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Le diabète
en odontologie
Le diabète est une pathologie très fréquente qui ne cesse décrits selon leur étiologie : le type 1 est la conséquence de la
de croître dans les pays développés et en voie de dévelop- destruction auto-immune ou idiopathique des cellules β des
îlots de Langerhans du pancréas ; le type 2 se caractérise par
pement. Bien que diverses complications orales liées au
une résistance à l’insuline qui peut évoluer en une déficience
diabète, dont au premier rang les parodontites, sont de sa production par atteinte secondaire des cellules de
connues, les patients en sont rarement informés. Ceci est Langerhans. Enfin, il faut évoquer le diabète gestationnel qui
lié, avant tout, à un défaut de connaissances du corps se manifeste par une intolérance au glucose pendant la gros-
médical de ces affections orales. Les chirurgiens-dentistes sesse. Le diagnostic du diabète est réalisé par une glycémie à
jeun (암 12 heures de jeûne) supérieure ou égale à 140 mg/dl.
doivent donc s’investir pour dépister, informer et traiter
Le diabète de type 2 est la forme clinique la plus prévalente,
de façon adéquate ces patients1. Dans cet article, nous affectant 90 % de la population mondiale. Actuellement, le
allons brièvement revoir les manifestations orales du dia- nombre d’adultes atteints de diabète (type 1 et type 2) est estimé
bète permettant d’adapter notre prise en charge. à 366 millions en 2011 et ce chiffre devrait croître jusqu’à
atteindre 552 millions en 2030. Cette pathologie concerne majo-
ritairement les pays développés, mais la croissance est atten-
Le diabète due au niveau des pays en voie de développement. En France,
e diabète réunit un groupe de pathologies chroniques méta- en 2000, le taux de prévalence du diabète était de 2,6 %. En
Les lésions de la muqueuse orale coll. ont analysé les données de la cohorte américaine
Des lésions de la muqueuse orale telles que les langues plica- NHANES III. Ils incluent 4 343 adultes âgés de quarante-cinq à
turées, des ulcérations, le lichen plan, des stomatites aphteuses quatre-vingt-dix ans et atteints de diabète de type 2. Ils mon-
récurrentes ont été décrites chez les patients diabétiques mais trent que le risque de présenter une parodontite varie selon
aucune association statistique n’a pu être trouvée. Les candi- l’état d’équilibre du diabète. Ce risque multiplié par 2,9 pour
doses orales sont, quant à elles, très fréquentes chez les dia- un diabète non équilibré (HbA1 glyquée 암 9 %) est réduit à
bétiques non équilibrés. Ces infections sont favorisées par 1,56 pour un diabète mieux équilibré (HbA1 glyquée 압 9 %)10.
l’immunodéficience, le retard de cicatrisation et l’hyposialie. En 2008, Taylor et Borgnakke identifient dans une revue sys-
tématique de la littérature, que treize sur dix-sept études trans-
Neuropathies versales inclues, et parues entre 2000 et 2007, concordent sur
Des perturbations du goût sont rapportées de façon irrégu- le fait que la prévalence et la sévérité de la parodontite sont
lière et seraient liées à l’hyposialie et aux modifications du plus importantes chez les patients atteints de diabète par rap-
régime alimentaire. De plus, les glossodynies ou sensations bila- port aux contrôles11. Il est important de noter que ces effets
térales de brûlure de la cavité buccale sont une doléance fré- peuvent apparaître dès l’enfance12. Plusieurs mécanismes ont
quente des patients diabétiques. été proposés pour expliquer la susceptibilité accrue aux paro-
dontites des patients diabétiques non équilibrés. Ces patients
L’hyposialie et la xérostomie présentent une réponse inflammatoire exagérée, en réponse à
La xérostomie est une sensation subjective de bouche sèche un stress infectieux, associée à un retard de cicatrisation. En
qui est fréquemment associée à une hyposialie pour laquelle effet, la fonction des cellules immunitaires, comme les
une dysfonction de la glande salivaire est mesurable. Même si neutrophiles ou les macrophages, le métabolisme du tissu
la xérostomie est fréquemment rapportée par les patients dia- conjonctif et particulièrement du collagène ainsi que le réseau
bétiques, aucune association statistique n’a pu être trouvée microvasculaire sont altérés.
entre diabète et hyposialie. Le flux salivaire pourrait cepen-
dant être affecté par les médications reçues par les patients. À l’inverse, la présence d’une parodontite contribue à la résis-
La sensation de soif et la déshydratation, manifestations clas- tance à l’insuline et augmente ainsi le risque de déréguler le
siques du diabète, ainsi que les neuropathies favoriseraient la contrôle de la glycémie chez un diabétique. À partir de la poche
xérostomie. parodontale, des produits bactériens et des cytokines inflam-
matoires, telles que le TNFα ou l’IL-1, diffusent dans la circula-
Parodontites et diabète : tion sanguine jusqu’aux organes à distance. Or, ces cytokines
des relations bidirectionnelles sont des antagonistes de l’insuline et favorisent ainsi la résis-
Un très grand nombre de publications sont parues ces vingt- tance à l’insuline. Ainsi, les patients diabétiques atteints de paro-
cinq dernières années sur les liens entre le diabète et les mala- dontite présentent six fois plus de risque de ne pas contrôler
dies parodontales (neuf cents références en réponse aux leur glycémie que des patients diabétiques au parodonte sain13.
mots-clés « periodontitis » et « diabete mellitus » sur Pubmed De plus, les patients diabétiques atteints d’une parodontite
depuis 1988). Cependant, la très grande hétérogénéité des pro- sévère, par rapport à une parodontite superficielle ou modé-
tocoles et principalement des populations (diabète type 1 ou rée, ont une hémoglobine glyquée plus importante, une aug-
2, équilibré ou non équilibré, ancienneté du diabète, comorbi- mentation de la mortalité par accidents cardiovasculaires et
dités associées) et de la maladie parodontale (gingivite ou paro- plus de complications rénales et vasculaires par comparaison
dontite, sévérité et étendue de la maladie) étudiées limite aux patients diabétiques au parodonte sain14,15. Le corollaire qui
considérablement l’analyse conjointe des données8. Cependant, en découle est que traiter la parodontite doit permettre d’amé-
il apparaît que, dès 1996, une méta-analyse de quatre études liorer la réponse au traitement antidiabétique du sujet atteint.
incluant 3 524 patients majeurs, réalisée par Papapanou et coll., Une méta-analyse récente de la Cochrane portant sur trois
montre que les patients diabétiques présentent deux fois plus études montre que le traitement parodontal non chirurgical
de risque d’avoir une maladie parodontale que les non-diabé- avec ou sans antibiotiques permet à trois ou quatre mois une
tiques9. Depuis, un certain nombre de méta-analyses et de revues réduction significative de l’hémoglobine glyquée de 0,4 % (IC :
systématiques confirment ces données. Ainsi, en 2002, Tsai et – 0,78 % ; – 0,01 %) en comparaison à l’absence de traitement16.
DOSSIER
Ces résultats sont en accord avec d’autres revues systématiques surpoids, hypertension, dyslipidémie, état pré-diabétique, hyper-
de la littérature11,17. cholestérolémie) et les principales conséquences orales pour
aider à l’identification de ces patients. Ils doivent les informer
des conséquences orales de cette pathologie, et tout particu-
Le rôle du chirurgien-dentiste lièrement des liens bidirectionnels entre parodontite et diabète
L’ensemble des liens existant entre le diabète et la santé orale non équilibré. Ils adapteront les conseils permettant de préve-
place les chirurgiens-dentistes comme acteurs essentiels du nir certaines affections (substituts salivaires pour traiter la xéro-
dépistage, du diagnostic et du traitement des patients diabé- stomie, conseils alimentaires pour prévenir les glossodynies,
tiques ou à risque de développer un diabète1. Beaucoup de prescription d’un dentifrice riche en fluor pour prévenir le risque
patients sont diabétiques sans le savoir. Les chirurgiens-den- carieux, utilisation de bicarbonate de soude pour prévenir les
tistes reçoivent quotidiennement de nombreux patients et se candidoses…). Enfin, ils doivent adapter leurs soins (selon les
doivent de connaître les facteurs de risque du diabète (anté- recommandations de la HAS) et la fréquence de la mainte-
cédents familiaux de diabète, antécédents de diabète gesta- nance. ■
tionnel, mode de vie sédentaire, syndrome métabolique :
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L
vantes (Tableau 2) :
miques de notre temps. D’après les chiffres de la Fédération
Internationale du Diabète (FID), il touche 12 % de la popu- ■ diabète sucré de type 1 ;
lation outre-Rhin, ce qui représente la prévalence la plus forte ■ diabète sucré de type 2 ;
au sein de l’Europe1. L’expression « diabète sucré » désigne ■ autres types de diabète spécifiques ;
non pas une pathologie spécifique mais un ensemble hétéro-
■ diabète gestationnel.
clite de troubles métaboliques, caractérisé par une hypergly-
cémie chronique. La cause en est une perturbation de la sécrétion Les expressions comme « diabète juvénile », « diabète insuli-
ou de l’action de l’insuline voire des deux. nodépendant (DID) » et « diabète non insulinodépendant
(DNID) » sont obsolètes et même à proscrire car trompeuses.
