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Diabète

Pr N BELHADJ

Médecine interne

I- Définition
Le diabète est un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des
sucres (glucides) apportés par l’alimentation. Il se traduit par une hyperglycémie
chronique (taux de glucose élevé dans le sang) résultant d’une déficience de la
sécrétion d’insuline, d’anomalies d’action de l’insuline sur les tissus cibles ou
l’association des deux.
• Un diabète est avéré lorsque la glycémie à jeun est ≥ à 1.26 g/l à deux reprises ou
• ≥ à 2 g/l à n’importe quel moment de la journée.
• On distingue principalement deux types de diabète :
 le diabète de type 1 qui touche environ 6% des diabétiques
 le diabète de type 2 qui en touche 92 %.
 Les autres types de diabète concernent les 2 % restants (MODY, LADA ou diabète
secondaire à certaines maladies ou prises de médicaments).
• Le diabète de type 1 : appelé autrefois diabète insulinodépendant (DID) ou diabète
sucré, est habituellement découvert chez les personnes jeunes : enfants, adolescents
ou jeunes adultes.
 Il se traduit par une soif intense (polydipsie),
 des urines abondantes (polyurie)
 un amaigrissement rapide.
 Ce diabète résulte de la disparition des cellules bêta du pancréas entraînant une
carence totale en insuline. Le glucose ne pouvant entrer dans les cellules retourne
dans le sang et élève la glycémie.
 on dit que le diabète de type 1 est une maladie auto-immune. Il est traité par prise
d’insuline quotidienne
• Le diabète de type 2, autrefois appelé non insulinodépendant (DNID) ou diabète
gras, apparaît généralement chez les personnes âgées de plus de 40 ans.
• Le processus causal diffère de celui du diabète de type 1. Deux anomalies sont
responsables de l’hyperglycémie :
 soit le pancréas fabrique toujours de l’insuline mais pas assez, par rapport à la
glycémie : c’est l’insulinopénie ;
 soit cette insuline agit mal, on parle alors d’insulinorésistance.
 Le surpoids, l’obésité et le manque d’activité physique sont la cause révélatrice du
diabète de type 2 chez des personnes génétiquement prédisposées.
 Il se traite par antidiabétiques oraux ou insulinothérapie.
 Dans les 2 cas, le traitement repose sur une autosurveillance glycémique, l’activité
physique et un suivi diététique.
II- Les manifestations cliniques générales:
 Les microangiopathies peuvent aboutir à une insuffisance rénale chronique ou à des
rétinopathies.
- Les macroangiopathies par formation de plaques d’athéromes entrainent une forte
augmentation du risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC…).
- Les neuropathies périphériques sont représentées par les paresthésies, les
hypoesthésies…
- Les complications sinfectieuses sont fréquentes et parfois difficiles à traiter.
- Le risque d’hypoglycémie (surtout chez les patients traités par insuline, sulfamides
hypoglycémiants ou glinides).

III- Les manifestations cliniques orales:


- Les maladies parodontales : Il existe une étroite relation entre le diabète et la santé
parodontale. D’une part, on note une augmentation de l’incidence et de la sévérité
des maladies parodontales chez le patient diabétique (risque 3 fois plus élevé de
développer une maladie parodontale).
- D’autre part le déséquilibre du diabète s’explique par l'insulino-résistance suite à la
production des cytokines pro-inflammatoires lors d’une inflammation parodontale.

• La xérostomie est fréquente chez les diabétiques. Elle s'accompagne d'une


augmentation du glucose salivaire et d'une baisse de pH salivaire. Ceci conduit
rapidement à une prolifération de la plaque dentaire.
- L’augmentation du risque carieux s’explique par la xérostomie et par la
modification de la flore buccale.

• L’augmentation du risque d’infections bactériennes, virales et fongiques s’explique par


l’immunodépression, suite à la perturbation des fonctions leucocytaires. Les mycoses
buccales sont les plus fréquentes.
• - L’altération du goût, s’observe surtout chez les diabétiques traités par biguanides
(Glucophage®).

