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I-2-Q17

Principales complications
de la grossesse
5e partie — Fièvre et grossesse
D r Bénédicte Girard, P r Michel Dreyfus
Service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction, CHU de Caen, 14033 Caen Cedex
dreyfus-m@chu-caen.fr

Objectifs
• Diagnostiquer et connaître les principes de prévention et de prise
DÉFINITION en charge des principales complications de la grossesse.
Durant la grossesse, toute température supé-
• Argumenter les procédures diagnostiques et thérapeutiques devant
rieure ou égale à 38 °C doit être considérée
une fièvre durant la grossesse.
comme de la fièvre et inciter la femme enceinte
à consulter.
Au moment de l’accouchement, toute femme enceinte entrant Risques fœtaux
en salle de naissance doit avoir une prise de température.
L’hyperthermie (température comprise entre 37,5 et 38,3 °C) Il convient de distinguer les risques liés à la cause de la fièvre
est un phénomène physiologique provenant de l’accumulation de maternelle (embryopathies et fœtopathies à rubéole, toxoplas-
chaleur dans un contexte d’agitation maternelle, de déshydrata- mose, cytomégalovirus…) qui seront détaillés ci-dessous de ceux
tion, de chaleur environnementale et d’anesthésie locorégionale. liés aux conséquences de cette fièvre.
Elle n’a pas de répercussions fœtale ou maternelle. Le retentissement fœtal d’une fièvre, en dehors du travail, se
La fièvre (température ! 38,3 °C) est en rapport avec un phé- traduit par une tachycardie fœtale réactionnelle et une baisse
nomène infectieux et peut avoir des conséquences sur la mère des mouvements actifs, puis par des altérations du rythme car-
ou le fœtus. diaque fœtal plus importantes en cas de chorioamniotite.
La contamination périnatale engendre une hausse de la mor-
talité néonatale par septicémie et par augmentation de la pré-
maturité.
RISQUES DE LA FIÈVRE PENDANT La fièvre est également un facteur de risque de mort fœtale
LA GROSSESSE in utero. En début de grossesse, le risque est celui de fausse couche
spontanée.
Risques maternels
La fièvre est bien supportée par la mère dans la grande majorité
des cas. Les risques de septicémie ou de déshydratation sont rares. PRISE EN CHARGE PRATIQUE
Risques obstétricaux Interrogatoire
Les infections maternelles vont entraîner une augmentation Un interrogatoire détaillé est indispensable, permettant d’orienter
de l’activité contractile de l’utérus, et donc une augmentation des le diagnostic. Il précise :
accouchements prématurés. En effet, 30 à 50 % des accouchements — les antécédents médicaux : infections urinaires, état des vacci-
prématurés seraient liés à une cause infectieuse. nations, état des sérologies (toxoplasmose et rubéole) ;

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— les antécédents chirurgicaux : appendicectomie, cholécystec- L’examen général comprend :


