait accordé 13 millions de dollars pour créer un camp d‛entraînement terroriste au
Guatemala, où des exilés anticastristes se préparaient pour une invasion de Cuba. Celle-
ci commença un samedi matin, le 15 avril 1961. Des pilotes payés par la CIA
bombardèrent les aéroports de Santiago de Cuba et de San Antonio de los Baños, ainsi
que les appareils de la force aérienne cubaine à La Havane. Aux premières heures de la
matinée du surlendemain, 1 500 terroristes accostèrent dans la baie des Cochons. Les
forces de M. Castro coulèrent les bateaux des envahisseurs et anéantirent ou firent
prisonniers tous les commandos anticastristes sur la terre ferme.

Alors que les bombes pleuvaient sur Cuba, Raul Roa appela une nouvelle fois les Nations
unies à l‛aide. Il expliqua que son pays avait été attaqué par « une force mercenaire
organisée, financée et armée par le gouvernement des Etats-Unis, en provenance du
Guatemala et de Floride ». L‛ambassadeur américain, Adlai Stevenson, réfuta ces
accusations, qualifiées de « totalement fausses : les Etats-Unis n‛ont commis aucune
agression contre Cuba ». L‛ambassadeur britannique, Patrick Dean, apporta son soutien
à Stevenson : « Le gouvernement du Royaume-Uni sait par expérience qu‛il peut faire
confiance à la parole des Etats-Unis. »

Cependant, les faits ne pouvaient être niés plus longtemps. John F. Kennedy, qui avait
succédé à Eisenhower à la présidence des Etats-Unis, décida d‛admettre la vérité et
endossa la faute, le 24 avril, dans une déclaration de la Maison Blanche : « Le président
Kennedy a dit depuis le début que, en tant que président, il porte la seule
responsabilité. » Mais, dès le lendemain, Washington poursuivait sa guerre contre le
régime de M. Castro et imposait un embargo total sur les marchandises américaines à
destination de Cuba.

Pour La Havane, qui craignait d‛autres agressions, il devenait impératif de prendre


toutes les mesures pour protéger sa souveraineté nationale.

A Moscou, le dirigeant de l‛Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, avait longuement


observé l‛agression américaine contre Cuba. Il racontera dans son autobiographie :
« J‛avais constamment ce problème à l‛esprit... Si Cuba tombait, les autres pays latino-
américains nous rejetteraient, en prétendant que, malgré toute sa puissance, l‛Union
soviétique n‛avait pas été capable de faire quoi que ce soit pour Cuba, sauf d‛émettre
des protestations creuses devant les Nations unies. » Prenant un pari hasardeux, il
décida de faire démarrer l‛opération « Anadyr » et, en mai 1962, expédia par bateau, à
travers le territoire de l‛OTAN, par l‛Atlantique, vers Cuba, 50 000 soldats soviétiques
et 60 missiles atomiques...

Nikita Khrouchtchev marquait ainsi son engagement envers son allié caribéen, gagnait
des positions stratégiques et montrait sa force à la fois aux Etats-Unis et à la Chine.
Les soldats soviétiques étaient en train d‛installer les missiles nucléaires à Cuba quand,
le 14 octobre 1962, un avion américain U2 d‛espionnage en haute altitude les
photographia.

La nouvelle provoqua un choc au sein de l‛administration américaine. Le président


convoqua immédiatement son Conseil national de sécurité pour une réunion secrète à la
Maison Blanche. « Pourquoi donc a-t-il [Khrouchtchev] mis ça [les missiles] là ?,
demanda John F. Kennedy. C‛est comme si, tout à coup, nous commencions à augmenter
le nombre de MRBM [missiles atomiques] en Turquie ; ce serait sacrément dangereux,
je pense. » Mc Georges Bundy, son conseiller spécial, lui répondit : « Eh bien, c‛est ce
que nous avons fait, monsieur le président ! » Il se référait aux missiles nucléaires
Jupiter que les Etats-Unis avaient précisément installés en Turquie, près de la
frontière soviétique, en 1961.

Le président Kennedy demeurait néanmoins convaincu que les missiles nucléaires


présents à quelques encablures de la Floride devaient être évacués. Ils n‛étaient pas
encore opérationnels, comme le lui affirmait la CIA, mais leur installation se poursuivait
et le facteur temps était d‛une extrême importance. Le ministre de la défense, Robert
Mc Namara, recommanda au président de ne pas porter l‛affaire devant les Nations
unies : « Une fois que vous vous serez engagé dans cette approche politique, je ne
pense pas que vous aurez la moindre chance d‛entreprendre une action militaire. » Peu
après la crise, Richard Gardner, secrétaire adjoint aux affaires internationales,
expliquera franchement : « Nous, à Washington, nous considérons les Nations unies, de
façon réaliste et pratique, comme un moyen de promotion de notre intérêt national. »

Soumis à l‛intense pression du Pentagone, désireux de bombarder et d‛envahir Cuba,


John F. Kennedy prit sagement position contre cette option. C‛est seulement plus tard
que l‛on découvrit que les forces terrestres soviétiques stationnées à Cuba étaient
équipées, en plus, de missiles tactiques nucléaires qu‛elles auraient utilisés contre une
invasion des forces américaines. Déclenchant ainsi la première guerre atomique entre
deux puissances nucléaires...

