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La cause du diabète dicte


le traitement

Le spectre de la diabétologie Dr méd. Mirjam Dirlewanger, Dr méd. Philippe Klee,


Dr méd. Valérie M. Schwitzgebel*
pédiatrique (0–16 ans) est plus
vaste qu’il ne paraît. Le diabète
Les diverses formes de diabètes les autoanticorps anti-insuline, anti-îlots,
sucré regroupe plusieurs mala- anti-Glutamic Acid Decarboxylase
Le diabète est défini par une glycémie (GAD) et anti-Islet Antigen-2 (IA2) sont
dies métaboliques caractérisées à jeun ≥ à 7 mmol/l ou une glycémie négatifs ou si d’autres pathologies sont
par une hyperglycémie chroni- > 11,1 mmol/l à n’importe quel moment associées. Une surdité, une atrophie du
de la journée mesurée au moins à 2 repri- nerf optique doivent faire penser à un di-
que résultant d’un déficit de la ses. Selon l’American Diabetes Associa- abète d’origine mitochondrial de trans-
tion, les diabètes peuvent être classés en mission maternelle. En cas de résistance
sécrétion d’insuline et/ou de son 4 catégories (tableau 1). Soit en DT1 lié à marquée à l’insuline, ou en cas de besoin
action. Chez plus de 90 pour- une destruction des cellules β par un pro- minime voir nul en dehors de la période
cessus autoimmun (type 1A) ou idio- de rémission partielle (> 3 ans) avec un
cent des patients diabétiques il pathique (type 1B), en DT2 induit par C-peptide résiduel, ou dans le cas d’ex-
une résistance périphérique à l’insuline position à des médicaments connus pour
s’agit d’un diabète de type 1 et par une perte des cellules β fonction- être toxiques pour la cellule β (cyclospo-
(DT1) et dans moins de 10 pour- nelles, en diabète gestationnel et finale- rine, tacrolimus, L-asparaginase), le dia-
ment les formes liées à des déficits géné- gnostic de DT1 doit être revu.
cent des cas d’un diabète de tiques ou des lésions pancréatiques
secondaires. Le DT1 et le DT2 ont une Diabète de type 1
type 2 (DT2) (1). Mais il existe origine polygénique. Le DT1 se manifeste typiquement avec
aussi des diabètes monogéni- Il est important de faire la différence une polyurie et polydipsie d’une manière
entre ces diverses formes de diabètes aigüe (tableau 2). Pour le DT1, l’associa-
ques, comme les diabètes (tableau 2), car les implications thérapeu- tion génétique la plus puissante a été
tiques et l’évolution à long terme sont faite avec les molécules HLA DR (HLA
MODY (Maturity Onset Diabetes très différentes. L’origine génétique peut DR3–DQ2 et DR4–DQ8), codée par des
of the Young) ou les diabètes avoir des implications pour d’autres gènes du chromosome 6. Au Colorado,
membres de la famille et nécessiter un 2 pour-cent des nouveaux-nés sont hété-
néonataux, liés le plus fréquem- conseil génétique (2). rozygotes DR3/DR4, alors que chez les
Cependant, tout enfant qui se présente enfants avec un DT1 ce chiffre augmente
ment à une dysfonction de la avec une hyperglycémie à jeun, une cé- à 30 pour-cent. Les autres principaux gè-
cellule bêta pancréatique. Le but tose et des troubles métaboliques devra nes décrits et associés au DT1 sont ac-
être traité initialement par de l’insuline. tuellement au-delà de 7 (1).
de cet article est de décrire ces Un diabète autre que le DT1 devra être Dans la population générale le risque
évoqué, si l’anamnèse familiale est forte- moyen de développer un diabète est de
diabètes «non classiques» et les ment positive avec un pattern de trans- 0,5 pour-cent, si la mère est atteinte
situations dans lesquelles ils doi- mission autosomique dominante, si le di- le risque pour l’enfant augmente à 1–
abète se déclare avant l’âge de 6 mois, si 4 pour-cent et si le père est atteint le ris-
vent être suspectés. que augmente à 4–8 pour cent. Pour les
*Unité d’Endocrinologie et Diabétologie Pédiatriques jumeaux monozygotes le risque est de
Département de l’enfant et de l’adolescent l’ordre de 30–50 pour-cent (3). L’insuli-
Hôpital des Enfants nothérapie est le seul traitement pour le
Hôpitaux Universitaires de Genève DT1.

