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Med Mal Metab 2022; 16: 713–722

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Pour la pratique
Nouveaux traitements du diabète de type
2 et rétinopathie diabétique

Sylvie Feldman-Billard 1, Serge Halimi 2

Disponible sur internet le : 1. Hôpital des 15–20, Paris, France


14 septembre 2022 2. Université Grenoble-Alpes, Grenoble, France

Correspondance :
Sylvie Feldman-Billard, Hôpital des 15–20, 28, rue de Charenton, 75571 Paris cedex
12, France.
sfeldman@15-20.fr

Mots clés Résumé


Agoniste des récepteurs du
GLP1 L'augmentation des événements rétiniens observés sous sémaglutide (un agoniste des récepteurs
Inhibiteur SGLT2 du glucagon-like peptide-1 [AR-GLP1]) dans l'essai randomisé SUSTAIN-6 avait semé le doute
Inhibiteur DPP4 quant à son innocuité oculaire ; la majorité des études menées ultérieurement ont été rassurantes.
Rétinopathie diabétique Elles ont surtout souligné le rôle majeur de la baisse rapide et profonde de la glycémie dans le
Contrôle glycémique mécanisme d'aggravation précoce de la rétinopathie diabétique (RD), phénomène déjà décrit il y a
Baisse glycémique brutale une quarantaine d'années après intensification thérapeutique chez des patients diabétiques de
type 1. La prudence doit donc rester de mise à l'initiation des nouvelles thérapeutiques, notam-
ment les AR-GLP1 au fort effet d'abaissement glycémique, et chez les patients au long passé de
diabète déséquilibré et/ou atteint de RD. Leur prescription doit être encadrée d'un examen
ophtalmologique préalable, d'un suivi et, dans certains cas, d'un traitement préventif.

Keywords Summary
GLP1 receptor agonist
SGLT2 inhibitor New type 2 diabetes treatments and diabetic retinopathy
DPP4 inhibitor
Although the increase in retinal events observed with semaglutide (a GLP1 receptor agonist
Diabetic retinopathy
[GLP1-RA]) in the SUSTAIN-6 randomized trial raised doubts about its ocular safety, most sub-
Glucose control
sequent studies have been reassuring. Above all, they emphasized the major role of the rapid and
Rapid drop in blood glucose
profound drop in blood glucose in the mechanism of an early worsening of diabetic retinopathy
(DR), a phenomenon described 40 years ago following therapeutic intensification in patients with
type 1 diabetes. Thus, caution is required when initiating new therapies, especially GLP1-RA with
its high glucose lowering capacity, particularly in patients with a long history of uncontrolled
diabetes and DR. Their prescription should be accompanied by a prior ophthalmologic examina-
tion, follow-up, and treatment if necessary.

tome 16 > n88 > décembre 2022


10.1016/j.mmm.2022.08.007
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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S. Feldman-Billard, S. Halimi