Le président choisit un blocus maritime autour de l‛île pour empêcher les bateaux
soviétiques d‛introduire d‛autres missiles. Le lundi 22 octobre, à la télévision, John F.
Kennedy expliqua aux citoyens stupéfaits, aux Etats-Unis et dans le reste du monde,
que l‛Union soviétique, « au mépris flagrant et délibéré » de la Charte des Nations
unies, avait installé des missiles nucléaires à Cuba. « Le plus grand danger aurait été de
ne rien faire », souligna-t-il, en expliquant qu‛il avait ordonné que soit mis en place un
strict embargo pour tout équipement militaire offensif embarqué vers Cuba. En même
temps, une résolution américaine appelait « au prompt démantèlement et au retrait de
toutes les armes offensives stationnées à Cuba, et cela sous le contrôle d‛observateurs
des Nations unies ». Se référant au blocus, le secrétaire général de l‛ONU, Sinth U
Thant, un bouddhiste de Birmanie, raconta plus tard : « Je pouvais à peine en croire
mes yeux et mes oreilles. Cela signifiait techniquement le début de la guerre contre
Cuba et l‛Union soviétique. Autant que je me souvienne, c‛était le discours le plus
funeste et le plus grave jamais prononcé par un chef d‛Etat. »

Négociations en coulisse

Pour provoquer une désescalade de la crise, U Thant pria instamment tous les membres
des Nations unies de s‛abstenir de toute action militaire. En coulisse, il parla à Kennedy,
à Khrouchtchev et à M. Castro. A ce dernier, il confessa : « Si la CIA et le Pentagone
continuent à avoir un tel pouvoir, je vois le futur du monde sous un jour très sombre. »

Au même moment, Adlai Stevenson faisait du Conseil de sécurité, soudain devenu utile,
« le prétoire de l‛opinion mondiale », comme il le nomma. Le 25 octobre, il y présenta les
photos des missiles nucléaires soviétiques à Cuba devant un public perplexe et un
ambassadeur soviétique gêné. Celui-ci, Valerian Zorin, lâcha en grommelant : « Des
preuves truquées... » Stevenson expliqua que Kennedy avait ordonné le blocus sans
consulter le Conseil de sécurité parce que l‛Union soviétique aurait stoppé toute
résolution. Un ami de Stevenson observa que l‛ambassadeur avait fortement
impressionné le public américain : « Son courrier, au cours des quelques jours suivants,
montrait qu‛il était devenu une sorte de héros pour le vaste public américain, dont le
régime télévisé quotidien est un mélange de violence grossière et de mensonges
commerciaux imbibés de sexe. »

Des bombardiers américains avaient pris l‛air, porteurs de bombes nucléaires et de


plans de vol qui devaient les conduire vers des cibles en Union soviétique. Les forces de
l‛OTAN en Europe de l‛Ouest étaient en état d‛alerte. Des forces militaires américaines
se rassemblaient dans le sud des Etats-Unis. Des bateaux soviétiques et des sous-
marins manœuvraient dans les Caraïbes. A Cuba, des soldats soviétiques travaillaient
nuit et jour pour rendre opérationnels les missiles nucléaires. Les forces terrestres
soviétiques de l‛île, coupées de tout approvisionnement de leur lointain pays, pointaient
leurs missiles nucléaires tactiques sur une possible force d‛invasion américaine. Cuba
s‛attendait à une invasion imminente et positionnait également ses forces armées. Le
grand désastre était proche

Par Daniele Ganser


Auteur de Reckless Gamble. The Sabotage of the United Nations in the Cuban Conflict and the
Missile Crisis of 1962, University Press of the South, Nouvelle-orléans, 2000. Toutes les citations
de cet article sont tirées de ce livre

Document 2

Le blocus prenait effet le mercredi 24 octobre à 10 heures. L'ordre d'ouvrir le feu ne


devait être donné, quoi qu'il arrive, que par le président Kennedy lui-même. Cette
décision ne pouvait être que théorique. Les multiples décideurs sur le terrain, qui
maîtrisaient mieux les incertitudes concrètes, auraient pu eux-mêmes déclencher le
conflit.

La flotte américaine, conduite par un cuirassé, comprenait 19 navires de guerre


formant une ligne à 500 miles marins de Cuba. Plus près de l'île, deux autres bâtiments
américains, modifiant l'ordre donné, avaient pris position sans autorisation expresse du
président Kennedy. Au total 45 bateaux. 240 avions, 30 000 hommes étaient
directement engagés sur zone, plus 125 000 hommes opérationnels supplémentaires qui
pouvaient être mobilisés en quelques heures. En face, la flotte soviétique constituée de
25 navires faisaient route vers Cuba. Peu après 10 heures, le 24, la marine américaine
informait que deux navires soviétiques, escortés par un sous-marin, s'approchaient des
bâtiments américains. Le plan élaboré par les marins américains consistait à repérer le
sous-marin par hélicoptères pour l'identifier avec précision. S'ils n'y parvenaient pas,
ils feraient exploser des mines en profondeur pour l'obliger à faire surface. Le
résultat devenait très aléatoire et pouvait entraîner des conséquences incalculables.
Robert Kennedy écrira plus tard : "On était au bord d'un précipice, sans aucune issue.
Le président Kennedy avait lancé une course contre l'événement, mais il n'en avait plus
le contrôle". A 10 h 25, on annonça que les deux navires soviétiques avaient stoppé en
haute mer. Un peu plus tard, les autres navires soviétiques firent demi-tour. Le blocus
était un succès, même si les travaux d'installation des missiles continuaient à Cuba.