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Diabète de type 2 Figure 1: Le couplage glycé-


mie - sécrétion d’insuline
De forts liens entre la susceptibilité au L’augmentation de la glycé-
DT2 et 11 régions génomiques ont été mie entraîne une entrée de
démontrés (4). Le gène TCF7L2 (Trans- glucose par le transporteur
du glucose GLUT2. La glu-
cription factor7 like 2), le gène PPAR-γ cokinase phosphoryle le glu-
(Peroxisomal Proliferator-Activated Re- cose cytoplasmique et initie
ceptor-γ) et le gène KCNJ11 codant pour sa métabolisation, qui, par
la sous unité Kir6.2 du canal potassique le biais de la mitochondrie,
mène à une synthèse d’ATP.
régulant la sécrétion d’insuline ont été le Le transfert de l’ATP de la
plus fréquemment décrits (Figure 1). Le mitochondrie vers le cytosol
gène TCF7L2 est exprimé dans les cellu- augmente le ratio ATP/
les β et la sécrétion d’insuline est dimi- ADP qui est responsable de
la fermeture du canal potas-
nuée chez les patients porteurs des allèles sique ATP-dépendant, qui
à risque. De récentes données montrent lui-même est composé des protéines Kir6.2 et SUR1. Ceci induit une dépolarisation de la cellule bêta ce
que ces patients répondent mieux au trai- qui permet l’entrée de calcium dans le cytoplasme pour finalement induire l’exocytose des granules d’in-
tement antidiabétique oral par sulfonylu- suline. Tous les gènes impliqués dans les MODYs, hormis la glucokinase, sont des facteurs de transcrip-
tion localisés au niveau du noyau de la cellule bêta.
rée que par metformine (5). Des varian- MODY: Maturity Onset Diabetes of the Young. DN: Diabète néonatal. HNF: Hepatocyte Nuclear Fac-
tes génomiques peuvent donc altérer la tor. IPF1: Insulin Promoting Factor 1/Pdx1: Pancreatic duodenal homeobox factor 1. TCF2: Transcrip-
réponse au traitement et la pharmacogé- tion factor 2. SUR1: Sulfonylurea Receptor 1. Kir6.2: K+ inward rectifier 6.2.
nétique a beaucoup misé sur le dévelop-
pement de ces traitements. Les deux au- tations du Hepatocyte Nuclear Factor1α hyperglycémies progressives avec un dia-
tres gènes sont déjà la cible de deux (HNF1α), un facteur de transcription ex- bète généralement diagnostiqué à l’ado-
classes de médicaments connus, les thia- primé dans le foie, le pancréas et le sys- lescence ou chez le jeune adulte. Une
zolidinediones et les sulfonylurées. tème digestif. Ces mutations entraînent glucosurie est souvent présente en raison
une dysfonction dans le métabolisme du d’un seuil rénal abaissé.
Diabètes monogéniques glucose dans la cellule β. A jeun les gly- Un traitement pharmacologique doit
cémies sont souvent normales, mais au souvent être introduit, d’autant plus que
Les diabètes monogéniques regroupent test d’hyperglycémie orale provoquée ces patients développent d’importantes
les diabètes MODY et les diabètes néo- l’augmentation de la glycémie entre la complications micro- et macrovasculaires
nataux. En cas de diabète familial avec valeur basale et au pic est importante et au long terme. Le premier traitement à
des hyperglycémies modérées un MODY est souvent de plus de 5 mmol/L. Les proposer est un sulfonylurée, auquel ces
doit être évoqué et si le diabète se déclare mutations du HNF1α provoquent des patients sont très sensibles, probable-
avant l’âge de 6 mois, un diabète néona-
tal doit être recherché. Tableau 1: Classification des différentes formes de diabète

Les diabètes MODY 1. Diabète Type 1


Les MODY sont un groupe hétérogène – Type 1A Destruction cellules β autoimmune (A)
de diabètes non cétosiques (6) (tableau 3). – Type 1B Idiopathique (B)
Ces patients sont initialement souvent
diagnostiqués comme ayant un DT2. Les 2. Diabète Type 2 Résistance à l’insuline et/ou perte cellule β
critères diagnostics pour un MODY sont fonctionnelle
3. Diabète gestationnel Apparition durant la grossesse
une transmission autosomique domi-
4. Autres types spécifiques
nante avec 2 à 3 générations atteintes, un
– Déficit génétique de la fonction de Diabètes MODY
diabète apparaissant avant l’âge de 25– la cellule β Diabètes néonataux
30 ans et ayant une origine monogénique Diabètes mitochondriaux
entraînant une dysfonction de la cellule – Déficit génétique dans l’action de Resistance à l’insuline type A, avec acanthosis nigricans
β. Actuellement, sept formes de MODY l’insuline Lépréchaunisme (mutation du récepteur à l’insuline)
avec un déficit génétique spécifique ont Diabète lipoatrophique
été identifiées. Ces gènes codent soit Mucoviscidose, pancréatite
pour des facteurs de transcription, des S. de cushing, acromégalie, phéochromocytome
protéines nécessaires pour l’initiation de – Atteinte du pancréas exocrine Cyclosporine, Tacrolimus, L-Asparaginase
la transcription, ou des enzymes (figure 1). – Endocrinopathies CMV, rubéole congénitale
– Médicaments/Drogues
En ordre de prévalence ils sont:
– Infections
Le MODY3 est la forme la plus fré-
quente et représente environ 58 pour- Adapté selon M. E. Craig et al. ISPAD consensus guidelines 2006–2007 (3).