Pour la pratique
Introduction pronostic cardiovasculaire et rénal [5], elles ont aussi semé le
e
La rétinopathie diabétique (RD) est la 5 cause de cécité et de doute quant à l'innocuité des GLP1-AR, en rapportant une aug-
malvoyance à l'échelon mondial selon le dernier rapport publié mentation des événements rétiniens sous sémaglutide versus
dans le Lancet Global Health [1]. Elle est aussi la principale cause placebo dans l'étude SUSTAIN-6 [6].
de baisse d'acuité visuelle chez le patient diabétique. Déjà, Or, ces nouveaux traitements, propulsés en bonne place dans
100 millions de personnes sont concernées dans le monde l'arborescence thérapeutique du DT2 [7], bénéficient à un nom-
par une RD, et ce chiffre devrait atteindre 160 millions en bre sans cesse croissant d'entre eux, notamment ceux au dia-
2045 [2]. Pourtant, cette complication est largement évitable bète insuffisamment contrôlé et à haut risque cardiovasculaire,
par un dépistage régulier et un contrôle glycémique optimal dès une population souvent aussi atteinte d'une RD. Alors, faut-il
le diagnostic du diabète de type 1 (DT1) [3] ou de type 2 (DT2) s'inquiéter de l'impact des GLP1-AR sur la rétine au regard des
[4]. résultats de l'étude SUSTAIN-6 [6] ?
Depuis une quinzaine d'années, la pharmacopée du traitement Quels sont les mécanismes invoqués pour expliquer cette aggra-
du DT2 s'est étoffée d'une manière inédite. Ont été successi- vation de la RD ? Est-ce en lien avec l'amélioration rapide de la
vement disponibles les inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 glycémie induite par les GLP1-AR, à la forte puissance hypo-
(iDPP4), les agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide- glycémiante, comme cela a déjà été décrit il y a une quarantaine
1 (GLP1-AR) et, récemment, les inhibiteurs du cotransporteur d'années avec l'insuline ? En effet, au début des années 1980,
sodium-glucose de type 2 (iSGLT2). furent publiées de petites séries de patients DT1, parmi les
Si les études de sécurité cardiovasculaire menées avec les GLP1- premiers à bénéficier d'une pompe à insuline et chez lesquels,
AR et les iSGLT2 ont démontré leurs effets remarquables sur le parallèlement à l'amélioration rapide de la glycémie, la RD avait
évolué du stade « non proliférante modérée à sévère » à pro-
liférante (« floride ») 3 à 6 mois après mise sous pompe [8].
Puis, l'étude DCCT [3] a confirmé ce phénomène. Elle avait porté
sur de larges cohortes de patients DT1, non sans avoir exclu les
Glossaire patients avec RD proliférante à l'inclusion, et alerté quant à ce
CORRECT COmpaRison of diabetes Retinopathy among risque de progression de la RD dans des situations de contrôle
typE 2 diabetiC patients Treated with different
regimens
glycémique intensifié [9]. Cette aggravation précoce de la RD a
DCCT Diabetes Control and Complications Trial aussi été rapportée chez les patients DT2 après introduction de
DPP/DPPOS Diabetes Prevention Program/Diabetes l'insuline ou après chirurgie bariatrique [10]. En effet, il est
Prevention Program Outcomes Study
EMPA-REG OUTCOME EMPAgliflozin cardiovascular Outcome events
aujourd'hui bien établi qu'une amélioration glycémique brutale
in type 2 diabetes mellitus patients et ceci, quelle que soit la thérapeutique instaurée pour l'obtenir,
ePREDICE Prevention of microvascular pomplications in peut être associée à une aggravation précoce de la RD. Les
Prediabetes – e-PREDICE study
EXSCEL EXenatide Study of Cardiovascular Event
principaux facteurs de risque sont la durée préalable du diabète,
Lowering le mauvais contrôle glycémique avant optimisation thérapeu-
FOCUS Research study to look at how semaglutide tique, l'amplitude de diminution du taux d'hémoglobine gly-
compared to placebo affects diabetic eye
disease in people with type 2 diabetes
quée (HbA1c) sous traitement et la sévérité initiale de la RD [10].
HARMONY Outcomes Albiglutide and cardiovascular OUTCOMES in Ainsi, quelles recommandations sont-elles préconisées pour
subjects with type 2 diabetes and encadrer l'instauration des GLP1-AR ? L'introduction d'un traite-
cardiovascular disease (HARMONY Program)
LEADER® Liraglutide Effect and Action in Diabetes:
ment par iDPP4 ou iSGLT2 justifie-t-elle des mêmes précautions ?
Evaluation of cardiovascular outcome Results Ces questions sont d'importance compte tenu de l'enjeu et de
PIONEER 6 Trial investigating the cardiovascular safety of leur utilisation de plus en plus répandue et recommandée [7]
oral semaglutide in subjects with type
2 diabetes (PIONEER Program: Peptide
chez les patients DT2.
InnOvatioN for Early diabEtes tReatment)
SURPASS-CVOT Study of tirzepatide (LY3298176) compared Inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4
with dulaglutide on major cardiovascular (iDPP4) : pas d'excès de risque oculaire
events in participants with type 2 diabetes
(SURPASS development Program) En dépit du nombre de patients DT2 traités par iDPP4, rares sont
TM
SUSTAIN 6 Trial to evaluate cardiovascular and other les études analysant leur impact sur la rétine. Elles concluent
long-term outcomes with semaglutide in
subjects with type 2 diabetes (SUSTAIN
globalement à l'absence significative d'augmentation du risque
Program: Semaglutide unabated sustainability oculaire. L'étude randomisée TECOS rapporte une augmentation
in treatment of type 2 diabetes) de 21 %, non significative, d'événements oculaires liés à une RD
TECOS Trial Evaluating Cardiovascular Outcomes with
Sitagliptin
sous sitagliptine (2,8 %) comparé au placebo (2,2 %) [11]. De
même, une étude coréenne incluant près de 30 000 patients ne
retrouve aucune majoration du risque oculaire (laser, injection

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Pour la pratique
TABLEAU I
Études randomisées avec les agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP1-AR) rapportant les événements oculaires (d'après
[22]).

Étude (référence) LEADER [17] SUSTAIN-6 [6] EXSCEL [18] HARMONY [19] REWIND [20] PIONEER-6 [21]

Année de publication 2016 2016 2017 2018 2019 2019

Nombre de patients 9340 3297 14 752 9463 9901 3183


a
Traitement actif Liraglutide Sémaglutide Exénatide Albiglutide Dulaglutide Sémaglutidea

Dose de traitement 1,8 mg 0,5 ou 1 mg 2 mg 30–50 mg 1,5 mg 14 mg

Administration Sous-cutanée Sous-cutanée Sous-cutanée Sous-cutanée Sous-cutanée Orale

Fréquence Quotidienne Hebdomadaire Hebdomadaire Hebdomadaire Hebdomadaire Quotidienne

Critères inclusion : HbA1c >7% >7% 6–10 % >7%  9,5 % Pas de


(sans limite sup) (sans limite sup) (sans limite sup) limite sup

Durée de l'étude 3,8 ans 2,1 ans 3,2 ans 1,6 an 5,4 ans 16 mois

Âge (ans) 64  7 65  7 62  9 64  7 66  7 64  7

Durée DT2 (années) 13  8 14  8 13  8 14  9 11  7 15  9

HbA1c initiale (%) 8,7  1,6 8,7  1,5 8,1  1,0 8,7  1,5 7,3  1,1 8,2  1,6

RD à l'inclusion Non disponible 30 % Non disponible 20 % 9% 28 %

RDP/OMD exclus Non Non Non Non Non Oui

Risque événement 1,15 [0,87–1,52] 1,75 [1,11–2,78] 0,91 [0,75–1,09] 0,88 [0,64–1,19] 1,24 [0,92–1,68] 1,13 [0,86–1,49]
oculaire GLP1-AR p = 0,33 p = 0,02 p = 0,30 p = 0,39 p = 0,14 p = 0,39
versus placebob

