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CONDUITE A TENIR DEVANT UN PATIENT PRESENTANT UN DIABETE

ET DES TROUBLES ENDOCRINIENS

PLAN

1- LE DIABETE

1-1 Introduction

1-2 Classification

1-3 Manifestations cliniques du diabète

1-4 Manifestations bucco-dentaires du diabète

1-5 Prise en charge en odonto-stomatologie

1-5-1 Le dépistage

1-5-2 Les patients diabétiques

2- PATHOLOGIES DE LA GLANDE THYROIDE

2-1 L’hypothyroïdie

2-2 L’hyperthyroïdie

2-3 Prise en charge au cabinet dentaire

3- PATHOLOGIES DES GLANDES PARATHYROIDES

3-1 L’hyperparathyroïdie

3-2 L’hypoparathyroïdie

3-3 Prise en charge au cabinet dentaire

4- PATHOLOGIES DES GLANDES SURRENALES

4-1 L’insuffisance corticosurrénale

4-2 Le Syndrome de Cushing

4-3 Le Phéochromocytome

4-4 Prise en charge au cabinet dentaire

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1- LE DIABETE :

1-1 INTRODUCTION :

Le diabète est une affection chronique due à un désordre endocrinien, caractérisé par une
élévation du taux de glucose sanguin (glycémie) et d’autres manifestations métaboliques
résultant de l’activité inadéquate de l’insuline au sein de l’organisme

1-2 CLASSIFICATION :

Il existe deux types de diabète :

 Type 01 : Insulinodépendant, fréquent chez l’enfant et l’adulte jeune.

 Type 02 : Non insulinodépendant, affecte généralement le sujet après 40 ans et ayant


un excès de poids.

1-3 MANIFESTATIONS CLINIQUES DU DIABETE : On note

 Une polyurie.

 Une polydipsie.

 Une perte de poids.

 Des infections et troubles de vision.

1-4 MANIFESTATIONS BUCCO-DENTAIRES DU DIABETE :

Elles sont souvent la complication d’un diabète et résultent non pas du déficit de l’hormone
gluco-régulatrice (insuline) mais probablement de l’acidose ou de l’angiopathie, on peut
citer :

 Des infections et des inflammations dues à l’altération de la flore buccale et des


troubles fonctionnels des polynucléaires neutrophiles.

 Les candidoses buccales.

 Les gingivites persistantes.

 Les polycaries et sécheresse buccale.

 Un retard de cicatrisation
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 Ulcérations pouvant persister malgré le traitement.

 Odeur d’acétone de l’haleine

 Hypotonicité de la langue

 Hyperviscosité de la salive.

1-5 PRISE EN CHARGE EN ODONTO-STOMATOLOGIE :

Le rôle du Médecin dentiste consiste :

 A dépister de nouveaux cas.

 A traiter les patients diabétiques sans aggraver leur état de santé.

Le praticien doit toujours avoir à l’esprit :

 Une prédisposition à l’infection : L’hyperglycémie diminue la fonction phagocytaire


des granulocytes, et la céto-acidose retarde la migration des granulocytes et affecte
la phagocytose.

 Un retard de cicatrisation chez le diabétique non équilibré

1-5-1 Le dépistage :

Repose sur :

-L’interrogatoire : permettant de déterminer :

 L’âge du malade

 Notion de parents diabétiques

 Femmes ayant fait des avortements spontanés ou ayant donné naissance à des
enfants obèses.

 Aphtes à répétition

 Xérostomie.

-L’examen clinique pouvant révéler des caries cervicales et des parodontopathies.

Dans ce cas il ne faut pas hésiter à orienter le patient pour une consultation spécialisée.
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1-5-2 Les patients diabétiques :

-Etablir un contact avec le médecin traitant dans le but de déterminer :

 Le type de diabète

 Les thérapeutiques en cours

 L’évolution en cours.

 Les complications associées.

 La notion de coma hypoglycémique et hospitalisation.

Au vu de ces données on peut classer les patients selon le risque en 03 catégories.

