Vous êtes sur la page 1sur 201

N° d’ordre : 42/2010-M/PH

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE HOUARI BOUMEDIENNE

FACULTE DE PHYSIQUE

MEMOIRE
Présenté pour l’obtention du diplôme de MAGISTER

EN : PHYSIQUE
Spécialité : Physique Médicale
Par : LARABI Karima
Sujet :

Les aspects physiques et de Radioprotections en Médecine Nucléaire :


Extension des concepts à la Tomographie par émission de positron

Soutenu publiquement le 12/07/2010, devant le jury composé de :

Mme A. FRAHI-AMROUN Professeur (U.S.T.H.B) Présidente

Mme Zohra. MOKRANI-LOUNIS Directrice de Recherche, CRNA Directrice de thèse

Mr S.E.BOUYOUCEF Professeur en Médecin, CHU-BEO Examinateur

Mr B. HOCINI Chargé de Recherche, USD/ Blida Examinateur

Mr A. HERRATI Chargé de Recherche, CRNA Examinateur

Mr A.BADREDDINE Chargé de Recherche, CRNA Invité


Remerciements
Mes plus profonds remerciements vont à Madame Z. MOKRANI- LOUNIS,
Directrice de Recherche au Centre de Recherche Nucléaire d’Alger (CRNA), pour
l'intéressant sujet qu'elle m'a proposée, pour sa disponibilité alliée à sa gentillesse, pour ses
conseils qui ont été des éléments décisifs dans l'aboutissement de ce travail et pour son soutien. Je lui
exprime toute ma reconnaissance pour sa méthode de travail, sa patience et pour la confiance
qu'il m’accordée. Il m’est impossible de lui exprimer toute ma gratitude en seulement
quelques lignes, mais je dirai j'avais de la chance de l'avoir comme promotrice. Merci pour
tous.
Je remercie à Madame A. FRAHI-AMROUN, professeur à l’université de U.S.T.H.B
qui m’a fait le privilège de présider ce jury.

Je tiens à remercier Monsieur Pr. S.E. BOUYOUCEF, chef de service de Médecine


Nucléaire du Centre Hospitalo- Universitaire de Bab El-Ouad, Mohamed Debaghine (CHU -
BEO) de m’avoir accueillie au sein de son service pour la réalisation d’une partie très
importante de ce travail et de sa présence au sien de ce jury et pour l’intérêt qu’il a accordé à
ce travail.
Je remercie également Monsieur B. HOCINI, chargé de recherche à l’université SAID
DAHLAB de Blida qui a accepté d’examiner ce travail.

Je tiens aussi à remercier Monsieur A. HERRATI, Chargé de Recherche au Centre de


Recherche Nucléaire d’Alger (CRNA) pour l’aide qu’il m’a apportée lors de la réalisation des
mesures au niveau du Laboratoire Secondaire d’Etalons de Dosimétrie (LSED), sa
disponibilité et pour sa gentillesse, ainsi que l’honneur qui ma fait en acceptant d’examiner ce
travail.

Je remercie Monsieur A.BADREDDINE pour ces critiques bénéfiques et pour avoir


accepté de faire partie du jury en tant qu’invité.
Je tiens également à remercier tout particulièrement Monsieur Djamel
IMATOUKENE membre du laboratoire de dosimétrie des rayonnements ionisants du CRNA,
qui a toujours montré une grande disponibilité durant la réalisation de ce travail. J’ai pu
bénéficier de son immense expérience et de ses critiques constructives et pour l’attention qu’il
a toujours porté à l’ensemble de mon travail.

Mes remerciements iront à Madame F. Abdelaziz pour son aide précieuse, Monsieur
A. Bellal, chef de service de suivi dosimétrique de CRNA. Mes remerciements vont
également à tous les membres du laboratoire de dosimétrie des rayonnements ionisants du
CRNA, Madame D. Mebhah, Madame M. Mezaguer, Madame S. Mihoubi, Melle F. Dari,
Monsieur M. Ait ziane pour l’aide qu’ils m’ont apportée et pour le climat de sympathie et la
bonne humeur.

Je remercie le directeur général du CRNA Monsieur Mellah. Je tiens également à


remercier M. Arib, d’avoir mis à notre disposition les moyens d’irradiation au niveau de son
laboratoire (LSED). Merci à Madame Z. Kouach pour son aide et sa gentillesse, Monsieur
M. Khelouf, Monsieur T. Medjadi et à toutes les personnes de CRNA qui m’ont aidées
directement ou indirectement à la réalisation de ce travail.

J’exprime mes sincères remerciements à Dr BAIRI, Médecin de travail de CHU- BEO


pour son aide précieuse.

J’adresse toute ma sympathie à tous le personnel du service de Médecine Nucléaire de


CHU- BEO dans ces différentes unités, médecins, infirmières, techniciens et ingénieurs pour
leur gentillesse et leur collaboration à la réalisation de ce travail.

Un merci tout particulier pour la physicienne du service de Médecine Nucléaire


de CHU- BEO Melle Z. TOUNSI pour son aide, sa gentillesse et sa disponibilité durant mon
séjour dans le service. Merci à l’infirmière S. Harendi qui ma aidée à réaliser une partie de
mesures pour ce travail malgré les difficultés pratiques rencontrés.

J’adresse mes plus chaleureux remerciements à ma famille qui m'a soutenu et


encouragé et pour leur confiance. Un merci spécial à mon cher père et ma sœur ainée Sonia et
ma petite sœur Zahia, sans qui ce travail n'aurait pas pu voir le jour.

Je tiens finalement à remercier mes copines Nora, Rabiha, Samira et tout spécialement
Nassiba pour son soutien permanent, ses encouragements tout au long de ces trois années et
pour avoir supporté mes changement d’humeur au gré de l’évolution de mon travail. Merci
infiniment.

Merci à tous ceux que j’ai malencontreusement oubliés !


Je dédie ce travail
à mes chers parents, à mes sœurs et à mes frères
et à tous ceux qui ont cru en moi en témoignage
de ma reconnaissance
L’homme qui n’est plus capable de s’émerveiller
a pratiquement cessé de vivre
« Albert Einstein »
Sommaire

LISTE DES FIGURES ......................................................................................................................... i


LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................................. iv
LISTE DES ABREVAITIONS ........................................................................................................ vii

INTRODUCTION GENERALE ....................................................................................................1

CHAPITRE I

LES ASPECTS PHYSIQUES LIES A LA MEDECINE NUCLEAIRE


I. 1. INTRODUCTION...................................................................................................................4
I. 2. L’ATOME ...............................................................................................................................4
I.2.1. LE RADIONUCLEIDE ..............................................................................................................6
I.2.1.1. L’ACTIVITE ....................................................................................................................6
I.2.1.2. LA PERIODE PHYSIQUE ..............................................................................................7
I. 3. LA SOURCE RADIOACTIVE .............................................................................................8
I.3.1. LES SOURCES SCELLEES ......................................................................................................8
I.3.2. LES SOURCE NON SCELLEES ...............................................................................................8
I. 4. LES RAYONNEMENTS IONISANTS.................................................................................9
I.4.1. LES CARACTERISTIQUES DU RAYONNEMENT NUCLEAIRE .......................................9
I.4.1.1. LE RAYONNEMENT CORPUSCULAIRE (ß-) .............................................................9
I.4.1.2. LE RAYONNEMENT CORPUSCULAIRE (ß+)...........................................................11
I.3.1.3. LE RAYONNEMENT ALPHA (α)................................................................................14
I.4.1.4. LE RAYONNEMENT ELECTROMAGNETIQUE (γ, RX) .........................................15
I. 5. L’INTERACTIONS DES RAYONNEMENTS AVEC LA MATIERE ..........................17
I.5.1. L’INTERACTIONS DES PARTICULES CHARGEES ..........................................................18
I.5.2. L’INTERACTION DES PHOTONS ........................................................................................18
I.5.2.1. LES MODES D’INTERACTIONS DES PHOTONS ....................................................18
a. L’EFFET COMPTON .......................................................................................................18
b. L’EFFET PHOTOELECTRIQUE ....................................................................................20
c. L’EFFET DE MATERIALISATION ...............................................................................21
d. LA DIFFUSION RAYLEIGH ...........................................................................................21
I.5.2.2. LA CONTRIBUTION DES EFFETS D’INTERACTION DES PHOTONS AVEC LA
MATIERE ...................................................................................................................................22
I. 6. LA DETECTION ET MESURE DES RAYONNEMENTS IONISANTS ......................23
Sommaire

I.6.1. LES DETECTEURS A IONISATION .....................................................................................24


I.6.2. LES DETECTEURS A SCINTILLATION ..............................................................................24
I.6.3. LES DETECTEURS THERMOLUMINESCENTS (TLD) .....................................................26
I.6.4. LES DETECTEUR A EMULSION PHOTOGRAPHIQUE (FILM PHOTOGRAPHIQUE) .29
I. 7. LES APPLICATIONS DES RAYONNEMENTS IONISANT EN MEDECINE
NUCLEAIRE ....................................................................................................................................30
I.7.1. LE RADIOPHARMACEUTIQUE ...........................................................................................30
I.7.2. LES CRITERES DU CHOIX DU RADIOPHARMACEUTIQUE..........................................32
I.7. 3. LE TYPES D’APPLICATIONS DES RADIOPHARMACEUTIQUES ................................35
I.7.3.1. LES APPLICATIONS DIAGNOSTIQUE ET EXPLORATION FONCTIONNELLE 35
a DIAGNOSTIQUE IN VIVO ..............................................................................................35
b. DIAGNOSTIQUE IN VITRO ..........................................................................................35
I.7.3.2. LES APPLICATIONS THERAPEUTIQUES ................................................................36
I. 8. LE SYSTEME DE MESURE ET DE DETECTION EN MEDECINE NUCLEAIRE ..38
I.8.1. L’ACTIVIMETRE ....................................................................................................................38
I.8.2. LA GAMMA CAMERA ET L’IMAGERIE SPECT ...............................................................39
I.8.3. L’IMAGERIE TEP (Tomographie par émission de positron) ..................................................41
I.8.3. L’IMAGERIE CT .....................................................................................................................44

CHAPITRE II
LES ASPECTS DE LA RADIOPROTECTION EN MEDECINE
NUCLEAIRE

II. 1.INTRODUCTION .................................................................................................................46


II.2. LA MEDECINE NUCLEAIRE EN ALGERIE ....................................................................47
II.3. LES RISQUES RADIOLOGIQUES EN MEDECINE NUCLEAIRE ...............................50
II.3.1. LES RISQUES RADIOLOGIQUES PROFESSIONNELLES ...............................................50
a. L’EXPOSITION EXTERNE ..................................................................................................52
b. LA CONTAMINATION ........................................................................................................55
II.3.2. LES RISQUES RADIOLOGIQUES MEDICALES ...............................................................57
II.3.3. LES RISQUES RADIOLOGIQUES DU PUBLIC .................................................................58
II.4. L’ORGANISATION DE LA RADIOPROTECTION EN MEDECINE NUCLEAIRE ...60
II.4.1. L’ASPET REGLEMENTAIRE D’UTILISATION DES SOURCES DE RAYONNEMNTS
IONISANTS .......................................................................................................................................60
Sommaire

II.4.2. LA REPARTITION DES RESPONSABILITES DANS UN SERVICE DE MEDECINE


NUCLEAIRE .....................................................................................................................................60
II.4.2.1. L’EMPLOYEUR ...........................................................................................................60
II.4.2.2. LE CHEF DE SERVICE ...............................................................................................61
II.4.2.3. LE MEDECIN DU TRAVAIL ......................................................................................61
II.4.2.4. LA PERSONNE CHARGEE DE LA RADIOPROTECTION .....................................62
II. 4.2.5. LA PERSONNE SPECIALISEE EN RADIOPHYSIQUE MEDICALE ....................63
II.4 .2.6. LE PERSONNEL DU SERVICE .................................................................................64
II.5. L’ETUDE DE POSTE DANS UN SERVICE DE MEDECINE NUCLEAIRE .................64
II.5.1. L’ANALYSE DE POSTE DE TRAVAIL ..............................................................................65
II.5.2. LA CLASSIFICATION DES ZONES DE TRAVAIL ...........................................................65
a. Zone active : « zone chaude ou zone contrôlée » ...............................................................65
b. Zone inactive : « zone froide ou zone surveillée » .............................................................66
II.5.3. LA CLASSIFICATION DES TRAVAILLEURS ...................................................................67
a. LES TRAVALLEURS DE CATEGORIE « A » ................................................................67
b. LES TRAVAILLEURS DE CATEGORIE « B» ................................................................68
II.5.4. L’AMENAGEMENT ET LA CONCEPTION DES LOCAUX .............................................68
II.5.5. LES EQUIPEMENTS ET MOYENS DE PROTECTION EN MEDECINE NUCLEAIRE ..70
II.5.6. LES CARACTERISTIQUES ET GESTION DES DECHETS RADIOACTIFS ...................70
II.5.6.1 LA CLASSIFICATION DES DECHETS RADIOACTIFS .................................................71
II.6. LA SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE EN MEDECINE NUCLEAIRE .....................71
II.6.1. L’ASPECT REGLEMENTAIRE ............................................................................................72
II.6.2. LASURVEILLANCE DOSIMETRIQUE INDIVIDUELLE EN MEDECINE NUCLEAIRE
............................................................................................................................................................74
II.6.2.1. LA DOSIMETRIE INDIVIDUELLE EXTERNE ........................................................75
a. LA DOSIMETRIE DU CORPS ENTIER…………………………………………………75
b. LA DOSIMETRIE DES EXTREMITES………………………………………………….76
II.6.2.2. LA METHODE D’ESTIMATION DES DOSES EXTERNES ....................................77
II.6.3. LA DOSIMETRIE INTERNE.................................................................................................77
II.6.3.1. L’EVALUATION DES DOSES INDIVIDUELLES LIEES A LA
CONTAMINATION INTERNE .................................................................................................78
II.6.3.2. LA METHODES DE MESURES DE LA CONTAMINATION INTERNE
INDIVIDUELLE.........................................................................................................................79
II.7. LA SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE DU LIEU DE TRAVAIL ................................79
II.7.1. LE MATERIEL ET METHODE POUR LA SURVEILLANCE DE L’AMBIANCE ...........80
Sommaire

II.8. LA SITUATION RADIOLOGIQUE AU NIVEAU DU SERVICE DE MEDECINE


NUCLERAIRE DU CHU-BEO.......................................................................................................81
II.8.1. PRESENTATION DU SERVICE ...........................................................................................81
II.8.2. OBSERVATIONS ET CONSTATATIONS ...........................................................................83
II.8.3. ANALYSE ET RECOMMANDATIONS...............................................................................85
II.8.4. CONCLUSION .......................................................................................................................86

CHAPITRE III

DISPOSITIFS ET MOYENS EXPERIMENTAUX

III. 1. INTRODUCTION ...............................................................................................................87


III. 2. LA DESCRIPTION DES SYSTEMES DOSIMETRIQUES...........................................87
III.2. 1. DOSIMETRE D’EXTREMITES .........................................................................................87
III.2.2. DOSIMETRE D’AMBIANCE .............................................................................................88
III.3. LES MOYENS D’IRRADIATION .......................................................................................89
III.3.1. FAISCEAU DE PHOTONS DE CESIUM-137 ....................................................................89
III.3.2. FAISCEAU DE PHOTON DES RX .....................................................................................89
III.3.3. FANTOME ISO POUR LES EXTREMITES ......................................................................90
III.3.4. PORTE PASTILLE ...............................................................................................................90
III.4. LE SYSTME DE LECTURE.................................................................................................91
III.5.LACARACTERISATION DES SYSTEMES DOSIMETRIQUES ....................................94
III.5.1. LA CARACTERISATION DES DOSIMETRES BAGUE A TLD-100 ...............................94
III.5.1.1. LA SELECTION DES DETECTEURS : TESTS DE REPRODUCTIBILITE ET
D’HOMOGENITE ......................................................................................................................96
III.5.1.2. REPONSE EN DOSE ................................................................................................101
III.5.1.3. SEUIL DE DETECTION DES DOSIMETRES ........................................................103
III.5.1.4. REPONSE ENERGETIQUE .....................................................................................103
III.5.1.5. REPONSE ANGULAIRE ..........................................................................................110
III. 5.1.6. EFFET DE LA PERTE D’INFORMATION (FADING) .........................................113
III.5.2. LA CARACTERISATION DES DOSIMETRES D’AMBIANCE (α-AL2O3 : C) .......114
III.5.2.1. LES CARACTERISTIQUES DES DOSIMETRES D’AMBIANCE .......................114
III.5.2.2. L’HOMOGENEITE DU LOT DES DETECTEURS (α-Al2O3 : C) ..........................115
III.5.2.3. L’ETALONNAGE DES DETECTEURS (α-AL2O3 : C) ..........................................117
III.3.CONCLUSION ......................................................................................................................118
Sommaire

CHAPITRE IV

SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE AU NIVEAU DU SERVICE DE


MEDECINE NUCLEAIRE DU CHU-BEO
IV. 1. INTRODUCTION .............................................................................................................120
IV. 2. METHODOLOGIE ADOPTEE .......................................................................................120
IV. 3. DISTRIBUTION DE L’EQUIVALENT DE DOSE AU NIVEAU DES DOIGTS ......125
IV.4. RESULTATS ET INTERPRETATION DE LA SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE
DES EXTREMITES ......................................................................................................................127
IV. 4.1. RESULTATS DE LA SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE DES EXTREMITES ........127
IV. 4.2. INTERPRETATION DES RESULTATS ..........................................................................140
IV. 4.3. DISCUSSIONS DES RESULTATS ...................................................................................142
IV. 4.4. LA COMPARAISON DES EQUIVALENTS DE DOSES EXTREMITES-CORPS
ENTIERS .........................................................................................................................................144
IV.5. SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE D’AMBIANCE DE LOCAUX DE CERTAINS
LOCAUX DU SERVICE DE MEDECINE NUCLEAIRE DE CHU-BEO ..............................149
IV. 6. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS................................................................156
IV.7. PERSPECTIVES ..................................................................................................................157
CONCLUSION GENERALE …………………………………………………………………..159
ANNEXE A : PRINCIPAUX TESTS DE CONTROLE DE QUALITE………………………....161
ANNEXE B : FICHE D’EXPOSITION…………………………………………………………..163
ANNEXE C : GRANDEURS ET UNITES DOSIMETRIQUES ET DE
RADIOPROTECTION……………………………………………………………………………164
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES….………………..........................................................174
Liste des figures 2010

LISTE DES FIGURES


Figure I.1 : Décroissance Radioactive ...................................................................................... 7
Figure I.2 : Spectre ߚ - de 40K………………………………………………………………...10
Figure I.3 : Schémas désintégration β-.................................................................................... 11
Figure I.4 : Spectre ߚ ା : ........................................................................................................... 12
Figure I.5 : Schéma de désintégration de 18F ......................................................................... 14
Figure I.6 : Transition α ......................................................................................................... 14
Figure I.7 : La transition des gammas .................................................................................... 15
Figure I.8 : La transition gamma de 99mTc utilisé pour les actes diagnostiques .................... 16
Figure I.9 : Production de photon X par freinage .................................................................. 16
Figure I.10 : Production des photons par réarrangement des électrons atomiques ................ 16
Figure I.11 : Effet Compton ................................................................................................... 19
Figure I.12 : Effet photoélectrique ........................................................................................ 20
Figure I.13 : Matérialisation par formation de paire ............................................................. 21
Figure I.14 : Diffusion Rayleigh ............................................................................................ 22
Figure I.15 : Importance relative des trois modes d’interaction des photons avec la matière en
fonction de Z et de l’énergie du photon incident .................................................................... 23
Figure I.16 : Le principe du détecteur à scintillation ............................................................. 24
Figure I.17 : Schémas énergétique d’une fluorescence ......................................................... 27
Figure I.18 : Diagramme d’énergie du phénomène thermoluminescence ............................. 28
Figure I.19 : Les différents pics de la courbe thermoluminescence de LiF : Mg ;Ti ............. 29
Figure I.20 : Dosimètre photographique et l’image du film après exposition et
développement ………………………………………………………………………………30
Figure I.21 : Le schéma de la structure d’un traceur ou radiopharmaceutique ...................... 31
Figure I.22 : La molécule 18F-FDG ........................................................................................ 34
Figure I.23 : Schéma descriptif d’un activimètre ................................................................... 39
Figure I.24 : Schéma du principe de fonctionnement d’une gamma caméra ......................... 40
Figure I.25 : Schéma du principe de fonctionnement SPECT ............................................... 41
Figure I.26 : Principe de la caméra TEP ................................................................................ 43
Figure I. 27: Schéma du principe de fonctionnement d’un scanner CT ................................ 45
Figure II. 1: Schéma descriptif de différentes applications diagnostiques des radionucléides
………………………………………………………………………………………………...49
Figure II.2 : Schéma récapitulatif des risques et des contaminations encourus par le personnel
dans un service de médecine nucléaire ................................................................................... 51
Figure II.3: Les différents postes de travail présentant une exposition professionnelle en unité
TEP……………………………………………………………………………………………52
Figure II.4 : Voies d’incorporation, de transfert et d’excrétion d’une contamination d’un
travailleur en médecine nucléaire ……………………………………………………………57
Figure II.5: Dosimètres utilisés pour la surveillance individuelle en médecine nucléaire .... 77
Figure II.6 : La chambre d’ionisation « Babyline » et le détecteur Geiger-Müller pour la
surveillance des lieux de travail ……………………………………………………………...81
Figure III.1 : Schéma du dosimètre bague pour la surveillance radiologique des extrémités.88
Figure III.2 : Schéma du dosimètre d’ambiance ................................................................... 88
Figure III.3 : Fantôme ISO en PMMA utilisé pour les irradiations en termes de Hp (0.07)
………………………. ............................................................................................................. 90

i
Liste des figures 2010
Figure III.4 : schéma et photo de porte pastille en PMMA utilisé pour les irradiations
des détecteurs…………….. .................................................................................................... 91
Figure III.5 : Lecteur HARSHAW 4000 disponible au laboratoire de dosimétrie (CRNA)
………………….......................................................................................................................91
Figure III.6 : Schéma du cycle de chauffage des détecteurs Thermoluminecents (TLD-100 et
α-Al2O3 :C……………………………………………………………………………………93
Figure III.7 : Schéma synthétique des conditions d’irradiation pour la source de Cs-137
………………………………………………………………………………………………...96
Figure III.8 : Représentation graphique (a) moyenne des trois lectures par détecteur, (b)
reproductibilité pour chaque détecteur, calculée en utilisant la relation III.3 et (c) distribution
des détecteurs par rapport à leur reproductibilité pour le 1er lot composé de 100 détecteurs.
……………………….. ............................................................................................... ………98
Figure III.9 : Représentation graphique (a) moyenne des trois lectures par détecteur, (b)
reproductibilité pour chaque détecteur, calculée en utilisant la relation III.3 et (c) distribution
des détecteurs par rapport à leur reproductibilité pour le 2em lot composé de 114 détecteurs..99
Figure III.10 : La courbe d’étalonnage des bagues dosimètres sur la gamme recommandée
1mSv à1000mSv ……………………………………………………………………………101
Figure III.11 : La courbe d’étalonnage en termes de kerma à l'air libre des détecteurs
(TLD-100) .. .......................................................................................................................... 106
Figure III.12 : Le dispositif et la géométrie expérimentale d’irradiation à RX ................... 107
Figure III.13 : La représentation graphique du K apparent / Hp(0.07) communiqué en fonction de
l’énergie des dosimètres bague...............................................................................................108
Figure III.14 : La courbe de réponse énergétique des dosimètres bagues pour les différentes
qualités RX et de la source photonique du Cs-137 ............................................................ .109
Figure III.15 : Le dispositif expérimental angulaire d’irradiation à RX ............................ .110
Figure III.16 : La géométrie d’irradiation pour la réponse angulaire des bagues dosimètre…
……………………………………………………………………………………………….111
Figure III.17 : Le résultat de la réponse angulaire des bagues dosimètres pour les angulations
recommandées……………………………………………………………………………….112
Figure III.18 : Représentation graphique des résultats de test de fading des dosimètres bague
……………………………………………………………………………………………….113
Figure III.19 : La courbe d’étalonnage en termes de Kerma apparent pour α- Al2O3 : C
……………………………………………………………………………………………….117
Figure IV.1 : La répartition des examens au niveau du service de médecine nucléaire du
CHU-BEO …………………………………………………………………………………124
Figure IV.2 : Distribution de Hp (0.07) et les localisations des bagues dosimètres sur la main
dominante d’une infirmière …………………………………………………………………125
Figure IV.3 : L’histogramme des résultats de la distribution de l’équivalent de dose sur la
main dominante pendant l’injection……………………………………………... ………....127
Figure IV.4 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour les
manipulateurs du service Scintigraphie et de l’unité d’Irrathérapie durant la première période
de surveillance………………… ……………………………………………... ……………129
Figure IV. 5 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour les
Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour la deuxième période
de surveillance ...................................................................................................................... 131
Figure IV.6 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour les
Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour la troisième période
de surveillance ...................................................................................................................... 132
ii
Liste des figures 2010
Figure IV.7 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour
les equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour la quatrième
période de surveillance ......................................................................................................... 134
Figure IV.8 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour les
Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour la cinquième période
de surveillance ………………………………………………………………………………136
Figure IV.9 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour les
Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour la sixième période de
surveillance …………………………………………………………………………………138
Figure IV.10 : Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour les
Equivalents de dose mensuels enregistrés au niveau des extrémités pour la septième période
de surveillance………………………………………………………………………….…... 139
Figure IV.11 : Comparaison de l’activité préparée et Hp(0.07) enregistrés pour l’ensemble
des manipulateurs sur les six périodes de surveillance au niveau du service de médecine
nucléaire du CHU-BEO. ...................................................................................................... 141
Figure IV.12 : Comparaison du nombre de patient injectés et Hp(0.07) enregistré pour
l’ensemble des infirmières sur les six périodes de surveillance au niveau du service de médecine
nucléaire du CHU-BEO. .…….. ………….. ………………………………………………..141
Figure IV.13 : Comparaison entre l’équivalent de dose cumulé annuel corps entiers-
extrémité pour l’ensemble de travailleurs du service Scintigraphie et unité Irrathérapie.......144
Figure IV.14 : Comparaison entre les équivalents de dose mensuels corps entier- extrémités
pour l’ensemble des travailleurs sélectionnés … .................................................................. 145
Figure IV.15 : Comparaison des équivalents de doses cumulées corps entier- extrémité pour
le manipulateur Sc-1 sur des périodes trimestrielles ............................................................ 145
Figure IV.16 : Comparaison des équivalents de doses cumulées corps entier-extrémité pour
le manipulateur Sc-Irr-4 sur les périodes trimestrielles…………………………………... 145
Figure IV.17 : Equivalent de dose cumulée corps entier- extrémité pour le manipulateur Sc-5
sur des périodes trimestrielles...……………………………………………………………. 147
Figure IV.18 : Comparaison des équivalents de doses cumulés corps entier-extrémités pour
l’infirmière Sc-1 sur des périodes différentes (trimestrielle, bimensuelle)………………....147
Figure IV.19 : Comparaison des équivalents de doses cumulées corps entier-extrémités pour
l’infirmière Sc-3 sur des périodes différentes (trimestrielle, bimensuelle). ……………….149
Figure IV.20 : Comparaison des équivalents de doses cumulés corps entier-extrémités pour
l’infirmière Sc-4 sur des périodes différentes (trimestrielle, bimensuelle)………………....149
Figure IV.21 : Les équivalents de dose ambiant H*(10) moyens mesurés dans les quatre
salles du service de Scintigraphie durant la première période de surveillance….…………. 151
Figure IV.22 : Les équivalents de dose ambiant H*(10) moyens mesurés dans les quatre
salles du service de Scintigraphie durant la deuxième période de surveillance……………151
Figure IV.23 : Mesure de H*(10) mensuel de quatre salles du service Scintigraphie et d’unité
d’Irrathérapie durant la troisième période de surveillance. …………………………………151
Figure IV.24 : Mesure de H*(10) mensuel de quatre salles du service de Scintigraphie et
d’unité d’Irrathérapie durant la quatrième période de surveillance…………………………151
Figure IV.25 : Mesure de H*(10) mensuel de quatre salles du service Scintigraphie et
d’unité d’Irrathérapie durant la cinquième période de surveillance ………………………..151
Figure IV.26 : Mesure de H*(10) mensuel de quatre salles du service Scintigraphie et d’unité
d’Irrathérapie durant la sixième période de surveillance ………………………...................151
Figure IV.27 : Equivalent de dose ambiant H*(10) totale des différentes salles du
service…………………………………………………………………………………….....153