L’actuelle classification du diabète sucré distingue, selon la Il est à noter également que le type de traitement (régime dié-
nature du trouble métabolique, les quatre types étiopathogé- tétique, antidiabétiques par voie orale, insulinothérapie) ne
niques ci-dessous. constitue pas un critère de classification de cette maladie.
Diabète sucré de type 1 mie clinique, environ 80 % de celles-ci ont déjà été détruites.
Ce type de diabète est caractérisé par une destruction pro- Ce processus de destruction débute des années avant que la
gressive des cellules pancréatiques bêta des îlots de Langerhans maladie ne se déclare. Durant cette phase initiale, des chan-
produisant l’insuline, ce qui entraîne une carence absolue en gements de nature immunologique tels que la présence d’auto-
insuline, avec comme signes caractéristiques : une polyurie, une anticorps et de lymphocytes activés dans le sang, peuvent déjà
polydipsie, une acidose métabolique et une perte de poids conti- être observés. La perte progressive de cellules bêta entraîne des
nue. Cette forme de diabète touche surtout le sujet encore troubles métaboliques caractéristiques. Le mécanisme de for-
jeune mais peut aussi survenir à un âge plus avancé. Elle se mation du diabète sucré de type 1 n’est pas encore complète-
déclare généralement de façon brutale, avec une apparition ment élucidé mais on sait que cette maladie survient dès lors
soudaine des symptômes. Les cas de dysfonctionnement aci- que les trois conditions ci-dessous sont réunies :
docétosique avec premier coma (coma dit de diagnostic du dia-
■ prédisposition immunogénétique (éléments du groupe HLA) ;
bète sucré) sont relativement fréquents.
■ facteur déclenchant, de type environnemental, par exemple ;
On distingue deux sortes de diabète sucré de type 1 : l’auto-
immune, la plus fréquente, et l’idiopathique (pas de cause étio- ■ réaction auto-immune dirigée contre les cellules bêta, à
pathogénique avérée de la destruction des cellules pancréatiques laquelle participent des lymphocytes cytotoxiques T, ainsi
bêta) qui est beaucoup plus rare. que des cytokines et des auto-anticorps.
Le diabète sucré de type 1 est dû à une destruction auto-immune
chronique des cellules bêta, souvent attestée par la présence Prédisposition immunogénétique
d’auto-anticorps caractéristiques. Une technique couramment La susceptibilité au diabète de type 1 est déterminée par des
employée pour poser le diagnostic de ce type de diabète est la gènes HLA de classe II. Chez l’humain, il s’agit essentiellement
recherche d’auto-anticorps anti-îlots (ICA), anti-insuline (IAA), de ceux des sous-régions DR et DQ. Plus de 90 % des patients
anti-acide glutamique décarboxylase des cellules bêta (GAD- diabétiques de type 1 sont HLA-DR3 et/ou DR4. Outre ces
65) et anti-tyrosine phosphatase (IA-2). haplotypes HLA favorisant la susceptibilité, il existe aussi des
Il y a une prédisposition génétique au diabète de type 1 : plus constellations HLA pouvant protéger du diabète de type 1. Au
de 10 % (environ) des personnes qui en sont atteintes présen- rôle clé joué par la molécule HLA de classe II s’ajoute celui
tent des antécédents familiaux, et une association au système d’autres déterminants génétiques situés au sein ou en dehors
HLA est décelée dans plus de 90 % des cas. du complexe HLA.
Des patients de la sous-catégorie 1a développent par ailleurs Tant concernant l’établissement du diagnostic que l’évalua-
d’autres maladies auto-immunes telles que la gastrite atro- tion des risques liés aux antécédents familiaux, trop peu d’im-
phique, la maladie d’Addison, la cœliaquie. La survenue de portance n’est accordée aux marqueurs HLA dans la routine
plusieurs de ces maladies auto-immunes porte le nom de « syn- clinique.
drome polyglandulaire auto-immun ». La destruction des cellules bêta présuppose aussi la présence
Dans la catégorie 1a figure également cette forme plus rare de d’un facteur déclenchant spécifique.
diabète sucré appelée LADA (diabète auto-immun latent de
l’adulte). Chez les sujets qui en sont atteints, un reliquat de fonc- Facteurs déclenchants
tion des cellules pancréatiques bêta perdure un certain nombre Les discussions sur les facteurs déclenchants potentiels de la
d’années, évitant ainsi l’acidocétose. Donc, bien qu’il présente réaction auto-immune dirigée contre les cellules bêta portent
des caractéristiques auto-immunes d’un diabète de type 1, le surtout sur les virus, notamment les rétrovirus, les oreillons, la
diabète sucré LADA évoque cliniquement plutôt un diabète rubéole, le cytomégalovirus (CMV), l’Epstein-Barr (EBV) et le
sucré de type 2. Coxsackie. Il est postulé que chez les personnes prédisposées
le processus de destruction auto-immune est initialisé par mimé-
Aspects pathogéniques tisme moléculaire entre les protéines virales et les antigènes
du diabète sucré de type 1 de surface des cellules pancréatiques bêta. Mais il n’existe, à
Comme déjà indiqué ci-dessus, le diabète sucré de type 1 est ce jour, aucun élément clinique ou expérimental prouvant que
le plus souvent causé par la destruction auto-immune des cel- de tels mécanismes sont impliqués dans le diabète sucré de
lules bêta des îlots de Langerhans. Au stade de l’hyperglycé- type 1 chez l’humain. Rubéole congénitale exceptée, l’implica-
DOSSIER
tion de virus dans la pathogénie du diabète sucré de type 1 n’est Aspects pathogéniques
donc pas établie. du diabète sucré de type 2
Outre les facteurs déclenchants de nature vitale, d’autres fac- La pathogénie du diabète de type 2 est hétéroclite. Les défauts
teurs déclenchants alimentent encore et toujours les discus- génétiques affectant l’action de l’insuline (insulinorésistance
sions comme les constituants alimentaires (protéines du lait de périphérique) ou sa sécrétion (dysfonctionnement progressif
vache entre autres), les protéines étrangères et polluantes de des cellules bêta) favorisent l’hyperglycémie et sont aggravés
l’environnement. Mais, là aussi, les éléments cliniques actuel- par celle-ci (glucotoxicité), ainsi que par la perturbation du méta-
lement disponibles ne permettent pas de se prononcer claire- bolisme des corps gras (lipotoxicité).
ment sur la question.
Facteurs génétiques
Réaction auto-immune Le diabète sucré de type 2 est multifactoriel, avec une forte
Le diabète sucré de type 1 est caractérisé par la présence d’in- implication des facteurs génétiques. La concordance entre
filtrats mononucléaires (lymphocytes cytotoxiques T surtout) jumeaux monozygotes atteint les 90 %. Les facteurs environ-
dans les îlots de Langerhans (insulite). La destruction cellulaire nementaux tels que régime alimentaire, niveau d’activité phy-
entraîne la libération de divers antigènes, lesquels sont pré- sique ou poids corporel, jouent eux aussi un rôle déterminant
sentés au système immunitaire, ce qui déclenche la produc- dans la survenue de cette maladie. On peut penser que celle-
tion d’auto-anticorps dirigés contre les antigènes spécifiques ci se développe sur le terrain de plusieurs défauts génétiques
des îlots et des cellules bêta. Un certain nombre d’entre eux qui y prédisposent (polygénie) et qui pouvent être différents
sont recherchés dans le cadre de la routine clinique (ICA, GAD- d’un patient à l’autre.
65, IA-2, IAA).
L’insulinorésistance périphérique
Le diabète sucré de type 2 L’insulinorésistance périphérique est le premier signe quanti-
Il est de loin la forme de diabète la plus fréquente outre-Rhin : fiable chez les sujets particulièrement exposés au risque de dia-
plus de 90 % des sujets diabétiques en seraient atteints. Ce type bète sucré de type 2. Elle précède généralement de dix à vingt
de diabète est dû à une diminution héréditaire ou acquise des ans la première manifestation de celui-ci. Il y a insulinorésis-
capacités d’action de l’insuline (insulinorésistance). À cette dimi- tance lorsque la concentration insulinique est normale mais
nution est associé un trouble plus ou moins sévère de sa sécré- que la réponse biologique à celle-ci est subnormale.
tion. Le diabète de type 2 est une maladie évolutive, qui va d’une Une insensibilité à l’insuline se traduit au niveau du métabo-
insulinorésistance majeure avec carence insulinique relative, à lisme des hydrates de carbone non seulement par une trans-
une perturbation de la sécrétion d’insuline par les cellules bêta, formation insuffisante du glucose présent dans les muscles et
associée à une insulinorésistance. Jamais satisfaisante, la sécré- les tissus adipeux, mais aussi par une augmentation de la pro-
tion insulinique au moment du diagnostic est subnormale ou duction de glucose endogène (foie). Au niveau du métabolisme
excessive. Dans la grande majorité des cas, le diabète sucré de des protéines et des corps gras, cette insensibilité à l’insuline
type 2 survient chez le sujet d’âge mûr, débute de façon lente entraîne une diminution de l’absorption intracellulaire des acides
et insidieuse et est diagnostiqué fortuitement. Au moment où aminés, mais aussi une augmentation de la lipolyse et donc de
il se déclare, en général le patient ne présente aucun des symp- la concentration des acides gras libres en circulation (AGL).