Le 28 octobre, les soviétiques, en échange d'une promesse des américains de ne pas


envahir Cuba, s'engagent à retirer les missiles. Ce dénouement de la crise interviendra
après l'envoi du troisième message au Président américain (le premier, le 23 octobre,
refusait de reconnaître le fait des fusées ; le second, le 26, proposait le retrait des
lanceurs ; le troisième, le 27, proposait l'échange avec des bases américaines, que N.
Khrouchtchev, le 28, acceptait les conditions américaines). Le monde entier respirait.

Tiré de M. Crozier et E Friedberg, L'Acteur et le Système, Editions du Seuil, 1981

TRAVAIL A FAIRE

1. Vous rappellerez les séquences classiques d'une prise de décision et montrerez


notamment comment le Président des Etats-Unis a pu perdre le contrôle
de la décision au travers les différentes hypothèses envisagées.
2. Vous rappellerez les différences qui opposent les hypothèses de rationalité et
les hypothèses de rationalité limitée (modèle de rationalité limitée proposé par
March et Simon et repris par Crozier et Friedberg) en faisant une analyse
comparative à partir du cas exposé ci-dessus relatif à l'affaire de l'installation des
missiles soviétiques à Cuba en 1962 (Complétez le tableau Annexe) .
3. Sur quelles hypothèses de travail les américains ont-ils pu travailler pour trouver
une solution à ce conflit (vous pouvez retrouver les grandes options
stratégiques étudiées dans le livre d'Allison ) ?

Tableau Annexe

Hypothèse Hypothèse de
rationnelle Rationalité limitée

Caractéristiques
de l'information

Définition
des objectifs

Stratégies
envisagées

Choix décisionnel

Mise en œuvre
de la décision
MANAGEMENT DE L'INFORMATION
ET COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information Application 2

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un


travail d'environ 30 mn

Caractérisez les technologies ERP (enterprise Resource Planning) encore


appelées PGI (Progiciels de Gestion Intégrés).
Présentez les 3 principaux produits utilisés sur le marché.
MANAGEMENT DE L'INFORMATION
ET COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information Application 3

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un


travail d'environ 1 heure

Vous devez réaliser, pendant votre stage, un audit du système


d'information de l'entreprise. Vous décidez de commencer par faire une
enquête au sein de l'entreprise pour identifier les problèmes. Pour faciliter
votre tâche, vous décidez d'élaborez un guide d'entretien sous forme de
check-list qui vous aidera dans votre mission. Vous souhaitez notamment
prendre en compte :

- les différentes observations qui auront été faites par les utilisateurs à
partir de leur ordinateur
- l'efficacité du système d'aide à la décision telle qu'elle peut être
ressentie par les responsables de l'entreprise
- les différents éléments composant l'architecture du système (niveaux
hiérarchiques, organisation des responsabilités, sémantique, ...)
- l'évolution fonctionnelle possible du système d'information
MANAGEMENT DE L'INFORMATION ET COMPETITIVITE DES
ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de l'information Application 4

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un travail d'environ


30 mn

Le paradigme walrassien de la concurrence pure et parfaite a été longtemps considéré comme


un modèle purement théorique tant ses hypothèses semblaient éloignées de la réalité. La Net
Economie a amené avec elle un nouveau paradigme qui pourrait venir compléter, voire se
substituer au modèle classique. Vous complèterez le tableau ci-dessous en indiquant, pour
chaque caractéristique présentée, l'élément qui est le plus à même de décrire chacun des
deux systèmes :

Paradigme Paradigme nouveau de la


Walrassien concurrence
Type de
concurrence
par les prix
Type
de
marché
Nombre et
caractéristiques
des firmes
Type de
contexte
informationnel
Type
d'environnement
pour la prise de
décision
Existence
de barrières
à l'entrée
Types
de produits
vendus
Acteur
dominant sur
le marché
Type de
décision du
consommateur
But
du
consommateur
MANAGEMENT DE L'INFORMATION
ET COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information Application 5

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un


travail d'environ 30 mn

Vous présenterez et caractériserez le phénomène de réintermédiation au


travers l'exemple des places de marché
MANAGEMENT DE L'INFORMATION
ET COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information Application 6

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un


travail d'environ 15 mn

Exercice 1

Indiquez pour quelles raisons le paysage peut être considéré comme un bien
collectif ?

Exercice 2

Quel problème économique la connaissance pose-t-elle ?


