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Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

Faculté de médecine de Constantine


Département de Pharmacie

Cours de Pharmacologie générale


3èmeAnnée Pharmacie

Grossesse et médicaments

Plan :
1. Historique

2. Risque tératogène

3. Aspect physio-pharmacologiques : Diffusion à travers le placenta : Barriere foeto-


placentaire

4. Modification Pharmacocinétique chez la femme enceinte :

5. Conséquences Selon la période d’exposition

6. Quelques classes thérapeutiques

7. Conduites à tenir

Dr. A.AYADI
Maitre de Conférences A en Pharmacologie

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GROSSESSE ET MEDICAMENTS

1. Historique

Depuis le drame de la thalidomide l'exposition d'une grossesse à des agents exogènes suscite
de vives inquiétudes.

Le prescripteur devra donc faire l'exercice d'évaluer correctement le rapport bénéfice/risques


connus pour le futur enfant, en fonction de son âge gestationnel au moment du traitement.

la tentation de « sous-traiter » les femmes enceintes peut constituer une grave erreur, dont les
conséquences (humaines et médicolégales) sont souvent mal évaluées à leurs justes
dimensions.

2. Risque tératogène

l'analyse du risque médicamenteux nécessite :

✓ Une bonne connaissance du calendrier de développement de l'embryon,

✓ Une bonne connaissance des paramètres pharmacologiques de chaque produit

✓ La prise en compte des modifications physiologiques consécutives à l'état de


grossesse.

La tératologie est l'étude des anomalies du développement fœtal sur le plan structurel ou
fonctionnel, avec ses manifestations typiques telles que le développement fœtal insuffisant,
l'avortement ou la mort in-utéro, la carcinogenèse et les malformations.

3. Aspect physio-pharmacologiques: Diffusion à travers le placenta: Barriere foeto-


placentaire

✓ Femme enceinte et futur nouveau-né sont solidaires sur les plans physiologique et
métabolique.

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✓ À l'exception de grosses molécules comme l'héparine et l'insuline , tout
médicament administré à la mère traverse le placenta et peut avoir des
répercussions immédiates ou lointaines sur l'embryon, le fœtus et le nouveau-né .

Diffusion à travers le placenta:

Diffusion passive +++ Dépend de plusieurs facteurs:

- Poids moléculaire : < 600D (héparine, insuline)

- Liposolubilité: Médicaments lipophiles diffuse rapidement

- Liaison aux protéines plasmatiques: limite la vitesse et la quantité de médicaments .

- Age de la grossesse: Echanges fœto-maternel plus importants vers la fin de la


grossesse.

4. Modification Pharmacocinétique chez la femme enceinte:

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5. Conséquences Selon la période d’exposition

❑ Avant l’implantation (J0 à J12):

– Échanges pauvres avec la mère

– On peut penser que le rôle des médicaments est faible

– Loi du tout ou rien

❑ Tenir compte de la ½ vie du médicament pouvant conduire à une exposition


supérieure à la durée de prise

❑ Période embryonnnaire (J13-J56)

– Organogenèse, Risques d’atteinte morphologique

❑ Période fœtale (fin 2e mois – accouchement)

– Période de croissance, de maturation histologique et enzymatique

– Agression pendant cette période peut entraîner

❑ RCIU « retard de croissance intra-utérin »

❑ Anomalies fonctionnelles temporaires ou définitives

❑ Cancérogenèse à distance

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❑ Ces troubles de la maturation sont souvent difficiles à déceler à la
naissance mais peuvent apparaitre à distance avec le développement
psycho-moteur .