iii
Liste des tableaux 2010

LISTE DES TABLEAUX


Tableau I.1 : Les caractéristiques physiques du noyau atomique ............................................. 5
Tableau I.2 : La classification des nucléides ............................................................................ 5
Tableau I.3 : Les énergies correspondant aux émetteurs bêtas purs et bêtas gammas utilisés
en médecine nucléaire pour la thérapie et le diagnostique…………………………………....11
Tableau I.4 : Les radionucléides émetteurs de positons les plus utilisés en médecine nucléaire
et leur énergie...……………………………………………………………………………….13
Tableau I.5 : Les émetteurs gamma et RX utilisés en médecine nucléaire pour le
diagnostique...………………………………………………………………………………...17
Tableau I.6 : Les caractéristiques de la scintillation de quelques matériaux utilisés en
imagerie médicale…………………………………………………………………………….26
Tableau I.7 : Les radionucléides les plus utilisés dans les diagnostique en médecine
nucléaire………………………………………………………………………………………37
Tableau I.8 :Les principaux radionucléides utilisés dans les actes thérapeutiques………….38
Tableau I.9 : Les caractéristiques physiques des cristaux les plus utilisés pour la caméra TEP
………………………………………………………………………………………………..44
Tableau II .1 : Les services et unités de médecine nucléaire, leurs localisations, les
radionucléides utilisés et leurs activités ................................................................................... 48
Tableau II.2 : Le débit d’équivalent de dose (en mSv/h) en contact de quelques sources non
scellées utilisé en médecine nucléaire ................................................................................... 53
Tableau II.3 : Le débit d’équivalent de dose (en mSv/h) à distance pour 30 cm et 100 cm de
la source non scellée en médecine nucléaire ........................................................................... 54
Tableau II.4 : Ordre de grandeur du débit d’exposition (en mSv/h) à 1 m du patient dans
quatre situations cliniques correspondant à l’utilisation de 99mTc, 131I et 18F . ........................ 54
Tableau II.5 : Les débits de dose (mSv/h) et l’épaisseur des écrans pour les plus importantes
énergies rencontrées en médecine nucléaire ............................................................................ 55
Tableau II.6 : Le débit d’équivalent de dose (en mSv/h) pour un dépôt cutané des
radionucléidesles plus utilisé en médecine nucléaire .............................................................. 56
Tableau II.7 : Ordre de grandeur du débit d’exposition(en mSv/h) à 100cm du patient lors de
sa sortie du service . ................................................................................................................ 59
Tableau II.8 : Les limites de dose en zone contrôlée et en zone surveillée ........................... 67
Tableau II.9 : Classification des travailleurs dans un service de médecine nucléaire ........... 68
Tableau II.10 : Limite d’exposition, type d’exposition, et la dosimétrie individuelle appliquée
………………………………………………………………………………………………74
Tableau II.11 : Les différents types et caractéristique de dosimètres utilisés pour la
surveillance individuelle ....................................................................................................... 75
Tableau II.12 : Les caractéristiques des instruments de surveillance en radioprotection des
lieux de travail les plus utilisés en médecine nucléaire……………………………………...81
Tableau III.1 : Les caractéristiques des qualités RX utilisé développées au LSED ............... 90
Tableau III.2 : Les paramètres de lecture de détecteurs ......................................................... 94
Tableau III.3 : Les recommandations et les prescriptions de bon fonctionnement des
dosimètres bagues .................................................................................................................... 95
Tableau III. 4 : Résultats des lectures de la reproductibilité de quelques détecteurs ............. 97
Tableau III.5 : Le résumé des résultats de la linéarité des dosimètres bague sur la gamme
1mSv à1Sv.............................................................................................................................. 102
Tableau III.6 : Le résumé des résultats des lectures pour la détermination de seuil ............ 104
Tableau III.7 : Les conditions d’irradiation et caractéristiques des différentes qualités RX
utilisées ................................................................................................................................... 105
iv
Liste des tableaux 2010
Tableau III.8 : Le résume des résultats de la réponse énergétique de dosimètres pour les
différentes qualités RX normalisé au Cs-137 ......................................................................... 109
Tableau III .9: Les conditions d’irradiation de l’étude angulaire des bagues dosimètre ...... 111
Tableau III .10 : Le résumé des résultats de la réponse angulaire des dosimètres bagues ... 112
Tableau III.11 : Tableau récapitulatif des caractéristiques du dosimètre d’ambiance (α-
Al2O 3 : C ).............................................................................................................................. 114
Tableau III.12 : Les résultats de calcule de facteur de correction de la sensibilité des
α-Al2O3 :C .............................................................................................................................. 116
Tableau III.13 : Tableau récapitulatif et comparatifs des nos résultats et ceux de la
norme………………………………………………………………………………………119
Tableau IV.1 : Les codes des séries X et Z des dosimètres bagues attribués au personnel
surveillé du service de scintigraphie et de l’unité d’irrathérapie ........................................... 121
Tableau IV.2 : Les différents radionucléides manipulés au niveau du service. .................... 122
Tableau IV.3 : Charge de travail de l’infirmière pendant la période de surveillance ........... 126
Tableau IV.4 : Distribution de l’équivalent de dose dans la main dominante d’une
infirmière .. ............................................................................................................................. 126
Tableau IV.5 : La nature et l’activité des radionucléides utilisés durant la première période de
surveillance............................................................................................................................. 128
Tableau IV.6 : Résultats de la première période de surveillance radiologique des extrémités
au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie. ............................................. 128
Tableau IV.7 : La nature et l’activité des radionucléides utilisés durant la seconde
période de surveillance ........................................................................................................... 129
Tableau IV.8 : Résultats de la deuxième période de surveillance radiologique des extrémités
au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie. ............................................. 130
Tableau IV.9 : Nature et activité des radionucléides utilisés durant la troisième période de
surveillance............................................................................................................................. 131
Tableau IV.10 : Résultats de la troisième période de surveillance radiologique des extrémités
au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie. ............................................. 132
Tableau IV.11 : La nature et l’activité des radionucléides utilisés durant la quatrième période
de surveillance ........................................................................................................................ 133
Tableau IV.12 : Résultats de la quatrième période de surveillance radiologique des
extrémités au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie. ........................... 134
Tableau IV.13 : La nature et activité des radionucléides utilisés durant la cinquième période
de surveillance ........................................................................................................................ 135
Tableau IV.14 : Résultats de la cinquième période de surveillance radiologique des
extrémités au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie. ........................... 136
Tableau IV.15 : Nature et activité des radionucléides utilisés pour les différents types
d’examens réalisés durant la sixième période de surveillance. .............................................. 137
Tableau IV.16 : Résultats de la sixième période de surveillance radiologique des extrémités
au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie. ............................................. 137
Tableau IV.17 : Nature et activité des radionucléides utilisés pour les différents types
d’examens réalisés durant la septième période de surveillance. ............................................ 138
Tableau IV.18 : Résultats de la septième période de surveillance radiologique des extrémités
au niveau du service de Scintigraphie et l’unité d’Irrathérapie .............................................. 139
Tableau IV.19 : Tableau récapitulatif et comparatifs de l’activité préparée et injectée avec les
équivalents de doses totale enregistré pour l’ensemble des manipulateurs et infirmières sur les
sept périodes de la surveillance radiologique des extrémités. ................................................ 140
Tableau IV.20 : Le pourcentage de Hp(0.07) reçu par les individus les plus exposés par
apport à la limité mensuelle ................................................................................................... 143
Tableau IV.21 : Les doses maximales admissible mensuelle, bimensuelle et trimestrielle pour
les extrémités, la peau et l’organisme entier. ......................................................................... 146

v
Liste des tableaux 2010
Tableau IV.22 : Equivalents de dose mensuels enregistrés pour les extrémités, le corps
entier peau et corps entier par le manipulateur N°Sc-5 sur les différentes périodes de
surveillance............................................................................................................................. 148
Tableau IV. 23 : Equivalents de dose enregistrés par le manipulateur N°Sc-5 normalisés par
rapport aux doses maximales admissibles .............................................................................. 148
Tableau IV.24 : Les différentes salles surveillées à l’aide de dosimètre d’ambiance au niveau
du service de médecine nucléaire de CHU-BEO ................................................................... 150
Tableau IV.25 : Les débits d’équivalents de dose ambiants des différents locaux surveillés du
service de médecine nucléaire de CHU- BEO. ...................................................................... 154
Tableau IV. 26 : Les équivalents de doses intégrés par le film dosimètre individuel et des
dosimètres d’ambiance ........................................................................................................... 155

vi
Introduction Générale
Introduction Générale 2010

La médecine nucléaire est une spécialité médicale utilisant l’administration de substances


radioactives en contacte directe avec les organes et les tissus à des fins de diagnostics et/ou
thérapeutiques. L’expansion rapide du champ d’activité de cette discipline est liée aux progrès de
production des radionucléides ainsi qu’au développement technologique des techniques et moyens
de détection qui n’ont pas cessé d’exploiter les progrès réalisés aussi bien dans le domaine de la
physique nucléaire et corpusculaire que dans celui de la radiochimie et de la biophysique.
Fondée sur les propriétés qu’ont certains radionucléides (traceurs) où certaines molécules
marquées (radiopharmaceutiques) de se concentrer naturellement dans certains organes, l’imagerie
médicale permet la visualisation de ces organes, afin d’apprécier leur fonctionnement à partir de
l’évolution de la répartition et de la concentration de ces traceurs de réaliser des examens
fonctionnels précis de nombreux organes d’étudier tous les phénomènes rapides tels que la
circulation cardiaque, cérébrale ainsi que le traitement de certaines pathologies.
Cependant, l’utilisation des sources non scellées peuvent présenter des risques pour la santé
de l’homme et son environnement si des règles de bonne pratique ne sont pas respectées.
L’exposition en milieu hospitalier en particulier en médecine nucléaire dépend directement du type
de source de rayonnements ionisants. De nombreuses études ont attiré l’attention sur les risques
d’exposition élevés pour le personnel, le patient et le public [AUB91 ; VAN08 ; VAN06 ; CHR02 ;
JAN03 ; GIN07] de ces études nous retiendrons deux risques majeurs pour le personnel :
 irradiation des mains en raison des très fortes activités manipulées,
 contamination interne par inhalation, ingestion ou encore par blessure en raison du caractère
volatil et la radiotoxicité des produits radioactifs manipulés (125I, 131I, etc.).
Les risques auxquels le patient est exposé sont de différents types :
 erreurs d’administration des produits radiopharmaceutiques,
 problème d’isolation,
 mauvaise qualité d’image et/ou des données qui nécessite de refaire l’examen,
 erreur sur l’activité administrée etc.…
En ce qui concerne le public, une exposition externe et/ou interne peut se produire lors
d’accompagnement d’un patient traité dans la zone contrôlée ainsi que lors de la sortie du patient
après hospitalisation.
Une véritable révolution s’est produite ces dernières années modifiant le périmètre
d’application et les perspectives de la médecine nucléaire, et cela suite au rapide développement de
la Tomographie par Emission de Positon (TEP). Cependant, ce développement a mis en évidence

1
Introduction Générale 2010

des problèmes particuliers de radioprotection liés à la nature des radiopharmaceutiques, dont le plus
utilisé est le18F (18F-FDG). Ces problèmes sont présents lors de tout le processus, depuis la
production jusqu’à la détection, sachant que ces produits émettent des positrons qui s’annihilent
avec les électrons de la matière provoquant l’émission simultanée de deux photons gamma de
511keV chacun, dans deux directions diamétralement opposées. L’introduction de cette nouvelle
modalité d’exploration dans nos services de médecine nucléaire contribue surement à la détection
précoce et l’évaluation du traitement thérapeutique de certaines maladies comme le cancer mais
exigera, en contre partie, une radioprotection très contraignante pour le personnel, le patient et le
public, afin de permettre une exploitation optimal et sûre de cette nouvelle modalité.
Dans ce travail, nous nous sommes intéressées à tous les aspects physiques et de
radioprotection au niveau du service de Médecine Nucléaire du CHU-BEO (Mohamed Debaghine)
qui se prépare à abriter le premier cyclotron médical pour l’introduction de la Tomographie à
Emission de Positon (TEP) en Algérie.
A cette fin, nous nous proposons d’évaluer le risque potentiel auquel est exposé le
personnel en Médecine Nucléaire Conventionnelle à travers une étude de la situation radiologique.
Au vu du nombre important de malades traités et des procédures médicales suivies pour le
diagnostic et en thérapie, il ressort que la dosimétrie devrait être globale avec attention particulière à
l’exposition des extrémités des personnels manipulant les produits radiopharmaceutiques.
Constatant l’absence de la dosimétrie des extrémités, nous avons orienté notre travail vers
l’implémentation d’une surveillance complémentaire des extrémités (mains) à l’aide de dosimètres
bagues.
Ces dosimètres ont été caractérisés et étalonnés, en termes d’équivalent de dose Hp(0.07)
conformément aux normes pour les extrémités ISO-12794, ISO-4037, IEC 62387-1. La réponse
énergétique, la réponse angulaire, la réponse en dose, le fading et le seuil de détection ont été
déterminés en utilisant les moyens d’irradiation disponibles au niveau du Laboratoire Secondaire
d’Etalons en Dosimétrie (LSED) du Centre de Recherche Nucléaire d’Alger (CRNA). Ces
dosimètres ont été ensuite utilisés pour la surveillance complémentaire des extrémités pour le
personnel (Médecin, opérateurs au laboratoire chaud, infirmières) du service de scintigraphie et de
l’unité d’irrathérapie du CHU-BEO.
Les résultats de la surveillance radiologiques des extrémités ont été comparés avec les
équivalents de doses corps entier fournis par le médecin du travail.

2
Introduction Générale 2010

Pour parfaire notre étude, une surveillance radiologique du lieu de travail par un dosimètre
d’ambiance développé par le laboratoire de la dosimétrie (CRNA) a été aussi entreprise, afin
d’estimer les risques d’exposition externe.
Le présent manuscrit est structuré en quatre chapitres afin de présenter l’essentiel des
résultats obtenus. Dans le premier chapitre, nous exposons les plus important aspects physiques en
médecine nucléaire notamment les différents types de rayonnements utilisés, leur mode
d’interaction et les moyens de leur détection.
Le deuxième chapitre, est consacré aux aspects réglementaires ainsi qu’à l’organisation d’un
service de médecine nucléaire tenant compte des paramètres pertinents pour la radioprotection tels
que l’application des sources non scellées, les radioéléments et type d’examens et l’évolution des
différentes modalités diagnostique et thérapeutique.
Dans le troisième chapitre, sont présentés les principaux résultats de l’étude de
caractérisation et d’étalonnage des outils utilisés pour l’évaluation des équivalent de dose à savoir
les dosimètres bagues ainsi que les dosimètres d’ambiance.
Dans le quatrième et dernier chapitre, nous présentons d’abord les résultats de l’étude de la
distribution de doses sur la main dominante d’une infirmière dans le but de repérer le doigt le plus
adéquat au port de dosimètre bague lors de l’injection et de la préparation du produit
radiopharmaceutique. Les résultats de la surveillance complémentaire des extrémités pour le
personnel (Médecin, opérateurs au laboratoire chaud, infirmières) sont ensuite présentés en détail
avec ceux de la surveillance d’ambiance des lieux de travail du service de scintigraphie et de l’unité
d’irrathérapie. Les résultats obtenus sont discutés et comparés aux résultats de suivi dosimétrique
individuel corps entier réalisé par film dosimètre.

3
CHAPITRE I
Les aspects physiques liés
à la Médecine Nucléaire
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

I. 1. INTRODUCTION

La médecine nucléaire s’intéresse à la radioactivité artificielle du point de vue physique et


médicale. L’utilisation de cette radioactivité qui a des buts de diagnostic et/ou thérapeutique,
nécessite la compréhension de tous les aspects physiques liés à la structure de la matière tels que
l’atome, le noyau et sa stabilité ainsi que le type des rayonnements émis et les différents modes de
leur détection.

I. 2. L’ATOME

L’atome est un système matériel, électriquement neutre constitué d’un noyau central entouré
d’un ensemble d’électrons en mouvement incessant. Le noyau est porteur d’une charge électrique
(+Ze) de protons neutralisé par la charge des Z électrons qui l’entourent. Les Z électrons constituent
le cortège électronique réparti sur différentes couches (niveaux, orbites). Un électron reste sur son
orbite aussi longtemps qu’on ne lui fournit pas l’énergie minimale égale au moins à l’énergie de
liaison nécessaire pour l’en extraire. Cette énergie de liaison d’un électron, pour un atome donné,
varie d’une couche à l’autre, la plus élevée correspondant à la couche profonde (K).

L’apport d’énergie à un électron planétaire de l’atome peut être suffisant, soit pour le faire
passer sur une orbite moins centrale (de K sur L ou M ; de L sur Mou N etc.), soit pour l’extraire
totalement du cortège électronique. Dans le premier cas l’atome est excité, dans le second il est
ionisé. Les deux états, éminemment instable, tendent à revenir à l’état fondamental initial. A chaque
saut d’un électron vers une couche plus interne, une énergie se trouve libérée. Cette énergie se
manifeste concurremment de deux façons :

1. Emission d’un rayonnement électromagnétique, RX de fluorescence d’énergie parfaitement


définie par la différence entre les énergies de liaison des différentes couches. Les raies X de
fluorescence sont caractéristiques de l’élément chimique.
2. Emission d’électron Auger : l’énergie disponible est directement transférée à un électron de
la même couche.

Ces deux types de rayonnements, d’origine extranucléaire, accompagnent les rayonnements


provenant du noyau lorsque ces derniers résultent de certaines transformations radioactives
spontanées.

Tel que cité auparavant, le noyau est un constituant de l’atome, il représente une association
compacte de deux espèces de particules élémentaires (Voir tableau I.1), les nucléons, qui sont :

4
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

i. Le proton, noyau d’atome d’hydrogène, chargé positivement ;

ii. Le neutron, électroniquement neutre, de masse légèrement supérieure à celle du


proton.

Tableau I.1 : Les caractéristiques physiques du noyau atomique [FIS80]

Nucléon Masse (10-24) (g) Charge Symbole


Proton 1.7±0.1 +e P, 
Neutron 1.7±0.1 0 n, 

La stabilité de l’atome passe à travers la stabilité des électrons sur leurs niveaux ou orbites
de son cortège électronique ainsi que des différentes configurations données de son noyau. Une
réalisation déterminée du noyau, formée par l’association d’un nombre caractéristique de protons et
de neutrons appelé nucléide. Le nombre de protons indique l’appartenance d’un atome à un élément
chimique déterminé, il est indiqué par le numéro atomique Z. Le nombre total de nucléons (protons
+ neutrons) est indiqué par le nombre de masse A. Le nombre de neutrons vaut donc A – Z. Le
terme nucléide définit donc une espèce d’atomes caractérisée par sa composition nucléaire
(A ; Z ; N)

La classification des nucléides s’effectue selon le processus dans lequel un atome se trouve
engagé, telle propriété se trouve particulièrement dépendante soit de Z, soit de N, soit de A. D’où
diverses classifications rassemblées dans le tableau I.2.

Tableau I.2 : La classification des nucléides [FIS80 ; DEL02]

Classe Paramètres de structure Exemples


Identique différents
    
Isotopes Z A, N ,  ,
 ,
 ,
 ,

   


, 
, 
, 
, 

  
Isobares A Z, N  , , 
 

Isotones N-Z A, N, Z ,  , 

5
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

La plupart des éléments comportent plusieurs nucléides qui diffèrent, par leur nombre de
neutrons et donc par leur masse. On appelle isotopes (du grec : isos = même et topos = lieu) tous les
nucléides qui ont le même nombre de protons (Z).
Les isotopes d’un élément donné présentent de légères différences dans leur comportement
physique et physicochimique. C’est grâce à ces différences que les isotopes d’un élément peuvent
être séparés. L’instabilité des nucléides évoluent spontanément vers un état soit instable, soit moins
instable, soit vraiment stable. Ce nouvel état diffère de l’état initial soit par composition du noyau,
soit simplement par l’état énergétique du noyau initial.

Ces transitions spontanées au niveau du noyau, s’accompagne dans la plupart des cas de
l’émission d’un rayonnement d’origine nucléaire en plus de l’émission de rayonnement
extranucléaire. On dit donc d’un atome instable qu’il est radioactif ou radionucléide et cette
propriété elle-même est la Radioactivité.

I.2.1. LE RADIONUCLEIDE

On désigne par le terme Radionucléide ou Radioisotope tout nucléide instable, susceptible


de subir spontanément une transition radioactive. Cette transition se manifeste par émission d’un
rayonnement qui peut être différente de celle du rayonnement du précurseur. On distingue deux
types de radionucléides : les radionucléides naturels qui existent dans l’atmosphère terrestre, et les
radionucléides artificiels qui sont produits par réaction nucléaire provoquée par l’action de divers
rayonnements sur des éléments naturels ou artificiels, radioactifs ou stables. En médecine nucléaire
les radionucléides utilisés sont de type artificiel tel que 99mTc, 131I, 153Sm, 201Tl etc. .., sous forme de
radiopharmaeutiques pour des actes diagnostique et thérapeutique (cf. § I.7.1)

I.2.1.1. L’ACTIVITE

L’activité, à un instant donné t, d’une quantité donnée d’un radionucléide dans un état
d’énergie particulier représente le nombre moyen de désintégrations ou de transitions subies par
unité de temps d’une population de noyaux radioactifs à l’instant considéré selon la relation
suivante :

∆
  (I.1)
∆

6
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Elle s’exprime dans le système international en Becquerel(Bq) tel que 1Bq=1 transition par
seconde. Une autre unité est cependant utilisée concurremment avec la précédente : le curie(Ci) et
ses sous-multiples, le mCi (10-3 Ci), le µCi (10-6 Ci), où :
1Ci = 3.7 1010 Bq

I.2.1.2. LA PERIODE PHYSIQUE

Le nombre des individus d’une population d’atomes radioactifs de même espèce décroit
exponentiellement au cours du temps selon la relation (I.2).

      !
(I.2)

N2 : nombre d’atomes présents à l’instant t2,

N1 : nombre d’atomes présents à l’instant t1,

" : constante de décroissance, elle représente la probabilité de transition par unité de


temps, elle s’exprime selon le cas en seconde-1, heure-1, jour-1, etc.

En prenant comme origine des temps l’instant t1, la relation (I.2) peut s’écrire comme dans la
relation (I.3) et représentée dans la figure I.1 :

     (I.3)

Nt Log Nt
N0 Log N0

t t
Coordonnées cartésiennes Coordonnées semilogarithmiques

Figure I.1 : Décroissance Radioactive

L’activité d’un radionucléide décroit également exponentiellement au cours du temps ; il


résulte en effet des relations (I.3) et (I.1) que :

7
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

  "  "   (I.4)

La variation de l’activité en fonction du temps est donc identique à celle exprimant la variation du
nombre d’atomes. La période physique (#$ ) d’un radionucléide est donc l’intervalle de temps au


bout duquel l’activité ou le nombre d’atomes présent au début de cet intervalle a décru de moitié.

Il résulte de cette définition de la période physique et de la relation (I.5) que :

%&' 
#$  (I.5)
 (

Les périodes physiques des radioéléments les plus couramment utilisés en médecine
nucléaire vont de quelques heures à quelques jours [HUS98 ; SAI96].

