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Diabète prégestationnel et grossesse


M. Bécard, A. Vambergue, C. Coulon, C. Fermont, F. Pirard, P. Fontaine, P. Deruelle

La grossesse de la femme avec un diabète prégestationnel est une grossesse à haut risque en raison de
l’aggravation des complications dégénératives du diabète (rétinopathie, néphropathie) et de
l’augmentation du risque de complications périnatales (malformations fœtales sévères, macrosomie,
dystocie des épaules, prématurité). Ces complications sont en partie liées à l’hyperglycémie maternelle, ce
qui souligne l’importance de la programmation de la grossesse chez ces patientes. L’obtention d’un bon
équilibre glycémique dès la période préconceptionnelle est primordiale. La surveillance est assurée par une
équipe multidisciplinaire tout au long de la grossesse afin de garantir un taux de succès optimal.
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Mots clés : Diabète ; Grossesse ; Complications fœtales et néonatales ; Malformations ;


Surveillance glycémique

Plan hans. Il en résulte une carence absolue de l’insulinosécrétion et


une insulinodépendance stricte. L’interruption de l’insulinothé-
rapie conduit très rapidement à un état de cétose pouvant aller
¶ Introduction 1
jusqu’au coma acidocétosique. En France, la prévalence du
¶ Physiopathologie. Épidémiologie 1 DT1 est de l’ordre de 0,15 % et il représente 10 % à 15 % des
¶ Risques de la grossesse chez la femme diabétique 1 diabètes. Le DT1 survient le plus souvent avant l’âge de 20 ans.
Risque maternel 1 Le traitement repose sur une insulinothérapie optimisée avec
Risque fœtal 2 autosurveillance glycémique. Le maintien d’un bon équilibre
¶ Modalités de prise en charge de la grossesse diabétique glycémique est parfois difficile à conserver sur le long terme.
de type 1 4 Cela explique certaines complications de microangiopathie
Prise en charge diabétologique 4 (rétinopathie et néphropathie) retrouvées chez les femmes
Prise en charge obstétricale 5 jeunes désirant une grossesse.
¶ Prise en charge du nouveau-né de mère diabétique 6
¶ Prise en charge de la mère après l’accouchement 7 ■ Risques de la grossesse
¶ Conclusion 7
chez la femme diabétique
Les risques sont ceux, d’une part, du retentissement de la
■ Introduction grossesse sur le diabète et, d’autre part, du diabète sur la grossesse.
D’un point de vue maternel, les modifications physiologiques de
La grossesse chez une femme ayant un diabète préalable à la grossesse rendent l’équilibre glycémique plus difficile à obtenir
grossesse, qu’il s’agisse d’un diabète de type 1 ou d’un diabète et le risque de complications est plus important (hypertension
de type 2, comporte davantage de risques que la grossesse artérielle, prééclampsie, infections urinaires). Du point de vue
normale. Outre les complications métaboliques, l’aggravation fœtal, en cas de diabète déséquilibré, il existe un risque accru
des complications dégénératives du diabète et des complications d’embryofœtopathie liée aux désordres métaboliques maternels.
obstétricales, on note un risque accru de complications fœtales La macrosomie reste néanmoins l’élément le plus fréquent et le
(malformations congénitales sévères, prématurité, macrosomie, plus problématique actuellement.
mortalité périnatale). Bien que l’on assiste ces dernières années
à une régression spectaculaire de la mortalité et de la morbidité Risque maternel
fœtale, la grossesse de la femme diabétique de type I demeure
une grossesse à haut risque nécessitant une normalisation Instabilité métabolique
glycémique depuis la période préconceptionnelle jusqu’à
Lors du premier trimestre, on note une tendance à l’hypogly-
l’accouchement ainsi qu’un suivi rigoureux par une équipe
cémie de jeûne, alors qu’au deuxième trimestre s’installe
multidisciplinaire [1].
progressivement une altération de la sensibilité à l’insuline,
rendant nécessaire une majoration des doses d’insuline [2]. C’est
■ Physiopathologie. Épidémiologie au cours du troisième trimestre que l’instabilité glycémique est
la plus grande avec un risque accru d’acidocétose, notamment
Le diabète de type 1 (DT1, anciennement diabète insulinodé- lors de l’accouchement [3]. En revanche, les besoins en insuline
pendant) est la conséquence de la destruction auto-immune des chutent brutalement de 30 % lors de la délivrance, exposant
cellules insulinosécrétrices dites cellules b des îlots de Langer- alors au risque d’hypoglycémie maternelle.

Gynécologie/Obstétrique 1
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Complications dégénératives Tableau 1.


