Vous êtes sur la page 1sur 5

Extrait de Médecine des maladies Métaboliques - Décembre 2010 - Vol.

4 - N°6 1

Le diabète gestationnel

Comité d’organisation
J. LEPERCQ, président
(gynécologue obstétricien, CHU, Paris),
C. VAYSSIERE, coordonnateur
(gynécologue obstétricien, CHU, Toulouse),
P. BOULOT
(gynécologue obstétricien, CHU, Montpellier),
I. BURDET
Le diabète gestationnel
(Association des Mamans diabétiques), Référentiel élaboré par le Collège national des gynécologues
G. CRIBALLET (sage-femme, CNSF, et obstétriciens français (CNGOF) et par la Société francophone
Collège national des sages-femmes),
du diabète (SFD) – 2010
C. FAU (sage-femme, CHU, Paris),
H. GRANDJEAN
(épidémiologiste, INSERM, Toulouse),
U. SIMEONI (néonatologiste, CHU, Marseille,
SFN, Société française de néonatologie,
Gestational diabetes mellitus
SFMP, Société française de médecine périnatale),
Expert-consensus from CNGOF and SFD − 2010
A. VAMBERGUE
(endocrinologue diabétologue, CHRU, Lille,
SFD, Société francophone du diabète)

Experts du groupe de travail


G. BEUCHER
(gynécologue obstétricien, CHU, Caen),
A. BURGUET (pédiatre, CHU, Dijon),
Avant-propos
E. COSSON Anne Vambergue
(endocrinologue diabétologue, CHU, Bondy),
P. DERUELLE
(gynécologue obstétricien, CHRU, Lille),

L
F. GALTIER
(endocrinologue diabétologue, CHRU, Montpellier), a problématique du diabète gesta- thérapeutique dans les formes d’hyper-
A.-M. GUEDJ tionnel reste actuellement au cœur glycémie modérée, ce qui permet d’in-
(endocrinologue diabétologue, CHU, Nîmes),
B. GUYARD-BOILEAU des débats pour diverses raisons. En sister à nouveau sur la nécessité d’une
(gynécologue obstétricien, CHU, Toulouse), effet, nous n’avions jusqu’à ce jour pas de prise en charge intensive de ces femmes
S. HIERONIMUS consensus quant aux modalités de dépis- au cours de la grossesse, dans le but de
(endocrinologue diabétologue, CHU, Nice),
S. JACQUEMINET
tage et de diagnostic. Ceci expliquait des réduire la morbidité materno-fœtale. De
(endocrinologue diabétologue, CHU, Paris), modalités de dépistage et de diagnostic plus, nous savons que le risque à long
M.-F. JANNOT-LAMOTTE extrêmement hétérogènes, que ce soit à terme pour la mère est de développer
(endocrinologue diabétologue, CHU, Marseille),
la fois sur le plan international mais éga- rapidement un diabète de type 2 en l’ab-
V. KERLAN
(endocrinologue diabétologue, CHU, Brest), lement en France. Il convient de rappeler sence de mesure préventive au décours
M. LALOI-MICHELIN sur le plan historique que c’est dans les de l’accouchement au moins pour les
(endocrinologue diabétologue, CHU, Paris),
années 1950 que O’ Sullivan suivit pendant patientes ayant des facteurs de risque.
J.-P. LE MEAUX
(gynécologue obstétricien, CHU, Paris), 8 ans l’incidence du diabète de type 2 chez
D. MITANCHEZ des femmes ayant eu une anomalie de la Un consensus international sur les
(pédiatre, néonatologiste, CHU, Paris),
tolérance au glucose au cours de la gros- modalités de dépistage et les critères
O. THIEBAUGEORGES
(gynécologue obstétricien, CHU, Nancy), sesse et proposa à partir de cette cohorte diagnostiques du diabète gestationnel a
O. VERIER-MINE les critères diagnostiques du diabète ges- été récemment proposé par un groupe
(endocrinologue diabétologue, CH, Valenciennes), tationnel. Ces critères ont été détermi- d’experts internationaux, l’International
M. VIRALLY
(endocrinologue diabétologue, CHU, Paris) nés non pas en fonction de la morbidité Association of Diabetes Pregnancy Study
materno-fœtale à court terme associé au Group (IADPSG). Après cette publication
diabète gestationnel mais en fonction du en mars 2010, il convenait de réfléchir
risque ultérieur de diabète de type 2. si ces recommandations pouvaient être
Cet article est paru dans la revue appliquées en France. C’est pour cette
Diabetes & Metabolism (en anglais)
Nous attendions beaucoup de l’HAPO raison que la Société francophone du dia-
2010;36(6 Pt2):511-700.
Study qui avait pour objectif de déter- bète (SFD), le Collège national des gyné-
miner un cut-off à partir duquel il exis- cologues obstétriciens français (CNGOF)
tait des complications materno-fœtales ont proposé la rédaction en commun d’un
Correspondance : associées au diabète gestationnel, ce qui référentiel sur les modalités de dépistage,
Anne Vambergue
devait permettre de définir rapidement un de diagnostic, de prise en charge théra-
Pôle d’endocrinologie et de diabétologie consensus. Cette étude a montré qu’il peutique et de suivi.
Hôpital Claude-Huriez – CHRU de Lille existait une corrélation linéaire et positive
Rue Polonovski – 59037 Lille cedex
anne.vambergue@chru-lille.fr entre l’hyperglycémie maternelle et les Il conviendra d’évaluer dans un second
complications périnatales. Par ailleurs, temps le suivi de ce référentiel dans nos
il a été récemment démontré le bénéfice pratiques cliniques.