MANAGEMENT DE
L'INFORMATION ET COMPETITIVITE DEs
ORGANISATIONs
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information
Application 7 (sans corrigé)

La durée de réalisation de cet exercice d'application correspond à un


travail d'environ 1 heure

Le bundling est une pratique commerciale qui se répand de plus en plus


Internet. Elle consiste à vendre dans un même "package" plusieurs biens ou
services différents. En vous appuyant sur les deux articles de Bakos et
Brynjolfsson indiqués ci-dessous en référence (cliquez sur les liens
hypertexte pour accéder aux documents), vous répondrez aux questions
suivantes :

1 - Qu'est ce que le bundling ? Quelles raisons poussent une entreprise à


vendre ses produits sous forme de "package" plutôt que séparément ?
Donnez un exemple
2 - Sous quelles conditions le bundling peut-il s'avérer rentable ? Quelles
peuvent être les conséquences au niveau de la concurrence ?
3 - Le bundling dynamise-t-il les stratégies d'innovation des entreprises ?

Références
Bakos, Y. et Brynjolfsson, E. "Bundling and Competition on the Internet:
Aggregation Strategies for Information Goods," Marketing Science
(January 2000).
Bakos, Y. et Brynjolfsson, E. "Bundling Information Goods: Pricing, Profits
and Efficiency," Management Science (December 1999).
MANAGEMENT DE L'INFORMATION ET COMPETITIVITE
DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de l'information
Solution Application 1

L‛intérêt de l'étude de la crise de Cuba repose sur le postulat que plus les décisions
sont importantes, notamment en termes de conséquences, c‛est-à-dire des
pertes considérables en vie humaine, plus les décisions devraient être rationnelles. La
décision de Kennedy peut apparaître de prime abord comme un modèle de décision
rationnelle. Cela est démenti par les faits (point 1). En effet, même si de nombreuses
solutions possibles ont été examinées (voir point 4), raisonnablement et avec sérieux,
des erreurs d'information ont profondément influencé le choix et, surtout, la délibération
a été un processus politique complexe beaucoup plus qu'un calcul rationnel (point
2). L'exécution, enfin, malgré l'importance des enjeux, n'a correspondu que
très imparfaitement aux directives données par le président (voir point 3).

1. Séquences du processus de décision

2.1. le modèle classique

On distingue (d‛après March 1988) :

● L'information préalable et la définition des objectifs,


● L'identification des scénarios
● L'évaluation des solutions,
● La délibération et l'exécution des actions

Ce modèle est résumé par le diagramme suivant.

C‛est l‛optimisation d‛une fonction de décision. Le choix est fait parce que c‛est le
meilleur moyen d‛atteindre un but
2.2. Le cas

● L'information préalable et la définition des objectifs

Installation de missiles nucléaires à Cuba, à moins de 100 km des cotes américaines, par
les soviétiques. Les américains exigent le retrait des missiles .

L'information, très structurée, dépend directement des moyens organisationnels qui


la produisent. La solution diplomatique est écartée parce que l'information n'était
pas parvenue à temps (les processus du traitement de l'information, identification des
missiles et confirmation, sont trop longs et les processus organisationnels au niveau de la
CIA complexes ) et qu'il semblait trop tard pour agir par cette voie.

● L'identification des solutions possibles

Plusieurs hypothèses sont envisagées :

- ne rien faire
- augmenter le nombre de missiles dans les bases américaines en turquie
- bombarder et envahir Cuba
- exercer un blocus maritime autour de l‛île
- offensive diplomatique en faisant pression sur l'opinion mondiale via le Conseil de
sécurité de l'ONU
- bombarder des cibles en Union Soviétique avec des engins nucléaires

Le processus de recherche des solutions n'a pas été un processus d'optimisation, mais
un processus de moindre insatisfaction. La solution répondant aux critères minimaux
de satisfaction dégagés par le président, celle du blocus naval, a été retenue.

● L'évaluation des solutions,

Les constats suivants ont été effectués

- agir vite car le facteur temps est extrêmement important


- ne pas porter l‛affaire devant les Nations unies car cette action est contreproductive
- bombarder et/ou envahir Cuba risque de déclencher une guerre atomique entre
deux puissances nucléaires...
- exercer un blocus maritime autour de l‛île doit empêcher les bateaux
soviétiques d‛introduire d‛autres missiles.
- le conseil de sécurité de l'ONU est un moyen d'exercer des pressions sur
l'opinion mondiale (présentation des photos des missiles nucléaires soviétiques à Cuba)
- bombardement nucléaire stratégique sur des cibles en Union Soviétique

Les solutions présentées s'inscrivaient dans des programmes déjà élaborés


qui correspondaient aux plans préalables des divers services compétents. L'éventail
des solutions possibles est donc relativement restreint. Chaque option, prédéterminée
en fonction des capacités et des objectifs du service qui l'a élaborée, limite les possibilités
de choix du décideur.