cent des cas (7). Il est causé par des mu-

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pancréas et ses mutations atteignent le


développement du pancréas, qui est sou-
vent hypoplasique (7). Un déficit subcli-
nique de la fonction exocrine est souvent
associé. Une insulinothérapie est néces-
saire dans environ 67 pour-cent des cas.
Des mutations dans le gène Neurogenic
Differentiation factor1 (NeuroD1)
(MODY6) et le gène de la Carboxyl
Ester Lipase (CEL) (MODY7) ont été
Figure 2: Relations entre les mutations de Kir6.2 et les manifestations cliniques
Toutes les mutations de la protéine Kir6.2 affectent la capacité de l’ATP à fermer le canal potassique
identifiées, mais ces formes sont très
ATP-dépendant. En fonction de la localisation de la mutation, la sensibilité du canal à l’ATP est altérée rares.
de manière plus ou moins importante. Plus la sensibilité du canal est altérée, plus la manifestation clini- En résumé le diagnostic génétique est
que sera sévère. Des mutations de Kir6.2 sont également associées au diabète de type 2 et à certains important pour une prise en charge opti-
MODYs. Modifié d’après Hattersley AT et al. (11).
male, car les patients avec un MODY3 ou
un MODY1 sont sensibles à de petites
ment dû au fait que le déficit en HNF1α Factor1 (IPF1)/Pancreatic duodenal ho- doses de sulfonylurées alors que ceux
se situe en amont du canal potassique (fi- meobox factor 1 (Pdx1) fixe le promoteur avec un MODY2 ne requièrent générale-
gure 1). Une insulinothérapie sera tout de du gène de l’insuline et de la glucokinase, ment pas de traitement pharmacologique
même nécessaire dans 31 pour-cent des deux gènes spécifiques du pancréas qui (7). Hormis le MODY2, les autres for-
cas. sont impliqués dans l’homéostasie du mes présentent souvent une péjoration
Le MODY2 qui constitue 22 pour-cent glucose. Les mutations hétérozygotes progressive avec des complications au
de tous les cas de MODY est le moins entraînent un MODY alors que les muta- long terme.
sévère et résulte d’une mutation de la tions homozygotes engendrent une agé-
glucokinase (GCK) (7). Les mutations de nésie du pancréas avec un diabète néo- Les diabètes néonataux
la GCK provoquent des hyperglycémies natal (9, 10). Tout diabète diagnostiqué durant les 3–
à jeun modérées (5,5–8 mmol/l), l’HbA1c Le MODY5 est dû à une mutation du 6 premiers mois de vie est appelé diabète
est typiquement normale ou juste au-des- Hepatocyte Nuclear factor1β (HNF1β). néonatal (2). Cette forme constitue envi-
sus de la limite. Un des parents a généra- Ces patients se présentent non seulement ron 1 pour-cent de tous les diabètes chez
lement aussi une hyperglycémie à jeun avec un diabète, mais la plupart du temps l’enfant.
modérée qui est souvent méconnue. Ces aussi avec une atteinte rénale (kystes, Il se manifeste en général par une hyper-
patients ne nécessitent en principe pas de dysplasie), des malformations génitales, glycémie symptomatique (médiane
traitement et ils répondent mal aux hypo- une hyperuricémie et des perturbations 33,5mmol/l), associée à une acidocétose
glycémiants oraux et à l’insuline. Il s’agit des tests hépatiques. L’HNF1β est ex- chez des enfants dont la majorité a un
d’un déficit du «sensing» du glucose et si primé dans les cellules précurseurs du poids de naissance inférieur au percentile
l’on administre de l’insuline exogène à
ces patients, leur sécrétion endogène va Tableau 2: Caractéristiques cliniques du diabète type 1, type 2 et monogénique chez
diminuer, sans effet au final sur la glycé- l’enfant et l’adolescent
mie.
