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Introduction
Une grossesse peut survenir chez des patientes souffrant de maladies
neurologiques. De même, une complication ou une maladie neurologique peut
affecter une femme enceinte. Ces complications le plus souvent bénignes
peuvent être responsables de décès maternels.
I- L’épilepsie
Elle concerne 3-5 % des grossesses et pose les problèmes du retentissement de
l’épilepsie et de ses traitements sur la grossesse et le fœtus d’une part, et des
conséquences de la grossesse sur la maladie épileptique d’autre part. Dans la
majorité des cas, l’épilepsie est antérieure à la grossesse (voire une notion
familiale). Des circonstances déclenchantes (le stress, les troubles du sommeil,
l’hyperventilation) sont particulièrement fréquents durant la grossesse et
l’accouchement. L’épilepsie gestationnelle est rare.
Les recommandations de la Ligue Internationale Contre l’Epilepsie peuvent se
résumer en cinq points : informer en amont de la conception des différents
risques, utiliser une monothérapie adaptée au syndrome épileptique, prescrire à
la dose efficace la plus faible possible, supplémenter en acide folique, et donner
dans certains cas de la vitamine K à l’enfant après la naissance.
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anomalies fœtales (50 %). La polythérapie semble accroître ce risque et doit être
évitée pendant la période de l’embryogenèse. Les anomalies les plus
fréquemment rencontrées sont les fentes labio-palatines et les malformations
cardiaques. L’acide valproïque (le plus tératogène des anticonvulsivants) et la
carbamazépine semblent associé à un risque de spina bifida. Il faut toutefois
noter que le risque des malformations est accru en cas d’antécédents familiaux
similaires.
Le syndrome dysmorphique semble lié à la polythérapie et associe un
hypertélorisme, avec nez épaté, un cou court, une exophtalmie, une hypoplasie
des phalangettes avec hypoplasie unguéale. La dysmorphie tend à s’atténuer
avec la croissance de l’enfant. L’hypotrophie fœtale, la prématurité, et la
microcéphalie semblent aussi plus fréquents avec les traitements
antiépileptiques. Il existe une carence en vitamine D, en acide folique et en
vitamine K liée aux antiépileptiques.
6 décembre 2017: CRAT (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes) a
donné les précisions suivantes : l’anticonvulsivant qui soulève le moins
d’inquiétude chez la femme enceinte à ce jour est la lamotrigine (Lamictal®) ;
viennent ensuite : le lévétiracétam (Keppra®), La phénytoïne (Di-Hydan®) ,
L’oxcarbazépine (Trileptal®)
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La migraine commune est améliorée pendant la grossesse sauf pour environ
15% des patientes. Les dérivés de l’ergot de seigle sont contre indiqués pendant
la grossesse. Les crises fréquentes peuvent être traitées par les bêtabloquants.
IV-Les neuropathies
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IV-5 La polyneuropathie chronique inflammatoire
Les rechutes sont fréquentes au 3e trimestre de la grossesse et la période
puerpérale. Les enfants ne sont pas touchés.
V- La chorée gravidique
Elle survient chez des patientes atteintes de cardiopathie rhumatismale ou de
lupus systémique. Débutant aux 3e, 4e et 5e mois de grossesse, elle peut
persister jusqu’à la période du postpartum où elle disparaît. Le traitement par
halopéridol est possible et efficace.
VI- La sclérose en plaques
La sclérose en plaques (SEP) est la plus fréquente des maladies inflammatoires
du système nerveux central du sujet jeune.
Le traitement de la poussée est à base de corticothérapie intraveineuse à fortes
doses. Certains symptômes (douleurs, fatigue, troubles vésicosphinctériens,
spasticité…) ont un traitement spécifique. Les traitements de fond (interférons,
copolymère…), tous contre-indiqués pendant la grossesse, permettent
essentiellement de diminuer la fréquence des poussées et leur sévérité. Quant à
l’effet néfaste de la grossesse sur la SEP ou la variation des poussées pendant la
grossesse les avis divergent. Le travail et l’accouchement se déroulent
normalement. L’état clinique du nouveau-né est normal.