● La délibération et l'exécution des actions

- convocation du comité exécutif du Conseil national de sécurité (perte de pouvoir


du président américain au profit du groupe ou d'un membre du groupe
- blocus naval (pouvoir aux mains du chef militaire responsable de la Marine)
- bombardement et invasion de Cuba (pouvoir aux mains du directeur de la CIA ou du
chef militaire responsable des forces armées terrestres)
- bombardement stratégique de l'Union Soviétique (pouvoir aux mains du chef de l'US
Air Force, seul compétent pour donner une réponse)

Le point de vue des spécialistes non plus n'est pas neutre. La seule option envisagée
par exemple par l'US Air force était l'attaque aérienne massive pour laquelle elle
s'était méthodiquement préparée. Aucune autre solution n'avait été envisagée.
Ils s'opposaient donc à toute autre décision (attaque chirurgicale par exemple) qu'ils
n'avaient pas préparé techniquement et qui aurait probablement produit les
meilleurs résultats. Les décideurs ne sont donc pas libres de leurs choix décisionnels. .

2°/ Analyse comparative des théories de la rationalité

Hypothèse Hypothèse de
rationnelle Rationalité limitée

Caractéristiques toute l'information nécessaire l'information n'est disponible


de l'information est disponible à tout moment que par séquence au fur et à
mesure du déroulement des
évènements
Définition clairement et précisément définis de manière générale, ils
des objectifs définis, ils ne sont pas sont susceptibles d'évoluer en
susceptibles d'évolution (obliger fonction des évènements
les soviétiques à retirer leurs (écarter la menace russe)
missiles sans déclencher un
conflit mondial )
Stratégies approche déductive qui consiste approche expérimentale qui
envisagées à définir toutes les solutions consiste à imaginer des
envisageables en fonction de solutions en fonction de
l'objectif fixé avant la prise de programmes élaborés au
décision préalable et de l'intensité de la
pression extérieure
Choix de la résulte d'un calcul coût- résulte d'un jeu politique où
décision avantages par rapport à chacun cherche à maximiser
l'objectif. Le président son avantage. Le Président
américain décide seul en dernier américain a un rôle d'arbitre.
ressort Il peut interférer sur la
décision en modifiant la
composition du groupe
Mise en respecte , à la lettre. la décision à géométrie variable (en
œuvre de prise par le décideur ou le modifiant les instructions
la décision groupe. reçues) en fonction des
objectifs retenus et des choix
stratégiques
3. Les diverses hypothèses de travail de l'administration américaine

7 hypothèses de travail ont été envisagées

3.1 - Ne rien faire.

Solution rejetée car les missiles cubains augmentaient de 50 % la force de frappe


nucléaire des Russes. Cela déséquilibrait le rapport de forces en présence et pouvait avoir
des conséquences politiques et psychologiques difficiles à prévoir et en tout état de
cause désastreuses.

3.2 - offensive diplomatique.

Solution sans risque mais trop longue et difficile à mettre en œuvre (droit de veto
possible des soviétiques à l'ONU)

3.3 - Négocier avec Castro.

Solution irréalisable car Castro semblait avoir perdu tout contrôle sur l'opération.

3.4 - Echange entre les installations soviétiques à Cuba et les installations américaines
en Italie et en Turquie

Solution théoriquement avantageuse (le retrait de ces missiles avait été décidé
depuis longtemps parce que les sous-marins nucléaires en Méditerranée étaient beaucoup
plus efficaces et moins voyants que ces missiles) mais diplomatiquement risquée
(elle affaiblissait dangereusement la crédibilité des engagements américains en Europe vis
à vis de leurs alliés européens)

3.5 - L'invasion de Cuba

Solution préconisée par les faucons mais reconnue comme dangereuse de par ses
conséquences tant à Cuba que sur d'autres points du globe

3.6 - L'attaque aérienne chirurgicale.

Solution immédiate et radicale, mais limitée et ponctuelle sur les installations militaires
non cubaines

3.7 - Le blocus naval.

Solution retenue pour obliger les Russes à retirer leurs missiles sans entraîner un
conflit mondial, quoique longue à mettre en place et risquée (affrontement avec les
navires soviétiques). Solution qui laissait cependant à Khrouchtchev le temps de la réflexion.
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ET COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information
Solution application 2

Les technologies ERP (Enterprise ressources planning) ou « progiciels de


gestion intégrés » permettent d'automatiser les tâches récurrentes d'une
organisation. L'éditeur organise son logiciel à partir du principe d‛un
entrepôt unique de données autour duquel se greffent des activités ou
objets (modules de gestion comme les achats, la gestion financière, les R.
H, la chaîne logistique, la distribution…). Les données ne sont donc saisies
qu‛une seule fois et sous le même format pour tous les applicatifs de
gestion. Les technologies ERP permettent d‛informatiser l‛ensemble des
opérations administratives standard et de les rendre communicantes à
partir d‛une architecture standard et d'une base technologique commune.