 Catégorie 01 : Risque faible

Le patient est bien contrôlé, stable, asymptomatique et ne présentant pas de


complications neurologiques ou vasculaires ; la glycémie est infèrieure à 02g/l, la
cétonurie est nulle, la glucosurie varie de 0 à 01

 Catégorie 02 : Risque modéré.

Le patient est contrôlé mais présente occasionnellement des symptômes, pas


d’accidents d’hypoglycémie ou de céto-acidose ; la glycémie est inférieure à 02,5 g/l,
la glucosirie varie entre o à 03, la cétonurie est nulle.

 Catégorie 03 : Risque élevé

Les complications sont multiples, le contrôle est insuffisant, nécessitant d’une façon
constante le réajustement de l’insuline ; la glycémie est instable supérieure à 02,5g/l,
la cétonurie et la glucosurie sont positives.

Du point de vue technique :

 Il faut gérer le stress, parfois une prémédication sédative est nécessaire.

 Ne prendre en charge le patient que lorsqu’il est équilibré tout en s’assurant


qu’il a pris son traitement et qu’il n’est pas à jeun.

 Programmer le patient la matinée.


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 L’utilisation du vasoconstricteur dans les solutions anesthésiques n’est pas
contre-indiquée sauf chez les sujets déséquilibrés et mal contrôlés.

 L’acte doit être le moins traumatisant que possible.

 Antibiothérapie de couverture à base d’amoxicilline à raison de 02 g/j pendant


08 jours pour les patients ayant un DID qui présente des signes
d’inflammation locale et les patients ayant un DNID mal contrôlé.

 En cas de sutures, utiliser du fil de suture non résorbable.

 En cas de prescription médicamenteuse :

o Pour les antibiotiques : Les aminoglycosides sont à proscrire en cas


d’atteinte rénale associée

L’utilisation de l’oxytétracycline avec l’insuline provoque une hypoglycémie.

L’utilisation des sulfamides et du chloramphénicol provoque une hypoglycémie.

o L’aspirine et les dérivés salicylés sont à éviter car elle potentialise l’effet
des hypoglycémiants oraux.

o Les corticoïdes augmentent le taux de glucose sérique, ce qui nécessite


l’augmentation des doses d’hypoglycémiants en cas d’utilisation.

 En cas d’hypoglycémie, il faut administrer du glucose sous forme de sucre,


bonbons ou jus de fruits par voie orale si le patient peut avaler, ou par voie
intra veineuse de sérum glucosé ou de glucagon dans le cas contraire.

2- PATHOLOGIES DE LA GLANDE THYROIDE

La glande thyroïde secrète deux types d’hormones :

 Les hormones iodées :


o D tri-iodothyronine(T3)
o D tétra-ïodothyronine(T4)
 La thyrocalcitonine

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Les hormones iodées jouent un rôle régulateur :

 De la croissance osseuse ;
 Dans le métabolisme des muscles et du tissu conjonctif ;
 Dans la maturation du système nerveux central.

Elles augmentent la production de chaleur et le métabolisme de base, elles sont


hyperglycémiantes et catabolisent les protéines et les lipides à fortes doses.

2-1 L’HYPOTHROIDIE :

C’est l’insuffisance d’élaboration ou de sécrétion des hormones thyroïdiennes, elle


peut être primaire ou secondaire à une pathologie hypophysaire. Elle implique un
ralentissement général du fonctionnement de l’organisme

Cliniquement on note :

 Une asthénie physique et mentale ;


 Une infiltration des téguments et des muqueuses : lèvres et paupières épaisses,
une langue plus volumineuse ;
 Atteinte des phanères : chute de cheveux, ongles et cheveux cassants ;
 L’obésité et l’hypothermie ;
 Troubles digestifs : anorexie et constipation ;
 Troubles cardiovasculaires : péricardite, bradycardie et hypotension artérielle ;
 Anémie normocytaire ;
 Troubles génitaux : frigidité ou impuissance et aménorrhée.

Au niveau buccal on note :

 Retard important dans l’apparition des dents lactéales ;


 Caries dentaires multiples au niveau du collet ;
 Hypertrophie gingivales ;
 Alvéolyse horizontale.

