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Retard de croissance intra-utérin


F. Gold, J.-M. Jouannic, D. Mitanchez-Mokhtari

La croissance intra-utérine (CIU) est un reflet fidèle de l’état de santé du fœtus. Elle dépend de facteurs
génétiques, de l’état nutritionnel maternel, des facteurs circulatoires conditionnant la croissance et la
fonction du placenta, et de facteurs fœtaux notamment hormonaux, principalement insuline et insulin
like growth factor 1 (IGF-1). L’insuffisance de la CIU est qualifiée de façon variable : retard de croissance
intra-utérin (RCIU), habituellement défini comme un poids de naissance inférieur au 10e percentile des
courbes de référence pour l’âge gestationnel ; hypotrophie fœtale ; restriction de croissance fœtale. Les
causes de cette insuffisance sont environnementales, surtout vasculaires, fœtales propres, ou
indéterminées. Outre son étiologie, le RCIU pose un problème obstétrical principal : déterminer à partir de
quel moment la naissance de l’enfant représente la meilleure option pour lui en termes de devenir
périnatal et ultérieur. Dans cette discussion difficile, en l’absence de consensus établi, le contexte de la
grossesse, le terme et l’estimation du poids fœtal, les examens Doppler, l’analyse du rythme cardiaque
fœtal (RCF) et le bon sens sont les éléments décisionnels principaux. En période néonatale, le nouveau-né
RCIU est exposé à de nombreuses complications : respiratoires, nutritionnelles et digestives, métaboliques
(surtout hypoglycémie), hématologiques et neurologiques. Il fait ensuite l’objet d’une surveillance
attentive de sa croissance somatique et de son développement neuropsychologique. À long terme, il est
exposé au syndrome métabolique.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Croissance intra-utérine ; Retard de croissance intra-utérin ; Hypotrophie fœtale ;


Restriction de croissance fœtale ; Décision d’extraction fœtale ; Hypoglycémie néonatale ;
Syndrome métabolique

Plan mortalité néonatales. Ces différentes pathologies sont d’ailleurs


étroitement liées entre elles, puisque notamment les nouveau-
nés prématurés sont plus souvent atteints de retard de crois-
¶ Introduction 1
sance intra-utérin (RCIU) que les nouveau-nés à terme ; les
¶ Généralités, définitions, étiologies 1 fœtus RCIU sont plus souvent victimes d’asphyxie que les fœtus
Physiopathologie de la croissance intra-utérine 1 eutrophiques ; les fœtus/nouveau-nés malformés sont souvent
RCIU, hypotrophie fœtale, restriction de croissance fœtale 3 atteints de RCIU.
Étiologies du RCIU 4 L’importance clinique de la CIU, qu’on évalue en cours de
¶ Grossesse et accouchement du fœtus RCIU 4 grossesse ou à la naissance de l’enfant, tient à ce qu’elle reflète
Dépistage et diagnostic du RCIU 4 fidèlement le bon ou le mauvais état fœtal ; elle constitue de ce
Outils disponibles pour la surveillance des fœtus RCIU 4 fait une préoccupation majeure de la médecine obstétricopédia-
Éléments à prendre en compte dans le processus décisionnel trique actuelle.
de programmation de la naissance 6
¶ Prise en charge du nouveau-né RCIU 6
Prise en charge en salle de naissance 6 ■ Généralités, définitions,
Complications néonatales du RCIU 6
¶ Devenir du RCIU 8
étiologies
Devenir à moyen terme : croissance somatique, pronostic
neuropsychologique 8 Physiopathologie de la croissance
Devenir à long terme : syndrome métabolique d’insulinorésistance intra-utérine
(ou syndrome X) 9
Croissance d’un fœtus
Elle s’effectue par multiplication cellulaire (hyperplasie)
■ Introduction jusqu’à la seizième semaine, par augmentation de la taille des
cellules (hypertrophie) à partir de la trente-deuxième semaine,
L’insuffisance de la croissance intra-utérine (CIU) représente, et par une conjugaison de ces deux mécanismes dans la période
avec la prématurité, les malformations congénitales et l’asphyxie intermédiaire. Jusqu’à 20 semaines (poids fœtal à cette date
périnatale, l’une des causes principales de morbidité et de = 300–320g, taille fœtale = 20–24 cm), elle est sous la dépen-

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dance prépondérante de l’insulin like growth factor 2 (IGF-2) Stockage


fœtal, dont la sécrétion dépendrait, elle-même, de l’hormone
Il s’agit de la formation de nouveaux tissus, qui conditionne
lactogène placentaire (hLP). Après 20 semaines, la croissance
la croissance fœtale (le poids fœtal double dans les dix dernières
rapide (3 000–3 200 g et 25–30 cm entre 20 et 40 semaines) est
semaines de la grossesse) et la constitution des réserves énergé-
principalement sous la dépendance de l’insuline et de l’insulin
tiques nécessaires à une bonne adaptation à la vie extra-
like growth factor 1 (IGF-1) fœtaux. D’autres facteurs moins bien
utérine. Ce stockage est rendu possible grâce d’une part à
connus jouent aussi un rôle dans la croissance fœtale tels que
l’apport placentaire de glucose et d’acides aminés auquel se
l’epidermal growth factor (EGF), le fibroblast growth factor (FGF), le
rajoute chez l’humain l’apport de lipides au troisième trimestre,
transforming growth factor (TGF) a et b, etc.
et, d’autre part, à l’effet anabolisant de l’insuline dont l’action
La sécrétion fœtale d’IGF-1 est principalement régulée par le est alors optimale. Le fœtus constitue deux types de réserves
statut nutritionnel du fœtus ; elle ne dépend pas de la growth énergétiques : le glycogène et les graisses. La synthèse du
hormone (GH) hypophysaire fœtale : une insuffisance antéhypo- glycogène hépatique débute au cours du deuxième trimestre,
physaire congénitale n’entraîne pas de RCIU chez l’homme. À augmente lentement, puis s’accélère après 36 semaines ; à
la naissance, le contrôle de la sécrétion d’IGF-1 est modifié et terme, le foie contient environ 50 mg de glycogène par gramme
devient dépendant de la GH [1]. La concentration sérique fœtale de tissu. Les graisses sont essentiellement stockées sous forme de
puis néonatale d’IGF-1 est corrélée de façon positive au poids de triglycérides dans le tissu adipeux ; ils proviennent directement
naissance (PN) ; en cas de diminution initiale (RCIU), elle se des lipides placentaires ou sont synthétisés à partir du glucose
corrige au cours du premier mois de vie, et l’augmentation du sous l’effet de l’insuline. La composition corporelle du
taux circulant d’IGF-1 est alors fortement corrélée à la prise nouveau-né à terme atteint 16 % à 18 % de graisses. L’accumu-
pondérale. Cette altération hormonale est indépendante de l’âge lation des protéines tissulaires se fait à partir des acides aminés
gestationnel du nouveau-né et de l’étiologie du RCIU [2]. d’origine maternelle : par déduction à partir du stock azoté
Il est probable que l’hLP et la GH placentaire jouent un rôle (80 % de l’azote est stocké chez le fœtus sous forme de protéi-
dans la croissance fœtale : il existe une corrélation positive entre nes), on a estimé le stockage des protéines à 3 g/kg de poids
le PN et le taux d’hLP et de GH placentaire dans le sang fœtal par jour. En fin de grossesse, la consommation calorique
maternel. Cependant, le mécanisme d’action précis de ces du fœtus due au stockage tissulaire représente 3 kcal/g de tissu
hormones sur la croissance fœtale n’est pas connu. stocké, c’est-à-dire 40–45 kcal/kg de poids fœtal par jour (dont
La croissance staturale du fœtus est maximale au milieu du 80 % correspondent au stockage des graisses).
deuxième trimestre, et sa croissance pondérale maximale au
milieu du troisième trimestre de la grossesse. Les androgènes Situation de privation énergétique
fœtaux pourraient expliquer les faibles différences de croissance En situation de privation énergétique, le fœtus préserve son
observées entre garçons et filles (par exemple, à 40 semaines métabolisme oxydatif aux dépens de sa croissance : la consom-
d’aménorrhée (SA), selon les valeurs 1996 de l’Association des mation d’O2 et le métabolisme énergétique ne diminuent ainsi
utilisateurs de dossiers informatisés en périnatalogie, obstétrique pratiquement pas. Le stockage des graisses est la fraction du
et gynécologie (AUDIPOG), le 50 e percentile du poids des poids fœtal qui diffère le plus selon le caractère normal ou
garçons est de 3 469 g et celui des filles de 3 320 g (soit insuffisant de la CIU.
– 4,3 %). D’après les valeurs de référence obtenues sur des
populations de nouveau-nés, la croissance fœtale ralentit à Croissance fœtale, résultante de facteurs
proximité du terme : ce phénomène est attribué à la limitation génétiques et environnementaux étroitement
de la fonction placentaire et/ou à la taille de l’utérus ; en cas de mêlés
grossesse multiple, la croissance fœtale ralentit à partir de
30 semaines environ. Sa régulation est un processus complexe et multifactoriel
encore mal connu, dans lequel interviennent notamment :
Rôle du placenta • des facteurs génétiques : le sexe, l’ethnie, le poids et la taille
des parents, principalement de la mère ;
C’est à partir du quatrième mois que la croissance fœtale est • des facteurs nutritionnels maternels : l’état nutritionnel
effectivement prise en charge par le placenta. Le flux de prégravidique, la nutrition au cours de la grossesse (le coût
substrats du placenta vers le fœtus sert à trois phénomènes [3]. calorique d’une grossesse est estimé à 80 000 kcal ; en fin de
grossesse, la rétention azotée maternelle s’élève à 1 g/j) ;
Métabolisme placentaire
• des facteurs circulatoires conditionnant la croissance et la
Cet organe temporaire de nutrition fœtale qu’est le placenta fonction du placenta : dans toutes les espèces, la croissance
est lui-même un gros consommateur d’énergie, puisque la fœtale est proportionnelle au volume placentaire ; en fin de
moitié de l’O2 et du glucose extraits de l’organisme maternel est grossesse, le volume placentaire représente un facteur limitant
consommée par le placenta et n’atteint pas le fœtus. de la croissance fœtale, en partie compensé par une amélio-
ration des fonctions placentaires de transport ; à terme, chez
Oxydation en CO2 et H2O l’homme, le poids du placenta représente un sixième environ
Cela constitue la production d’énergie chimique et de chaleur du poids du nouveau-né ;
chez le fœtus. Chez le fœtus de brebis, et probablement aussi • des facteurs fœtaux, notamment hormonaux : la croissance
chez l’homme, glucose et acides aminés sont les seuls substrats fœtale n’est pas dépendante de la GH hypophysaire et des
à être oxydés ; le lactate, physiologiquement produit par le hormones thyroïdiennes ; elle dépend essentiellement de la
placenta puis délivré au fœtus à un taux de moitié inférieur sécrétion fœtale d’insuline et d’IGF-1, elle-même dépendante
environ par rapport à celui du glucose, participe également au de l’état nutritionnel maternel (insuline) et fœtal (IGF-1).
métabolisme oxydatif ; il n’y a pratiquement pas d’oxydation
des graisses. En fin de grossesse, la consommation calorique du
fœtus pour son métabolisme oxydatif est de 50–55 kcal/kg/j ;
malgré la très faible pression partielle en oxygène (PO2) du sang
fœtal (veine ombilicale : 28–30 mmHg), le fœtus a un intense
métabolisme aérobie, qui consomme 6–8 ml/kg/mn d’O 2
“ Point fort
(oxygène qui traverse le placenta par transfert facilité par le La croissance pondérale du fœtus est proportionnelle à
cytochrome P 450). C’est le haut débit aortique fœtal – il celle du placenta ; l’insuline est la principale hormone
combine les débits ventriculaires droit et gauche – qui assure anabolisante du fœtus.
une délivrance tissulaire suffisante en O2 malgré la faible PO2.

