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Sommaire Mlle et
Faculté des Sciences de la Nature de la Vie
D. MESSAOUDI
Département de Biochimie
Immunologie approfondie
Responsable de la matière:
Dr. MESSAOUDI Dalila
2017/2018
Immunologie approfondie 1
Sommaire Mlle D. MESSAOUDI
Contenu de la matière
Immunologie approfondie 2
Sommaire Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 3
Sommaire Mlle D. MESSAOUDI
Références bibliographiques
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Introduction Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 5
Cours 1 : Organisation générale et compartimentation du système immunitaire Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
L’immunologie est une discipline scientifique qui s’intéresse au fonctionnement du
système immunitaire. Ce dernier est constitué d’un ensemble complexe d’organes individualisés
et de tissus entre lesquels circulent, de façon constante, des cellules immunocompétentes de
l’immunité innée et de l’immunité adaptative. Le système immunologique joue un rôle essentiel
dans la protection de l’organisme contre les agents extérieurs. De ce fait, l’immunologie est la
science qui étudie la discrimination entre le soi et le non soi. Pour cela, l’organisme doit disposer
des mécanismes biologiques permettant la reconnaissance et la tolérance de ce qui lui appartient
en propre (le soi); la reconnaissance et le rejet de ce qui lui est étranger (le non soi). En effet, les
substances étrangères ou les agents infectieux constituent les antigènes exogènes. Tandis que, les
cellules tumorales par exemple représentent les antigènes endogènes lesquelles l’organisme doit
s’en débarrasser. L’ensemble des conséquences de cette reconnaissance aboutit à la réponse
immunitaire. La perturbation de l’un de ces systèmes est à l’origine de graves dérèglements
pathologiques comme des déficits immunitaires, des maladies auto-immunes ou des états
d’hypersensibilité.
2. Organes lymphoïdes
Les organes et les tissus lymphoïdes correspondent au lieu de résidence des lymphocytes
et d’autres cellules du système immunitaire telles que les macrophages et les cellules
dendritiques. Ils se distinguent en deux groupes: les organes lymphoïdes centraux et les organes
lymphoïdes périphériques (fig. 1).
Ganglions cervicaux
Thymus
Ganglions axillaires
Moelle osseuse
Rate
Plaques
de Peyer
Ganglions inguinaux
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Cours 1 : Organisation générale et compartimentation du système immunitaire Mlle D. MESSAOUDI
Les CSH sont des cellules multipotentes: ainsi, ces cellules ont la capacité de se
différencier en chacun des types de cellules sanguines (érythrocytes, leucocytes ou
thrombocytes). Alors que les cellules stromales constituent un tissu de soutien permettant la
multiplication et la différenciation des cellules souches hématopoïétiques. La multiplication et la
différenciation s'effectuent sous l'influence des cytokines nécessaires au développement des
leucocytes sécrétées par les cellules stromales.
La moelle osseuse constitue donc le lieu d'ontogénèse et de maturation des lymphocytes
B et des autres cellules myéloïdes (granulocytes, polynucléaires, monocytes…), d'ontogénèse
uniquement des lymphocytes T.
2.1.2. Thymus
Le thymus est un organe lympho-épithélial situé dans la partie antéro-supérieure du
médiastin (cavité thoracique). Il joue un rôle primordial dans la maturation des lymphocytes T.
Du point de vue anatomique, On distingue trois zones dans le thymus: le cortex, la jonction
cortico-médullaire et la médulla (fig. 3).
Le cortex est la zone la plus externe au niveau de laquelle se produit la sélection positive
Immunologie approfondie 7
Cours 1 : Organisation générale et compartimentation du système immunitaire Mlle D. MESSAOUDI
des thymocytes. Ces dernières correspondent aux cellules lymphoïdes immatures provenant de la
moelle et qui prennent cette appellation en arrivant dans le thymus et jusqu’à ce qu’elles en
sortent. On y trouve également des cellules épithéliales, et quelques macrophages. Les cellules
épithéliales forment la trame dans laquelle va se loger les thymocytes et sont responsable de la
sécrétion des facteurs nécessaires à la maturation des thymocytes.
La jonction cortico-médullaire est le lieu d'entrée des progéniteurs qui viennent de la
moelle et de sortie des cellules matures.
La médulla est la zone la plus interne. Elle donne l’impression d’être lobulé, et chacun de
ces lobules est centré par un corpuscule de Hassal qui est une différenciation kératinisante des
cellules épithéliales. Le corpuscule de Hassal produit la lymphopoïétine. Au niveau de la
médulla se produisent l’accumulation des cellules matures et la sélection négative. On y trouve
des thymocytes, des macrophages et des cellules dendritiques. Ces dernières jouent un rôle
essentiel dans le maintien de la tolérance au soi, dans la sélection négative des lymphocytes T.
Capsule
Cortex
Travée
conjonctive
Médulla
conjonctive
Corpuscule de
Hassal
2.2.1. Rate
La rate est un organe lymphoïde secondaire situé dans l’hypochondre gauche. Chez
l’adulte, la rate pèse entre 100 et 300 g. Cet organe comprend la pulpe rouge parsemée de petites
taches blanches, constituant la pulpe blanche (fig. 4).
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Cours 1 : Organisation générale et compartimentation du système immunitaire Mlle D. MESSAOUDI
Travée conjonctive
Sinus veineux
Pulpe rouge
Pulpe blanche
Pulpe blanche
Pulpe lobulaire
Veine blanche
Artère lobulaire
Manchon
lymphoïde Vers la veine splénique
Zone marginale Vers l'artère splénique
Artère folliculaire
Centre germinatif
Zone des lymphocytes
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Cours 1 : Organisation générale et compartimentation du système immunitaire Mlle D. MESSAOUDI
ganglion ainsi que par leur contenu cellulaire en cortex, paracortex et médulla (fig. 5).
Le cortex correspond à la partie la plus externe. Il contient des follicules lymphoïdes
primaires et secondaires. Ces deux types sont caractérisés par la présence de lymphocyte B.
Follicule de cellules B
Cellules Cortex (primaire)
dendritiques
Lymphatique
afférent
Paracortex Follicule de LB avec un centre
Sang germinatif (follicule secondaire)
Lymphe
Lymphatique
efférent
Crypte
1. Intoduction
L’organisme dispose de deux systèmes de défense: l’immunité innée et l’immunité
adaptative. L’immunité innée représente la première ligne de défense de l’organisme. Tandis que
l’immunité acquise représente quant à elle la deuxième ligne de défense. Contrairement à
l’immunité acquise, l’immunité innée se caractérise par sa rapidité et sa non spécificité (tab. 1).
L'immunité innée fournit une réponse immédiatement recrutable en attendant que l'immunité
acquise devienne opérationnelle.
2. Immunité innée
L’immunité naturelle, connue sous le nom de l’immunité innée, correspond à une réponse
constitutive d'action immédiate, non spécifique de l’agent pathogène. En effet, Les cellules et les
molécules solubles de l'immunité innée existent soit dans un état fonctionnel avant la rencontre
avec les microbes, soit sont rapidement activées par les microbes. Elle repose sur une distinction
globale du soi et du non-soi. Cette distinction passe par le fait que les cellules de l'immunité
innée expriment un ensemble de récepteurs (pathogen Recognition Receptors ou PRRs) capables
de reconnaitre des molécules associées aux pathogènes (pathogen associated molecular pattern
PAMPS).
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Cours 2 : Rappels sur l’immunité innée et acquise Mlle D. MESSAOUDI
L'immunité innée a co-évolué avec les microbes pour protéger tous les organismes
multicellulaires des infections microbiennes. Certains composants du système immunitaire inné
des mammifères sont remarquablement similaires aux composants des plantes et des insectes.
Par exemple, les peptides qui sont toxiques pour les bactéries et les champignons, appelés
défensines, se trouvent dans les plantes et les mammifères et ont essentiellement la même
structure tertiaire dans les deux formes de vie. Un autre exemple, il s’agit des récepteurs Toll
(Toll-like receptor TLR) qui sont des protéines répondant à la présence de microbes pathogènes.