tomie, interventions urologiques ; — la palpation abdominale à la recherche de signes évoquant une
— les antécédents gynécologiques : maladies sexuellement trans- appendicite ou une cholécystite ;
missibles, grossesse extra-utérine ; — la palpation des fosses lombaires recherchant des signes de
— les antécédents obstétricaux : prématurité, rupture prématu- pyélonéphrite ;
rée des membranes, chorioamniotite, infections urinaires, pyé- — l’examen cutané et des aires ganglionnaires à la recherche de
lonéphrites ; maladies virales ou parasitaires ;
— la notion de voyage récent, l’origine géographique, la notion — un examen ORL et pulmonaire.
de symptômes identiques dans l’entourage ;
— le déroulement de la grossesse : infections urinaires, cerclage, Examens complémentaires
menace d’accouchement prématuré, rupture prématurée des ! Sont réalisés systématiquement :
membranes ; — une numération formule sanguine afin de rechercher une
— les caractéristiques de la fièvre : date d’apparition, circons- hyperleucocytose, en sachant qu’elle est physiologique (jusqu’à
tances déclenchantes, contage, évolution ; 15 000/mm3) durant la grossesse ;
— les signes accompagnateurs : signes fonctionnels urinaires, — des hémocultures avec recherche de listériose spécifiquement
digestifs, respiratoires, syndrome pseudogrippal. demandée, indispensables chez toute femme enceinte fébrile ;
— un dosage de la protéine C réactive comme marqueur d’inflam-
Examen clinique mation. La vitesse de sédimentation ne doit pas être réalisée,
Il oriente également le diagnostic. Il doit être rigoureux et étant toujours accélérée durant la grossesse ;
complet. — un examen cytobactériologique des urines avec examen direct,
On commence par s’assurer de la réalité de la fièvre, supé- culture et antibiogramme, est indispensable ;
rieure à 38 °C, à deux reprises, par voie rectale, dans une pièce — une évaluation du bien-être fœtal par un enregistrement du
à température normale. rythme cardiaque fœtal et une échographie.
Puis on effectue l’évaluation des constantes de la patiente ! Selon le contexte sont réalisés :
(pouls, pression artérielle, diurèse, fréquence respiratoire). — des sérologies de la rubéole, de la toxoplasmose, des hépati-
Les signes de vitalité fœtale sont également recherchés (mou- tes, du cytomégalovirus (CMV) et du virus de l’immunodéficience
vements actifs). humaine (VIH) ;
L’examen obstétrical recherche par la palpation abdominale — des prélèvements vaginaux et endocervicaux à visée bacté-
l’existence de contractions utérines. L’inspection vulvaire exclut riologique ;
des lésions herpétiques ou une tuméfaction évoquant une bar- — des prélèvements vaginaux et endocervicaux à la recherche
tholinite. L’examen au spéculum note l’existence d’une infection d’herpès ;
vaginale, d’un écoulement de liquide amniotique, de saigne- — une échographie rénale en cas de suspicion de pyélonéphrite
ments ou de lésions herpétiques. Le toucher vaginal, effectué ou de colique néphrétique fébrile ;
en dehors d’une rupture des membranes, objective des modifi- — une goutte épaisse en cas de séjour en zone d’endémie ;
cations cervicales ou déclenche une douleur localisée ou la — des prélèvements ORL, méningés, une coproculture ou une
mobilisation utérine. échographie abdominale.

QU’EST-CE QUI PEUT TOMBER À L’EXAMEN ?


Voici une série de questions qui, à partir d’un exemple de cas clinique, " Comment l’affirmer ?
pourraient concerner l’item « Fièvre et grossesse ». " Quelles complications maternelles peu-
vent survenir ?
Cas clinique ! Quels sont les 3 diagnostics à évoquer ? " Quelles complications fœtales peuvent
Une patiente de 37 ans, enceinte de " Comment orienter votre démarche apparaître ?
28 semaines, consulte pour des douleurs diagnostique ? " Quels sont les examens complémentai-
de la fosse iliaque et du flanc droit. Sa " Cliniquement. res indispensables ?
pression artérielle est de 120/65, son " Par quels examens complémentaires de " Quels protocoles thérapeutiques pro-
pouls de 75 batt/min et sa température première intention ? posez-vous ?
à 38,6 °C avec des frissons. Elle se plaint " Quelle thérapeutique doit être instau- " Quelles recommandations doivent être
de nausées sans troubles du transit. Il rée d’emblée ? suivies jusqu’au terme de la grossesse ?
n’y a pas de défense nette. Il n’existe pas # Si l’on ne retient qu’une pathologie
de signes urinaires. urinaire, quelle est-elle ? Éléments de réponse dans un prochain numéro #

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PRINCIPES DU TRAITEMENT POINTS FORTS