Médecine des maladies Métaboliques - Février 2011 - Vol. 5 - Hors-série 2


© 2011. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
2

Le diabète gestationnel
Définitions, épidémiologie avec le DG augmente les risques de pré- cas de DG est comparable à celui de la
et facteurs de risque éclampsie et de césarienne par rapport population générale (grade C). Le risque
du diabète gestationnel aux femmes diabétiques ayant un IMC d’hyperbilirubinémie est faiblement aug-
normal (grade B). menté (grade A).
Le diabète gestationnel (DG) est défini Les taux d’extraction instrumentale, de
par l’Organisation Mondiale de la Santé déchirure périnéale sévère et d’hémor-
(OMS) comme un trouble de la tolé- ragie du post-partum ne sont pas modi- Dépistage, oui/non ?
rance glucidique conduisant à une hyper- fiés par le DG (grade B). Si oui, dépistage
glycémie de sévérité variable, débutant Des troubles psychologiques à type systématique ou ciblé ?
ou diagnostiqué pour la première fois d’anxiété et d’altération de la percep-
pendant la grossesse, quels que soient tion de soi peuvent apparaître suite à Il existe plusieurs arguments en faveur
le traitement nécessaire et l’évolution l’annonce du diagnostic de DG (grade du dépistage du DG : l’augmentation
dans le post-partum. Cette définition C). Le traitement du DG diminue le de la morbidité maternelle et néonatale
englobe en fait deux entités différentes risque de dépression du post-partum associée à l’hyperglycémie maternelle
qu’il convient de distinguer : (grade B). (grade B), l’existence d’un test de dépis-
r Un diabète patent, le plus souvent de tage valide et fiable (grade B), l’efficacité
type 2 (DT2), préexistant à la grossesse démontrée de la prise en charge théra-
et découvert seulement à l’occasion de Complications fœtales peutique sur l’incidence des complica-
celle-ci, et qui persistera après l’accou- et néonatales du DG tions (grade A) et le caractère acceptable
chement. des effets adverses du dépistage et de
r Une anomalie de la tolérance gluci- Les complications périnatales liées la prise en charge (grade B).
dique réellement apparue en cours de spécifiquement au DG sont rares, mais Idéalement, la stratégie de dépistage
grossesse, généralement en deuxième elles sont augmentées en cas de DT2 retenue doit permettre d’identifier les
partie, et disparaissant, au moins tem- méconnu. La macrosomie est la prin- femmes à haut risque d’évènements
porairement, en post-partum. cipale conséquence néonatale démon- pathologiques, les plus à même de
Dans les conditions actuelles de dépis- trée d’un DG. Elle est le facteur principal bénéficier d’une prise en charge inten-
tage, la prévalence du DG est estimée associé aux complications rapportées sive et de préserver les autres d’une
entre 2 et 6 %, mais peut être beaucoup en cas de DG. L’obésité maternelle est intervention excessive.
plus élevée dans des populations spé- un facteur de risque de complications r Nous recommandons le dépistage du
cifiques ; la tendance actuelle va vers surajoutées. DG en présence d’au moins un des cri-
une augmentation de la prévalence. Les L’augmentation modérée de la fréquence tères suivants : âge maternel ≥ 35 ans,
facteurs de risque principaux sont : sur- des malformations en cas de DG par IMC ≥ 25 kg/m2, antécédents de dia-
charge pondérale, âge, origine ethnique, rapport à la population générale est bète chez les apparentés au 1er degré,
antécédents familiaux au premier degré vraisemblablement liée à l’existence de antécédents personnels de DG ou
de DT2, antécédents obstétricaux de DG cas de DT2 méconnu (grade B). Il n’y d’enfant macrosome (grade A).
ou de macrosomie, syndrome des ovaires a pas de données de la littérature qui r En l’absence de ces facteurs de ris-
polykystiques (grade B). Par contre, les permettent d’estimer l’incidence et le ris- que, le bénéfice et le rapport coût-effi-
caractéristiques suivantes ne semblent que exact de cardiomyopathie en cas de cacité du dépistage restent à évaluer.
pas être des facteurs de risque indépen- DG, ni le lien avec l’hyperglycémie mater- Il n’y a donc pas d’arguments suffi-
dants de DG : niveau socio-économique, nelle. Le risque d’asphyxie néonatale et sants pour recommander un dépis-
multiparité, grossesse multiple, prise de de décès périnatal n’est pas augmenté tage systématique (accord profession-
poids gestationnelle (grade B). dans le cadre du DG (grade B). Les trau- nel). Dans tous les cas, la décision de
matismes obstétricaux et les atteintes du dépister ou de ne pas dépister le DG
plexus brachial sont des évènements doit faire l’objet d’une évaluation et
Complications maternelles rares et l’augmentation du risque en cas d’une information individuelles.
du DG de DG n’est pas formellement démon-
trée. Le risque de détresse respiratoire
Le DG est associé à un risque accru de toutes causes confondues est difficile à Quand et comment
prééclampsie et de césarienne. Ces ris- apprécier. Il n’existe pas assez de don- dépister le DG ?
ques sont corrélés de façon positive et nées pour établir un lien entre le DG et
linéaire au degré de l’hyperglycémie initiale. les troubles respiratoires néonataux. La On peut estimer à environ 30 % le taux
Le surpoids, défini par un indice de masse fréquence rapportée de l’hypoglycémie de DT2 méconnus et à environ 15 % la
corporelle (IMC) ≥ 25 kg/m2, et l’obésité, néonatale sévère en cas de DG est faible, proportion de DG qui sont des diabè-
définie par un IMC ≥ 30 kg/m2, sont des mais le risque est difficile à apprécier en tes DT2 méconnus. De plus, il y a une
facteurs de risque de prééclampsie et de raison de l’hétérogénéité de la définition augmentation de la prévalence du DT2
césarienne indépendamment de l’hyper- de l’hypoglycémie dans les différentes chez les femmes en âge de procréer. Ces
glycémie maternelle. Leur association études. Le risque d’hypocalcémie en arguments justifient la recherche d’un