En effet, l’interaction entre ces récepteurs et les ligands bactériens activent des mécanismes de
défense antimicrobiens dans les cellules dans lesquelles ils sont exprimés. Ces récepteurs se
retrouvent dans toutes les formes de vie de l'arbre évolutif, depuis les insectes jusqu'aux
mammifères.
L’immunité innée repose sur des mécanismes humoraux et cellulaires. La réponse
humorale de l’immunité innée est assurée par le complément, les cytokines et les protéines de la
phase aiguë de l'inflammation. Alors que la réponse cellulaire de l’immunité naturelle est assurée
par les cellules à fonction phagocytaire ou lytique, telles que les polynucléaires, les macrophages
et les cellules tueuses naturelles (NK). L’activation de ces cellules constitue une étape très
importante lors de la réponse inflammatoire. Cette dernière représente un des deux principaux
types de la réponse immunitaire innée protégeant l’organisme contre les infections microbienne.
L'inflammation est le processus par lequel les leucocytes et les protéines plasmatiques
circulantes sont amenés et activés dans les sites d'infection pour détruire et éliminer les
agents pathogènes. L'inflammation est également la réaction majeure aux cellules
endommagées ou mortes et aux accumulations de substances anormales dans les cellules
et les tissus.
La défense antivirale consiste à induire des changements dans les cellules empêchant
ainsi la replication du virus. La défense antivirale augmente la sensibilité à la destruction
par les lymphocytes éliminant ainsi les réservoirs d'infection virale.
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Cours 2 : Rappels sur l’immunité innée et acquise Mlle D. MESSAOUDI
Figure 8 : Effets des médiateurs chimiques sécrétés par les cellules de l’immunité innée exprimant les
PRR.
3. Immunité adaptative
L'immunité adaptative ou acquise est une réponse spécifique de l'antigène du fait que les
cellules de l'immunité adaptative, les lymphocytes, portent un seul type de récepteur capable de
reconnaitre un seul déterminant antigénique/épitope antigénique. Les lymphocytes B peuvent
reconnaitre les épitopes dans leur forme native alors que les lymphocytes T reconnaissent les
épitopes sous forme de peptides et à condition qu'ils soient présentés par des molécules du
complexe majeur d'histocompatibilité (CMH).
L'immunité adaptative améliore certains mécanismes antimicrobiens de l'immunité innée
en les rendant plus puissants. En outre, l'immunité adaptative peut reconnaître une gamme
beaucoup plus large de molécules et, contrairement à l'immunité innée, elle se caractérise par la
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Cours 2 : Rappels sur l’immunité innée et acquise Mlle D. MESSAOUDI
Figure 9 : Interaction entre pathogènes exogènes/signaux de dangers endogènes et les récepteurs PRR
cellulaires ou circulants exprimés par les macrophages et les cellules dendritiques.
La réponse immunitaire, qui se déroule dans les organes lymphoïdes secondaires, est le
résultat de la première rencontre entre les lymphocytes naïfs et l’antigène. La réponse secondaire
se produit lors d’expositions ultérieures avec le même antigène. Cette réponse est plus rapide,
plus ample et plus durable, donc plus importante et plus efficace pour éliminer l’antigène. La
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Cours 2 : Rappels sur l’immunité innée et acquise Mlle D. MESSAOUDI
réponse secondaire résulte de l’activation des lymphocytes mémoires. Ces cellules qui ont
longue durée de vie ont été induites lors de la réponse primaire. La mémoire permet d’optimiser
la capacité du système immunitaire à combattre les infections persistantes et récurrentes. La
mémoire concerne aussi bien les lymphocytes B que les lymphocytes T.
Au cours de la réponse immunitaire, il existe :
- une interaction étroite entre l'immunité innée et adaptative : c’est là qu’intervient notamment le
rôle des cellules présentatrices d’antigène qui permettent de présenter les peptides antigéniques
aux lymphocytes T.
- de nombreuses coopérations cellulaires entre les lymphocytes B et T pour aboutir à une réponse
humorale efficace (fig. 10).
- des coopérations cellulaires entre les lymphocytes T CD4 et CD8 pour aboutir une réponse
cellulaire efficace.
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Cours 3 : Réactions inflammatoires Mlle D. MESSAOUDI
2. Stades de l'inflammation
La réaction inflammatoire est un processus dynamique comportant plusieurs étapes
successives: la réaction vasculo-exsudative, la réaction cellulaire, la détersion, la réparation et
cicatrisation.
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Cours 3 : Réactions inflammatoires Mlle D. MESSAOUDI
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Cours 3 : Réactions inflammatoires Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 19
Cours 3 : Réactions inflammatoires Mlle D. MESSAOUDI
forme de réparation est la régénération. Lorsque la destruction d'un tissu épithélial est partielle, il
peut parfois se régénérer et retrouver sa fonction. Des contradictions sont trouvées dans la
littérature concernant la régénération des cellules post-mitotiques. En effet, la majorité des
scientifiques disent que la régénération était impossible dans les tissus constitués de cellules
post-mitotiques comme les neurones. Cependant, la découverte récente de cellules souches
pluripotentes dans le cerveau lui-même laisse penser que, même pour le tissu nerveux, une
certaine forme de régénération est possible.
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Cours 3 : Réactions inflammatoires Mlle D. MESSAOUDI
cas des interférons qui provoquent l'apparition dans la cellule d'une activité antivirale non
spécifique.
b/ Régulation de l'activation, de la croissance et de la différentiation des lymphocytes
Selon le type de l'activation lymphocytaire, l'inflammation met principalement en jeu
l'immunité cellulaire ou au contraire la sécrétion d'anticorps. La réaction cellulaire est surtout
marquée lorsque le pathogène est intracellulaire (virus, mycobactéries, certains parasites); la
sécrétion d'anticorps, au contraire, est importante lorsque l'agression fait intervenir des
pathogènes extracellulaires, bactéries ou parasites. Le type de la réaction inflammatoire est
déterminé par les cytokines sécrétées par les lymphocytes T. Celles qui favorisent l'immunité
cellulaire sont dites de type Th1; celles de type Th2 orientent vers la sécrétion d'anticorps.
c/ Stimulation de l'hématopoïèse
Certaines cytokines (appelées « colony stimulating factors » ou CSF) sont capables de
stimuler spécifiquement la prolifération de différentes lignées hématopoïétiques, par exemple,
les lignées produisant les polynucléaires, les macrophages ou les mégacaryocytes.
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Cours 3 : Réactions inflammatoires Mlle D. MESSAOUDI
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Cours 4 : Structure, rôle et fonctions des TLR Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
Toutes les espèces animales sont confrontées quotidiennement à un grand nombre de
micro-organismes potentiellement dangereux. Le système immunitaire inné permet de détecter
ces micro-organismes grâce à une famille de récepteurs (récepteurs de l’immunité innée ;
pattern recognition receptors ou PRR). Ces récepteurs contrôlent l’expression de molécules qui
vont s’opposer aux agents infectieux, soit directement soit en permettant le recrutement et
l’activation de cellules effectrices.
Les PRR se subdivisent en quatre familles (tab. 2): les Toll-like receptors (TLR), les
NOD (nucleotide-binding oligomerization domain) Ŕ like receptors (NLR), les RIG-I-like RNA
helicase (RLR) et les récepteurs de type lectine.
Tableau 2 : Les PRR du système immunitaire inné.
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Cours 4 : Structure, rôle et fonctions des TLR Mlle D. MESSAOUDI
innée et adaptative. Suite à la mise en évidence de ce rôle joué par le récepteur Toll chez la
drosophile, une famille de 11 récepteurs apparentés à Toll, les Toll-like receptors (TLR1-11), a
été identifiée chez les mammifères. Le premier TLR identifié chez les mammifères a été le TLR4
en 1997.
2.1. Localisation
Les TLR sont exprimés sur des cellules immunes (macrophages, cellules dendritiques,
lymphocytes B et T, neutrophiles, NK, monocytes, éosinophiles) et sur des cellules non immunes
(fibroblastes, synoviocytes, kératinocytes, cellules épithéliales des tractus intestinal, respiratoire
et urogénital). Ces récepteurs reconnaissent des motifs moléculaires conservés au sein de
différents types de micro-organismes appelés PAMP (pathogen associated molecular pattern) par
Charlie Janeway. Ces PAMP sont caractérisés par les trois propriétés suivantes : (i) ils sont
absents des cellules de l’hôte ; (ii) ils sont communs à de nombreuses espèces de micro-
organismes ce qui permet de reconnaître l’énorme diversité des microbes par un nombre restreint
de récepteurs ; (iii) ils sont essentiels à la survie des micro-organismes, ce qui limite l’apparition
de mutants échappant à la reconnaissance.