tômes de la maladie ; il évoque simplement une grande fatigue
ou des infections fréquentes. Dysfonctionnement progressif
Les symptômes classiques (polyurie, polydipsie, etc.) sont rare- des cellules bêta
ment présents, contrairement aux complications secondaires Si insulinorésistance périphérique il y a, seule une hyperinsuli-
telles que néphropathie, micro ou macro-angiopathie, rétino- némie compensatoire pourra rétablir la normoglycémie et un
pathie, neuropathie ou pieds diabétiques. Le diabétique de taux plasmatique d’acides gras libres normal. Or, dans le cas
type 2 présente souvent des symptômes du syndrome méta- d’un diabète de type 2 les cellules pancréatiques bêta ne sont
bolique comme l’hypertonie artérielle, la dyslipidémie ou l’hy- plus en mesure de maintenir l’hyperinsulinémie requise, en
peruricémie, mais aussi et surtout l’obésité, dont la prévalence raison de la diminution progressive de leur nombre. D’où une
est en progression constante. augmentation du glucose plasmatique, des AGL, de la gluco-
néogenèse hépatique, et des VLDL synthétisés par le foie. avec rigueur et de façon appropriée. Cette forme de diabète
L’augmentation du taux de glucose et des AGL entraîne pro- ne pouvant, en raison de sa complexité, être décrite de façon
gressivement l’apoptose des cellules bêta (gluco et lipotoxicité) exhaustive dans le cadre de cet article, le lecteur est invité à
ainsi qu’une augmentation de l’insulinorésistance. consulter la littérature afférente cf. Tableau 25.
L’augmentation de la production d’amyloïdes et de dérivés réac-
tifs de l’oxygène (DRO) semble favoriser, elle aussi, le dys-
fonctionnement progressif des cellules bêta qui conduit à leur Diagnostic du diabète sucré
apoptose. D’où une majoration des pertes en cellules bêta, à Le diabète sucré peut être diagnostiqué de diverses manières,
laquelle participent les mécanismes suivants : hyperglycémie, qui consistent à mesurer le taux de glucose plasmatique et l’hé-
hyperlipidémie et stress oxydant. Depuis quelque temps, l’at- moglobine glyquée (HbA1c), laquelle figure depuis peu dans les
tention se focalise tout particulièrement sur diverses cytokines recommandations de bonnes pratiques édictées par la société
influençant l’insulinorésistance (TNF-α, adiponectine, leptine, allemande du diabète. Pour déterminer ces deux paramètres,
résistine, PAI-1, MCP-1, visfatine, interleukines, etc.). il convient de recourir à des techniques standardisées et de qua-
lité éprouvée. Les analyses POCT (analyses hors laboratoire,
effectuées avec un appareil portatif « Point Of Gare Testing »),
Différenciation diagnostique entre sont ici contre-indiquées4.
différentes formes de diabète Pour établir le diagnostic il y a aussi l’HGPO (Tableau 3). D’usage
Faire lors du diagnostic le distinguo entre différentes formes courant, ce test d’hyperglycémie provoquée par voie orale
de diabète n’est pas toujours évident, il y a des pièges à éviter. consiste à avaler à jeun 75 g de glucose dilué dans de l’eau et
Le Tableau 1 facilite le diagnostic différentiel pour les deux à déterminer le taux de glucose plasmatique juste avant et deux
formes les plus fréquentes, à savoir les types 1 et 24. heures après la charge (glucose).
DOSSIER
considérées comme normales sont celles inférieures à 140 mg/dl Le diagnostic d’un diabète, sur la base des critères en vigueur4,
(쏝 7,8 mmol/l). Dans le cas de valeurs comprises entre 140 et est généralement suivi d’examens cliniques et de laboratoire
199 mg/dl (7,8 et 11,0 mmol/l) on parle d’intolérance au glu- complémentaires, effectués dans le cadre de ce diagnostic ini-
cose (Impaired Glucose Tolerance) mais pas encore de diabète tial et du suivi de la maladie.
sucré. L’expression « diabète sucré » recouvrant différents troubles
Les valeurs limites (plus basses) utilisées pour établir le dia- du métabolisme, caractérisés par une hyperglycémie chronique,
gnostic du diabète gestationnel, aussi appelé diabète de gros- le diagnostic n’est pas facile à établir et doit être ciblé sur le
sesse, ne pouvant être abordées de façon approfondie dans le type de diabète concerné. D’où la nécessité d’une classification
cadre de cet article, le lecteur est là aussi invité à consulter la rigoureuse des différentes formes de cette maladie.
littérature afférente5. Bon nombre des techniques diagnostiques sont communes aux
Les différents paramètres venant d’être évoqués sont récapi- différents types de diabète, notamment celles de suivi du méta-
tulés au Tableau 4. bolisme et de dépistage des complications secondaires.
Tableau 1 Critères de diagnostic différentiel entre les types 1 et 2 du diabète sucré (d’après Kerner et Brückel4).
* Le LADA (diabète auto-immun latent chez l’adulte) est un type de diabète caractérisé par une dégradation lente de
la fonction des cellules bêta. Dans le cas d’un diabète LADA, on peut tabler sur une guérison rapide avec les anti-
diabétiques oraux. Lorsque ce type de diabète est suspecté, la recherche d’auto-anticorps GAD est recommandée.
Quelques-unes de ces techniques sont décrites ci-dessous, de déformations, de plaies. Les signes d’une éventuelle neuropa-
même que les principaux examens de laboratoire pratiqués en thie périphérique doivent eux aussi être décelés, en explorant
diabétologie. la pallesthésie à l’aide d’un diapason 128 MHz placé sur la pha-
lange du gros orteil, testant la sensibilité cutanée à l’aide d’un
monofilament de Semmes-Weinstein, et examinant les capa-
Anamnèse et examen médical cités de discrimination entre les températures d’une part, et
L’anamnèse doit être approfondie et l’examen médical com- entre le pointu et l’émoussé d’autre part. Un examen bucco-
plet. Il importe, lors de cette première étape, d’obtenir du patient dentaire est également préconisé.
des informations précises sur ses antécédents pathologiques Si le patient est sous insuline, on examinera et palpera les sites
mais aussi sur l’évolution du poids corporel et la présence éven- d’injection.
tuelle de facteurs de risque cardio-vasculaire dont le tabagisme.
S’agissant du diabète sucré et de ses complications, il faut aussi
l’interroger sur d’éventuels antécédents familiaux. Glycémie sur plasma veineux
L’examen médical du patient atteint de diabète sucré doit être La mesure de la concentration de glucose plasmatique sert avant
complet et porter notamment sur les aspects suivants : taille, tout à confirmer ou infirmer la présence suspectée de diabète
poids, indice de masse corporelle, tour de taille et pression arté- ou d’intolérance au glucose (valeurs limites : cf.3) mais aussi à
rielle orthostatique. Un examen du fond d’œil est recommandé. déceler les hypoglycémies. La mesure de glycémie sur sang total
Il faut aussi examiner les pieds et prendre le pouls pédieux. Lors capillaire sert, quant à elle, essentiellement au contrôle théra-
de cet examen des extrémités inférieures on s’assurera de l’ab- peutique. Il est à noter que la glycémie plasmatique est supé-
sence de callosité, du pied d’athlète, de mycose unguéale, de rieure d’environ 11 % à celle sur sang total.
Destruction des cellules béta entraînant généralement une carence absolue en insuline.
I) Diabète sucré de type 1 Type A : immun.
Type B : idiopathique.
III) Autres diabètes A) Défauts génétiques de la fonction des cellules bêta, par exemple : HNF1- du chromosome 12
sucrés spécifiques (ancienne dénomination : MODY 3), glucokinase du chromosome 7 (ancienne dénomination : MODY 2),
HNF4-움 du chromosome 20 (ancienne dénomination : MODY 1), ADN mitochondrial.
B) Défauts génétiques de l’action de l’insuline, par exemple : insulinorésistance (type A),
lépréchaunisme, syndrome de Rabson-Mendenhall, diabète lipoatrophique.
C) Pathologies du pancréas exocrine, par exemple : pancréatite, trauma, pancréatectomie,
néoplasie, fibrose kystique, hémochromatose, diabète fibrocalculeux (FCPD).
D) Endocrinopathies, par exemple : acromégalie, syndrome de Cushing, glucagonome,
phéochromocytome, hyperthyroïdie, somatostatinome, aldostéronome.
E) Induit par des médicaments ou substances chimiques, par exemple : neuroleptiques (essentiellement
la clozapine et l’olanzapine), pentamidine, acide nicotinique, glucocorticoïdes, hormones thyroïdiennes,
diazoxide, agonistes ß adrénergiques, thiazidiques, phénytoïne, interféron alpha.
F) Infections telles que rubéole congénitale, cytomégalovirus.
G) Formes rares de diabète immun, par exemple : syndrome de l’homme raide,
anticorps antirécepteur de l’insuline.
H) Autres syndromes génétiques occasionnellement associés au diabète, par exemple :
Down, Klinefelter, Turner, Wolfram, ataxie de Friedreich, Lawrence-Moon-Biedl,
chlorée Huntington, dystrophie myotonique, porphyrie, Prader-Willi.
