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Nutrition et diabète
Nutrition and diabetes mellitus
Françoise Foussarda,*, Agnès Salleb
a
UFR des sciences pharmaceutiques et d’ingénierie de la santé d’Angers, 16, boulevard Daviers, 49045 Angers cedex, France
b
Service de diabétologie, CHRU d’Angers
Plan :
• Introduction
• Partie I : Diabète
C Définition, classification, symptômes cliniques fréquents
C Diabète de type 1 (anciennement insulinodépendant)
C Diabète de type 2 (anciennement non insulinodépendant)
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Francoise.Foussard@st-serge.univ-angers.fr (F. Foussard).
doi:10.1016/j.nupar.2004.04.009
F. Foussard, A. Salle / Nutrition clinique et métabolisme 18 (2004) 92–102 93
Gènes Age
Augmentation
Lipolyse
Résistance
muscle à
insuline
Obésité AG
Augmentation
néoglucogenèse
hyperinsulimémie hépatique
Diminution
tolérance au Glc
décompensation
pancréatique sécrétion
insuline
Diabète
Fig. 1. Cascade des événements conduisant au diabète (tiré de Satiel AR Cell : 2001 ; 104 : 517-529). Diminution progressive de l’action de l’insuline suivie
d’une incapacité des cellules b du pancréas à compenser la résistance à l’insuline. Première étape : résistance tissulaire à l’insuline d’origine multifactorielle
Conséquences : Lipolyse et libération d’acides gras (AG) c exacerbation de la résistance hépatique et musculaire Compensation par augmentation de la
sécrétion d’insuline Dernière étape : décompensation par impossibilité d’adapter la quantité d’insuline Conséquences : Augmentation de la résistance au
glucose (Glc) Évolution vers le diabète de type 2
• les modalités de cuisson (carottes crues IG =25 %, cuites duite et le risque de développer un DT2 est accru. Cette
= 90 %) ; situation se rencontre notamment chez les personnes
• l’association avec des protéines en quantité suffisante consommant de grandes quantités de boissons sucrées (limo-
(30 à 50 g), avec des lipides, des fibres entraîne une nade, coca...).
baisse de l’index glycémique.
La variabilité individuelle. 2.2.2.2. Alimentation à index glycémique faible
En améliorant la sensibilité à l’insuline, une telle alimen-
2.2.2.1. Alimentation à index glycémique élevé tation protège contre le développement du DT2. Une part de
Lorsque plus de 30 % de l’apport calorique quotidien est cet effet bénéfique peut s’exercer via la perte pondérale
apporté par du saccharose, la sensibilité à l’insuline est ré- Glycémie mmol/l
IG 16,6
100 glucose
Purée pommes de terre
carottes cuites glucides seuls en dehors
Pain blanc, repas
pâtes 8,33
associée à ce type d’alimentation, puisqu’un tel régime riche AGS, lait de vache) favorisent le développement du diabète
en glucides est obligatoirement pauvre en graisses. de type 2 en diminuant la sensibilité à l’insuline. La diminu-
2.2.3. Rôle des fibres tion significative de ces aliments à fort IG au profit d’une
Le rôle préventif des fibres vis à vis du développement du alimentation à faible index glycémique, riche en fibres et
DT2 est clairement établi. Il résulte de leurs caractéristiques : légumineuses associée à la consommation préférentielle de
ce sont des glucides peu digérés, faiblement caloriques, graisses végétales et de poissons riches en AGPI permet de
non-hyperglycémiants, apportant un volume important et diminuer le risque de diabète.