Les TLR1, TLR2, TLR4, TLR5, TLR6, TLR10 et TLR11 sont exprimés sur la membrane
des cellules alors que les TLR3, TLR7, TLR8 et TLR9 sont sur l’endosome.
2.2. Structure
Les TLR sont des glycoprotéines membranaires de type I caractérisés par un domaine
extracellulaire contenant des répétitions riches en leucine (leucine rich repeats (LRR)) flanquées
de motifs riches en cystéine. Cette partie N-term renferme de 16 à 28 LRR responsable de la
reconnaissance et de la liaison des ligands. Chacun de ces LRR est composé de 20 à 30 acides
aminés qui comprennent une séquence conservée LxxLxLxxN (où L est la leucine, x est un acide
aminé et N est l'asparagine). La partie C-term est intracytoplasmique de 150 acides aminés
environ, qu’ils partagent avec les membres de la famille du récepteur de l’interleukine 1 (IL-1R).
Ce domaine est également présent dans les produits de plusieurs gènes de résistance à l’infection
chez les plantes (gènes R), et a été baptisé domaine TIR (Toll/IL-1R/R). Les domaines TIR sont
également trouvés dans les queues cytoplasmiques du récepteur de l’IL-18 (fig. 14a).
2.3. Ligands
L’activation des TLR est initiée par leur liaison à des molécules ligands composants de
microorganismes, les PAMP (fig. 14b). Les lipopolysaccharides (LPS) des bactéries à Gram
négatif, les peptidoglycanes des bactéries à Gram positif, l’ARN double brin des virus ou encore
les motifs d’ADN CpG non méthylés caractéristiques du génome des bactéries et de certains
virus à ADN constituent des prototypes de PAMP bien connus. La découverte de molécules
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Cours 4 : Structure, rôle et fonctions des TLR Mlle D. MESSAOUDI
endogènes similaires aux PAMP, les DAMP, pourrait expliquer l’intervention des TLR dans la
physiopathologie de certaines maladies. En effet, les DAMP sont des molécules qui signalent un
danger ou une lésion. Ce sont des molécules libérées au cours de la mort cellulaire, du choc
hémorragique, de l’ischémie. Le high mobility group box 1 (HMGB1), HSP (protéine du choc
thermique), ADN et ARN, fragments de hyaluronate, héparine sulfate, fibronectine et
fibrinogène constituent des exemples de molécules DAMP.
Figure 14b : Interaction entre les TLR et leurs molécules PAMPs correspondants
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Cours 4 : Structure, rôle et fonctions des TLR Mlle D. MESSAOUDI
molécules accessoires pour permettre une reconnaissance et une signalisation optimale telles que
le CD14 et le MD2.
Les TLR activent plusieurs voies de signalisation aboutissant à l’activation des facteurs
de transcription. Ces derniers régulent l’expression inductible des cytokines inflammatoires
comme le TNF, l’IL- l, l’IL-6, l’IL-12 et des molécules costimulatrices CD80 et CD86.
Le domaine TIR est responsable de la transduction du signal. En effet, la signalisation par
les TLR implique un réseau complexe de molécules cytoplasmiques à domaine TIR (fig. 15). Les
TLR et le récepteur de l’IL-1 interagissent avec la protéine adaptatrice MyD88 par
l’intermédiaire du domaine TIR. La protéine MyD88 renferme un domaine de mort (DD)
aminoterminal par lequel elle interagit avec les sérine-thréonine kinases à domaine DD de la
famille IRAK (interleukin-1 receptor-associated kinase). Des études utilisant des souris
déficientes pour le gène codant MyD88 ont montré que cette protéine adaptatrice est essentielle
la stimulation NF-B-dépendante des gènes codant pour les cytokines pro-inflammatoire :
TNFet l’IL-6. Cependant, l’analyse de ces souris mutantes a également révélé l’existence
d’une voie de signalisation indépendante de MyD88 pour certains TLR. En effet, chez les souris
dépourvues de MyD88, le signal transmit via les complexes TLR4/LPS et TLR3/ARNdb n’est
pas complètement abolie, mais seulement retardée. En outre, l’induction d’une autre cytokine
inflammatoire, l’IFN, par TLR3 et TLR4 implique également un mécanisme indépendant de
MyD88. La conclusion de ces traveaux montre l’existence de deux groupes de TLR, dont l’un ne
dépend pas entièrement de MyD88.
Les TLR3 et les TLR4 peuvent utiliser une autre molécule à domaine TIR. Il s’agt bien
de la protéine TRIF ou TICAM-1 (toll-like receptor adaptor molecule-1) indisponsable à
l’activation de NF-B et AP1. Une autre protéine adaptatrice connue sous le nom d’IRF3
(interferon regulatory factor 3) est nécessaire pour la régulation de l’expression de l’IFN.
Deux autres protéines adaptatrices renfermant le domaine TIR sont impliquées dans la
signalisation par certains TLR. TIRAP (toll-interleukin 1 receptor (TIR) domain containing
adaptor protein) ou MAL est la première proteine. Elle fonctionne comme un cofacteur de
MyD88 pour les TLR2 et TLR4 uniquement. La seconde protéine est TRAM (TRIF-related
adaptor molecule) qui fonctionne comme un cofacteur de TRIF pour le TLR4 seulement.
Une fois les protéines adaptatrices sont liées au domaine TIR des TLR ; elles subissent
une acivation et activent à leur tour des sérine-thréonine kinases à domaine DD de la famille
IRAK (IL-1 receptor-associated kinase).
Immunologie approfondie 27
Cours 4 : Structure, rôle et fonctions des TLR Mlle D. MESSAOUDI
Figure 15 : Voies de signalisation induite par l’interaction des TLR avec leurs ligands
Immunologie approfondie 28
Cours 4 : Structure, rôle et fonctions des TLR Mlle D. MESSAOUDI
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Cours 5 : Structure des molécules de CMH et modalités de présentation de l’antigène Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
Les molécules de CMH ont été nommées: Complexe Majeur d’Histocompatibilité par
Jean Dausset, en 1952. Historiquement, la découverte de ce système a permis de comprendre les
mécanismes de rejet d'une greffe d'organe survenant de façon quasi inévitable entre deux
individus non apparentés.
Les molécules du complexe majeur d'histocompatibilité CMH sont nommées human
leucocyte antigen (HLA) chez l'homme. Le système HLA est formé d'une série de gènes
étroitement liés qui codent pour des protéines membranaires (molécules HLA) qui fixent et
présentent les peptides antigéniques aux récepteurs des lymphocytes T (TCR). Ainsi le système
HLA a un rôle fondamental dans la réponse immunitaire physiologique.
La région HLA est située sur le bras court de la sixième paire chromosomique (6p21.3).
Elle comporte de nombreux gènes, partagés en trois classes: système HLA de classe I, II
(participant à la réponse immunitaire) et de classe III (codant pour les protéines du complément
et les cytokines (TNF et ). Le système HLA de classe I comprend principalement les gènes
HLA-A, -B et ŔC. Le système HLA de classe II est constitué d'un ensemble de familles de gènes
dont les principales sont HLA-DR, HLA-DQ et HLA-DP. Pour chacune des familles, il existe
des gènes fonctionnels et des gènes non fonctionnels (pseudo-gènes).
Immunologie approfondie 30
Cours 5 : Structure des molécules de CMH et modalités de présentation de l’antigène Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 31
Cours 5 : Structure des molécules de CMH et modalités de présentation de l’antigène Mlle D. MESSAOUDI
Figure 17: Structure tridimensionnelle du site de fixation d’Ag des molecules de CMH classe I.