I. 3. LA SOURCE RADIOACTIVE
Une source radioactive est tout corps qui peut provoquer une exposition à des rayonnements.
La source radioactive représente la matière radioactive qui est enfermée d’une manière permanente
dans une capsule ou fixée sous forme solide. La source radioactive peut être de deux types scellée
ou non scellée.

I.3.1. LES SOURCES SCELLEES

Sont considérées comme sources scellées toutes sources constituées par des substances
radioactives solidement incorporées dans des matières solides inactives, ou scellées dans une
enveloppe inactive présentant une résistance suffisante pour éviter toute dispersion de substance
radioactive dans les conditions normales d’emploi. Des sources scellées sous forme spéciale doivent
répondre à certains critères. Ce type de sources est généralement utilisé en curiethérapie (Césium et
Iridium) pour un traitement localisé.

I.3.2. LES SOURCE NON SCELLEES

Sont considérées comme sources non scellées toutes sources radioactives pouvant entraîner
dans les conditions normales d’emploi la dispersion indésirable de substances radioactives, elles
peuvent se présenter sous forme solide, liquide ou gazeux. Les radioisotopes utilisés en médecine
nucléaire que ce soit pour les actes diagnostiques ou thérapeutiques, sont de sources non scellées de
type 99mTc, 131I, 153Sm, 90Y.

8
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

I. 4. LES RAYONNEMENTS IONISANTS

Le rayonnement désigne la propagation d’énergie à travers l’espace. Cette énergie rayonnée


possède un double caractère : corpusculaire et ondulatoire. Les différentes propriétés des
rayonnements sont liées à l’un ou l’autre de ces deux aspects. Si du point de vue théorique ces deux
aspects sont de même importance, du point du vu pratique, c’est l’un ou l’autre qui est prédominant.
Ainsi, on classe le rayonnement en deux catégories :

i. Rayonnement corpusculaire (n, p, α, β-, β+), constitué par des masses matérielles en
mouvement.
ii. Rayonnement ondulatoire, champ électromagnétique (lumière visible, rayons X, rayons γ,
etc...), ondes élastiques.

Le choix du type de rayonnement se fait selon le phénomène qu’on étudie, à prendre en


considération soit l’aspect ondulatoire, soit l’aspect corpusculaire. Ainsi, certaines propriétés des
rayonnements γ ne peuvent s’expliquer que par son aspect corpusculaire, ce rayonnement assimilé à
un grain d’énergie, le photon, de masse négligeable, se propageant dans le vide à une vitesse « c »
qui est celle de la lumière porteur d’énergie hν.

Les rayonnements nucléaires sont très importants en médecine nucléaire que ce soit pour les
actes diagnostiques ou thérapeutiques. Ils sont émis par les noyaux instables de certains éléments
lors de leur transformation spontanée. A cette émission s’ajoutent simultanément dans certains cas,
des rayonnements extranucléaires résultant des perturbations du cortège électronique (RX de
fluorescence, électrons Auger).

I.4.1. LES CARACTERISTIQUES DU RAYONNEMENT NUCLEAIRE

I.4.1.1. LE RAYONNEMENT CORPUSCULAIRE (ß-)


Les particules bêta sont émises par les noyaux riches en neutrons. Au cours de la
désintégration , -, un neutron se transforme en un proton avec émission d’un électron et un
antineutrino ainsi, le nucléide (A, Z) est converti en nucléide (A, Z+1) selon les relations (I.6) et
(I.7). Le noyau descendant possède le même nombre de nucléons que l’antécédent, ce qui donne
une représentation symbolique (réaction I.7).


 - . /  / 012 (I.6)

9
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

56 5
43 - 473 / ,  / 012 (I.7)

L’énergie libérée par la réaction est constante mais elle se répartit de façon aléatoire entre
l’électron émis et l’antineutrino. Lorsque l’on représente la distribution énergétique des électrons
émis, on obtient un spectre continu (voir figure I.2.) entre une énergie nulle (l’antineutrino emporte
toute l’énergie) et une énergie maximale E 8 max=1.35MeV (l’électron emporte toute l’énergie) dans
40
le cas du K par exemple. Grâce à l’antineutrino, le principe de conservation de l’énergie est
respecté, de plus sa présence permet d’expliquer la continuité du spectre d’énergie des électrons β-.
L’énergie moyenne emportée par l’électron est de Emax/3 [FIS80 ; POU00]. Selon le nucléide
considéré, plusieurs transitions sont possibles. Une transition unique vers le niveau fondamental ou
des transitions vers des niveaux excités intermédiaires, suivies nécessairement d’émission γ de
désexcitation. Dans le premier cas, l’émetteur est dit , pur comme dans le cas de radioélément
utilisé en thérapie pour les synoviorthèses Yttrium-90 (Colloid -90Y) (figure I.3a). Dans le second
cas, ce sont des émetteurs,, γ le spectre , complexe observé résulte de la superposition des spectres
simples des transitions partielles (figure I. 3(b)).
N(E)

1.35MeV

E (keV)
E max

Figure I.2 : Spectre , - de 40K [CFR80]

Energie moyenne : 500 keV


Energie maximale : 1.35 MeV

On caractérise les émetteurs , par l’énergie maximale du spectre en disant par exemple que
tel radionucléide émet une raie , de telle énergie qui est l’énergie maximale du spectre (98:;< ).
D’un émetteur (,, γ) (figure I.3(b), on dira qu’il émet plusieurs raies , tel que le radionucléide
utilisé pour le traitement thérapeutique et la scintigraphie de la glande thyroïdienne l’Iode -131
(131I) ou le Samarium -153 (153Sm) (voir le tableau I.3).

10
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

E1
- ß -3
ß2 E2
ß- γ3
E3
ß -1 γ2 γ4
0
(a) (b)
Figure I.3 : Schémas d’intégration , -

(a): Spectre simple , pur


(b) : Spectre complexe ; E(, 1)=E1 ; E(, 2)=E1-E2 ; E (, 3)=E1-E3 ; E (γ2)=E2 ; E (γ3)+ E (γ4)= E3

Tableau I.3 : Les énergies correspondant aux émetteurs bêtas purs et bêtas gammas utilisés en médecine
nucléaire pour la thérapie et le diagnostique [DEL02]
131 90 153
Radionucléide I Y Sm
Energie (keV) (Iode-131) (Yttrium-90) (Samarium-153)

,  (Emax) γ ,  (Emax) ,  (Emax) Γ


E1 248 284 523 634 41*
E2 334 365* 546 703* 47
E3 606* 637 2284* 807 103
*
L’émission la plus probable

Les énergies Eßmax des radionucléides émetteurs bêtas purs varient de quelques
keV à quelques MeV [FIS80].

I.4.1.2. LE RAYONNEMENT CORPUSCULAIRE (ß+)

Il est constitué par un électron positif, ou positron. A l’inverse de la radioactivité , -,


l’émission , + concerne des noyaux dont le nombre de protons est relativement élevé. Au cours de la
désintégration ,+, un proton du noyau se transforme en un neutron, émettant un positon et un
neutrino selon la réaction (I.8).


. -  / 7 / 02 (I.8)

L’importance et la fonction du neutrino sont les mêmes que précédemment. Le noyau


descendant possède le même nombre de nucléons, ce qui se note symboliquement par la réaction
(I.9).

11
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

56 5
43 - 43 / , 7 / 02 (I.9)

Le spectre d’énergie, continu, est semblable à celui des ,  et défini par son énergie
maximale à cette seule différence près que la proportion des , 7 de très faible énergie et
notablement plus réduite (figure I.4).

N (E)

E maxi

E(MeV)

Figure I.4 : Spectre , 7 [FIS80]

L’énergie maximale du positron est également comprise entre quelques keV et


quelques MeV [FIS80]. Après avoir été ralentie dans la matière, la particule β+ s’annihile avec un
électron atomique, donnant lieu à deux rayonnements γ de 0.511 MeV chacun partant dans deux
directions opposées. Le positron, à la différence du négaton (électron), possède une autre propriété
spécifique, son existence éphémère prend fin en rencontrant un négaton sur son chemin.
En médecine nucléaire, les émetteurs de positrons sont d’utilisations diverses, sous forme de
radionucléides en source non scellée (radiopharmaceutique) à travers la technique d’imagerie
fonctionnelle Tomographie par émission de positron (TEP), d’une part de l’intérêt diagnostique de
la détection et d’autre part thérapeutique, en apportant des informations précieuses aux
radiothérapeutes dans la localisation tumorale. L’intérêt principal de ces émetteurs est dûe à
l’énergie des photons gamma issus de l’annihilation des positrons émis par le radionucléide
caractérisés par une énergie cinétique d’émission et d’un libre parcourt avec les électrons du milieu
détecté lors de l’examen. Le principe fondamental de cette technique étant la détection simultanée
de ces deux photons gamma de l’annihilation du positron avec l’électron de la matière, fait de la
TEP une technique intrinsèquement quantitative.
Les caractéristiques des principaux émetteurs de positron utilisé en médecine nucléaire en
diagnostique in vivo sont illustrées dans le tableau I.4.

12
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Tableau I.4 : Les radionucléides émetteurs de positrons les plus utilisés en médecine nucléaire et leur
énergie [DEL02 ; REY07 ; AUB06 ; DRE02]

β
Radionucléides périodeT1/2(min) + Emission gamma
Energie (max) keV
(%) (keV)

F-18 109.8 634 200 511

Cu-64 762 578-653 36 511

I-124 100,3 1532-2135 46 511

63 603

Y-86 14,7 1221-1545 64 511

1988-3141 82 1077

Ru-82 0,02 (75s) 730 42 511

62 555

84 777

Fe-52 8,3 804-2633 305 511

N-13 9.97 1199 200 511

C-11 20.4 960 200 511

O-15 2.04 1732 200 511

Les radionucléides les plus utilisés sont F-18, C-11, N-13 et O-15 alors que les plus
prometteurs sont le cuivre-64 (période de 12 heures), l’iode-124 (période de 4,1 jours) et l’yttrium-
86 (période de 15 heures). Ces 2 derniers radionucléides posent néanmoins des problèmes de
radioprotection du personnel encore plus importants du fait principalement d’un pourcentage
d’émission non négligeable de photons gamma de haute énergie, venant s’ajouter au rayonnement
photonique de 511 keV [AUB06 ; DRE02].

 LE FLUOR-18(18 F)

Le Fluor 18 est un radionucléide artificiel découvert en 1937, développée à partir


18 20 18
des années 80. Le F peut être obtenus par les réactions nucléaires Ne (d,α) et O(p,n) dans un
cyclotron médicale en bombardant des noyaux voisins du fluor dans la classification périodique
(Oxygène, néon) par un faisceau de protons ou de deutons d'énergie moyenne (10 à 16 MeV)
[LEB98]. Le positron émis s’annihile avec un électron du milieu (tissu humain), pour donner deux
photons gamma de 511 keV, sa période radioactive est de 110 min et son descendant et18O (Voir
figure I.5), qui est un élément stable, utilisé pour le marquage des molécules biologiques pour des
butes diagnostiques.
13
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010
18
F 1,655 MeV

β
+
Ec

18
O (stable)

Figure I.5 : Schéma de désintégration de 18F [ICR02]

I.3.1.3. LE RAYONNEMENT ALPHA (α)

Il s'agit de particules semblables à des noyaux d'hélium (2 protons + 2 neutrons), symbolisée


par α, = , >. Ce rayonnement est très peu pénétrant, ses caractéristiques peuvent se résumer en :
la masse 6.6 10-24 g, la charge +2e. Plus de 100 émetteurs sont identifiés, artificiels ou naturels, dont
46 sont des émetteurs lourds (Z>82) [FIS08]. L’énergie de ces rayonnements pour la plupart est
comprise entre 4 et 10 MeV. Certaines transitions α aboutissent directement au niveau fondamental
du noyau dérivé (A-4, Z-2) d’énergie correspondante à l’énergie de la transition disponible (figure
I.6(a)). D’autres, par contre, aboutissent à un niveau excité, qui subit alors une transition γ de
désexcitation complémentaire. Plusieurs niveaux intermédiaires sont quelquefois observés auxquels
correspondent, au lieu de la raie unique du premier cas deux ou plusieurs raies, complétées par des
raies γ (figure I.6(a)).

E A, Z E1
α3
α2 E3
α γ3
E2
α1 γ1 γ2
0 O 0

(a) (b)
Figure I.6 : Transition α

(a) Spectre simple = pur; l’énergie de la raie unique Eα=E


(b) Spectre complexe ; E (= 1)=E1 ; E (= 2)=E1-E2 ; E (= 3)=E1-E3 ; ces deux transitions sont suivies
d’émission de γ de désexcitation.

Les tests d’utilisation de radionucléides, autres que ceux déjà utilisés en médecine nucléaire,
continuent de par le monde. Ainsi, une classe de radionucléides émetteurs de particules alpha (α) est
actuellement en cours d’évaluation préclinique et clinique aux USA et en Europe pour être utilisée
en Irrathérapie tels que le Bismuth-213 et l’Astate-211 qui ont de courtes périodes physiques
(45 minutes et 7.2 heures respectivement) et l’Actinium-225 et le Radium-223 qui ont des périodes
14
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

plus longues (10 et 11.4 jours) [BAU06]. Une étude préclinique avec du chlorure de radium-223
pour le traitement antalgique des métastases osseuses des cancers de la prostate est également à un
stade avancé [AUB06].

I.4.1.4. LE RAYONNEMENT ELECTROMAGNETIQUE (γ, RX)

Si dans le noyau des neutrons et des protons sont en déséquilibre par raison d’un excès
d’énergie, un réarrangement aura lieu en émettant une énergie électromagnétique sous forme de
photon. Ce rayonnement caractérise la transition radiative d’un noyau excité ; c’est un mécanisme
de désexcitation nucléaire. Cette transition du niveau excité au niveau fondamental peut s’opérer,
soit directement, soit en plusieurs étapes soit concurremment en une et en plusieurs étapes. Quel
que soit le cas, on est en présence d’un spectre de raies autrement dit le spectre photonique discret
(voir figure I.7).

E1 E1
?
?
E2
?
0 0
(a) (b)
Figure I.7 : La transition des gammas [FIS80]

(a) : raie unique ; E(γ)=E1


(b) : deux raies en cascade ; E (γ1)= E1- E2 ; E (γ2)=E2

Les rayonnements gamma sont identiques aux ultraviolets, à la lumière, aux infrarouges et
aux ondes radios, ils se déplacent à la vitesse de la lumière c = 3.10+8 m/s. Les photons qui
composent le rayonnement n’ont ni masse, ni charge, ils transportent de l’énergie. Leur pouvoir de
pénétration leur permet de traverser des plaques en Plomb et bien sûr le corps humain. Le
radionucléide caractérisé par cette émission le pus répandu en médecine nucléaire est 99mTc pour les
actes diagnostiques (Voir figure I.8).
99m
Tc 0.1427 MeV
?
0.140 MeV
?
?

99
Tc 0 MeV

Figure I.8 : La transition gamma de 99mTc utilisé pour les actes diagnostiques

15
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Pour ce qui est du rayon X, c’est un rayonnement identique au rayonnement gamma mais
moins énergétique, il diffère de ce dernier par son mode de production :
a. Rayonnement de freinage qui résulte du passage d’un électron à proximité d’un noyau, il
subit, sous l’influence du champ électrique, une déviation de sa trajectoire ; il freine ; une partie
de l’énergie ainsi perdue se retrouve dans l’émission d’un photon X (Voir figure I.9).

Photon X (E-E’)
Electron

E
-e Direction initiale de
l’électron incident
Noyau (+Ze) E’

Trajectoire de l’électron

Figure I.9 : Production de photon X par freinage [FIS80]

b. Photon X qui résulte du changement d’énergie des électrons de l’atome. Lorsqu’on


bombarde un atome par un rayonnement et qu’un électron des couches les plus profondes
est éjecté, un électron des couches superficielles vient combler le trou, il y a donc un gain
d’énergie qui s’exprime sous forme de photon X (Voir figure I.10).

Photon

2ème orbite (L)


(e-) éjecté
1ère orbite (K)

Rayonnement
Noyau

Figure I.10 : Production des photons par réarrangement des électrons atomiques [FIS80].

c. La capture électronique (CI) contribue aussi à la production de photon X. Dans ce cas, un


proton du noyau capte un des électrons de la couche la plus proche de l’atome (couche K). Un
électron de la couche L passe alors sur la couche K pour le trou puis M sur L etc.…La variation
d’énergie au cours de ce réarrangement est alors compensée par l’émission de photon X.
d. Un rayonnement γ émis par un noyau peut éjecter un électron de la couche K ou L, M,
N…..Celui-ci est remplacé par un autre, moins lié, d’une couche supérieure avec émission de
photon X.
16
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Les radionucléides émetteurs des rayonnements gamma (γ) et X sont également utilisés en
99m 131 201
médecine nucléaire dans un but diagnostique tel que Tc, I, Tl, 153Sm, 67
Ga, grâce à leurs
énergies élevées qui permettent une détection de l’extérieur du corps (Tableau I.5).

Tableau I.5 : Les émetteurs gamma et RX utilisés en médecine nucléaire pour le diagnostique [DEL02]
99m 131 153 201 67
Radionucléides Tc I Sm Tl Ga
Energie (keV)
(γ, X)
E1 18 (Xk) 284 (γ) 41* (γ) 71*(Xk) 93*(γ)
E2 21 (Xk) 365*(γ) 47(γ) 135(γ) 185(γ)
*
E3 141 (γ) 637 (γ) 103(γ) 167(γ) 300(γ)
*
L’émission la plus probable

I. 5. L’INTERACTIONS DES RAYONNEMENTS AVEC LA MATIERE

Lors du passage des rayonnements à travers la matière, ils interagissent avec les électrons et
les noyaux des atomes du milieu traversé. A la suite de ces interactions, une particule peut céder
toute son énergie au milieu (absorption) ou elle peut changer de direction (diffusion) avec perte
d’une partie de son énergie (diffusion inélastique) ou sans perte d’énergie (diffusion élastique)
[BER07 ; FIS80]. Ces interactions conduisent à un transfert d’énergie du rayonnement à la matière.
On distingue deux classes de radiations en fonction de la nature de leur interaction avec la matière
[POD05] :

1. Les rayonnements directement ionisants, qui comprennent toutes les particules chargées y
compris les rayonnements (,  ,, 7 ) ; ces particules subissent un freinage continu dans la
matière, dû à un grand nombre de petites interactions ;
2. Les rayonnements indirectement ionisants, qui comprennent toutes les particules non
chargées (photons, neutrons) ; ces particules subissent des modifications majeures de leur
trajectoire et de leur énergie à la suite d’interactions rares, mais importantes.

Typiquement, ces particules peuvent parcourir de longues distances sans interaction et


disparaître lors d’une seule interaction.

17
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

I.5.1. L’INTERACTIONS DES PARTICULES CHARGEES

Les particules chargées qui pénètrent dans la matière interagissent avec les électrons
proches de leur trajectoire. Les deux particules étant chargées, les interactions sont de type
électromagnétique et conduisent à une attraction ou une répulsion. Beaucoup de très petites
interactions ont lieu continuellement le long de la trajectoire, ce qui a comme un effet de freinage
permanent des particules chargées. Lorsque ces particules auront perdu toute leur énergie, elles
s’arrêtent. Par conséquent, le parcours des particules chargées dans la matière est limité. La
médecine nucléaire se base sur cette propriété pour les traitements thérapeutiques des cellules
cancéreuses par l’utilisation de radionucléides émetteurs d’électrons. Quand un traceur a une grande
spécificité de fixation tumorale, il peut être à l'origine d'une méthode de radiothérapie interne dite
aussi métabolique. Le traceur est alors utilisé comme tel, mais à haute activité. C'est le cas
de l'Iode- 131 (606 keV (90%)) utilisé dans les cancers de la thyroïde [LIE88].

I.5.2. L’INTERACTION DES PHOTONS

Le comportement des photons est radicalement différent de celui des particules chargées.
L’interaction n’a plus un caractère obligatoire mais est soumise au hasard car les photons
parcourent de grandes distances entre deux collisions. En traversant un milieu, un photon peut ou
non interagir ; donc dans le cas d’un faisceau photonique intercepté par un milieu matériel, un
certain nombre des photons du faisceau traversent ce milieu sans avoir réagi.
Diverses modalités d’interaction sont possibles, chacune caractérisée par une probabilité lui
correspondant et qui dépend de l’énergie du photon et de la nature du milieu. Des différentes
interactions théoriques possibles, les plus importantes sont au nombre de trois, deux avec les
électrons et la troisième avec le noyau.

I.5.2.1. LES MODES D’INTERACTIONS DES PHOTONS

a. L’EFFET COMPTON
Cet effet a été prédit par Einstein et calculé en 1922 par Compton [BER07]. Le processus se
réalise par la rencontre du photon incident d’énergie E= h0 avec un électron orbitale périphérique
dit peu lier, diffusé d’un angle @ par rapport à sa direction originale et cède une partie de son
énergie à un électron du cortège électronique. L’électron cible est extrait du cortège avec une
énergie cinétique Te et dans une direction déterminée avec un angle φ (Voir figure I.11). L’énergie
du photon incident E= hA , se distribue sur le photon diffusé, Eγ=hA ′ et sur l’électron éjecté de
Compton, note Te (énergie cinétique). Au cours de ce processus, il y a conservation d’énergie et de
la quantité de mouvement (relation I.10). En négligeant la liaison de l’électron dans l’atome,
l’énergie cinétique de cet électron vaut (relation I.11) :
18
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

#2  9 B 9C  DA B DA E (I.10)

F
#2  (I.11)
7
G HIJKL!

F
Avec : M  représente le rapport entre l’énergie du photon incident et celle de la masse de
:N O 

l’électron. Dans le cas d’un photon d’énergie de 511 keV, M  1.


L’énergie acquise par l’électron est maximale lorsque QRS@  B1 c’est-à dire @  T.

L’énergie du photon diffusé est donc inferieure à l’énergie du photon initiale : 9C  9 B #2 ;


Corrélativement, il y a accroissement de la longueur d’onde du photon diffusé : "E U " . Par
conséquent, la relation entre la longueur d’onde du photon incident " et celle du photon diffusé est
donnée par la relation (I.12).

V
"E B "  : O 1 B QRS@! (I.12)
N

La probabilité de l’effet Compton, que l’on caractérise par la section efficace Compton est
fonction de l’énergie de photon incident E= hA et de la nature du milieu [FIS80 ; REY07].

=Eγ
E=

Te

Figure I.11 : Effet Compton [REY07]

La section efficace Compton (WO ) entre un photon et un électron libre est établie par Klein et
Nishina [REY07]. Pour un milieu de numéro atomique Z, nous pouvons admettre que chaque
électron contribue à la section efficace totale de la même manière, la section efficace Compton par
atome devient donc :

19
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

WOX:YXZ = Z WO (I.13)

Cette fonction décroit avec l’énergie plus lentement que celle qui représente la section
efficace de l’effet photoélectrique, elle est par ailleurs proportionnelle à Z/A [REY07], donc dépend
peu du milieu. Pour minimiser la diffusion Compton au profit de l’effet photoélectrique, il convient
donc d’utiliser préférentiellement un matériau à Z élevé comme dans le cas du Plomb (Z=82) utilisé
dans la plupart des équipements de protection afin d’absorber les rayonnements (tablier en plomb,
les contenir etc...).

b. L’EFFET PHOTOELECTRIQUE

L’effet photoélectrique a été expliqué par Einstein en 1905 [BER07], l’effet photoélectrique
est un processus d’absorption totale d’un photon d’énergie 9C  DA par un électron atomique,
lequel acquiert une énergie cinétique Te qui représente l’énergie suffisante pour être éjecté de son
atome (relation I.14). La figure I.12 illustre ce processus.

#2  9C B [2  D0 B [2 (I.14)
Où We est l’énergie de liaison de l’électron dans l’atome ; elle est comprise entre 0.01 et 100 keV
selon l’atome cible et la couche occupée par l’électron atomique [REY07 ; BER07 ;
FIS80 ; HAB06].
La section efficace (probabilité) relative à l’effet photoélectrique présente une dépendance
]
 
en \ 9  [REY07]. Elle est d’autant plus grande que Z est plus élevé, ce qui favorise le
phénomène à basse énergie et dans les milieux lourds.

Te

Figure I.12 : Effet photoélectrique [REY07]

20
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

c. L’EFFET DE MATERIALISATION

Lorsque l’énergie du photon incident est supérieure à 1.02 MeV, c’est-à-dire que l’énergie E
du photon est plus grande que deux fois la masse de l’électron au repos (2m0c2 =1.02 MeV), le
photon pénètre dans le champ électromagnétique intense qui règne au voisinage d’un noyau, il
disparait en se matérialisant en une paire électron-positon (,  , , 7 !. Ce processus est illustré dans
la figure I.13. Bien que ces deux particules soient créées au détriment de l’énergie du photon, la
section efficace croît avec l’énergie du photon E.

E-
^
Photon Négaton (électron de matérialisation
(h0! incident

Positon 511keV
180°
^7
E+
Noyau +ze e-
Annihilation

511keV

Figure I.13 : Matérialisation par formation de paire

L’énergie cinétique totale des deux électrons (  ,  7 ! appariés est 9  D0  1.02 bc; elle
est distribuée de façon quelconque entre eux. Ces électrons sont émis vers l’avant ; l’angle qu’ils
font avec la direction du photon incident est d’autant plus petit que l’énergie du photon est plus
élevée.
La probabilité de cet effet de matérialisation est nulle tant que D0 d 1.02bc , elle croît
avec l’énergie et peut dépasser celle de l’effet Compton. Par ailleurs, elle est proportionnelle à Z2 ;
elle est plus appréciable pour les éléments légers que pour des énergies considérables.

d. LA DIFFUSION RAYLEIGH

La diffusion Rayleigh est aussi appelée diffusion cohérente car il s’agit d’un choc élastique
d’un photon avec un électron fortement lié à l’atome. Dans ce cas, l’électron reste lié à l’atome
puisque l’énergie de liaison de l’électron est élevée et c’est l’atome entier qui stocke l’énergie de
choc du photon. Ainsi, dans une diffusion Rayleigh, une importante quantité de mouvement peut
être échangée entre le photon incident et l’atome cible sans échanger pratiquement aucune énergie.