HbA1c : hémoglobine glyquée ; DT2 : diabète de type 2 ; RD : rétinopathie diabétique ; RDP : rétinopathie diabétique proliférante ; OMD : œdème maculaire diabétique.
a
Non disponible en France.
b
Odds ratio, OR [intervalle de confiance à 95 %, IC95 %].

intravitréenne [IVT], hémorragie intravitréenne [HIV], vitrecto- un travail porté par une équipe espagnole et fondé sur l'admi-
mie) ou de cécité chez les patients traités par iDPP4 comparés nistration topique de sitagliptine chez l'animal [16].
à ceux traités par un autre hypoglycémiant (Hazard ratio
[HR] = 1,08 [intervalle de confiance à 95 %, IC95 % : 0,93– Agonistes des récepteurs du GLP1 (GLP1-
1,26]), à l'exception d'une augmentation significative de 31 % AR) : prudence chez les patients déjà
(HR = 1,31 [IC95 % : 1,09–1,57]) chez ceux traités pour une durée atteints de rétinopathie diabétique
inférieure à 12 mois [12]. L'hypothèse serait que cette aggrava- La littérature est largement plus fournie concernant l'impact
tion précoce soit liée à la diminution rapide de la glycémie après oculaire des GLP1-AR. Elle s'est, en outre, enrichie de manière
instauration du traitement par iDPP4 chez des patients au long spectaculaire après la publication de l'étude SUSTAIN-6 [6] qui a
passé de diabète non contrôlé et compliqué de RD, phénomène lancé le débat sur l'innocuité oculaire du sémaglutide.
déjà décrit avec d'autres thérapeutiques [10]. Les
iDPP4 n'étaient pas non plus associés à une augmentation Essais randomisés
significative des événements oculaires versus placebo (odds À l'occasion de l'évaluation de leur sécurité cardiovasculaire, et
ratio [OR] = 1,20 [IC95 % : 0,87–1,65]) dans une méta-analyse bien qu'il ne s'agisse pas du critère principal d'évaluation, six
récente (1806 événements oculaires liées à une RD parmi études randomisées [6,17–21] ont rapporté le taux d'événe-
100 000 patients DT2) [13]. Quant aux recherches expérimen- ments oculaires sous GLP1-AR comparé au placebo
tales, elles suggèrent plutôt des effets protecteurs des iDPP4 sur (tableau I). Le pourcentage de patients atteints de RD à l'inclu-
la rétine (réduction du stress oxydatif, de l'inflammation ou de sion, rapporté dans quatre études [6,19–21], variait de 9 à 30 %.
l'apoptose des cellules rétiniennes) [14,15], notamment dans En outre, la plupart des protocoles n'imposaient pas d'examen