Contrairement aux molécules HLA de classe I, les chaînes et sont ici parfaitement
homologues, composées, toutes les deux, d'une partie extra-membranaire N-terminale d'environ
190 acides aminés, d'une partie trans-membranaire formée d'une vingtaine d'acides aminés, et
d'une partie intra-cytoplasmique C-terminale formée de 4-5 acides aminés (fig. 18).
Immunologie approfondie 32
Cours 5 : Structure des molécules de CMH et modalités de présentation de l’antigène Mlle D. MESSAOUDI
domaines α1 et β1 abritent le site de fixation peptidique qui permet de présenter les peptides
antigéniques aux TCR des lymphocytes TCD4+.
Le site de fixation du peptide antigénique des molécules de CMH classe II est constitué
par l’interaction des domaines α1 et β1. La structure tridimensionnelle a montré que ces deux
domaines sont structurellement très proches et symétriques. Ils se replient en un feuillet β
antiparallèle plissé à quatre brins, surmonté d’une longue région en hélice α d’une trentaine de
résidus. Les feuillets β de ces deux domaines α1 et β1 s’associent par liaisons hydrogène pour
former un unique feuillet β à huit brins, surmonté par les deux domaines hélicoïdaux. Cette
dimérisation crée un profond sillon entre les hélices α des domaines α1 et β1. Ce sillon est le site
fonctionnel de la molécule HLA de classe II où se fait la liaison des peptides antigéniques (fig.
19).
Figure 19: Structure tridimensionnelle du site de fixation d’Ag des molécules de CMH classe II.
Immunologie approfondie 33
Cours 5 : Structure des molécules de CMH et modalités de présentation de l’antigène Mlle D. MESSAOUDI
chaîne β2- microglobuline nécessite une association avec des protéines chaperonnes qui serviront
à maintenir la conformation ; parmi elles on compte la calréticuline et la calnexine.
Ce complexe protéique s’associe ensuite à deux molécules présentes dans la membrane
du réticulum et qui y forment un transporteur, ce sont les molécules TAP-1 et TAP-2. La
formation de ce complexe nécessite une autre protéine : la tapasine. Ce canal permet le passage
de peptides antigéniques formés dans le cytoplasme lors de la digestion préalable par le
protéasome. Une fois dans la lumière du réticulum un peptide antigénique peut subir une autre
dégradation par l’ERAP. Le peptide obtenu se fixe dans la région de liaison au peptide
antigénique. Alors que les protéines chaperones se détachent du complexe qui pourra ainsi
migrer vers la membrane plasmique via l’appareil de Golgi (fig. 20).
Figure 20 : Voie de présentation de peptide antigénique via les molécules de CMH classe I.
Immunologie approfondie 34
Cours 5 : Structure des molécules de CMH et modalités de présentation de l’antigène Mlle D. MESSAOUDI
Figure 22 : Voie de présentation de peptide antigénique via les molécules de CMH classe II.
Immunologie approfondie 35
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
L’immunité acquise est assurée par les deux types de lymphocytes (LT et LB). Ces
cellules exercent leur fonction de reconnaissance par le biais de molécules spécialisées: les
immunoglobulines pour les LB (BcR), les récepteurs T (TcR) pour les LT. Ces récepteurs sont
codés par des gènes qui doivent subir des réarrangements avant de pouvoir être exprimés. Les
LT et les LB proviennent d’une sous population de cellules souches (progéniteur lymphoïde
commun), dérivées de la cellule souche hématopoïétique, qui est principalement retrouvée au
niveau du foie fœtal, puis de la moelle osseuse. Ce progéniteur est de phénotype CD34+.
Au sein du micro-environnement des organes lymphoïdes primaires, les progéniteurs
lymphoïdes subissent un phénomène de différenciation irréversible. Cette différenciation est
caractérisée par les réarrangements des gènes qui codent pour les chaînes des immunoglobulines,
ou pour les chaînes du récepteur T. Le processus par lequel les progéniteurs lymphoïdes, au
niveau du thymus et de la moelle osseuse, se différencient en lymphocytes matures est appelé :
développement des lymphocytes, maturation Ag-indépendante des lymphocytes ou encore la
lymphopoïèse. La lymphopoïèse comporte deux phases à la différence des autres lignées.
* La lymphopoïèse primaire ou basale, produit les lymphocytes matures nécessaires aux besoins
de l'organisme.
* La lymphopoïèse secondaire correspond aux multiplications des lymphocytes matures
soumises à l'activation du contact antigénique. Elle permet l'adaptation de la réponse
immunitaire.
Immunologie approfondie 36
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
Les protéines de la famille Notch sont des molécules membranaires qui subissent un
clivage protéolytique suite à leur interaction avec leurs ligands. La partie cytosolique clivée
migre vers le noyau et régule l’expression des gènes cibles spécifiques. Notch Ŕ 1 qui est un
membre de cette famille, est activé dans la cellule précurseur lymphoïde et coopère avec un autre
facteur de transcrition appelé GATA-3 pour induire l’entrée du progéniteur commun lymphoïde
dans la voie de maturation de la lignée T. Ces facteurs de transcription contribuent à l’induction
de nombreux gènes qui sont nécessaires au développement des LT.
Immunologie approfondie 37
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
dans ce stade. Seulement les cellules qui ont pu faire un réarrangement productif peuvent
survivre et continuer leurs étapes de maturation.
Le stade pro-B se caractérise également par l’apparition du CD19 (considéré comme un
marqueur très spécifique des cellules de la lignée B à l’exception des plasmocytes) et
l’expression faible de CD79a et CD79b à la membrane plasmique. Les cellules pro-B expriment
également à leur surface une pseudo chaîne légère.
3.3. Stade pré-B
La chaîne lourde est alors exprimée à la surface des cellules pré-B, en association avec
la pseudo chaîne légère, et avec les protéines Iget Ig. La pseudo chaîne légère est constituée
par deux protéines : λ5 et V pre-B (fig. 25). Ces protéines sont structuralement homologues aux
chaînes légères κ et ; mais elles sont invariantes. Ce complexe forme le récepteur de la cellule
pré-B (pré-BCR).
Exclusion allélique
Prolifération des cellules pre-B
Stimulation de la recombinaison de la
chaine légère
Mise en silence de la transcription de la
pseudo chaine légère.
Immunologie approfondie 39
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
éliminées par apoptose. Cependant, les cellules B immatures reconnaissant des auto-antigènes
peuvent aussi réaliser des réarrangements secondaires au locus de chaînes légères et ainsi
changer la spécificité de leur récepteur. Ce phénomène est connu sous le nom ‘d’édition du
récepteur’.
Les lymphocytes produits entrent au contact des cellules stromales et sous l’influence de
plusieurs cytokines (IL2, IL4, IL5, IL6) acquièrent en plus une IgD de surface. Les lymphocytes
matures naïfs possèdent une IgM et une IgD de surface ; ce sont les lymphocytes B folliculaire.
Les cellules qui survivent quittent alors la moelle osseuse pour se rendre dans les organes
lymphoïdes secondaires. Les lymphocytes B de la zone marginale quand à eux, n’ont pas la
molécule d’IgD sur leur membrane (fig. 26).
L’ensemble des événements conduisant à la sélection clonale des lymphocytes B entraîne
la perte d’une grande partie des cellules ; montrant ainsi l’existence d’une sélection stricte à la
sortie de la moelle osseuse ainsi qu’à la périphérie. Les lymphocytes naïfs quittent la moelle
osseuse vers la circulation sanguine puis lymphatique. En effet, Les sinus veineux présents dans
la moelle osseuse sont très permissifs, permettant ainsi un passage aisé des cellules sanguines
vers le sang. Chez l’Homme, la durée du développement des lymphocytes B matures à partir du
précurseur lymphoïde commun est estimée de 2 à 3 jours.
Immunologie approfondie 40
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
de l’IL7, SCF, IL2, IL3.. etc, en lymphocytes T naïfs dans le thymus. Les progéniteurs T de la
moelle osseuse accèdent au thymus à partir des vaisseaux sanguins situés à proximité de la
jonction corti-médullaire thymique. A ce moment là, ils s’appellent des thymocytes. Cette
migration depuis la moelle osseuse jusqu’au thymus s’effectue sous l’effet de l’interaction
moléculaire entre la chimiokine CCL25 produite par les cellules corticales thymiques et son
récepteur CCR9.