Chez les MODY2, l’identification de la Caractéristiques Diabète Type 1 Diabète Type 2 Monogénique
mutation permet d’arrêter l’insuline et Génétique Polygénique Polygénique Monogénique
les autocontrôles systématiques. La ré- Age diagnostic Durant l’enfance avec Fréquemment à la Postpubère sauf pour
pics en âge prescolaire puberté MODY 2 et diabète
duction des frais annuels surpasse alors
et prépubère néonatal
au long terme largement les frais de
Fréquence parmi tous > 90% < 10%, sauf Japon ≈ 1–3%
l’analyse génétique (8). les diabètes de l’enfant
Le MODY1 est induit par des mutations Début Aigüe, rapide Variable, mais souvent Variable
du facteur de transcription Hepatocyte insidieux
Nuclear Factor4α (HNF4α). Il est quant Autoimmunité Positive pour Type 1A Négative Négative
à lui plus rare, mais engendre un diabète Cétose Fréquente Rare Rare sauf diabète
similaire au MODY3. Le facteur HNF4α néonatal
est en partie responsable de l’activation Obésité Rare Fréquent Rare
du promoteur du gène de l’insuline et Anamnèse familiale: 2–4% 80% 90%
lorsqu’il est muté entraîne une réduction % qui ont un parent
avec un diabète
significative de son activité. Ces patients
sont sensibles aux sulfonylurées.
Adapté selon M. E. Craig et al. ISPAD Consensus guidelines 2006–2007 [3].
Dans le MODY4, l’Insulin Promotor

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Tableau 3: Classification des diabètes MODY (Maturity onset diabetes of the young) par une symptomatologie neurologique,
tels qu’un retard du développement mo-
Types de MODY Gènes Age moyen au Clinique Traitement teur, ou des crises d’épilepsie. Ces mani-
diagnostic Glycémie moyenne festations sont regroupées sous le nom de
au diagnostic
«DEND syndrome» (Developmental de-
MODY 1 HNF4α1 17 ans 15 mmol/L SU2, puis insuline
lay, Epilepsy and Neonatal Diabetes),
5% Hyperglycémie
progressive une association qui s’explique par l’ex-
Seuil rénal normal pression de Kir6.2 dans le système ner-
MODY 2 GCK3 10 ans 11 mmol/L Aucun veux central. Finalement, il est égale-
22% Faible détérioration ment intéressant à constater que
de la glycémie avec l’âge certaines de ces mutations sont associées
MODY 3 HNF1α1 14 ans 17 mmol/L SU2, puis insuline statistiquement au diabète de type 2.
58% Hyperglycémie Le traitement des diabètes néonataux dûs
progressive à une mutation de Kir6.2 est basé sur
Glucosurie avec seuil l’utilisation de sulfonylurées. Cette fa-
rénal abaissé
mille de médicaments reste efficace car
MODY 4 IPF14/Pdx1 Très rare Hétérozygote: MODY Hypoglycémiant
les mutations responsables de la perte de
< 1% Homozygote: oral, puis insuline
agénésie pancréas sensibilité à l’ATP ne touchent pas le site
MODY 5 HNF1β1/TCF25 Kyste ou dysplasie Insuline de liaison des sulfonylurées (11). Au vu
2% rénale. Anomalies de la grande proportion de diabètes néo-
génitales et de la nataux dus à une mutation de la protéine
fonction hépatique. Kir6.2 ainsi qu’aux implications théra-
Pancréas de petite peutiques, il est indispensable de réaliser
taille et déficit exocrine une analyse génétique à la recherche
MODY 6 NeuroD16 Très rare Insuline d’une telle mutation. Celle-ci est d’au-
< 1% tant plus importante parce que les sulfo-
MODY 7 CEL7 Très rare Insuline plus
nylurées peuvent également diminuer les
< 2% ? enzymes
manifestations neurologiques (12). Reste
pancréatiques?