Principales malformations fœtales rencontrées lors d’un diabète maternel
La grossesse augmente théoriquement le risque de survenue, de type 1. D’après [23].
voire d’apparition d’une rétinopathie [4-6] . En l’absence de
rétinopathie proliférative, les conséquences sont minimes et, en Organe Fréquente Rare
cas de rétinopathie proliférative ou préproliférative, une Cœur Transposition des gros Tétralogie de Fallot
panphotocoagulation avant ou au début de la grossesse limite vaisseaux Hypoplasie du cœur
ce risque. Seule la rétinopathie floride représente actuellement Communication gauche
une contre-indication réelle au maintien de la grossesse. interauriculaire Sténose pulmonaire
Plusieurs hypothèses pourraient expliquer que la grossesse ait Communication Retour veineux
un impact sur la rétinopathie. Les hormones produites au cours interventriculaire pulmonaire anormal
de la grossesse : hormone lactogène placentaire, estrogènes et Coarctation de l’aorte
progestérone ont des effets vasculaires [7]. Les modifications Cardiomyopathie
physiologiques de la grossesse (augmentation du débit cardia-
que), l’hypertension peuvent également jouer un rôle dans cette Système nerveux Anencéphalie Holoprosencéphalie
progression. Enfin et de façon paradoxale, il a été montré que central Hydrocéphalie Encéphalocèle
l’amélioration rapide de l’équilibre glycémique pourrait favoriser Spina bifida Dysplasie septo-
l’évolution de la rétinopathie [8]. optique
Concernant l’impact de la grossesse sur la progression de la
néphropathie diabétique, il est habituel de constater une augmen- Reins et voies Hydronéphrose Micropénis
tation de la protéinurie au fur et à mesure de l’avancée de la urinaires Dysplasies rénales Ambiguïté sexuelle
grossesse. Cependant, une étude danoise [9] a montré que la Agénésie rénale Méga-uretère
grossesse n’a aucun impact défavorable à long terme sur la Duplicité urétérale
fonction rénale ainsi que sur la survie des patientes diabétiques
Hypospade
de type 1 présentant une néphropathie avec une fonction
rénale conservée. La néphropathie expose malgré tout au risque Squelette Agénésie sacrée Syndrome de
d’hypertension artérielle pendant la grossesse qui doit être régression caudale
Anomalies vertébrales
différenciée de la prééclampsie [10, 11]. En revanche, l’existence Polydactylie
Hypoplasie de membres
d’une coronaropathie fait contre-indiquer la grossesse.
Syndactylie
Clinodactylie
Répercussions du diabète sur la grossesse
Le risque de prééclampsie est significativement accru en cas Intestin et estomac Atrésie duodénale Malrotation
de grossesse chez une patiente diabétique. Une revue récente Atrésie de l’œsophage Volvulus
effectuée par Sibai et al. situe la fréquence de la prééclampsie Imperforation anale Omphalocèle
dans cette population de patientes entre 9 % et 66 % [12]. Cette Laparoschisis
grande disparité s’explique par une grande hétérogénéité des Hernie
critères de définition de la prééclampsie selon les études, mais, diaphragmatique
surtout par l’hétérogénéité des populations étudiées. Il apparaît
clairement que le risque augmente avec la sévérité du Face Fentes Atrésie des choanes
diabète [12-14]. L’existence d’une protéinurie ou d’une micropro- Anomalies des oreilles Fusion orbitale
téinurie semble être l’élément le plus pertinent dans la survenue Cataracte
d’une prééclampsie [12, 15, 16] . D’autres facteurs de risque Colobome
peuvent être également identifiés tels que la primiparité, Hypoplasie du nerf
l’existence d’une hypertension artérielle (HTA) et un mauvais optique
équilibre glycémique [16]. Le bénéfice d’un traitement préventif
par aspirine à faible dose est controversé. La méta-analyse, Autres Artère ombilicale unique Sténose trachéale
réalisée à partir des données individuelles de tous les essais Anomalies des arcs
concernant l’aspirine à faible dose étudiée contre placebo branchiaux
pendant la grossesse, n’a pas montré de bénéfice dans le sous-
groupe particulier des patientes présentant un diabète antérieur
à la grossesse [17]. Lors de la conférence d’experts de la Société hospitalisation systématique afin de surveiller de façon renfor-
française d’anesthésie réanimation, une prescription d’aspirine cée les glycémies et éventuellement de proposer une insulino-
en prévention de la prééclampsie n’est recommandée que pour thérapie par voie intraveineuse.
les patientes ayant présenté une prééclampsie sévère survenue
avant 32 semaines d’aménorrhée. Risque fœtal
Parmi les complications infectieuses, il existe un risque plus
important d’infections urinaires. En revanche, le risque de Il est lié à la fois aux facteurs métaboliques et aux facteurs
pyélonéphrite aiguë n’est pas augmenté si les infections urinai- vasculaires. L’embryofœtopathie diabétique concerne l’organo-
res basses sont dépistées et traitées au cours de la grossesse. Les genèse, la croissance et la vitalité fœtale.
infections urinaires (pyélonéphrites) et l’hydramnios, souvent
associé à la macrosomie et/ou à des malformations, favorisent Premier trimestre : risques sur l’organogenèse
la survenue de menace d’accouchement prématuré [18, 19] . Les Le risque de malformations congénitales sévères est multiplié
b-mimétiques sont contre-indiqués dans la grossesse diabétique par 2 à 3, et même par 9 dans une cohorte récente [22] et rend
du fait du risque d’acidocétose qu’ils entraînent [20]. Dans les compte de la moitié de la morbidité périnatale. Elles sont
menaces d’accouchement prématuré sévère, on a recours, en corrélées à l’effet tératogène des désordres métaboliques domi-
l’absence de contre-indication, aux inhibiteurs calciques ou à nés par l’hyperglycémie maternelle, présents lors des huit
l’atosiban. Le bénéfice de la cure de glucocorticoïdes est premières semaines de grossesse. La fréquence de ces malforma-
clairement démontré dans la prévention des complications liées tions dépend essentiellement de l’équilibre glycémique de cette
à la prématurité [21] . Cependant, elle peut être source de période. Elles touchent surtout l’appareil cardiovasculaire, le
décompensation du diabète. Ainsi, en cas de risque de préma- système nerveux central, le squelette et l’appareil urogénital
turité, leur indication est licite, sous couvert d’une surveillance (Tableau 1) [23]. Un diabète maternel est retrouvé dans 16 % des
diabétologique renforcée et d’une majoration de l’insulinothé- cas de syndrome de régression caudale. Une étude finlandaise
rapie pendant quelques jours. Certaines équipes proposent une récente a montré que la fréquence des malformations graves est