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RCIU, hypotrophie fœtale, restriction • il faut disposer d’une courbe à laquelle l’enfant considéré
peut valablement être comparé, car la CIU est différente selon
de croissance fœtale les régions et les populations du monde : c’est au voisinage
Croissance intra-utérine du terme que l’influence de l’ethnie sur la croissance est la
plus nette ;
Il y a deux façons d’apprécier la CIU, et il en résulte des • les facteurs individuels qui influencent normalement la CIU
définitions différentes de l’insuffisance de cette croissance. doivent être pris en compte, notamment le sexe.
Une façon collective : comparaison des mensurations du fœtus
En France, à la suite de l’étude de l’AUDIPOG, Mamelle et al.
ou du nouveau-né, prioritairement le poids (estimation du poids
ont proposé [6] d’individualiser, à côté du RCIU (ou hypotrophie
fœtal, EPF, ou PN), avec des valeurs de référence établies par des
fœtale) défini pour eux par un PN inférieur au 5e percentile de
études épidémiologiques en population ; cette méthode indivi-
la distribution des PN selon l’AG et le sexe, la restriction de
dualise des sujets de trop faible poids pour leur âge gestationnel
(AG) et donc atteints d’hypotrophie fœtale (dénomination croissance fœtale comme étant définie par un PN inférieur au
plutôt obstétricale) ou RCIU (dénomination plutôt pédiatrique). 5e percentile après ajustement sur les caractéristiques constitu-
Elle a l’avantage d’être simple, dès lors qu’on dispose de valeurs tionnelles de l’enfant (AG, sexe, rang de naissance) et de sa
de référence pertinentes, mais son double inconvénient est : mère (poids habituel et taille maternelle). Cette dernière
• d’une part, de contraindre à choisir un seuil (une valeur définition leur a permis de distinguer, au sein de la population
pondérale) au-dessous duquel la CIU est considérée comme des RCIU, les enfants « constitutionnellement petits » (un tiers
insuffisante (pour l’AG) : 10 e percentile, 5 e percentile, des hypotrophiques à terme) et ceux dont le potentiel génétique
3e percentile, – 2 DS, etc. Plus ce seuil est élevé, plus la de croissance fœtale a été entravé par un phénomène patholo-
sensibilité diagnostique de l’anomalie est grande, mais moins gique (deux tiers des hypotrophiques à terme) ; elle leur a
sa spécificité en termes de prévision de la pathologie réperto- permis également de mettre en évidence que 1,4 % des
riée périnatale (et peut-être ultérieure) est bonne ; c’est un nouveau-nés qualifiés d’eutrophiques ont en réalité pâti d’une
poids inférieur au 10e percentile des courbes de référence restriction de croissance fœtale (par rapport à leur potentiel
pour l’AG qui définit habituellement le RCIU, et un poids génétique de croissance).
inférieur au 3e ou 5e percentile (selon les auteurs) qui définit Le programme anglais Gestation Related Optimum Weight
un RCIU sévère ; (GROW), accessible gratuitement par Internet (www.gestation.
• d’autre part, de mélanger deux sous-populations : celle des net), fournit un exemple de courbes individualisées de croissance
sujets petits (légers) pour l’AG pour des raisons constitution- fœtale ajustées sur poids et taille maternels, parité, ethnie,
nelles (familiales) et qui ne sont donc pas « malades » à sexe [7] ; avec de telles courbes, selon leurs partisans, le
proprement parler et notamment pas exposés à des compli- 10e percentile est un seuil valide pour la prévision des
cations périnatales particulières [4] ; celle des sujets atteints ou complications périnatales du RCIU [8].
ayant été affectés en cours de grossesse d’une pathologie (et Dans les pays du tiers-monde, où la grande multiparité est
notamment une hypoxie fœtale chronique) qui a réduit la fréquente, la définition de l’hypotrophie fœtale doit être modifiée
croissance génétiquement programmée pour eux, et qui sont pour les enfants de rang supérieur à 3, car le PN augmente
exposés aux complications périnatales répertoriées du RCIU. physiologiquement avec la parité. En l’absence de courbes de
Une façon individualisée (en anglais customized) : comparaison, référence appropriées pour eux, la prudence doit conduire à
chez un individu donné, entre la croissance observée chez lui
considérer le 10e percentile des courbes françaises comme
(en cours de grossesse ou après la naissance) et la croissance
représentant le 5e percentile pour cette catégorie de nouveau-nés,
théorique attendue compte tenu de ses caractéristiques person-
et donc à les faire bénéficier des soins adaptés à cette gravité de
nelles et familiales ; cette méthode a l’avantage d’identifier les
RCIU.
seuls sujets atteints d’une véritable restriction de croissance
fœtale (fetal growth restriction, FGR) par rapport à leur potentiel
génétique de croissance, mais l’inconvénient d’être difficile à Indicateurs complémentaires du RCIU
mettre en œuvre compte tenu du caractère complexe de la Outre les mesures anthropométriques, un certain nombre
détermination de la croissance théorique attendue chez chaque d’indicateurs ont été décrits pour définir ou préciser un RCIU
enfant, cette détermination reposant sur des critères encore
chez un nouveau-né [9] :
discutés et incertains. Certains auteurs réservent d’ailleurs le
• l’index ou indice pondéral (IP) : IP = PN (g) × 100/(taille
terme de RCIU à ces seuls enfants atteints de FGR, ce qui
en cm) au cube ; il augmente de 30 à 38 SA puis se stabilise ;
complique encore les choses !
la valeur du 10e percentile est de 2 à 30 SA et 2,25 à 38 SA ;
Courbes de croissance pour un même PN, il a une valeur d’autant plus élevée que
la taille est faible ; l’analyse de la composition corporelle par
La première courbe de CIU a été établie en 1963 par madame absorption biphotonique a permis de constater que : chez les
Lubchenco à Denver, Colorado (altitude = 1 600–1 800 m), à RCIU à IP normal (RCIU dit symétrique), la composition
partir des constatations faites chez 5 635 nouveau-nés issus de corporelle est identique à celle des nouveau-nés prématurés
familles défavorisées. Les courbes les plus utilisées en France eutrophiques de même PN ; chez les RCIU à IP bas (RCIU dit
pendant longtemps ont été établies par Leroy et Lefort en 1971, asymétrique), l’accumulation de masse grasse ainsi que le
à partir des observations faites sur 18 122 nouveau-nés de la contenu minéral osseux sont réduits en fin de grossesse [2] ;
région parisienne ; les plus récentes sont celles de l’AUDIPOG
• les rapports de deux mensurations : périmètre crânien
(1996), établies à partir de 97 222 naissances issues d’une
(PC)/PN (valeur normale = 2 à 30 SA et 1 à 40 SA) ; taille/PC
grossesse unique survenues entre 1984 et 1988 dans 22 mater-
(valeur normale voisine de 1,45 au cours du troisième trimes-
nités françaises réparties sur l’ensemble du territoire national [5].
tre) ; PC/périmètre thoracique (valeur normale = 1 à 40 SA) ;
Toutes les courbes de CIU établies en population à la nais-
sance ont des caractéristiques communes : elles ont une forme • l’épaisseur du pli cutané sous-scapulaire ou abdominal, la
générale sigmoïde ; comportent une zone de croissance linéaire mesure étant faite après 60 secondes d’application du com-
entre les AG de 24 et 37–39 SA ; montrent un infléchissement pas ;
de la croissance intra-utérine après ce terme. De façon générale, • le périmètre brachial (PB), la mesure étant si possible effec-
la période de croissance linéaire correspond à un gain pondéral tuée avec un centimètre en fibre de verre, insensible aux
de 15 g/kg/j, soit 1,5 % par jour. Pour que l’évaluation indivi- variations thermiques (valeur normale à terme > 80 mm).
duelle d’un enfant donné faite à partir de ces courbes soit En pratique pédiatrique courante, il est habituel de distinguer
optimale, trois éléments doivent être réunis : les RCIU harmonieux, touchant de façon à peu près équivalente
• l’AG doit être connu avec précision : toute erreur de terme toutes les mensurations du nouveau-né et notamment le PN et
provoque une distorsion importante dans l’évaluation de la le PC, et les RCIU dysharmonieux, chez lesquels le PC est
croissance fœtale ; conservé par rapport au déficit pondéral.