DOSSIER
Tableau 3 Protocole du TTOG (test de tolérance orale au glucose) 75 g selon les directives de l’OMS
(d’après Kerner et Brückel4).
À 0 heure Boire en 5 minutes 75 g de glucose dilué dans 250 à 300 ml d’eau ou l’équivalent en amidon hydrolysé
• Enfants : 1,75 g/kg corporel (sans dépasser les 75 g)
• Prélèvement sanguin à 0 heure et 2 heures
• Conservation et traitement adéquats des échantillons
Test contre-indiqué chez les patients présentant une maladie intercurrente (après résection gastro-intestinale
ou pathologie gastro-intestinale avec résorption modifiée) ou dans le cas d’un diabète préexistant.
DOSSIER
pathies auto-immunes sont fréquentes chez les diabétiques particulièrement chez les sujets présentant un diabète de type 2
de type 1, et la régulation du métabolisme très influencée par et un syndrome métabolique ou une insulinorésistance : des
cette même fonction. dyslipoprotéinémies fréquentes et sévères sont observées.
Les diabétiques de type 2 atteints du syndrome métabolique L’implication de celles-ci dans des lésions macro ou microvas-
présentent souvent une hépatostéatose, signalée notamment culaires chez des sujets diabétiques, est attestée par de nom-
par une augmentation des transaminases GGT, GPT et GOT. breuses études13,14. Un bilan lipidique est donc requis non
L’hyperuricémie étant, elle aussi, fréquente chez cette catégo- seulement pour le suivi thérapeutique du diabète mais aussi le
rie de patients, un dosage de l’acide urique est également recom- dépistage de l’hyperlipidémie en tant que facteur de risque vas-
mandé. culaire additionnel. Le seul cholestérol total ne présentant guère
d’intérêt, sont habituellement déterminés aussi ses deux com-
posantes (HDL et LDL) et le taux de triglycérides. Il ressort de
Diagnostic de la fonction rénale nombreuses études qu’un HDL bas et un LDL élevé majorent
et de la néphropathie diabétique le risque d’athérosclérose12,13. Des études ont aussi mis en évi-
L’insuffisance rénale se rencontre dans toutes les formes de dence un lien de corrélation entre taux de triglycérides élevé
diabète. Elle est caractérisée par une augmentation de la quan- et complications macrovasculaires14. La dyslipidémie diabétique
tité d’albumine dans les urines et une diminution du taux de type est caractérisée par un HDL bas, associé à une hypertri-
filtration glomérulaire mais aussi par une hypertonie progres- glycéridémie.
sive, une dyslipoprotéinémie diabétique et des complications Un dosage des acides gras libres et de la lipoprotéine (a) [Lp(a)]
associées au diabète. peut être effectué en complément. Une augmentation de la
Un dépistage annuel de la néphropathie consistant en un dosage concentration des acides gras libres sera le signe d’une perte
de l’alumine dans les urines, doit par conséquent être effectué d’efficacité de l’insuline sur le tissu adipeux. Une augmentation
chez tout patient diabétique. Concernant ce dépistage, il est du taux de Lp(a), déterminé surtout génétiquement, majore le
recommandé de déterminer le rapport albumine/créatinine risque macrovasculaire.
(Rap. A/C) sur les premières urines du matin. La présence d’une Chez le patient atteint de diabète sucré, le LDL cible doit nor-
néphropathie diabétique est très probable dès lors qu’il y a albu- malement être < 100 mg/dl. Si ce même patient est à haut risque,
minurie persistante (Rap. A/C 쏜 20 mg/g chez l’homme, et suit un traitement préventif secondaire, un LDL cible
쏜 30 mg/g chez la femme). On fait le distinguo entre micro- 쏝 70 mg/dl doit être visé.
albuminurie (20-200 mg/g chez l’homme, 30-300 mg/dg chez En raison de l’importance du cholestérol HDL et des triglycé-
la femme) et macro-albuminurie (쏜 200 mg/g chez l’homme, rides tout particulièrement dans le cas d’une dyslipidémie dia-
쏜 300 mg/g chez la femme). bétique, ces deux paramètres doivent eux aussi être situés dans
Le patient diabétique présentant une fonction rénale diminuée la norme (cholestérol HDL : 쏜 40 mg/dl chez l’homme et
même en l’absence d’albuminurie, il est également recommandé 쏜 50 mg/dl chez la femme ; triglycérides : 쏝 150 mg/dl)15.
de déterminer une fois par an le taux de filtration glomérulaire
(TFG) en calculant la clairance de la créatinine sur les urines de
vingt-quatre heures ou à l’aide de la formule MDRD/Cockcroft Dépistage des complications
& Gault. La concentration de créatinine sérique renseigne de secondaires
façon peu précise sur la fonction rénale du fait que celle-ci est Le destin du diabétique d’aujourd’hui est surtout influencé par
influencée par non seulement l’excrétion de créatine mais aussi lesdites complications secondaires. Les taux relativement éle-
par la production endogène. Se baser sur le seul taux de créa- vés de morbidité et mortalité chez le patient diabétique sont
tinine sérique revient donc à nettement sous-estimer la dimi- dus essentiellement à la micro-angiopathie diabétique pouvant
nution de la fonction rénale10,11. affecter les yeux, les reins, le système nerveux, ainsi qu’à la
macro-angiopathie associée au diabète, laquelle touche essen-
tiellement le cœur et les artères périphériques. Concernant le
Diagnostic du métabolisme lipidique diabète sucré, le pronostic est, dans une large mesure, déter-
Les changements au niveau du métabolisme des hydrates de miné par les suites cardiovasculaires de la maladie. Une régu-
carbone vont de pair avec ceux du métabolisme lipidique. Tout lation optimale du métabolisme et un dépistage précoce et
périodique des complications secondaires, sont donc de prime Quant à la macro-angiopathie diabétique, une vigilance parti-
importance. Les outils de diagnostic permettant de déceler une culière est de mise concernant l’AOMI, les maladies coronaires
néphropathie diabétique sont ceux susmentionnés. Concernant et l’infarctus cérébral. Des contrôles cliniques réguliers, au moins
la rétinopathie diabétique, un test de dépistage par l’ophtal- une fois par an, avec prise du pouls et ECG, sont indispensables.
mologiste, une fois par an, est préconisé. Sont également recom- Pour un diagnostic plus approfondi il y a notamment l’écho-
mandées, des consultations régulières auprès du médecin graphie doppler ou duplex et le test d’effort. ■
traitant, lequel procédera à une anamnèse ciblée et à un exa-
men du chaussage et des pieds du patient (contrôle de la sen- Article original :
sibilité aux contacts et vibrations, pouls pédieux) afin de déceler Definition, Klassifikation, Pathogenese und Diagnostik
des Diabetes mellitus
un éventuel syndrome du pied diabétique. Ce dépistage s’ef-
Parodontologie 2012;23(3):237–248
fectue tous les mois ou tous les ans, selon les facteurs de risque
Traduction : Jérôme Ferry
tels que la neuropathie sensorielle, l’artériopathie oblitérante
des membres inférieurs (AOMI), antécédent d’ulcère ou ampu-
tation.
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Traitement parodontal
chez les patients atteints de diabète
Jens M. Le traitement parodontal chez les patients atteints de diabète nécessite une collaboration entre
Herrmann le chirurgien-dentiste, le médecin généraliste et le patient. Outre le type, la régulation, la durée
de l’affection et les complications, le chirurgien-dentiste doit être informé de la médication en
Sarah
cours du patient. Le degré de sollicitation corporelle d’un diabétique et les mesures d’accom-
Sonnenschein
pagnement sont à décider au cas par cas, en accord avec le médecin traitant. La forme thé-
rapeutique, en particulier en cas d’antibiothérapie adjuvante pour la désinfection totale de la
bouche, dépend du plan de traitement dentaire et/ou médical et est déterminée à partir de
l’anamnèse. La parodontite des patients avec une glycémie bien régulée à long terme peut
être traitée comme celle de patients sains. Un diabète non régulé doit être équilibré avant le
début d’une thérapeutique parodontale. Le dentiste doit à tout moment avoir la possibilité de
mesurer la glycémie afin de pouvoir réagir à des situations d’urgence telles qu’une hypo- ou
hyperglycémie. Les deux études de cas suivants montrent l’importance d’une collaboration
interdisciplinaire et d’une prise en charge efficace.
