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Recherche n° 114

& santé
Soutenir la Fondation pour la Recherche Médicale

6 LE DON URGENT
Détecter les maladies
cardio-vasculaires avant
qu’il ne soit trop tard

25 La Fondation et vous
Une transparence
financière à tous
les niveaux

13 Dossier

Diabète de type 2,
2e trimestre 2008 – 2,50  – www.frm.org

danger de l’obésité
dossier diabète

Dossier
parrainé
par…
Pr Michel Marre,
chef du service
d’endocrinologie,
diabétologie,
nutrition,  
à l’hôpital Bichat
(Paris).
DR

Diabète de type 2 :
Veit METTE/LAIF-REA

Gare aux complications


15I Recherche :   Les premières années, c’est une maladie qui ne fait pas parler
les promesses de  
la piste génétique d’elle. Mais, si ses premiers symptômes sont difficiles à
16I En images :
repérer, le diabète de type 2 n’en est pas moins une véritable
glucose-insuline,   menace pour l’ensemble de l’organisme. Car les complications
un fragile équilibre
sont nombreuses, sérieuses, et, si elles ne sont pas prises en
19I Point de vue :  charge à temps, elles peuvent être fatales.
Dr Raphaël
Scharfmann

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RECHERCHE & SANTé page 13 l N° 114 • 2 trimestre 2008
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dossier diabète

D
iabète de type 2, diabète non insulinodépen-
dant, diabète « gras », diabète de l’adulte…
Derrière tous ces noms se cache une seule
et même maladie qui concerne près de 2 mil-
lions de personnes en France.
Selon les données de l’Institut de Près de 2 millions
veille sanitaire (InVS), cette de diabétiques
affection chronique touche 11,2 %
des personnes de plus de 65 ans.
en France.
Cette prévalence élevée est obser-

Cardoso/BSIP
vée dans d’autres pays occidentaux. En cause ? Un
vieillissement progressif et un accroissement spec-
taculaire du principal facteur de risque, l’obésité. Le bon suivi des traitements et une hygiène de  
Cette dernière explique aussi l’apparition de plus en vie scrupuleuse sont absolument nécessaires  
plus fréquente du diabète de type 2 chez des adoles- à la maîtrise du diabète.
cents, alors qu’il était autrefois considéré comme le
diabète de l’âge mûr.
1999, en France, près de 27 000 décès liés au
Une maladie des seniors diabète, soit 5 % de la mortalité globale. Enfin,
L’InVS estime que d’ici à 2016, il y aura un million le coût de la prise en charge médicale du diabète, Une activité
de diabétiques en plus en France, dont près de la sans prendre en compte les coûts indirects, est physique
moitié à cause de l’obésité. Ce sont les seniors qui estimé à 4,9 milliards d’euros par an (4,7 % des régulière et une
alimentation
contribueraient le plus à cette augmentation : + 78 % dépenses générales). » Très inquiets de ce constat, saine, 
chez les 55-64 ans et + 48 % pour les plus de 65 ans. les spécialistes tirent le signal d’alarme : des mesu- avant tout.
L’InVS signale par ailleurs qu’« on dénombrait, en res de prévention doivent absolument être mises en

Obésité abdominale

Le tour de taille, un indice à ne pas négliger


D’un point de vue épi- surchargé en triglycérides (stéatose frant d’obésité viscérale présentent
démiologique, le diabète hépatique). » Ces graisses de locali- également des risques accrus d’ac-
de type 2 survient excep- sation spécifique libéreraient un signal cidents cardio-vasculaires. « Un tour
tionnellement de façon chimique inhibant les récepteurs de de taille élevé va souvent de pair avec
isolée. « Dans 90 % des l’insuline dans les tissus consomma- une hypertension, un profil lipidique
cas, les patients présen- teurs de glucose. Conséquence : une spécial et d’autres anomalies vascu-
tent un surpoids ou une moindre assimila­tion du sucre. L’enjeu laires », reprend Fabrizio Andreelli.
obésité, mais avec une est donc de repérer, en consultation, Ce qu’on appelle alors le « syndrome
GettyImages