21
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

À la fin, le photon se trouve dévié de sa trajectoire initiale, ce qui confère à l’effet Rayleigh
son importance (Voir figure I.14). Ce type d’interaction est fréquent pour des milieux de numéro
atomique élevé et pour des photons d’énergie faible. Cet effet est souvent négligé en TEP ; par
exemple, dans le NaI et pour une énergie de 140 keV, l’effet Rayleigh représente seulement 6% des
interactions dans le cristal, ce qui est négligeable face à l’effet photoélectrique et la diffusion
Compton.

E=hv’

E=hv0

Figure I.14 : Diffusion Rayleigh

I.5.2.2. LA CONTRIBUTION DES EFFETS D’INTERACTION DES


PHOTONS AVEC LA MATIERE

Pour un milieu quelconque, il existe pour chacun des trois effets, un domaine d’énergie où il
est prépondérant, c’est-à-dire où le nombre d’interactions correspondantes l’emporte sur celui des
deux autres. Ainsi, pour certains matériaux tels que le Plomb, le Tungstène et le PMMA utilisés
souvent comme écrans de protection contre les rayonnements (?, ,, , =! soit en médecine nucléaire
ou ailleurs, on se base sur ces trois effets. Pour le plomb par exemple, l’effet photoélectrique
l’emporte sur les autres au-dessous de 500 keV et l’effet de matérialisation prédomine au-delà de
5 MeV [POU00]. Pour les éléments légers (Carbone, Oxygène, Azote), matérialisation et
absorption photoélectrique, sont négligeables devant l’effet Compton de 50 keV à 20 MeV. La
figure I.15, reporte les trois processus d’interaction des rayonnements avec le milieu traversé en
fonction du numéro atomique (Z) et de l’énergie des photons en (MeV).

22
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Figure I.15 : Importance relative des trois modes d’interaction des photons avec la matière

en fonction de Z et de l’énergie du photon incident [POU00 ; SEL06].

I. 6. LA DETECTION ET MESURE DES RAYONNEMENTS IONISANTS

L’interaction des rayonnements ionisant avec la matière conduit le plus souvent à un


échange d’énergie avec les électrons du milieu absorbant. Cet échange est direct dans le cas des
particules chargées, et passe par l’intermédiaire du déplacement d’électrons dans le cas des photons.
Le rayonnement pénètre toujours dans un volume sensible, interagit avec le matériau absorbant et
lui cède son énergie en créant tout au long de sa trajectoire un chapelet d’événements discrets
(électrons d’ionisation, photons). La collection de ces événements donne un signal, le plus souvent
électrique, qui repère le rayonnement détecté.
En médecine nucléaire, il est indispensable de connaître avec une grande précision l’activité
administrée au patient, que ce soit pour des applications diagnostiques ou thérapeutiques. Les
principes d’optimisation et de limitation des doses lors des expositions médicales aux rayonnements
ionisant, imposent la mise en œuvre des moyens nécessaires pour maintenir l’activité des
médicaments radioactifs administrés au niveau le plus faible possible, un détecteur appelé chambre
d’ionisation à puits constituant un activimètre est utilisé. De même, l’exploration médicale en
médecine nucléaire utilise les photons gamma émis par une substance fixée dans l’organe exploré.
La mesure externe de ces photons permet l’estimation de la concentration de traceur accumulé dans
l’organe. Les détecteurs utilisés depuis l’avènement de cette discipline, ont été d’abord des
détecteurs gazeux tels le compteur Geiger-Muller ; ils ont aujourd’hui cédé la place à des détecteurs
solides dont le plus répandu est le cristal NaI(Tl) (Iodure de sodium dopé au thallium) [FIS80].
Actuellement, les rayonnements ionisant émis par les isotopes contenus dans l’organisme sont
généralement détectés par des caméras à scintillation.

23
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Pour comprendre le principe de fonctionnement de ces instruments de détection, il est


nécessaire de comprendre le principe physique des détecteurs à Ionisation des gaz, à Scintillation, à
Thermoluminescence ainsi que à émulsion nucléaire (films photographique).

I.6.1. LES DETECTEURS A IONISATION

Constitué de chambres comportant deux électrodes polarisées délimitant un volume gazeux


dans lequel les particules chargées provoquent des ionisations. Les électrons et les ions sont
collectés sous l’action du champ électrique crée entre les électrodes, un signal électronique apparaît
alors aux bornes du circuit disposé entre les deux pôles [FIS80]. L’amplitude de l’impulsion est
alors proportionnelle au nombre total d’ions. Ce même principe appliqué par l’activimètre pour la
mesure de l’activité des différents radionucléides utilisés.

I.6.2. LES DETECTEURS A SCINTILLATION

Le principe consiste à exciter des atomes ou des molécules d’un milieu détecteur qui ayant
absorbé de l’énergie, la restitue sous forme de photons. L’un des modes de désexcitation est la
fluorescence : émission quasi instantané de photons d’énergie constante, caractéristique du premier
niveau d’excitation de l’atome ou de la molécule utilisée. La collection de ces photons par un
photomultiplicateur permet de constituer un signal dont l’amplitude est proportionnelle à l’énergie
de la particule.
Les scintillateurs utilisés en imagerie médicale sont généralement de type
cristal inorganique. Lorsqu’un rayonnement électromagnétique ionisant interagit avec ce cristal, une
fraction du rayonnement est en général absorbée par effet photoélectrique. Cette absorption
engendre des excitations électroniques, donnant lieu à leur tour à la formation d’électrons et de
trous électroniques qui peuvent transférer leur énergie à des centres luminescents. La figure I.16
représente le principe de détection.

Figure I.16 : Le principe du détecteur à scintillation [REY07]


24
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Un détecteur à scintillation est constitué essentiellement de deux éléments distincts (figure I.16) :
a. Le scintillateur (photons γ vers photons lumineux) : bloc de matière luminescente (cristal)
qui, lorsqu’il est traversé par un photon cédant toute son énergie par effet photoélectrique, un
photon-électron est éjecté à une énergie suffisante pour provoquer à son tour l’expulsion de
nombreux autres électrons dans le cristal. Un photon de fluorescence est émis pour chaque
photoélectron expulsé ; on obtient ainsi un ensemble de photons lumineux, c’est la scintillation.
b. Le photomultiplicateur (photons lumineux vers signal électrique) : Il s’agit d’une ampoule
en verre contenant principalement une photocathode, des dynodes et une anode. Lorsque les
photons de scintillation heurtent la cathode, celle-ci émet des électrons à nouveau par effet
photoélectrique. Ces électrons sont accélérés de la photocathode vers la première dynode sous
l’application d’un champ électrique origine de la force électrique. Lorsqu'il heurte la dynode
avec une grande vitesse, l’électron acquiert une énergie cinétique suffisante pour arracher
plusieurs électrons à la dynode, ce phénomène s'amplifie pour atteindre l’anode et donne un
signal. Le tout est monté dans une enceinte étanche à la lumière ambiante. Lorsque la source
radioactive est à l’extérieur, une fenêtre, étanche à la lumière mais transparente au rayonnement
nucléaire, doit être interposée entre la source et le scintillateur [REY07].
Dans la gamme d’énergie qui concerne les scintillateurs (1 keV – 10 MeV), l’absorption
d’un photon du rayonnement incident par la matière donne lieu à trois processus principaux : l’effet
photoélectrique, la diffusion Compton et la création de paires électron-positon [SEL06]. Les
Caractéristiques de la scintillation de quelques matériaux utilisés en imagerie médicale sont
illustrées dans le tableau I.6.

25
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Tableau I.6 : Les caractéristiques de la scintillation de quelques matériaux utilisés en imagerie médicale
[SEL06]

Matériaux R (%)* Y (ph/MeV) ** *** Zeff " émission


(nm)
LaBr3 : Ce3+ 2.7 61000 5.29 47 370
3+
LaCl3:Ce 3.3 41000 3.79 50 340
LuAlO3:Ce3+(LUAP) 15 12000 8.34 65 365
Lu2Si2O7:Ce3+ (LPS) 10 30000 6.2 64 385
YAlO3:Ce 3+ (YAP) 43 21000 5.55 34 350
Lu2SiO5:Ce 3+ (LSO) 7.9 26000 7.4 66 420
3+
Lu1,8 Y 0,2 SiO5:Ce (LYSO) 8.1 34000 7.1 65 420
3+
Gd2 SiO5:Ce (GSO) 7.8 8000 6.7 59 430
NaI:Tl+ 5.6 41000 3.67 51 415
Bi4Ge3O12 (BGO) 9.0 9000 7.13 75 480
CsI:Na+ 7.4 40000 4.51 54 420
CsI:Tl+ 6.6 66000 4.51 54 550
CdWO4 6.8 20000 8.0 64 475
* : Résolution énergétique à 662 keV ;
** : Rendement lumineux ;
*** : Densité (g/cm3).

I.6.3. LES DETECTEURS THERMOLUMINESCENTS (TLD)

Certains solides présentent la propriété d’émettre, si on élève leurs température à une valeur
suffisante, une luminescence dont le matériau préalablement irradié par un rayonnement ionisant.
Dans un cristal parfait, les électrons occupent un certain nombre de niveaux d’énergie qui constitue
ce qu’on appelle une bande d’énergie. Ces niveaux d’énergie sont répartis dans des bandes permises
appelées bande de conduction et bande de valence. Ces deux dernières étant séparées par une bande
interdite dans laquelle les électrons ne peuvent occuper aucun niveau énergétique.

A la température absolue, l’énergie des électrons est minimale (proche de 0), la bande de
conduction est vide contrairement à la bande de valence. A la température ambiante, un électron ne
peut jamais atteindre spontanément la bande de conduction. Cependant, une irradiation externe
dépose de l’énergie dans le cristal, un électron peut recevoir alors une énergie au moins égale à
W1-W2 (Voir figure I.16) suffisante pour passer à la bande de conduction. L’électron devenu libre
peut alors se déplacer dans le cristal en l’occurrence dans la bande de conduction puis il redescendra
quasi instantanément dans la bande de valence, en émettant un photon ce phénomène est une
fluorescence (Voir figure I.17).
26
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Energie

Bande de conduction
W1
La bande
W1-W2=E
interdite
W2

Photon de fluorescence
Bande de valence

W : Energie qu’il faut pour que les électrons passent à la bande de conduction.

W : Energie du niveau fondamental.

Figure I.17 : schémas énergétique d’une fluorescence.

En pratique, un cristal naturel ou synthétique n’est jamais parfait, et présente des défauts (présence
d’autres éléments chimiques, dislocations, lacunes atomiques, etc.). Ces imperfections ou
activateurs conduisent à l’apparition de pièges sous forme des niveaux d’énergie situés dans la
bande interdite. Certains de ces défauts se situent au voisinage de la bande de valence et constituent
donc des pièges pour les trous positifs créés par l’éjection d’un électron sous l’effet d’un
rayonnement incident. D’autres sont situés au voisinage de la bande de conduction considéré
comme des pièges pour les électrons libres éjectés de la bande de valence à la bande de conduction.
Ainsi, si un rayonnement dépose de l’énergie dans le cristal, un électron va monter de la bande de
valence (BV) à la bande de conduction (BC) avec une certaine probabilité de se retrouver ensuite
pris dans un piège introduit par ces impuretés, l’électron se trouve dans un état métastable. Un
chauffage va permettre de libérer l’électron, qui peut descendre dans un centre de recombinaison
radiatif en émettant de la lumière, ce cycle complet donne lieu au phénomène de
radiothermoluminescence (RTL) ou d’une façon plus courante thermoluminescence. Le diagramme
énergétique ci-dessous permet d’expliquer d’une façon simple ce phénomène.

27
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

(1) : Ionisation (2) : Piégeage

(3) : Dépiégeage par chauffage (4) : Recombinaison radiative et émission de lumière


P : piège à électron CR : Centre de recombinaison

Figure I.18 : Diagramme d’énergie du phénomène thermoluminescence [ARN09]

Ces matériaux thermoluminescents sont caractérisés par des pics d’émission lumineuse qui
apparaissent à des températures de chauffage différentes selon les niveaux d’énergies des pièges de
la bande interdite. Ces différents pics représentent la courbe de thermoluminescence propre à
chaque matériau (en anglais Glow curves) voir la figure II.19. Ces
es pics de luminescence
correspondant à l’évacuation des pièges de plus en plus profonds (énergie de liaison de plus en plus
importante). Ce type de détecteurs, grâce à certaines de ses caractéristiques, est très utilisé en
radioprotection pour la surveillance
illance dosimétrique du personnel médical, et en particulier ceux de la
médecine nucléaire (corps entiers, extrémités) ainsi que pour la surveillance de l’environnement des
lieux de travail qui sera traitée dans les chapitre III et IV.

28
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Intensité de la luminescence
Pic V

Pic IV

Pic III
Pic II

Pic I

Température (°C)

Figure I.19 : Les différents pics de la courbe thermoluminescence de LiF : Mg ; Ti

I.6.4. LES DETECTEUR A EMULSION PHOTOGRAPHIQUE (FILM


PHOTOGRAPHIQUE)
Le film photographique est le plus ancien des dosimètres utilisé pour la surveillance
individuelle ou d’environnement notamment en médecine nucléaire. Ils sont constitués des
microcristaux de sel d’argent dispersés dans une gélatine, sous l’effet des rayonnements ionisants
les ions Ag + donnent naissance à des grains d’argent Ag par captation des électrons existant dans la
gélatine sous forme métallique constituant une image latente visible[GAM08].

Un traitement approprié du film révèle l’image définitive sous forme d’un noircissement
visible à l’œil nu. Après l’exposition, le noircissement du film est mesuré avec un densitomètre. La
densité optique, fonction croissante du noircissement du film, est proportionnelle à la dose absorbée
par celui-ci. L’évaluation de la dose absorbée par le porteur de dosimètre nécessite l’étalonnage
d’une série de dosimètre par des rayonnements de référence à des doses connues. Le film n’est pas
équivalent tissu : la présence d’éléments lourds tel l’argent, entraine une absorption par effet
photoélectrique supérieure à celle des tissus à un degré dépendant de l’énergie des photons
incidents. A cet effet, des écrans sont ajoutés permettent de remédier à ces différences (figure
I.20). La dose corps entier est déduite à partir de la formule suivante [IMA04]:

DRS  gh B hY i / jhO B hO ! / Qhk (I.15)

Avec : DN, DP, Dc2, Dc6,, DS, les valeurs de doses estimées sous les plages Nue, Plastique,
Cuivre 0.2mm, Cuivre 0.6mm et enfin plage étain respectivement. Les facteurs a, b, c sont calculés
expérimentales à partir de la courbe d’étalonnage.

29
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Boîtier : plastique Traces des


(300mg/cm²) filtres après
TLD
irradiation

Filtre

Film

Figure I.20 : Dosimètre photographique et l’image du film après exposition et développement

I. 7. LES APPLICATIONS DES RAYONNEMENTS IONISANT EN MEDECINE


NUCLEAIRE

La médecine nucléaire est une discipline médicale utilisant l’administration d’éléments


radioactifs à des fins diagnostiques où thérapeutiques, qui apporte aux thérapeutes une aide
considérable. Elle est fondée sur la propriété qu’ont certains radionucléides où certaines molécules
marquées de se concentres naturellement dans un organe, dont on peut ainsi étudier la phycologie et
les déviations pathologiques. Cette spécialité s’est développée grâce, d’une part, à la possibilité de
produire des radionucléides et d’autre part à la mise au point des moyens de mesure et de détection
appropriées (Gamma caméra, SPECT, TEP, CT) permettant de suivre et d’enregistrer le
cheminement d’un corps radioactif dans l’organisme humain.

I.7.1. LE RADIOPHARMACEUTIQUE

L’intérêt d’un isotope radioactif d’un élément donné est de présenter les mêmes propriétés
chimiques que celui-ci, d’émettre des rayonnements du fait de l’instabilité de son noyau, il permet
de suivre le comportement des atomes stables d’une réaction biochimique ou physiologique. Ces
produits radioactifs administrés à l’être humain dans le but diagnostique ou thérapeutique sont
considérés comme des médicaments appelés Radiopharmaceutiques ou Traceurs constitués d’un
vecteur de type moléculaire ou cellulaire représentant la substance endogène qui peut être évaluée
par la méthode de détection des rayonnements sur lequel se fixe un atome radioactif d’intérêt
(Voir figure I.21).

30
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

.DRlR γ

Molécule vecteur

Isotope radioactif émetteur γ

Figure I.21 : Le schéma de la structure d’un traceur ou radiopharmaceutique

Les radiopharmaceutiques peuvent être classés selon :

 Leurs propriétés physico-chimiques (période physique, radiotoxicité, période


biologique) ;
 La méthode de production ;
 Le mode de livraison aux utilisateurs.
Par des raisons de contrôle de qualité, la classification relative au mode de production et de
distribution du radiopharmaceutique s’est avérée la plus efficace [KRI87 ; SAI96]. A cet effet, on
peut les classer en cinq catégories :

1. Produit prêt à l’emploi qui est délivré au service de médecine nucléaire par le service
spécialisé du commissariat à l’énergie atomique, prêt pour une administration immédiate
aux patients tels que 201Tl ,131I et 67
Ga et d’autres de période moyenne ou longue (Tableau
I.7 et I.8).
2. Générateur de radionucléides : Un système automatique hautement protégé qui permet
d’obtenir une solution stérile de radionucléide fils à partir de son ascendant. Le plus connu
est le générateur de 99mTc (Technétium) descendant du 99Mo (molybdène). Un radionucléide
99m
radioactif qui se transforme en Tc avec une période T1\2=6 h. Comme ces deux
radionucléides ont des propriétés différentes, leur séparation étant plus facile. On dispose
ainsi d’une source de 99mTc qu’on élue au moment désiré.
3. Radionucléides produit localement : Cette catégorie concerne les produits dérivés des
matières premières par un cyclotron qui sont soit stable ou radioactif, à l’intérieur ou à
proximité de l’hôpital. Ils sont caractérisés par des périodes courtes comme dans le cas des
émetteurs de positon tels que 124I (T1\2 =100.3h), 18
F (T1\2=1.83h) ,11C (T1\2=20.4 min),
13
N (T1\2=9.97 min) [AUB06].

31
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

4. Echantillons biologiques marqués tels que des cellules, molécules prélevées sur patient qui,
une fois marquées, sont administrées à ce même patient ;
5. Molécules prêtes à être marquées (vecteur) : Comme des molécules chimiques ayant la
caractéristique de se fixer sur des organes bien définis qui, une fois marquées, sont
administrées au patient telles que DMSA, MAG3, DTPA, HMDP, MIBG, etc.

I.7.2. LES CRITERES DU CHOIX DU RADIOPHARMACEUTIQUE

Les radiopharmaceutiques injectés dans l’organisme, se comportent comme des


microémetteurs de radiations électromagnétiques X et γ invisibles pour l’homme mais détectables
par les caméras à scintillation capables de pallier la carence de nos organes des sens dans le cas des
actes diagnostiques. Par contre, pour les actes thérapeutiques, ces radiopharmaceutiques émettent
des rayonnements sous forme de particules chargées (β et électrons! qui ont pour but la destruction
des tissus tumoraux en déposant leurs énergies sur un faible parcours.

Le choix d’un radiopharmaceutique (traceur) repose sur son affinité sélective ou


préférentielle pour l’organe exploré ou traité. L’affinité peut être liée à un métabolisme cellulaire et
implique le recours à des traceurs spécifiques de l’organe considéré, comme dans le cas de l’iode
pour la thyroïde. Le choix du radiopharmaceutique est d’une importance capitale en médecine
nucléaire qu’il soit dans un but diagnostique ou thérapeutique. Il dépend de certains critères tels
que :

• La forme chimique à travers la molécule chimique utilisée. L’acte diagnostique n’aura pas
de sens que si le radiopharmaceutique choisi se fixe sélectivement sur les organes que l’on souhaite
explorer en diffusant le moins possible dans le reste de l’organisme pour le diagnostique et efficace
dans le cas thérapeutique. La qualité du marquage de la molécule est importante car si l’élément
radioactif se détache de son substrat, il y a diffusion de la radioactivité dans tous les organes
voisins ;
• La nature de rayonnement émis par le radiopharmaceutique. Il est primordial de faire appel
aux émetteurs des rayonnements γ et X pour les actes diagnostiques, au lieu des bêtas (,! qui sont
absorbés à proximité du point d’émission. De plus, les bêtas perdent leur énergie de façon localisée
au niveau de l’organe cible où le produit radiopharmaceutique sans permettre d’obtenir une image
exploitable. Or, une image de bonne qualité est plus que nécessaire pour un bon diagnostique et par
conséquent la réussite du traitement thérapeutique ;

32
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

• L’énergie du radiopharmaceutique qui doit être suffisamment importante (> 20 keV) pour ne
pas être absorbé par les tissus et permettre la détection des lésions ou organes profonds, et en même
temps pas trop élevé (< 600 keV) pour permettre une détection optimale pour les actes
diagnostiques. L’énergie pour être adaptée aux gammas caméras, doit être idéalement comprise
entre 100 et 300 keV [HUS98]. De plus, il faut tenir compte de la sensibilité du cristal détecteur en
fonction de l’énergie (Voir tableaux I.4 et I.5). Par contre, pour les actes thérapeutiques pour la
destruction des cellules cancéreuses, l’iode-131est toujours le plus utilisé mais il tend à être
remplacé par l’Yttrium-90 (90Y) émetteur bêta pur avec des énergies bêta de 606 keV (90%),
2284 keV (100%) [AUB06].

• La période du radiopharmaceutique pour laquelle sa disparation de l’organisme vivant soit


par désintégration radioactif liée à la période physique (T1/2), soit par élimination biologique liée à
la période biologique (Tb) caractéristique du vecteur considéré. Cette dernière période représente le
temps au bout duquel la moitié de l’activité d’un élément a été éliminée d’un organe ou de
l’organisme, par des processus physiologiques. Les images obtenues en scintigraphie représentant la
variation du taux de détection et de l’intensité d’irradiation de l’organisme est le résultat de la
désintégration physique et biologique. A cet effet, elle dépend de la période englobant les deux
désintégrations nommée période effective Teff définie par :

  
 / (I.16)
uNvv u $ uw


Teff est toujours inférieure à la plus petite des deux périodes Tb et T1/2.

Pour être utilisable en médecine nucléaire, les radionucléides doivent avoir une période
physique suffisamment longue pour permettre une exploration correcte d’un organe ou l’étude d’un
métabolisme mais aussi suffisamment courte pour ne pas entraîner une irradiation excessive du
patient, inutile et nuisible ;

• La pureté chimique du radiopharmaceutique est définie par le rapport, exprimé en


pourcentage, de la radioactivité du radiopharmaceutique considéré à la radioactivité totale de la
source [HUS98]. Il est important que le radiopharmaceutique soit pur, les contrôles de qualité
permettent la mise en évidence des erreurs d’isotope, la présence d’impuretés (99Mo dans 99m
Tc,
202 201 124 123
Tl dans Tl, I dans I,...) qui auraient comme conséquences des irradiations anormalement
élevées du patient susceptible d’entraîner des fixations anormales et un comportement métabolique
anormale, ainsi que des images de mauvaise qualité liées aux caractéristiques des impuretés.

33
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

La contamination par les impuretés doit être aussi faible que possible. Comme dans le cas du 99mTc
par exemple où seulement 0,1% de la radioactivité 99Mo doit se trouver dans une solution de 99mTc
[HUS98].
99m
Il faut noter que 80% des actes diagnostiques conventionnels sont réalisés à l’aide du Tc
qui rapporte de l’efficacité de détection à l’activité administrés. Le premier objectif d’une telle
sélection est d’aboutir au résultat désiré tout en maintenant les risques encourus par le patient et le
personnel aussi bas que raisonnablement possible (ALARA) [ICR90]. L’évolution des applications
18
diagnostiques ont été étendues aux années 2000 au F [AUB06] en France notamment et dans
18
d’autres pays. Les premières molécules marquées au F ont été synthétisées à la fin des années
1970 [REY07 ; REI79]. À la même époque, ont été construits les premiers tomographes à émission
de positrons (caméras TEP) utilisables dans un environnement clinique [POG75]. Le 18F-FDG, ou
2-[18F] fluoro-2-désoxy-D-glucose est le plus important radiopharmaceutique marqué par un
émetteur de positron. L’estimation de la fréquence d'utilisation des autres radiopharmaceutique
utilisés en Tomographie par Emission de Positrons (TEP) atteint seulement 10 % de la fréquence du
FDG [LEB98]. La molécule Fluorodéoxy-D-glucose est obtenue par le marquage de la molécule
du sucre glucose par l’élément radioactif 18F (figure I.22).
18
L’utilisation de cette molécule F-FDG en oncologie présente les indications les plus
prometteuses pour la détection des tumeurs ou la mesure de leur activité métabolique, ce traceur va
permettre de différencier une cellule normale d’une néoplasique car une cellule maligne aura une
augmentation de son métabolisme en glucose. En conséquence, le traceur injecté se fixera en
quantité plus importante sur les cellules malades [DET98].

Figure I.22 : La molécule 18F-FDG [LEB98]

34
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

I.7. 3. LE TYPES D’APPLICATIONS DES RADIOPHARMACEUTIQUES

Les applications peuvent être regroupées en trois : diagnostique et exploration


fonctionnelles ; thérapeutique et expérimentale.