Médecine des maladies Métaboliques - Février 2011 - Vol. 5 - Hors-série 2


Référentiels 3

DT2 méconnu en présence des fac- des méthodes a une bonne reproducti- Interventions
teurs de risque précédemment définis bilité, sans nécessiter de régime diété- thérapeutiques : objectifs,
lors de la 1re consultation prénatale tique préalable. L’étude HAPO apporte méthodes et résultats
(grade B). Ce dépistage sera réalisé des informations sur les relations entre
par une glycémie à jeun. morbidité materno-fœtale et niveaux Le traitement spécifique du DG (dié-
r Idéalement, en présence de facteurs de glycémiques de l’HGPO avec 75 g de tétique, autosurveillance glycémique,
risque de DT2, ce dépistage doit être fait en glucose (grade B). La méthode a l’avan- insulinothérapie si indiquée) réduit les
préconceptionnel (accord professionnel). tage d’une meilleure tolérance, d’une complications périnatales sévères, la
r Chez les patientes non diagnostiquées réduction du délai de la prise en charge macrosomie fœtale, et la prééclampsie
préalablement, le dépistage du DG par et d’une meilleure observance. par rapport à l’abstention thérapeutique,
une hyperglycémie provoquée par voie r Entre 24 et 28 SA, l’HGPO avec 75 g sans majoration des risques de césa-
orale est recommandé entre 24 et 28 SA, de glucose avec mesure des glycé- rienne (grade A).
date à laquelle la tolérance au glucose mies à 0,1 et 2 h est recommandée L’autosurveillance glycémique (ASG)
se détériore au cours de la grossesse pour le diagnostic du DG (accord pro- permet de surveiller les patientes et
(grade B). fessionnel). d’indiquer l’insulinothérapie (grade C).
r En cas de normalité du dépistage entre r Aucune autre méthode (HbA1c, fructo- Lorsque les femmes sont traitées par
24 et 28 semaines d’aménorrhée (SA), samine, glycosurie, glycémie au hasard insuline, l’ASG est indispensable pour
il n’y a pas d’arguments pour répéter et/ou postprandiale) ne peut être actuel- adapter les doses d’insuline. L’ASG est
ultérieurement le dépistage à titre sys- lement recommandée. recommandée entre 4 et 6 fois par jour
tématique. (au moins une fois à jeun et deux heures
r Chez les femmes ayant des facteurs après les repas selon le traitement – dié-
de risque qui n’ont pas eu de dépistage Critères diagnostiques tétique ou insuline – et l’équilibre obtenu
du< DG, celui-ci peut être fait au 3e tri- du DG. Seuils (accord professionnel). L’ASG doit être
mestre, au minimum par une glycémie d’hyperglycémie poursuivie jusque dans le post-partum
à jeun. pathologique immédiat. Les appareils doivent être éta-
r La mise en évidence de biométries lonnés selon les procédures en vigueur.
fœtales supérieures au 97e percentile ou r La glycémie à jeun diminue peu au Dans l’état actuel des connaissances,
d’un hydramnios chez une femme sans cours de la grossesse (grade B). En l’objectif actuellement validé est d’obtenir
facteurs de risque doit faire rechercher début de grossesse, il est admis de une glycémie à jeun inférieure à 0,95 g/L