localisation spécifique les personnes obèses susceptibles de métabolique » est défini d’après cinq
au niveau de la cein- développer un diabète de type 2, paramètres : tour de taille important,
ture abdominale, explique Fabrizio ou bien déjà prédiabétiques sans le réduction du « bon » cholestérol (HDL),
Andreelli, professeur des universités savoir. De fait, le dépistage de cette élévation des triglycérides sanguins, de
et praticien hospitalier dans le service « diabésité » repose moins sur l’indice la tension artérielle et de la glycémie à
de diabétologie de l’hôpital Bichat, à de masse corporelle (IMC) que sur jeun. La présence de trois d’entre eux
Paris. L’excès de tissu adipeux se situe la mesure du tour de taille, plus à suffit à porter le diagnostic. La priorité
alors non sous la peau, mais dans même de refléter l’accumulation de étant de réduire le tour de taille par
les viscères, en particulier abdomi- ces graisses dangereuses. des règles hygiéno-diététiques ou bien
naux. À cela s’ajoute souvent un foie Sans compter que les personnes souf- par des médicaments spécifiques.

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dossier diabète

Recherche
Les promesses  
de la piste génétique
Les facteurs de risque métaboliques, à l’Institut de
génétiques du diabète de biologie de Lille. « Une
type 2 sont variables d’un dizaine de gènes impliqués
individu à l’autre. Dans au niveau du pancréas ont
5 % des cas, il s’agit d’une déjà été identifiés comme
maladie monogénique, prédisposants. Cela signifie
survenant chez des un risque accru de
patients porteurs d’une développer un diabète  
anomalie génétique pour les porteurs de
unique, concernant plusieurs anomalies de  
le fonctionnement du ces gènes par rapport  
pancréas. Dans plus des aux personnes présentant
trois quarts de ces cas, uniquement les autres
le gène est aujourd’hui facteurs de risque comme
identifié. C’est ainsi que l’âge, le surpoids… » Ces
des travaux français ont nouvelles données s’avèrent
récemment montré que prometteuses. En témoigne
certaines formes très rares l’identification, en 2007,
de diabète néonatal étaient d’un transporteur de zinc
liées à un défaut de sécrétion spécifique aux cellules
d’insuline, secondaire à une pancréatiques et
anomalie d’un gène régulant indispensable à la sécrétion
GettyImages

l’entrée du potassium dans d’insuline. Comme le


les cellules pancréatiques. note Philippe Froguel,
Alors que ces enfants étaient « cette découverte intéresse
place contre cette menace silencieuse. « Le diabète traités par des injections beaucoup l’industrie
de type 2 se définit par une glycémie à jeun supé- d’insuline dès la naissance, pharmaceutique, car on
rieure à 1,26 gramme de sucre par litre de sang, cette découverte a permis dispose là d’une belle cible
équivalent à 7 mmol/l. Pour confirmer ce dia- d’envisager un simple médicamenteuse. Un
gnostic, il faut répéter la prise de sang », explique traitement oral par des médicament dirigé vers  
Beverley Balkau, directrice de recherche en épidé- sulfamides hypoglycémiants ce transporteur n’agirait
miologie à l’Inserm (Villejuif). « Dans un premier (qui stimulent la sécrétion que sur le pancréas, ce qui
temps, il s’agit souvent d’un phénomène de résis- d’insuline), un résultat diminuerait fortement le
tance à l’insuline : le pancréas arrive à produire dépassant toute espérance ! risque d’effets secondaires. »
de l’insuline, mais celle-ci ne joue pas efficace- (lire R & S n° 111, p. 4). Connaître ces gènes sert
ment son rôle, qui consiste à faire pénétrer le Quid des 95 % autres cas également à prédire le
sucre dans les cellules. Du coup, le sucre prove- de diabète de type 2, celui risque, notamment chez un
nant de l’alimentation s’accumule dans le sang. des personnes mûres, individu dont le père ou la
Par la suite, le pancréas produit de moins en et généralement associé mère est diabétique et en
moins d’insuline, on parle alors d’insuffisance à une obésité abdominale. surpoids. Avec, à la clé, des
de production d’insuline : le diabète est installé », « Les connaissances ont conseils hygiéno-diététiques.
explique le Dr Annick Fontbonne, de l’Institut de beaucoup évolué avec
recherche pour le développement, à Montpellier. l’exploration du génome et
Les causes ou origines de cette résistance à l’insuline les puces à ADN », explique Génome : ensemble des gènes
d’un organisme.
ne sont pas clairement identifiées, (suite page 18) le Pr Philippe Froguel,
directeur de l’unité CNRS Puces à ADN : test permettant
de déceler dans un échantillon
Génomique et Physiologie biologique la présence d’une
Glycémie à jeun : taux de sucre par litre de sang,
mesurée par une prise de sang après huit heures sans
moléculaire des maladies séquence d’ADN donnée.
aucune prise alimentaire.