IV- Les complications du diabète :


Les hyperglycémies répétées et prolongées entraînent à long terme une altération des
nerfs et des vaisseaux sanguins présents dans tout le corps.
Des complications qui se traduisent par une cécité, des atteintes des pieds pouvant
conduire à des amputations, des infarctus et des accidents vasculaires cérébraux, des
troubles de l’érection, une insuffisance rénale ou des maladies parodontales.
• Le diabète est un facteur de risque majeur pour les maladies parodontales.
• On recense 3 fois plus de parodontites chez les patients diabétiques que chez les non
diabétiques.
• Ce qui fait de la parodontite la 6ème complication du diabète
• Le diabète, surtout lorsqu’il est mal contrôlé, entraine une inflammation gingivale et retarde
les processus de défense et de cicatrisation.
• A l’inverse la parodontite est aussi un facteur aggravant du diabète puisque l’inflammation
parodontale augmente, via le sang, l’insulinoresistance (les cellules hépatiques, musculaires
et adipeuses deviennent moins sensibles à l’insuline et captent moins le glucose).
• Un traitement parodontal classique réduisant l’impact bactérien buccal diminue le taux de
l’hémoglobine glyquée de 0,4% en 3 mois.

V- La prise en charge du diabète au cabinet dentaire


La prise en charge odontologique se base sur l’équilibre du diabète
• Chez les diabétiques, le dosage de la glycémie donne une image instantanée du taux de sucre
dans le sang. Mais seule la mesure du taux de l’hémoglobine glycosylée permet d’évaluer le
contrôle de la maladie : au cabinet dentaire la prise en charge se base sur l’Hb a1c

a- Classification du diabétique
Une HbA1c < 7% diabète équilibré
Une HbA1c entre 7% et 8% moyennement équilibré
Une HbA1c > 8% non équilibré
b- Points clés
Le stress peut entraîner une hyperglycémie chez les diabétiques du fait de la
libération d'hormones du stress, comme l'adrénaline.
-Une infection peut entraîner un déséquilibre du diabète et le risque d’extension
d’un foyer infectieux augmente lorsque la glycémie augmente.
[Tout diabète mal équilibré aggrave une infection et toute infection aggrave un
diabète]
c- Précautions générales
Un examen dentaire complet annuel ou bi-annuel est recommandé chez le patient
diabétique (équilibré ou pas).
-Limiter le stress du patient:
+Prémédication sédative
+S’assurer d’avoir une analgésie efficace avant de débuter les soins.
-Chez le diabétique insulinodépendant, planifier les soins de préférence après un
repas.
-Une source de glucose doit être utilisée en cas d’hypoglycémie. - Précautions vis-à-
vis des interactions médicamenteuses.

1- Situation clinique: HbA1c ≤ 7%


Tous les soins sont possibles en respectant les précautions générales

2- Situation clinique: HbA1c entre 7% et 8%


Actes non-invasifs
-Actes de prévention
-Soins conservateurs
-Soins prothétiques non sanglants
-Dépose de points de sutures
-Pose de prothèses amovibles
-Pose / ajustement d’appareil orthodontique
-Prise de radiographies intrabuccales

Respecter les précautions générales

3- Situation clinique: HbA1c entre 7% et 8%


Actes invasifs
Tous les actes impliquant une manipulation de la gencive, de la pulpe ou de la
région périapicale de la dent, ou en cas d’effraction de la muqueuse orale (en
dehors de l’anesthésie locale ou locorégionale)

Actes invasifs limités:


Détartrage,extraction simple, endodontie….
Respecter les précautions générales
-Protocole anti-infectieux: niveau A