Mots-clés : diabète, plan de traitement, thérapeutique paro- interdisciplinaire (c’est-à-dire entre chirurgien-dentiste, méde-
dontale anti-infectieuse et chirurgicale. cin traitant et diabétologue) doit permettre l’élaboration d’un
plan de traitement commun et adapté au patient pour garan-
tir le succès de celui-ci. Les traumatismes, les opérations et les
Introduction anesthésies provoquent une réponse neuroendocrinienne liée
ans une société vieillissante, les maladies générales, telles au stress et peuvent conduire à la libération d’antagonistes de
DOSSIER
Planification Examens Thérapie
Traitement
anti-infectieux de fond
(détartrage/surfaçage)
Prévention primaire
des réinfections
Prévention secondaire
des réinfections
dation de l’acuité visuelle, des troubles circulatoires et une il convient de recommander au patient de se soumettre rapi-
prédisposition aux infections sont matière à approfondir l’anam- dement à un dépistage. Le patient est également invité à signa-
nèse. Si un patient signale un diabète connu, et, le cas échéant, ler toutes les mesures (régulations diététiques) et médications
son type, il doit être interrogé sur le contrôle médicamenteux (antidiabétiques par voie entérale ou parentérale) en cours, la
qu’il suit. Ces informations sont essentielles en cas de situa- durée de l’affection et les complications éventuelles rencon-
tions d’urgence, de problème aigu et de traitement. trées (néphropathies, rétinopathies, neuropathies, maladies car-
Sur la base de ces informations et d’un examen parodontal com- diovasculaires17, etc.). Ces informations sont essentielles pour
plet, une collaboration rapprochée avec le médecin traitant, le entreprendre tout traitement médical et dentaire18-20.
diabétologue et l’endocrinologue est indispensable pour éta- Les patients présentant une bonne équilibration à long terme
blir en commun un plan de traitement tenant compte de l’équi- de leur taux de glycémie (HbA1c 6 %) peuvent être soignés
libration actuelle du taux de glycémie (HbA1c). Si des patients comme les patients sans affection systémique13,14,20,21. Pour les
non diagnostiqués présentent des signes de fatigue aiguë ou traitements parodontaux anti-infectieux (détartrage et surfa-
constante, voire des troubles de l’équilibre, une sécheresse buc- çage radiculaire)22-24 ou chirurgicaux22,25, différentes études
cale, une polyurie, une transpiration nocturne et d’autres symp- ont montré que les taux de succès sont les mêmes pour les
tômes laissant soupçonner un diabète, un test rapide de glycémie patients diabétiques bien équilibrés (HbA1c 6 %) et les patients
doit être réalisé avec l’accord du patient. En cas de glycémie avec parodontite sans affection systémique. Cela est vrai aussi
postprandiale ( 160 mg/dl) ou à jeun ( 120 mg/dl) élevée, pour le traitement parodontal de soutien (TPS). La fréquence
des visites de maintenance est définie en fonction du risque repas (et collations) des personnes diabétiques afin de préve-
individuel propre à chaque patient et se situe entre trois et nir une hypoglycémie pendant le traitement au cours d’une
six mois20,22-27. phase de présence d’insuline21. Un traitement après le petit
Exceptionnellement, pour la chirurgie, une sédation ou une déjeuner et la dose matinale de médicaments est alors possible.
anesthésie générale avec intubation peut s’avérer nécessaire De longs délais d’attente doivent être évités et le traitement
chez les diabétiques de type 2. Les patients doivent alors prendre actif doit être aussi court que possible ( 2 heures) afin de ne
leur traitement antidiabétique habituel et la quantité de glu- pas perturber les habitudes alimentaires, en particulier l’heure
cides définie aux heures prévues28. des repas (et des collations) et le rythme de prises quotidiennes
Si, dans le cadre d’un traitement dentaire, une sédation ou une de médicaments20.
anesthésie générale est nécessaire, des mesures supplémen- Les interventions chirurgicales doivent être programmées quand
taires (médicamenteuses) ne sont pas nécessaires pour les le diabète est équilibré, c’est-à-dire pour un diabète de type 2,
patients bien équilibrés qui ont une activité physique et spor- quand la glycémie est comprise entre 90 et 120 mg/dl avec un
tive régulière et suivent leur régime. En accord avec le méde- taux HbA1c 6,5 %32 (pour les patients de type 1 7,5 %33).
cin spécialiste et en fonction de la demi-vie du traitement pris, Ces valeurs doivent être définies avec le médecin traitant car
les patients de type 2 sous traitement antidiabétique par voie ces taux sont parfois difficiles à obtenir chez certains patients,
orale doivent renoncer à la prise de leur médicament avant un en particulier chez les personnes âgées.
traitement à jeun afin d’éviter une baisse supplémentaire de la
glycémie. D’autre part, les patients sous sulfonylurée de la
deuxième génération, telle que l’Amaryl, par exemple, doivent
Traitements anti-infectieux
renoncer à leur traitement le jour précédant l’intervention28. Il Détartrage et surfaçage radiculaire (DSR)
est plus rare d’avoir des diabétiques de type 1 ou de type 2 avec par quadrant
des taux de glucose dans le sang à jeun 250 mg/dl, tributaires En 1998, Christgau et coll. ont utilisé dans une approche pros-
d’une substitution d’insuline. Dans ces cas, un traitement ambu- pective le concept DSR par quadrant pour une population dia-
latoire dans une clinique spécialisée en présence d’un anes- bétique mixte (types 1 et 2). Outre le DSR, cette étude de cohorte
thésiste doit être envisagé. Dans ce contexte, un accès veineux prévoyait à la fin de chaque séance l’irrigation des poches avec
permet de maintenir l’homéostasie du glucose sanguin et des une solution à 0,2 % ou un gel à 1 % de chlorhexidine.
électrolytes pendant la durée de l’intervention. Les rares com- Les paramètres cliniques (PPD, BoP, CAL, PI et GI) ont été mesu-
plications, telles qu’un coma diabétique dû à une hyperglycé- rés en début d’étude, deux semaines après le nettoyage supra-
mie, doivent être évitées car elles sont difficiles à maîtriser en gingival et quatre mois après le traitement sous-gingival.
ambulatoire. Une amélioration visible de l’indice de plaque (PI) a été relevée
Les mesures de la glycémie avant et après un acte peuvent aider pendant la période d’observation. Le saignement au sondage
le chirurgien-dentiste à évaluer les options de traitement ou la (BoP) et les profondeurs de poche au sondage (PPD), classées
nécessité d’interrompre le traitement en vue d’une médication selon le degré d’affection, ont diminué avec le temps. Au niveau
supplémentaire ou d’un apport de glucides. Les patients avec de l’attache (CAL), aucune différence n’a été relevée entre les
un diabète récemment diagnostiqué non équilibré ou forte- groupes. Par ailleurs, les paramètres immunologiques héma-
ment déréglé nécessitent, dans un premier temps, un traite- tologiques (tests fonctionnels des granulocytes) définis mon-
ment antidiabétique avant la programmation de tout traitement traient tous une amélioration après le traitement. Christgau et
parodontal. coll. ont confirmé les résultats des études antérieures sur le trai-
Dans la littérature, des rapports de cas décrivent des situa- tement parodontal chez les diabétiques, où des mesures anti-
tions fatales dues à des complications infectieuses après des infectieuses ont contribué à réduire les valeurs de PPD et de
traitements dentaires chez des diabétiques29-31. C’est la raison BoP indépendamment de la gravité du diabète25,34-36.
pour laquelle, en cas d’inflammations aiguës, notamment, il Pour quatorze patients atteints d’un diabète non équilibré (HbA1c
est nécessaire de vérifier avec le médecin traitant, l’indication 9,9 ± 2,2 %), le détartrage et surfaçage radiculaire a permis d’ob-
et l’étendue d’une antibiothérapie prophylactique18,19. tenir une amélioration de l’état de santé parodontal32.
Les chirurgiens-dentistes doivent être informés du déroulement La réduction moyenne de profondeur des poches était com-
circadien individuel de la médication ainsi que de la prise de prise entre 1,7 et 2 mm au bout de trois et six mois.
DOSSIER
Comparaison du DSR par quadrant de la décontamination globale en un temps a aussi été étudié
à la décontamination globale de la bouche dans la littérature40-44. Les résultats des études ne sont pas uni-
en un temps (FMD) formes ; pour le diabète de type 1, une aggravation des para-
Une étude comparative longitudinale entre DSR par quadrant mètres systémiques tels que le taux HbA1c était manifeste
(n 17) et FMD (n 17) chez les diabétiques de type 2 souf- pendant le traitement parodontal chez certains sujets isolés.
frant de parodontite chronique a montré que les deux formes Chez les sujets avec diabète de type 2, la majorité des études
de traitement conduisaient à une amélioration manifeste des a révélé une amélioration discrète de la régulation de base du
paramètres cliniques (PPD, BoP, PI (p 0,05). Aucun contrôle diabète au niveau de paramètres tels que le glucose dans le
(à trois, six et douze mois) n’a établi de différence en fonction plasma sanguin non à jeun ou le taux HbA1c.
de la prise en charge du diabète. Un traitement parodontal de Quand le taux de HbA1c se situe entre 0,35 % et 2 %, les résul-
soutien a été mis en place avec une fréquence de visite tous tats varient selon l’approche anti-infectieuse.
les trois mois. Dans cette étude, aucun des deux groupes ne La grande question est de savoir quel est l’impact d’une réduc-
prévoyait le recours à une antibiothérapie systémique ou l’uti- tion du taux de HbA1c sur la santé générale des diabétiques.