ayant un important pouvoir satiétogène. De ce fait, avec un
régime riche en fibres le risque de développer une obésité est Ceci est le type d’une alimentation normale et
réduit. Ainsi, une augmentation de la consommation de fibres équilibrée
de 12 à 24 g par jour (quantité minimale à absorber) réduit le
risque de développer un diabète de 22 % en augmentant la
sensibilité à l’insuline. (annexe 2 : aliments riches en fibres
cf.). 3. Traitement
2.2.4. Rôles des légumineuses
Les légumineuses (lentilles, haricots, fèves, pois chiches, 3.1. Objectifs
pois cassés, petits pois, soja...) protègent contre le dévelop-
pement du DT2. Cet effet est lié à la conjonction de plusieurs L’objectif principal du traitement de tout diabète est de
propriétés : ce sont des aliments à faible index glycémique, normaliser la glycémie, l’hyperglycémie chronique étant le
riches en fibres et pauvres en graisses. déterminant essentiel des complications dégénératives. Si
l’indication du traitement médicamenteux et sa nature dépen-
2.2.5. Rôle des régimes riches en graisses dent du type de diabète et/ou de son stade évolutif, les
Les régimes riches en lipides favorisent le développement mesures hygiénodiététiques sont toujours indiquées et
du diabète : doivent être mises en œuvre en première intention. Leur
• par l’intermédiaire de l’insulinorésistance et de la sur- effet n’est pas uniquement de normaliser la glycémie : elles
charge graisseuse ou l’obésité qu’ils entraînent (compte permettent également, notamment au cours du diabète de
tenu de la haute densité énergétique des lipides, une type 2, de corriger les facteurs de risque vasculaire associés
alimentation hyperlipidique est également hypercalori- en corrigeant une dyslipidémie, en normalisant la pression
que et favorise le développement de la surcharge
artérielle, en contrôlant le poids.
graisseuse) ;
• par une action directe sur la sensibilité à l’insuline (les
3.2. Moyens non médicamenteux hygiénodiététiques
lipides diminuent la sensibilité à l’insuline).
En fonction de leur nature, les lipides sont diversement 3.2.1. Diététiques
associés au risque de diabète comme l’indique le Tableau 1.
2.2.6. Rôle des micronutriments 3.2.1.1. Apport calorique
• le potassium (banane, endive, raisin, champignons, Vi- En cas de poids normal, l’apport calorique doit couvrir les
chy St Yorre), le calcium, le magnésium (eau, lait, cho- besoins et être équilibré en macronutriments. Pour un
colat, cacao, bigorneau..) réduisent le risque de dévelop- homme d’âge compris entre 41 et 60 ans, pesant 70 kg et
pement de DT2 en cas d’apport important. ayant une activité normale, les besoins sont de 2200 à
• Vitamine D : la carence en vitamine D favoriserait le 2500 kcal/jour. Pour une femme d’âge compris entre 41 et
développement du DT2 en réduisant la sécrétion d’insu- 60 ans, pesant 60 kg et ayant une activité habituelle, les
line par les cellules b pancréatiques. besoins sont de 1800 à 2000 kcal/jour.
En cas d’excès pondéral, l’apport calorique doit être réduit
2.3. Conclusion de 500 kcal/jour par rapport à la consommation habituelle
afin de permettre une réduction pondérale. L’objectif est de
Dans des populations génétiquement prédisposées, la réduire la masse grasse abdominale, cause d’insulinorésis-
consommation de certains aliments (glucides à IG élevé, tance, mais n’est pas de normaliser le poids. Une perte de 5
Tableau 1
Effets de la nature des acides gras sur la sensibilité à l’insuline
2. Le petit déjeuner doit être suffisant : un bol de café 3. Choisir des viandes peu grasses :
ne suffit pas ; il faut y associer au minimum un fruit • volailles, lapin, bavette, rôti de veau, cheval ;
et 1/6 de baguette ou un bol de céréales avec du lait. • les cuisiner sans matières grasses ;
3. Supprimer complètement les boissons sucrées, leur • ne pas manger le gras de la viande ;
préférer l’eau, voire les eaux aromatisées et boire au • consommer des portions raisonnables :
minimum 1,5 litre d’eau par jour. 120 g de viande = 120 g de poisson = 2 œufs
4. Se servir une fois d’une part normale plutôt que de = deux tranches de saumon fumé = deux tranches
se resservir plusieurs fois. de jambon blanc, de blanc de dinde ou de poulet
5. Limiter la consommation de fromage en quantité et apportent environ 20 g de protéines animales
en fréquence (1 portion par jour = 30 g = 1/8 de 4. Manger plus souvent du poisson :
camembert), préférer les laitages à 0 ou 20 % de • au moins deux ou trois fois par semaine ;
matières grasses aux autres repas. Attention : le • frais ou surgelé ou en conserve au naturel.
fromage est deux fois plus gras que la viande. 5. Éviter les aliments très gras :
6. Se méfier des graisses cachées : charcuterie, frites, • préférer les plats sans sauce ;
cacahuètes, chips, pâtisseries, mayonnaise, viennoi- • remplacer la mayonnaise par de la moutarde ;
series, plats en sauce, chocolat sont des « bombes • remplacer la vinaigrette par une sauce au citron
caloriques ». À déconseiller. Il faut en réduire la (2 yaourts à moins de 20 % + 1/2 citron + 1 c. à s.