un DG (accord professionnel). porter le diagnostic de DT2 sur une (grade A). Il n’y a pas à ce jour d’étude
glycémie à jeun ≥ 1,26 g/L (7 mmol/L) interventionnelle validant le seuil de
(accord professionnel). Nous proposons 0,92 g/L comme objectif thérapeutique.
Méthodes de dépistage comme seuil pour le diagnostic de DG, Il n’existe pas de données suggérant de
du DG la valeur de 0,92 g/L (5,1 mmol/L) de privilégier la mesure postprandiale à une
glycémie à jeun définie par un consen- heure ou à deux heures, ni les seuils à
r Au premier trimestre, en présence de sus international (IADPSG). Il faut retenir : 1,30 g/L ou 1,40 g/L à une heure
facteurs de risque, il est recommandé cependant noter que la pertinence de ou 1,20 g/L à deux heures. Ce dernier
de réaliser une glycémie à jeun (grade ce seuil n’a pas été évaluée au premier seuil étant actuellement à conseiller
B). En l’absence d’études, il n’est pas trimestre (accord professionnel). Il existe (grade A).
recommandé de réaliser une hypergly- un continuum entre les niveaux glycé- La prise en charge diététique est la pierre
cémie provoquée par voie orale (HGPO) miques maternels et les complications angulaire du traitement du DG. L’apport
en début de grossesse (accord profes- materno-fœtales (grade B). Le choix de calorique doit être déterminé individuel-
sionnel). La mesure de l’HbA1c comme seuils glycémiques pour définir le DG lement selon l’IMC préconceptionnel, la
méthode diagnostique n’est pas actuel- est donc arbitraire. prise de poids gestationnelle, et les habi-
lement recommandée en France. En cas r L’IADPSG a proposé, en considérant tudes alimentaires. L’apport recommandé
de DT2 découvert en début de grossesse, les valeurs glycémiques associées à est entre 25 et 35 kcal/kg/j. Une restriction
cette mesure pourrait être utile pour pré- un sur-risque de 75 % de macrosomie, calorique est indiquée en cas d’obésité ;
ciser l’équilibre glycémique périconcep- d’hyperinsulinisme et d’adiposité fœtaux elle ne doit pas être inférieure à 1 600 kcal/j
tionnel (accord professionnel). dans l’étude HAPO, comme critères dia- (accord professionnel). L’apport en hydra-
r Entre 24 et 28 SA, il existe actuelle- gnostiques entre 24 et 28 SA : glycémie tes de carbone doit représenter 40 % à
ment deux méthodes diagnostiques : la à jeun ≥ 0,92 g/L (5,1 mmol/L) et/ou gly- 50 % de l’apport calorique total (grade
méthode en deux temps (dépistage par cémie 1 heure après une charge orale de C). L’apport glucidique doit être réparti
dosage de la glycémie une heure après 75 g de glucose ≥ 1,80 g/L (10,0 mmol/L) en trois repas et deux à trois collations
ingestion de 50 g de glucose, puis dia- et/ou glycémie 2 heures après la charge (accord professionnel). Les hydrates de
gnostic par une HGPO avec 100 g de ≥ 1,53 g/L (8,5 mmol/L). Nous recom- carbone à index glycémique faible et les
glucose) et la méthode en un temps mandons d’appliquer ces critères fibres pourraient avoir un intérêt pour le
(HGPO avec 75 g de glucose). Chacune (accord professionnel). contrôle du DG (accord professionnel).