Il doit être adapté au diagnostic évoqué. En l’absence d’hypothèse à retenir
diagnostique, un traitement probabiliste est mis en route. Toute fièvre inexpliquée chez une femme enceinte impose
Le traitement antibiotique doit être débuté avant le résultat un traitement antibiotique par amoxicilline sans attendre
des hémocultures, devant toute fièvre inexpliquée chez une femme les résultats des hémocultures.
enceinte, afin de traiter une éventuelle listériose, gravissime pour La pyélonéphrite aiguë est la cause la plus fréquente
le fœtus. Il repose sur de l’amoxicilline per os, 1 gramme 4 fois/j de fièvre pendant la grossesse.
en cas de fièvre isolée. En cas d’allergie à la pénicilline, il faut tout
La listériose est une infection bactérienne gravissime
d’abord s’assurer de la réalité de l’allergie. Un traitement par pour le fœtus.
macrolides (érythromycine 1 g 3 fois/j) est alors débuté. Un trai-
Le diagnostic d’appendicite est très difficile pendant
tement antipyrétique à type de paracétamol et une réhydratation
la grossesse.
sont associés au traitement antibiotique.
En cas de contractions utérines persistantes et en l’absence
(v. MINI TEST DE LECTURE, p. 669)
de contexte de rupture prématurée des membranes, un traite-
ment tocolytique est également instauré (inhibiteurs calciques
ou antagonistes de l’ocytocine). L’atteinte fœtale fait la gravité de la maladie. La mortalité péri-
natale atteint 25 à 50 %. En début de grossesse, elle se mani-
feste par un avortement spontané. En fin de grossesse, elle se
ÉTIOLOGIE manifeste par des accouchements prématurés ou des morts in
utero. Des formes de septicémies néonatales, avec localisations
Causes spécifiques
méningées, ont également été décrites.
1. Listériose Le traitement antibiotique doit être débuté avant le résultat
La listériose est une urgence thérapeutique durant la gros- des hémocultures devant toute fièvre inexpliquée chez une
sesse. Il s’agit d’une infection à Listeria monocytogenes, bactérie femme enceinte. Il repose sur de l’amoxicilline per os, 1 gramme
ubiquitaire largement répandue dans l’environnement (sol, eau, 4 fois par jour, en cas de fièvre isolée. En cas de tableau septique
plantes). Ce bacille Gram positif à tropisme intracellulaire est grave, le traitement est l’amoxicilline à la dose de 200 mg/kg/jour
détruit par la cuisson et la pasteurisation, mais résiste très bien en 4 injections intraveineuses de 45 minutes pendant 15 jours.
au froid et à une congélation à – 15 °C. La bactérie est retrouvée En cas d’allergie à la pénicilline, il faut tout d’abord s’assurer de
dans 2 à 13 % des prélèvements de produits alimentaires, prin- la réalité de l’allergie. Dans les cas graves où la listériose est très
cipalement dans la charcuterie, la viande hachée, les poissons probable, et la femme réellement allergique à la pénicilline, on
fumés et les fromages au lait cru. L’incidence de la listériose est discutera au cas par cas d’une antibiothérapie par cotrimoxazole
d’environ 4 cas/an/million d’habitants, ce qui représente une malgré sa contre-indication théorique, les avantages dépassant
cinquantaine de cas par an chez la femme enceinte en France. dans ce cas les inconvénients du traitement. Listeria monocy-
La contamination humaine, habituellement asymptomatique togenes possède une résistance naturelle aux céphalosporines.
chez un sujet sain, est presque toujours d’origine alimentaire. La Le traitement préventif est fondamental, associant une bonne
femme enceinte a 12 fois plus de risques qu’un adulte sain de information des femmes enceintes sur les aliments à éviter durant
développer une listériose, probablement par diminution de son la grossesse et une réduction de la contamination alimentaire
immunité cellulaire. Elle se développe dans deux tiers des cas au par des normes d’hygiène de l’industrie agroalimentaire.
troisième trimestre de la grossesse.
Les symptômes de listériose chez la femme enceinte sont 2. Pyélonéphrite
aspécifiques, à type de syndrome pseudogrippal avec fièvre entre La pyélonéphrite aiguë est la cause la plus fréquente de fiè-
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38 et 41 °C, frissons, céphalées et myalgies. La fièvre est présente vre durant la grossesse. Les infections urinaires sont favorisées
dans plus de 70 % des cas. Des tableaux plus trompeurs simulent par l’hypotonie des cavités excrétrices et la compression urété-
une appendicite, une gastro-entérite ou une pyélonéphrite. Dans rale (le plus souvent à droite) de l’utérus gravide.
30 % des cas, il n’y a pas de symptômes maternels. Les formes La pyélonéphrite associe une fièvre brutale avec frissons, lom-
neurologiques sont exceptionnelles chez la femme enceinte. balgies et troubles mictionnels. Une défense abdominale peut
Le diagnostic se fait sur les hémocultures effectuées de principe parfois être observée.
chez toute femme enceinte ayant une fièvre inexpliquée, en L’examen cytobactériologique des urines retrouve le plus souvent
spécifiant la recherche de listériose. La sérologie ne doit pas Escherichia coli.
être réalisée, étant donné les nombreux faux positifs et faux L’évolution spontanée sans traitement peut aboutir à un abcès
négatifs. Après l’accouchement, une confirmation bactériologique rénal, puis à une septicémie avec insuffisance rénale.
est effectuée sur le placenta (abcès multiples) et un bilan bactério- Une échographie rénale est indispensable, à la recherche d’un
logique est réalisé chez le nouveau-né. obstacle sur les voies excrétrices et d’un foyer infectieux paren-