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oculaire systématique, à l'exception de PIONEER-6 (sémaglutide 1 % sous placebo. En ajustant sur la baisse du taux d'HbA1c
oral) [21] ou SUSTAIN-6 (sémaglutide injectable hebdomadaire) à la 16e semaine, le risque d'aggravation, réduit à 1,22 [IC95 % :
[6] où une photographie du fond d'œil était réalisée à l'inclusion, 0,71–2,09], perdait de sa significativité (p = 0,48). Ainsi, l'ana-
puis à la semaine 56 et 104. Enfin, les définitions des événe- lyse post hoc de l'étude SUSTAIN-6 suggère que la survenue des
ments oculaires comprenaient la survenue d'une HIV, d'une événements oculaires serait principalement attribuable à l'am-
cécité liée au diabète ou la nécessité d'un traitement par IVT pleur et à la rapidité de la réduction de l'HbA1c pendant les
ou d'une photocoagulation rétinienne. 16 premières semaines de l'essai [23], les patients étant inclus
Même si, dans la première étude, LEADER (liraglutide), la pro- quel que soit leur niveau initial d'HbA1c, avec, pour certains, des
portion de patients rapportant un événement oculaire était plus valeurs largement supérieures à 10 %.
élevée sous liraglutide (2,3 %) que sous placebo (2,0 %), la Faisant écho à cette analyse, la méta-régression des six études
différence n'était pas significative (HR = 1,15 [IC95 % : 0,87– [22] démontre une association significative entre la baisse
1,52] ; p = 0,33) [17]. En revanche, l'étude SUSTAIN-6 attestait moyenne du taux d'HbA1c durant l'essai et l'augmentation du
d'un risque de complications rétiniennes significativement risque de RD (p = 0,007). Précisément, le risque de RD était
accru de 76 % (HR = 1,76 [IC95 % : 1,11–2,78] ; p = 0,02) sous maximal avec le sémaglutide injectable [6] où la baisse
sémaglutide versus placebo [6]. Les quatre études menées moyenne de l'HbA1c était la plus importante, de l'ordre de
ultérieurement ne concluaient pas à une augmentation signi- 1 %. Chaque diminution de 0,1 % du taux d'HbA1c augmentait
ficative du risque oculaire, qu'il s'agisse des études EXSCEL de 6 % le risque de RD à 3 mois, de 14 % un an et de 8 % à la fin
(exénatide) [18] ou HARMONY Outcomes (albiglutide) [19] des études, témoignant d'un effet précoce et probablement
(réduction non significative de 9 % et 12 %, respectivement) « transitoire » de l'aggravation [22].
ou REWIND (dulaglutide) [20] et PIONEER-6 [21] (augmentation Ainsi, des premières conclusions rassurantes peuvent être tirées
non significative de 24 % et 13 %, respectivement). Ainsi, dans quant à l'effet propre du sémaglutide et mettent en avant le
ce contexte, les résultats de la méta-analyse des données risque d'aggravation de la RD en lien avec la baisse profonde et
fournies par ces six études incluant près de 50 000 patients rapide de la glycémie induite par la forte puissance hypoglycé-
et en dépit de leurs différences méthodologiques, étaient très miante du sémaglutide injectable. Néanmoins, la vigilance doit
attendus [22]. Elle concluait à l'absence d'association entre rester de mise jusqu'aux résultats de l'étude prospective ran-
GLP1-AR et risque de RD (OR = 1,10 [IC95 % : 0,93–1,10] ; domisée FOCUS (https://clinicaltrials.gov/ct2/show/
p = 0,30) [22]. NCT03811561) incluant 1500 patients avec pour certains des
formes évoluées de RD. L'objectif est d'analyser spécifiquement
Risque oculaire associé à l'ampleur et à la rapidité l'impact du sémaglutide injectable sur la rétine avec un suivi
de la réduction de l'HbA1c ophtalmologique rapproché pendant 5 ans. Les résultats sont
En résumé, seule une de ces études, SUSTAIN-6 [6], fait état prévus en 2027. Dans cette attente, de nombreuses études de
d'une augmentation du risque oculaire. Pour bien interpréter ces cohorte ont essayé de répondre à la question de la sécurité des
résultats et avant de tirer des conclusions prématurées sur GLP1-AR sur la rétine.
l'association entre GLP1-AR et risque de RD, il est nécessaire
de revenir sur les caractéristiques des patients concernés par Études « en vie réelle » ou de registres n'incluant
cette aggravation oculaire et leur évolution métabolique durant pas de patients traités par sémaglutide
l'essai SUSTAIN-6 [23]. Au cours du suivi de 2,1 ans, 79 patients, Leurs résultats sont dans l'ensemble rassurants. Pour autant, la
dont 50 (3 %) sous sémaglutide et 29 (1,8 %) sous placebo, ont majorité des études n'a inclus aucun patient recevant du séma-
présenté un événement oculaire. Ces patients avaient une durée glutide, approuvé par la Food and Drug Administration (FDA)
moyenne de diabète plus longue, un taux initial d'HbA1c plus des États-Unis en 2017, à une date ultérieure à leur réalisation,
élevé et étaient plus volontiers insulinotraités. Ils étaient surtout limitant ainsi la portée de leurs résultats. Elles ont, néanmoins,
plus fréquemment atteints d'une RD à l'inclusion comparés permis de préciser les facteurs associés à l'aggravation oculaire.
à ceux n'ayant pas présenté d'événements oculaires (RD : Deux études de cohorte menées entre 2007 et 2015 n'ont
84 % versus 29 % ; RD proliférante : 29 % versus 6 % ; anté- montré globalement aucun surrisque de complications oculaires
cédents laser ou IVT : 18 % versus 3,4 %, respectivement) [23]. liées à la RD avec l'utilisation d'un GLP1-AR :
 dans la première étude issue du registre britannique « U.K.
D'ailleurs, une analyse en sous-groupes révélait, chez les
patients indemnes de RD, un risque faible de complications Clinical Practice Research Datalink » (77 115 patients DT2, dont
oculaires et comparable dans les deux groupes (sémaglutide 3047 ont reçu un GLP1-AR), l'instauration d'un traitement par
et placebo). Enfin, les patients, ayant présenté un événement GLP1-AR n'était pas associée à une augmentation de l'inci-
oculaire sous sémaglutide, avaient eu une baisse plus profonde dence de la RD comparativement à l'utilisation d'au moins
de leur taux d'HbA1c à la 16e semaine : 1,9 % et 2,5 % sous deux autres antidiabétiques oraux (HR = 1,00 [IC95 % : 0,85–
sémaglutide 0,5 et 1,0 mg, respectivement, versus environ 1,17]) [24] ;