à mentionner que ce traitement se fait
Adapté selon A. Hattersley et al. (7) dans le cadre de protocoles de recherche,
1
HNF: Hepatocyte Nuclear Factor; 2SU: Sulfonylurée, antidiabétique oral; 3GCK: Glucokinase; 4IPF1: Insulin car les sulfonylurées ne sont pas admis
Promotor Factor1; 5TCF2: Transcription Factor2; 6NeuroD1: Neurogenic Differentiation factor1; 7CEL: Car- pour l’utilisation à l’âge pédiatrique.
boxyl Ester Lipase Dans environ 50 pour-cent des cas, le di-
abète néonatal est transitoire (TNDM)
et disparaît spontanément au maximum à
10. Ceci est probablement dû à une pro- permet l’entrée de calcium par les canaux 15 mois, avec des besoins en insuline du-
duction d’insuline – un facteur de crois- calciques pour finalement induire l’exo- rant 12 semaines environ (13). Dans ces
sance majeur – insuffisante in utero. La cytose des granules d’insuline (figure 1). cas, l’étiologie est le plus fréquemment
prise en charge initiale consiste toujours Toutes les mutations connues de Kir6.2 une anomalie de méthylation des gènes
en une insulinothérapie qui peut par la affectent la capacité de l’ATP à fermer le ZAC et HYAMI, situés dans la région
suite être modifiée, en fonction de l’étio- canal (perte de fonction). Le résultat est 6q24 (13). En effet, un TNDM se déve-
logie de la maladie (voir ci-dessous) (11). une absence de dépolarisation de la cel- loppe lorsque le patient hérite de 2 co-
Parmi les diabètes néonataux, la distinc- lule β qui interrompt le couplage entre la pies paternelles de cette région. Le trai-
tion entre diabète permanent (Perma- glycémie et la sécrétion d’insuline. Les tement de ce type de diabète consiste en
nent Neonatal Diabetes Mellitus- mutations de Kir6.2 apparaissent en gé- une insulinothérapie transitoire et en une
PNDM) et diabète transitoire (Transient néral de novo dans les familles et affec- surveillance à long terme, puisqu’il a été
Neonatal Diabetes Mellitus-TNDM) tent la fonction du canal potassique de démontré qu’un diabète réapparaît dans
peut être faite. manière plus ou moins sévère. On ob- environ 50 pour-cent des cas entre 4 et
La majorité des PNDM sont dûs à une serve ainsi une excellente corrélation 25 ans, en général sous forme d’un dia-
mutation hétérozygote de Kir6.2, une entre l’altération de la sensibilité du ca- bète ressemblant à un DT2 (13).
sous-unité du canal potassique ATP-dé- nal à l’ATP et la manifestation clinique Des cas plus rares de diabètes néonataux
pendant exprimée dans la cellule β (11). (figure 2). Certaines mutations, n’affec- ont été décrits: La mutation du récepteur
Ce canal se ferme en réponse à une aug- tant que peu la fonction du canal, sont as- aux sulfonylurées (SUR1) qui, ensemble
mentation du ratio ATP/ADP cytoplas- sociées à un TNDM, alors que d’autres avec la protéine Kir6.2, forme le canal
mique induite par une augmentation de induisent un PNDM. Certaines muta- potassique ATP-dépendant (figure 1) est
la glycémie. La dépolarisation résultante tions plus sévères se manifestent en outre responsable d’un TNDM dans 62 pour-

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Tableau 4: Principaux types de diabètes néonataux, les gènes impliqués, les anomalies auto-immune. Des anticorps anti-GAD,
associées et le traitement anti-insuline, anti-îlots et anti-thyroï-
diens sont fréquemment retrouvés. Un
Gène impliqué Type de Diabète Anomalies associées Traitement traitement par immunosuppression ou
KCNJ11 (Kir6.2) Permanent > Transitoire +/- Syndrome «DEND» Sulfonylurées
greffe de moelle osseuse a été tenté chez
ABCC8 (SUR1) Transitoire > Permanent Non Sulfonylurées
les rares patients porteurs de cette muta-
Insuline Permanent Non Insuline
Anomalie de Transitoire Macroglossie Insuline tion. La mutation du gène PTF1A, un
méthylation de ZAC gène essentiel au développement pancré-
et HYAMI atique et également exprimé dans les cel-
Glucokinase Permanent Non Insuline lules pancréatiques acinaires adultes,
PDX1/IPF1 Permanent Non Insuline et enzymes mène à une forme de diabète néonatal as-
pancréatiques sociée à une hypoplasie cérébelleuse.