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supérieure à celle de la population générale dès que l’hémoglo- formes de diabète qu’elles soient de type 1 ou type 2, entraîne-
bine glyquée (HbA1c) périconceptionnelle dépasse deux dévia- rait un transfert accru de glucose chez le fœtus et, en réaction,
tions standards au-dessus de la moyenne (soit pour des valeurs un hyperinsulinisme fœtal. Au cours du diabète de type 1, la
d’HbA1c supérieures à 5,6 %) [24]. Cela souligne l’importance de persistance d’une hyperglycémie chronique explique qu’au
la programmation des grossesses et de l’obtention d’une moins un nouveau-né de mère diabétique sur deux est macro-
normoglycémie en préconceptionnel ; le risque de malformation some [30]. Une étude a montré que l’obtention d’une glycémie
étant ramené à celui de la population générale si l’équilibre moyenne inférieure à 0,95 g/l prévenait la survenue d’une
glycémique est normalisé dès la conception. macrosomie au cours du DT1 [39]. Cependant, le seul flux de
La physiopathologie des malformations de la grossesse glucose n’explique pas la macrosomie fœtale et notamment la
compliquée d’un diabète est mal comprise [25] ; la formation de distribution anormale de graisse chez le nouveau-né macro-
radicaux libres ou un déficit de l’expression du gène Pax3 en cas some. Des études mettent en évidence un transfert accru de
d’exposition à l’hyperglycémie ont été suggérés comme de lipides et une augmentation de la surface graisseuse chez le
possibles mécanismes [26, 27]. Le mauvais contrôle glycémique fœtus [40, 41]. Ainsi, des corrélations entre les concentrations
durant l’embryogenèse est le facteur de risque le plus significatif maternelles des triglycérides et acides gras libres et le poids de
de survenue de ces complications [28, 29] . Ce risque semble naissance ont été observées. Ces substrats traversant le placenta
particulièrement élevé en cas d’hyperglycémie à jeun [23] . pourraient moduler l’insulinosécrétion, la sensibilité à l’insuline
L’amélioration du contrôle glycémique permet de réduire ce du fœtus et retentir sur la croissance.
risque [30]. L’introduction d’acide folique en période préconcep- L’hypotrophie fœtale est plus fréquente chez les nouveau-nés de
tionnelle et durant tout le premier trimestre permet de réduire mère diabétique, surtout si la mère présente des anomalies
également le risque de survenue de ces malformations congéni- vasculaires ou une néphropathie.
tales [31, 32]. La dose idéale reste encore controversée [33]. La mort fœtale in utero survient essentiellement au cours des
Le risque d’avortement spontané précoce est plus fréquent lors diabètes déséquilibrés. La prévalence en France est de 3,5 % sur
des grossesses diabétiques mal équilibrées. Ce risque est de une enquête multicentrique réalisée en 2000 sur 229 grossesses
l’ordre de 30 % si l’HbA1c dépasse de six à neuf déviations associées à un diabète préexistant [1]. Le risque est accru (20 %)
standards la moyenne des valeurs normales, soit des valeurs de en cas d’acidocétose avec passage transplacentaire des corps
l’ordre de 7 % à 8 % avec les méthodes de dosage de réfé- cétoniques. L’étiopathogénie est inconnue. Les hypothèses
rence [34]. Le risque d’anomalies chromosomiques n’est pas avancées sont l’hypoxie tissulaire, une production excessive de
augmenté. lactates par la glycolyse anaérobie, la décompensation d’une
cardiomyopathie hypertrophique favorisée par des troubles du
Deuxième trimestre : risques rythme cardiaque brutaux et imprévisibles. Le diabète, qu’il soit
de type 1 ou de type 2, est associé à un risque accru de décès
sur le développement fœtal
in utero [42] . En cas de diabète de type 1, l’incidence est
La fréquence de la macrosomie au cours de la grossesse comprise entre 6 et 26 pour 1 000 naissances avec une augmen-
diabétique de type 1 varie de 10 % à 45 %. Une telle variation tation de risque estimé entre trois à cinq fois celui de la
de fréquence est due à l’absence de définition univoque de la population générale [22, 43-47]. En cas de diabète de type 2, il
macrosomie. Un poids de naissance supérieur à 4 000 ou à existe également une augmentation de ce risque avec une
4 500 g est un index simple, mais qui ne tient pas compte de incidence comprise entre 12 ‰ et 34 ‰ et un risque relatif
l’âge gestationnel et méconnaît bon nombre de macroso- compris entre 2,3 et 5,8 [45, 48, 49]. Le mauvais contrôle glycémi-
mies [35]. Un poids de naissance supérieur au 90e percentile pour que est un élément majeur dans la survenue des décès in utero,
l’âge gestationnel pallie ce défaut, mais impose l’utilisation de mais d’autres facteurs sont impliqués tels que l’HTA, l’obésité,
courbes de référence pour chaque population. La macrosomie les malformations congénitales, l’existence d’une césarienne
des enfants nés de mères diabétiques prédomine sur l’extrémité antérieure ou un retard de croissance [50]. La prévention de ces
supérieure du tronc avec une augmentation significative du décès in utero passe avant tout par un strict contrôle des
périmètre scapulaire, et surtout une différence (épaules-tête) en glycémies [51] associé à une surveillance anténatale renforcée.
moyenne supérieure de 4 cm par rapport à des enfants macro- Comme pour toutes les grossesses, les patientes diabétiques
somes issus de mères non diabétiques [36]. Une telle différence doivent être invitées à consulter en cas de diminution des
explique le risque accru de dystocie des épaules chez le fœtus de mouvements actifs. La surveillance peut également s’appuyer
mère diabétique. Remarque importante, cette différence est sur la réalisation d’enregistrement du rythme cardiaque fœtal
également plus marquée chez les enfants apparemment « eutro- (RCF) et la réalisation de Dopplers fœtaux. Cependant, les
phes » de mères diabétiques, expliquant en partie que le risque données de la littérature sont actuellement insuffisantes pour
de dystocie des épaules existe aussi en l’absence de « macroso- conclure de manière consensuelle sur la meilleure méthode et
mie ». La dystocie des épaules est elle-même associée à un risque la fréquence de leur réalisation. Concernant l’étude du RCF, Kjos
accru de complications maternelles : principalement déchirures et al. n’ont retrouvé aucun décès in utero chez 2 134 patientes
périnéales (4 % à 20 %) et hémorragie de la délivrance (11 %), ayant eu une surveillance bihebdomadaire [52]. Brecher et al. ont
et de complications fœtales : augmentation de la mortalité montré, dans une étude rétrospective de 1 935 patientes avec
périnatale, troubles anoxo-ischémiques (1 % à 12 %), fractures une surveillance hebdomadaire ou bihebdomadaire, que le
de la clavicule (1 % à 20 %) ou de l’humérus (1 % à 4 %) et risque de décès in utero était associé à un équilibre glycémique
lésions du plexus brachial (1 % à 25 %) [37]. L’incidence de la moins bon et à un intervalle de temps plus important depuis la
macrosomie segmentaire, définie par un index pondéral supé- dernière date de surveillance [53] . Cependant, les données
rieur au 90e percentile est plus élevée et est associée à un risque concernant l’utilisation de l’enregistrement du RCF en cas de
accru de complications néonatales (hypoglycémie, hypocalcé- grossesse diabétique sont peu nombreuses et semblent montrer
mie, hyperbilirubinémie) [38]. La croissance fœtale est condi- une moins bonne prédictivité chez les patientes diabétiques que
tionnée par le milieu intra-utérin, d’une part, et par la chez les patientes non diabétiques avec un risque de faux
susceptibilité génétique fœtale, d’autre part. La composition du négatifs qui semble accru. Shaxted et al. rapportent une mort in
milieu intra-utérin dépend de l’environnement métabolique utero survenue quelques heures après un enregistrement
maternel (aussi modulée par le métabolisme placentaire). La considéré comme normal [54] . Plusieurs études retrouvent
grossesse normale s’accompagne de modifications transitoires également des décès in utero dans les 4 à 7 jours qui ont suivi
du métabolisme glucidique parmi lesquelles une insulinorésis- un enregistrement normal [55-57]. Bracero et al. ont rapporté que
tance. Dans le diabète de type 2, il existerait une exagération de le Doppler de l’artère ombilical pourrait permettre de sélection-
l’insulinorésistance normalement présente lors de la grossesse ner une population à risque [58]. Cependant, en raison de la
normale et/ou une anomalie de l’insulinosécrétion. Dans le faible incidence de la mort in utero, cette étude n’utilisait en
diabète de type 1, l’absence d’insulinosécrétion fonctionnelle ne réalité que des marqueurs indirects de celle-ci (retard de
peut compenser l’inulinorésistance physiologique de la gros- croissance intra-utérin [RCIU] et anomalies métaboliques
sesse. L’hyperglycémie chronique au cours des différentes périnatales). Toutefois, les valeurs de sensibilité et de spécificité