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2-2 L’HYPERTHYROIDIE :

Due à une hypersécrétion d’hormones thyroïdiennes (T3 et T4). Elle provoque une
accélération globale du métabolisme.

Cliniquement on note :

 Une tachycardie régulière et hypertension artérielle (HTA) ;


 Une asthénie physique ;
 Un amaigrissement ;
 Présence de goitre avec exophtalmie.

2-3 PRISE EN CHARGE AU CABINET DENTAIRE

Patients à risque faible : équilibrés qui ont consulté dans les 06 mois

Aucune mesure spéciale

Patients à risque modéré :

 Eviter l’emploi de vasoconstricteurs ;


 Eviter toute source d’infection : risque thyrotoxique ;
 Eviter les barbituriques.

Patients à risque élevé :

Prise en charge en milieu hospitalier.

3- PATHOLOGIES DES GLANDES PARATHYROIDES

Ce sont des glandes endocrines, au nombre de 04, situées à la face postérieure de la glande
thyroïde. L’hormone parathyroïdienne ou parathormone (PTH) qui joue le rôle de maintien
de la calcémie à un taux normal est le seul produit de sécrétion des glandes
parathyroïdiennes.

3-1 L’HYPERPARATHYROIDIE :

Elle se caractérise par une hyper production de la parathormone (PTH). Peut être primaire,
secondaire ou tertiaire

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L’hyperparathyroïdie secondaire et tertiaire sont causées par l’insuffisance rénale chronique
(diminution du taux de calcium).

3-2 L’HYPOPARATHYROIDIE :

Il s’agit dans ce cas d’un dysfonctionnement des glandes parathyroïdes

3-3 PRISE EN CABINET DENTAIRE :

Dans le cas de l’hyperparathyroïdie, la prise en charge est celle de l’insuffisance rénale


chronique.

4- PATHOLOGIES DES GLANDES SURRENALES :

Les glandes surrénales sont situées au pôle supérieur de chaque rein, on leur distingue deux
entités endocrines fonctionnelles.

-La partie centrale ou médullosurrénale, elle secrète l’adrénaline et la noradrénaline. Ce


sont les catécholamines

-La partie périphérique ou corticosurrénale, elle secrète :

 Les minéralocorticoïdes : responsables du métabolisme hydro électrolytique (balance


sodium, potassium). Leur chef de fil est l’aldostérone.
 Les glucocorticoïdes : le chef de fil est le cortisol (hyperglycémiant)
 Les hormones androgènes.

Ce sont les stéroïdes.

4-1 L’INSUFFISANCE CORTICO-SURRENALE : (Maladie d’ADDISON)

C’est la diminution de la sécrétion en glucocorticoïdes et en minéralocorticoïdes

Cliniquement on note :

 Une hypotension artérielle surtout orthostatique ;


 Une hypoglycémie

4-2 LE SYNDROME DE Cushing : hypercorticisme

Il s’agit d’un hyperfonctionnement cortico-surrénal responsable d’une hypersécrétion de


corticostéroïdes naturels avec prédominance de glucocorticoïdes.
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Cliniquement on note :

 Un diabète sucré ;
 Une hypertension artérielle (HTA) ;
 Une ostéoporose et des décalcifications diffuses.

4-3 LE PHEOCHROMOCYTOME : tumeur médullo-surrénale

Caractérisé par un excès de production de catécholamines.

Cliniquement on note :

 Des signes nerveux : céphalées, troubles visuels, pâleur, sueur et tremblements ;


 Des signes cardiovasculaires : HTA, crises d’hypotension et palpitations ;
 Une hyperglycémie.

4-4 PRISE EN CHARGE AU CABINET DENTAIRE :

 Insuffisance cortico-surrénale : lutter contre le stress et l’hypoglycémie.


 Le syndrome de Cushing : adopter la même conduite à tenir devant un patient
diabétique et atteint d’HTA avec prémédication anti infectieuse avant les soins dentaires.
 Le phéochromocytome : adopter la même conduite à tenir devant un patient
diabétique et atteint d’HTA tout en évitant l’utilisation l’association de vasoconstricteur au
produit anesthésique local.

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