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Le retard de croissance intra-utérin (RCIU)

Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) se traduit par un fœtus petit par rapport au stade
de la grossesse. Cette anomalie fréquente est la première cause de fausse couche.
Malheureusement, la plupart du temps, les parents passent à côté, faute de diagnostic. À quoi
est dû le RCIU ? Comment le déceler ? À quelle prise en charge s’attendre ?

Définition : quand parle-t-on de RCIU ?

Un retard de croissance intra-utérin ou RCIU signifie que le fœtus est petit par rapport à
son âge gestationnel en raison d’un ralentissement de la croissance lors de la gestation.

Le RCIU se définit par un poids de naissance inférieur au 10e percentile. Mais il faut
distinguer le cas d'un fœtus petit pour son âge gestationnel (ou PAG) du RCIU. En effet, le
RCIU est associé à des arguments en faveur d'un défaut de croissance pathologique. Dr
Omrane Ben Rejeb, gynécologue.

Le RCIU est observé lors de l’échographie : les mensurations (dont celles du périmètre
crânien), le poids et la taille sont inférieures aux valeurs normales correspondantes à l’âge
gestationnel.

La première cause de fausse couche

 Cette pathologie obstétricale est fréquente : l’incidence du RCIU est d’une grossesse
sur dix dans les pays développés (source 1). Elle peut n’avoir aucune conséquence sur
la santé du bébé. Néanmoins, elle reste la première cause de mortalité in utero, c’est
pourquoi il convient de la dépister à temps afin d’imposer une surveillance médicale
(pour le cas où elle serait détectée).
 Un RCIU modéré correspond à des mensurations inférieures au 10e percentile.
 Un RCIU sévère correspond à des mensurations en deçà du 5e percentile. Ces fœtus
sont les plus à risque de souffrir d’un problème médical. Ils doivent être étroitement
surveillés durant la grossesse.

L’Inserm et les autorités de santé déplorent que le RCIU soit encore sous-diagnostiqué en
France. D’après certaines études, seulement 21 % des enfants nés avec un faible poids de
naissance ont été suspectés de RCIU pendant la grossesse (source 2).

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RCIU harmonieux ou dysharmonieux : quelle différence ?

On distingue deux types de retard de croissance intra-utérin (RCIU).

 Le retard de croissance intra-utérin harmonieux : lorsque tous les paramètres, y


compris le périmètre crânien, sont diminués de façon identique. Dans ce cas, on estime
que, malgré le retard de croissance, le fœtus se développe de façon régulière. Ce cas
concerne 20 % des RCIU.
 Le retard de croissance intra-utérin disharmonieux : lorsque le périmètre crânien
est normal, mais que le poids et/ou le périmètre abdominal et/ou la taille sont
diminués. Le RCIU dysharmonieux représenterait à peu près 80 % des RCIU.

Quelles sont les causes d'un RCIU ?

Il existe plusieurs situations qui peuvent expliquer le RCIU :

 un poids de naissance faible d’un parent ou des deux. Dans ce cas, il n’y a pas à
s’inquiéter : le RCIU est dit « constitutionnel ». Il n’entraîne pas de problème de santé
pour le fœtus ;
 une anomalie génétique ou chromosomique comme le nanisme. Il convient alors
d’éliminer les diagnostics à l’origine d’un handicap ;
 une infection contractée par la mère comme un cytomégalovirus, la rubéole, la
toxoplasmose, la varicelle, la syphilis ou encore l’herpès ;
 la prise de toxiques pendant la grossesse : alcool, tabac, ou autres drogues ;
 un notch utérin qui correspond à une baisse du flux sanguin dans l’une ou les deux
artères qui irriguent l’utérus pendant la grossesse. Il se détecte après le 5e mois grâce à
un doppler utérin ;
 une insuffisance placentaire caractérisée par un flux sanguin insuffisant vers le
placenta pendant la grossesse, à l’origine d’un approvisionnement réduit en oxygène et
en nutriments du fœtus. Cette anomalie explique 5 % des RCIU. Elle peut entraîner
une souffrance fœtale ou le décès du fœtus.

Dans près d’un tiers des cas, le RCIU n’a pas de cause identifiée (nous parlons de RCIU
idiopathique).

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Quels sont les facteurs de risque d'un retard de croissance in utero ?