consommation dans un premier temps et faire atten- de moutarde) ;
tion aux autres apports en graisses de la journée. • éviter amandes, olives, cacahuètes, pistaches ;
7. L’alcool est calorique, il est préférable d’éviter sa • préférer les tartes, mousses de fruits, éclairs aux
consommation ou tout du moins à la limiter à un pâtisseries type millefeuille, Paris-Brest (pas plus
verre de vin par repas et un apéritif par semaine. d’une fois par semaine).
8. Pratiquer une activité physique régulière.
4. Comment manger suffisamment de glucides
3. Comment manger moins gras (lipides = 30 % de indispensables à faible IG (55 % de la ration
la ration calorique) ? calorique) ?
1. Être vigilant car spontanément nous mangeons tous
1. Il est nécessaire de consommer des féculents à cha-
trop gras.
que repas pour assurer un bon équilibre du diabète.
2. Limiter les matières grasses en contrôlant les quan-
2. Manger une part de féculent au déjeuner et au dîner :
tités consommées :
• environ 100 g cuits correspondant à :
• il n’y a pas d’huile moins grasse, toutes les huiles
C trois petites pommes de terre ou
sont caloriques ; les doser à l’aide d’une cuillère à
C six c. à s. de riz ou de pâtes cuits ou
soupe (c. à s.) ;
C sept c. à s. de semoule ou de légumes secs cuits
• la margarine est aussi grasse que le beurre.
3. Manger un morceau de pain matin, midi, soir ou
Toutes ces quantités sont équivalentes en terme d’apport
majorer l’apport de féculents :
lipidique:
• Environ 40 g de pain = 2 tranches de 1 cm = 1/5 de
1 cuillère à soupe rase 2 cuillères à soupe 1/2 cuillère baguette = 4 biscottes = 2 tranches de pain de mie.
~10–12 g à soupe 4. Manger deux fruits par jour à la fin du repas :
Huile Beurre allégé mayonnaise • 1 fruit = 1 pomme = 1 poire = 1 orange = 1/2 pam-
beurre Margarine allégée plemousse = 1/4 ananas frais = 1 barquette 250 g
margarine Crème fraîche allégée
15 % de fraises ou framboises = 12 cerises = 1 pêche =
Bombée de crème fraîche Sauce vinaigrette allégée 2 clémentines = 4 abricots = 5 prunes = 15 grains
Mayonnaise allégée de raisin = 1 petite banane = 1/2 melon = 2 kiwis =
100 F. Foussard, A. Salle / Nutrition clinique et métabolisme 18 (2004) 92–102
Sucres
raffinés
Légumineuses Tubercules
Maltose
Petits glucose
100% Déjeuners Panais
tubercules
Carottes
A base de
céréales cuites
P DT*
Corn instantanée
Produits Produits flakes
laitiers Biscuits céréaliers PDT
bouillies
Frais Riz blanc
Pain
Raisin
banane Riz brun Flocon saccharose Betteraves
avoine
Ignames
Pois cassé Spaghetti
50% blé PDT
Spaghetti douces
Crème Pomme complète
glacée orange
Pois chiche
0%
*PDT=pomme
Index glycémique de terre
Annexe 2. Teneur en Fibres de divers Fruits et Légumes. Fibres en g/100 g de Pour en savoir plus
matière sèche
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Nectarine 5,7 5,7 11,4
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Sites d’intérêt :
Pamplemousse 9,0 4,1 13,1
www.diabète.fr (des recettes)
Pêche 7,1 6,4 13,5
www.diabsurf.com
Poire 4,2 8,6 12,8
www.dia b etenet.com
Pomme 5,7 7,4 13,1 Petits documents à se procurer :
Prune 7,0 4,0 11,0 L’équilibre ! Mon carnet de route : Novo Nordisk SA 32, rue de
Bellevue 92773 Boulogne Billancourt.
D’après Englyst HN, Bingham SA, Runswick SA, Collinson E, Alimentation diabète : Collection Glucides complexes et Alimenta-
Cummings JH. “Dietary fibre (non-starch polysaccharides) in fruit, tion, GIE/ARN, 27/29, rue des Poissonniers, 92200 Neuilly sur
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