Médecine des maladies Métaboliques - Février 2011 - Vol. 5 - Hors-série 2


4

Le diabète gestationnel

Une activité physique régulière, en l’ab- de restriction de croissance ou d’hyper- de façon individuelle après information de
sence de contre-indication obstétricale, tension artérielle associées (grade C). la patiente de la balance bénéfice–risque
environ 30 minutes trois à cinq fois par L’enregistrement du rythme cardiaque de la césarienne dans cette situation
semaine est recommandée (grade C). fœtal (RCF) n’a pas d’utilité démontrée (accord professionnel). La performance
L’insuline doit être envisagée si les objec- en cas de DG bien équilibré. Il sera dis- limitée de l’estimation pondérale écho-
tifs glycémiques ne sont pas atteints après cuté en cas de diabète mal équilibré, en graphique est rappelée. Aucune formule
7 à 10 jours de règles hygiéno-diététiques tenant compte des facteurs de risques n’est supérieure aux autres ou à la mesure
(grade A). Le schéma d’insulinothérapie associés. du périmètre abdominal pour la prédiction
sera adapté en fonction des profils glycé- En cas de DT2 découvert pendant la de la macrosomie (grade C). La radiopel-
miques. Il n’existe pas de données éva- grossesse, la surveillance fœtale doit vimétrie n’a pas lieu d’être réalisée en cas
luant la pompe à infusion sous-cutanée être renforcée à partir de 32 SA. de suspicion de disproportion fœtopel-
d’insuline dans le traitement du DG. Les En cas de menace d’accouchement vienne en raison de sa mauvaise valeur
données disponibles sont rassuran- prématuré, les inhibiteurs calciques et diagnostique (grade C). En cas de DG et
tes concernant la sécurité et l’efficacité les antagonistes de l’ocytocine peuvent d’antécédent de césarienne, il n’est pas
durant la grossesse des analogues rapi- être utilisés sans précaution spécifique ; recommandé de réaliser systématique-
des de l’insuline lispro et asparte (grade les bêta-mimétiques ne doivent être uti- ment une césarienne (grade C).
B). Il n’existe pas de données pour l’insu- lisés qu’en dernier recours et avec une En cas d’acceptation de la voie basse,
line glulisine. Si une insuline d’action lente surveillance glycémique rapprochée. La la surveillance du travail ne nécessite
est nécessaire, il faut privilégier l’insuline maturation pulmonaire fœtale par glu- pas de surveillance spécifique (accord
NPH (accord professionnel). Les données cocorticoïdes peut être réalisée sous professionnel). Une insulinothérapie
actuelles ne sont pas suffisantes pour une couvert d’une surveillance glycémique systématique pendant le travail peut
utilisation en routine des analogues lents et d’une insulinothérapie si nécessaire. être responsable d’hypoglycémie mater-
de l’insuline. Si un dépistage du DG est indiqué, le nelle et n’est pas recommandée (accord
Les antidiabétiques oraux n’ont pas test de dépistage est à réaliser plusieurs professionnel). Pour les patientes trai-
l’AMM pendant la grossesse et ne sont jours après la dernière injection de glu- tées par de fortes doses d’insuline, une
pas recommandés (grade C). Les don- cocorticoïdes. concertation préalable avec le diabétolo-