Pédiatrie 3
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Tableau 1.

“ Point fort
Principales étiologies des hypotrophies fœtales
Causes maternelles
[10].

Terrain
Il n’existe pas de consensus sur la façon d’évaluer, et
- Âge < 20 ans ou > 35 ans, primiparité
même de dénommer, une insuffisance de la croissance
- Faible niveau socio-économique, altitude élevée
intra-utérine ; mais ce qui intéresse le clinicien au premier
chef, c’est de disposer d’une alerte fiable quant aux Pathologies maternelles
risques particuliers pesant éventuellement sur le - Malnutrition maternelle chronique
nouveau-né en raison de cette insuffisance. - Hypertension artérielle, toxémie gravidique (40 %)
- Hypoxie chronique (anémie, cardiopathie,pneumopathie)
- Pathologie maternelle chronique (insuffisance rénale, lupus)
- Malformation utérine, fibrome
Étiologies du RCIU
Intoxications : tabac, alcool, drogues illicites (héroïne)
Elles répondent à deux grands mécanismes : pathologie
environnementale retentissant sur le fœtus, atteinte fœtale Causes placentaires
propre. En fréquence, les causes principales des hypotrophies Ischémie, hypovascularisation, involution précoce
fœtales (Tableau 1) se répartissent schématiquement en Chorioangiome, hémangiome
trois groupes d’importance à peu près égale : les causes vascu-
Anomalies d’implantation, placenta praevia
laires (toxémie gravidique), les autres causes environnementales
Anomalies du cordon (artère ombilicale unique)
et les causes fœtales (y compris les grossesses multiples), et les
hypotrophies « idiopathiques », c’est-à-dire les cas pour lesquels Causes fœtales
aucune étiologie précise n’a pu être documentée.
Aberrations chromosomiques fœtales (10 % à 15 %), placentaires
La discussion étiologique anténatale est souvent dominée par
Syndromes malformatifs
la crainte d’une malformation : 10 % des cas sont associés à une
malformation du fœtus ; 50 % des malformations fœtales graves Infections congénitales (rubéole, toxoplasmose, cytomégalovirus)
s’accompagnent d’une hypotrophie fœtale. Après la naissance, Grossesses multiples
en l’absence d’argument étiologique probant tenant à l’anam- a
RCIU idiopathiques (20 % à 30 %)
nèse anténatale ou à l’examen clinique de l’enfant, c’est la
a
recherche d’une fœtopathie infectieuse (cytomégalovirus, CMV, RCIU : retard de croissance intra-utérin.
notamment) qui s’impose prioritairement.

Bilan étiologique
■ Grossesse et accouchement La suspicion de RCIU doit faire explorer à la fois le versant
maternel et le versant fœtal. Au plan fœtal, c’est une échogra-
du fœtus RCIU phie obstétricale orientée qui permet de préciser la biométrie
fœtale, d’apprécier son caractère harmonieux (toutes les biomé-
Au-delà de la discussion étiologique qui repose sur une tries sont touchées) ou asymétrique, d’étudier la morphologie
analyse au cas par cas, la principale préoccupation des obstétri- fœtale (malformations, signes d’appel d’aneuploïdie, signes
ciens est de tenter d’évaluer à partir de quel moment la évocateurs d’une fœtopathie infectieuse) et de réaliser une étude
naissance d’un fœtus RCIU représente la meilleure option en vélocimétrique (Doppler utérin, Doppler ombilical). Une
termes de devenir périnatal : le fait de décider de prolonger la indication éventuelle de prélèvement ovulaire invasif peut être
grossesse permet de réduire la fréquence des complications discutée au cas par cas pour étude du caryotype fœtal, étude
associées à la prématurité (maladie des membranes hyalines, génétique ou mise en évidence d’un agent infectieux par
hémorragie intraventriculaire) ; à l’inverse, poursuivre la polymerase chain reaction (polymérisation en chaîne) (CMV).
grossesse, c’est exposer le fœtus aux conséquences à court, Sur le plan maternel, outre l’interrogatoire, le bilan doit en
moyen et long termes d’une hypoxie fœtale chronique, incluant premier lieu rechercher des signes en faveur d’une pathologie
le risque de mort fœtale in utero (MFIU). vasculaire de la grossesse : hypertension artérielle (HTA),
protéinurie, bilan biologique vasculaire. L’insuffisance placen-
Dépistage et diagnostic du RCIU taire représente en effet la principale étiologie de RCIU. Les
éléments en faveur de cette étiologie sont : une anomalie du
Doppler utérin, le caractère asymétrique du RCIU, parfois un
Dépistage du RCIU
Doppler ombilical pathologique, et surtout un bilan morpholo-
En population générale, il débute par la recherche de facteurs gique fœtal sans anomalie.
de risque à partir de l’interrogatoire de la patiente. La mesure Une fois posé le diagnostic de RCIU, le contexte (pathologie
de la hauteur utérine, partie intégrante de l’examen obstétrical vasculaire de la grossesse, morphotype des parents), la répétition
de routine, est associée à une sensibilité de dépistage voisine de d’examens biométriques et surtout l’étude vélocimétrique
40 % en population générale [11]. Celle-ci augmente avec l’âge permettent le plus souvent de distinguer les deux sous-groupes
gestationnel et devient plus acceptable dans les populations à de fœtus RCIU, constitutionnellement petits et atteints de FGR :
risque (60–85 %). Sur le plan échographique, ce sont l’EPF et la cette discussion dépasse le cadre sémantique pur car si les fœtus
mesure du périmètre abdominal (PA) qui sont les deux paramè- atteints de FGR sont exposés à un risque de complications
tres les plus pertinents en termes de dépistage [12]. Dans les périnatales sérieuses, les fœtus constitutionnellement petits ne
populations à risque, la mesure du PA ou l’EPF ont une sensi- le sont pas [4].
bilité de dépistage de l’ordre de 70–90 % pour le PA et de 45 à
85 % pour l’EPF [12]. En population à bas risque, la sensibilité de Outils disponibles pour la surveillance
dépistage est inférieure, plus souvent voisine de 40–50 %.
Celle-ci augmente avec l’âge gestationnel pour atteindre les des fœtus RCIU
valeurs les plus élevées vers 34 SA [13] . À la lecture de ces
résultats, il convient de souligner que, pour la population
Exploration vélocimétrique
générale, il n’existe pas d’élément probant dans la littérature en Le Doppler représente une méthode non invasive de la
faveur d’une supériorité de l’échographie dans le dépistage des circulation fœtale. Cet outil est précieux à la fois en termes de
RCIU par rapport à la mesure de la hauteur utérine. diagnostic mais aussi pour évaluer le pronostic des RCIU.