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dossier diabète

Glucose-insuline,
un fragile équilibre
La régulation de la glycémie (taux de sucre circulant dans le sang) met en jeu le pancréas et les hormones qu’il produit : l’insuline et le
glucagon. L’insuline, surtout, agit sur le foie et sur les muscles pour y faire pénétrer le glucose sanguin et ainsi, réduire la glycémie. Mais ce
système peut se dérégler et favoriser, sur le long terme, la survenue d’un diabète de type 2.

Régulation normale de la glycémie Tissu graisseux

Après les repas, les sucres


des aliments digérés
Foie passent dans le sang.
Muscle
Stockage
Foie
Pancréas

Dans le foie, la liaison Glucose


de l’insuline favorise
l’entrée du glucose
et son stockage sous
forme de glycogène. Muscle

Dans les muscles, l’insuline


Circulation sanguine
favorise aussi l’entrée du
Insuline glucose qui est directement
utilisé comme « carburant ».

En réponse à
l’augmentation
du sucre dans le sang,
le pancréas sécrète Pancréas
de l’insuline qui se lie
(via son récepteur)
à la surface des organes
consommateurs de
glucose : foie et muscle.

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Etat pré-diabétique Tissu graisseux

Acides gras libres


Acides gras libres
cytokines
Foie cytokines

Les acides gras libres favorisent une


Pancréas Muscle insulinorésistance. Ainsi, l’entrée du
glucose dans le foie et le muscle est
réduite, alors que sa libération à partir
du foie augmente. La quantité de sucre
dans le sang augmente donc.

Foie

L’un des facteurs


favorisant le diabète
est l’accumulation de
graisse abdominale.
Ce tissu graisseux
libère des quantités
anormalement
élevées de substances Glucose
inflammatoires
(cytokines) et d’acides
gras libres.
Muscle

Circulation sanguine

Insuline

Le pancréas réagit en
produisant davantage d’insuline
pour tenter de maintenir
une glycémie normale :
c’est l’état pré-diabétique. Pancréas

Diabète de type 2 déclaré


Illustration : Sylvie Dessert

Après une dizaine d’années, sous l’effet de plusieurs facteurs L’hyperglycémie chronique s’installe avec ses complications
(cytokines, excès de triglycérides, facteurs génétiques…), au niveau du cœur, des vaisseaux, des reins, des yeux,
le pancréas est altéré et ne parvient plus à produire d’insuline du système nerveux, etc.
en quantité suffisante : c’est le stade de diabète.

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Prévention des complications

« Vivre en dessous du 7 »