Actes invasifs étendus: chirurgie…


Respecter les précautions générales -Protocole anti-infectieux: niveau B
Protocole anti-infectieux: niveau A
Avant les soins
-Tout foyer infectieux actif doit être traité par une antibiothérapie curative
-Diminuer la charge bactérienne:
+Eliminer la plaque dentaire et le tartre présents en bouche
+Prescrire des bains de bouche antiseptique (CHX 0,12%)
-Motiver le patient à l’hygiène bucco-dentaire
Antibioprophylaxie
Dans l’heure qui précède les soins, le patient doit prendre:
-Par voie orale: 2g d’amoxicilline chez l’adulte, 50 mg/kg chez l’enfant
-Si allergie aux pénicillines, par voie orale: 600mg de clindamycine chez l’adulte,
ou 20 mg/kg chez l’enfant à partir de 6 ans
Protocole anti-infectieux: niveau A
Pendant les soins
S’il existe un foyer infectieux, faire l’anesthésie à distance de celui-ci
-Séance la plus courte possible
-Endodontie: soins sous digue
-Chirurgie:
+Préservation maximale des tissus environnants
+Rinçage de la plaie opératoire avec un antiseptique avant de suturer
+Sutures en rapprochant les berges
Protocole anti-infectieux: niveau A
Après les soins
Bain de bouche antiseptique pendant 7 jours (CHX 0,12%)
-Dépose des fils de sutures après 7 à 10 jours avec contrôle de la cicatrisation
muqueuse
Protocole anti-infectieux: niveau B
Avant et pendant les soins
Le même protocole anti-infectieux: niveau A
Après les soins
Bain de bouche antiseptique (CHX 0,12%) pendant la phase de cicatrisation
muqueuse
-Poursuite des antibiotiques pendant la phase de cicatrisation muqueuse (en
général 7 à 10 jours)
Bain de bouche antiseptique (CHX 0,12%) pendant la phase de cicatrisation
muqueuse -Poursuite des antibiotiques pendant la phase de cicatrisation
muqueuse (en général 7 à 10 jours) -Dépose des fils de sutures après 7 à 10 jours
avec contrôle de la cicatrisation muqueuse -Dépose des fils de sutures après 7 à
10 jours avec contrôle de la cicatrisation muqueuse

4- Situation clinique: HbA1c > 8%


Une consultation médicale est nécessaire avant tout acte thérapeutique.
Aucune intervention ne sera effectuée avant la stabilisation du diabète.
Deux circonstances font exception à cette règle :
- Lorsque le foyer dentaire est le seul responsable du déséquilibre du diabète,
- Lorsque les lésions dentaires ont un caractère urgent (pulpites, cellulites …).
- A ce moment, il s'agit d'intervenir en milieu hospitalier ….
- Précautions vis-à-vis de l’anesthésie
Les vasoconstricteurs ne sont pas contre-indiqués
-L’injection doit être lente et sans force.

5- Précautions vis-à-vis des prescriptions courantes en odontologie


-Antibiotiques: Pas de précautions particulières concernant les antibiotiques
généralement prescrits par les dentistes.
-Antalgiques et anti-inflammatoires: Les corticoïdes sont à utiliser avec
précautions chez les diabétiques (risque élevé d’hyperglycémie). En cas
d’obligation, la cure doit être courte et il faut renforcer la surveillance de la
glycémie.
Certains AINS potentialisent l’effet des sulfamides hypoglycémiants induisant des
hypoglycémies aigues
-Antifongiques:
+Le miconazole (Daktarin°) par voie générale ou gel buccal est contre-indiqué
chez les diabétiques sous sulfamides hypoglycémiants (risque élevé
d’hypoglycémie).
+Le fluconazole (Triflucan°) est déconseillé chez les diabétiques sous sulfamides
hypoglycémiants (risque élevé d’hypoglycémie).
En cas d’obligation, il faut renforcer la surveillance de la glycémie.
VI- CONCLUSION
Le diabète est une maladie chronique non transmissible fréquente qui présente plusieurs
complications et manifestations cliniques d’autant plus prononcées lorsque le diabète et
non ou mal équilibré. L’OMS et la Fédération Internationale du Diabète (FID) qualifient le
diabète de pandémie mondiale. Leurs activités visent à sensibiliser au diabète et à ses
complications, à améliorer la qualité et l’accès à l’éducation au diabète, et à rehausser
les normes de traitement et de soins partout dans le monde.
Il existe une étroite relation entre l’équilibre endocrinien et l’état bucco-dentaire, d’où le
rôle capital du médecin dentiste dans le dépistage et le suivi des patients.
En pratique quotidienne le praticien peut être confronté à 3 risques chez le patient
diabétique, à savoir le risque infectieux, le risque de malaise hypoglycémique et le risque
lié à la prescription médicamenteuse.
Une bonne connaissance des risques et de l’état du patient permettra une prise en
charge optimale

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