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Doppler ombilical onde A nulle ou négative chez un fœtus avec RCIU était
Le Doppler ombilical représente l’outil le plus communément associée à un risque accru de mort périnatale [25, 26].
utilisé pour évaluer les résistances de l’unité fœtoplacentaire. Ce Le Doppler du canal d’Arantius devrait sans nul doute
système vasculaire est normalement à basse résistance et le flux représenter dans l’avenir l’un des outils clés de la surveillance
sanguin est normalement positif tout au long du cycle cardia- des fœtus RCIU. En particulier, cet élément pourrait être l’un
que (y compris en diastole). Une élévation des résistances des paramètres à intégrer dans la décision d’extraction. Les
entraîne une diminution de la diastole (avec parallèlement anomalies du Doppler de l’Arantius pourraient précéder de
élévation de l’index de résistance) jusqu’à disparition de la quelques jours les anomalies de la variabilité à court terme
diastole et, à un stade ultime, apparition d’une inversion de flux (VCT) [27] . Enfin, une étude prospective longitudinale de
(reverse flow). Cette séquence de détérioration est bien connue 121 fœtus RCIU a permis de montrer que les fœtus avec
dans le RCIU. complications périnatales graves présentaient, dans les 24 heu-
Le Doppler ombilical est un excellent outil de dépistage du res précédant l’extraction, des index de pulsatilité significative-
RCIU dans les populations à risque [14] . Son utilisation est ment plus élevés au niveau de l’Arantius [28]. À partir d’une
associée à une sensibilité de dépistage voisine de celle de l’EPF analyse par régression logistique, les meilleurs paramètres
avec d’excellentes spécificité et valeur prédictive négative. prédictifs d’un mauvais devenir étaient la VCT et un index de
Contrairement à l’échographie conventionnelle, il apporte un pulsatilité de l’Arantius > 2 DS. Bien que ces données soient
élément de poids à la fois dans la discussion diagnostique et assez prometteuses, il n’existe à l’heure actuelle aucune donnée
pronostique. En effet, le Doppler ombilical permet de différen- issue d’études randomisées permettant d’apporter la preuve de
cier les fœtus à haut risque périnatal de ceux dont le risque l’utilité clinique du Doppler du canal d’Arantius dans la
paraît moindre. Le Doppler ombilical pourrait ainsi permettre décision d’extraction des fœtus RCIU.
de différencier les fœtus constitutionnellement petits (dont le
Doppler ombilical reste normal au cours de la surveillance) de
ceux qui présentent une FGR [14, 15]. Les fœtus RCIU présentant
Analyse du rythme cardiaque fœtal (RCF)
un Doppler ombilical anormal ont globalement un devenir L’enregistrement du RCF demeure un moyen simple et
néonatal moins bon. Le taux de mortalité périnatale augmente efficace de surveillance ainsi que de dépistage de la souffrance
graduellement avec la sévérité des anomalies du Doppler fœtale, même si en termes d’utilité clinique, son intérêt semble
ombilical (index élevé, diastole nulle, reverse flow) [16-18]. Par discuté en dehors du travail. Finalement, dans le cadre de la
ailleurs, l’existence d’une diastole nulle ou d’un reverse flow a été surveillance du fœtus RCIU, la véritable question devrait être
associée à un risque accru de retard neurodéveloppemental [19, formulée de la manière suivante : existe-t-il des éléments
20] . L’utilité du Doppler ombilical pour la surveillance des
(analyse du RCF, échographie-Doppler) qui précédent l’appari-
grossesses dans les populations à risque a été clairement tion d’anomalies graves du RCF ? En dehors des rythmes très
démontrée, son utilisation conduisant à une réduction signifi- pathologiques, avec ralentissements variables, on connaît la
cative de la mortalité périnatale [21]. grande variabilité interobservateur d’analyse du RCF. Dans ce
Si la place du Doppler ombilical dans la surveillance des sens, les techniques d’analyse informatisée ont réellement
grossesses à risque est désormais clairement admise, son apporté une amélioration [29]. La mesure de la VCT présente en
utilisation pour décider du moment de la naissance reste effet l’avantage d’intégrer l’âge gestationnel et de donner un
discutée. Aucune publication n’a à ce jour démontré le bénéfice résultat chiffré représentant une trace « objective » dans le
d’une politique d’extraction fœtale en cas de RCIU associé à une dossier médical. Même si une VCT diminuée a pu être associée
anomalie du Doppler ombilical. à une augmentation de la morbidité et de la mortalité périna-
Doppler cérébral tales (surtout si cette anomalie est concomitante d’anomalies
significatives des Doppler), les données disponibles dans la
Un phénomène de redistribution du flux sanguin permet au
littérature sur la sensibilité et la valeur prédictive de ce test
fœtus placé en situation d’hypoxie fœtale chronique de privilé-
restent insuffisantes.
gier les territoires nobles (cerveau, surrénales et myocarde). Au
niveau cérébral, ce phénomène s’accompagne d’une vasodilata-
tion cérébrale entraînant une modification de l’index de Étude échographique du score biophysique
résistance. Le vaisseau le plus exploré est l’artère cérébrale Le score biophysique (dit score de Manning) propose la mise
moyenne, qui permet d’obtenir la meilleure reproductibilité de en équation d’éléments associés au bien-être fœtal : quantité de
mesure. Il existe une association étroite entre Doppler cérébral liquide amniotique, mouvements des membres fœtaux, tonus
pathologique, survenue d’une acidose et risque accru de mort axial, mouvements d’ampliation thoracique. L’activité biophy-
périnatale [22] . L’association des informations obtenues par sique du fœtus est contrôlée par le système nerveux central,
Doppler ombilical et cérébral sous la forme du calcul d’un index dont le fonctionnement se trouve perturbé en condition
cérébroplacentaire pourrait encore augmenter la valeur prédic-
d’hypoxie prolongée, entraînant une diminution du tonus et de
tive [23]. Là encore, aucune étude n’a évalué la contribution du
l’activité fœtale [30].
Doppler cérébral dans les décisions d’extraction des fœtus avec
Un oligoamnios accompagne assez fréquemment le RCIU, ce
RCIU. L’existence d’une anomalie du Doppler cérébral doit en
d’autant que celui-ci est d’origine vasculaire. L’appréciation de
revanche inciter à un renforcement de la surveillance fœtale.
la quantité de liquide amniotique par mesure de la plus grande
Doppler du canal d’Arantius citerne (valeur normale = 3 à 8 cm) ou la mesure de l’index
Le canal d’Arantius (ductus venosus) permet à une partie du amniotique (somme des quatre plus grandes citernes verticales
sang oxygéné de la veine ombilicale de court-circuiter le passage de liquide amniotique, mesurées dans chacun des qua-
hépatique et, ainsi, de rejoindre directement le cœur gauche au tre cadrans de l’utérus définis par rapport à l’ombilic : la valeur
travers du foramen ovale [24]. Le spectre Doppler obtenu au normale est de 8 à 18 cm) demeure une variable difficile à
niveau du canal d’Arantius comporte deux pics correspondant utiliser car entachée d’une très grande variabilité inter- et
respectivement au remplissage auriculaire au cours de la systole intraobservateur. Cependant, dans une méta-analyse ayant porté
ventriculaire (onde S) et au remplissage passif des ventricules au sur 10 000 grossesses, l’existence d’un oligoamnios défini par un
cours de la diastole auriculaire (onde D). Le point le plus bas de index amniotique inférieur à 50 mm a été associée à une
ce spectre correspond à l’onde A, correspondant elle-même à la augmentation significative du taux d’Apgar bas à cinq minu-
contraction auriculaire [4] . En condition physiologique, ce tes [31]. De plus, la mortalité périnatale semble augmentée de
spectre est toujours positif. Dans des conditions d’hypoxie, manière significative en cas d’oligoamnios [32, 33].
l’index de résistance change et l’onde A diminue jusqu’à Le score biophysique est utilisé depuis de nombreuses années
devenir nulle, voire négative à un stade ultime [4]. Bien que la dans la surveillance des grossesses pathologiques. Des études
variabilité inter- et intraobservateur soit importante, plusieurs historiques ont montré une réduction significative de la
études longitudinales ont permis de mettre en évidence qu’une mortalité et de la morbidité périnatales dans le groupe des