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chymateux. Une dilatation modérée des voies urinaires est ! Les autres viroses sont moins habituelles : cytomégalovirus
physiologique durant la grossesse. qui est paucisymptomatique, alors que l’herpès, les oreillons et
Les conséquences fœtales sont principalement liées à la pré- la varicelle auront une clinique plus évocatrice.
maturité engendrée par l’infection, mais il existe également des
risques d’infection néonatale, de retard de croissance et de 2. Maladies parasitaires
mortalité périnatale. ! La toxoplasmose est une infection à Toxoplasma gondii, habi-
Le traitement adapté à l’antibiogramme repose le plus souvent tuellement bénigne pour la mère mais pouvant provoquer une
sur une antibiothérapie parentérale par céphalosporines de 3e géné- atteinte congénitale lors d’une transmission materno-fœtale
ration, parfois associée brièvement à un aminoside en cas de durant la grossesse. Il s’agit de la fœtopathie la plus fréquente.
forme sévère avec fièvre persistante. Un relais per os est effectué Chez la mère, la contamination passe le plus souvent inaperçue
après 48 heures d’apyrexie et doit être poursuivi pendant 10 à (80 % des cas). Dans les autres cas, elle peut se manifester par des
15 jours. La surveillance mensuelle par un examen cytobactério- adénopathies (sus-claviculaires, trapéziennes) ou des signes
logique des urines sera effectuée jusqu’à la fin de la grossesse, généraux à type de fièvre modérée, asthénie, myalgies, hépato-
à la recherche d’une bactériurie asymptomatique qu’il convient splénomégalie.
de traiter dès son diagnostic. L’infection fœtale s’effectue par voie transplacentaire. Le
risque de transmission augmente avec le terme (maximal en fin
3. Chorioamniotite de grossesse), mais les atteintes sévères ont lieu au premier tri-
Il s’agit de l’infection de la cavité ovulaire. Elle est favorisée mestre de grossesse. Les conséquences fœtales sont les avor-
par une rupture prématurée des membranes, par les gestes endo- tements spontanés, la mort fœtale in utero et les atteintes ocu-
utérins (amniocentèse) et par un travail long avec ouverture pro- laires (choriorétinites) ou cérébrales (dilatation ventriculaire,
longée de la poche des eaux. Le tableau clinique est frustre, avec calcifications intracrâniennes). Dès qu’une suspicion de primo-
de la fièvre, des contractions utérines et un utérus douloureux. infection existe, un traitement par spiramycine (3 millions d’UI,
Sur le plan biologique, on peut constater une augmentation de la 3 fois/j) doit être instauré jusqu’à la réalisation d’examens plus
protéine C réactive, mais ce critère peut être retardé malgré une spécifiques.
infection déjà présente. L’extraction de l’enfant s’impose rapidement, La sérologie de la toxoplasmose est obligatoire en début de