lisation d’agents topiques antimicrobiens37. Dans une étude norvégienne, il a été montré qu’une baisse de
Da Cruz et coll. ont montré l’efficacité du « détartrage complet 1 % du taux HbA1c permet de réduire jusqu’à 30 % le risque de
de la bouche » au bout de trois mois chez dix diabétiques de maladies cardiaques (de l’ischémie jusqu’à l’infarctus)45. On peut
type 2 (DS 2) avec une parodontite chronique, en les compa- en conclure qu’un traitement parodontal anti-infectieux qui
rant à des patients avec parodontite sans affection systémique contribue favorablement à la baisse du taux HbA1c chez les dia-
(K)38. Tous les patients ont reçu des instructions d’hygiène buc- bétiques, est bénéfique pour la santé cardiaque.
codentaire ; après la phase active de traitement et jusqu’à la fin La prévention des récidives par un traitement parodontal de
de l’étude, un nettoyage professionnel des dents a été réalisé soutien efficace est indispensable. Cela comprend des rinçages
avec une fréquence des visites à deux semaines. Que ce soit supragingivaux au cabinet dentaire ou quotidiennement à domi-
au plan clinique (PPD, BoP, et CAL) ou microbiologique (pré- cile avec de la chlorhexidine (CHX).
sence de Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Porphyromonas
gingivalis et Tannerella forsythia [T.f.] par PCR), aucune diffé-
rence entre les deux groupes n’a pu être constatée, à l’excep- Traitement chirurgicaux
tion d’une réduction de présence de T.f. dans le groupe des Pour le traitement chirurgical des diabétiques, les questions
non-diabétiques au bout de trois mois. La réduction moyenne suivantes se posent :
des profondeurs de poche au sondage était de 0,7 mm (DS 2) ■ l’insulinorésistance passagère, aiguë ou sous traitement et/ou
respectivement 0,8 mm (K), le gain d’attache moyen était de l’hyperglycémie représentent-elles un risque de complica-
1,2 mm (DS 2) et 1,1 mm (K)38. tions immédiates ou différées ?
Faria-Almeida et coll. ont montré une tendance à l’augmenta- ■ la persistance d’une parodontite après le traitement est-elle
tion des profondeurs de poche au sondage chez les diabétiques le signe d’une micro ou macro-angiopathie continue, déclen-
par rapport aux patients avec parodontite sans affection sys- chée par les effets toxiques ou métaboliques d’une hyper-
témique (p 0,02) au moment du premier examen ainsi que glycémie permanente et d’une insulinorésistance accrue ?
trois et six mois après le traitement39. Les autres paramètres cli- ■ un contrôle strict de la glycémie réduit-il la morbidité des
niques relevés (PI, BoP, CAL, GI) étaient identiques pour les traitements parodontaux et l’incidence des complications
deux groupes à toutes les dates d’examen. Dans cette étude, postopératoires ?
le DSR était réalisé par quadrant en quatre séances avec un
intervalle de temps inférieur ou égal à quatre semaines entre En médecine générale, le diagnostic du diabète est considéré
chaque séance. La réévaluation à trois et six mois montrait pour comme un facteur de risque à développer par rapport aux com-
le groupe diabétique une réduction moyenne du taux HbA1c de plications postopératoires8. Bien que le sujet soit controversé,
0,9 % entre l’examen initial et trois mois, et de 0,8 % au bout le diabète figure parmi les facteurs de risque d’ischémies et d’in-
de six mois. Les valeurs de glucose dans le sang n’ont pas changé fections. Il existe un large consensus sur le fait qu’une bonne
avec le temps pour ces patients. L’impact sur la régulation dia- régulation diabétique doit être recherchée avant de program-
bétique du détartrage et surfaçage radiculaire par quadrant et mer des interventions chirurgicales.
La littérature scientifique compte peu d’études sur les traite- tant une parodontite montre l’urgente nécessité de mener
ments parodontaux chirurgicaux chez les patients atteints de d’autres études sur ce sujet.
diabète. La taille des échantillons utilisés pour les études réa-
lisées jusqu’à présent est relativement petite. Dans le cadre
d’une étude sur la fréquence des récidives de parodontite à cinq Études de cas
ans chez les diabétiques, réalisée auprès de neuf patients (avec Cas 1
dix cas de parodontite sans diabète pour le contrôle), Westfelt Chez un patient âgé de 35 ans au moment de l’examen médi-
et coll. ont étudié les effets des interventions de chirurgie paro- cal, une première manifestation d’un diabète de type 1 et une
dontale standardisée (lambeaux de Widman modifié)22. parodontite ont été diagnostiquées. L’anamnèse révèle aussi
Les auteurs ont opéré des sites avec une PPD 5 mm et pré- la consommation de tabac, des collets dentaires sensibles, ainsi
sentant un saignement au sondage à la réévaluation au bout qu’un prognathisme mandibulaire Tableau 2. Le traitement anti-
de six mois après un DSR par quadrant. Après l’intervention, diabétique comprend des conseils de régime alimentaire ainsi
les patients avaient pour instruction de procéder pendant qu’une régulation de la glycémie par des antidiabétiques paren-
deux semaines, deux fois par jour à un bain de bouche d’une téraux. En outre, le patient a participé précédemment à des pro-
minute à la CHX. Pendant toute la durée de l’étude, un net- grammes de physiothérapie et de sevrage tabagique.
toyage professionnel des dents avait lieu tous les trois mois. Immédiatement après un séjour de dix jours en milieu hospita-
Les sites opérés ont été stables pendant cinq ans chez les dia- lier, le patient a subi un examen dentaire avec prise de photo-
bétiques et le groupe de contrôle. Pendant la période d’obser- graphies intra-orales, un sondage parodontal complet avec une
vation, il a été nécessaire de procéder à l’extraction de trois Florida-Probe® ainsi qu’un orthopantomogramme (OPT) Fig. 2
dents dans le groupe de diabétiques et d’une dent dans le groupe à 4. Le traitement parodontal comprend une décontamination
de contrôle. globale associée à une antibiothérapie, suivies d’un traitement
D’un point de vue épidémiologique, une analyse rétrospective de soutien. Une réévaluation, qui fait office d’examen parodontal
japonaise chez 25 672 sujets traités en chirurgie orale est inté- final, est réalisée au bout de six mois. Fig. 5 à 7, voir Tableau 2.
ressante. Dans ce groupe, cent vingt-six cas de diabète ont été Pour le traitement des soutiens, la fréquence des séances de
détectés46. Chez quarante-neuf sujets atteints de diabète sucré, maintenance est de trois mois pour la première année.
des lésions purulentes sont apparues dans la cavité buccale,
associées à de nombreuses complications allant jusqu’à la for-
mation de séquestres. En comparaison avec un groupe de Tableau 2 Paramètres diagnostiques sélectionnés
contrôle, ces complications prolongeaient la durée moyenne au moment des examens parodontaux initial et final.
de traitement de cinquante-quatre jours. Le taux de glucose Paramètres Valeur initiale Valeur finale Unité
dans le sang chez les patients diabétiques était de 194,5 contre
HbA1c 12,3 6,6 %
142,4 mg/dl pour le groupe contrôle46.
Sur un modèle animal atteint de diabète, des traitements paro- Glucose (plasma) 497 127 mg/dl
dontaux régénérateurs avec l’utilisation de membranes ont Glucose (urine) 54,1 n.n g/d
été expérimentés avec succès47. Néanmoins, en clinique IMC 26 24,3 kg/m2
humaine, des rapports de cas publiés dans la littérature mon- cigarettes
Tabac 21 10 par jour
trent que le risque de complications est accru chez les patients
diabétiques quand le diabète est mal équilibré48,49. Les compli- PPD 4* –
cations décrites, présentant des variables multiples et n’étant PPD > 3,4 mm 30 8 %
pas comparables séparément, ne permettent pas de tirer de
PPD > 5,5 mm 5,6 0 %
conclusions quant aux mesures préventives à prendre.
BoP 100 25,2 %
En raison du manque d’études cliniques randomisées, pros-
pectives et comparatives, sur les traitements parodontaux chi- Suppuration 3,7 0 %
DOSSIER
Fig. 2 Vues cliniques lors de l’examen initial.
V
e
s
t
i
Niveau b
gingival u
l
a
i
r
e
Dent
L
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n
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Profondeur
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Mobilité
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DOSSIER
a b
c d
e f
V
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Dent
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Dent
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gingival b
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l
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r
e
Modifications
Profondeur
Récession
DOSSIER
Fig. 7 Vues cliniques lors de l’examen parodontal final.
Cas 2
Un patient âgé de 48 ans, atteint de diabète déréglé de type 2,
est adressé par son médecin traitant Fig. 8. Son diabète était
connu depuis 1996. Le patient a suivi, en milieu hospitalier, un
cours de diététique et une régulation par antidiabétiques oraux
a été prescrite pendant quatorze jours. Le patient signale par
ailleurs des saignements gingivaux en partie spontanés.
À l’issue de l’examen initial dentaire et parodontal ainsi qu’à
l’examen radiographique, l’extraction de 45 présentant une frac-
ture axiale est décidée ainsi que le traitement endodontique de
37. Un traitement parodontal avec décontamination globale
associée à une antibiothérapie (FMD+Ab) est réalisé Fig. 9 à 14.
Une réduction de profondeur des poches modérées (PPD entre
3,4 et 5,5 mm) a été obtenue par détartrage et surfaçage radi-
culaire ainsi que par le traitement de soutien. Lors de l’examen Fig. 8 Patient atteint de diabète de type 2
initial, 30 % de tous les sites mesurés présentaient une valeur et d’une parodontite.