Pédiatrie 5
4-002-S-80 ¶ Retard de croissance intra-utérin

grossesses pour lesquelles le score biophysique était utilisé [34]. À partir de cette cohorte d’enfants, 573 ont pu être suivis
Cependant, une analyse de la base Cochrane a conclu à une jusqu’à l’âge de 2 ans [37]. Là encore, globalement, les taux de
absence de preuve de l’utilité réelle du score biophysique dans séquelles neurologiques ou de décès retardés n’étaient pas
la surveillance des grossesses à risque [35]. statistiquement différents entre les deux groupes. En revanche,
dans le sous-groupe d’enfants nés entre 24 et 30 SA, il existait
Éléments à prendre en compte dans un taux de séquelles neurologiques plus important pour le bras
« naissance immédiate ». Cette dernière information pourrait
le processus décisionnel de programmation venir renforcer l’idée ancienne des cliniciens qui est de consi-
de la naissance dérer que pour des termes précoces (< 32 SA) et en l’absence
Il est impossible de proposer un schéma décisionnel clair et d’éléments nécessitant une extraction immédiate (comme des
définitif pour recommander la naissance d’un fœtus RCIU. Si anomalies significatives du RCF), une politique non-inter-
quelques recommandations s’appuient sur des éléments dont le ventionniste couplée à une surveillance renforcée peut permet-
niveau de preuve est élevé, la majorité des consignes sont tre de gagner du temps. À ce terme en effet, chaque jour gagné
dictées par le bon sens. compte !

Contexte de la grossesse
Le premier élément à prendre en compte est le contexte de
la grossesse, notamment contexte familial et désir du couple.
Viennent ensuite deux éléments fondamentaux dans la discus-
“ Point fort
sion que sont le terme et le poids fœtal estimé. Bien que peu En période prénatale, deux préoccupations majeures
ou pas évaluée dans la littérature, la dynamique de croissance,
concernent le fœtus retard de croissance intra-utérin
étudiée grâce la répétition des examens échographiques,
représente un élément important de la surveillance des fœtus
(RCIU) : l’étiologie du RCIU ; la programmation du
RCIU. Le Doppler ombilical est ensuite l’outil le plus précieux, moment optimal pour la naissance de l’enfant.
puisqu’il peut apporter des éléments d’orientation pour la
différentiation entre « RCIU vrai » (FGR) et « petits fœtus
constitutionnels ». Le clinicien peut alors être rassuré par
l’existence d’une croissance régulière avec un Doppler ombilical ■ Prise en charge du nouveau-né
restant normal. L’altération du Doppler ombilical doit représen- RCIU
ter un premier signe d’alerte, qui nécessite un renforcement de
la surveillance, en particulier par la réalisation d’enregistrements Plusieurs études ont montré que les nouveau-nés RCIU ont
réguliers du RCF. un risque de mortalité et de morbidité plus élevé que les
nouveau-nés eutrophiques de même AG, en rapport avec la
Apparition d’anomalies du Doppler ombilical sévérité de la restriction de croissance fœtale [38]. La prématurité
Elle place bien souvent le clinicien devant un choix difficile : fréquemment associée est un facteur de risque supplémentaire :
« faire naître » pour éviter les conséquences à long terme d’une chez les grands prématurés (AG < 33 SA), le risque de décès lié
hypoxie prolongée ou « attendre et gagner quelques jours » pour au RCIU est multiplié par 2,8 à 4,5 selon les séries. Enfin, des
réduire les conséquences liées à la prématurité. Dans cette complications sont indépendamment corrélées à la cause du
situation, l’étude Doppler de l’artère cérébrale moyenne et du RCIU, notamment infection fœtale ou anomalie
canal d’Arantius, la surveillance rapprochée du RCF ainsi que la chromosomique.
mesure de la VCT trouvent certainement leur place. Cette
recommandation peut paraître paradoxale après la lecture des Prise en charge en salle de naissance
paragraphes précédents. Cependant, l’expérience de plusieurs
études longitudinales nous permet de penser que les cas de La naissance d’un enfant RCIU comporte un certain nombre
RCIU pour lesquels coexistent des anomalies significatives à la de risques. Le RCIU s’accompagne fréquemment d’une hypoxie
fois des Doppler de l’ombilic et de l’Arantius et une diminution fœtale chronique qui expose au risque d’asphyxie périnatale,
de la VCT sont à haut risque de mortalité périnatale. Chaque avec score d’Apgar bas, pH au cordon inférieur à 7 et liquide
discussion doit être menée au cas par cas, en association avec méconial avec possibilité d’inhalation [39] . Intubation et
les néonatologistes. assistance respiratoire peuvent être rapidement nécessaires. En
cas de prématurité associée, l’administration prophylactique de
Résultats d’un travail anglais surfactant exogène est indiquée avant 28 SA, et peut être
discutée au-delà de ce terme (28–31 SA) en cas de RCIU sévère.
Ils sont particulièrement intéressants. L’étude du Growth Ces nouveau-nés sont à risque d’hypothermie en raison de la
Restriction Intervention Trial (GRIT) a été réalisée dans 69 hôpi- faible masse de tissu adipeux et en particulier du tissu adipeux
taux parmi 13 pays européens et a intéressé 588 fœtus RCIU brun qui participe à la thermogenèse, et de l’asphyxie périna-
entre 24 et 36 SA [36]. Ils étaient susceptibles de rejoindre le tale. L’enfant doit donc être rapidement séché, maintenu sous
protocole dès lors que l’obstétricien avait un doute sur l’oppor- une rampe chauffante et enveloppé d’un lange tiède ou placé
tunité de programmer la naissance. L’hypothèse que les auteurs dans un sac en polyéthylène. De même, en raison du risque
ont voulu tester était qu’une extraction précoce pourrait important d’hypoglycémie, un apport énergétique doit être
prévenir les complications périnatales liées à une hypoxie fœtale assuré rapidement après la naissance, par voie entérale si cela est
chronique. Dans tous les cas, le Doppler ombilical était dispo- envisageable ou par perfusion de soluté glucosé sur une veine
nible, et il était pathologique dans 70 % des cas (index de périphérique.
résistance élevé, diastole nulle ou reverse flow en diastole). Après
inclusion, la randomisation portait sur naissance immédiate
(l’obstétricien avait alors la possibilité de réaliser une cure de Complications néonatales du RCIU
maturation pulmonaire par corticoïdes avant la naissance)
versus naissance retardée (jusqu’à ce que l’obstétricien ait acquis
Complications respiratoires
la certitude qu’une naissance devenait indispensable). Les délais L’incidence de la maladie des membranes hyalines (MMH)
entre l’inclusion et la naissance étaient de 0,9 et 4,9 jours nécessitant une ventilation assistée est plus élevée dans cette
respectivement dans le groupe « naissance immédiate » et dans population [38]. Ley et al. ont montré que l’incidence de la
le groupe « naissance différée ». Il n’existait finalement qu’une MMH était plus élevée entre 25 et 28 SA chez les nouveau-nés
différence moyenne de quatre jours entre ces deux groupes. Le RCIU que chez les nouveau-nés eutrophiques (odds ratio, OR
devenir périnatal dans ces deux groupes était assez voisin, sans = 1,98 ; intervalle de confiance (IC) 95 % = 1,12-3,52) ; en
différence significative pour le taux de mortalité périnatale. revanche, l’incidence était diminuée entre 29 et 32 SA (OR