❑ Période néonatale

– Pendant la vie intra-utérine l’organisme maternel est « l’organe épurateur » du


fœtus

– A la naissance l’enfant est seul avec ses fonctions d’épuration partiellement


matures

– ½ vie d’élimination est 2 à 4 fois plus longue chez le NN que chez l’adulte et
encore plus longue chez prématuré, Ceci doit être prévu à l’accouchement

6. Quelques classes thérapeutiques

6.1. Anti-épileptiques

• Dépakine (Ac valproïque):

– Anomalies de fermeture du tube neural (1à2%)

– Malformations cardiaques

– Dysmorphie faciale (oreilles bas-implantées, petit nez, fente labio-pallatine)

– Risque de syndrome hémorragique néonatal

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• Di-Hydan (phénytoïne)

– RCIU :retard de croissance intra-utérin

– Anomalies cranio-faciales (microcéphalie, hypertélorisme, implantation basse


des cheveux, oreilles mal ourlées)

– Retard psychomoteur

– Hémorragies néonatales par hypovitaminose K

• Tégrétol (carbamazépine), gardenal (phénobarbital): Risque hémorragie néonatale


+++

6.2 Anxiolytiques: BZD

• 1er trimestre: faible augmentation des Fentes Labio Palatines, Fin de


grossesse: imprégnation néonatal Hypotonie
• détresse respiratoire
• Syndrome de sevrage

conduite a tenir:

– En fin de Grossesse: privilégier ½ vie courte (Séresta)

– Prévoir prise en charge pédiatrique

• HALDOL et LARGACTIL ne sont pas tératogènes avec une possibilité chez le


nouveau-né de survenu de syndrôme extra pyramidal, ou de signes atropiniques.

conduite a tenir:

surveiller la TA maternelle (risque d'hypotension)

6.3. Lithium

Pendant les 45 1er jours de Grossesse : risque malformation cardiaque (m. d’Ebstein:
anomalie d’insertion valve tricuspide

En fin de Grossesse: hypotonie,hypothermie

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• CAT: -Echo cœur vers 20 SA

– Réduire doses en fin de Grossesse

6.4. Risques foetaux des médicaments anti-arythmiques

• Amiodarone Hypothyroïdie

• beta bloquants Hypoglycémie,Bradycardie (nouveau-né)

• Quinidine (Trombocytopénie)

• Verapamil (Mort in utero)

6.5. Antalgiques:

• Paracétamol: médicament de choix

• Aspirine:

• Possible jusqu’à 36 Semaines

• Se méfier après: anomalies de l’hémostase, HTAP

• AINS:

• Fermeture prématurée du canal artériel, insuffisance cardiaque droite

• Oligoanurie, oligoamnios, insuf rénale

• Prévenir femmes des risques de l’automédication (douleurs lombaires, soins


dentaires, sinusites…)

6.6. Anticoagulants

• Anticoagulants oraux

– Tératogènes au 1er Trimestre:

• Syndrome malformatif (fqce=5 à 10%): hypoplasie des Os propre du


Nez, des phalanges distales.

– Au 2e et 3e Trimestre: risques d’hémorragies intracérébrales (microcéphalie,


hydrocéphalies, atrophies optiques)

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6.7. antidiabetiques

• Biguanides

– Pas d'effet malformatif connu chez l'animal.

– On ne dispose pas de donnée clinique

• Sulfamides

– effet malformatif possible chez l'animal

– doutes sur de possibles effets malformatifs chez l'homme.

– Le risque est probablement minime avec les sulfamides actuels, à demi-vie


courte

• CAT

– PROGRAMMER LA Grossesse

– les risques sont liés au mauvais équilibre du diabète maternel (cardiopathies


congénitales, macrosomie).

– Il faut exiger une Hb A1 C inférieure à 6 %.

– En cas de grossesse débutée sous ADO → pas de raison d'interrompre la


grossesse.

– Prendre le relais par l'insuline.

6.8. Rétinoïdes

▪ Roaccutane® (isotrétinoïne) Soriatane® (acitrétine) Risques tératogènes chez


l'animal et en clinique, malformations prédominantes : SNC, oreille ext, cœur

▪ Soriatane® : beaucoup moins de données chez l'animal et en clinique : quelques


malformations prédominantes au niveau du squelette

Conduite à tenir: Grossesse : contre-indication absolue.