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restent faibles, respectivement de 35 % et de 94 %, ce qui limite Tableau 2.


leur utilisation [59]. L’addition de l’hémoglobine glyquée comme Consultation préconceptionnelle.
marqueur associé pourrait toutefois augmenter cette Diabétologue Obstétricien
prédictivité [60].
Bilan complet du diabète : Sérodiagnostic toxoplasmose,
Accouchement recherche de lésions rubéole, groupe Rhésus, recherche
de microangiopathie d’agglutinines irrégulières
La prématurité spontanée et induite est augmentée [19]. Elle et macroangiopathie Information sur les modalités
dépend de l’état vasculaire de la mère et surtout de l’existence
Fond d’œil, voire angiographie de surveillance de la grossesse
d’une hypertension artérielle (risque multiplié par cinq). Cet
Créatinine, microalbuminurie et les complications possibles
excès de risque est mal expliqué. Il pourrait faire intervenir
en fonction des antécédents
l’excès de volume lié à la macrosomie en particulier lorsque HbA1c : grossesse possible
(contrôle du diabète, d’une HTA)
s’associe un hydramnios. si HbA1c < 7 %
Vérifie l’absence de thérapeutiques
Les détresses respiratoires sont plus fréquentes chez les Recherche de foyers infectieux
nécessitant d’être interrompues
nouveau-nés de mères diabétiques. Elles sont vraisemblablement Information sur les modalités
en cas de grossesse (inhibiteur
liées au retard de maturation du surfactant pulmonaire, du fait de prise en charge et le
de l’enzyme de conversion
de l’hyperinsulinisme fœtal et de la prématurité [61]. À l’accou- renforcement de la surveillance
de l’angiotensine, ARAII)
chement, certains nouveau-nés peuvent présenter une détresse Éducation de la patiente
respiratoire transitoire par retard de résorption du liquide
HbA1c : hémoglobine glyquée ; HTA : hypertension artérielle ; ARAII :
amniotique. antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II.
Les troubles métaboliques néonataux [62, 63] sont représentés
essentiellement par l’hypoglycémie néonatale, d’autant plus
importante qu’a existé un hyperinsulinisme fœtal, et que le Tableau 3.
diabète a été mal équilibré dans les heures qui ont précédé Surveillance de la grossesse : consultation multidisciplinaire
l’accouchement. D’autres troubles métaboliques peuvent être (diabétologue et obstétricien ± diététicienne ± ophtalmologue).
constatés comme une hypocalcémie, une hyperbilirubinémie ou
Diabétologue Obstétricien
une polyglobulie secondaire à l’hypoxie.
Au total, en dehors de complications dégénératives très Poids, PA En plus de l’examen clinique maternel,
sévères (rétinopathie floride, néphropathie avancée avec Bandelette urinaire, surveillance fœtale :
insuffisance rénale et HTA sévère, coronaropathie), la grossesse ECBU/mois – échographie 11-14 SA : pour confirmer
n’est pas contre-indiquée chez la femme diabétique. Elle expose Fructosamine/15 jours le terme et programmer la date
néanmoins le fœtus à des risques importants en rapport soit d’accouchement
HbA1c /mois
avec des désordres métaboliques maternels, soit avec la préé- – échographie 20-22 SA : pour l’étude
FO à chaque trimestre
clampsie. L’obtention d’un strict contrôle métabolique depuis la ± fonction rétinopathie
de la morphologie, complétée si besoin
période préconceptionnelle jusqu’à l’accouchement permet de par une échocardiographie fœtale
diminuer le premier risque [64, 65]. Surveillance croissance
Une surveillance rigoureuse et pluridisciplinaire dans un
SA : semaines d’aménorrhée ; ECBU : examen cytobactériologique des urines ;
centre spécialisé permet de réduire le risque vasculaire. PA : pression artérielle ; FO : fond d’œil ; HbA1c : hémoglobine glyquée.