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 des résultats du même ordre ont été observés dans la deu- Études portant sur des patients DT2 traités par
xième étude menée sur une population américaine de plus de sémaglutide
200 000 patients DT2 âgés de plus de 65 ans, avec l'absence Cooper et al. ont présenté au dernier congrès d'ophtalmologie
d'augmentation du risque oculaire (laser, vitrectomie ou IVT) de l'Association for Research in Vision and Ophthalmology
sous GLP1-AR utilisés pendant près d'un an comparé aux autres (ARVO), en mai 2022, les résultats d'une étude rétrospective
thérapeutiques hypoglycémiantes [25]. menée chez 87 patients DT2 traités par sémaglutide. Dans ce
Ces deux études soulignent aussi la réduction du risque de travail, l'utilisation du sémaglutide sur une période de 12 mois
complications oculaires sous GLP1-AR en comparaison à l'insu- n'était pas associée à un risque accru de progression de la RD ou
line : diminution de l'incidence de la RD de 33 % dans la de perte de vision. Plus précisément, la RD était stable après
première étude [24] et des complications de la RD de 50 % 1 an de sémaglutide chez la majorité des patients (86 %), avait
dans la deuxième [25]. Toutefois, ces résultats doivent être progressé chez 6 %, et s'était améliorée chez 8 % d'entre eux.
interprétés avec prudence, les patients sous insuline étant plus Quant à l'acuité visuelle, elle était inchangée chez les trois-
âgés avec davantage de complications du diabète. quarts (72 %), tandis que 13 % avaient perdu plus de deux
Mais, qu'en est-il du risque chez un patient déjà atteint de RD ? lignes de vision et 15 % gagné plus de deux lignes dans au
C'était l'objectif d'un travail mené au Danemark et en Suède par moins un œil. Cette étude, bien que préliminaire, est une des
Ueda et al. Dans cette étude, la prescription d'un GLP1-AR premières à rapporter aussi des données sur l'évolution de
(n = 6650) n'était pas associée à un risque d'aggravation de l'œdème maculaire diabétique (OMD) sous sémaglutide. Ainsi,
la RD, même chez ceux au diabète déséquilibré, en comparaison l'épaisseur maculaire était stable chez 44 % des patients, avait
avec un iDPP4 (n = 11 630) (HR ajusté = 1,07 [IC95 % : 0,95– subi une augmentation > 10 % chez 26 %, et avait diminué chez
1,20]) [26]. 30 %. Ces résultats sont néanmoins difficiles à interpréter, 63 %
Ces trois études ont aussi permis de mieux appréhender le délai des patients ayant bénéficié d'un traitement par IVT (en
de survenue de l'aggravation oculaire après instauration du moyenne : 6,1 injections/patient) durant le suivi.
traitement par GLP1-AR. Seule la durée d'exposition de 6 à Enfin, l'analyse des bases de données électroniques jusqu'en
12 mois à un GLP1-AR était associée à une augmentation du avril 2021 a permis d'identifier 23 essais randomisés portant sur
risque de RD de 44 % (HR = 1,44 [IC95 % : 1,06–1,96]) dans la 22 096 patients atteints de DT2, dont certains traités par séma-
première étude [24], tandis que le risque d'aggravation de la RD glutide. Alors que 730 événements liés à une RD ont été
était maximal dans les 6 premiers mois pour décroître ensuite et rapportés (463 sous sémaglutide et 267 dans le groupe témoin),
perdre en significativité statistique dans la deuxième étude le sémaglutide n'était pas associé à un risque accru de RD par
[25]. Le nombre d'événements oculaires était aussi plus élevé rapport aux autres traitements lorsque tous les essais étaient
dans les 6 premiers mois de traitement quelle que soit la combinés (risque relatif [RR] = 1,14 [IC95 % : 0,98–1,33]) [31].
thérapeutique (GLP1-AR ou iDPP4) dans la troisième étude Cependant, l'analyse par sous-groupes conduit à nuancer le
[26]. Toutes ces données plaident à nouveau pour un rôle de résultat global, même si le niveau de preuve reste modeste.
la baisse rapide et précoce de l'HbA1c dans les mécanismes En effet, l'utilisation du sémaglutide était associée à un risque
d'aggravation de la RD [10]. accru de RD de 24 % versus placebo (RR = 1,24 [IC95 % : 1,03–
L'étude observationnelle française AngioSafe n'a pas non 1,50]), tandis qu'un âge  60 ans ou une durée du diabète  10
plus retrouvé d'association entre un traitement par GLP1- ans étaient aussi associés à une majoration du risque rétinien
AR et une RD sévère chez les 3348 premiers patients inclus sous sémaglutide, respectivement RR = 1,27 [IC95 % : 1,02–
(OR = 1,14 [IC95 % : 0,80–1,62] ; p = 0,47) [27]. Quant aux 1,59] et RR = 1,28 [IC95 % : 1,04–1,58]. Ainsi, la prudence
deux méta-analyses récentes, elles concluent également concernant le risque de RD doit rester de mise chez les patients
à l'absence d'augmentation des événements oculaires sous âgés ou ceux au long passé de diabète à l'instauration d'un
GLP1-AR versus placebo [13,28], bien que dans la deuxième traitement par sémaglutide dans l'attente des résultats de
(> 60 études et 60 000 patients), l'incidence des HIV était l'étude FOCUS.
double sous GLP1-AR versus placebo (OR = 1,93 [IC95 % :
1,09–3,42]) [28]. Fortes doses de GLP1-AR
Enfin, deux études ont aussi analysé les effets indésirables des La prescription possible aujourd'hui de plus fortes doses de
GLP1-AR recensés dans les bases de pharmacovigilance amé- GLP1-AR, offrant de meilleurs résultats en termes de contrôle
ricaine (FDA Adverse Event Reporting System) jusqu'en 2017. glycémique et pondéral [32], doit aussi nous rendre vigilant
La première retrouvait une fréquence d'événements rétiniens quant au risque d'aggravation rétinienne, même si nous ne
(n = 114 814) plus basse sous GLP1-AR (2,53/1000) versus disposons pas de telles données dans les études les concernant.
autre antidiabétique (6,62/1000) [29] et la seconde, La réalisation d'une titration chez ces patients devrait limiter la
l'absence de signal défavorable pour l'association RD et normalisation glycémique rapide et permettre d'encadrer la
GLP1-AR [30]. prescription d'un suivi ophtalmologique.