par voie basse ou par césarienne suivant les conditions obstétricales. grossesse, et un contrôle mensuel est effectué chez les femmes
Une antibiothérapie intraveineuse est débutée dès le diagnostic séronégatives. La prévention est essentielle pour ces femmes :
suspecté. Seul l’examen bactériologique du placenta, indispensable viande bien cuite, bien laver fruits et légumes, lavage des mains
afin d’adapter l’antibiothérapie en suites de couches, permet d’af- après contact avec les chats.
firmer le diagnostic. ! Le paludisme doit être évoqué chez toute femme enceinte fébrile
Les indications de l’antibiothérapie du nouveau-né dépendent ayant séjourné en zone d’endémie. La grossesse s’accompagne d’une
de son état clinique et des résultats des prélèvements bactério- diminution de l’immunité acquise, entraînant une augmentation
logiques. de la parasitémie. La femme enceinte est plus exposée aux accès
palustres, aux anémies et aux accès pernicieux, plus fréquemment
4. Fièvre maternelle au 1er trimestre de grossesse au 2e trimestre de la grossesse. Les signes cliniques (fièvre, cépha-
Il faut penser à une rétention de matériel trophoblastique après lées, troubles digestifs) sont plus intenses, et le risque de neuro-
fausse couche spontanée ou curetage, mais les avortements clan- paludisme est accru.
destins sont également à évoquer. La rétention est visualisée par Les lésions placentaires ont pour conséquence une baisse de
échographie endovaginale. Le traitement comprend, outre les anti- la circulation materno-fœtale, entraînant un risque d’avortement
biotiques, des utérotoniques pour favoriser la vacuité utérine. spontané, de retard de croissance, d’altération du rythme cardiaque
fœtal, d’accouchement prématuré et de mort fœtale in utero.
Causes aspécifiques Le diagnostic se fait sur le frottis sanguin et la goutte épaisse
demandés en urgence.
1. Maladies virales Le traitement repose sur la chloroquine (à condition de se
! Les viroses banales (angines, grippe, otite, bronchite) sont faci- trouver dans une zone indemne de chloroquinorésistance) ou
lement évoquées à l’examen clinique. l’association chloroquine-proguanil. La méfloquine reste offi-
! La rubéole n’est dangereuse que pour l’embryon. La primo- ciellement contre-indiquée mais pourrait être donnée aux 2e et
infection peut se traduire par des signes ORL, puis par une érup- 3e trimestres selon l’OMS.
tion au 14e jour du contage ou être totalement asymptomatique.
! Les hépatites sont rares durant la grossesse mais doivent être 3. Tableaux chirurgicaux
recherchées en cas de fièvre inexpliquée. ! L’appendicite est aussi fréquente pendant qu’en dehors de la
! L’infection à VIH doit toujours être évoquée, surtout chez des grossesse. Elle peut être grave pour la mère avec abcédation ou
patientes à risques (toxicomanes, partenaires séropositifs, régions péritonite et pour le fœtus avec risque d’infection, de prématu-
à risques). rité et de mort fœtale.