VII-3 Le choriocarcinome
Les localisations cérébrales peuvent se manifester par des tableaux
neurologiques focaux, parfois de type vasculaire ischémique unique ou multiple,
ou hémorragique.
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IX- La syringomyélie
Ce n’est pas une contre-indication à la grossesse (en dehors d’une insuffisance
respiratoire restrictive) et conduit le plus souvent à la naissance à terme d’un
enfant normal. Une période de stabilité clinique de 2 ans est néanmoins
recommandée avant de débuter la grossesse. La surveillance régulière de la
grossesse doit comporter la pratique d’un examen neurologique à la recherche
d’une aggravation clinique. L’accouchement doit limiter les variations de la
pression intrarachidienne, ce qui fait préférer la césarienne. L’anesthésie
générale est recommandée en cas de syringomyélie secondaire à une tumeur, à
un traumatisme ou à une arachnoïdite.
X- La maladie cérébrovasculaire
Des accidents vasculaires cérébraux (AVC) peuvent survenir chez la femme
enceinte, essentiellement aux 2e et 3e trimestres et dans la période du post-
partum. Ils représentent 4-11 % des causes de décès maternels. Leur prise en
charge est en général la même que celle des AVC survenant en dehors de la
grossesse. Ce risque d’AVC ischémique ou hémorragique ne semble pas plus
élevé que celui de la population générale.
Les modifications physiologiques de la grossesse peuvent fournir une
explication à l’augmentation du risque vasculaire au cours de la grossesse.
X-1-1-1 L’éclampsie
Cliniquement, elle est caractérisée par des céphalées, des troubles visuels
d’origine rétinienne et/ou occipitale, des troubles de la conscience, des crises
comitiales et des déficits neurologiques focaux. Le diagnostic se fait au scanner
(hypodensités bilatérales et symétriques touchant le cortex cérébral, la substance
blanche adjacente et les noyaux gris centraux) ou à l’IRM (d’hypersignaux sur
les séquences pondérées en T2 de même topographie et pouvant affecter le
cervelet et le tronc cérébral).
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X-1-1-2 Le choriocarcinome
Les métastases cérébrales surviennent une fois sur cinq.
X-1-1-3 La cardiomyopathie du péripartum
Les facteurs de mauvais pronostic sont l’âge, la multiparité, une cardiomégalie
persistante, l’existence d’une fibrillation auriculaire persistante, les troubles de
la conduction, l’existence d’embolies pulmonaires ou systémiques, la durée de
l’insuffisance cardiaque avant la mise sous traitement. La mortalité est élevée et
le risque de récidive est important.
L’anticoagulation est recommandée pour prévenir les embolies.
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X-1-2-2 Les artériopathies
L’athérosclérose est rare chez les femmes en âge de procréer et se rencontre
chez celles qui présentent de multiples facteurs de risque vasculaires.
L’angéite du lupus peut être responsable d’une encéphalopathie diffuse avec
crises comitiales, plus rarement d’accidents ischémiques. Le traitement
corticoïde est poursuivi durant la grossesse et 2 mois après l’accouchement.
Conclusion
Les complications neurologiques de la grossesse sont souvent bénignes et
peuvent bénéficier d’une prise en charge symptomatique. Certaines de ces
complications sont plus graves et peuvent mettre en jeu le pronostic vital de la
mère. A ce titre, elles doivent être détectées précocement et traitées
efficacement.
Chez les patientes atteintes de maladies neurologiques et désireuses de
grossesse, une information complète sur les risques potentiels de la maladie sur
la grossesse et le retentissement de la grossesse sur la maladie doit être fournie.
Certaines thérapeutiques doivent alors être arrêtées et d’autres adaptées.
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