PPD 3,4 jusqu’à 5,5 mm. Jusqu’à l’examen parodontal final,
DOSSIER
Modifications Côté droit Côté gauche
Récession
Profondeur
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b
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gingival l
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Dent e
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Dent V
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s
t
Niveau i
gingival b
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a
i
r
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Modifications
Profondeur
Récession
Fig. 12 Mise en évidence de la progression d’une lésion endoparodontale sur une dent.
DOSSIER
Côté droit Côté gauche
Modifications
Récession
Profondeur
V
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s
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u
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gingival a
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Dent
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Modifications
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Mobilité
Mobilité
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Dent
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gingival b
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r
e
Modifications
Profondeur
Récession
la proportion de ces poches a baissé jusqu’à 8 % et les valeurs La fréquence des visites de maintenance a été fixée à quatre
de sondage 5,5 mm jusqu’à 0 % Fig. 15. Le saignement au séances par intervalle de trois mois la première année Le pro-
sondage a baissé de 100 % à 23,6 % et les suppurations de 3,7 % nostic global peut être considéré comme bon en raison de la
de tous les sites à 0 %. coopération du patient. La temporisation prothétique ainsi que
Dans le cadre de la prévention des récidives, l’indice de plaque les soins endodontiques ont débuté avant le traitement paro-
(PI) 20 % et l’absence d’inflammation démontraient l’effica- dontal par décontamination globale associée à une antibio-
cité du brossage par le patient Tableau 3. thérapie (FMD+Ab) Fig. 15. En fin de traitement, pendant la phase
a b
c d
e f
Fig. 16 Phases de la chirurgie implantaire.
DOSSIER
de maintenance, la mise en place d’implants a été program-
Tableau 3 Paramètres cliniques analysés mée Fig. 16 et 17.
au moment des examens parodontaux initial et final.
Au cours du temps, la coopération du patient a faibli et les
Paramètres Valeur initiale Valeur finale Unité indices de plaque (27,3 %) et gingivaux (17,4 %) ont augmenté.
Sensible à ce problème, le patient a accepté d’intensifier les
HbA1c 10,7 9,6 %
séances de maintenance. Outre les instructions d’hygiène, la
Glucose (plasma) 378 170 mg/dl prophylaxie, les détartrage et surfaçage radiculaire, le traite-
IMC 31,7 34,7 kg/m2 ment de soutien est l’occasion de renforcer la motivation et la
PPD
participation active du patient par des mesures d’hygiène buc-
4* –
codentaire appropriées.
PPD > 3,4 mm 30 8 %
Outre la collaboration interdisciplinaire entre le médecin et le Un traitement parodontal de soutien conséquent peut stabili-
chirurgien-dentiste, une bonne coopération du patient revêt ser les résultats à long terme. Une prise en charge intensive des
également un caractère déterminant. Sans elle, le succès thé- patients concernés est primordiale. Il convient, en outre, d’évi-
rapeutique ne peut être que difficilement garanti à long terme. ter les longs délais d’attente et de traitement. En cas de doute
La parodontite des patients avec une glycémie bien régulée à concernant la régulation ou simplement de soupçon d’un dia-
long terme peut, en règle générale, être traitée comme celle bète, l’analyse de la glycémie actuelle au moyen d’un instru-
de patients sans affection systémique. Avant une thérapeutique ment de mesure ou de bandelettes est recommandée afin
parodontale systématique et en cas de diabète récemment dia- d’écarter les risques de complications du traitement et de pré-
gnostiqué ou mal équilibré, les valeurs systémiques (glucose à voir éventuellement un traitement parallèle de médecine interne
jeun 120 mg/dl et HbA1c 6,5 %) doivent être régulées par ou antidiabétique.
le médecin généraliste soignant en fonction de la situation indi-
viduelle du patient. Il est ainsi possible de réduire les risques Remerciements
de complications apparaissant pendant le traitement ou liés à Je remercie le professeur et Dr M. Jung, de la polyclinique d’odon-
ce dernier. Une prévention des réinfections jusqu’à la rééva- tologie conservatrice, Gießen, pour le traitement parallèle
luation semble avantageuse pour la guérison des défauts paro- conservateur et endodontique du deuxième patient ainsi que
dontaux. La littérature actuelle ne contient aucune indication la société AstraTech GmbH, Elz, pour les implants mis à dispo-
claire en faveur de la stratégie thérapeutique anti-infectieuse sition. ■
(détartrage et surfaçage par quadrant, détartrage et surfaçage
en un temps, décontamination globale, décontamination et Article original :
antibiothérapie) ou chirurgicale. En particulier la chirurgie paro- Parodontitistherapie bei Patienten mit Diabetes mellitus
dontale, ne peut être planifiée qu’après régulation systémique Parodontologie 2012;23(3):271–290
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Mots-clés : diabète, traitement parodontal de soutien (TPS), c’est-à-dire du contrôle de la glycémie, il devrait être possible
parodontite, risque. d’agir positivement sur le contrôle métabolique par un traite-
ment parodontal efficace7–10.
Une série de méta-analyses confirme que les traitements paro-
Introduction dontaux non chirurgicaux peuvent améliorer le contrôle de la
e diabète et la parodontite sont deux affections chroniques glycémie chez les diabétiques de type 2. Selon les études, le
Ainsi, le traitement des parodontites et le traitement parodontal de la glycémie (taux d’HbA1c) doivent être relevés. Le chirur-
de soutien devraient faire partie intégrante de la prise en charge gien-dentiste doit également connaître les maladies qui en
des diabétiques pour améliorer la sensibilité à l’insuline et le découlent, les autres complications et les médications en cours.
contrôle de la glycémie14. Les coordonnées du diabétologue responsable, et du médecin
traitant doivent être consignées sur le dossier du patient25.
Une bonne coopération du patient est importante pour garan-
Objectifs du traitement parodontal tir le succès du traitement des deux affections (parodontite et
de soutien (TPS) chez les diabétiques diabète). Les patients doivent également être encouragés à
Le TPS a comme principal objectif de prévenir une nouvelle adopter une hygiène buccodentaire sans faille. Cette dernière
affection ainsi qu’une rechute en cas de parodontite déjà trai- inclut aussi bien l’utilisation régulière de la brosse à dents, du
tée15. L’AAP (American Academy of Periodontology) formule ainsi fil dentaire et des brosses interdentaires pour éliminer le bio-
les objectifs du TPS16 : film26 qu’un TPS suivi. En outre, une surveillance particulière
1. prévention ou maîtrise des récidives des maladies paro- des patients diabétiques est indispensable afin de détecter les
dontales chez les patients qui ont déjà été traités pour caries éventuelles. Une prophylaxie par le fluor est recom-
une gingivite, une parodontite ou une péri-implantite ; mandée18.
2. prévention de la perte de dents ou au moins réduction de
la perte de dents par une surveillance de la dentition et Le contrôle métabolique nécessite une surveillance étroite et
éventuellement des restaurations prothétiques ; il doit être demandé au patient de renoncer à certaines habi-
3. programmation à temps des interventions nécessaires en tudes telles que le tabagisme ou la consommation d’alcool
cas d’affections apparaissant dans la cavité buccale. (notamment les bains de bouche à teneur élevée en alcool)18.
Des produits d’hygiène dentaire qui préviennent l’accumula-
tion de la plaque et les inflammations peuvent servir à renfor-
Mesures dentaires spécifiques du TPS cer éventuellement les mesures d’hygiène en cas de parodontite
Pour prévenir une hypoglycémie pendant le traitement, ce chronique26. Les diabétiques souffrent souvent de xérostomie.
dernier doit être planifié en tout début d’après-midi après le Cette affection peut être un effet secondaire des médicaments
régime habituel et la prise de médicaments17. Des longs délais antidiabétiques oraux ou autres, ou résulter du diabète lui-
d’attente avant le traitement sont à éviter dans la mesure du même. La xérostomie favorise les infections opportunistes telles
possible18. que la candidose18.