EIF2AK3 Syndrome de Wolcott- Dysplasie spondylo- Insuline Tous les enfants atteints de cette muta-
Rallison Permanent épiphysaire hépato- tion sont décédés suite à une insuffisance
mégalie, retard mental, respiratoire liée aux anomalies du sys-
insuffisance rénale
tème nerveux central. Finalement, la mu-
FOXP3 Syndrome IPEX Diarrhées, dermatite Immunosuppression
tation du gène HNF1β (MODY5) impli-
Permanent atopique, anémie hémo- Greffe de moelle
lytique, thrombocytopénie, épinière qué dans le développement du pancréas,
hypothyroïdie peut également être impliqué dans un
PTF1A Permanent Hypoplasie cérébelleuse Insuline et enzymes PNDM ou TNDM.
pancréatiques
HNF-1β Permanent ou transitoire Anomalies rénales et Insuline Conclusion
génitales
L’avancée de la génétique moléculaire a
permis d’identifier de nombreux gènes
cent des cas et d’un PNDM dans 14 pour- paraissant dès le premier jour de vie. Ce associés à diverses classes de diabète. Les
cent des cas. SUR1 étant un constituant diabète est associé à une insuffisance pan- analyses génétiques peuvent maintenant
du canal potassique, la majorité des pa- créatique exocrine. Son traitement con- être utilisés comme des outils diagnostics
tients présentant un PNDM répond à un siste en une insulinothérapie et en une et déterminent le traitement optimal.
traitement par sulfonylurées, à une dose substitution des enzymes pancréatiques. Ces analyses sont cependant onéreuses et
en général inférieure à celle utilisée pour Lorsque d’autres anomalies sont asso- devraient être limitées à ceux dont la cli-
les mutations de la protéine Kir6.2 (14). ciées à un diabète néonatal, des causes nique est fortement suggestive et les cri-
Plus récemment des mutations dans le monogéniques encore plus rares sont à tères diagnostics pleinement remplis. 
gène de l’insuline lui-même ont été rechercher. Le syndrome de Wolcott-
associées au diabète néonatal et seraient Rallison est une maladie autosomique Adresse de correspondance:
responsables de 20 pour-cent de PNDM récessive due à une mutation d’un facteur Dr méd. Mirjam Dirlewanger
(15). Ces patients devraient être traités régulateur de la synthèse protéique Unité d’endocrinologie et diabétologie pédiatriques
par de l’insuline. EIF2AK3. Il consiste en un diabète néo- Département de l’enfant et de l’adolescent
Hôpitaux Universitaires de Genève
Alors que les diabètes décrits ci-dessus natal associé à une dysplasie spondylo-
Rue Willy Donzé 6, 1211 Genève 14
apparaissent en général de novo, il con- épiphysaire, une hépatomégalie, un re-
Tél. 022-372 45 90
vient de suspecter d’autres causes de dia- tard mental et une insuffisance rénale Fax 022-382 45 88
bète lorsque les parents de l’enfant pré- [16]. La mutation du gène FOXP3 qui E-Mail: mirjam.dirlewanger@hcuge.ch
sentent également un diabète ou une code pour une protéine essentielle à l’ho-
intolérance au glucose. Une mutation méostasie du système immun est respon- Littérature: sur demande.
homozygote ou hétérozygote composite sable d’un syndrome appelé «Immune
(deux mutations différentes sur le même dysregulation, polyendocrinopathy, en-
gène) de la glucokinase (figure 1) engen- teropathy, X-Linked syndrome» (IPEX).
dre un retard de croissance intra-utérin Ce syndrome lié à l’X associe un diabète
et un diabète dès le premier jour de vie. néonatal à des diarrhées dues à une atro-
Le traitement consiste en une insulin- phie villeuse de l’intestin grêle, ainsi qu’à
othérapie à vie. Une inactivation com- une mauvaise prise pondérale et quelque-
plète des deux copies du gène IPF1/Pdx1 fois à une dermatite atopique, une ané-
(figure 1), soit par une mutation homozy- mie hémolytique, une thrombocytopénie
gote (10) ou hétérozygote composite (9), et une hypothyroïdie. Il s’agit probable-
mène à une agénésie complète du pan- ment de la seule condition menant à un
créas et à un diabète néonatal sévère ap- diabète avant six mois qui est d’origine

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Zusammenfassung
Diabetes bei Kindern und Jugendlichen: Die (genetische) Ursache beeinflusst die Therapie
Dr. Mirjam Dirlewanger, Dr. Philippe Klee, Dr. Valérie Schwitzgebel

Die Autoren geben in ihrem Bericht einen Überblick über die neue Klassifika- • Relativ selten.