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Pour la pratique
Données expérimentales pas accru chez les patients dont la baisse du taux d'HbA1c
Les données expérimentales issues de l'étude française Angio- était  1 % versus < 1 % à la 12e semaine, résultats à interpréter
Safe n'ont montré aucun effet des GLP1-AR sur l'angiogenèse cependant avec précaution compte tenu du taux d'HbA1c peu
rétinienne [27], et une étude suggère même que le sémaglu- élevé à l'inclusion (8,1  0,9 %) [35].
tide, administré en collyre, réduirait l'activation gliale, les mar- Il est intéressant de mettre en perspective ces résultats avec
queurs de l'inflammation et l'apoptose des cellules rétiniennes ceux de trois études récentes :
versus placebo dans un modèle murin [33].  la première, une méta-analyse concluait aussi à une

réduction de 21 % du risque d'événements oculaires sous


Doubles agonistes GLP1-GIP : une vigilance iSGLT2 (OR = 0,79 [IC95 % : 0,49–1,28]) comparés au
s'imposera lorsqu'ils seront disponibles en placebo [13] ;
France  la deuxième comparait les effets des iSGLT2 sur le risque de RD

Les données issues du programme SURPASS concernant le déve- et sa progression à ceux des iDPP4 chez les patients ayant
loppement du tirzépatide, double agoniste GLP1-GIP (glucose- initié un de ces deux traitements entre 2014 et 2016 à partir
dependent insulinotropic polypeptide), retiennent aujourd'hui des données de l'assurance maladie coréenne. Les nouveaux
toute notre attention [34]. En effet, les résultats sont remarqua- utilisateurs d'iSGLT2 (n = 20 175) avaient une incidence de RD
bles sous tirzépatide 15 mg, aussi bien en termes de contrôle réduite de 11 % comparés à ceux (n = 20 175) sous iDPP4
glycémique, réduction du taux d'HbA1c au-delà de 2 %, que (RR = 0,89 [IC95 % : 0,83–0,97]). En revanche, chez ceux déjà
pondéral, perte > 10 kg. Ses effets indésirables sont principale- atteint de RD, aucune différence n'était observée en termes de
ment digestifs, le plus souvent transitoires, d'une intensité progression de la RD entre initiateurs d'iSGLT2 ou d'iDPP4 [36] ;
modérée, à une fréquence similaire à celle rapportée avec  enfin, la troisième étude, une méta-analyse de neuf essais

les GLP1-AR. Ainsi, lorsqu'il sera disponible en France et si randomisés où étaient comptabilisés 1414 événements ocu-
son coût reste raisonnable, ce traitement d'avenir devrait se laires, dont 624 liés à une RD, parmi les 40 000 patients,
situer en bonne place dans l'algorithme thérapeutique du concluait à l'absence d'augmentation du risque oculaire sous
patient DT2, comme alternative à la mise sous insuline ou chez iSGLT2 (RR = 0,98 [IC95 % : 0,84–1,16]) [37].
des patients éligibles à une chirurgie bariatrique. De très rares Des effets favorables sur l'évolution de l'OMD ont aussi été
événements oculaires ont été observés sous tirzépatide dans les rapportés chez des patients traités par iSGLT2. Dans une commu-
essais SURPASS 1 à 4, mais les patients avec RD et OMD sévère nication au congrès de l'American Diabetes Association (ADA)
étaient exclus de ces études. Ce n'est pas le cas dans SURPASS- en juin 2022 [38], Ishibashi et al. faisaient état d'une diminution
CVOT, cette large étude de phase 3, visant à évaluer la sécurité de la fréquence des IVT ainsi qu'un report de la nécessité de la 1re
cardiovasculaire du tirzépatide versus dulaglutide, intégrant des injection chez des patients DT2 atteints d'OMD sous
patients atteints de RD, et dont nous attendons avec impatience iSGLT2 versus ceux non traités par iSGLT2. Une autre équipe
les résultats. japonaise rapporte aussi, sur très peu de cas certes (n = 3),
Néanmoins, le fort pouvoir d'abaissement des glycémies de ces une amélioration de l'OMD dans les 6 mois suivant l'introduction
nouveaux antidiabétiques ou de leur nouvelle formulation, d'un traitement par iSGLT2. Ces trois patients avaient un contrôle
justifiera des mêmes précautions quant au risque d'aggravation glycémique optimal et qui n'avait pas été modifié par l'intro-
du statut rétinien. En effet, la rapide et très forte baisse des duction d'un iSGLT2 [39]. Ces premiers résultats justifient la
glycémies : 2,5 % d'HbA1c dès la 20e semaine sous tirzépatide réalisation d'études aux effectifs conséquents intégrant des
[34] ou 1,7 % sous sémaglutide 2,4 mg [32] versus 0,3 % mesures répétées de l'épaisseur maculaire.
sous sitagliptine [11] incitera à la prudence dès qu'elles seront Il en est de même des effets prometteurs des iSGLT2 sur les
disponibles en France. stades précoces de la RD suggérés dans des études expérimen-
tales ou précliniques au niveau de preuve encore faible
Inhibiteurs du cotransporteur sodium-
[14,15,40]. Rapportons, cependant, les travaux récents d'une
glucose de type 2 (iSGLT2) : un effet
équipe australienne menés sur un modèle murin. Ils ont montré
protecteur sur la rétine ?
que l'empagliflozine, administrée tôt dans l'histoire de la mala-
Les résultats de l'étude randomisée EMPA-REG OUTCOME où die diabétique, réduirait les anomalies rétiniennes (fuites vas-
22 % des 7020 patients présentaient une RD à l'inclusion sont culaires) et diminuerait l'expression du vascular endothelial
rassurants. En effet, l'empagliflozine, comparé au placebo, growth factor (VEGF) dans la rétine. Ces résultats suggèrent
réduisait – sans atteindre la significativité – le risque oculaire que le traitement par iSGLT2 pourrait être une approche théra-
de 22 % (laser : 31 % ; IVT : 30 % et HIV : 7 %) après un suivi peutique potentielle visant à prévenir le développement de la
de 3,1 ans (HR = 0,78 [IC95 % : 0,54–1,12] ; p = 0,17) [35]. Le RD et/ou de l'OMD en cas d'administration précoce dans le
nombre d'évènements oculaires sous empagliflozine ne s'est processus de la maladie [41].