L‛implantation de ce type de progiciels dans l'entreprise suppose donc une


connaissance exacte des processus et des inducteurs de performance,
l‛identification des activités critiques et des variables de pilotages
associées aux inducteurs de performance (benchmarking). Leur succès
repose sur l‛existence d‛une maîtrise d‛ouvrage stratégique professionnelle
qui redéfinisse le modèle d‛activité de l‛organisation. A défaut, on risque de
faire piloter ce projet par la maîtrise d‛œuvre et de faire – implicitement –
de la réingénierie des processus pour faire entrer l‛organisation dans les
processus très standardisés du logiciel et non l‛inverse. Les conséquences
peuvent en être une perte de contrôle et un blocage général du système
d‛information qui ne sera plus du tout aligné sur l‛organisation . Le recours à
un PGI n‛est donc valable qu‛une fois organisé l‛alignement stratégique.

Les produits les plus connus sont ORACLE, PEOPLE SOFT, SAP, BAAN, JD
EDWARDS, ....
MANAGEMENT DE
L'INFORMATION ET COMPETITIVITE DEs
ORGANISATIONs
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information
Solution application 3

La "check-list du système d'information" doit permettre :

- l'évaluation de la qualité et de l'efficacité du système d'information


existant
- la prescription des mesures qui permettront de l'améliorer à terme

Le guide d'entretien devra donc permettre de collecter des informations


relatives à :

- les différentes observations qui auront été faites par les utilisateurs à
partir de leur ordinateur
- l'efficacité du système d'aide à la décision telle qu'elle peut être
ressentie par les responsables de l'entreprise
- les différents éléments composant l'architecture du système (niveaux
hiérarchiques, organisation des responsabilités, sémantique, ...)
- l'évolution fonctionnelle possible du système d'information

Le guide d'entretien pourra en conséquence aborder les points suivants :

1) Utilisation du système d'information par l'utilisateur au niveau de


son poste de travail

1.1. Au niveau opérationnel

1.1.1. Au niveau des droits d'accès

Définition des niveaux d'habilitation et des droits d'accès (identifiant, mot


de passe) pour chaque utilisateur
Obligation de s'identifier à chaque connexion
Possibilité de modification par l'utilisateur des droits d'accès
Mise en place de procédures de contrôle interne

1.1.2. Au niveau de l'utilisation de l'outil

Obligation de ressaisies manuelles et/ou de manipulations fréquentes


(connexion, déconnexion) dans l'utilisation des diverses applications
Contrôle possible de la qualité des documents imprimés, des documents
envoyés
Fréquence des incidents, des pannes et existence de procédures de
sauvegarde (automatiques ou non)

1.1.3. Au niveau de la maîtrise de l'outil

Convivialité du système d'information (utilisation possible d'un tutoriel,


d'un didacticiel, d'un FAQ, d'un forum, d'un help desk)
Possibilité de formation pour les applications nouvelles utilisées
Possibilité de formation pour les applications anciennes utilisées

1.1.4. Au niveau de la satisfaction des


utilisateurs

Réalisation d'enquête périodique de satisfaction sur l'utilisation du


système d'information
Prise en compte des résultats de l'enquête pour améliorer la performance
du système
Mesure et évaluation des performances du système ressenties par les
utilisateurs devant leur poste de travail (délai d'affichage des écrans,
délais de traitement des données)

1.2. Au niveau communicationnel

1.2.1. Utilisation de la messagerie


électronique

Existence d'une messagerie professionnelle pour l'ensemble des


utilisateurs ?
Possibilité d'adresses personnelles pour une utilisation privée
Utilisation d'une netiquette (définition de règles d'utilisation de la
messagerie, surveillance des bons usages, .....)
1.2.2 Mise en place de l'informatique
communicante

Utilisation d'une documentation électronique technique et professionnelle à


usage interne
Niveau d'efficacité du fonds informationnel (qualité des documents, mise à
jour, système de qualification, ...)
Qualité de la charte graphique et de la politique d'identification visuelle

1.2.3. Utilisation des outils collaboratifs


assistés par ordinateur

Utilisation des forums de discussion, des chats, FAQ, visioconférences, ...


Possibilité d'utilisation du procédé de notification automatique
Utilisation de dispositifs d'outils coopératifs ou collaboratifs (versionning,
traduction à la volée, ...)
Mise en place de groupware et utilisation de procédures de validation de
flux dans les process administratifs (demandes de congé et de mutations,
approbation des contrats, commandes de matériel et de travaux etc.)

2) Utilisation du système d'information au niveau du système d'aide à


la décision

Mise en place de dispositifs informatisés de gestion de la décision (tableau


de bord, EIS, ...)
Existence de phénomène d'infobésité
Efficacité du système d'information en matière de suivi de leur
organisation ou de leur service
Duplication des formulaires relatifs au recueil des informations sur les
opérations réalisées

3) Efficacité du système d'information au niveau de son architecture

3.1. Au niveau des responsabilités

Claire distinction entre les responsabilités dévolues à la maîtrise d'ouvrage


et la maîtrise d'œuvre
Possibilité de délégation par métier des responsabilités dévolues à la
maîtrise d'ouvrage
Niveau de compétence des maîtres d'œuvre (connaissance des besoins des
utilisateurs, segmentation par métier, pratique d'une activité de veille)
Efficacité de l'organisation des responsabilités (existence d'un comité
stratégique des systèmes d'information, définition des méthodes de
travail, établissement d'un planning, suivi de projet, publication et
diffusion, ...)
Gestion du financement (maîtres d'ouvrage ou direction informatique)
Coopération entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre

3.2. Au niveau sémantique

Clarté des informations relatives aux produits, clients, fournisseurs


Existence d'un référentiel commun consultable dans l'entreprise
Existence d'un annuaire des utilisateurs
Existence d'une possibilité d'amélioration en temps réel des informations
injectées dans la base de données (mise à jour, qualification, ...)