Le RCIU peut toucher n’importe quelle femme au cours de sa grossesse, quels que soient son
âge, son ethnie, ses antécédents de santé et son mode de vie. Néanmoins, certains facteurs
augmentent le risque de RCIU :

 un antécédent de RCIU lors d’une précédente grossesse ;


 un âge maternel de plus de 35 ans ;
 la primiparité (la première grossesse) et la grande multiparité (des antécédents de
plusieurs grossesses) ;
 une grossesse gémellaire ou multiple ;
 des troubles hypertensifs : hypertension artérielle chronique, pré-éclampsie,
hypertension gravidique ;
 un diabète préexistant à la grossesse avec atteintes vasculaires
 le tabagisme actif pendant la grossesse ;
 la consommation alcoolique pendant la grossesse ;
 la consommation de drogues pendant la grossesse ;
 la malnutrition ou un régime alimentaire déséquilibré ;
 une insuffisance pondérale (maigreur voire dénutrition) ;
 l’obésité.

RCIU : quelles conséquences sur la santé de l’enfant ?

Il faut distinguer les conséquences sur le court terme et celles sur le long terme.

Les risques de complications avant la naissance ou à la naissance

 Le décès du fœtus (fausse couche) ;


 le décès au moment de l’accouchement ;
 une paralysie cérébrale entraînant un handicap à la naissance.

Le risque est la mortalité prénatale, mais aussi post-natale. Le RCIU est un facteur de risque
de développement atypique de l'enfant. Dr Omrane Ben Rejeb, gynécologue.

Les conséquences sur le long terme chez l’enfant et même à l’âge adulte

 Un ralentissement neurodéveloppemental ;

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 des déficits cognitifs mineurs ;
 des symptômes d’hyperactivité et d’inattention ;
 des difficultés scolaires ;
 Chez l’adulte : une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires,
d’hypertension artérielle, d’intolérance glucidique, de diabète, de dyslipidémie et
d’obésité.

La plupart des nourrissons touchés rattrapent le poids avant 6 mois et la taille avant 1 an
(source 3).

Diagnostic : comment détecter un retard de croissance intra-utérin ?

Le diagnostic est orienté par la constatation d'une hauteur utérine diminuée par rapport à l'âge
gestationnel lors de l'examen clinique. Il est confirmé par échographie qui montre une
croissance fœtale inférieure au 10e percentile. Dr Omrane Ben Rejeb.

Selon la sévérité du RCIU et le stade de la grossesse au moment du diagnostic, des examens


complémentaires peuvent être prescrits comme :

 une échographie détaillée permettant le diagnostic de malformation congénitale ;


 une amniocentèse génétique ;
 des prélèvements à la recherche d’infections ;
 d’autres examens afin de rechercher des maladies maternelles qui pourraient expliquer
un RCIU comme une hypertension artérielle ou un diabète avec atteintes vasculaires.

Comment soigner un RCIU ? Que faire ?

La prise en charge d’un RCIU varie en fonction de sa cause, de sa sévérité et du stade de la


grossesse. Néanmoins, les moyens de traitement sont limités. « La prise en charge se fait au
cas par cas. Habituellement, les soins sont multidisciplinaires : gynécologue, généticien,
pédiatre (après la naissance), diabétologue… », souligne l’expert.

En cas d’anomalie génétique ou de cause infectieuse, les risques de handicap, de


malformation ou de retard mental sont importants. Il est donc possible de demander une
interruption médicale de grossesse (IMG) quel que soit le stade de la grossesse. L’IMG est
réalisée en établissement de santé ou à l’hôpital. Elle est pratiquée par voie médicamenteuse,
chirurgicale ou en déclenchant l’accouchement par les voies naturelles.

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En cas d’insuffisance placentaire ou de notch utérin : une surveillance monitoring du
rythme cardiaque du fœtus peut être mise en place dès le 6e mois de grossesse pour déceler
des signes de souffrance. Ces manifestations peuvent motiver un accouchement prématuré.

Sources

Source 1 : https://www.santemagazine.fr/grossesse/grossesse-et-sante/rciu-tout-savoir-sur-le-
retard-de-croissance-intra-uterin-1045666 Entretien avec le docteur Omrane Ben Rejeb,
gynécologue.

Source 2 : "Recommandations pour la pratique clinique : le retard de croissance intra-utérin",


élaborées par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français- CNGOF (PDF
accessible en ligne :
http://www.cngof.asso.fr/data/RCP/CNGOF_2013_FINAL_RPC_rciu.pdf)

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