Leur différenciation se déroule du cortex vers la médullaire en 4 étapes, distinguables sur
la base de l’expression des corécepteurs CD4 et CD8.
4.1. Stade pro-T
Le cortex thymique externe contient des prothymocytes, grandes cellules blastiques qui
se divisent activement. Le CD3 est synthétisé au cours de ce stade ; cependant il n’est pas
exprimé à la surface cellulaire. Ces pro-thymocytes doubles négatifs (CD4-, CD8-, TCR-) représentent
5% des lymphocytes du thymus. Ces prothymocytes vont proliférer dans cette zone sous
capsulaire et vont acquérir leurs marqueurs de surface sous l’effet de certaines molécules
sécrétées par les cellules épithéliales corticales.
4.2. Stade pré-T
Ce stade est caractérisé par le réarrangement des gènes codant pour la chaine à 90% du
TCR (et pour la chaine à 5% du TCR (De plus, l’expression membranaire d’un pré-
TCR et de CD3 n’est observée qu’à la fin de ce stade. Le pré-TCR constitué d’une chaine
associée à une chaine pré-T invariante transmet des signaux de survie et de prolifération. Plus
de 90% des cellules qui arrivent à ce stade meurent du fait de l’absence d’expression de pré-TCR
à leur surface. Ces thymocytes pré-T sont localisés au niveau du cortex profond. Ce stade se
termine par le réarrangement du locus et l’expression membranaire du TCR (). L’aquisition
du TCR et les marqueurs spécifiques des LT (CD4+, CD8+, CD3+) nécessite au moins une
semaine. A la fin de cette étape, on parle de thymocytes doubles positifs (fig. 27)
La restriction par le CMH est acquise lors du processus de la sélection positive qui se
déroule à ce stade. Elle a lieu dans le cortex profond. Elle consiste en la survie des cellules
reconnaissant le CMH du soi. La reconnaissance se fait par le TcR mature (au stade double
positif) au contact des molécules du CMH des cellules épithéliales corticales thymiques. Les
thymocytes capables d’interagir avec les molécules de CMH ne représentent que 5% des
thymocytes initiaux (fig.28).
Ayant subit la selection positive, les thymocytes doubles positifs migrent du cortex vers
la médulla ; où ils vont subir la sélection négative pour éliminer les thymocytes autoréactifs.
Immunologie approfondie 41
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
Cette migration s’effectue sous l’effet de des chimiokines CCL21 and CCL19 interagissant avec
leur récepteur CCR7.
Immunologie approfondie 42
Cours 6 : Ontogénèse des LB et des LT Mlle D. MESSAOUDI
Le TCR présentant une faible affinité pour un antigène du soi associé à une molécule de
CMH de type I => conservation et évolution vers un lymphocyte T spécialisé de type
CD8 dit LTCD8+.
Le TCR présentant une faible affinité pour un antigène du soi associé à une molécule de
CMH de type II => conservation et évolution vers un lymphocyte T spécialisé de type
CD4 dit LTCD4+.
Les cellules ayant survécu à la séléction négative représentent seulement 1 à 2% des thymocytes
initiaux. Les lymphocytes TCD4 et TCD8 deviennent matures. Ce sont des lymphocytes T naïfs. Ils
quittent le thymus via la circulation sanguine pour atteindre les organes lymphoïdes secondaire.
Immunologie approfondie 43
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
Le BCR et le TCR sont caractérisés par leur diversité, qui résulte de recombinaisons des
segments de gènes codant les chaînes lourdes et légères qui les constituent. Le nombre élevé
d’antigènes susceptibles d’être rencontrés par l’organisme implique que le génome permette la
synthèse d’au moins plusieurs millions de molécules différentes. Cependant, les régions
constantes des différentes chaînes lourdes et légères sont invariables. Alors que les régions
variables sont différentes d'un récepteur à l’autre et spécifiques chacune d’un épitope
antigénique. Plusieurs segments de gènes participent à la constitution des régions variables.
Immunologie approfondie 44
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 45
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
Une vingtaine d’acides aminés organisés en hélice alpha assurent l’ancrage de la chaîne
protéique dans la membrane. La plupart sont hydrophobes et certains acides aminés chargés
interagissent probablement avec les résidus chargés des chaînes du complexe CD3. La partie
transmembranaire est prolongée par un très court segment intracytoplasmique. La partie
cytosolique des chaines constituant le CD3 renferme 10 motifs ITAMs. Ces derniers sont
constitués par deux séquences de 4 acides aminés (Tyr-x-x-Leu/Ile) séparées par 6 à 7 acides
aminés (fig. 29).
2.2. Organisation des gènes du TCR
En configuration germinale, les gènes codants pour les chaînes du TCR sont morcelés et
doivent être réarrangés par un processus de recombinaison somatique dirigée pour pouvoir être
exprimés. Ce processus nommé recombinaison V(D)J prend place dans le thymus lors de la
maturation des précurseurs lymphocytaires.
Les gènes codant pour les chaînes TCRα, TCRβ, TCRδ et TCRγ sont notés
respectivement TCRA, TCRB, TCRD et TCRG. Les loci regroupant les gènes TCRB et TCRG
portent le même nom. Le locus regroupant les gènes TCRA et TCRD est dénommé TCRAD.
Le locus TCRB est situé sur le chromosome 7 chez l’homme et s'étend sur environ 600
kb (fig. 31). Le nombre de segments BV est élevé (une soixantaine regroupés en 30 familles).
Les segments géniques BV sont situés en amont du locus à l'exception de certains segments. Les
segments de gènes de diversité (BD) au nombre de 2 et de jonction (BJ) au nombre de 12 sont
regroupés en deux régions successives dupliquées comprenant chacune un gène BD, 6 à 8 gènes
BJ et un gène constant BC. Quatre des segments BJ et 12 des segments BV chez l’homme sont
des pseudogènes.
Le locus TCRG est également situé sur chromosome 7. Son organisation ressemble à
celle du locus TCRB avec une région composée de segments V et deux régions dupliquées
possédant chacune plusieurs gènes J et un gène C (fig. 31).
Le locus TCRAD présente une organisation semblable chez l’homme et la souris. Il est
situé sur le chromosome 14 chez les deux espèces et s’étend sur 1 à 1.5 Mb. Son organisation
unique imbrique les gènes codants pour la chaîne TCRδ entre les gènes TCRAV et TCRAJ
codant pour la chaîne α du TCR (fig. 31). Le réarrangement des gènes codants pour la chaîne
TCRα interdit de ce fait l’expression d’une chaîne TCRδ.
Les gènes V sont regroupés en amont du locus et la plupart peuvent servir
indifféremment à la création de gènes codant pour une chaîne TCRα ou TCRδ. Certains gènes V
Immunologie approfondie 46
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
Figure 31 : Organisation génétique des loci codant pour les chaines du TCR
Cette région intracytoplasmique ne joue aucun rôle dans la transduction du signal induit par la
fixation de l’antigène sur les Ig membranaires. Ce rôle est affecté à des protéines étroitement
associées au BCR : Ig et Ig (CD79a et b). Tout comme le CD3 présent sur les lymphocytes T,
ces protéines possèdent des motifs ITAMs qui vont permettre l’initiation de la cascade de
phosphorylation observée après activation du récepteur des lymphocytes B (fig. 32).
Immunologie approfondie 48
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
domaines constants des régions C, C, C3, C1, C2, C1, C2, C4, C1, C2. Le gène C2
est un pseudogène (fig. 33).
Figure 33 : Organisation génétique des loci codant pour les chaines du TCR
Les chaînes légères sont codés par les loci Ig et Ig. Les gènes des chaînes légères
sont situés sur le chromosome 2. Le locus Ig humain, en configuration germinale, comporte 31
à 35 segments V fonctionnels ainsi que 5 segments J. Les segments V et J codent la partie
variable de la chaîne légère. Un seul segment C code pour la partie constante. Tandis que, les
gènes des chaînes légères sont situés sur le chromosome 22. Le locus Ig humain, en
configuration germinale, comporte environ 30 segments V ainsi que 4 segments J. Il existe au
moins 6 gènes C différents, chacun étant précédé d’un seul gène J qui lui est propre. La
recombinaison se fait au hasard entre l'un des gènes V et un gène J.