Essentielle pour réduire les risques sucre dans le sang, jour après jour, inférieur à 10 %. » Quant à l’autocon-
de complications, la recommanda- sur trois mois. Pourquoi 7 % ? « Établi trôle quotidien de la glycémie, il reste
tion « vivre en dessous du 7 » forme selon les recommandations internatio- nécessaire pour les personnes traitées
le pilier de la surveillance des dia- nales, ce seuil est un bon compromis par l’insuline. Mais ne s’impose pas
bétiques. À partir d’une prise de pour fixer un objectif réalisable aux chez les diabétiques de type 2 : « il
sang trimestrielle, il s’agit de mesu- diabétiques, explique le Pr Bernard sert plutôt de mesure d’accompagne-
rer la proportion de l’hémoglobine Charbonnel, chef du service d’endo- ment, effectuée de façon temporaire,
glyquée, c’est-à-dire ayant fixé du crinologie du CHU de Nantes. On sait pour sensibiliser les patients aux effets
sucre. Inférieure à 6 % chez les non- qu’il correspond à un taux très faible positifs des changements de mode de
diabétiques, elle augmente avec le de complications : le risque de com- vie (alimentation et activité physique)
diabète et reflète le niveau moyen de plications oculaires à dix ans est ainsi sur la glycémie. »

(suite de la page 15)de même que celles de l’insuffi- envie fréquente d’uriner, qui s’accompagne souvent
sance de sécrétion d’insuline qui inaugure le diabète. d’une soif persistante que l’on ne parvient pas à
Ce qu’on sait, c’est qu’il survient en général après étancher, ainsi qu’une perte de poids inexpliquée.
50 ans, qu’hommes et femmes sont également tou- Le diabète est donc très souvent diagnostiqué par
chés et qu’il est largement favorisé par certains fac- hasard : « En France, on estime qu’il existe
teurs de risques. En tête bien sûr, l’obésité, et plus 500 000 diabétiques de type 2 qui s’ignorent.
particulièrement l’obésité viscérale. La sédentarité, Parce que la maladie est d’abord silencieuse, il
souvent associée, n’arrange rien. Il y a aussi des fac- existe un retard au diagnostic de plusieurs
teurs héréditaires : avoir un membre de sa famille années. Si ces chiffres semblent importants, la
atteint de diabète de type 2 augmente le risque. situation est pourtant bien moins catastrophique
Ainsi, depuis quelques années, de nombreux gènes qu’en Grande-Bretagne ou en Allemagne. Car
associés au diabète de type 2 ont été identifiés par en France, un dosage de glycémie de routine est
diverses équipes de recherche. souvent effectué par la médecine du travail »,
Lorsque l’excès de sucre dans le sang devient chro- raconte Beverley Balkau, épidémiologiste à l’Inserm.
nique, les premiers symptômes sont rarement pris Reste que, dans 20 % des cas, lorsque la maladie est
au sérieux alors qu’ils le devraient : notamment une diagnostiquée, elle s’accompagne déjà de complica-
tions. « Il ne faut pas attendre les premiers symp-
tômes pour faire le diagnostic du diabète ! »,
Le pied est une zone fragile pour les diabétiques. À surveiller de près pour éviter insiste le Dr Fontbonne.
des complications pouvant aller jusqu’à l’amputation.

Le danger cardio-vasculaire
À l’origine de ces complications, le sucre. En s’accu-
mulant dans le sang, il est responsable de nom-
breux dégâts dans les microvaisseaux qui irriguent
la moindre parcelle de notre organisme. Résultats :
ces atteintes microvasculaires sont à l’origine de
rétinopathies qui constituent, dans les pays indus-
trialisés, la première cause de cécité avant l’âge
de 65 ans. Détectés précocement par un examen
de fond d’œil, ces troubles oculaires peuvent être

Obésité viscérale : surcharge pondérale qui se concen-


tre sur la ceinture abdominale au lieu d’être répartie
sur l’ensemble du corps.

Rétinopathie : affection touchant la rétine, liée dans


Alix/Phanie

le cas du diabète à la détérioration des vaisseaux


qui l’alimentent ; elle conduit à une perte progressive
de la vision.

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Point de vue

Dr Raphaël Scharfmann, Inserm U 845, laboratoire « Développement normal


et pathologique des organes endocrines », Paris, Hôpital Necker-Enfants Malades.