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Pour la pratique
TABLEAU II
Effets des traitements du DT2 sur la RD, à l'exclusion des sulfamides hypoglycémiants (pas de données solides publiées).

Traitements Efficacité sur la baisse Risque oculaire En pratique


glycémique (d'après [7])
Metformine Pas de surrisque oculaire démontré Suivi OPH habituela
Effet protecteur : résultats contradictoires
(études en cours)
iDPP4 Pas de surrisque oculaire démontré Suivi OPH habituela
Effet protecteur sur les stades précoces
à confirmer
iSGLT2 Bénéfice oculaire à confirmer notamment sur Suivi OPH habituela
l'OMD et aux stades précoces de la RD (effet
neuroprotecteur sur des modèles
expérimentaux)
GLP1-AR risque d'aggravation de la RD liée à la Examen OPH avant instauration du
baisse glycémique rapide induite par le traitement et suivi le cas échéant
traitement Titration de la dose
Pas d'effet démontré sur l'angiogenèse
rétinienne
Doubles agonistes Pas de données sur le risque oculaire à ce A priori, examen OPH avant instauration du
GLP1-GIPb jour (études en cours) traitement

Insuline risque d'aggravation de la RD liée à la Examen OPH avant instauration du


baisse glycémique rapide induite par le traitement et suivi le cas échéant
traitement (démontré chez le DT1)

iDPP4 : inhibiteur de la dipeptidyl peptidase-4 ; iSGLT2 : inhibiteur du cotransporteur sodium-glucose de type 2 ; GLP1-AR : agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 ; GIP :
glucose-dependent insulinotropic polypeptide ; OPH : examen ophtalmologique ; OMD : œdème maculaire diabétique ; RD : rétinopathie diabétique ; DT1 : diabète de type 1.
a
Suivi OPH plus rapproché en cas de longue durée de diabète déséquilibré et/ou en présence d'une RD.
b
Non disponible en France.

Metformine et rétinopathie diabétique : menés in vitro ou sur des modèles de diabète murins, insistent
des résultats contradictoires sur l'effet inhibiteur de la metformine sur la néovascularisation
Nous ne pouvons pas conclure sans évoquer les éventuels effets rétinienne pathologique en réponse à l'ischémie, en particulier
sur les pathologies rétiniennes de la metformine, médicament via ses effets sur le VEGF par réduction de la fonctionnalité du
le plus prescrit pour traiter les patients DT2 pour ses effets récepteur au VEGF (VEGF-R), sur le tumor necrosis factor (TNF)a
glycémiques et d'autres, plus ou moins démontrés, sur certaines et d'autres cytokines. En revanche, la metformine n'a pas mon-
des complications micro- et macro-angiopathiques. Ses effets tré de bénéfice sur certains modèles de souris rendues diabé-
favorables, quoique très débattus, chez des sujets non-diabéti- tiques par un régime très riche en graisses (souris HFD, « high fat
ques, ont aussi été rapportés dans le cadre de certains cancers. diet ») [42], tandis que des données favorables ont été rappor-
Des études cliniques et précliniques suggèrent que la metfor- tées pour des modèles animaux de DMLA, de RP et d'uvéites.
mine pourrait offrir des effets protecteurs dans plusieurs mala- Les études cliniques sont peu nombreuses. Fan et al. ont rap-
dies oculaires au niveau de la rétine et, plus largement, du porté, dans une série rétrospective de 10 094 DT2, une réduction
segment postérieur de l'œil. Ceci est suggéré pour la RD, la de 24 % [IC95 % : 0,68–0,87] de RD non proliférante et de 71 %
dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), la rétinite pig- du risque de RD menaçant la vue. Ce bénéfice était d'autant plus
mentaire (RP), voire le glaucome à angle ouvert, les occlusions significatif que la metformine avait été introduite dans les 3 mois
veineuses rétiniennes et certaines uvéites. Mais, la pathologie la après le diagnostic de diabète et si des iDPP4 y étaient associés.
plus étudiée est la DMLA [42]. En effet, la metformine exerce Néanmoins, cette large base de données pêchait par défaut de
des effets anti-inflammatoires, anti-angiogéniques et antioxy- recueil de plusieurs données essentielles [43]. Dans l'étude
dants démontrés sur la rétine en réponse à divers stress patho- rétrospective de Li et al., portant sur un effectif plus restreint
logiques via son action sur des voies dépendant ou non de (335 sujets DT2), la RD non proliférante et la RDP étaient
l'AMP-activated protein kinase (AMPK). Les nombreux travaux, significativement plus fréquentes en l'absence de traitement
par metformine (OR = 0,34) [44]. D'autres registres plaident

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S. Feldman-Billard, S. Halimi