➢ Chez toute femme susceptible d'être enceinte, indication fermement pesée.

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➢ Si le traitement est indispensable, une contraception doit être rigoureusement suivie et
des mesures de prescription et de surveillance particulières doivent être prises,

➢ En cas d'exposition en début de grossesse, discussion d'interruption de grossesse


justifiée.

- À l'arrêt du traitement :

¤ Roaccutane® : grossesse à éviter dans le mois suivant l'arrêt du traitement,

¤ Soriatane® : grossesse à éviter dans les 2 années suivant l'arrêt du traitement, en raison de
l'accumulation tissulaire.

6.9. Antibiotiques

ATB 1e T 2e T 3e T Remarques

Pénicillines/Céph oui oui oui

Macrolides oui oui oui

Tétracyclines non non non Dyschromie


dentaire

Aminoside non non non Ototoxicité (sauf


genta)

Imidazolés non oui oui tératogene

Quinolones non non non Tr croissance


osseuse

Rifampicine non oui oui tératotogéne

6.10. Anticancéreux –Radiations antirétroviraux

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❑ les médicaments sont de nature chimique diverse et possèdent des mécanismes
d'action différents ; leur incidence sur la grossesse est donc variable.

❑ L'indication des anticancéreux et/ou de la radiothérapie pose le problème de


l'évaluation du rapport bénéfice/risque qui ne peut être étudié qu'au cas par cas

6.11. Vaccins

• Vaccins contre indiqués:

– Les vaccins vivants: rubéole, BCG

• Vaccins à éviter

– diphtérie, coqueluche, rage, rougeole, oreillons, fièvre jaune

– en raison de réactions maternelles possibles (fièvre)

Conduites a tenir selon le type de situations

Avant le traitement ou avant la grossesse : démarche préventive

➢ Si un traitement est nécessaire, comment envisager la thérapeutique maternelle la


moins nocives OU :

❑ Poser le problème de l'interaction possible de la pathologie et de la grossesse.

❑ Choisir le médicament le mieux connu au cours de la grossesse. Ne pas sous traiter les
femmes enceintes.

❑ Programmer les éléments de surveillance chez la mère et l'enfant.

➢ Si une modification du traitement est nécessaire, la programmer, si possible, avant le


début de la grossesse et s'assurer du bon contrôle thérapeutique de la maladie

Après le début du traitement : démarche prospective

Une femme enceinte (et ne le sachant pas le plus souvent) a pris des médicaments

❑ Quels sont les risques pour l'enfant ?

– La décision est un acte médical

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– Ne pas affoler : peu de médicaments justifient une décision d'interruption de
grossesse.

– Connaître précisément le traitement et son motif.

Analyser les documents disponibles : pharmacologiques, embryologiques,


épidémiologiques.

❑ Si le traitement est chronique, envisager le suivi de la grossesse dans toute sa durée

Médicaments et allaitement

- La majorité des médicaments se retrouve, à taux variables, dans le lait maternel

- Pour être dangereux, il faut que le médicament:

– Soit présent à un taux suffisant dans le lait.

– Soit absorbé par la muqueuse intestinale du nourrisson (Exp: insuline).

– Présente une toxicité pour le nourrisson.

Consignes générales d’utilisation des médicaments au cours de l’allaitement

• Choisir des médicaments à courte durée d’action, et demander à la mère de les


prendre immédiatement après la tétée.

• Donner la préférence à un médicament dont le passage dans le lait est connu,


et pour lequel il existe une dose pédiatrique (ou néonatale).

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• Eviter d’administrer des médicaments qui entraînent un risque d’effets secondaires
graves sur base d’un mécanisme immunoallergique.

• En cas d’administration d’une dose unique d’un médicament incompatible avec


l’allaitement, on conseille d’attendre une période équivalant à 4 à 5 demi-vies
pour reprendre l’allaitement.

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