En raison de la concentration en glucose supérieure des dia-
bétiques dans le fluide gingival19 et le débit supérieur de ce der- Certaines données suggèrent que les produits d’hygiène den-
nier décrit par différents auteurs20,21, les micro-organismes taire contenant du laurylsulfate de sodium peuvent conduire à
parodontaux disposent de conditions optimums pour prolifé- un érythème de la muqueuse buccale chez les patients souf-
rer et entraîner une croissance rapide de la plaque. Une étude frant de xérostomie. C’est pourquoi, il est conseillé aux diabé-
clinique a démontré que les diabétiques présentaient un indice tiques atteints de xérostomie d’éviter les produits en contenant18.
gingival supérieur par rapport aux patients atteints d’une affec- Pour stimuler le flux salivaire et ainsi l’autonettoyage buccal,
tion systémique avec un parodonte sain22. En revanche, aucune des chewing-gums sans sucre ou la mastication de stimulants
différence n’a été relevée au niveau de l’indice de plaque22. naturels tels que les carottes crues et le céleri peuvent être
Une étude expérimentale sur la gingivite a confirmé le phéno- recommandés.
mène23. La salive des patients diabétiques peut également conte-
nir une quantité élevée de glucose18,19 et favoriser ainsi la
progression de la plaque ainsi que des lésions carieuses18,24. Observations médicales
Dans le cadre du traitement d’une parodontite, le TPS est tout pendant le TPS des diabétiques
aussi essentiel pour les diabétiques que pour les non-diabé- Selon l’avis émis par l’AAP16, les examens médicaux suivants et
tiques25. Le traitement d’une parodontite chez une personne leurs résultats doivent être consignés dans le cadre du TPS :
diabétique nécessite cependant quelques précautions particu- 1. anamnèse et examens : en début de TPS, il convient d’ac-
lières. Le type et la durée du diabète ainsi que le contrôle actuel tualiser, de contrôler et de compléter, le cas échéant, l’anam-
DOSSIER
nèse. Les facteurs de risque actuels doivent également être gingival local est nécessaire. L’élimination du biofilm sous-
établis (exemple : consommation de tabac)27. Pour les dia- gingival au niveau des sites concernés permet de supprimer le
bétiques, le contrôle actuel de la glycémie (taux d’HbA1c, facteur étiologique principal de la parodontite. La destruction
taux de glucose dans le sang) doit également être relevé. Les du tissu parodontal peut ainsi être stoppée et la progression
complications associées au diabète, le traitement en cours de la maladie empêchée dans de nombreux cas27. Si l’évalua-
et les médicaments pris en plus pour d’autres affections doi- tion du parodonte réalisée dans le cadre du TPS révèle plus de
vent être mentionnés sur le dossier25 ; cinq à six poches résiduelles plus profondes, le diagnostic d’une
2. examens extra et intrabuccaux (examen de la muqueuse récidive vient justifier un nouveau traitement parodontal anti-
buccale) ; infectieux systématique27.
3. examens dentaires : occlusion, lésions carieuses et obtu-
rations ; Une autre solution, ou un complément au traitement méca-
4. examen du parodonte : nique, peut être l’application topique d’antibiotiques ou d’an-
– indice de plaque (PI) et indice gingival (GI) : évaluation de tiseptiques (exemple : digluconate de chlorhexidine 0,1 à 0,2 %).
l’hygiène buccodentaire actuelle, Ces mesures sont surtout utiles quand des sites avec des poches
– état de santé du parodonte (au minimum une fois par plus profondes en raison de l’affection (PPD 암 5 mm avec
an) : contient l’analyse des profondeurs de poche au son- BoP) subsistent après le traitement anti-infectieux27. À long
dage (PPD) avec saisie de l’indice de saignement (BoP), de terme, un détartrage sous-gingival répété peut entraîner une
l’atteinte de furcation, des récessions et des mobilités den- usure importante des dents et une hypersensibilité des collets.
taires ainsi que des pertes d’attache, Une application sous-gingivale de substances antimicrobiennes
– diagnostic microbiologique (le cas échéant) ; peut être considérée comme une alternative efficace au détar-
5. diagnostic radiologique en cas de symptômes cliniques ; trage et au surfaçage radiculaire, car elle permet de prévenir
6. contrôle de la glycémie. les complications mentionnées27,28. Il faut cependant rappeler
que cette façon de procéder ne permet pas l’élimination méca-
Parallèlement aux mesures habituelles de contrôle de l’infec- nique du biofilm.
tion parodontale, la garantie d’un contrôle adéquat de la gly-
cémie joue un rôle déterminant sur l’issue favorable de la Un autre concept est l’administration sous-gingivale adjuvante
thérapeutique parodontale25. Le déroulement d’un TPS est décrit d’antibiotiques locaux (comme Perio-Chip®, Dexcel Pharma,
plus loin au moyen d’une étude de cas de parodontite avec un Alzenau…) au niveau les poches préalablement traitées méca-
diabète de type 1 Fig. 1 à 6. niquement27,28. Les aéropolisseurs utilisés avec des poudres spé-
ciales (EMS Air flow S1, Nyon, Suisse ou ClinPro® Prophypowder,
3M ESPE, Seefeld…) représentent une autre alternative pour
Nettoyage prévenir l’usure des dents27,28. À la fin de chaque séance, il est
professionnel des dents recommandé de réaliser une fluoration afin de réduire le risque
Étant donné que le biofilm bactérien à la surface des dents est accru de carie radiculaire28.
le principal facteur de risque de la parodontite et que le patient
n’est pas toujours en mesure d’en garantir l’élimination dans le
cadre de l’hygiène buccodentaire assurée au domicile, le net- Nouvelles instructions concernant
toyage professionnel des dents représente une part importante l’hygiène buccodentaire
du TPS. Le nettoyage des dents doit être doux, mais efficace, Pour certains patients, il est souvent difficile de respecter sur
en utilisant des instruments manuels et mécaniques. Il doit se une longue période de temps les règles d’hygiène buccoden-
terminer par un polissage27. taire apprises pendant le traitement, et de maintenir ainsi les
paramètres d’hygiène à un bon niveau. Pour cette raison, il
convient d’encourager le patient pour ses efforts et de lui indi-
Instrumentation sous-gingivale quer les zones d’ombre éventuelles. Il doit s’entraîner à appli-
Si la pathologie entraîne des profondeurs de poche au sondage quer les nouvelles techniques enseignées afin de poursuivre
암 4 mm avec saignement au sondage, un traitement sous- l’amélioration de l’hygiène buccodentaire.
Fig. 1 Examen préliminaire du parodonte d’un patient de sexe masculin, âgé de 47 ans, atteint de diabète
de type 1 (HbA1c 6,7 %) et d’une parodontite chronique sévère. Outre des profondeurs de sondage atteignant
10 mm, des récessions sur les dents antérieures mandibulaires, une lésion terradiculaire de Cl. II a été relevée
sur les 16, 27, 38 et 48. Un saignement général au sondage a été constaté.
Maxillaire supérieur
V V Profondeur au sondage V V
L L L L
V V V V
L L
Saignement au sondage L L
V V V V
L L Récession gingivale L L
V V V V
L L
Perte totale L L
Furcation
V V
L Furcation L
V V V V
L L Profondeur au sondage L L
V V V V
L L Saignement au sondage L L
V V V V
L L Récession gingivale L L
V V V V
L L Perte totale L L
Maxillaire inférieur
Fig. 2 Tableau clinique du patient pendant la phase active de traitement anti-infectieux. L’extraction des 18, 27, 38
et 48 a été suivie d’un détartrage et d’un surfaçage radiculaire complet. Outre, l’extraction des dents 17 et 16,
un traitement par régénération a été prévu au niveau de 24, 44 et 45 ainsi que la mise en place d’implants
au niveau de 16, 26, 36 et 46. Ensuite, les 34, 35, 44 et 45 doivent être restaurées prothétiquement.
DOSSIER
Fig. 3a et b Situation clinique et état de santé du parodonte au moment de l’examen final. Par rapport à l’examen
préliminaire, on constate une réduction manifeste des profondeurs de poche et des saignements au sondage.
Un seul site (niveau 15) présente encore une profondeur de poche au sondage de 6 mm.
La fréquence des séances de maintenance a été fixée à trois mois.
Maxillaire supérieur
b
V V V V
L L Profondeur au sondage L L
V V V V
L L Saignement au sondage L L
V V V V
L L Récession gingivale L L
V V Perte totale V V
L L L L
V V V V
L L
Furcation L L
V V
L
Furcation L
V V V V
L L
Profondeur au sondage L L
V V V V
L
Saignement au sondage L
L L
V V Récession gingivale V V
L L L L
V V Perte totale V V
L L L L
Maxillaire inférieur
Fig. 4a et b Situation clinique et état de santé parodontale du patient au bout d’un an de TPS.
Avec le temps, une réduction supplémentaire des profondeurs de poche au sondage a pu être obtenue.
Maxillaire supérieur
b
V V V V
L L Profondeur au sondage L L
V V V V
L L Saignement au sondage L L
V V V V
L L Récession gingivale L L
V V Perte totale V V
L L L L
V V V
L L
Furcation L
V V
L Furcation L
V V V V
L L
Profondeur au sondage L L
V V V V
L
Saignement au sondage L
L L
V V Récession gingivale V V
L L L L
V V Perte totale V V
L L L L
Maxillaire inférieur
DOSSIER
Fig. 5a et b Situation clinique et état de santé parodontale au bout de deux ans de TPS.
Le taux d’HbA1c du patient était alors de 6,5 %. Les 44 et 45 présentaient de nouveau des profondeurs de poche
au sondage élevées tout comme l’implant en situation de 26. Une fracture latérale était suspectée sur 45.
Le traitement suivant prévoyait une nouvelle instrumentation de 44, la clarification de la suspicion de fracture
latérale radiculaire sur 45 et de péri-implantite autour de l’implant en 26.
Maxillaire supérieur
b
V V V V
L L Profondeur au sondage L L
V V V V
L L Saignement au sondage L L
V V V V
L L Récession gingivale L L
V V Perte totale V V
L L L L
V V
L
Furcation L
V V V V
L L Furcation L L
V V V V
L L
Profondeur au sondage L L
V V V V
L
Saignement au sondage L
L L
V V Récession gingivale V V
L L L L
V V Perte totale V V
L L L L
Maxillaire inférieur
DOSSIER
BoP % = 13 %
Âge
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