I.7.3.1. LES APPLICATIONS DIAGNOSTIQUE ET EXPLORATION


FONCTIONNELLE

L’établissement d’un diagnostic, commence par la recherche des radionucléides appropriés pour
l’exploration de l’organe d’intérêt, comme cité précédemment, (paragraphe V.1, &2), afin de
l’introduire dans la molécule ou un vecteur de marquage convenable. L’examen pratique s’effectue
sur le patient de deux façons : soit directement en l’administrant au patient « diagnostique in vivo »,
soit par un dosage d’un échantillon biologique marqué telle que des cellules ou molécules prélevées
du patient, en particulier en hormonologie « diagnostique in vitro ».

a. DIAGNOSTIQUE IN VIVO

La répartition des traceurs radioactifs émetteurs γ dans un organe est obtenue par détection
externe en moyen d’une scintigraphie à scintillation couplée à un sélecteur d’amplitude qui permet
de compter les impulsions, donc de dénombrer les photons. Les rayonnements émis au niveau des
organes sont de même nature que ceux utilisés en radiologie conventionnelle avec le faisceau RX, la
différence est qu’en médecine nucléaire la source de rayonnement étant l’organe cible à l’intérieur
du corps non pas à l’extérieur.

Pour pouvoir comparer les deux modalités de diagnostique in vivo, on doit parler du même
flux de photons. Par conséquence, ceci nécessiterait l’injection de quantités importantes de produit
radiopharmaceutique au patient ce qui pose un problème de radioprotection pour les opérateurs, le
public et le patient lui-même .Or, comme cité précédemment, la source est située à l’intérieur du
patient et le temps d’élimination biologique se chiffre en minutes, voire en jours et même en mois
pour certains radiopharmaceutiques. L’une des caractéristiques pour le choix du
radiopharmaceutique est son pouvoir d’être détectée depuis l’extérieur du corps au moyen d’une
caméra scintigraphique.

b. DIAGNOSTIQUE IN VITRO

Les applications in vitro consistent à ajouter un radiopharmaceutique (marqué par un


125
radionucléide généralement I) à l’échantillon biologique sanguin, urinaire ou salivaire prélevé
sur patient. La technique radio-analyse se base sur le principe de compétition entre les anticorps,
antigène marqués à un radionucléide, elle représente la technique de référence pour les applications
diagnostique in vitro. Cette technique couvre : la Radio-Immuno-Analyse destinée
35
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

pour l’hormonologie pour différents bilans : bilan thyroïdien, bilan de fertilité, bilan de la
croissance, bilan androgénique et bilan d’obésité, ainsi que pour les marqueurs tumoraux : dépistage
précoce et suivi en oncologie.

I.7.3.2. LES APPLICATIONS THERAPEUTIQUES

Le principe est le même que celui de l’exploration in vivo, elle repose sur la sélectivité des
radionucléides vis-à-vis d’organe ou d’une pathologie. L’objectif est la destruction des cellules ou
des tissus cancéreux en irradiant le moins possible les tissus sains du voisinage. La différence
fondamentale réside dans le type d’émetteur considéré qui doit être sélectif et efficace et dont le
parcours moyen est faible afin de déposer l’essentiel de leur énergie au contact du tissu cible.
L’efficacité de traitement par ce type de radiopharmaceutique peut être influencée par plusieurs
paramètres tels que :

a. le taux de fixation de radiopharmaceutique par l’organe ou tissu et sa concentration ;


b. la masse de l’organe car une grande masse nécessite une activité élevée ;
c. la radiosensibilité du tissu ou organe ;
d. la vitesse d’élimination du radionucléide choisi.
Les radionucléides utilisés en thérapie métabolique ainsi que pour des actes diagnostiques in
vivo en médecine nucléaire, sont reportés dans les tableaux I.7 et I.8 respectivement avec leur
énergie, le rayonnement émis, la période physique et leurs champs d’application en tenant compte
des critères de choix cité précédemment.

36
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Tableau I.7 : Les radionucléides les plus utilisés dans les diagnostiques en médecine nucléaire
[SAI96 ; DEL02 ; GAM08]
Radionucléide Période Energie Probabilité de Applications
désintégration
T1\2 (MeV) (%)
99m
Tc 6,007 h 0,140 89 Exploration fonctionnelle et scintigraphie (cerveau,
cœur, reins le foie, Poumons, squelette, estomac,
thyroïde, moelle osseuse, sang, le Système
vasculaire)
131
I 8,021 j 0,365 82 Fixation thyroïdienne scintigraphie surrénal
neuroblastome

123
I 13,21 h 0,159 83 Exploration thyroïdienne, les métastases

125
I 59,9 h 0,027 114 Mesure de volume plasmatique

0,031 26
201
Tl 3,0408 j 0,071 47 Scintigraphie Myocardique,

0,167 10
67
Ga 3,26 j 0,093 39 Détection des foyers inflammatoires et cancéreux

0,185 21

0,300 17
111
Tn 67,3 h 0,171 90 Marquage des cellules sanguinesm et Scintigraphie
de moelle rouge, exploration
0,245 94
18
F 109,7 min. 0,511 194 Imagerie fonctionnelle en cancérologie
(bilan d’extension cancérologique, étude de la
0,511 variabilité myocardique)
51
Cr 27,7 j 0,320 10 Mesure de volume sanguin

Durée de vie des cellules du sang


133
Xe 5,244 j 0,081 Exploration pulmonaire

24
Na 14,96 h 1.369 100 Exploration métabolique

2.754 100
42
K 12,359 h 1.525 18 Exploration métabolique

37
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Tableau I.8 : Les principaux radionucléides utilisés dans les actes thérapeutiques
[SAI96 ; DEL02 ; GAM08]

Radionucléide Période Type de Energie Probabilité de Applications


rayonnement désintégration (%)
T1\2 (MeV)

β_
32
P 14,28 J 1,710 100 traitement des polyglobulies

(maladie de vaquez)

β_
90
Y 64,1 h 2,284 100 Synoviorthèse : traitement des
arthrites inflammatoires
(genoux, hanches),
craniopharyngiome,
Lymphomes

β_
198
Au 2,70 J 0 .412 96 Synoviorthèse

β_
186
Re 3 ,78 J 0.939 22 Synoviorthèse : traitement des

1.077 72 arthrites inflammatoires


(chevilles, poignets, coudes)

β_
131
I 8,02 J 0,606 90 Traitement :

0,248 2 des cancers thyroïdiens, des


hyperthyroïdies, les reins, le
foie, Phéochromocytomes,
malins et les neuroblastomes

β_
169
Er 9,40 J 0,344 42 Synoviorthèse : traitement des

0,352 58 arthrites inflammatoires


(interphalangiennes)

β_ 0.634 35 Traitement antalgique des

0.703 44 métastases osseuses des


153 1.96J
Sm cancers ostéophiles
0.807 21

I. 8. LE SYSTEME DE MESURE ET DE DETECTION EN MEDECINE


NUCLEAIRE
I.8.1. L’ACTIVIMETRE
L’activimètre est l’instrument de mesure de l’activité de la source radioactive non scellée
(liquide) de volume variable contenue en général dans un flacon ou seringue. Cependant,
l’activimètre est constitué d’une chambre d’ionisation à puits composée schématiquement d’une
enceinte scellée contenant un gaz sous pression (Azote, Argon, Xénon etc.) et deux électrodes
cylindriques coaxiales (Voir figure I.23), couplée à un système de lecture numérique permettant

38
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

une sélection du type de radionucléide [BLA06]. La source ( flacon ou seringue contenant la


solution radioactive) étant introduite dans le puit de la chambre, le rayonnement ( photons X ou
gamma, électrons) qui atteint le gaz crée une ionisation des atomes du gaz selon le principe de
détection à ionisation ( cf .§. I.6.1) . L’intensité de ce courant d’ioniation dépend de plusieurs
parametres parmi lesquels, le type de radionucléide mesuré, l’activité de l’échantillion et le type de
chambre d’ionisation utilisée. Le nombre d’ionisations dans la chambre à puit dépend du schéma
de désintegration caractéristique du radionucléide donné ( type, énergie et probabilité d’émision
des différents rayonnements).

Porte Electrode collectrice


échantillon
Electrode extérieur

Echantillon Amplificateur
Vers sélection du
Blindage radionucléide et
en Pb affichage

HT

Figure I.23 : Schéma descriptif d’un activimètre [BLA06].

Pour un radionucléide donné, selon un type de conditionnement, il existe une relation


linéaire entre l’activité présente dans l’échantillion à mesurer et l’intensité du courant d’ionisation.
Uu activimètre affiche une activité et non une intensité de courant électrique, ce qui constitue l’un
des objectifs principaux de l’étalonnage. L’activimètre permet ainsi de mesurer des activités de
l’ordre de 100 kBq jusqu’à plusieurs 10GBq [BLA06]. Un activimètre présente un seuil de
sensibilité et une gamme d’énergie détectable. Dans le cas de l’activimètre utilisé au service de
médecine nucléaire du CHU-BEO, la gamme d’activité détectable est de 0.37kBq –222MBq pour
le 99mTc. Par contre sa gamme d’énergie détectable est de 25 keV - 3 MeV.

I.8.2. LA GAMMA CAMERA ET L’IMAGERIE SPECT

Les rayonnements gamma émis par les isotopes administrés aux patients sont généralement
détectés par des Gammas caméras reposant sur le principe de détection à scintillation (cf. §. I.6.2).
Ces caméras ont été initialement développées par Anger en 1958 [ANG58].

39
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Ces appareils comportent essentiellement un collimateur qui permet une meilleure sélection
des photons qui le frappent et améliore la résolution spatiale de l’image, il est sous forme de plaque
suffisamment épaisse pour absorber les photons γ. Seuls les photons émis dans l’axe d’un trou
traversent le collimateur et parviennent au détecteur. L’image correspond à la projection de l’objet
sur le plan du détecteur. Ce dernier couplé à plusieurs photomultiplicateurs (quelques dizaines dans
une tète de gamma caméra actuelle) rend la détection à scintillion plus efficace, et une acquisition
simultanée des signaux en plusieurs points, ce qui permet ainsi de constituer une image de l’organe
d’intérêt en un temps réduit (voir figure I.24). La gamma-caméra collecte les informations sur un
grand nombre de points simultanément. Il est ainsi possible d’obtenir des images de grandes zones,
ou du corps dans sa totalité. Pour une énergie typique de 140 keV, les gamma-caméras disposent
d’une résolution spatiale intrinsèque de 4 mm (de 6 à 7 mm avec collimateur), d’une résolution
énergétique de 10% et d’une efficacité de l’ordre de 0.01 % [PIT02]. L’efficacité de détection ainsi
que la résolution spatiale du système dépendent principalement de la géométrie du collimateur,
définie suivant l’énergie du radio-isotope utilisé [PIT02].

Tube photomultiplicateurs

Guide de lumière

Les photons ? détectés


Collimateur Cristal

Photon gamma émis

Patient

L’ensemble de photomultiplicateurs

Figure I.24 : Schéma du principe de fonctionnement d’une gamma caméra [BUV06, SEL06].

Autre technique d’imagerie fonctionnelle, l’imagerie par gamma caméra utilise la même
technique de radiomarquage des tissus : L’imagerie SPECT
(Single-Photon Emission Computed Tomography, tomographie d’émission mono-photonique) est
une variante de l’imagerie par gamma- caméra.

40
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Cette fois, la gamma-caméra tourne autour du patient pour prendre différents clichés
(coupes) et obtenir ainsi par reconstruction une image tridimensionnelle du patient (figure I.25).
C’est le principe de la tomographie (du grec tomos, coupe, tranche) que l’on retrouve également en
imagerie TEP. La résolution spatiale se trouve ainsi améliorée, et peut atteindre 3 mm [SEL06].
Elle est appelée aussi Tomographe à Emission Mono-Photonique (TEMP) par opposition à
Tomographie d’Emission de Positrons et met en œuvre deux ou trois têtes de détection gamma afin
de réduire le temps d’examen scintigraphique.
99m
Les radionucléides utilisés sont les émetteurs γ, on utilise ainsi couramment Tc qui émet
des photons γ à 140 keV pour suivre la circulation sanguine à l’intérieur du myocarde ou du cerveau
[SEL006]. Les critères déterminants en imagerie SPECT sont par ordre décroissant d’importance
[MOS99 ; SEL06] :
a. Une bonne luminosité, en raison de la perte importante de signal due au collimateur
spatial ;
b. Une longueur d’atténuation courte afin de limiter l’épaisseur du scintillateur ;
c. Un coût surfacique réduit, en prenant en compte la surface de la plaque
de scintillateur et une épaisseur idéalement égale à trois fois la longueur d’atténuation
du matériau ;
d. Une longueur d’onde d’émission du scintillateur adaptée au photomultiplicateur ;
e. Une réponse rapide.

Rotation au tour du patient

Figure I.25 : Schéma du principe de fonctionnement SPECT [PIT02]

I.8.3. L’IMAGERIE TEP (Tomographie par émission de positron)

Les principaux émetteurs radionucléides émetteurs de positrons sont : l’oxygène 15, le


carbone 11, l’azote 13 et le fluor 18 (Voir tableau I.4).

41
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Ces isotopes présentent un grand avantage de pouvoir être incorporés aux molécules
d’intérêt biologique sans en altérer ni la structure ni le comportement biologique. Le principe de
base de la TEP consiste à détecter les deux photons de 511keV pour déterminer le lieu de la réaction
d’annihilation. L’information mesurée correspond au lieu d’annihilation et non à celui de l’émission
du positron. Les positrons une fois émis dans un milieu (tissu) sont caractérisés par un libre
parcours moyen c.-à-d. la distance moyenne du positron avant la réaction d’annihilation, d’une
énergie cinétique d’émission et d’une période radioactive qui empêchera l’utilisation des molécules
marquées par ces isotopes à des distances du site de leurs productions. Le libre parcours des
positrons dans la matière est fonction de l’énergie cinétique initiale de libération du positron et de
ce fait du radionucléide employé et aussi de la densité électronique de la matière traversé. Ce libre
parcours est de 1 à 2mm selon le radionucléide dans l’eau constituant principale les tissus
biologiques ; cette distance constitue une limite intrinsèque de la technique [PIT02].
Les spécificités de certains radiopharmaceutiques, et plus particulièrement celle
18
du F-FDG (Fluoro-desoxuglugcose), font de la tomographie par émission de positrons un examen
18
précieux dans l’élaboration du diagnostic de nombreux cancers. Le F-FDG est devenu depuis
quelques années la référence en médecine nucléaire. Un sucre qui s'apparente au glucose marqué au
fluore-18 radioactif, de période physique T1/2=110min ≈ 2 heures doit être produit par un cyclotron
implanter soit en sien même de l’hôpital ou situé à proximité.
Cette technique utilise une caméra spéciale, appelée caméra TEP utilisant principalement le
même principe physique de détection par scintillation, couplé à un système de détection comprenant
plusieurs couronnes de détecteurs. A cet effet, elle permet de localiser, en chaque point d’un organe,
la substance marquée par le radioélément administré à un sujet vivant, et de suivre dans le temps
l’évolution de cette substance. Elle fournit ainsi une image quantitative du fonctionnement de
l’organe étudié.
Le principe d’imagerie par émission de positrons repose sur la détection des deux photons
de 511 keV, émis suite à la réaction d’annihilation survenant lors de la rencontre dans la matière
d’un positron β+ et d’un électron, l’information mesurée correspond au lieu d’annihilation et non à
celui de l’émission de β . Ces deux photons, émis en coïncidence dans les directions opposées
interagissent avec des détecteurs diamétralement opposés (Voir figure I.26(c)).
Le tomographe par émission de positrons dédié, ou caméra TEP, est donc constitué d’un
système de modules de détection réparti en anneau (figure I.26(a) et (b)), ou chaque module est
composé d’un cristal scintillant de type BGO, LSO ou GSO (Voir tableau I.9) couplé à un
photomultiplicateur. Pour détecter simultanément les deux gammas de 511 keV, les modules de
détection sont reliés avec ceux qui leur font face par une électronique de détection en coïncidence.

42
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Elles définissent la détection simultanée d’un couple de γ dans un intervalle de 5 à 50 ns


[PIT02]. Cette méthode dite de collimation électronique permet de déterminer la direction des
gammas d’annihilation. Le recoupement des différentes lignes de coïncidence procure alors la
distribution volumique du radio-traceur. Les tomographes TEP offrent une résolution spatiale de
l’ordre de 5 mm (au centre de la caméra) et une efficacité de détection de 0.1% [PIT02].
Les caractéristiques des principaux scintillateurs utilisés en tomographie par émission de
positrons sont illustrées dans le tableau I.9. Les paramètres d’atténuation à 511 keV conditionnent
l’efficacité de détection, Zeff tient compte de la densité électronique, µ est le coefficient
d’atténuation du scintillateur à 511 keV et la photo-fraction renseigne sur la proportion
d’interactions photoélectriques. Les propriétés de l’émission lumineuse déterminant la résolution
temporelle et la résolution en énergie des appareils sont illustrés dans le tableau I.9.

(a) (b)

(c) (d)

Figure I.26 : Principe de la caméra TEP [PIT02]

43
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Tableau I.9 : Les caractéristiques physiques des cristaux les plus utilisés pour la caméra TEP
[MRY07 ; INB06]

Paramètres Cristaux NaI(Tl)a BGOb BaF2c GSOd LSOe LUAPf


d’atténuation à Densité (g/cm3) 3.67 7.13 4.9 6.71 7.35 8.34
511 keV Z effectif 50 73 58 65 65
Atténuation à 0.38 0.90 0.45 0.67 0.80 0.91
511 keV
Photofraction 18 42 19 26 33 32
(%)
Constante de 230 300 0.8 60 (90%) 40 18
temps (nS) 630 600 (10%)
Caractéristiques Rendement 100 22 5 , 21 20 75 25
de l’émission lumineux relatif
lumineuse
Utilisation < 200 keV 511 keV 511keV 511 keV 511 keV
(, 7 ! (, 7 ! (, 7 ! (, 7 !
a : Iodure de sodium dopé au thallium.
b : Germanates de bismuth.
c : Fluorure de baryum.
d : Oxyorthosilicate de gadolinium.
e : Oxyorthosilicate de lutétium.
f : Lutétium aluminium perovskite

I.8.3. L’IMAGERIE CT

La tomographie axiale calculée ou imagerie CT (Computed Tomography), est une technique


complémentaire des imageries TEP et SPECT, fondée sur l’acquisition d’images bidimensionnelles
par radiographie X et reconstruction tridimensionnelle par ordinateur, selon le principe de la
tomographie. Cette technique se base donc sur la différence du pouvoir d’absorption des rayons X
par les différents tissus et organes, éventuellement avec l’injection d’un agent de contraste pour
mettre en valeur les vaisseaux sanguins ou la vessie. L’imagerie CT est principalement une méthode
d’étude anatomique, même si l’utilisation de ces agents de contraste peut également en faire une
méthode d’étude fonctionnelle de l’organisme. La résolution spatiale en imagerie CT peut atteindre
0,5 mm dans le cas d’un scanner médical (et une dizaine de micromètres en application industrielle)
[SEL06], ce qui en fait une technique très précise en comparaison des imageries TEP et SPECT.
Pour combiner cet avantage de résolution spatiale avec la possibilité d’étude fonctionnelle offerte
par les scanners TEP et SPECT, on construit maintenant des scanners hybrides TEP/CT ou
SPECT/CT, offrant une image reconstruite tridimensionnelle alliant les informations anatomiques et
fonctionnelles.
Une condition essentielle pour l’imagerie CT est l’absence de luminescence persistante. Les
images sont prises à des intervalles de temps très réduits, le tube à rayons X parcourant un tour
autour du patient en quelques dixièmes de secondes (Voir figure I.27).

44
Chapitre I : Les aspects physiques liés à la médecine nucléaire 2010

Figure I.27 : Schéma du principe de fonctionnement d’un scanner CT [SEL06]

En pratique, l’émission lumineuse du scintillateur doit revenir à 0,01% de son intensité


maximale au bout de 3 ms [BLA94 ; SEL06]. Il est à noter que la longueur d’onde d’émission du
scintillateur doit être comprise entre 500 et 800 nm [BLA94] en raison de l’utilisation de
photodiodes au silicium comme détecteurs couplés au scintillateur, ce qui n’est pas nécessairement
le cas pour les autres techniques d’imagerie.
L’utilisation conjointe de détecteurs liés à des systèmes électriques rapides et de traceurs à
vie courte (99mTc) permet de recueillir un nombre suffisant d’informations pendant un court laps de
temps, de l’ordre de seconde, pour que l’on puisse effectuer de véritables dynamiques de certaines
circulations locales (circulation cérébrale).

45
CHAPITRE II
Les aspects de la Radioprotection
en Médecine Nucléaire
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II. 1.INTRODUCTION

L’utilisation des sources non scellées en médecine nucléaire comporte des risques pour la
santé de l’homme. Les rayonnements ionisants qu’elles émettent peuvent entraîner une
irradiation externe de l’organisme, et s’ils pénètrent à l’intérieur des tissus, constituer une source
interne d’irradiation. Dans l’un ou l’autre des cas, l’interaction de ces rayonnements avec
l’organisme s’accompagne d’un dépôt d’énergie qui provoque des modifications
physicochimiques, et si elles sont suffisamment importantes, elles pourront conduire à des
altérations cellulaires entraînant des effets pathologiques au niveau des différents tissus ou
organes.
Pour protéger efficacement l’homme des effets nocifs que peuvent causer les rayonnements
ionisants, une spécialité est apparue nommée « Radioprotection » : c’est l’ensemble des principes et
des moyens pouvant être mis en œuvre pour protéger les personnes exposées aux radiations
ionisantes. Il n’existe pas de solution miracle, mais un ensemble de moyens que l’on doit choisir et
adapter à chaque situation. La Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR)
établit et révise périodiquement les normes en matière de radioprotection sur la base des nouvelles
connaissances scientifiques des effets pathologiques des rayonnements ionisants. La nature et
l’importance de ces effets varient considérablement selon les tissus irradiés et selon le niveau des
doses reçues par ces tissus. Les effets préjudiciables au niveau de la santé de l’homme suite à une
exposition aux rayonnements, comprennent les effets somatiques qui peuvent se manifester chez
l’individu exposé, et les effets héréditaires qui peuvent affecter sa descendance. Les effets
somatiques des rayonnements ionisants dans les tissus irradiés causent à la fois des effets
stochastiques et déterministes [ICR77 ; ICR90 ; ICR07].
En médecine nucléaire, la radioprotection a une place très importante. Durant les trente
99m
dernières années, la radioprotection a été principalement conçue autour du technétium Tc pour
les applications de diagnostique et de 131I pour les actes thérapeutiques. Le rapide développement de
la Tomographie par Emission de Positon (TEP) a mis en évidence des problèmes particuliers de
radioprotection liés à la nature des radiopharmaceutiques, dont le plus utilisé est le 18F (18F-FDG).
Ces problèmes sont rencontrés tout le long du processus, depuis la production du radionucléide
jusqu’à l’acquisition de l’image TEP. Malgré l’apport certain de cette nouvelle modalité
d’exploration dans le domaine d’oncologie notamment dans la détection précoce et le suivi
thérapeutique de certains cancers, son introduction dans nos services de médecine nucléaire ne
devrait se concrétiser qu’après une évaluation objective qui permet de définir les règles

46
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

de radioprotection qui devront s’appliquer à l’utilisation des radionucléides notamment les


émetteurs de positons.
Dans ce chapitre, nous présentons d’abord un aperçu sur les différentes activités de
médecine nucléaire pratiquées en Algérie, suivi d’une évaluation des différents risques
radiologiques rencontrés lors de cette pratique, de la présentation du mode d’organisation en
matière de radioprotection d’un service de médecine nucléaire ainsi que les différentes modalités de
surveillance radiologique à mettre en œuvre pour une optimisation de la protection radiologique des
travailleurs et des patients. Ce chapitre se terminera par la présentation de la situation radiologique
au niveau du service de médecine nucléaire du CHU-BEO (Mohamed Debaghine) qui se prépare à
abriter le premier cyclotron médical pour l’introduction de la Tomographie à Emission de Positons
(TEP) en Algérie.

II.2. LA MEDECINE NUCLEAIRE EN ALGERIE

La médecine nucléaire en Algérie est parmi les spécialités les plus pratiquées. Elle fournit,
comme d’autres méthodes physiques plus récemment apparues, des données différentes de la
radiologie conventionnelle. Elle compte un nombre assez important d’établissements de soins dans
les secteurs publique et privé, répartis entre des unités de diagnostique « in vivo », thérapie
métabolique et actes « in vitro » dans des unités de Radio-analyse. Tous ces établissements
utilisent des produits radiopharmaceutiques sous forme de sources non scellées. Leurs noms et
localisation ainsi que le type des actes pratiqués sont regroupés dans le tableau II.1.

47
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Tableau II .1 : Les services et unités de médecine nucléaire en Algérie

Service Utilisation Localisation Radiotraceurs utilisés


ou
Unité*
99m
BEO Scintigraphie, Thérapie, Alger Tc, 131I, 125I,67Ga, 90Y, 201Tl, 186Rh,
153
Analyse médicales Sm,60Co, 137Cs, 51Cr
131
CBO Scintigraphie, Thérapie Kouba I

99m
CDEH Scintigraphie Constantine Tc

99m
CIAS Scintigraphie, Thérapie Batna Tc,131I

99m
CIMA Scintigraphie, Thérapie Kouba Tc, 131I ,
Alger MIBG-131I
125
EMH(CPMC) Analyse médicales Alger I
99m
EMR (CPMC) Scintigraphie, Thérapie Alger Tc, 131I, 67Ga, 201Tl

125
LEK Analyse médicales Constantine I
99m
MNA Scintigraphie Annaba Tc
99m
MNT Analyse médicales, Tlemcen Tc, 131I ,153Sm
Scintigraphie, Thérapie
99m
GNM Scintigraphie Constantine Tc
125
SBA Analyses médicales Sidi Bel Abbes I
131
SEB Analyse médicales, et Thérapie Bologhine I
Alger
99m
SRT Scintigraphie, Thérapie Constantine Tc, 131I ,153Sm
99m
CMCO Scintigraphie, Thérapie Oran Tc
99m
CMTO Scintigraphie, Thérapie Tizi-Ouzou Tc, 131I
99m
HCA Scintigraphie, Thérapie Aïn Naadja Tc, 131I, 125I,67Ga, 90Y, 201Tl, 186Rh,
153
Analyse médicales Alger Sm,60Co, 137Cs, 51Cr
99m
MGTSS Scintigraphie Alger Tc
* : Code des clients des produits radiopharmaeutiques.