Pour la pratique
pour une réduction du risque d'occlusion veineuse, tant chez les
Les points essentiels
patients diabétiques que non-diabétiques [42]. Ces travaux
restent toutefois insuffisants pour tirer des conclusions.  Depuis une quinzaine d'années, de nouveaux antidiabétiques ont
Ce sont peut-être deux essais prospectifs qui permettront d'en enrichi l'arsenal thérapeutique du diabète de type 2 (DT2) :
savoir plus quant aux effets protecteurs ou non de la metfor- inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (iDPP4), agonistes des
mine sur le risque de développement de la RD et/ou son récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP1-AR) et inhibiteurs du
aggravation vers des formes sévères chez des sujets DT2. Le cotransporteur sodium-glucose de type 2 (iSGLT2).
premier essai, celui de phase 1 (CORRECT), porte sur différents  Pour les deux derniers, les bénéfices sur le contrôle glycémique, le
traitements du DT2 et l'incidence à 5 ans de la RD, et concerne
poids et la protection cardiorénale ne sont plus à démontrer.
des patients à la durée de diabète inférieure à 5 années et
 L'augmentation d'événements oculaires sous sémaglutide (GLP1-AR)
indemnes de RD à l'inclusion [45]. Le deuxième, l'essai ePREDICE
dans l'étude SUSTAIN-6 a alerté quant au risque d'aggraver la
programme, vise à étudier l'incidence des complications micro-
vasculaires, dont la RD, chez les patients au stade de prédiabète rétinopathie diabétique (RD) avec un GLP1-AR. Mais la majorité des
[46]. Des premiers éléments de réponse sont néanmoins appor- études menées ultérieurement avec les GLP1-AR a rassuré.
 Le tout plaide d'abord pour la responsabilité de l'amélioration
tés par les résultats de l'étude DPP/DPPOS avec le suivi prolongé
(15 années) des patients, à haut risque de diabète à l'inclusion glycémique forte et rapide comme mécanisme d'aggravation précoce
[47]. Dans cette étude, la prévalence de la RD ne différait pas de la RD (déjà suspecté avec d'autres schémas thérapeutiques des
entre les patients traités par metformine au cours du suivi diabétiques de type 1 et DT2, dont la chirurgie bariatrique). Ce
comparés à ceux non exposés à la metformine. mécanisme est probablement seul en cause dans l'étude menée avec
En revanche, la littérature est plus abondante quant aux effets le sémaglutide.
favorables de la metformine sur la DMLA [48].  Cependant, avant l'instauration de traitement par GLP1-AR puissant et,
a fortiori, de nouvelles formulations (fortes doses de GLP1-AR et,
Conclusion demain, double agoniste GLP1-GIP), un examen ophtalmologique
s'impose.
Si la majorité de ces données semble rassurante quant à la
 Il identifiera les sujets relevant d'un suivi oculaire plus étroit, voire
sécurité oculaire des GLP1-AR, et dans l'attente des résultats de
l'étude FOCUS, elles soulignent de façon unanime l'impact de la d'un traitement préventif. Ceci peut inciter à des doses progressives
baisse glycémique rapide et profonde dans la survenue des avec les GLP1-AR les plus puissants.
événements rétiniens, notamment chez les patients au long  Le risque maximal d'aggravation de la RD se situe dans les 6 à
passé de DT2 déséquilibré et atteints de RD. En effet, ce risque, 12 premiers mois après le début du traitement. Un suivi s'impose
connu depuis de nombreuses années, est multiplié par 3 chez donc durant cette période en cas de diabète de longue durée et/ou
ceux dont le taux d'HbA1c est supérieur à 9 % versus 7 %, et mal contrôlé et/ou compliqué de RD, et doit s'intégrer dans une
multiplié par 6 en présence d'une RD avant intensification collaboration étroite entre ophtalmologiste, médecin traitant et/ou
thérapeutique [49].
endocrinologue.
Ainsi, une mise en garde s'impose-t-elle devant l'envolée des  Malgré une moindre puissance hypoglycémiante, les iDPP4 et les
prescriptions de la classe des GLP1-AR par les médecins non
iSGLT2, imposent aussi une surveillance ophtalmologique si
spécialisés en diabétologie (médecins généralistes, cardiolo-
l'hémoglobine glyquée (HbA1c) de départ est très élevée et/ou en
gues, néphrologues, etc.). Chaque praticien doit connaître et
anticiper ce risque d'aggravation rétinienne en encadrant toute cas de RD préexistante.
 On rappelle cependant les bénéfices à long terme d'un contrôle
forme d'intensification thérapeutique forte et rapide d'un exa-
men ophtalmologique assorti d'un suivi rapproché, notamment glycémique optimal sur la progression de la RD, et l'apport global
chez les patients associant DT2 déséquilibré et RD où le risque démontré de ces nouveaux traitements.
oculaire est maximal. Ce message, synthétisé dans le tableau II,
doit être rappelé dans toute formation médicale destinée aux
médecins non spécialistes du diabète.
Déclaration de liens d'intérêts : Sylvie Feldman-Billiard déclare des
Enfin, ce risque d'aggravation rétinienne ne doit pas faire oublier activités de conseil et des conférences sur invitation pour les laboratoires
le bénéfice à long terme apporté par un contrôle glycémique Allergan, Lilly et Novartis.
Serge Halimi déclare avoir reçu des honoraires pour conseils, conférences,
optimal, et ces nouvelles thérapeutiques y contribuent large- déplacements et/ou hébergements à but professionnel de : AstraZeneca,
ment. Leur action à visée neuroprotectrice, soulignée par plu- Bayer Pharma, Boehringer Ingelheim, Becton Dickinson (BD), Janssen, Eli Lilly,
sieurs études, mérite d'être approfondie. Elle pourrait bénéficier LifeScan, Merck Sharp & Dohme (MSD), MSD Vaccins, Novartis, Novo Nordisk.
Sanofi, Takeda.
aux patients atteints de stades précoces de RD, mais aussi dans
d'autres pathologies oculaires, telles que le glaucome.

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Med Mal Metab 2022; 16: 713–722

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