nées concernant le glibenclamide et gue est recommandée pour décider de la
la metformine semblent rassurantes, prise en charge pendant le travail (accord
cependant des études complémentai- Accouchement professionnel).
res sont nécessaires avant d’envisager
leur utilisation en routine pendant la En cas de DG bien équilibré, par le
grossesse. régime seul ou par l’insuline, et sans Prise en charge néonatale,
retentissement fœtal, aucun argument environnement pédiatrique
ne justifie une prise en charge différente
Surveillance obstétricale de celle d’une grossesse normale (grade La naissance peut avoir lieu dans la
prénatale C). En cas de DG mal équilibré ou avec maternité de proximité sauf en cas de
retentissement fœtal, il est recommandé prématurité, de malformation grave ou
En cas de DG équilibré et en l’absence de provoquer l’accouchement à un terme d’anomalie majeure de la croissance
d’autre pathologie ou de facteur de ris- qui devra tenir compte de la balance fœtale (accord professionnel).
que associé, il n’y a pas d’argument justi- bénéfice-risque materno-fœtale. Le ris- Chaque maternité devrait disposer d’un
fiant un suivi clinique différent des autres que de détresse respiratoire du nouveau- protocole de prise en charge du nou-
grossesses (accord professionnel). né, nettement diminué à partir de 39 SA veau-né de mère diabétique en particulier
La présence de facteurs de risque sura- + 0 J, fait de cet âge gestationnel l’ob- pour le dépistage et la prise en charge
joutés (obésité, mauvais équilibre glycé- jectif à atteindre si possible. Il n’est pas des hypoglycémies. De tels protocoles
mique, hypertension artérielle chronique) recommandé d’effectuer un dosage du devraient être diffusés par les réseaux
peut justifier une surveillance (pression rapport L/S ou du phosphatidylglycérol périnatals afin d’uniformiser les pratiques
artérielle, recherche d’une protéinurie) à afin d’évaluer la maturité pulmonaire en (accord professionnel).
un rythme plus rapproché que le suivi pré- cas de DG (grade C). Le risque d’hypoglycémie sévère est faible
natal mensuel, en raison du risque accru Devant le risque accru de dystocie des en cas de DG (grade A). La macrosomie
de prééclampsie (accord professionnel). épaules et de paralysie du plexus bra- augmente le risque d’hypoglycémie (grade
Une échographie supplémentaire en fin chial, il paraît raisonnable de proposer une B). La surveillance systématique de la gly-
de grossesse peut être proposée (accord césarienne en cas de DG lorsque le poids cémie n’est pas indiquée chez les enfants
professionnel). L’utilité de la recherche fœtal estimé est supérieur à une valeur de mère avec DG traité par régime seul
d’une hypertrophie myocardique fœtale seuil de 4 250 ou 4 500 g (grade C). Les et dont le poids de naissance est entre
n’est pas démontrée (grade C). La réali- données de la littérature sont insuffisantes le 10e et le 90e percentile. La surveillance
sation systématique du Doppler ombilical pour permettre de faire un choix entre ces de la glycémie est recommandée pour les
n’a pas d’utilité démontrée en l’absence deux valeurs. La décision sera à prendre nouveau-nés de mère avec DG traité par