La médecine nucléaire joue un rôle important dans le dépistage précoce et garantit une
thérapie plus efficace d’un grand nombre de pathologies.
A cet effet, les différents et principaux examens pratiqués dans la plupart des services de
médecine nucléaire en particulier celui du CHU-BEO ainsi que les radiopharmaceutiques utilisés
sont illustrés sur la figure II.1.

48
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

En plus de ces examens figurant sur cette figure, ce même service pratique d’autres
99m
examens tels que la scintigraphie antigranulucytes utilisant toujours Tc pour diagnostiquer les
67
inflammations osseuses ou tissulaire au niveau abdominale, la scintigraphie au Ga selon la
201
localisation de la tumeur, la scintigraphie cœur et parathyroïde avec le Tl, la scintigraphie pour la
153
détermination de métastase osseuse avec le Sm ainsi que le balayage post thérapeutique avec
l’131I et l’examen de synoviorthèse avec l’yttrium -90(90Y).

Scintigraphie des glandes


Cerveau
salivaire à 99mTc
Scintigraphie Transit
Isotopique (DTPA-99mTc) Glandes
L.C.R Salivaire Scintigraphie Parathyroïdienne
(Myoview- 99mTc, Mibi-99mTc)

Scintigraphie Osseuse
Parathyroïdes Scintigraphie Thyroïdienne
(HMDP-99mTc)
Squelette (99mTc (TcO-4))

Thyroïde
Scintigraphie Hypothyroïdies
Scintigraphie pulmonaire et Hyperthyroïdies (131I)
(Maa-99mTc, DTPA99mTc)

Poumons
Cœur
Scintigraphie
Digestive (99mTc) Scintigraphie Myocardique
(Myoview- 99mTc , Mibi-99mTc)
Estomac

Scintigraphie splénique
Foie (99mTc + pyrophosphate)
Rate

Tube digestif

Surrénales
Scintigraphie
Digestive
Scintigraphie à mIBG (99mTc)

Scintigraphie Rénale Rein Vaisseaux


(DMSA-99mTc, Lymphome
MAG3-99mTc)

Scintigraphie Lymphatique
(Nanocis-99mTc)

Figure II.1 : Schéma descriptif des différentes applications diagnostiques des radionucléides

49
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.3. LES RISQUES RADIOLOGIQUES EN MEDECINE NUCLEAIRE

La médecine nucléaire pose en terme de pratique médicale un cas très particulier de risque et
d’exposition externe et interne. En effet, le patient traité n’est généralement pas hospitalisé en
isolement sauf lors de l’administration d’une activité supérieure à 740 MBq de l’iode -131 pour la
thérapie [AUB06]. Le patient devient une source d’exposition pour son entourage. Trois catégories
de personnes sont susceptibles d’être irradiées ou exposés : le personnel du service se classe en
premier, suivi par l’entourage familial participant au soutien et le confort du patient, et en troisième
lieu les autres personnes considérées comme des personnes du public. Les sources non scellées sont
préparées manuellement par les manipulateurs, des incorporations du radionucléide manipulé
peuvent se produire par inhalation qui est la voie principale, ou par ingestion directe, certains
radionucléides peuvent même être absorbés à travers une peau intacte. L'emploi de fluor 18, sous
18
forme de F-FGD, associé à la mise en œuvre de la TEP dans les unités de médecine nucléaire
implique des dispositions particulières sur le plan de la radioprotection, du fait des caractéristiques
de ce radioélément et des conditions d’utilisation. Cependant l’injection de ce produit radioactif
entraîne une exposition du patient et du personnel lors de la préparation et l’injection en particulier
au niveau des mains (extrémités) et même durant la réalisation d’examen qui pourrait atteindre ou

dépasser les limites de doses fixées par la réglementation [DRE02].

II.3.1. LES RISQUES RADIOLOGIQUES PROFESSIONNELS

En médecine nucléaire, les sources radioactives utilisées sont le plus souvent à l’état liquide
et parfois gazeux. Ces sources se présentent sous forme d’ampoule scellée, flacon type pénicilline,
seringue uni-dose ou encore capsule. Contrairement aux autres sources utilisées en médecine,
l’emploi des sources non scellées dans les conditions normales d’utilisation peut entraîner des
dispersions indésirables de la substance radioactive. Le plus souvent, elles sont conditionnées de
telle sorte à permettre leur division ou encore leur dilution. Par conséquent, leur manipulation
expose l’utilisateur à une exposition externe du corps entier et des extrémités (les mains) en plus
d’une exposition interne. Dans les laboratoires, ces sources sont manipulées dans des boîtes à gants
ventilées dont la conception et l’aménagement dépendent de la nature des sources, des activités
mises en jeu et de leur forme physicochimique. La détermination des risques d’exposition interne
et externe se base sur l’évaluation des débits de dose équivalente reçus durant les manipulations du
produit radiopharmaceutique, son injection et durant la réalisation des examens.
Tous ces risques rencontrés en diagnostique s’ajoutent à l’exposition reçue lors des
consultations des patients subissant une thérapie métabolique d’autant plus que l’activité mise en
œuvre est importante.
50
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Dans la figure II.2, on peut regrouper les risques et types de contamination existant dans un
service de médecine nucléaire conventionnel.

Source non scellée

Les risques

Perte gouttes(s) Paroi extérieure Mise en suspension


Brise du récipient du récipient évaporation- sublimation

Contamination
externe

Objet –
Surface Mains
Air

Contamination
Boisson Interne
Vêtement- Objets Bouche
Nourriture personnels

Poumon

Blessure Sang

Organe
Critique

Figure II.2 : Schéma récapitulatif des risques et des contaminations encourus par le personnel dans un
service de médecine nucléaire

De plus, les niveaux d’exposition externe du personnel travaillant dans un service de


médecine nucléaire doté d’une caméra TEP et un cyclotron à proximité regroupent les risques liés à
la préparation des radiopharmaceutiques et ceux relatifs à l’examen d’imagerie TEP en tenant
compte à la fois de l’émission de positrons d’énergie de 634keV (18F-FDG ) et des rayonnements
gamma d’annihilation de 511 keV (figure II.3). Cette énergie élevée comparée aux
radiopharmaeutiques conventionnels (140 keV pour le 99mTc) imposerait, en plus d’une surveillance
18
dosimétrique du corps entier du personnel de cette unité, une conception des locaux au F(FDG),
une dosimétrie complémentaire d’extrémités ainsi que l’acquisition d’équipements de manipulation
de ces sources (protèges seringues, écrans, dosimètre de contamination etc...).

51
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Radiopharmacie
Préparation des Radiopharmaceutique 18F-FDG

Transport de la seringue 18F-FDG

Injection du 18F-FDG

18
Installation du patient sous la camera TEP F-FDG

Accompagnement du patient après l’examen TEP

Figure II.3 : Les différents postes de travail avec risque d’exposition professionnelle en unité TEP

a. L’EXPOSITION EXTERNE

L’exposition externe existe lorsque le corps humain est soumis aux rayonnements ou à
l’irradiation d’une ou plusieurs sources radioactives qui lui sont externes, dans ce cas l’action prend
fin dès que l’individu quitte le champ d’irradiation. Les radiopharmaceutiques provoquent une
exposition externe qui dépend de la nature du rayonnement (X, γ,   ,   ) de son énergie ainsi que
du conditionnement et de la géométrie de la source. En plus de ce type d’exposition vient s’ajouter
le risque de dispersion du la substance radioactive dans l’atmosphère du lieu de travail qui constitue
une source de contamination.
L’exposition externe aux sources non scellées dans un service de médecine nucléaire
conventionnel ou doté d’une caméra, TEP est de deux types : « l’exposition en contact » et
«l’exposition à distance » ; dont la différence entre ces deux type d’exposition réside dans la valeur
du débit d’équivalent de dose et la nature des organes exposés.

• L’EXPOSITION EXTERNE AU CONTACT

L’exposition externe en contact résulte de la manipulation des sources non scellées


directement sans protection tel que les seringues et les flacons. Cette exposition entraîne
l’irradiation des mains (extrémités) des opérateurs et médecins qui nécessitent une surveillance
complémentaire.
Le contact du patient lors de la mise en œuvre de l’examen scintigraphique est considéré
aussi comme exposition supplémentaire pour le personnel de même pour l’examen TEP
(2γ de 511keV).

52
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Les substances radioactives manipulées utilisées en médecine nucléaire peuvent aussi


provoquer une contamination superficielle qui conduit à une exposition externe en contact. Le
tableau II.2 reporte les débits d’équivalents de doses en contact d’une seringue en plastique de 5 ml
et d’un bécher en verre de 50 ml avec une activité de 1 MBq pour l’exposition due au contact des
radionucléides les plus utilisés en médecine nucléaire [DEL02].
Tableau II.2 : Le débit d’équivalent de dose (en mSv/h) au contact de quelques sources
non scellées utilisées en médecine nucléaire [DEL02] pour une activité de 1MBq.

Radionucléide  0.07 (mSv/h)


Seringue en Bécher en verre (50ml)
plastique (5ml)
99m
Tc 3.54E-1 7.70 E-2
131
I 1.13E+0 2.23E-1
153
Sm 2.41E-1 4.79E-2
67
Ga 4.02E-1 8.77E-2
201
Tl 2.85E-1 6.27E-2
125
I 6.20E-1 4.07E-2

18
F 2.88E+0 5.63E-1

• L’EXPOSITION EXTERNE A DISTANCE

L’exposition externe est dite à distance lorsque la source est suffisamment éloignée pour
produire une exposition globale de l’organisme [SAI96)]. Dans le cas où la source radioactive est
disposée à distance par rapport à un individu, par exemple à l’intérieur d’une boîte à gants ou dans
leurs conteneurs, cette exposition dépendra de la nature de la source et de l’activité ainsi que des
conditions locales de protection. Généralement, ce type d’exposition est produit par des émetteurs
gamma ou X et des bêtas de haute énergie mais pas par les émetteurs bêta de faible énergie car ces
derniers sont absorbés par les parois du conteneur en plomb utilisé pour minimiser l’exposition.
Le débit d’équivalent de dose est variable par rapport à la distance entre la source et l’individu
exposé.
Le tableau II.3 présente, pour la majorité des radionucléides utilisés en médecine nucléaire
(diagnostique ou en thérapie), le débit d’équivalent de dose sur deux distance différentes : 30 cm
qui représente la longueur moyenne de l’avant-bras d’un individu, et 100 cm de la source pour un
flacon en verre de 10 ml avec une activité de 1 MBq.

53
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Tableau II.3 : Le débit d’équivalent de dose (en mSv/h) à distance pour 30 cm et 100 cm de la source non
scellée en médecine nucléaire [DEL02]

Radionucléide  0.07


(mSv/h)
30 cm 100 cm
Bêtas, électron Gamma, RX Gamma, RX
(Dose à la peau) (Dose en profondeur)
99m
Tc 0.00E+0 2.61E-4 2.24E-5
131
I 8.62E-2 7.29E-4 6.36E-5
153
Sm 1.03E-1 1.86E-4 1.48E-5
67
Ga 0.00E+0 2.79E-4 2.54E-5
201
Tl 0.00E+0 1.97E-4 3.95E-5
125 -
I 0.00E+0 3.90E 4 1.44E-5
18
F 1.20E-1 1.81E-3 1.58E-4

En médecine nucléaire, le personnel est également soumis aux radiations émises par le
patient auquel ont été administrés des radiopharmaceutiques qu’on appelle « un patient chaud ».
Celui-ci, après injection, devient porteur de source et représente un risque d’exposition externe pour
le personnel.
A titre comparatif, le tableau II.4 indique le débit d’exposition (en mSv/h) à 100 cm du
patient pour quatre situations cliniques avec des activités variables [AUB06] en utilisant les
radionucléides tels que : 99mTc, 131I et 18F.

Tableau II.4 : Ordre de grandeur du débit d’exposition (en mSv/h) à 1 m du patient dans quatre situations
cliniques correspondant à l’utilisation de 99mTc, 131I et 18F [AUB06].

Radionucléide et type d’examen L’activité injectée (MBq) Débit d’exposition à


100 cm (mSv/h)
99m
Tc (Scintigraphie osseuse) 800 (Après injection) 0.018
131
I (Thérapie anti-cancer) 3700 (juste après d’administration) 0.240
131
I (Scintigraphie thyroïde) 400 (trois jours après ’administration) 0.026
18
F (Examen TEP) 500 (Après injection) 0.080

Les débits des équivalents de dose et des épaisseurs des écrans nécessaires pour
les principales énergies rencontrées en médecine nucléaire sont illustrés dans le tableau II.5.

54
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Tableau II.5 : Les débits de dose (mSv/h) et l’épaisseur des écrans pour les plus importantes énergies
rencontrées en médecine nucléaire [DRE02]

Énergie Exposition externe CDA


Radionucléide
(keV) (m Sv/h) (cm Pb)
au contact
à 1 m d’un flacon d’une
seringue
(37MBq)
99m 0,67 E-3
Tc 140 13 0.03
131 1,8 E-3
I 360 39 0.3
18 4,8 E-3
F 511 96 0.4

L’analyse de ces données souligne l’aspect particulier des émetteurs de positons : les débits
99m
de dose sont 7 (sept) fois plus importants que ceux du technétium Tc, et les couches de demi-
atténuation (CDA) sont 13(treize) fois plus épaisses que celles relatives aux photons de 140 keV.

b. LA CONTAMINATION

La contamination radioactive est la présence indésirable, à un niveau significatif pour


l’hygiène, de substance radioactive à la surface ou à l’intérieur d’un milieu. Dans un service de
médecine nucléaire, on peut rencontrer trois types de contamination : contamination surfacique des
locaux et de matériel de travail, contamination de l’air ambiant et contamination individuelle.

• LA CONTAMINATION SURFACIQUE

La contamination des surfaces et du matériel de travail (le plancher, l’activimètre, la hotte


etc.) peut être produite par la dispersion du produit radiopharmaceutique vu sa forme liquide
facilement renversable. Elle peut être engendrée par un accident indirect causé par la casse d’un
flacon, par une mauvaise manipulation lors de la préparation ou de l’injection en scintigraphie ou
lors du dosage en radioanalyse. La contamination peut être aussi induite par la salive ou le
vomissement des patients traités en particulier par l’iode radioactif ainsi que par les urines.

• LA CONTAMINATION ATMOSPHERIQUE
Elle est la conséquence de la présence d’un gaz radioactif dans l’atmosphère ou des vapeurs
provenant de produits volatils notamment l’iode.

55
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Elle peut engendrer une contamination des vêtements, des surfaces, des murs et du plancher.
Lors de la contamination de l’air ambiant les particules radioactives présentes dans l’atmosphère
conduisent à une contamination corporelle interne des individus par inhalation, ingestion ou par
blessure ou même à travers la peau.

• LA CONTAMINATION INDIVIDUELLE

La contamination des individus peut être de deux types :

 La contamination cutanée : due à la présence de radionucléides sur la peau


suite à un dépôt direct, ou à un contact avec une surface contaminée pendant la
manipulation des sources non scellées. Une irradiation de la peau peut être plus ou moins grave
selon l’état de la peau, les caractéristiques physicochimiques du contaminant, l’activité déposée, et
du temps de contact du contaminant avec la peau. Le débit d’équivalent de dose provoqué par un
dépôt d’une gouttelette de 0.05ml d’activité de 1 kBq et par un dépôt uniforme sur la main de
manipulateur avec une activité surfacique de 1 kBq /cm2 pour les radionucléides les plus utilisé en
médecine nucléaire sont résumés dans le tableau II.6.

Tableau II.6 : Le débit d’équivalent de dose en (mSv/h) pour un dépôt cutané de radionucléide en médecine
nucléaire [DEL02]
Radionucléide Débit d’équivalent de dose pour la
contamination au contact de la main
(mSv/h)
Gouttelette de Dépôt uniforme
0.05ml (1 kBq) (1 kBq/cm2)
99m
Tc 8.77E-3 2.46E-1
131
I 5.72 E-1 1.62E+0
125
I 6.30E-3 2.11E-2
153
Sm 7.19E-1 1.62E+0
67
Ga 4.17E-3 3.51E-1
201
Tl 8.39E-3 2.70E-1
18
F 7.88E-1 1.95E+0

 Contamination interne : Elle résulte de la pénétration dans l’organisme d’une fraction


de la radioactivité présente dans l’air, ou sur la peau, notamment sur les mains. Les voies d’entrées
sont l’inhalation, qui représente 2/3 de risque, la blessure et l’ingestion représentent 1/ 3 de risque,
le passage transcutané en manipulant les matières radioactives qui diffusent facilement à travers

56
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

la peau. Les incorporations de radionucléides peuvent se produire par les voies précitées. Pour
l’exposition professionnelle du personnel, la voie principale d’incorporation est l’inhalation, bien
qu’une fraction de la matière déposée dans le système respiratoire sera transférée vers la gorge et
avalée, créant ainsi la possibilité d’un passage vers dans le tractus gastro-intestinal.
Des incorporations par ingestion directe peuvent se produire et, pour certains radionucléides,
il peut y avoir absorption même à travers une peau intacte. Des dommages cutanés par coupures ou
autres blessures peuvent également entraîner des incorporations de radionucléides.
Pour les travailleurs professionnellement exposés, l’ICRP a développé deux modèles
représentant le comportement des radionucléides qui s’introduisent dans l’organisme par inhalation
ou par ingestion. Les autres voies d’exposition, des incorporations ne sont susceptibles de se
produire qu’à la suite d’incident dont la nature exacte ne peut être prévue facilement [AIE04b]. La
figure II.4 illustre les différentes voies d’incorporation, de transfert ainsi que d’excrétion
[AIE04b ; ICR88].

Figure II.4 : Voies d’incorporation, de transfert et d’excrétion d’une contamination [AIE04b, ICR88].

II.3.2. LES RISQUES RADIOLOGIQUES MEDICAUX

L’acte médical qu’il soit de nature diagnostique ou thérapeutique, va dépendre de la dose


absorbée et par conséquent l’activité administrée de radiopharmaceutiques, les facteurs qui
contribuent le plus au risque encouru par le patient sont :
• Etiquetage ou identification non adéquate du radiopharmaceutique. [SAI96]
• Administration par erreur à un autre patient.

57
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

En thérapie, par contre, et en fonction de la nature du radionucléide et de l’activité


administrée, des effets déterministes peuvent se manifester chez le patient comme dans le cas d’une
Hyperthyroïdie après traitement avec 131I [SAI96].
En médecine nucléaire, la majeure partie des rayonnements émis par les
radiopharmaceutiques administrés au patient est absorbée par les tissus et les organes. L’ampleur de
cette dose absorbée ou activité administrée, qu’elle soit pour des actes diagnostiques ou
thérapeutiques, dépendra de plusieurs paramètres.
• Acte diagnostique : Pour les actes diagnostiques, l’optimisation de la dose
absorbée dépend de la quantité et du type de radionucléide injecté, de son métabolisme, de sa
désintégration ainsi que de l’âge et du poids du patient. La réglementation Algérienne dans l’article
76 du décrit 05-117 exige que les radionucléides ne doivent être administrés à des enfants que s’il y
a des indications cliniques sérieuses [DEC05]. Il est obligatoire que l’activité administrée soit
réduite compte tenu du poids corporel, de la surface corporelle ainsi que d’autres critères appropriés
18
[DEC05]. Par contre, l’exposition du patient au F-FDG lors de l’examen TEP résulte d’une part
du dépôt d’énergie du positon sur un parcours très faible et d’autre part des interactions des photons
de 511 keV au sein du patient. Les doses reçues par le patient dépendent en premier lieu de
l’isotope utilisé en raison de l’énergie d’émission des positons et de la période radioactive.
L’exposition des différents organes varie en fonction du métabolisme, de l’élimination des
différentes molécules marquées et de l’âge du patient. Elle peut être significativement différente
pour deux traceurs marqués avec le même isotope [DRE02], cela représente une source
d’exposition externe pour le personnel manipulateur et de l’entourage.
• Acte thérapeutique : A la différence des actes diagnostiques, la thérapie en
médecine nucléaire nécessite l’administration d’une activité élevée afin de détruire les cellules
malignes visées avec précision. A cet effet, des irradiations des autres organes sont causées
involontairement.

II.3.3. LES RISQUES RADIOLOGIQUES DU PUBLIC

Le public inclut les personnes vivant près d’un service de médecine nucléaire ou de
radiologie, les visiteurs présents dans le service, les parents, amis et autres personnes qui peuvent
être en contact direct avec les patients traités par radiopharmaceutiques, personnels d’autres
services ou départements ainsi que les sous traitants. Il ne doit pas être exposé aux radiations
ionisantes médicales qui dépassent la limite réglementaire Algérienne de 1mSv/an noté dans
l’article 84 [DEC05]. En médecine nucléaire, les patients traités par l’iode soit pour des thérapies
131
en particulier thyroïdienne ou diagnostique comme dans le cas des bailliages à I représentent
58
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

un risque important pour le public. Règlementairement, seuls les patients traités avec plus de 740
131
MBq (20 mCi) de I doivent être hospitalisés [AUB06]. Cette période dure 3 à 4 jours pendant
lesquels les visites sont limitées, voire même interdites. La réglementation Algérienne prévoit dans
l’article 79 du décret présidentiel n° 05-117 que les patients ayant subi un traitement au moyen de
radionucléides scellés ou non scellés doivent être maintenus en hospitalisation jusqu’à ce que
l’activité des substances radioactives administrées ait atteint des niveaux déterminés sans préciser
les valeurs [DEC05]. Il convient alors d’informer le patient ou son accompagnant des mesures de
précaution à prendre pour limiter les risques d’exposition externe et de contamination. Par contre, à
ce jour, aucune disposition pratique n’est recommandée sur la base du débit d’exposition du patient
ou de l’exposition de l’entourage [AUB06].
Il est vrai que les hypothèses d’exposition (temps, distance, situation, …) sont tellement
variables que toute estimation s’avère imprécise. L’approche la plus simple consisterait à s’appuyer
sur le débit d’exposition à 1 mètre du patient à sa sortie. Le tableau II.7 donne un aperçu de l’ordre
de grandeur de ce débit pour un certain nombre de situations cliniques correspondant à des
applications thérapeutiques et diagnostiques. Les valeurs ont été calculées en ne considérant que la
décroissance physique, ce qui majore la valeur du débit dans la mesure où l’élimination biologique
a été négligée.

Tableau II.7 : Débit d’exposition en (mSv/h) à 100 cm du patient lors de sa sortie du service [AUB06].

Examen Radionucléide Activité Délai injection-sortie(h) Débit d’exposition*


(MBq) à 100 cm (mSv/h)

Thérapie
131
Thyroïde I 3700 72 0.026
131
Thyroïde I 555 1 0.036
90
Tumeurs Y 4440 24  0.004
Diagnostic
99m
Squelette Tc 600 4  0.007
18
Tumeurs F 400 2 0.030
* : Prise en compte de la période physique uniquement.

59
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.4. L’ORGANISATION DE LA RADIOPROTECTION EN MEDECINE


NUCLEAIRE
II.4.1. L’ASPET REGLEMENTAIRE D’UTILISATION DES SOURCES DE
RAYONNEMNTS IONISANTS

La réglementation Algérienne notamment dans l’article 05 du décret 05/117 [DEC05]


stipule que : « toute personne physique ou morale détenant ou devant utiliser une substance
radioactive sous forme non scellée à des fins médicales, doit faire l’objet d’une déclaration au
Commissariat à l’Energie Atomique qui doit être aussi agrée par le Ministère de la Santé Publique
notamment ». D’autre part, la nature des radionucléides, leurs niveaux de radiotoxicité, les activités
manipulées ou stockées, le type et le nombre d’équipements ainsi que la compétence des utilisateurs
doivent être pris en compte pour une telle déclaration. Il existe également des niveaux seuils liés à
l’activité et au groupe de radiotoxicité à partir duquel découle le type d’autorisation requise. Ainsi,
la réglementation Algérienne [DEC05] exige des conditions de détention et d’utilisation des
sources de rayonnements ionisants dans son chapitre II à travers plusieurs articles notamment les
articles 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 16 de telle façon que l’utilisation et la manipulation des
sources radioactives et les appareils émettant des rayonnements ionisants doivent toujours se faire
par un personnel ou sous la surveillance d’un personnel techniquement compétent en
radioprotection.

II.4.2. LA REPARTITION DES RESPONSABILITES DANS UN SERVICE DE


MEDECINE NUCLEAIRE

Dans un service de médecine nucléaire, le personnel est réparti selon les tâches et les
grades. Par contre, la répartition de la responsabilité en radioprotection repose sur tous les membres
du service depuis l’employeur jusqu'à la personne exécutant les actes.

II.4.2.1. L’EMPLOYEUR

L’organisme employeur est dans l’obligation de se conformer aux exigences réglementaires


de radioprotection, d’informer et de former le personnel travailleur du risque radiologique encouru
lié à l’utilisation des produits radiopharmaceutiques avant tout affectation à un poste de travail.
L’employeur est tenu d’informer le personnel de sexe féminin des risques d’exposition du fœtus en
cas de grossesse et contamination interne encouru par les femmes allaitantes.

60
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.4.2.2. LE CHEF DE SERVICE

Le chef d’un service en particulier de médecine nucléaire doit être qualifié et compétent en
radioprotection et être exemplaire pour les personnels de service par connaissance du règlement
interne de l’hôpital en plus celle de la radioprotection afin d’appliquer la réglementation nationale et
veiller à les faire respecter. Le rôle du chef service dans la protection des travailleurs exposés peut
se résumer à [GAM08] :
 organisation fonctionnelle de la radioprotection en mettant à la disposition de la personne
chargée de la radioprotection les moyens nécessaires à l’exercice de sa tache ;
 identification et estimation des risques en procédant à une analyse périodique des postes de
travail et mettre à jour l’occasion de toute modification des conditions de travail ;
 la gestion de risques par la classification des zones de travail ainsi que celle des travailleurs
du service en concertation avec la personne chargée de radioprotection et le médecin du
travail.