■ Modalités de prise en charge Règles hygiénodiététiques


de la grossesse diabétique Le régime alimentaire de la femme diabétique enceinte doit
être adapté afin de faciliter l’équilibre glycémique, de réduire au
de type 1 maximum la lipolyse génératrice de corps cétoniques et d’assu-
rer les apports énergétiques souhaitables : 1 800 à 2 000 kcal/j
Prise en charge diabétologique répartis en au moins quatre prises quotidiennes (en général six),
En pratique, le diabétologue doit évaluer le risque médical de dont une souhaitable au coucher pour réduire la période de
la grossesse, définir avec la patiente les modalités du traitement jeûne nocturne.
insulinique et sa surveillance, analyser les éléments morbides La surveillance médicale comporte un examen clinique
susceptibles de nuire au bon déroulement de la grossesse, enfin mensuel qui s’intègre dans la surveillance habituelle de la
être prêt à intervenir chaque fois qu’un événement intercurrent grossesse. Il nous paraît important que cette surveillance se fasse
rend plus aléatoire l’équilibre du diabète et tout particulière- de façon conjointe par l’obstétricien et le diabétologue
ment au moment de l’accouchement. (Tableau 3). Un dosage de l’HbA1c est réalisé chaque mois ainsi
qu’une bandelette urinaire à la recherche d’une protéinurie. Un
Bilan initial examen du fond d’œil est réalisé afin de surveiller l’apparition,
La consultation préconceptionnelle est un élément capital voire l’évolution d’une rétinopathie. Nous proposons au
permettant d’optimiser la prise en charge (Tableau 2) [31]. Le minimum un examen par trimestre.
risque médical de la grossesse est évalué lorsque la femme est La prise en charge de la grossesse de la femme diabétique est
prise en charge avant la gestation et constitue l’élément multidisciplinaire et nécessite une bonne collaboration entre le
essentiel de la programmation de la grossesse. Il doit prendre en diabétologue et l’obstétricien afin d’assurer un suivi optimal de
compte les facteurs qui peuvent s’opposer à un contrôle la grossesse et de surveiller la bonne croissance fœtale, tout en
glycémique strict tout au long de la grossesse ou signifier préparant l’information prénatale à fournir à l’équipe pédiatri-
l’existence d’un risque maternel sévère en cas de grossesse. Il est que qui assurera le suivi de l’enfant dans la période néonatale.
jugé en fonction de l’âge de la patiente, l’existence d’un
tabagisme, le statut ophtalmologique, la fonction rénale, l’état Insulinothérapie optimisée
coronarien et l’équilibre glycémique. Une néphropathie sévère L’insulinothérapie optimisée consiste soit en un traitement
avec hypertension artérielle rend très aléatoire la poursuite de la par injections quotidiennes d’insuline humaine (une injection
grossesse. L’existence d’une maladie coronarienne sévère d’insuline d’action rapide avant chaque repas et une ou plu-
constitue la seule contre-indication absolue à une grossesse, sieurs injections d’insuline d’action plus ou moins prolongée),
cette dernière pouvant conduire à la mort maternelle. Lorsque soit en un traitement par pompe à insuline portable diffusant
ce bilan initial est réalisé alors que la grossesse a déjà débuté, il l’insuline par voie sous-cutanée [66]. En cas de diabète de type
est alors important d’obtenir une adhésion à la prise en charge 2 traité par régime seul ou par antidiabétiques oraux, le relais
le plus rapidement possible afin d’optimiser l’équilibre. Malheu- est fait par l’insulinothérapie.
reusement, un nombre insuffisant de patientes ne sont pas L’adaptation du traitement fait appel à une intensification de
prises en charge avant la conception [31]. l’autosurveillance glycémique avec des contrôles pluriquotidiens

4 Gynécologie/Obstétrique
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Tableau 4.
Prise en charge autour de l’accouchement.
Diabétologue Obstétricien
Pendant le travail : Accouchement programmé le plus souvent :
– insulinothérapie i.v. + G10 % – hospitalisation à 32 SA en cas de diabète déséquilibré ou de problème obstétrical
– surveillance glycémique/1 h – sinon hospitalisation à 36-38 SA et déclenchement dès que les conditions locales le permettent
– objectifs glycémiques 0,6 à 1 g/l – césarienne non systématique
– prévention de l’hypoglycémie maternelle Indications de césarienne :
après la délivrance – utérus pluricicatriciel
– prévention de l’hypoglycémie et hypocalcémie – PFE > 4 500 g
néonatales
Après l’accouchement : besoins en insuline diminués de
50 %, reprise du schéma antérieur à la grossesse
i.v. : par voie intraveineuse ; PFE : poids fœtal estimé ; SA : semaines d’aménorrhée.