4. Répertoire T et B
Le répertoire est l’ensemble des TCR et BCR de spécificités antigéniques différentes
portées par les LT et les LB périphériques. La diversité du répertoire des TCR et des BCR résulte
de deux mécanismes principaux : la diversité combinatoire et la diversité jonctionnelle. Ces
mécanismes sont nécessaires à l’établissement d’un répertoire suffisamment large pour
reconnaître un nombre virtuellement illimité d’antigènes. En l’absence de la diversité
Immunologie approfondie 49
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 50
Cours 7 : Structure et organisation génétique des récepteurs lymphocytaire (TCR et BCR) Mlle D. MESSAOUDI
Cette insertion est spécifique du stade précoce du développement des LT et LB, pendant
lequel la TdT est exprimée et où a lieu la recombinaison V(D)J. La TdT ajoute ces nucléotides
sans amorçage, avec une préférence pour des résidus G. Ces régions N sont ainsi riches en G-C.
Immunologie approfondie 52
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 54
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
permettent alors d’activer la PLC-γ et donc de créer une connexion entre la voie de la Pi3K et la
voie calcique.
L’action conjointe de facteurs de transcription NFAT, AP-1 et NF- kB amène à la
transcription du gène de l’IL-2 et la sous-unité (CD25) de son récepteur et d’autres gènes. La
signalisation du TCR induit également l’expression de CD40L (CD154) à la surface du
lymphocyte T. Sa liaison au récepteur CD40 exprimé sur la CPA induit une augmentation de
l’expression des molécules CD80/ CD86 qui à leur tour renforcent le signal de costimulation.
1.2.2. Signal de co-stimulation
Le signal fournit par le TCR n’est pas suffisant pour l’activation complète du LT. En
effet, la liaison du TCR en l’absence de signal de co-stimulation induit généralement l’apoptose
ou un état d’anergie dans lequel les LT sont incapables de produire de l’IL-2 et de proliférer.
L’activation optimale des lymphocytes T requiert un second signal indépendant de l’antigène :
signal de costimulation.
La liaison de CD28, constitutivement exprimé sur les LT, à son ligand B7.1 (CD80)
présents sur les CPA incite fortement la survie cellulaire, l’expansion clonale et la
différenciation. La signalisation via CD28 permet de réguler le seuil d’activation et de le
diminuer considéreblement.
Les molécules de costimulation peuvent être divisées en deux groupes suivant leurs effets
positifs ou négatifs sur l’activation lymphocytaire: LFA-1 et CD28 induisent une activation après
liaison avec leur ligand, alors que la molécule CTLA-4 (Cytotoxic T lymphocyte Antigen-4)
génère des signaux inhibiteurs. L’expression de CTLA-4 est restreinte aux LT activés et
mémoires. Malgrés le role important de CD28, les réponses immunitaires ne sont pas toutes
affectées par la perte de cette molecule de stimulation montrant que d’autres molécules peuvent
co-stimuler les LT. En effet, l’interaction entre le ligand du récepteur CD40 (CD40L) présent à
la surface du lymphocyte T et le CD40 présent à la surface de la CPA participe également au
signal de costimulation.
Après leur activation par les DC, les LT CD4 naïfs peuvent se différencier en trois sous-
populations effectrices Th1, Th2 et Th17.
2.1. Lymphocytes Th1
Suite à l’activation des LTCD4 par les deux signaux, le LTh active se différencie en
LTh1 sous l’effet de l’IL-12. Cette interleukine est sécrétée par les CPA activées telles que les
macrophages, les monocytes et les DC ayant interagit avec les pathogens intracellulaires. L’IL-
12 se fixe sur son récepteur induisant ainsi l’activation de JAK2 puis STAT4 nécessaire à la
différenciation optimales en LTh1. L’IFN-γ se fixe sur son récepteur et active les Janus kinases
JAK1 et JAK2 qui vont à leur tour activer STAT1. Ce dernier induit alors l’expression de T-bet,
facteur de transcription essentiel au développement des Th1. Le T-bet modifie la chromatine du
gène de l’IFN-γ et permet sa transactivation. Le T-bet induit aussi l’expression d’IL12-Rß2,
permettant à l’IL-12 produite par les CPA, d’activer STAT4. STAT4 et T-bet induisent
l’expression d’IFN-γ qui renforce alors l’engagement en Th1 via STAT1 (fig. 37). En parallèle,
T-bet va réprimer GATA-3, un facteur clé de la différenciation Th2, ainsi que le gène de l’IL-4
et inhiber ainsi la différenciation Th2.
Les LTh1 sécrètent: l'IFN-γ, l’IL-2, le TNF-α, et le TNF-ß. Ces cellules induisent une
réponse immunitaire à mediation cellulaire luttant ainsi contre les pathogènes intracellulaires
(virus, bactéries et parasites intracellulaires). L’IFN-γ active les macrophages et augmente ainsi
leur activité phagocytaire, l’expression des CMH-I et II, l’induction d’IL-12, de NO (Nitric
Oxide) et la production d’anion superoxide, importants pour l’élimination des pathogènes
intracellulaires. L'IFN-γ favorise la production d’IgG opsonisants (macrophage) et lytiques
(complément). Les cytokines produites par ce type de lymphocyte induisent la maturation des
LTCD8 en cellules cytotoxiques actives (fig. 38). Cependant, les Th1 sont aussi impliqués dans
Immunologie approfondie 57
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
Historiquement, les LTh1 ont été fortement reliés à de nombreux syndromes auto-
immuns comme la sclérose en plaques, le diabète et le lupus érythémateux disséminé.Mais ces
données ont récemment été remises en question par la découverte des Th17.
2.2. Lymphocytes Th2
La différenciation des LTh en LTh2 nécessite l’IL-4; produit par ces cellules elles-
mêmes. Les mastocytes, les basophiles, les éosinophiles et les cellules NKT peuvent également
produire l’IL-4. Contrairement au récepteur de l’IL-12, celui de l’IL-4 est exprimé par les LT
naïfs. L'IL-4 inhibe l'expression de l'IL-12 par les DC, ainsi que l'expression de la chaîne ß2 du
récepteur à l’IL-12 par les LTCD4 empêchant ainsi l’engagement vers la lignée Th1.
L’activation des LTCD4 (naïfs) conduit à la production de l’IL-4 et de GATA-3 (GATA
binding protein 3). La fixation de l'IL-4 sur son récepteur active le facteur de transcription
Immunologie approfondie 58
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
STAT-6. Ce dernier en collaboration avec NFAT, AP-1 et NFκB induit l'expression de l’IL-4 et
le facteur de transcription GATA-3. STAT6 modifie la structure de la chromatine du gene d’IL-4
facilitant ainsi l’accès des facteurs de transcription. GATA-3 favorise la réponse Th2 en
induisant la transcription de l’IL-5 et de l’IL-13 d’une part; et prévient aussi le développement de
la réponse Th1 d’autre part en inhibant l’expression de la chaîne ß du récepteur à l’IL-12 (fig.
39).
L’IL-6 en se fixant sur son récepteur active STAT3 ; qui en coopération avec RORγt
(retinoic-acid-receptor-related orphan receptor-γt) active la transcription du gène de l’IL-17 et de
l’IL-21. RORγt est un facteur de transcription impliqué dans la différenciation des Th17 (fig.
41). L’induction complète de RORγt n’est terminée qu’en présence de TGF-ß. Le TGF-ß inhibe
la différenciation en Th1 et Th2. L’IL-21 en présence de TGF-β est aussi capable d’induire la
différenciation en Th17 via RORγt. Il a été montré, que l’IL-17 pouvait directement inhiber la
différenciation des Th1 in vitro en inhibant l’expression de T-bet.