II.4.2.3. LE MEDECIN DU TRAVAIL

Dans un service de médecine nucléaire comme il a été souligné (cf. §. II.3.1), le personnel
est en état d’exposition professionnelle au rayonnement ionisant émis par les sources non scellées
utilisées durant leurs tâches quotidiennes.
Dans un tel secteur, un médecin de travail est d’une grande utilité, à travers la surveillance et
le suivi régulier des travailleurs afin d’éviter les maladies professionnelles.
A cet effet, le médecin de travail doit :
1. Assurer le suivi médical tout au long de la carrière professionnelle ;
2. Faire examiner régulièrement toutes les personnes susceptibles de recevoir une dose
supérieure au trois dixième (3/10) de la limite annuelle soit 6mSv/mois comme les manipulateurs
du laboratoire chaud ;
3. S’assurer que toute personne prévue pour un recrutement au sein d’un service de médecine
nucléaire ne présente aucune anomalie contre-indiquée ;
4. Prendre les décisions nécessaires en cas d’une surexposition d’une personne dans un poste
de travail, pour l’éloigner de son poste pour un certain temps, ou alors lui changer carrément de
poste et lui interdire l’accès aux laboratoires chauds ;
5. Etre au courant de l’ensemble des obligations et responsabilités qui sont imposées en
matière de radioprotection ;

61
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

6. Contribuer, en collaboration avec le chef de service et la personne chargée de la


radioprotection, à l’étude de tout nouveau poste de travail et à l’analyse des postes de travail
renouvelée périodiquement à l’occasion de toute modification des conditions de travail ;
7. Contrôler les fiches de surveillance dosimétrique externe (corps entier et extrémités) ainsi
que de dosimétrie interne (Anthropogammamétrie, Radiotoxicité) des travailleurs effectuées par un
organisme spécialisé dans le domaine de la dosimétrie ;
8. Veiller à ce que l’employeur prenne toutes les dispositions concernant les femmes
enceintes dans le respect strict de la réglementation ;
9. Disposer des dossiers d’exposition pour chaque travailleur dont l’exposition
professionnelle doit être évaluée ;
10. Informer immédiatement l’employeur concerné dès qu’un résultat individuel de
dosimétrie d’un travailleur dépasse l’une des valeurs limites d’exposition.

II.4.2.4. LA PERSONNE CHARGEE DE LA RADIOPROTECTION

Les articles 13 et 16 du décret 05-117 [DEC05] exigent la présence d’une personne


compétente et chargée en radioprotection lors de l’utilisation et la manipulation des sources de
radioactivité et des appareils émettant des rayonnements ionisants.A cet effet, elle doit prendre
connaissance de l’ensemble des textes réglementaires en matière de radioprotection et les assimiler.
Parmi les tâches qui lui sont confiées dans un service de médecine nucléaire, on peut citer :

1. Vérifier la présence d’une signalisation correcte en effectuant une étude des postes de
travail pour identifier et quantifier le risque encouru par les travailleurs exposés ;
2. S’assurer que le personnel qui travaille sous rayonnement a bien lu et appliqué les règles de
radioprotection durant le travail ;
3. Mettre à la disposition du personnel des dosimètres réglementaires passives ou
opérationnelles (corps et extrémités) afin d’évaluer les doses reçus par le personnel au cours de leur
travail ;
4. Etablir des rapports techniques détaillés portant sur toute anomalie radiologique constatée au
niveau du service au chef de service et au médecin de travail ;
5. Veiller au respect des mesures de protection contre les rayonnements ionisants ;
6. Recenser les situations où les modes de travail sont susceptibles de conduire à des
expositions exceptionnelles ou accidentelles des personnes, et élaborer un plan d'intervention en cas
d'incident, et être capable à le mettre en œuvre et à prendre les premières mesures d'urgence ;
7. Assister à la réception des produits radiopharmaceutiques pour s’assurer de leurs
confinements ;

62
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

8. Vérifier l’efficacité du blindage des murs, des portes, des fenêtres ou autres lors des
nouvelles installations ;
9. S’assurer de la présence des dispositifs de protection individuelle tel que les tabliers en
plomb, gants et lunettes en plomb et vêtement de protection contre la contamination ;
10. S’assurer que le tri et le stockage des déchets radioactifs générés au sein du service sont
pris en charge en respectant les normes de radioprotection en vigueur, et le cas échéant veiller à
l’évacuation par les services compétents du Commissariat à l’Energie Atomique.

II. 4.2.5. LA PERSONNE SPECIALISEE EN RADIOPHYSIQUE MEDICALE

Le recours à une personne spécialiste en Radiophysique médicale devrait être obligatoire


dans une unité de médecine nucléaire in vivo, notamment à des fins de dosimétrie, d’optimisation,
d’assurance qualité et de radioprotection des patients et du personnel. La connaissance des effets
des rayonnements sur la santé humaine ainsi que de la réglementation nationale et internationale en
matière de limitation de doses admissibles devra lui permettre d’assurer les tâches d’un
radioprotectionniste en cas d’absence de ce dernier dans le service.
La réglementation Algérienne dans ses articles 68 et 69 du décret 05-117 exige que pour
tout usage thérapeutique et diagnostique de rayonnements ionisants, les prescriptions en matière de
dosimétrie clinique, d’étalonnage d’appareils de mesure des rayonnements ionisants et d’assurance
de la qualité soient appliquées sous la supervision d’un spécialiste en radiophysique selon les
protocoles définis par les spécialistes concernés, et approuvés par le ministère chargé de la santé
[DEC05].
Les missions de la personne spécialisée en radiophysique peuvent être résumées comme
suit :
1. S’assurer que les équipements, les données et procédés de calcul utilisés pour déterminer
les doses délivrées et activités administrées au patient sont appropriées et utilisées conformément à
la réglementation ;
2. Procéder aux estimations de doses délivrées en diagnostic ;
3. Contribuer à la mise en œuvre de l’assurance qualité ;
4. Contribuer à l’élaboration des conseils de radioprotection et estimer les doses pour l’entourage
et le public après un examen diagnostique ou une thérapie de médecine nucléaire.
Pour la pratique de thérapie en médecine nucléaire, il doit être fait appel à chaque fois que
nécessaire à une personne spécialiste en Radiophysique, ce qui revient à ce qu’elle occupe dans
l’unité un poste au moins à temps partiel. Cependant, pour un service doté de la modalité TEP, la
présence du Radiophysicien devrait être obligatoire.

63
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.4 .2.6. LE PERSONNEL DU SERVICE

Parmi les travailleurs d’un service de médecine nucléaire qui peuvent, par leurs propres
actions, contribuer à leur protection et à celle des autres, on peut citer :
• Radiopharmacien : Toute unité de médecine nucléaire doit disposer d’un radiopharmacien
aux qualifications d’utilisation des médicaments radiopharmaceutiques.
• Manipulateurs en électroradiologie médicale : Parmi le personnel paramédical, les
techniciens ou ingénieurs en radiologie qui sont autorisés à contribuer à la réalisation d’actes de
médecine nucléaire.
• Infirmières : Les infirmières ne sont ni habilitées à préparer les produits radioactifs, ni à
réaliser l’acquisition ou le traitement d’images. Elles ont cependant le droit, statutairement, de
réaliser des administrations de radiopharmaceutiques aux patients.
• Biologistes nucléaires ou chimiste : La réalisation d’actes de biologie nucléaire ou contrôle
de qualité du produit radiopharmaceutique préparé ne peut être effectuée que par des chimistes ou
biologistes.
Tout ce personnel exerçant au sein d’un service de médecine nucléaire est tenu de manipuler
les produits radioactifs avec soin et précaution en respectant les règles de radioprotection. Il doit
porter les tenues de protection requises pour se protéger contre la contamination et les
rayonnements ionisants et ne pas s’exposer inutilement, porter les dosimètres à tout moment dans
les zones réglementées. En résumé, ce personnel devra avoir reçu les notions de base en
radioprotection avant leur mise en poste.
A cet effet, le personnel a le devoir de signaler à la personne chargée de la radioprotection
et au chef de service toute anomalie radiologique ou déficience d’équipements de protection contre
les rayonnements ionisants constatée, de participer à la réalisation des programmes de
radioprotection, et à faire respecter la réglementation.

II.5. L’ETUDE DE POSTE DANS UN SERVICE DE MEDECINE NUCLEAIRE


L’étude de poste en médecine nucléaire est d’une grande importance dans l’évaluation et
gestion des risques, la personne chargée de radioprotection en collaboration avec le chef de service
ainsi que du médecin du travail doivent délimiter autour de la source de rayonnements ionisants des
zones réglementées (zone surveillée, zone contrôlée) pour des raisons de radioprotection qui font
l’objet d’une signalisation particulière et de conditions spécifique d’accès.

64
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.5.1. L’ANALYSE DE POSTE DE TRAVAIL

Un poste de travail est un espace organisé et équipé en vu de l’exécution d’une ou de


plusieurs tâches. Ce dernier peut être constitué d’un ou plusieurs équipements, chacun pouvant
contenir des sources de rayonnements ionisants de nature et de débit différents. Les opérateurs
travaillant à un même poste de travail et ayant des activités similaires sont donc supposés être
soumis aux mêmes types de risques.
En médecine nucléaire chaque poste de travail doit faire l’objet d’une étude afin d’établir
des fiches d’exposition qui s’intègrent dans l’évaluation des risques professionnels.
L’analyse de poste de travail en particulier en médecine nucléaire a pour objectifs [GAM08] :
• La délimitation des zones réglementées (zones surveillée, contrôlée, spécialement
réglementée, interdite) ;
• La classification des travailleurs (A, B, non exposé) ;
• L’évaluation de l’efficacité des dispositifs et des consignes de protection ;
• La définition et le choix des techniques et moyens de protection individuelle et
d’ambiance adaptées aux conditions d’exposition ;
• La validation des programmes de surveillance de routine ;
• La détection des habitudes de travail pouvant conduire à des conséquences d’exposition
inhabituelles des travailleurs afin de les corriger.
Elle doit permettre d’identifier les tâches les plus pénalisantes en dose, d’utiliser en mieux
les moyens de protection et de surveillance pour aboutir à des recommandations en matière
d’optimisation.

II.5.2. LA CLASSIFICATION DES ZONES DE TRAVAIL

Les dispositions concernant l’aménagement d’un service de médecine nucléaire sont relatives
aux conditions d’emploi des radionucléides artificiels utilisés en sources non scellées à des fins
médicaux. Ces dispositions doivent être vérifiées en cas de l’introduction de la TEP pour prendre en
compte le FDG avec toutes ses caractéristiques radiologiques.
En médecine nucléaire, où sont entreprises des manipulations à haut risque de
contamination, le service se divise en deux zones :
a. Zone active : « zone chaude ou zone contrôlée » :
Dans la zone active, le travailleur est susceptible de dépasser le 3/10 des limites de dose
annuelle dans les conditions normales de travail [DEC05].

65
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Les doses annuelles qui peuvent être enregistrées par les travailleurs dans cette zone
peuvent se situer entre 6 et 20 mSv en irradiation globale.
En pratique, cette zone englobe :
• La zone de réception des produits radioactifs ;
• Le laboratoire chaud (radiopharmacie) ;
• La salle d’injection des radiopharmaceutiques (99mTc, 131I, 18F-FDG) ;
• La zone de manipulation et de stockage des déchets solide et liquide (flacons ;
seringues ;……..) ;
• La salle d’attente des patients radioactifs ;
• Les chambres d’hospitalisation (acte thérapeutique) ;
• La paillasse de manipulation (boîte à gants) ;
• La salle de comptage « In vitro » ;
• La salle de la caméra TEP en raison de l’énergie élevée de radioélément injecté au patient ;
• L’enceinte blindée et la boite à gants dans la quelle sont séparées les seringues de 18F-FDG.
L’accès à ces zones est limité aux seules personnes autorisées par la personne chargée de la
radioprotection et le chef de service. La réglementation impose que ces zones disposent d’une
ventilation spécifique et indépendante.
b. Zone inactive : « zone froide ou zone surveillée » :
La zone inactive est une zone d’accès réglementé, dans laquelle les travailleurs sont
susceptibles de dépasser, dans les conditions normales de travail, un dixième (1/10) de la limite de
dose fixée par la réglementation nationale [DEC05].
Lors de l’implantation d’une unité TEP dans un service de médecine nucléaire, diverses
modifications doivent être apportées : Réorganisation de la zone du laboratoire chaud afin
18
d’accueillir les nouveaux radiopharmaceutiques tel que F-FDG et d’autres, création d’une salle
d’injection spécifique pour les examens TEP ainsi que des box d’installation de patient après
injection.
Le tableau II.8 indique les doses susceptibles d’être reçues par les travailleurs dans les zones
contrôlées et surveillées.

66
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Tableau II.8 : Les limites de dose en zone contrôlée et en zone surveillée [GAM08]

Organe Zone surveillée Zone contrôlée


Corps entier (E)* 1mSv < E < 6mSv/an 6mSv < E < 20mSv/an
Mains, avant-bras, pieds, 50mSv < E < 150mSv/an 150mSv < E < 500mSv/an
chevilles (H) **
Peau (H) ** 50mSv < E < 150mSv/an 150mSv < E < 500mSv/an
Cristallin (H)** 15mSv < E < 45mSv/an 45mSv < E < 150mSv/an
* : E, somme maximale des doses efficaces reçues par exposition externe et interne.
** : H, dose équivalente.

II.5.3. LA CLASSIFICATION DES TRAVAILLEURS

Le classement d’un travailleur découle directement de l’étude de son poste de travail, à des
fins de radioprotection. Dans un service de médecine nucléaire, les travailleurs peuvent être exposés
à des rayonnements ionisants émis par les différents radiopharmaceutiques utilisés soit par des
expositions externes ou internes (contamination) durant leurs fonctions. Ce classement des
travailleurs est défini par la personne chargée de la radioprotection et du chef de service après avis
du médecin du travail en deux catégories, A et B.

a. LES TRAVALLEURS DE CATEGORIE « A »


Les travailleurs de la catégorie « A » sont ceux qui pourraient dépasser les trois dixièmes
(3/10) de la limite de dose annuelle dans les conditions normales de travail comme l’indique
l’article 19 du décrit 05-117 [DEC05].
Cette catégorie de travailleurs susceptibles de recevoir une dose annuelle supérieure à 6
mSv/an en irradiation globale doit être soumise à une surveillance médicale spéciale [RAN06,
AIE82, ICR90]. La réglementation Algérienne dans son article 35 exige pour cette catégorie une
surveillance médicale appropriée particulière comportant [DEC05]:
1) Un examen médical approprié avant toute affectation à un poste de travail ;
2) Des examens médicaux périodiques dont la fréquence et la nature sont définies par la
réglementation en vigueur ;
3) Des examens nécessaires en cas d’exposition et/ou de contamination.
En sus de l’examen médical périodique, tout travailleur de la catégorie « A » doit subir un
examen médical s’il a été soumis à une exposition totale supérieure aux limites de dose fixées pour
des conditions normales de travail.
Toute femme occupant un poste de travail sous rayonnement ionisant doit informer son chef
de service et son médecin du travail de son état de grossesse dès qu’elle en a pris connaissance
comme le motionne le décret présidentiel n°05-117 dans son article 36 [DEC05].
67
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Sur l’avis du médecin du travail, elle doit être affectée à un poste de travail plus adapté afin que
l’embryon ou le fœtus bénéficie du même niveau général de protection radiologique que celui qui
est requis pour les personnes du public. Une femme qui allaite ne peut être affectée ou maintenue à
un poste de travail en zone contrôlée impliquant un risque de contamination interne.

b. LES TRAVAILLEURS DE CATEGORIE « B»

Les travailleurs de la catégorie « B » sont ceux pour lesquels il est peu probable que la limite
de dose annuelle puisse dépasser le dixième (1/10) de la limite réglementaire soit 2 mSv dans les
conditions normales de travail tout en restant inférieure à (3/10). Le tableau II.8 illustre de manière
générale le classement du personnel d’un service de médecine nucléaire [GAM08].

Tableau II.9 : Classification des travailleurs dans un service de médecine nucléaire [GAM08]

Personnel concerné Catégorie proposée


Hors TEP TEP Sans Avec hospitalisation
hospitalisat
ion
Médecin nucléaire A ou B en fonction des pratiques et de l’évaluation des risques au poste de
Radiopharmacien travail
Cardiologue surveillant l’examen B
Manipulateur A ou B en l’absence A A A
Technicien de laboratoire de manipulation de
Infirmiers source et en
fonction des études
de poste
Radiophysicien B
Personnel d’entretien B A ou B en fonction des
pratiques
Stagiaire A ou B selon le poste d’affectation
(pas un stagiaire moins de 18 ans)

Autre personne susceptible de Appréciation cas par cas avec la personne chargée de la radioprotection
pénétrer occasionnellement en
zone surveillée ou contrôlée
Secrétaire, personnel d’accueil Ne doivent pas être affectés en zone réglementée ;
Ils ne sont pas concernés par le classement

II.5.4. L’AMENAGEMENT ET LA CONCEPTION DES LOCAUX

Certaines conditions concernant : les locaux, le matériel de protection, les effluents et


déchets radioactifs, sont exigées pour toutes les unités de médecine nucléaire qui sont relatifs aux
conditions d’emploi des radionucléides. La réglementation Algérienne a fixé ces conditions pour
l’utilisation de substances radioactives à travers les articles 45, 46, 50, 51, 52,53 et 54 [DEC05].

68
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

L'aménagement des locaux d'une unité de médecine nucléaire doit satisfaire certaines règles
telle que :
• Situés à l'écart des circulations générales ;
• Individualisés nettement des locaux à usage ordinaire ;
• Regroupés afin de former un ensemble d'un seul tenant permettant la délimitation aisée des
zones surveillée et contrôlée ;
• La salle d’injection doit se trouver à proximité de la salle de la caméra TEP et du laboratoire
chaud dans l’unité TEP ;
L’unité de médecine nucléaire comprend nécessairement les locaux suivants :
• Sas-vestiaire pour le personnel comprenant deux parties distinctes permettant la séparation
des vêtements de ville de ceux de travail ;
• Salles d'examen et de mesure ;
• Pièces réservées à l'attente, avant examen, des patients injectés (prévoir des locaux
distincts pour les patients valides et ceux couchés) ;
• Salles d'injections ;
• Laboratoire chaud et pièces annexes formant la radiopharmacie ;
• Local spécifique pour la livraison des produits radioactifs. Ce local doit être conçu de façon
à éviter les risques d’actes de malveillance ou d’intrusion ;
• Installations de stockage des déchets et des effluents radioactifs (elles peuvent ne pas être
situées au sein de l'unité de médecine nucléaire (sous -sol, bâtiment extérieur...).
En ce qui concerne les chambres d’hospitalisation, elles doivent répondre à certains critères dont :
• Des chambres individuelles munies de toilettes ;
• Revêtements des sols et des murs y compris les toilettes facilement décontaminables ;
• Sanitaires des chambres protégées raccordés à des cuves de décroissance réservées à cet
usage. Ces cuves doivent être distinctes de celles collectant les effluents des laboratoires de
préparation. Les sanitaires de ces chambres peuvent être équipés de toilettes séparant les matières
solides et liquides qui sont seuls dirigés vers des cuves de décroissance réservées à cet usage ;
• Prévoir, dans la mesure du possible, une ventilation spécifique forcée de la chambre.
Au minimum, s’assurer qu’il n’y a pas de recyclage de l’air extrait de la pièce et qu’elle dispose en
toute circonstance d’une bonne aération.
L'ensemble des installations d'aération et d'assainissement des locaux de l’unité de médecine
nucléaire doit être maintenu en bon état de fonctionnement et être régulièrement contrôlé. En
particulier, les locaux à pollution spécifique, tels que ceux où des sources non scellées sont
manipulées, et qui doivent faire l'objet d'un contrôle au minimum annuel.

69
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.5.5. LES EQUIPEMENTS ET MOYENS DE PROTECTION EN MEDECINE


NUCLEAIRE
Les locaux et le laboratoire « chaud» doivent comporter diverses équipements de protection
tels que des enceintes de stockage protectrice pour les différentes sources que ce soit pour
l’utilisation in vivo ou in vitro. Le service doit disposer aussi d’enceintes de stockage protectrices
131
réfrigérées pour pouvoir stocker certains radiopharmaceutiques à basse température tel que I-
mIBG, une boîte à gants au moins, les éviers du laboratoire chaud doivent être reliés aux cuves de
stockage. La boîte à gants et l’enceinte qui sert de confinement étanche à la manipulation des
produits radiopharmaceutiques contaminants, doit comprendre nécessairement un moyen de
ventilation et un moyen de manipulation tel que des gants, un activimètre de chambre d’ionisation à
puits, un monte-charge pour les générateurs radioisotopiques (99Mo-99mTc), une étagère pour la
distribution des seringues préparées à l’intérieur de la boîte à gants. Parmi le matériel de
radioprotection qui doit être disponible dans un service de médecine nucléaire, nous pouvons citer
les appareils portables pour la mesure des débits de dose avec une sensibilité suffisante (babyline),
les détecteurs de contamination de surface dotés de sondes adéquates aux émetteurs utilisés, les
chariots pour le transport des sources d’activité élevée. En plus du matériel de surveillance
dosimétrique, l’employeur doit assurer au personnel tous les équipements de protection individuelle
à savoir : les vêtements de protection contre la contamination (blouse, tenues type chirurgien, etc.) ;
des gants ; des équipements de manipulation :des pinces, écrans mobiles adaptés au type de
rayonnement et protège-seringue ainsi que des conteneurs en plomb dans le but de réduire les doses
reçues surtout au niveau des extrémités (mains).

II.5.6. CARACTERISTIQUES ET GESTION DES DECHETS RADIOACTIFS

L’objectif fondamental de la gestion des déchets radioactif est d’assurer pendant toute la
durée nécessaire et en toute situation prévisible, la protection des individus et du public en général
contre les risques radiologiques qui ne seraient pas acceptables. Elle doit viser également à
préserver l’environnement et ses ressources [PAN82 ; SAI96]. La gestion des déchets radioactifs se
fait en partenariat avec la personne chargée de la radioprotection. En médecine nucléaire, tous les
lieux de travail où des déchets radioactifs peuvent être produits, doivent être équipés de récipients et
de poubelles blindés appropriés pour les recueillir.
Les déchets radioactifs sont triés et gérés en fonction de certaines caractéristiques telles
que : la période physique du radionucléide, la nature ainsi que l’activité totale ou encore l’activité
spécifique, l’état infectieux et toxique qui peut entraîner des risques pathogènes beaucoup plus
graves que ceux liés à la radioactivité.
70
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Il existe d’autres caractéristiques qui peuvent être indépendants de la radioactivité telles que
l’état physique (solide, liquide ou gazeux) et la composition chimique. Ces déchets doivent faire
l’objet d’une élimination contrôlée et différenciée en utilisant les possibilités locales, sinon faire
appel aux services spécialisés du COMENA.

II.5.6.1 LA CLASSIFICATION DES DECHETS RADIOACTIFS

Vu les périodes physiques modérées des radionucléides utilisés dans les services de
médecine nucléaire en Algérie (voir la figure II.1) tel que : 99mTc (T1/2 =6h), 131I (T1/2 =8.02j) et 125I
(T1/2 =60j), la gestion de ces déchets est effectuée par l'entreposage en décroissance qui peut être
provisoire ou d'une durée déterminée. Le stockage s’effectue dans des locaux adaptés dans l’attente
de leur enlèvement par des entreprises spécialisées ou alors éliminés localement sous contrôle après
classification. Le lieu de stockage des déchets radioactifs ne doit pas être accessible aux personnes
non autorisées. La réglementation Algérienne classe les déchets selon la période [DEC05] :
• Type I: T1/2 < 6 jours (99mTc, 133Xe, 201Tl, 90Y, 123I, 67Ga, 111In, 186Re, 24Na, 42K, 198Au) ;
• Type II : 6 jours ≤ T1/2 ≤ 74 jours (131I, 125I, 51Cr,59Fe,169Er, 58Co,32P, 33P) ;
• Type III : 74 jours ≤ T1/2 ≤ 30 ans (35S, 3H, 57Co) ;
• Type IV : T1/2 > 30 ans (14C).
Par définition même de la période physique, l’activité des ces déchets est diminuée soit :
• En trois périodes, l’activité diminuée au huitième de l’activité initiale ;
• En six périodes, l’activité diminuée au soixante-quatrième de l’activité initiale ;
• En dix périodes, l’activité diminuée au millième de l’activité initiale.
Il en résulte qu’une gestion optimale des déchets, de fait de leur radioactivité, nécessite une
aire de stockage provisoire permettant de stocker les déchets au moins : une semaine pour le 99mTc,
trois mois pour l’ 131I et deux ans pour 125I [SAI96].

II.6. LA SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE EN MEDECINE NUCLEAIRE

L’objectif fondamental de la surveillance dosimétrique en matière d’irradiation externe et


interne en médecine nucléaire est d’évaluer, et ainsi de limiter, les doses reçues par chaque
travailleur. Les résultats obtenus grâce à la surveillance individuelle peuvent en particulier servir à
confirmer la conformité des conditions de travail aux normes. Ils peuvent être employés pour
entamer certaines actions quand un niveau de référence de dose prédéfini a été excédé tels que : le
niveau enregistrement, d’investigation, et d’intervention [RAD94 ; ICR90 ; RAN98]. Ils visent à
fournir des renseignements sur les variations de dose, sur les conditions existant sur les lieux de
travail, ainsi que sur l’éventualité d’expositions accidentelles.