6 Pédiatrie
Retard de croissance intra-utérin ¶ 4-002-S-80

= 0,52 ; IC 95 % = 0,34–0,80) [40]. L’administration de corticoï- d’alimentation qui permettraient de diminuer l’incidence de
des en anténatal était moins efficace sur la MMH mais aussi sur l’ECUN : aucune étude n’a en particulier montré le bénéfice
la mortalité et les hémorragies intracérébrales en cas de RCIU. d’une alimentation entérale retardée [42].
Dans la cohorte française EPIPAGE (étude épidémiologique
sur les petits âges gestationnels), le RCIU est un facteur de Complications métaboliques
risque de morbidité respiratoire ultérieure puisqu’il existe un
taux accru (× 2,3–2,5) de dysplasie bronchopulmonaire, que ce Hypoglycémie
soit à j28 ou à 36 SA. En cas de RCIU, les réserves énergétiques, qui participent au
maintien de la glycémie à la naissance, sont faibles. L’altération
Prise en charge nutritionnelle et complications du métabolisme fœtal perturbe la constitution de ces réserves,
digestives qui a lieu essentiellement au cours du troisième trimestre de la
Chez le nouveau-né à terme RCIU, qui a des fonctions grossesse : cette situation est donc aggravée en cas de prématu-
normales d’absorption et de digestion, l’alimentation digestive rité. Dans tous les cas, les réserves en glycogène hépatique sont
peut être débutée précocement, dès les premières heures de vie. faibles, et le développement du tissu adipeux est insuffisant. La
Les nouveau-nés RCIU les plus matures et sans complication production de corps cétoniques à partir de la lipolyse est très
associée sont alimentés par voie entérale exclusive dès la faible, privant les tissus de substrats alternatifs et augmentant
naissance, nutrition entérale continue ou voie orale. L’aliment ainsi la demande tissulaire en glucose. Ce déficit en corps
de choix est le lait de mère, les mises au sein doivent être cétoniques expose particulièrement ces enfants aux séquelles
fréquentes (toutes les deux à trois heures) pour éviter les neurologiques de l’hypoglycémie [43]. Le risque d’hypoglycémie
hypoglycémies. En l’absence d’allaitement maternel, une est aggravé en cas d’hypothermie, d’hypoxie périnatale et de
formule pour prématuré est utilisée : comparativement au lait polyglobulie, car ces facteurs augmentent la consommation
premier âge, ces formules sont plus riches en protéines, en tissulaire de glucose.
glucides et en lipides, et assurent un meilleur apport calorique. La surveillance de la glycémie capillaire est donc systématique
Chez le nouveau-né prématuré RCIU, il faut suivre les règles au cours des premiers jours de vie. En cas d’hypoglycémie
découlant de l’âge gestationnel initial puis de l’âge postmens- inférieur à 2,6 mmol/l, des mesures thérapeutiques doivent être
truel : une nutrition entérale à débit continu est recommandée entreprises [44] . Il faut distinguer deux situations : celle où
jusqu’au terme de 31 SA, une nutrition entérale discontinue
l’enfant est alimenté par voie orale, celle où l’alimentation orale
doit être utilisée entre 32 et 34 SA, l’apprentissage de la tétée
est impossible ou insuffisante.
peut être débuté à partir du terme de 33–35 SA.
En cas d’allaitement maternel exclusif, les tétées sont propo-
En cas de souffrance fœtale surajoutée, le démarrage de
l’alimentation digestive doit se faire de façon retardée et sées toutes les trois heures et complétées avec du lait pour
progressive. Ces nouveau-nés sont en effet exposés aux consé- prématuré. En cas d’allaitement artificiel, le lait est enrichi avec
quences d’une anoxo-ischémie périnatale à différents niveaux : de la dextrine maltose ou du Caloreen® à raison de 2 %. Si cette
cellulaire (hyponatrémie, hypokaliémie, œdème intracellulaire), première mesure est insuffisante, l’enrichissement est poursuivi
hépatique (cholestase, hyperammoniémie), mésentérique (iléus selon les étapes suivantes : 1 % puis 2 % de Liprocil®, puis 3 %
prolongé, entérocolite ulcéronécrosante [ECUN]), rénal (hypera- et 4 % de dextrine maltose ou Caloreen®. On privilégie l’utili-
zotémie, hyperammoniémie, acidose métabolique), cérébral sation de certains laits riches en triglycérides à chaînes moyen-
(leucomalacie périventriculaire). Ces observations imposent une nes tels que les laits pour prématuré (type Préguigoz®, Pré-
grande prudence dans l’alimentation entérale, notamment Nidal®, Pré-Enfamil®) ou le Galliagène®. Lorsque l’hypoglycémie
l’utilisation préférentielle du lait de femme et augmentation très persiste malgré l’intensification de l’enrichissement, l’alimenta-
progressive des volumes. Une nutrition trophique peut être tion est délivrée par nutrition entérale à débit continu. Si
utilisée quelques jours chez les plus immatures ou ceux présen- l’application de ces mesures ne suffit pas à maintenir la
tant une entéropathie persistante : elle permet de limiter la glycémie au-dessus de 2,6 mmol/l, une alimentation parentérale
période de jeûne et de stimuler les différentes fonctions s’impose.
intestinales. Une alimentation parentérale sur cathéter central Si le nouveau-né est déjà en alimentation parentérale, on
est indispensable dans les situations digestives les plus difficiles, poursuit avec un apport parentéral en glucose égal aux apports
pour assurer une croissance de qualité dès les premiers jours et antérieurs majorés de 2 g/kg/j. Cette modification est répétée
ne pas aggraver le retard de croissance. tant que la glycémie ne dépasse pas 2,6 mmol/l. La mise en
Un rattrapage staturopondéral est habituel dès la période place d’un cathéter central s’impose lorsque la concentration
néonatale en cas de RCIU d’origine vasculaire. Il implique que des solutés administrés dépasse 10 % de glucose. L’administra-
les apports nutritionnels soient suffisants pour induire une tion parentérale de glucose est associée à l’apport d’acides
accélération de la vitesse de croissance, qui doit être plus élevée aminés. Ceux-ci sont délivrés, soit sous forme de solution
que celle observée chez un enfant eutrophique de même âge primaire type Vaminolact® ou Primène®, soit sous forme de
gestationnel [41]. Les apports nutritionnels recommandés pour solution binaire type NP100. Les apports protéiques recomman-
assurer un rattrapage chez le nouveau-né RCIU sont les suivants, dés sont de 1 g/kg/j le premier jour, avec une augmentation
par kilo de poids corporel et par jour : 140 à 160 Kcal, 4 à 4,5 g progressive jusqu’à 3–4 g/kg/j. Un apport de lipides est assuré
de protéines (12 % de l’énergie), 8 à 9 g de graisses (50 % de
dès que possible sous forme de triglycérides (Médialipides®
l’énergie) sous forme de lait de femme ou d’une formule
20 %). En dehors des contre-indications habituelles (ictère
contenant 30 % de triglycérides à chaîne moyenne et les acides
sévère, infection, thrombopénie < 50 000/mm3), l’apport de
gras essentiels de la série oméga 6 et oméga 3 ; 14 à 16 g de
lipides est débuté dès le deuxième jour de vie à la dose de 1 g/
glucides (38 % de l’énergie), dont un tiers éventuellement sous
kg/j, et augmenté progressivement si besoin de 1 g/kg/j sans
forme de dextrine maltose ; un apport en calcium, phosphore et
magnésium respectivement de 120, 70 et 10 mg/kg/j. Les besoins dépasser 3–4 g/kg/j. Dans tous les cas, il faut maintenir ou
en oligoéléments sont également accrus, en particulier zinc et débuter dès que possible une alimentation orale.
cuivre ; l’apport en vitamines est adapté, compte tenu de Une hypoglycémie sévère biologiquement (< 1,4 mmol/l) ou
l’apport protidique et énergétique élevé. symptomatique cliniquement requiert en urgence l’injection en
Plusieurs études ont montré une augmentation de l’incidence cinq minutes de 2 ml/kg de glucosé à 10 % par voie intravei-
de l’ECUN en cas de prématurité associée à un RCIU, particu- neuse ou, dans l’attente de la mise en place d’une perfusion qui
lièrement en cas d’anomalies du Doppler de l’aorte fœtale. doit être systématique, l’administration intragastrique de
L’hypoxie fœtale et l’asphyxie périnatale conduisent à une 3 ml/kg de glucosé à 10 %.
redistribution vasculaire en faveur du débit sanguin cérébral et Lorsque l’hypoglycémie se prolonge malgré des mesures
aux dépens du débit mésentérique. La polyglobulie associée thérapeutiques bien conduites, on pourra recourir à l’adminis-
dans de nombreux cas de RCIU pourrait aussi contribuer à la tration d’hémisuccinate d’hydrocortisone à la dose de
genèse de l’ECUN. Il n’existe pas de consensus sur les modalités 10 mg/kg/24h per os ou intraveineuse en quatre prises. Elle est