Cette population joue un rôle dans l’élimination de certains pathogens spécifiques qui
requièrent une inflammation massive et que les Th1 et Th2 ne peuvent pas contrôler. L’IL-17,
d’IL-21 et d’IL-22 constitue la marque spécifique du profil cytokinien de ce type de LT. Ces
cytokines stimulent les fibroblastes, les macrophages, les cellules endothéliales et les cellules
Immunologie approfondie 60
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
La cinétique d’apparition des LTh17 sur le site de l’inflammation est rapide. Grâce à
l’induction de nombreuses chimiokines, les LTh17 peuvent relier l’immunité innée et adaptative
et attirer d’autres sous-populations T auxiliaires sur le site de l’inflammation. Les LTh17 sont
Immunologie approfondie 61
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 62
Cours 9 : Activation et différenciation des lymphocytes B Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
La maturation Ag-dépendante des LB est différente des LT pour plusieurs raisons.
Premièrement, les LB n’ont qu’une seule destinée, en dehors des cellules mémoires, les
plasmocytes. Mais d’un autre côté, la maturation des LB doit faire face aux réarrangements des
gènes des différentes classes d’Ig, contrairement aux LT qui ne possèdent qu’une seule classe de
TCR.
Immunologie approfondie 63
Cours 8 : Activation et différenciation des lymphocytes T Mlle D. MESSAOUDI
stimulation sont responsables, d’autre part, de l’activation des tyrosines kinases qui vont
phosphoryler les motifs ITAMs des régions intra-cytoplasmiques du dimère Igα-Igβ associé au
BCR. Ce qui entraîne l’activation des facteurs de transcription permettant ainsi l’expression de
nombreuses molécules.
En effet, le pontage du BcR ‘cross-linking’ induit la phosphorylation des résidus tyrosyl
conservés des motifs ITAM de CD79a et CD79b par des Protéines Tyrosine Kinases (PTK) de la
famille Src (p59Fyn, p53Lyn et p56Lyn, p55Blk). Ces PTK sont activées par CD45 (phosphatase) et
provoque la translocation de la p72Syk du cytoplasme vers la membrane plasmique cellulaire. La
Syk se lie aux motifs ITAM phosphorylés au même temps qu’une autre kinase la Btk. La Lyn
activée phosphoryle aussi des résidus dans la molécule CD19. La Syk remplit un rôle similaire
dans les cellules B à celui joué par la ZAP-70 dans la cellule T. Suite à l’activation de Syk, cette
dernière phosphoryle et recrute BLNK (cellule B linker) au complexe BcR. Après sa
phosphorylation par Syk, BLNK fournit des sites de liaison pour la phospholipase C2, Vav et
Btk. BLNK active la voie des MAP-Kinases: BLNK recrute Shc et Grb2 qui sont des adaptateurs
activant SOS, un facteur d'échange du GDP pour les proteines G. Il remplace donc un GDP par
un GTP sur la protéine G Ras qui est alors sous sa forme active et induit l'activation de la voie
des MAP-kinases. Cette voie conduit à l'activation de facteurs de transcription. D'un autre côté,
BLNK permet d'associer la PLCγ2 à la tyrosine kinase de Bruton (Btk). La Btk phosphoryle et
active la PLCγ2 qui hydrolyse le phospholipide membranaire phosphatidylinositol-4,5-
diphosphate (PIP2) en inositol 1,4,5-triphosphate (IP3) et diacylglycérol (DAG). Les mêmes
voies de signalisation, déclenchées au cours de l’activation des LT, sont observées dans
l’activation des LB (fig. 43)
Les signaux de co-stimulation sont indispensables à une activation totale du lymphocyte
et sont permis par un certain nombre de co-récepteurs (CD19, CD21 et CD81) qui vont amplifier
le signal. L’activation des LB se répercute sur l’expression de molécules membranaires telles
que : récepteurs de cytokines (notamment IL-4R, IL-6R, IL-10R, IFN-γR), les molécules de co-
stimulation (CD80 et CD86), le CMH-II et les molécules d'adhérence (ICAM-1, CD58). Le
lymphocyte B se prépare ainsi à intéragir avec un lymphocyte Th comme étant une cellule
présentatrice d’antigène.
L’interaction entre le BCR et l’Ag natif est un prélude à l’endocytose de cet antigène.
Dans les endosomes, l’Ag est dégradé et peut être associé aux molécules du CMH classe II
constitutivement exprimées à un faible niveau dans les lymphocytes B. Cette expression est
augmentée par activation du lymphocyte B par l’IL-4 et permet d’exposer un Ag présentable à
un lymphocyte Th spécifique.
Immunologie approfondie 64
Cours 9 : Activation et différenciation des lymphocytes B Mlle D. MESSAOUDI
Figure 43 : Voies de sgnalisations induite par l’intraction entre BCR et épitope antigénique
Le signal CD40/CD154 favorise la prolifération intense des centroblastes ainsi que les
hypermutations somatiques touchant des gènes variables des Ig, modifiant ainsi leur affinité pour
l’antigène. Ces hypermutations sont des mutations ponctuelles qui se produisent au niveau des
zones V(D)J codant les parties variables des chaînes lourdes et légères. Ces mutations
concernent de 10 à 30 nucléotides changés par rapport à la séquence initiale (celle du
lymphocyte B naïf) ; ce qui modifie en moyenne jusqu’à une dizaine d’acides aminés. Ces
mutations somatiques sont associées à un arrêt transitoire de la transcription des gènes des Ig. A
ce stade, les cellules B n’expriment donc plus d’Ig de surface.
Les centroblastes migrent ensuite vers la zone claire du centre germinatif et se
différencient en centrocytes exprimant à nouveau des Ig membranaires. L’antigène leur est
présenté sous forme de complexes immuns à la surface des cellules dendritiques folliculaire. La
susceptibilité des centrocytes à l’apoptose joue ici un rôle essentiel pour la sélection d’un
répertoire d’Ig de haute affinité pour l’antigène. Ainsi, seuls les centrocytes reconnaissant
l’antigène par une Ig de forte affinité poursuivent leur développement. Le signal CD40/CD154
procuré par le LTh folliculaire bloque leur apoptose ; et induit la commutation isotypique des Ig
aboutissant à la production d’IgA, IgG et IgE (fig. 45). En revanche, les centrocytes présentant
une faible affinité pour l’antigène sont éliminés. Ils expriment CD95 (fas), dont la liaison au fas-
ligand induit l’apoptose.
Immunologie approfondie 66
Cours 9 : Activation et différenciation des lymphocytes B Mlle D. MESSAOUDI
Les LTh folliculaires sécrètent diverses cytokines (IL-2, IL-4, IL-10 ou encore IL-13).
Ces cytokines participent dans la prolifération et à la survie des cellules B ; comme elles jouent
un rôle majeur dans la détermination de l’isotype de l’Ig (fig. 46). Après la sélection de clones de
haute affinité pour l’antigène et la commutation de classe, les LB des centres germinatifs peuvent
se différencier soit en LB mémoires, soit en plasmocytes, sous l’influence de divers signaux
induits par les interactions entre LB, LT et cellules dendritiques folliculaire.
Immunologie approfondie 68
Cours 10 : Immunologie de la grossesse Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
La grossesse est un exemple de greffe semi-allogénique bien tolérée. Contrairement à ce
qu’étais proposé dans le passé, l’utérus n’est pas un site immunologiquement neutre, préservé
des cellules immunitaires maternelles. En effet, des contacts étroits entre les cellules
embryonnaires et le système immunitaire maternel s’établissent très précocement dès la
quatrième semaine de gestation. Le système immunitaire maternel produit des anticorps dirigés
contre des allo-antigènes fœtaux et notamment les antigènes HLA de classe I et les antigènes
plaquettaires paternels. Ces anticorps sont capables d’activer le complément. Par ailleurs il existe
aussi des lymphocytes T CD8 maternels spécifiques des molécules HLA de classe I paternelles.
Pour toues ces raisons, la grossesse nécessite l’induction d’une tolérance à l’interface materno-
fœtale. En effet, les antigènes fœtaux induisent une tolérance spécifique vis à vis des antigènes
paternels exprimés par le fœtus durant la grossesse. En retour, le système immunitaire maternel
est indispensable au bon déroulement des phases précoces de la grossesse et au maintien de la
grossesse.