de glycémie capillaire. La recherche d’une acétonurie doit être Tableau 5.


plus fréquente (au moins matin et soir) en cas de traitement par Performances de l’examen clinique et de l’échographie pour le diagnostic
pompe, car elle constitue la meilleure prévention de l’acidocé- de macrosomie au cours de la grossesse diabétique d’après [68].
tose par arrêt de perfusion. Un dosage de l’HbA1c et éventuel-
lement de l’index de fructosamine est réalisé à chaque Sensibilité Spécificité Valeur Valeur
consultation (en moyenne tous les mois). prédictive prédictive
positive négative
Prise en charge obstétricale À 34 SA
Hauteur 42 95 74 81
En l’absence de complications et si les objectifs glycémiques
utérine
sont atteints, la surveillance obstétricale repose sur une consul-
Échographie 46 88 59 81
tation prénatale mensuelle (Tableau 4).
Le premier trimestre comporte quatre objectifs : À terme
• déterminer l’âge gestationnel par une échographie réalisée
Hauteur 51 95 80 84
entre 11 et 14 semaines d’aménorrhée mesurant la longueur
utérine
craniocaudale de l’embryon et évidemment une mesure de la
clarté nucale s’intégrant dans le dépistage de la trisomie 21. Échographie 59 90 66 87
Il est important de connaître l’âge gestationnel puisqu’il SA : semaines d’aménorrhée.
existe fréquemment une programmation de l’accouchement ;
• connaître la qualité du contrôle du diabète depuis la concep-
tion, qui détermine le risque de malformation fœtale ;
• connaître l’état des lésions dégénératives qui influenceront le
pronostic fœtal, notamment l’existence d’une HTA et/ou
d’une néphropathie ;
• rechercher les facteurs de risque pour la grossesse, indépen-
dants du diabète, comme pour toute autre femme non
diabétique.
Après le premier trimestre, une consultation de façon
conjointe ou en alternance avec la consultation de diabétologie
est souhaitable.

Dépistage des anomalies de croissance


et des malformations
Le dépistage de la trisomie 21 par dosage des marqueurs sériques
est possible. Néanmoins, le laboratoire qui réalise l’analyse doit
être informé que la patiente présente un diabète puisque cette
information influence le calcul du risque. En effet, le diabète
insulinodépendant réduit l’alphafœtoprotéine, ce qui pourrait
majorer l’évaluation du risque et nécessite donc un
ajustement [67].
Figure 1. Mesure échographique de l’épaisseur sous-cutanée au niveau
Le dépistage des malformations se fait par l’échographie
de l’avant-bras. Les flèches indiquent les limites de la mesure.
obstétricale entre 22 et 24 semaines d’aménorrhée. Ces examens
échographiques peuvent être complétés au besoin par une
échocardiographie fœtale en cas d’hypertrophie septale à la Les valeurs prédictives positives de l’examen clinique et de
recherche d’un trouble de la fonction cardiaque. La découverte l’échographie sont médiocres, mais la spécificité et la valeur
d’une malformation doit conduire à confier la patiente à un prédictive négative sont à prendre en considération pour ne pas
centre pluridisciplinaire de diagnostic anténatal. suspecter à tort une macrosomie, dont le diagnostic prénatal
La surveillance de la croissance et le dépistage de la macrosomie augmente le taux de césariennes. Certains auteurs ont proposé
se font par l’examen clinique répété et les échographies. La de mesurer le tissu sous-cutané au niveau abdominal ou au
macrosomie est souvent manifeste dès le deuxième trimestre et niveau du bras, mais leur utilisation n’est pas réalisée en
s’accompagne d’un excès de liquide amniotique. Le meilleur pratique courante (Fig. 1) [69]. La mesure directe du diamètre
élément échographique pour juger de la macrosomie est la biacromial par tomodensitométrie [70] ou IRM [71] semble
mesure de la circonférence abdominale. Certains font des intéressante, mais n’a pas été validée.
échographies chaque mois pour juger de la croissance. Une
échographie à 22 puis à 32 semaines d’aménorrhée, couplée à Dépistage des complications
l’examen clinique, semble suffisante pour prédire la macroso- Le dépistage des complications de la grossesse doit être
mie. Le diagnostic de macrosomie est difficile (Tableau 5) [68]. effectué d’une façon encore plus obsessionnelle que pour une

Gynécologie/Obstétrique 5
5-042-C-25 ¶ Diabète prégestationnel et grossesse

autre grossesse : dépistage d’une hypertension artérielle, d’une Tableau 6.