Induire, via des médicaments, l’augmentation  


et la différenciation des cellules souches
Est-il possible de soigner le diabète parmi lesquelles la transdifférencia- cet organe pendant la vie fœtale et
aujourd’hui ? tion qui consiste à utiliser une cellule au cours du diabète pour identifier
On dispose de nombreux médicaments ne produisant normalement pas d’insu- des cibles de médicaments. Je crois
pour soigner, mais pas encore de moyens line, comme une cellule du foie, et à vraiment à l’hypothèse de l’existence,
capables de guérir. Et les résultats de la modifier in vitro pour obtenir une chez l’homme adulte, de cellules sou-
l’approche chirurgicale ne sont guère cellule ß pancréatique. Beaucoup de ches capables de se développer en
satisfaisants. La greffe de pancréas données sont publiées, mais peu s’avè- cellules ß, à l’instar de ce qui se passe
humain est une chirurgie extrêmement rent reproductibles. pendant la vie embryonnaire. Dans ce
risquée ; l’autre option, un peu moins déli- L’autre voie envisagée est celle des cadre, la voie thérapeutique consiste-
cate, consiste à greffer seulement des cellules souches. Mais il faut d’abord rait à induire, via des médicaments,
îlots de Langerhans. Mais cette solution comprendre la façon dont le pancréas l’augmentation et la différenciation des
n’est globalement pas si intéressante, se développe puis se régénère au cours cellules souches présentes dans le pan-
puisque les patients doivent prendre à de la vie adulte. Dans mon laboratoire, créas des diabétiques de type 2. L’idée
vie des médicaments antirejet. Tous ces nous étudions le développement des étant que chez eux, ces cellules ne sont
problèmes expliquent que les chirurgiens progéniteurs déjà existants dans le pas altérées.
se tournent vers d’autres alternatives pancréas, et qui donnent les cellules
telles que les xénogreffes [greffes de matures.
tissus animaux, ndlr] qui reviennent un
peu sur le devant de la scène… Quelles voies thérapeutiques privi- îlots de Langerhans : amas de cellules
du pancréas productrices d’hormones,
légiez-vous ? notamment de l’insuline.
Peut-on imaginer une réparation Il est très important de comprendre
Progéniteurs : cellules faiblement spéciali-
du pancréas ? vraiment ce qui se passe dans le pan- sées qui, par division, donnent naissance
Plusieurs stratégies sont à l’étude, créas au cours du développement de à une lignée de cellules matures.

traités par laser. À défaut d’une visite par an chez nale (lire R & S n° 112), qui ont donc besoin d’être
un ophtalmologue, il peut être trop tard. L’atteinte dialysés, voire transplantés, le sont à cause du
progressive des microvaisseaux a aussi des effets diabète.
délétères sur les nerfs. On parle alors de neuropa- Deuxième type de complications, les atteintes des
thie diabétique, qui est la première cause d’ampu- gros vaisseaux. Cela regroupe divers types d’attein-
tation non traumatique. En effet, cette neuropathie tes cardio-vasculaires, dont le risque subsiste même
s’accompagne d’une perte de sensibilité, principa- si la glycémie est équilibrée. Il existe ainsi un risque
lement aux extrémités, elle prédispose donc aux accru de 50 % d’hypertension artérielle, une prédis-
plaies des pieds. Là aussi donc, une visite annuelle position à l’angine de poitrine, et surtout un risque
auprès d’un spécialiste s’impose, et une sur- plus important d’infarctus du myocarde et d’acci-
veillance régulière de la bonne santé des pieds est dents vasculaires cérébraux. Ces complications
indispensable. Enfin, troisième organe victime de cardio-vasculaires sont à l’origine du décès de plus
ces atteintes microvasculaires, les reins. Ainsi, 20 d’un diabétique sur deux. Elles sont donc à prendre
à 25 % des Français en insuffisance rénale termi- très au sérieux et nécessitent une prise en charge
adaptée, c’est-à-dire la mise en place de mesures
préventives permettant de diminuer tous les autres
Angine de poitrine : pathologie liée au rétrécissement
facteurs de risques cardio-vasculaires (surpoids,

du diamètre d’une artère coronaire responsable de
douleurs thoraciques. cholestérol, tabac, sédentarité…).