71
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

En plus de ces trois objectifs, il convient d’ajouter l’obligation d’informer les travailleurs sur
leurs expositions et de les rassurer dans le cas contraire.
La dosimétrie est une donnée fondamentale pour le médecin de travail, elle doit être mise
en perspective par rapport à d’autres sources de nuisances auxquelles les travailleurs peuvent être
exposés et prévenir des effets pathologiques des rayonnements. Elle est aussi indispensable pour les
études épidémiologiques pour lesquelles les informations qualitatives sont utiles.

II.6.1. L’ASPECT REGLEMENTAIRE

La surveillance dosimétrique individuelle fait partie intégrante du dispositif de


radioprotection des travailleurs exposés. L’objectif fondamental de la surveillance radiologique
est d’obtenir une estimation de l’équivalent de dose moyen et de l’équivalent de dose efficace
dans les tissus significativement exposés. Cette information est utile pour limiter les doses
individuelles reçues par les travailleurs et démontrer le respect du système de limitation des
doses recommandées par l’ICRP ainsi que des limites réglementaire [RAN98 ; RAD94)].
L’article 18 du décret 05/117, basé sur les recommandations de l’ICRP (ICRP 60) ainsi que
celles de l’AIEA, exige que l’exposition professionnelle de tout travailleur doit être maitrisée de
sorte que les limites figurant dans le tableau II.10 ne soient pas dépassées [DEC05 ; ICR91 ;
AIE04b].
La surveillance dosimétrique en médecine nucléaire est effectuée selon les modalités
suivantes [AUB91] :
• Dosimètre corps entier « poitrine» pour tout travailleur de catégorie A soumis à un risque
d’exposition externe de l’organisme ;
• Dosimètre « poignet » et bague dosimètre pour tout travailleur de catégorie A soumis à un
risque externe des mains porté pendant un mois (manipulateur des sources non scellées au
laboratoire chaud) ;
• Analyse radiotoxicologique pour tout travailleur de catégorie A soumis à une exposition
interne, cet examen porte sur les urines recueillies durant 24 heures ;
• Examen anthropogammamétrique pour les travailleurs de catégorie A qui
manipulent des activités relativement élevées ~ 0.1 GBq, de radionucléides émetteurs γ ; cet
examen est complété par un comptage thyroïdien pour le personnel manipulant des isotopes
radioactifs de l’iode. Ces deux derniers examens concernent les travailleurs soumis à un risque
d’exposition interne. Ils peuvent être réalisés selon une périodicité à définir.
En pratique, cette périodicité est de 6 mois pour une surveillance de routine et peut être
réduite pour des situations particulières [AUB91 ; RAD94].

72
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Actuellement, la surveillance dosimétrique individuelle mensuelle est exigée par la


réglementation Algérienne pour les travailleurs affectés à titre permanent ou temporaire à une zone
contrôlée au moyen d’un dosimètre individuel approprié. La périodicité du contrôle dosimétrique
individuel est déterminée en fonction des conditions radiologiques liées à l’activité exercée.
L’article 33 du décret 05/117, stipule que les employeurs doivent veiller à ce que les travailleurs qui
peuvent être exposés à une contamination radioactive, y compris ceux qui sont dotés de système
respiratoire autonome, fassent l’objet de contrôle anthropogammamétrique ou radiotoxicologique
ou les deux à la fois.
Les trois méthodes mise en œuvre en Algérie pour la surveillance individuelle pour le corps
entier sont :
1. Par émulsions photographiques (film dosimètre) ;
2. Par chambre d’ionisation « stylo-dosimètre » à lecture directe ;
3. Par thermoluminescence.
Par contre, en ce qui concerne la surveillance dosimétrique des extrémités qui est une
nécessité en médecine nucléaire, et contrairement à la recommandation internationale qui préconise
l’utilisation des bagues dosimètres [RAD94], la réglementation Algérienne ne prend pas en
considération ce type de surveillance [DEC05].

73
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Tableau II.10 : Limite d’exposition, type d’exposition, et dosimétrie individuelle appliquée


[ICR90 ; DEC05]

Catégorie du Dosimétrie Dosimétrie Type Limite de dose Limite de dose


personnel externe Opérationnelle d’exposition ICRP 60 (mSv) Algérienne
passive (Décrit 05 N°117)
Catégorie A Dosimétrie Corps entier 20 mSv/an 20 mSv/an moyenné
poitrine Obligatoire en moyenné sur 5 ans consécutifs
mensuelle zone contrôlée sur 5ans 50 mSv pour une seule
consécutives année
50mSv/ 1seul
Dosimétrie année
des
extrémités 150mSv 150mSv /an
cristallin,
(bague de peau,
préférence) extrémité 500mSv 500mSv/an
Catégorie B Dosimétrie Obligatoire en
poitrine zone contrôlée
mensuelle ou
trimestrielle
selon l’étude
de poste
Public Corps entier 1mSv/an 1mSv/an
5 mSv en une 5mSv/an (dose
année moyenne de 1mSv/an

cristallin, 15mSv 15mSv


peau,
extrémité 50mSv 50mSv
Stagiaire Corps entier 6mSv/an
(Agés de 16 Cristallin,
à 18 ans) 50mSv/an
Extrémité et
peau 150mSv /an

II.6.2. LA SURVEILLANCE DOSIMETRIQUE INDIVIDUELLE EN MEDECINE


NUCLEAIRE

La dosimétrie externe consiste à mesurer les doses reçues par une personne exposée dans un
champ de rayonnements (rayons X, gamma, bêta) générés par une source externe à la personne.
La mesure de l’exposition externe est évaluée généralement par les dosimètres portés par les
travailleurs adaptés aux différents types de rayonnements (film dosimètre). Elle permet de connaître
la dose reçue par le corps entier (dosimètres portés à la poitrine) ou par une partie du corps comme
le cas des extrémités.
Par contre, la surveillance dosimétrique individuelle de l’exposition interne des travailleurs
s’effectue à l’aide de deux méthodes directe ou indirecte. La méthode directe désignée sous le nom
74
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

de « Anthroporadiamétrie » est la mesure de la radioactivité présente dans le corps par un détecteur


externe positionné à des endroits spécifiques autour du corps, la méthode indirecte consiste à
l’analyse biologique des excrétions afin de déterminer le taux d’élimination de substance
radioactive par l’organisme. Au cours des différentes étapes du circuit de la TEP, c’est l’étape
d’installation du patient sous la camera TEP qui est de loin la plus irradiante pour le personnel.

II.6.2.1. LA DOSIMETRIE INDIVIDUELLE EXTERNE


a. LA DOSIMETRIE DU CORPS ENTIER

Les dosimètres individuels classiques pour la surveillance des travailleurs en médecine


nucléaire, peuvent être classés en deux catégories : passifs et actifs [AUB97]. La dose individuelle
ainsi mesurée est assimilée à la dose reçue par le corps entier en temps réel, dans ce cas on parle de
dosimétrie active. Par contre, en temps différé après traitement et lecture dans un laboratoire agrée
on parle de dosimétrie Passive (Voir tableau II.10).
Elle peut aussi être effectuée à l’aide d’un radiametre, dans ce cas on effectue la mesure
directe des débits d’exposition à l’aide de détecteurs appropriés, utilisé à distance très proche
presque en contact du travailleur durant son séjour dans le champ d’irradiation [SAI96]. Cette
dernière méthode présente quelques inconvénients tels que l’exposition de la personne réalisant la
mesure et l’impossibilité de sauvegarder les doses mesurées.
Tableau II.11 : Les différents types et caractéristique des dosimètres utilisés pour la surveillance
individuelle [RAN9 ; SAI96 ; AUB97 ; IEC07 ; ISO99b]
Caractéristiques des dosimètres corps entiers
Type et catégorie de dosimètres Grandeurs La gamme d’énergie et type de rayonnements Utilisation
mesurées détectés

Photons (RX, γ) Bêta

Film Hp(10), Jusqu’à 50MeV* 0.5MeV-4MeV*


Passifs photographique Hp(0.07)peau 1.5MeV-4MeV* mesure,
Thermoluminescence Hp(10) 12keV-7MeV** ………………….. après un
Hp(0.07) 8keV-250keV 0.07 MeV-1.2 MeV* mois ou
Pour Emax on a 225 keV - plus, la dose
3.54 MeV est intégrée
Stylo dosimètres Hp(10) 10keV- 3MeV (calibre 1mGy à50mGy) *** mesure de
Actifs ß supérieur à 500keV débit de
X, γ de 5 keVà 3 MeV dose, alarme
(calibre de 5 mGy) ***
Electronique à diode Hp(10) 60keV-3MeV*** 250keV***

* : ISO 1757(1999).
** : CEI 62387-1 (2007).
*** :A. RANNOU et al (1998).

75
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

En général, un dosimètre individuel (figure II.5), qu’il soit actif ou passif, d’extrémités ou
corps entier doit répondre à certaines conditions telles que :
• Le milieu actif du dosimètre doit être équivalent tissu ;
• Le seuil de détection le plus bas possible ;
• Le dosimètre doit être adapté au type de rayonnement et d’énergie utilisé ;
• La gamme d’énergie d’utilisation doit être assez large ;
• L’incertitude sur la mesure de la grandeur visée doit être selon les normes et
les recommandations ;
b. LA DOSIMETRIE DES EXTREMITES

La manipulation des substances radioactives en contact direct en médecine nucléaire est


irradiante. La main des manipulateurs est l’endroit le plus exposé aux radiations [GUI02 ; JAN03 ;
TAN07 ; VAN06 ; VAN08], car une protection du corps entier peut être réduite par l’utilisation des
écrans et enceintes en plomb, par contre demeure insuffisante pour la protection
des mains (extrémités). A cet effet, une limite d’équivalent de dose (tableau II.10) a été exigée pour
les extrémités par la Commission Internationale de Protection Radiologique [ICR90] et adoptée par
la réglementation Algérienne [DEC05].
Dans certains cas, la dose délivrée à ces organes peut atteindre 35 fois la dose à la surface
du corps [GIN07]. Une surveillance des extrémités a été recommandée [RAD94 ; VAN08]. Le plus
souvent, les dosimètres d’extrémités sont destinés aux postes pour lesquelles les mains des
travailleurs sont susceptibles d’être exposées tel que le personnel qui manipule et qui injecte des
sources non scellées sans aucune protection. Certains auteurs ont observé chez ce type de
travailleurs des équivalents de doses très élevés au niveau des mains (extrémités) avec une variation
d’équivalent de dose sur les cinq doigts de la main [CHR02 ; JAN03 ; TAN 07 ; VAN06 ;
VAN08 ; GIN07]. A cet effet, la mise en œuvre de la surveillance des extrémités (mains) du
personnel en médecine nucléaire est plus que primordiale.
Les dosimètres sont généralement portés selon les approches possibles :
• La dose à la main est considérée comme étant égale à la dose délivrée aux doigts les plus
exposés.
• La dose à la main est égale à la dose moyenne, et dans ce cas il faut porter le dosimètre dans
une position la plus proche de cette moyenne.
La surveillance dosimétrique d’extrémités (les mains, avant bras) doit être réalisée
principalement au moyen de dosimètres complémentaires tels que les dosimètres bagues à TLD
(figure II.5(b)) ou doigtier pour les bouts de doigts, mais également, par le dosimètre « poignet »
par des émulsions photographique [BOT07] (figure II.5(a)).

76
Chapitre II : Les
es aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

(a) : Film poignet (b : Bague dosimètre


(b) (c) : Stylo dosimètre (d) : Film dosimètre

Figure II.5 : Dosimètres utilisés pour la surveillance individuelle


en médecine nucléaire

II.6.2.2. LA METHODE D’ESTIMATION DES DOSES EXTERNES


EXTERNE

L’évaluation de l’exposition mensuelle se base sur un principe spécifique lorsque


l’exposition est inférieure au seuil de détection du dosimètre utilisé ou au niveau d’enregistrement
représentant le 1/10ème de la limité de dose annuelle réglementaire,, les équivalents de dose
individuelle sont alors considérés
considér comme nuls.. Une telle méthode, conduit à une sous-estimation
sous
des doses reçues par le personnel effectivement exposé.
exposé Comme cité précédemment,
précédemment l’estimation de
la dose peut être jugée selon le mode choisi ci-dessous [SAI96] :
1. Les valeurs de doses enregistrées inférieures
inférieur au seuil de détection et au niveau
d’enregistrement sont mises à zéro, l’approche
l la plus utilisée mais elle conduit à une sous-
sous
estimation de dose enregistrée ;
2. Les valeurs de doses enregistrées inférieures au seuil prennent la valeur du seuil, dans ce
cas il y aura une surestimation de la dose reçue par le personnel ;
3. Les valeurs de doses enregistrées inférieures
inférieur au seuil prennent la moitié
moiti du seuil, ce mode
d’estimation est caractéristique
ristique de la situation d’ignorance totale.
Actuellement, l’estimation de doses enregistrées pour le personnel professionnellement
exposé en Algérie notamment en médecine nucléaire est basée sur le premier mode
mod pour la
surveillance du corps entier.

II.6.3.. LA DOSIMETRIE INTERNE

L’évaluation
’évaluation des doses des travailleurs en médecine nucléaire exposés couramment ou
potentiellement aux rayonnements via l’incorporation de substances radioactives fait partie
intégrante de tout programme de radioprotection et aide à garantir des conditions radiologiques
suffisamment sûres et satisfaisantes. Les méthodes classiques de contrôle radiologique individuel
pour les incorporations internes sont : l’activité globale de l’organisme « Anthropogammamétrie»,
77
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

l’activité des organes (comme le contrôle radiologique de la thyroïde ou des poumons) et l’analyse
d’échantillons biologiques (tests Radiotoxicologique). L’échantillonnage de l’air inhalé à l’aide
d’analyseurs d’air individuels est également utilisé [AIE04b]. La dosimétrie interne a pour but
l’évaluation de la dose efficace engagée dans l’organisme.
Les travailleurs soumis à un risque de contamination interne doivent faire l’objet d’une
surveillance individuelle destinée à déterminer de manière aussi précise que possible les activités
d’incorporation et les doses qui en résultent afin de : [PWJ85] :
• S’assurer du respect des limites de dose pour chaque individu ;
• Prévenir les surexpositions en détectant précocement les anomalies dans les
conditions de travail.
En général, la décision d’appliquer à un travailleur un programme de contrôle radiologique
de l’exposition interne devrait être basée sur la probabilité pour l’individu de subir une
incorporation de substances radioactives dépassant un niveau prédéterminé tel que le niveau
d’enregistrement, d’investigation et les niveaux de référence dérivés, que ce soit pour la
surveillance de routine ou spéciale.

II.6.3.1. L’EVALUATION DES DOSES INDIVIDUELLES LIEES A LA


CONTAMINATION INTERNE

Les incorporations de radionucléides peuvent se produire via un certain nombre de voies cité
précédemment (Paragraphe II.3.1(b)). Des recommandations ont été faites par la CIPR 60(1990) sur
les méthodes d’évaluation des incorporations et des doses résultantes, à partir des données du
contrôle radiologique [ICR88 ; ICR97]. La grandeur d’importance majeure pour l’évaluation de la
dose interne est l’incorporation, qui est définie comme l’activité d’un radionucléide introduit dans
l’organisme. L’évaluation de cette activité incorporée se base sur des courbes de rétention ou
d’excrétion [PWJ85]. A cet effet, une fraction décrivant la quantité choisie pour effectuer la
surveillance des travailleurs (de rétention ou d’excrétion) a été définie par  qinh t avec t le temps
de mesure après l’incorporation durant la surveillance.
Pour certains auteurs comme J.PIECHOWSKI [PWJ85], il définit le temps «t » au mi-
intervalle de la période de surveillance correspondant à une incorporation unique par hypothèse
d’admettre que toute l’incorporation a eu lieu au milieu de l’intervalle qui a été retenue dans le cas
d’une surveillance de routine. Par contre, pour une surveillance spéciale à la suite d’un incident,
l’incorporation est supposée isolée et unique. L’incorporation I (Bq) peut être estimée à partir de la
mesure de l’activité M(t) par rapport à la fraction de rétention ou d’excrétion tabulée pour chaque

78
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

radionucléide [ICR88 ; ICR97] en tenant compte des caractéristiques physico-chimiques des


radionucléides selon la relation suivante :

 
I Bq (II.1)
 

Par conséquence, l’estimation des doses résultantes d’une incorporation chez un travailleur
qu’elle soit pour l’organisme entier ou pour un organe bien spécifique tel que la thyroïde ou les
poumons peut être déterminée par les relations II.2 et II.3 [PWJ85]:

  ! " (II.2)

#  ! "# (II.2)

Avec hE et h0 représentant respectivement la dose effective, la dose engagée à l’organe


résultant de l’incorporation d’une unité d’activité du radionucléide considéré.

II.6.3.2. LA METHODES DE MESURES DE LA CONTAMINATION INTERNE


INDIVIDUELLE
La contamination interne se développe dans l’organisme selon quatre étapes suivantes :
1. Le dépôt de la substance radioactive ;
2. Le transfert vers le sang ;
3. L’incorporation dans les organes et les tissus de fixation ;
4. L’élimination biologique de la substance radioactive.
Ces incorporations de radionucléide, qui provoquent la contamination interne peuvent être
déterminées par des méthodes de mesure dites directes ou indirectes.
En pratique, les activités incorporées sont faibles et sans conséquence sanitaire, même en
supposant des contaminations répétées, mais leur fréquence montre qu’une optimisation est
souhaitable et justifie la surveillance du personnel [GAM08].

II.7. LA SURVEILLANCE RADIOLOGIQUE DU LIEU DE TRAVAIL

L’objectif d’une surveillance radiologique du lieu de travail est d’évaluer, dans des
conditions normales de travail, les doses susceptibles d’être délivrées au personnel, consécutives à
des expositions externes et internes aux rayonnements ionisants.

79
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

Elle permet ainsi d’identifier les dangers et d’estimer les risques encourus, afin de mettre en
œuvre les actions de prévention adaptées et d’apporter des éléments pour la gestion des incidents
éventuels.
En médecine nucléaire, la surveillance radiologique du lieu de travail doit également
permettre d’identifier l’existence des risques d’exposition interne conséquence d’une incorporation
interne de radionucléide dans l’organisme et de la contamination de surface ainsi que de l’air
ambiant du milieu de travail, afin de mettre en œuvre les actions de prévention adéquates et la
détection de la contamination radioactive atmosphérique et surfacique.
Elle permet ainsi de déterminer le niveau de l’équivalent de dose ambiant H*(10) dans les
différentes zones de travail du service, et l’activité volumique, y compris leurs fluctuations
prévisibles ainsi que la probabilité des expositions potentielles.
Le plus souvent, le contrôle radiologique des lieux de travail dans un service de médecine
nucléaire est régi par plusieurs facteurs tels que :
• Le type de travail accompli ;
• La classification des lieux de travail ;
• Les conditions de travail ;
• La fréquence d’utilisation de substances radioactives.

II.7.1. LE MATERIEL ET METHODE POUR LA SURVEILLANCE DE


L’AMBIANCE
La surveillance des locaux de travail vis-à-vis de l’exposition aux rayonnements ionisants,
peut être réalisée soit en temps réel soit en temps différé. Le matériel le plus utilisé pour la
surveillance des locaux en médecine nucléaire en temps réel est du type chambre d’ionisation telle
que la babyline (figure II.6a) ou de type détecteurs à gaz comme le Geiger-Muller (figure II.6b). Il
s’agit d’une catégorie de détecteurs à lecture directe ou à alarme avec des gammes d’énergie
d’utilisation et débit de dose spécifiques (Voir tableau II.12).
Par contre, pour la mesure de la contamination, on utilise des détecteurs à gaz ou à
scintillation à sonde multiples selon le type de rayonnements à détecter (bêta, X, gamma). Le
caractère préventif de l’alarme sonore ou lumineuse fait de ces détecteurs les plus favorisés.
Pour ce qui est de la surveillance des lieux de travail en temps différé, on peut distinguer :
• Des dosimètres de même nature que ceux utilisés pour la surveillance individuelle du
personnel tels que les films à émulsion photographique ou à thermoluminescence.
• Des appareils de prélèvement d’air à l’aide d’analyseurs fixes ou dans les zones de
respiration des travailleurs à l’aide d’analyseurs d’air individuels [AIE04b]. Ces appareils
contiennent des filtres sur lesquelles s’accumulent les aérosols et les gaz radioactifs, généralement
80
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

ces derniers sont en charbon actif pour piéger la vapeur de l’iode radioactif, dans le but de
l’échantillonnage de l’air inhalé par les travailleurs ;
• Dans le cas d’une contamination de surfaces, après un contrôle préliminaire à l’aide
d’un détecteur adapté à la nature des rayonnements en cause, un frottis sur la zone définie de la
surface avec des matériaux tels que du papier-filtre ou du coton-tige imbibé d’alcool est nécessaire.
Ces matériaux sont choisis pour leur capacité de transférer les contaminants de la surface et de les
relâcher selon le besoin pour les analyser.

(a) (b)
Figure II.6 : La chambre d’ionisation « Babyline » et le détecteur Geiger-Müller pour la surveillance des
lieux de travail

Tableau II.12 : Les caractéristiques des instruments de surveillance en radioprotection des lieux de
travail les plus utilisés en médecine nucléaire

Type d’instrument Gamme d’énergie Débit de dose mesuré Grandeur mesurée


Babyline 10 keV à 2 MeV 0.1 mGy/h à 1 Gy/h H*(10) et H’(0.07)
(chambre d’ionisation 515 cm3)
Geiger-Muller 60 keV à 1.3 MeV 1 µSv/h à 1 Sv/h H*(10)
(à gaz)

II.8. LA SITUATION RADIOLOGIQUE AU NIVEAU DU SERVICE DE


MEDECINE NUCLERAIRE DU CHU-BEO

II.8.1. PRESENTATION DU SERVICE

Le service de Médecine Nucléaire de Centre Hospitalo-Universitaire de Bab El-Oued


(Mohamed Debaghine), comporte trois unités : Scintigraphie, Irrathérapie, Radio-Analyse.
En début de notre présente étude (Juin 2008), le personnel médical était constitué d’un
professeur et trois maîtres assistants.

81
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

L’unité de scintigraphie et l’unité d’irrathérapie comportent un surveillant médical chef, un


surveillant médical, un radioprotectionniste, un radio-physicien, un ingénieur physicien, quatre
infirmières, cinq techniciens, un chimiste et environ une quinzaine de médecins résidents. En
parallèle, l’unité de radio-analyse est constituée d’un chef d’unité, deux techniciens et un ingénieur.
Le service de médecine nucléaire de CHU BEO représente un pôle d’excellence en de
médecine nucléaire important pour la région du centre et même à l’échelle nationale.
Le service avec ses différentes unités est réparti comme suit : le service scintigraphie
constitué d’une salle de préparation « laboratoire chaud » dotée de deux guichets de transfert vers
les deux salles d’injection (N°1 et N°2) ; il est équipé de deux boites à gants et un activimètre à
proximité de la salle de contrôle de qualité des produits radiopharmaceutiques et préparation des
produits pour les différents examens effectués. Quant aux salles d’examens scintigraphiques, elles
sont équipées chacune d’une gamma-caméra : la première salle comporte une gamma-caméra à une
seule tête de marque « Argus » utilisée généralement pour l’examen rénal, balayage à l’ 131I et au
99m
Tc. La deuxième salle est équipée d’une gamma-caméra à double tête de marque « Forté »,
utilisée en particulier pour les examens Myocardique et d’autres types d’examens. En ce qui
concerne la troisième salle, elle est équipée d’une gamma-caméra dédiée spécialement pour la
thyroïde. Le service de scintigraphie est classé en zones réglementée (zone surveillée, zone
contrôlée). Quatre salles d’attente classées en zone public se situent à la périphérie de la zone
réglementée.
Au moment de notre étude, ce service était en phase d’installation de deux caméras SPECT
afin d’améliorer la qualité des actes diagnostiques et thérapeutiques ainsi que pour une prise en
charge d’un grand nombre de patients.
L’unité d’Irrathérapie comprend une chambre blindée pour l’hospitalisation des patients
traités par l’iode-131 pour la thérapie des cancers de la thyroïde nécessitant une hospitalisation. Elle
est équipée d’une salle d’eau dont les déchets liquides sont stockés dans une cuve jusqu’à la
décroissance.
Il est à noter que la qualité des soins proposés dans ce service n’a rien à envier à ceux
réalisés dans les services de médecine nucléaire étrangers outre mer. L’unité Radio-Analyse se
compose d’une salle de préparation (laboratoire chaud) et une salle de comptage située à proximité
où sont réalisées les analyses fondées sur des réactions immunologiques sur échantillon biologique
sanguin, urinaire, ou salivaires marqués à l’iode-125.

82
Chapitre II : Les aspects de la radioprotection en médecine nucléaire 2010

II.8.2. OBSERVATIONS ET CONSTATATIONS

L’état des lieux effectué au niveau du service a été réalisé pour un objectif purement
pédagogique. Les résultats de cette étude seront sans doute exploités par le responsable de ce
service en vu de sa préparation à l’introduction de la modalité TEP. Toutes les observations ont été
effectuées sur la plupart des postes du travail qui poserait problème en terme d’exposition et par
conséquent en terme de radioprotection.
En premier, nous nous sommes intéressés à l’organisation de ce service et aux principaux
postes clés à savoir celui du chef de service, de la personne chargée de la radioprotection et du
radiophysicien. Le chef de service, conformément à ses tâches citées précédemment (cf. § II.4.2.2),
veille au strict respect des règles et aspects réglementaires de la radioprotection par son personnel.
Il a mis à leur disposition tous les moyens de protection contre les risques d’exposition
externe et interne (tablier en plomb, les gants, tenues de type chirurgicale, bavette, des écrans en
plomb et en plexiglas, poubelles blindées et de pinces etc…). Il assure l’obligation d’une
surveillance dosimétrique individuelle corps entier (films dosimètres) et de surveillance des lieux de
travail (Babyline).
Durant notre présence dans ce service, on a constaté qu’en plus de ses tâches comme
prof