protéinurie, de la menace d’accouchement prématuré. Une Risque de dystocie des épaules (DE) et d’élongation du plexus brachial
bactériurie doit être recherchée systématiquement et traitée. (EPB) selon le poids de naissance d’après [75].
Poids de Risque de DE Risque de DE Risque d’EPB Risque
Dépistage des anomalies du rythme naissance Mère non Mère Population d’EPB en cas
diabétique diabétique totale de DE
La volonté de dépister des anomalies du rythme fait souvent
proposer une surveillance intensive à partir de 32 semaines < 4 000 g 0,7 2,2 0,34 9,0
d’aménorrhée. Le risque de faux négatifs (mort fœtale in utero 4 000- 6,7 13,9 0,90 18,0
dans la semaine qui suit un RCF normal) a été évalué à 4 500 g
1,4 % [57] . L’enregistrement du RCF n’est pas prédictif de > 4 500 g 14,5 52,5 2,20 26,0
l’acidose fœtale : dans une étude portant sur 41 grossesses
diabétiques, le pH ombilical était inférieur au 5e percentile dans
18 cas, sans hypoxie, sans modification du profil biophysique ni
du RCF [72] . En l’absence de complications (néphropathie, Modalités de l’accouchement
prééclampsie, retard de croissance intra-utérin) et si les objectifs
glycémiques sont atteints, certaines équipes proposent une L’accouchement doit avoir lieu dans un environnement
surveillance renforcée jusqu’à l’accouchement afin de prévenir pédiatrique adapté, encadré par un protocole anesthésique et
la mort fœtale in utero [52]. Il peut se faire en ambulatoire ou diabétologique préétabli, comportant une perfusion de glucose
par autoenregistrement à domicile et télétransmission. Si les et une insulinothérapie intraveineuse à la seringue électrique
objectifs glycémiques ne sont pas atteints, une hospitalisation dont le débit est adapté sur une surveillance horaire de la
peut être nécessaire pour améliorer les glycémies, intensifier la glycémie capillaire ; l’objectif est de maintenir une glycémie
surveillance et éventuellement décider d’une extraction avant normale pour éviter une hypoglycémie néonatale [76]. Enfin, il
terme en cas d’anomalies du RCF. faut rester vigilant devant la chute brutale des besoins insulini-
Le recours à un test d’évaluation pulmonaire fœtale n’a ques survenant juste après la délivrance, de manière à anticiper
actuellement plus d’intérêt [73] . Au cours du diabète, des la diminution des apports insuliniques de l’ordre de 30 % à
concentrations plus élevées de lécithine et plus basses de 50 %. L’anesthésie péridurale est recommandée afin de permet-
phosphatidylglycérol sont observées, rendant ces tests peu tre une éventuelle extraction fœtale, des manœuvres ou une
fiables. Le fetal lung maturity (FLM) test est plus précis : un FLM césarienne.
test supérieur à 70 mg/g d’albumine est associé à un risque de
maladie des membranes hyalines inférieur à 1 % [74].
L’hospitalisation est systématique en centre périnatal de ■ Prise en charge du nouveau-né
niveau adapté en cas de prééclampsie, de retard de croissance
intra-utérin ou de menace d’accouchement prématuré. de mère diabétique
Le principal risque auquel est exposé le nouveau-né de mère
Décision du terme de l’accouchement diabétique est l’hypoglycémie néonatale. Elle est définie par une
Concernant la décision du terme de l’accouchement, les glycémie inférieure à 0,40 g/l chez l’enfant à terme ; 0,30 g/l
recommandations pour la pratique clinique du Collège national chez le prématuré/hypotrophe [77]. Sa fréquence est directement
des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) indiquent liée au degré d’hyperglycémie maternelle et concerne 20-25 %
qu’il n’y a pas lieu de modifier les conduites obstétricales si le des nouveau-nés de mère diabétique de type 1 [62]. Elle est en
diabète est bien équilibré et en l’absence de complications. À général asymptomatique, précoce, dès les premières heures de
partir de 38-39 semaines d’aménorrhée, si les conditions vie, et peut persister pendant 2 à 7 jours. Elle est dépistée par
obstétricales sont favorables, un déclenchement peut être la surveillance horaire de la glycémie capillaire. L’alimentation
programmé. L’attente augmente le taux de dystocies des épaules au lait maternel ou artificiel doit être débutée rapidement dès
et le risque de mort fœtale in utero. la naissance. Au besoin, l’alimentation est enrichie en dextrine-
En cas de complications (menace d’accouchement prématuré, maltose. En cas d’hypoglycémie persistante, les apports glucidi-
rupture prématurée des membranes, prééclampsie, retard de ques sont administrés par voie entérale continue ou parentérale.
croissance intra-utérin), une extraction prématurée dans un Une administration de glucagon peut être proposée en dernier
centre prénatal adapté peut être justifiée. En cas de diabète recours [77].
déséquilibré, la surveillance doit être rapprochée, et l’accouche- Parmi les complications métaboliques du nouveau-né, l’hypo-
ment peut être provoqué si la situation ne s’améliore pas. calcémie est souvent asymptomatique et est traitée par supplé-
mentation intraveineuse lorsque la calcémie est inférieure à
Décision de la voie d’accouchement 1,80 mmol/l. En cas de polyglobulie majeure, celle-ci doit être
traitée par saignée, pour ramener le taux d’hématocrite à moins
La décision de la voie d’accouchement dépend de nombreux de 60 %. L’hyperbilirubinémie nécessite une prise en charge
facteurs dont les antécédents obstétricaux (utérus cicatriciel), habituelle par photothérapie si nécessaire [77].
l’existence d’une macrosomie, la présentation ou encore Par ailleurs, le nouveau-né de mère diabétique est exposé au
l’ouverture du col utérin. La difficulté de l’accouchement par risque de détresse respiratoire néonatale [61] . Quatre facteurs,
voie basse est liée à la macrosomie fœtale. Les difficultés parfois associés, peuvent expliquer ce risque : le retard de
d’engagement de la tête ne posent pas de problèmes thérapeu- maturation du surfactant lié à l’hyperinsulinisme fœtal, la
tiques, car elles sont résolues par une césarienne en cours de prématurité, l’extraction avant tout début de travail, la souf-
travail. Mais l’accident redoutable reste la dystocie des épaules france fœtale aiguë et le syndrome d’inhalation. Cependant, si
chez un fœtus macrosome. L’absence d’engagement des épaules le diabète est bien contrôlé, si l’on évite une naissance préma-
peut entraîner, outre des fractures, peu graves, une élongation turée ou une césarienne avant tout début de travail, moins de
du plexus brachial avec paralysie transitoire ou définitive, une 10 % des nouveau-nés présentent une pathologie respiratoire,
asphyxie avec séquelles neurologiques possibles (Tableau 6) [75]. quelle que soit son origine.
Aucun élément pré- ou pernatal ne permet de prévoir une La cardiomyopathie hypertrophique (Fig. 2) est corrélée à la
.
dystocie des épaules. Ces considérations expliquent le taux élevé macrosomie et au mauvais équilibre glycémique [78]. Elle est le
de césariennes qui est de 40 % à 70 % dans la grossesse plus souvent asymptomatique et rarement compliquée d’insuf-
diabétique contre 17 % dans la population générale. fisance cardiaque. En pratique, moins de 5 % des nouveau-nés
Les recommandations françaises proposent une césarienne de ont une symptomatologie clinique justifiant un traitement. La
principe, si l’estimation pondérale fœtale est supérieure ou égale régression des signes cliniques se fait en 15-30 jours, celle des
à 4 500 g. signes échographiques en 3-4 mois.