Pédiatrie 7
4-002-S-80 ¶ Retard de croissance intra-utérin

précédée de la réalisation d’un bilan hormonal (cortisol, risque de LMPV est lié à la prématurité et à l’asphyxie périna-
adrenocorticotropic hormone [ACTH], GH, insuline), afin d’élimi- tale, mais le RCIU ne constitue pas un risque surajouté [52, 53].
ner un déficit endocrinien associé. Ces résultats contradictoires sont probablement liés au fait que
les populations de nouveau-nés RCIU sont hétérogènes, avec
notamment des causes variables de RCIU. De plus, il existe,
dans de nombreuses publications, une confusion entre le petit
“ Point fort PN en rapport avec la prématurité et la restriction de croissance
fœtale associée à la prématurité [54].
De nombreuses études ont montré qu’il existe, en cas de
Dans les 48 premières heures de la vie, il faut se donner RCIU, une relation entre la présence d’anomalies du Doppler de
comme objectif thérapeutique de maintenir la glycémie l’artère ombilicale et le risque de séquelles neurologiques à long
(dosée au laboratoire) au-dessus de 2,6 mmol/l chez le terme [54]. La constatation à la naissance d’une microcéphalie,
nouveau-né retard de croissance intra-utérin (RCIU). qui est le reflet d’une réduction de la croissance cérébrale
fœtale, associée à un mauvais rattrapage postnatal du périmètre
crânien, est un facteur péjoratif pour le devenir à long terme [50,
54].
Hypocalcémie
L’hypocalcémie est classiquement rapportée dans le RCIU,
mais moins fréquente que l’hypoglycémie. Elle est favorisée par ■ Devenir du RCIU
la prématurité et l’asphyxie périnatale. Ces circonstances
Les données de la littérature relatives à l’avenir des sujets
doivent conduire à la surveillance de la calcémie, qui est en
RCIU doivent être interprétées avec prudence, quand on les
revanche discutée en cas de RCIU à terme bien portant [45].
applique à un enfant en particulier et ce, pour plusieurs raisons.
La quasi-totalité des études ont recruté leur population sur le
Complications hématologiques trop faible poids pour l’AG, mais le seuil inférieur de PN retenu
Polyglobulie est variable d’une étude à l’autre.
Une polyglobulie est observée en cas de RCIU avec une L’étiologie du RCIU constitue un élément majeur du pronos-
incidence d’environ 15 %. Elle se définit par un hématocrite tic et n’est pratiquement jamais pris en compte, la grande
(Ht) supérieur à 65 %. L’augmentation du nombre des globules majorité des séries ayant seulement éliminé les RCIU de cause
rouges résulte de l’hypoxie in utero, qui stimule la production fœtale propre, c’est-à-dire qu’elles ne concernent a priori que les
d’érythropoïétine. Sa seule manifestation est le plus souvent une RCIU de cause vasculonutritionnelle.
érythrocyanose, se majorant aux cris. Des symptômes plus Dans nombre de cas, les enfants recrutés sont à la fois
sévères sont cependant possibles : insuffisance cardiaque par prématurés et RCIU, et il est difficile de faire la part de chacune
hypervolémie, thromboses veineuses (rénales surtout) par de ces deux situations dans leur devenir.
hyperviscosité sanguine, convulsions. La polyglobulie favorise Malgré ces limites importantes, la concordance d’un certain
certaines complications : hypoglycémie, thrombose, ictère, et nombre d’éléments dans plusieurs études permet d’avancer
ECUN. Un échange sanguin partiel avec du sérum physiologi- quelques caractéristiques concernant l’avenir à moyen et long
que est indiqué pour un Ht supérieur à 65 % chez un enfant termes des sujets RCIU.
symptomatique ou un Ht supérieur à 70 % chez un enfant
asymptomatique : il consiste en la soustraction (saignée) d’un Devenir à moyen terme : croissance
volume de sang de 3 à 5 ml/kg, et son remplacement par le somatique, pronostic neuropsychologique
même volume de sérum physiologique.
Surveillance en consultation des enfants RCIU
Thrombopénie
Lors de la surveillance en consultation des enfants RCIU (par
Les nouveau-nés RCIU ont une diminution significative du cause environnementale), on observe habituellement un
taux de plaquettes et des facteurs V et VII de la coagulation [46, rattrapage somatique qui concerne dans l’ordre : le PC (s’il était
47]. Ces modifications sont habituellement précoces et transitoi-
initialement altéré), puis le poids, et enfin la taille. C’est la
res. En cas de thrombopénie persistante, il faut s’assurer qu’il croissance staturale qui fait donc l’objet de la surveillance la
n’existe pas d’infection maternofœtale à CMV associée (recher- plus attentive : il existe une réduction de taille définitive
cher le CMV dans les urines du nouveau-né). d’environ 1 DS en moyenne chez les enfants nés à terme RCIU
Risque infectieux et neutropénie par rapport aux non-RCIU ; le risque de déficit statural définitif
véritable (> – 2 DS) concerne 13 % des nouveau-nés RCIU, c’est-
Une neutropénie est fréquemment retrouvée chez les à-dire qu’il est sept fois plus élevé chez eux que dans la
nouveau-nés prématurés RCIU, en particulier dans les situations population des nouveau-nés ayant des mensurations initiales
de prééclampsie. Elle augmente le risque infectieux secondaire normales. Il n’y a pas d’effet de l’index pondéral (IP) à la
qui est déjà important dans cette population, où la nutrition naissance sur d’éventuelles séquelles staturales, c’est dire que
parentérale prolongée expose au risque d’infection sur cathéter. RCIU symétriques et asymétriques se comportent de façon
Cependant, l’utilisation de granulocyte colony-stimulating factor identique à ce sujet. Le rattrapage statural et la taille définitive
(G-CSF) dans la prévention ou le traitement du sepsis est sont principalement liés à la sévérité initiale du RCIU et aux
controversée en ce qui concerne les effets sur la mortalité et la tailles parentales, prioritairement la taille de la mère [2].
morbidité [48] . Il en est de même pour la transfusion de Les modifications de la composition corporelle des nouveau-
granulocytes [49]. nés RCIU sont importantes, et elles se poursuivent pendant
Le risque infectieux est aussi augmenté chez les nouveau-nés toute la période postnatale. Il s’agit alors principalement d’un
à terme RCIU inférieur au 3e percentile : certaines études ont en excès de tissu adipeux, notamment dans la partie centrale du
effet montré que les infections certaines avec cultures bacté- corps (adiposité tronculaire), et d’un déficit relatif de la masse
riennes positives sont plus fréquentes dans cette population [38]. maigre. Une diminution du contenu minéral osseux est égale-
ment observée. Le traitement par l’hormone de croissance
Complications neurologiques recombinante (hGH) des enfants qui conservent à 3 ans une
Il existe de nombreuses controverses concernant le risque taille inférieure à – 3 DS provoque une augmentation significa-
d’hémorragie intraventriculaire (HIV) et de leucomalacies tive de la masse musculaire, en même temps que du tissu
périventriculaires (LMPV) chez les nouveau-nés RCIU. Certaines adipeux.
études ont montré que le risque d’HIV était augmenté, d’autres L’âge de survenue de la puberté et le pic de croissance
n’ont trouvé aucune association [50]. Une étude a même montré pubertaire paraissent normaux chez les enfants RCIU, et
une diminution de ce risque en cas de RCIU à 28 SA [51]. Le n’altèrent pas la taille définitive de ces sujets [2].