Médecine des maladies Métaboliques - Février 2011 - Vol. 5 - Hors-série 2


Référentiels 5

insuline ou dont le poids de naissance est en évidence une perturbation significative Après un DG, le suivi doit inciter à pour-
< 10e ou > 90e percentile. Les nouveau- du métabolisme glucidique sous contra- suivre les modifications d’hygiène de vie
nés doivent être nourris le plus tôt possible ception hormonale, qu’elle soit œstropro- (activité physique 30 à 60 minutes par jour
après la naissance (environ 30 minutes) et gestative ou progestative. En revanche, au moins cinq jours par semaine, alimen-
à intervalles fréquents (au moins toutes les l’existence d’une obésité, d’une hyper- tation équilibrée, arrêt du tabagisme) ; le
2-3 h). La surveillance de la glycémie ne tension artérielle, d’une dyslipidémie doit suivi comporte aussi la recherche régu-
doit débuter, en l’absence de signes clini- inciter à choisir une contraception sans lière et le traitement des éventuels autres
ques, qu’après la 1re tétée et juste avant la impact cardiovasculaire ; dans ces situa- facteurs de risque cardiovasculaire asso-
2e. La présence de signes cliniques indi- tions, le dispositif intra-utérin (DIU) est un ciés (hypertension artérielle, dyslipidémie)
que une surveillance plus précoce de la choix conseillé (accord professionnel). (accord professionnel).
glycémie. Le contrôle de la glycémie doit Chez des femmes en surpoids ou obèses
être réalisé par un lecteur le plus adapté et ayant des troubles persistants mineurs
aux caractéristiques du nouveau-né et Pronostic maternel ultérieur de la glycorégulation, les modifications
régulièrement étalonné ; il est recom- intensives du mode de vie, si possible dans
mandé de confirmer les hypoglycémies Le risque de récidive du DG varie de 30 à des programmes d’éducation thérapeuti-
dépistées à la bandelette par un dosage 84 % selon les études (grade B). que ciblés, ou un traitement par metfor-
au laboratoire (accord professionnel). Le DG expose à un risque ultérieur accru mine réduisent de moitié le risque de DT2
Le nouveau-né doit bénéficier de la sur- de DT2, multiplié par 7 (grade B). Le ris- (grade B) ; toutefois, la metformine n’a pas
veillance habituelle de l’ictère néonatal que augmente avec le temps et persiste l’AMM dans cette indication en France.
(accord professionnel). Le dosage de la au moins 25 ans (grade C). Les risques Il est très important que l’éducation théra-
calcémie et la réalisation d’une numéra- de survenue du syndrome métabolique peutique porte aussi sur la programmation
tion formule sanguine à la recherche d’une sont multipliés par 2 à 5 (grade B), ceux des grossesses ultérieures (grade B).
polyglobulie sont indiqués en fonction des de pathologies cardiovasculaires par 1,7 Le dépistage du DT2 après un DG néces-
signes cliniques (accord professionnel). environ (grade B). Le risque de survenue site la participation de tous les acteurs :
La réalisation d’examens complémen- d’un diabète de type 1 ne semble pas médecins traitants, gynécologues, obs-
taires à la recherche d’une malformation plus fréquent après un DG, mais le DG tétriciens, sages-femmes, endocrinolo-
cardiaque, osseuse ou cérébrale doit être peut en être le révélateur (grade C). Il n’y a gues, équipes de Protection maternelle et