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dossier diabète

Analogie

Le diabète de type 1, parfait modèle d’étude


En quoi le diabète de type 1 aide-t-il découverte en 1920, la production vention secondaire afin de les bloquer.
à traiter celui de type 2 ? « Le dia- et l’injection d’insuline ont changé la Une approche tout à fait transposable
bète de type 1 est un peu un modèle donne pour tous les diabétiques de au diabète de type 2, qui entraîne,
qui permet de comprendre l’effet type 1 ; à partir des années 1970, les sur le long terme, des complications
de l’excès de sucre sur l’organisme chercheurs ont démontré la relation de analogues.
et les conséquences de l’absence cause à effet entre l’excès de glucose Par ailleurs, toutes les recherches
d’insuline, liée à la destruction des et les conséquences pathologiques. visant à remplacer la sécrétion d’insu-
cellules pancréatiques », explique le Depuis, on a prouvé l’efficacité de la line dans le diabète de type 1 intéres-
Pr Michel Marre, chef du service d’endo- prévention primaire – contrôler la gly- sent également le type 2, caractérisé
crinologie, diabétologie, nutrition cémie – pour empêcher la survenue par un déficit relatif, mais progressif,
de l’hôpital Bichat (Paris). Depuis sa des complications et celle de la pré- de cette hormone pancréatique.

p. 18), maintenir une tension artérielle en dessous


de 13-8 et un faible taux de mauvais cholestérol.
« Dans un premier temps, on se donne six mois
pour atteindre ces objectifs simplement par un
changement de mode de vie, c’est-à-dire une
alimentation plus adaptée et de l’exercice régu-
lier. Si cela ne suffit pas, alors on peut s’aider de
médicaments comme des antihypertenseurs
classiques et/ou les statines contre le cholestérol »,
explique le Dr Hadjadj. Et si le changement d’alimen-
tation ne permet pas de limiter la glycémie, alors
il existe, là aussi, plusieurs types de médicaments
sous forme de comprimés. En premier lieu, la
metformine, dont le rôle est d’améliorer l’action de
l’insuline. « Aux personnes qui supportent mal
Le diabète est les troubles digestifs associés à ce traitement ou
la première chez qui il n’est pas efficace, on peut prescrire
cause de cécité
dans les pays des sulfamides hypoglycémiants, qui stimulent,
occidentaux. eux, la production d’insuline par le pancréas,
Une visite ou encore des glitazones », décrit le diabétologue.
annuelle chez
l’ophtalmologiste En matière de nouveaux traitements pour équilibrer
GettyImages

peut prévenir la glycémie, on attend de nouvelles molécules pour


bien des dégâts. très bientôt sur le marché.
« Contre la survenue du diabète, mais aussi de
… Une fois le diagnostic de diabète de type 2 posé, ses complications, la prévention est le maître
il convient de mettre en place très rapidement une mot », martèle Annick Fontbonne. Il s’agit donc, tout
prise en charge globale. « Dans la majorité des au long de sa vie, de surveiller son poids et d’identi-
cas, l’organisation des soins est centrée sur le fier d’éventuels facteurs de risques familiaux. Et si
médecin généraliste. Il commence par informer le diabète survient, on doit être capable de modifier
le patient, et fixer avec lui trois types d’objectifs son hygiène de vie et de minimiser les risques car-
qui vont permettre de limiter le risque d’acci- dio-vasculaires associés à cette pathologie pourtant
dents liés à l’excès ou à l’insuffisance de sucre indolore. Même si le diabète de type 2 est une mala-
dans le sang, et prévenir les complications », die chronique dont, pour l’instant, on ne peut pas
explique le Dr Samy Hadjadj, du CHU de Poitiers. guérir, nous avons toutes les cartes en main pour
Ces trois objectifs sont : équilibrer la glycémie limiter les dégâts. Il ne faut pas baisser les bras si
(hémoglobine glyquée en dessous de 7, voir encadré l’on veut conserver « bon pied, bon œil ». ■

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RECHERCHE & SANTé page 20 l N° 114 • 2 trimestre 2008e

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