8 Pédiatrie
Retard de croissance intra-utérin ¶ 4-002-S-80

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[5] Mamelle N, Munoz F, Grandjean H, Groupe de travail AUDIPOG.
Il existe une fréquence accrue des lésions neurologiques et des Croissance fœtale à partir de l’étude AUDIPOG. I. Établissement de
handicaps neurosensoriels chez les enfants RCIU par rapport courbes de référence. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1996;25:
aux eutrophiques de même AG. La cohorte de Haguenau a 61-70.
permis l’étude des résultats scolaires, évalués en termes d’âge au [6] Mamelle N, Munoz F, Martin JL, Laumon B, Grandjean H. pour le
début du secondaire et d’obtention du baccalauréat, chez des groupe de travail AUDIPOG. II. Application au diagnostic de retard de
enfants nés de 1971 à 1985 en Alsace : elle a montré que les croissance intra-utérin. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1996;25:
jeunes adultes nés RCIU ont de moins bons résultats scolaires 71-7.
pendant l’enfance et l’adolescence que ceux de poids initial [7] Gardosi J. The application of individualised fetal growth curves.
normal, après ajustement sur les caractéristiques familiales [55] ; J Perinat Med 1998;26:137-42.
de plus, un faible PC de naissance chez les RCIU a été associé à [8] de Jong CL, Francis A, Van Geijn HP, Gardosi J. Fetal growth rate and
un développement neuropsychomoteur inférieur dans certaines adverse perinatal events. Ultrasound Obstet Gynecol 1998;13:86-9.
autres études. [9] Gold F, Carbonne B. Hypotrophie fœtale. Nouveau-né atteint de RCIU.
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métabolique d’insulinorésistance p. 55-60.
(ou syndrome X) [11] Jensen OH, Larsen S. Evaluation of symphysis-fundus measurements
and weighing during pregnancy. Acta Obstet Gynecol Scand 1991;70:
C’est en 1986 que David Barker a émis l’hypothèse de 13-6.
l’origine fœtale de certaines maladies de l’adulte [56] , en [12] Chang TC, Robson SC, Boys RJ, Spencer JA. Prediction of the small
avançant que des perturbations du développement fœtal for gestational age infant: which ultrasonic measurement is the best?
(s’accompagnant d’un RCIU) pourraient aller jusqu’à provoquer Obstet Gynecol 1992;80:1030-8.
des modifications métaboliques irréversibles et donc définitives, [13] Ferrazzi E, Nicolini U, Kustermann A, Pardi G. Routine obstetric
elles-mêmes responsables de l’apparition à l’âge adulte chez les ultrasound: effectiveness of cross-sectional screening for fetal growth
sujets nés RCIU du syndrome métabolique décrit peu de temps retardation. J Clin Ultrasound 1986;14:17-22.
après par G. Reaven en 1988 [57]. Il est maintenant établi qu’un [14] Goffinet F, Le Bidois J, Nisand I. Doppler en obstétrique. EMC
lien existe entre faible PN et développement à l’âge adulte : des (Elsevier Masson SAS, Paris), Obstétrique, 5-013-F-10, 1997 : 26p.
maladies coronariennes, de l’HTA, du diabète de type 2, ainsi [15] Baschat AA, Weiner CP. Umbilical artery doppler screening for
peut-être que des troubles de la personnalité et de la schizoph- detection of the small fetus in need of antepartum surveillance. Am
rénie [58]. Chez les jumeaux, il existe une relation nette entre les J Obstet Gynecol 2000;182(1Pt1):154-8.
PN et le devenir postnatal pour ce qui concerne HTA et diabète. [16] Brar H, Platt LD. Reverse end-diastolic flow velocity on umbilical
Les phénomènes pouvant rendre compte de cette « program- artery velocimetry in high risk pregnancies: an ominous finding with
adverse pregnancy outcome. Am J Obstet Gynecol 1988;159:559-61.
mation fœtale » de certaines maladies de l’adulte sont principa-
[17] Karsdorp VH, Van Vugt JM, Van Geijn HP, Kostense PJ, Arduini D,
lement : la malnutrition maternelle en cours ou même peut-
Montenegro N. Clinical significance of absent or reversed end diastolic
être en début de grossesse, la restriction globale du niveau velocity waveforms in umbilical artery. Lancet 1994;344:1664-8.
énergétique de l’apport nutritionnel maternel (théorie du [18] Zelop CM, Richardson DK, Heffner LJ. Outcomes of severely
« phénotype économe » de Barker et Hales), la restriction abnormal umbilical artery Doppler velocimetry in structurally normal
protéique, les hormones glucocorticoïdes. Cette programmation singleton fetuses. Obstet Gynecol 1996;87:434-8.
pourrait passer par des modifications épigénétiques irréversibles [19] Wienerroither H, Steiner H, Tomaselli J, Lobendanz M, Thun-
(méthylations et acétylations de l’ADN, modifications des Hohenstein L. Intra-uterine blood flow and long-term intellectual,
histones) de la chromatine modulant l’expression des gènes [58]. neurologic, and social development. Obstet Gynecol 2001;97:449-53.
De nombreux points restent toutefois à éclaircir, pour ce qui [20] Vosbeck S, de Camargo OK, Grab D, Bode H, Pohlandt F. Neonatal and
concerne notamment : les responsabilités respectives du RCIU neurodevelopmental outcome in infants born before 30 weeks of ges-
initial et de la croissance postnatale de rattrapage dans la tation with absent or reversed end-diastolic flow velocities in the
survenue de ces maladies de l’adulte [59] ; les poids respectifs des umbilical artery. Eur J Pediatr 2001;160:128-34.
facteurs environnementaux et génétiques (familiaux) dans leur [21] Neilson JP, Alfirevic Z. Doppler ultrasound for fetal assessment in high
apparition ; et donc les possibilités de prévention de ces risk pregnancies. Cochrane Database Syst Rev 2000(2) (CD000073).
pathologies de l’adulte en période du nouveau-né et de l’enfant. [22] Mari GC, Deter RL. Middle cerebral artery flow velocity waveforms in
Depuis 2003 sont d’ailleurs publiées des études pédiatriques normal and small-for-gestational-age fetuses. Am J Obstet Gynecol
1992;166:1262-70.
du syndrome métabolique ; le numéro de février 2008 du
[23] Wladimiroff JW, Wijngaard JA, Degani S, Noordam MJ, Eyck J,
Journal of Pediatrics comporte plusieurs articles sur ce thème. Il
Tonge HM. Cerebral and umbilical arterial blood flow velocity
y est notamment indiqué que les mesures précoces de l’obésité waveforms in normal and growth-retarded pregnancies. Obstet
abdominale (centrale) par le tour de taille et du taux de Gynecol 1987;69:705-9.
triglycérides sont de meilleurs indicateurs de survenue du [24] Jouannic JM, Fermont L, Brodaty G, Bonnet D, Daffos F. Mise au point
syndrome métabolique à l’âge adulte que l’indice de masse sur la circulation fœtale. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2004;
corporelle ou la mesure de la résistance à l’insuline [60]. Récem- 33:291-6.
ment, la Fédération internationale du diabète a élaboré une [25] Ozcan T, Sbracia M, d’Ancona RL, Copel JA, Mari G. Arterial and
nouvelle définition du groupe à risque et du syndrome métabo- venous Doppler velocity in the severely growth-restricted fetus and
lique chez les enfants et les adolescents [61]. Nul doute donc que associations with adverse perinatal outcome. Ultrasound Obstet
ce sujet évolue rapidement dans les prochaines années... Gynecol 1998;12:39-44.

Pédiatrie 9
4-002-S-80 ¶ Retard de croissance intra-utérin

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F. Gold, Professeur des Universités, praticien hospitalier, responsable du pôle de périnatalité (francis.gold@trs.aphp.fr).
Pôle de périnatalité, Groupe hospitalier Armand Trousseau/La Roche Guyon, AP-HP, Hôpital Trousseau, 26, avenue du docteur Arnold-Netter, 75571 Paris
cedex 12, France.
Université Pierre et Marie Curie-Paris 6, France.
J.-M. Jouannic, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de gynécologie obstétrique, Groupe hospitalier Armand Trousseau/La Roche Guyon, AP-HP, Hôpital Trousseau, 26, avenue du docteur
Arnold-Netter, 75571 Paris cedex 12, France.
Université Pierre et Marie Curie-Paris 6, France.
D. Mitanchez-Mokhtari, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de néonatologie, Groupe hospitalier Armand-Trousseau/la Roche Guyon, AP-HP, Hôpital Trousseau, 26, avenue du docteur Arnold-Netter, 75571
Paris cedex 12, France.
Université Pierre et Marie Curie-Paris 6, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gold F., Jouannic J.-M., Mitanchez-Mokhtari D. Retard de croissance intra-utérin. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Pédiatrie, 4-002-S-80, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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