4) Adaptation du système d'information aux évolutions nécessaires

4.1. Au niveau fonctionnel

Urbanisation du SI (existence, diffusion, compréhension, mise à jour, ...)


Définition d'un "portefeuille du système d'information" pour chaque métier
et mise en cohérence avec les autres domaines
Possibilité d'échanges entre les domaines
Possibilité d'évolution

4.2. Au niveau technique

Niveau de compétence des informaticiens et des non informaticiens


Mise en œuvre de plan de sensibilisation et de formation
Mise en œuvre d'une démarche de veille technologique
Conformité de l'architecture informatique et de télécommunications aux
besoins actuels et futurs de l'entreprise
Possibilités d'adaptation aux évolutions nécessaires
Utilisation des solutions relativement peu coûteuses (groupware, Intranet,
Extranet, workflows, )

4.3. Au niveau financier

Connaissance du coût du système d'information


Maîtrise des évolutions du coût du système d'information (développement,
maintenance)
Degré d'informatisation de l'entreprise (sous-informatisation, sur-
informatisation, ...)
MANAGEMENT DE L'INFORMATION ET COMPETITIVITE
DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de l'information
Solution application 4

Exercice d'application (30 mn)

Le paradigme walrassien de la concurrence pure et parfaite a été longtemps considéré


comme un modèle purement théorique tant ses hypothèses semblaient éloignées de la
réalité. La Net Economie a amené avec elle un nouveau paradigme qui pourrait venir
compléter, voire se substituer au modèle classique. Vous complèterez le tableau ci-dessous
en indiquant, pour chaque caractéristique présentée, l'élément qui est le plus à même
de décrire chacun des deux systèmes :

Paradigme Paradigme nouveau


Walrassien de la concurrence
Types de
les agents sont preneurs de prix les agents sont faiseurs de prix
concurrence
(price takers) (price makers)
par les prix
Types
de marchés parfaits et complets marchés imparfaits et incomplets
marchés
Nombre et firmes peu nombreuses, de taille
caractéristiques nombreuses firmes de petite taille inégale et exerçant des effets de
des firmes domination
Type de
information imparfaite,
contexte information parfaite
incomplète et asymétrique
informationnel
Type
d'environnement
isolement décisionnel interdépendances stratégiques
pour la prise de
décision
Existence
de barrières liberté d'entrée barrières à l'entrée
à l'entrée
Types
de produits produits homogènes produits différenciés
vendus
Acteur
dominant sur consommateur producteur (filière inversée)
le marché
acteurs avec rationalité procédurale
Type de
acteurs absolument rationnels et limité
décision
(rationalité substantielle) (par quantité d'information et
du consommateur
capacité cognitive)
But
du maximisation de la fonction d'utilité satisfaction minimale
consommateur
MANAGEMENT DE L'INFORMATION
ET COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de
l'information
Solution Application 5

Les places de marché ont pour rôle :

- de faciliter la recherche d'informations


- de fédérer des communautés d'acheteurs et de vendeurs autour de
préoccupations semblables, avec pour objectif de réduire leurs coûts
d'accès à l'information et leurs coûts de transaction.

Le magazine américain Business 2.0 propose une typologie des places de


marché que l'on peut présenter de la manière schématique suivante :
Dans le cas général, où l'offre et la demande sont fragmentées, on
distingue :

- les plates-formes verticales (ou e-hub verticaux ou entrepôt virtuel) qui


sont des lieux de négoce et d'expertise qui réunissent les professionnels
d'une même filière
- les plates-formes horizontales (e-hub horizontaux) qui rassemblent des
entreprises de tous secteurs qui ont le même type de besoin comme la
maintenance ou la fonction achat par exemple
- les places de marché affinitaires qui répondent à des centres d'intérêt
précis : sportifs, politiques, sociaux, religieux, etc.

Sur les places de marché, les transactions se font le plus souvent selon la
procédure des "enchères inversées" : l'acheteur prend l'initiative en
mettant en ligne les détails de son cahier des charges et les fournisseurs
intéressés disposent d'un délai limité pour faire leurs propositions de prix.
Il est clair que la procédure des enchères, quelles qu'en soient les
modalités techniques, se démarque nettement du mécanisme des prix prévu
par le modèle de la concurrence pure et parfaite.