2. Interfaces materno-fœtales
Le fœtus n’est pas directement en contact avec les tissus maternels puisqu’il en est
protégé par le liquide amniotique. Des cellules d’origine fœtale (trophoblaste) sont cependant en
contact étroit avec les cellules maternelles constituant ainsi des interfaces séparant le fœtus de sa
mère. Au cours du premier trimestre, l’interface infiltre la déciduale utérine où elle prend la
place des cellules endothéliales des artères spiralées. Ces cellules d’origine fœtale entre en
contact avec le sang maternel ; et par conséquent en contact direct avec les cellules du système
immunitaire qui infiltrent la déciduale utérine. Toutefois, la déciduale présente une répartition
des cellules immunitaires différente du sang périphérique. En effet, elle contient majoritairement
des cellules NK utérines (>70%), des macrophages (10 Ŕ 20 %), des LB et des LT. Ces cellules
sont probablement impliquées dans la production de cytokines contribuant à l’établissement de la
tolérance materno-fœtale. Cette interface, disparaît presque totalement après le premier trimestre
avec la régression de l’invasion trophoblastique et la disparition des lymphocytes déciduaux.
La deuxième interface se met en place entre la 8ème et la 9ème semaine de gestation. Au fur
et à mesure du développement du placenta, elle est l’interface materno-fœtale dominante
jusqu’au terme de la grossesse.
Immunologie approfondie 69
Cours 10 : Immunologie de la grossesse Mlle D. MESSAOUDI
Immunologie approfondie 70
Cours 10 : Immunologie de la grossesse Mlle D. MESSAOUDI
Treg. Les LT reg (CD25+ et Foxp3+) représentent 1 à 3% des LTCD4 circulants. Présentes dès
l’implantation, les cellules Treg sont recrutées et activées vis-à-vis des alloantigènes exprimés
dans le liquide séminal et les spermatozoïdes.
Ils maintiennent la tolérance spécifique vis-à-vis des auto-antigènes et participent à
l’induction d’une tolérance vis-à-vis des alloantigènes. Pendant la grossesse humaine, le nombre
de LTreg circulantes augmente dès le début de la grossesse, pour atteindre un maximum au
second trimestre et pour diminuer ensuite progressivement. Ces cellules s’accumulent dans la
décidua où elles représentent 20 % LTCD4+. En fin de grossesse, les cellules Treg déciduales
diminuent. Cette chute pourrait être impliquée dans le déclenchement de l’accouchement.
Certains avortements à répétition humains sont associés à des déficits en cellules Treg
déciduales ou circulantes. En effet, un déficit en cellules Treg circulantes a été observé dans la
pré-éclampsie (pathologie de la grossesse qui se manifeste par l'élévation de la pression
artérielle). Il en résulterait une activation des cellules T et NK et une situation de cytokines de
type Th1 prédominantes. Cette production excessive de cytokines Th1 et de celle d’autres
médiateurs de l’inflammation comme les protéases et les radicaux oxygénés pourrait participer
au déclenchement d’une dysfonction endothéliale généralisée typique de la pré-éclampsie.
Parmi les mécanismes potentiellement impliqués dans le maintien de la tolérance via les
Treg on peut citer :
- l’inhibition des cellules du système immunitaire maternel par contact direct avec des Treg via
les molécules membranaires PD-1 ou CTLA-4 fortement exprimées à la surface des Treg
humains en condition de grossesse normale,
- la production par les Treg de cytokines immunomodulatrices, telle que l’IL-10 et leTGF
impliquées dans l’inhibition des lymphocytes activés,
- l’induction de galectine-1 par les Treg qui inhibe la prolifération des lymphocytes T maternels
activés et provoque leur apoptose.
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Cours 11 : Régulation du système immunitaire Mlle D. MESSAOUDI
1. Introduction
Le développement du système immunitaire permet à l’organisme de faire face aux agents
infectieux. Lors de la pénétration d’antigène, les cellules dont le BcR et le TcR sont spécifiques à
l’épitope antigénique se multiplient et constituent une proportion considérable des lymphocytes.
Une fois que les cellules effectrices ont éliminé l’antigène, la réponse immunitaire s’atténue. En
effet, des mécanismes de rétroaction doivent intervenir pour contrôler cette réponse.
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survie Bcl-2, Bcl-XL est le résultat de l’absence de l’antigène. Dans ce cas là, on parle de la mort
par négligence.
2eme cas: persistance de l’Ag (infection non contrôlée ou développement de l’auto-immunité)
La contraction clonale est mise en jeu par des récepteurs de mort présents sur la
membrane du LT (Fas (CD95) et TNF-R). Cette contraction dépend de l’IL-2 et de son
récepteur. En effet, l’IL-2 est un facteur de croissance essentiel pour les LT. Dans le cas d’une
persistance de la cytokine, l’IL-2 rend les cellules T susceptibles à l’apoptose. Dans ce cas là,
l’apoptose est également appelée mort induite par activation.
2.4. Régulation par les lymphocytes T
Les LT régulateurs (Treg) peuvent supprimer l’activité des LTh. Le B7, le CD28 et le
CTLA-4 jouent un rôle très important dans le contrôle de la réponse immunitaire. Au début de la
réponse immunitaire, le B7 s’associe à CD28 pour favoriser l’activation T. Plus tardivement
après activation, une autre molécule s’exprime à la surface du lymphocyte T: CTLA-4 (cytotoxic
T lymphocyte antigen-4). CTLA-4 entre en compétition avec CD28. Une fois que l’interaction
entre le B7 et le CTLA-4 s’accomplie, la transcription de l’IL-2, essentiel à la prolifération des
deux types des LTh, est bloquée. Ce blocage a pour conséquence un affaiblissement de la
réponse immunitaire.
Exemple expérimental
Invalidation du gène codant pour le CTLA-4 a pour conséquence l’apparition du
syndrome lymphoprolifératif (exemples: l’adénomégalie et l’hépato-splénomégalie).
La suppression peut se reproduire à la suite d’une interaction LT Ŕ LT à la surface des
cellules présentatrices d’antigène. Les cellules Th1 et Th2 s’inhibent mutuellement par la
production de leurs cytokines respectives, l’IFN et l’IL-4. L’équilibre Th1-Th2 est contrôlé par
la dose et la nature de l’Ag. En effet, la forte dose du lysozyme induit l’apparition d’une réponse
Th1, par contre la faible dose induit une réponse Th2. Si on utilise des antigènes appartenant aux
microorganismes, c’est l’inverse.
2.5. L’influence des facteurs génétiques
Certaines espèces répondent mieux que d’autres à certains Ag. Les lapins par exemple,
répondent mieux aux protéines solubles que les souris. Cette différence est observée également
chez une même espèce. De multiples gènes contrôlent la réponse humorale aux antigènes
complexes: certains affectent l’apprêtement de l’antigène par les macrophages et l’activité
microbicide. Alors que d’autres contrôlent l’intensité de la prolifération des cellules B en voie de
différenciation.
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Les Ig et les gènes de TcR sont très adaptables en raison des réarrangements géniques
permettant de générer les récepteurs d’antigènes, mais le répertoire peut comporter des lacunes.
Il a été démontré que le contrôle de la réponse immunitaire est lié à des gènes localisés dans le
locus du CMH classe II. Ces gènes appelés Ir contrôlent les interactions requises pour la
collaboration T-B.
2.6. Effets du régime, de traumatisme et de l’âge sur l’immunité
Les carences protéiques et caloriques diminuent l’immunité cellulaire et la capacité
microbicide des macrophages. Les réponses humorales peuvent être intactes, mais l’affinité des
anticorps est moindre.
L’exercice, lorsqu’il est excessif, augmente les taux plasmatiques de cortisol, de
catécholamines, d’IFN, d’IL-1…etc. Il peut réduire la production d’IgA et, d’une manière
générale, affaiblir les défenses immunitaires.
Les lésions traumatiques multiples, la chirurgie et les brûlures sont également
immunosuppressives. La production de corticostéroïdes liée au stress, la prostaglandine
immunosuppressive E2 libérée par les tissus lésés et l’endotoxine provenant de la flore
intestinale et traversant la muqueuse altérée font partie des facteurs qui influencent les suites
d’un traumatisme.
La production d’IL-2 et les fonctions des LT diminuent avec l’âge alors que le TNF, IL-1
et l’IL-6 augmentent.
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Références Mlle D. MESSAOUDI
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