6 Gynécologie/Obstétrique
Diabète prégestationnel et grossesse ¶ 5-042-C-25

glycémique depuis la conception jusqu’à l’accouchement ainsi


qu’à la précocité et à la qualité de la prise en charge médicale
pluridisciplinaire pendant toute la grossesse. Or, pendant la
grossesse, parce que la femme diabétique est motivée, parce que
le traitement est intensifié, parce que la surveillance est
rapprochée, le diabète peut être très bien équilibré. Il importe
donc que toutes les femmes diabétiques enceintes puissent
bénéficier d’un encadrement médical optimal aussi bien sur le
plan obstétrical que sur le plan néonatal. Cela suppose une
bonne collaboration entre les équipes de diabétologie, d’obsté-
trique et de pédiatrie, disponibles, formées et motivées. Chacun
doit être conscient de la nécessité de dépasser sa spécialité pour
former une équipe multidisciplinaire, coordonnée autour de la
femme diabétique qui est, elle aussi, un des acteurs garants de
la réussite de cette grossesse.
.

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revenir au schéma insulinique antérieur à la grossesse. La 15:413-21.
surveillance glycémique capillaire est maintenue et permet [12] Sibai BM, Caritis S, Hauth J, Lindheimer M, VanDorsten JP,
l’adaptation des doses d’insuline jusqu’à la reprise d’une MacPherson C, et al. Risks of preeclampsia and adverse neonatal
alimentation normale. Les objectifs glycémiques sont moins outcomes among women with pregestational diabetes mellitus. Natio-
stricts, d’autant que le risque d’hypoglycémie est élevé en post- nal Institute of Child Health and Human Development Network of
partum, notamment si la patiente allaite. L’allaitement doit être Maternal-Fetal Medicine Units. Am J Obstet Gynecol 2000;182:364-9.
encouragé, compte tenu des données épidémiologiques qui [13] Combs CA, Rosenn B, Kitzmiller JL, Khoury JC, Wheeler BC,
suggèrent une augmentation du risque de DT1 chez les enfants Miodovnik M. Early-pregnancy proteinuria in diabetes related to
lorsque l’allaitement artificiel a été introduit précocement. En preeclampsia. Obstet Gynecol 1993;82:802-7.
outre, le risque pour une mère diabétique de type 1 d’avoir un [14] Reece EA, Sivan E, Francis G, Homko CJ. Pregnancy outcomes among
enfant diabétique est environ 2 % alors que le risque est de 4 % women with and without diabetic microvascular disease (White’s
à 5 % lorsque c’est le père qui est atteint de DT1 (Tableau 7) [79]. classes B to FR) versus non-diabetic controls. Am J Perinatol 1998;15:
La contraception avant le retour de couches peut être locale 549-55.
ou orale par microprogestatifs. Ensuite, après le retour de [15] How HY, Sibai B, Lindheimer M, Caritis S, Hauth J, Klebanoff M, et al.
couches, une contraception adaptée doit être envisagée soit par Is early-pregnancy proteinuria associated with an increased rate of
dispositif intra-utérin, soit par pilule œstroprogestative minido- preeclampsia in women with pregestational diabetes mellitus? Am
sée ou progestative. Le choix est fonction de l’existence de J Obstet Gynecol 2004;190:775-8.
complications de microangiopathies ou de macroangiopathies et [16] Sibai BM. Risk factors, pregnancy complications, and prevention of
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pronostic de la grossesse est essentiellement lié à l’équilibre and urogenital infection. Obstet Gynecol 1988;72:175-80.

Gynécologie/Obstétrique 7
5-042-C-25 ¶ Diabète prégestationnel et grossesse

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Diabète prégestationnel et grossesse ¶ 5-042-C-25

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M. Bécard.
Pôle d’obstétrique, Hôpital Jeanne de Flandre, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France.
A. Vambergue.
JE 2490, Groupe de recherche préclinique en médecine périnatale, Faculté de médecine Henri Warembourg, 59045 Lille Cedex, France.
Clinique Marc Linquette, CHRU de Lille, rue du professeur Laguesse, 59037 Lille cedex, France.
C. Coulon.
Pôle d’obstétrique, Hôpital Jeanne de Flandre, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France.
C. Fermont.
F. Pirard.
Clinique Marc Linquette, CHRU de Lille, rue du professeur Laguesse, 59037 Lille cedex, France.
P. Fontaine.
JE 2490, Groupe de recherche préclinique en médecine périnatale, Faculté de médecine Henri Warembourg, 59045 Lille Cedex, France.
Clinique Marc Linquette, CHRU de Lille, rue du professeur Laguesse, 59037 Lille cedex, France.
P. Deruelle (p-deruelle@chru-lille.fr).
Pôle d’obstétrique, Hôpital Jeanne de Flandre, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France.
JE 2490, Groupe de recherche préclinique en médecine périnatale, Faculté de médecine Henri Warembourg, 59045 Lille Cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bécard M., Vambergue A., Coulon C., Fermont C., Pirard F., Fontaine P., Deruelle P. Diabète
prégestationnel et grossesse. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Gynécologie/Obstétrique, 5-042-C-25, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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