tion des Diabetes mellitus bei Kindern und Jugendlichen, die Genetik der ver- • Führt ähnlich wie MODY 3 zu einer deutlich progredienten Hyperglykämie;
schiedenen Diabetesformen und ihre Bedeutung für Verlauf und Therapie. Dem- im weiteren Verlauf sind typische Diabeteskomplikationen möglich.
nach leiden mehr als 90 Prozent der jugendlichen Diabeteskranken unter • Patienten sprechen auf Sulfonylharnstoffpräparate an (geringe Dosen, da
einem Typ-1-Diabetes, der durch eine autoimmune (Typ 1A) oder idiopathische hohe Suszeptibilität).
(Typ 1B) Zerstörung der pankreatischen Betazellen gekennzeichnet ist. Nur 10
Prozent sind von Typ 2-Diabetes betroffen. Diese häufigste Diabetesform wird MODY 4:
durch eine Kombination von peripherer Insulinresistenz und relativem Insulin- • Mutationen in zwei spezifischen Pankreasgenen (Insulin Promotor Factor
mangel (durch den Verlust funktioneller Betazellen) induziert. Erkenntnisse über (IPF-)1/Pancreatic duodenal homeobox factor 1 (Pdx1)), die an der Glukose-
genetische Variationen der Diabetesgene haben darüber hinaus zur Unterschei- Homeostase beteiligt sind.
dung weiterer Diabetesformen geführt (Typ-3-Diabetes; MODY-Diabetes), die • Heterozygote Mutationen erhöhen das Diabetesrisiko; homozygote Mutatio-
durch monogenetische Defekte mit autosomal-dominantem Vererbungsmuster nen führen zu einer Pankreasagenesie mit neonatalem Diabetes.
ausgelöst werden und teilweise milde Verlaufsformen aufweisen. Der Gesta- • Äusserst selten.
tionsdiabetes stellt schliesslich die vierte Diabetesvariante dar.
MODY 5:
Genetische Besonderheiten und therapeutische Konsequenzen • Mutation des Transkriptionsfaktors Hepatocyte Nuclear Factor (HNF-)1β
Auffallend ist beim Typ 1-Diabetes, dass – neben anderen betroffenen Gen- • HNF-1β wird in den Vorläuferzellen des Pankreas exprimiert und reguliert
regionen – Variationen der HLA-DR-Region auf dem Chromosom 6 einen be- die HNF-4α Gen-Transkription.
sonders grossen Einfluss auf das Erkrankungsrisiko haben, was die familiäre • MODY 5 führt zu ähnlichen Effekten wir MODY 1 und 3; häufig weisen diese
Häufung (40%) dieser Diabetesform erklärt. Die Insulintherapie ist hier die ein- Patienten jedoch auch Nierendefekte (Zysten, Dysplasien) sowie genitale
zig mögliche Behandlung. Fehlbildungen und eine Hyperurikämie auf.
Auch beim Typ-2-Diabetes sind mehrere Gene von Veränderungen betroffen. In • Äusserst selten.
elf verschiedenen genetischen Regionen konnten Genvarianten identifiziert • In den meisten Fällen ist eine Insulintherapie erforderlich.
werden, die mit einem erhöhten Risiko für Typ-2-Diabetes in Verbindung ge-
bracht werden. Dazu gehören genetische Varianten des Transkriptionsfaktors MODY 6 und MODY 7
TCF7L2, des mit Insulinsensitivität assoziierten Gens für den Transkriptionsfak- • Extrem seltene Mutationen im Neurogenic Differentiation Factor (NeuroD1)
tor PPAR-γ oder des Gens KCNJ11, das für die Untereinheit des stoffwechsel- (MODY 6) beziehungsweise im Gen der Carboxyl Ester Lipase (CEL) (MODY 7).