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Son diagnostic est difficile aux 2e et 3e trimestres en raison


des modifications anatomiques et de l’ascension du cæcum. La MINI TEST DE LECTURE
douleur siège rarement en fosse iliaque droite mais débute sou- A / VRAI OU FAUX ?
vent dans l’épigastre, puis siège au niveau du flanc droit secon-
dairement. Cette douleur du flanc augmente en décubitus laté- 1 Une femme enceinte a une hyperthermie.
L’antibiothérapie doit être instaurée dès la réception
ral gauche. La fièvre, les vomissements et la défense sont
des résultats des hémocultures.
inconstants. On recherche une contracture du bord droit de 2 La listériose est l’infection la plus fréquente au cours
l’utérus (signe de Brindeau), une langue saburrale, un psoïtis, une de la grossesse.
douleur à la décompression de la fosse iliaque droite. Biologi-
quement, une hyperleucocytose avec polynucléose importante B / QCM
(> 18 000/mm3) est souvent présente mais non spécifique (hyper- Parmi les propositions suivantes, lesquelles sont vraies ?
leucocytose physiologique de la grossesse). Après l’élimination 1 La listériose en cours de grossesse peut aboutir
des autres diagnostics différentiels (colique néphrétique, pyélo- à un décès intra-utérin.
néphrite, cholécystite…), une intervention chirurgicale est prati- 2 Il est formellement contre-indiqué d’utiliser
quée sous couverture antibiotique et tocolytique. un aminoside pendant la grossesse.
! La cholécystite aiguë peut survenir lors de la grossesse, d’au- 3 Le diagnostic d’appendicite est difficile en cours
tant plus que l’utérus gravide comprime les voies biliaires et la de grossesse.
vésicule. Le tableau clinique est identique à celui observé en 4 Une température à 38 °C pendant le travail
dehors de la grossesse avec fièvre à 38-39 ºC, douleur de l’hypo- est anormale.
chondre droit irradiant vers l’épaule droite, nausées et vomisse- 5 Une séroconversion toxoplasmique est plus grave
au 3e trimestre qu’au premier.
ments, et parfois un ictère cutanéo-muqueux. L’examen retrouve
une défense de l’hypochondre droit (signe de Murphy). Une écho- tués), F (c’est la pyélonéphrite) / B : 1, 3.
graphie des voies biliaires doit être effectuée, recherchant une Réponses : A : F (dès que les prélèvements sont effec-
lithiase et une distension de la voie biliaire principale. Une cœlio-
scopie peut être pratiquée sans difficultés jusqu’au 6e mois de
grossesse, sous couverture antibiotique.
! La colique néphrétique fébrile est une urgence urologique et échographie-doppler des membres inférieurs doit être demandée
doit être évoquée systématiquement. si le diagnostic est évoqué. Les D-dimères ne sont pas interpré-
tables durant la grossesse, le seuil de positivité n’étant pas défini.
4. Phlébite Un diagnostic rare est celui de phlébite pelvienne, caractérisée
Les accidents thromboemboliques gravidiques représentent par une douleur pelvienne fébrile associée à une douleur provoquée
encore l’une des premières causes de mortalité maternelle. Ils au toucher vaginal. Malheureusement, cette pathologie est souvent
compliquent 3 à 5 ‰ des grossesses. Ils sont favorisés par l’état paucisymptomatique et l’échodoppler peu pertinente.
d’hypercoagulabilité induit par la grossesse, l’hypotonie des parois
veineuses, le syndrome de Cockett (compression de la veine iliaque Absence d’étiologie
primitive gauche par l’artère iliaque primitive droite du fait de Malgré un interrogatoire et un examen clinique bien conduits,
l’hyperlordose), l’alitement prolongé, les varices, les antécédents l’absence d’étiologie concerne près de 40 % des femmes en-
personnels ou familiaux de maladie thromboembolique. ceintes fébriles. Parmi celles-ci, certaines ont probablement une
Les phlébites superficielles sont les plus fréquentes. Il faut y virose méconnue par l’enquête étiologique, et d’autres consultent
penser devant une douleur du mollet, une baisse du ballottement, alors qu’une antibiothérapie est déjà débutée, négativant les
un signe de Homans positif et de la fièvre à 38-38,5 °C. Une résultats du bilan. %
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Pour en savoir plus


Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts
U concernant les données publiées dans cet article.
VUE D
LA RE ICIEN # Complications
PRAT
17 (185

N º 1 7
5 3
T O M E
53 • N°

de la grossesse
/
2 0 0 3
M B R E
N O V E
• Tome

1 5

DÉJÀ TRAITÉ : $ 1re partie : « Diabète gestationnel ».


re 2003
• 15 novemb

Monographie Rev Prat 2006;56(8):891-4


SSE
LA GROSSE

(Rev Prat 2003;53[17]:1875-928) $ 2e partie : « HTA gravidique, pré-éclampsie ».


NS DE
ICATIO

Rev Prat 2006;56(9):1033-8


COMPL

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ComplicGESatiSON
IMONOGRAPH

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$ 3e partie : « Menace d’accouchement prématuré ».
LES PIÈ
Rev Prat 2006;56(11):1249-53
ES kinésithérapie
UNIVERSITAIR Savoir prescrire la masso- s et masses
RÉFÉRENCES B B Opacité
ma de la santé t et de l’adulte
OCDE: panoradu sommeil de l’enfan ue
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la SLA B Traiter B Trouble es B Diarrhée chroniq à la loi Huriet
L’origine de les tumeurs

$ 4e partie : « Hémorragie génitale ».


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Rev Prat 2006;56(18):2047-51


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