orientée en fonction des signes à l’exa- pas d’argument pour en recommander le infantile (PMI), centres de planification…
men clinique (accord professionnel). dépistage systématique par les anticorps sans oublier les patientes, qui doivent être
Les indications de transfert des nou- anti-GAD glutamic acid decarboxylase informées de ces risques.
veau-nés de mère avec DG en unité de après un DG (accord professionnel).
néonatologie sont les mêmes que pour Certains facteurs sont associés à un
tout nouveau-né. Il n’y a pas d’indication risque plus élevé de DT2 après un DG : Pronostic ultérieur
à transférer les nouveau-nés avec frac- surcharge pondérale, diagnostic du DG chez l’enfant
ture ou atteinte du plexus brachial dans avant 24 SA, glycémies de l’HGPO pré-
une structure spécialisée au cours des natale élevées, nécessité d’une insulino- Les enfants nés de mères ayant eu un
premiers jours de vie, sous réserve d’une thérapie. L’allaitement ou la contraception DG constituent une population à risque
évaluation spécialisée au cours de la pre- ne modifient pas le risque. Le risque lié modéré de complications métaboliques
mière semaine (accord professionnel). aux antécédents familiaux semble présent à long terme. Les enfants nés de fem-
mais n’a pas été suffisamment évalué. mes ayant eu un DG et allaités n’ont
Le risque élevé de DT2 après un DG pas un profil métabolique différent de
Post partum, contraception justifie l’information de la patiente et le ceux non allaités. La faisabilité et l’utilité
dépistage (grade A). d’un suivi spécifique particulier ne sont
Les femmes ayant eu un DG doivent être r Le dépistage du DT2 est recommandé actuellement pas clairement codifiées
surveillées dans le post-partum immé- lors de la consultation postnatale, avant et validées. Néanmoins, les parents,
diat pour s’assurer de la normalisation une nouvelle grossesse puis tous les un ainsi que les pédiatres et médecins qui
des glycémies sans traitement (accord à trois ans, selon les facteurs de risque, suivent ces enfants, doivent être infor-
professionnel). Sur le peu d’études réa- pendant au moins 25 ans (accord profes- més du risque d’apparition de ces com-
lisées spécifiquement chez ces femmes, sionnel). L’allaitement et la contraception plications métaboliques à long terme.
celles qui allaitent n’ont pas d’évolution ne justifient pas de différer les tests. À ce titre, la surveillance de l’évolution
métabolique différente au moins pendant r Le dépistage peut être réalisé par la pondérale infantile et la prise en charge
la durée de l’allaitement. glycémie à jeun ou l’HGPO. La sensibilité d’éventuels troubles de la corpulence
Le choix de la contraception doit tenir de la glycémie à jeun pour le diagnostic et/ou de la pression artérielle doivent
compte essentiellement des facteurs de de DT2 est inférieure à celle de l’HGPO être envisagées et conseillées de façon
risque associés ; les études, même si peu (grade A). Le dosage de l’HbA1c est globale (activité physique, nutritionnelle
ont concerné spécifiquement les femmes simple et pragmatique, mais n’est pas et psychologique) pour l’enfant et sa
avec antécédent de DG, n’ont pas mis actuellement recommandé en France. famille (grade C).

Médecine des maladies Métaboliques - Février 2011 - Vol. 5 - Hors-série 2

Vous aimerez peut-être aussi