Les places de marché ne concernent pas nécessairement toutes les


entreprises et leur vitalité dépend d'un certain nombre de facteurs :

- ce sont en priorité les biens et les services qui peuvent être décrits
simplement au moyen d'un nombre limité et standardisé de caractéristiques
qui sont concernés
- les différentes phases du processus d'achat (cahier des charges,
catalogue, tarif, négociation, ...) doivent être aisément informatisables et
industrialisables
- les niveaux de sécurité et de confidentialité doivent être du même ordre
que dans l'ancienne économie et à un coût raisonnable
- la place de marché doit disposer d'une bonne liquidité, c'est-à-dire d'une
masse critique en termes de nombres de vendeurs et d'acheteurs (une
place de marché doit réunir dans le domaine considéré au moins 50% des
acheteurs et 50% des fournisseurs). Il faut rappeler que la plupart des
places de marché se rémunèrent par une commission perçue sur les
transactions générées). Cela explique que le secteur est à tendance
oligopolistique (selon le cabinet d'analystes Giga Information Group, il ne
devrait rester bientôt que deux acteurs majeurs par industrie...)
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COMPETITIVITE DES ORGANISATIONS
Séquence 1 : De la gestion de l'information à l'économie de l'information
Solution Application 6

Exercice 1

Indiquez pour quelles raisons le paysage peut être considéré comme un


bien collectif ?

Le paysage est un bien collectif pur parce qu'il réunit les caractéristiques
de :

- non rivalité : la consommation d‛un paysage par un individu ne réduit pas la


consommation disponible de ce même bien pour tous les autres individus. Il
y a indivisibilité de consommation puisque le bien ne se partage pas et que
chaque consommateur bénéficie d‛une consommation égale de ce bien.
Chaque consommation individuelle du bien est toujours égale à l‛offre totale
disponible de ce bien.

- non exclusion : il est impossible de ne pas consommer un paysage et de


retirer le paysage du marché aux individus qui n‛auraient pas payé pour sa
consommation. La non exclusion peut cependant être violée par
l'instauration d'un droit d'accès

Si on s‛en tient, cependant, pour l‛instant au paysage bien collectif on est


conduit à soutenir que les acteurs ne vont engager aucune action en sa
faveur. Les coûts de la protection et/ou de l‛amélioration d‛un paysage sont
privés, alors que les bénéfices sont collectifs. La décision d‛un individu en
matière de paysage ne sera ni sanctionnée ni récompensée parce que le
consommateur pourra toujours consommer sans payer. Tout le monde se
repose sur l'action des autres afin de ne pas supporter le coût de la
protection, de la conservation ou de la production de beaux paysages. La
prédominance des stratégies de passager clandestin rend les solutions de
marché inenvisageables et l‛intervention de l‛Etat nécessaire. C‛est parce
qu‛il est impossible de gagner de l‛argent avec le paysage (gratuité du fait
de la non exclusivité) et que sa consommation est la même pour tout le
monde que le paysage est délaissé par les acteurs intervenants sur le
marché.

L‛analyse ne serait, cependant, pas complète si on s‛en tenait à une telle


définition. Contrairement aux biens collectifs à la Samuelson, le paysage
n‛est généralement pas le résultat d‛une production volontaire. Cette non-
intentionnalité dans la production du paysage en fait une externalité,
autrement dit un bien ou un mal effectif joint aux décisions privées.

Exercice 2

Quel problème économique la connaissance pose-t-elle ?

Il convient, avant de commencer, de distinguer la connaissance de


l'information, notions qui sont souvent confondues. D'après Dominique
Foray (l'économie de la connaissance - éditions La découverte), la
connaissance est d‛abord fondamentalement «une capacité d‛apprentissage
et une capacité cognitive», tandis que l‛information reste «un ensemble de
données formatées et structurées, d‛une certaine façon inertes ou
inactives, ne pouvant par elles-mêmes engendrer de nouvelles
informations».

La connaissance se caractérise par :


- la non rivalité : il est possible que plusieurs individus utilisent en même
temps la même connaissance sans que l'un d'entre eux subisse un préjudice
(étudiants qui passent un examen et qui reprennent les contenus numérisés
du webule).
- l'exclusivité partielle : un bien exclusif est un bien dont il est possible de
réserver l‛usage à un seul individu. Cela devient de moins en moins vrai. La
mise en marché d'un produit permet aux concurrents d'en connaître la
composition. Dans cette hypothèse, la connaissance reste partielle car les
concurrents ne maîtrisent pas le processus cognitif qui permet de le
concevoir et de le produire.
- la cumulativité : la connaissance s'autogénère (partage d'informations
pour accroître sa compétence en matière de travail collaboratif).

Ce type de situation, qualifiée «d' externalité positive» (l‛activité des uns –


la production de connaissances – a une influence bénéfique sur l‛activité des
autres), sera relativement rare en pratique si rien ne vient récompenser
individuellement le service que l'individu rend aux autres. Celui-ci ne verra
plus alors l‛intérêt de faire des efforts, voire sera très réticent s'il
s'aperçoit que d'autres cherchent à tirer parti de son travail sans
s'investir eux-mêmes ("free riders").

On aboutit à une situation d'équilibre non optimal. La société ne produit pas


assez de connaissances parce que le « rendement privé » de la connaissance
(gain tiré par un individu de ses efforts de production) est inférieur à son «
rendement social » (gain tiré par la société dans son ensemble).

C'est le problème économique de la connaissance qui, de par ses


caractéristiques, n'est pas produite par le marché à un niveau souhaitable
de tous.

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