gesteuerten Kaliumkanals KIR 6.2 codiert. Neuere Erkenntnisse haben gezeigt,
dass beispielsweise Patienten mit genetischen Varianten des TCF7L2 besser Der neonatale Diabetes
auf eine Therapie mit Sulfonylharnstoffen ansprechen als auf Metformin. Jeder Diabetes mellitus, der in den ersten 3 bis 6 Lebensmonaten eines Kindes
Zu den monogenetischen Diabetesformen gehören MODY (Maturity Onset Dia- diagnostiziert wird, wird als neonataler Diabetes bezeichnet. Charakteristisch
betes of the Young) sowie die neonatalen Diabetestypen. 2 bis 5 Prozent aller ist eine symptomatische Hyperglykämie (ca. 33,5 mmol/l), die mit einer Keto-
Diabetespatienten sind von einer MODY-Variante betroffen. Bisher sind sieben azidose einhergeht. Auffallend ist das geringe Geburtsgewicht der Kinder, was
MODY-Typen beschrieben worden, denen Mutationen in verschiedenen, für den wahrscheinlich auf eine unzureichende Insulinproduktion in utero zurückzufüh-
Glukosestoffwechsel relevanten Genen zugrunde liegen und die sich in ihrem ren ist. Primär ist eine Insulintherapie erforderlich.
klinischen Verlauf und der Pathogenese unterscheiden. Beim neonatalen Diabetes wird zwischen einer permanenten (Permanent Neo-
natal Diabetes Mellitus – PNDM) und einer vorübergehenden (Transient Neona-
MODY 3: tal Diabetes Mellitus – TNDM) Form unterschieden. Die meisten PNDM-Formen
• Mutation im Gen des Transkriptionsfaktors Hepatocyte Nuclear Factor (HNF-)1α. sind auf heterozygote Mutationen des stoffwechselgesteuerten KIR6.2-Kalium-
• Häufigste Form (60 Prozent der Patienten). kanals zurückzuführen, die einen mehr oder weniger gravierenden Funktions-
• Manifestation meist im frühen Erwachsenenalter. verlust des Ionenkanals bewirken. So gehen schwerwiegende Mutationen nicht
• Ähnlich dem Typ-2-Diabetes führt die MODY-3-Form zu progressiver Hyper- nur mit Diabetes, sondern gleichzeitig auch mit neurologischen Störungen, dem
glykämie durch zunehmenden Insulinsekretionsdefekt. Viele Patienten sogenannten DEND-Syndrom (Developmental delay, Epilepsy, Neonatal Diabe-
entwickeln einen schweren Diabetes mit den (auch bei Typ-2-Diabetes) tes), einher. In solchen Fällen hat sich der Einsatz von Sulfonylharnstoffen be-
üblichen diabetischen Komplikationen und Spätschäden. währt. Die Autoren weisen allerdings darauf hin, dass bei neonatalem Diabetes
• Bei Kindern findet sich häufig eine Glukosurie. unbedingt eine genaue genetische Analyse erforderlich ist, um die vorliegende
• Therapie: Erstbehandlung mit Sulfonylharnstoffen (geringe Dosen, da hohe Mutation zu charakterisieren, da sich daraus Auswirkungen auf Prognose und
Suszeptibilität); in 30 Prozent der Fälle wird dennoch Insulin benötigt. Therapie der Erkrankung ergeben.
In 50 Prozent der Fälle ist der neonatale Diabetes vorübergehender Natur
MODY 2: (TNDM) und verschwindet spontan nach spätestens 15 Monaten. Die Behand-
• Mutation im Gen der Glukokinase. Das Enzym ist für die Phosphorylierung lung besteht in solchen Fällen in einer vorübergehenden Insulingabe und einer
der Glukose in der Leber und den Betazellen des Pankreas verantwortlich. sorgfältigen Langzeitkontrolle, da die Hälfte dieser Patienten zwischen 4 und
Die reduzierte Enzymaktivität führt nur zu moderaten Hyperglykämien 25 Jahren erfahrungsgemäss erneut einen Diabetes mellitus (vergleichbar ei-
(5,5–8 mmol/l). nem Typ-2-Diabetes) entwickelt.
• Findet sich bei etwa 22 Prozent der Patienten.
• Erkrankung manifestiert sich häufig bereits im Kindesalter. Der Bericht zeigt, dass die Entschlüsselung der Diabetesgene in gewissen
• Therapie in der Regel nicht erforderlich. Grenzfällen Diagnostik und Therapie optimieren und so zur Reduktion des indi-
viduellen Risikos beitragen kann.
MODY 1:
• Mutationen im Transkriptionsfaktor Hepatocyte Nuclear Factor (HFN-)4α. CR
• HFN-4α steuert die Expression metabolisch wichtiger Enzyme der Betazellen.

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