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DIRECTIVES NATIONALES
DE PRISE EN CHARGE DU
PALUDISME
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En Afrique au sud du Sahara, le paludisme constitue un problème majeur de santé publique.
Selon le rapport mondial 2016 de l’OMS, sur 212 millions de cas enregistrés au niveau
mondial en 2015, 190 millions sont notifiés en Afrique subsaharienne (90%). De plus,
l'Afrique concentre 92% des 429 000 décès mondiaux dus au paludisme dont 70% concernent
les enfants de moins de 5 ans (Rapport OMS, 2016).
En Côte d’Ivoire, le paludisme représente la première cause de morbidité avec 43% des motifs
de consultation dans les formations sanitaires du pays, un taux d’incidence de 155 pour 1000
dans la population générale et un taux d’incidence de 292 pour 1000 chez les enfants âgés de
moins de 5 ans (ASS 2015). Les enfants âgés moins de 5 ans et les femmes enceintes
constituent les populations les plus vulnérables.
Ce fléau est responsable de 40% d’absentéisme en milieu scolaire et 42% en milieu
professionnel réduisant ainsi la capacité des ménages à contribuer à la productivité. Le
paludisme entretient la pauvreté au sein des familles qui chaque année, lui consacrent 25% de
leurs revenus pour le traitement et la prévention 3.
La principale espèce mise en cause dans le paludisme en Côte d’Ivoire est Plasmodium
falciparum qui représente 80 à 95% des infections rencontrées. Toutefois, d’autres espèces
notamment Plasmodium malariae, et ovalae sont retrouvées.
Aujourd’hui la prise en charge thérapeutique est confrontée à l’extension de la résistance de
Plasmodium falciparum à la plupart des antipaludiques disponibles.
Ces Directives de prise en charge du Paludisme ont pour objet de servir de guide opérationnel
à tous les prescripteurs/utilisateurs. Elles précisent le paquet minimum d’activités adaptées à
chaque niveau du système de soins, aussi bien dans le secteur public que privé. Elles tiennent
compte de la situation épidémiologique et anticipe la situation de résistance aux
antipaludiques dans le pays.
L’adoption des directives s’est faite par les principales parties prenantes de la lutte contre le
paludisme au cours d’une réunion de consensus.
Le but des présentes directives est de permettre l’application de schémas thérapeutiques
simples basés sur des données factuelles.
1who word malaria rapport 2010
2-Plan Strtégique 2011
3-revue de la performance du programme national de lutte contre le paludisme
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I- DIAGNOSTIC DU PALUDISME
Le paludisme a été considéré pendant de nombreuses années comme la principale cause des
fièvres en Afrique subsaharienne. Ainsi, toutes les fièvres étaient systématiquement traitées
comme des cas de paludisme (traitements antipaludiques présomptifs).
Les nouvelles recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconisent la
confirmation biologique systématique du paludisme en cas de fièvre avant toute
administration d’antipaludiques. En cas de négativité du diagnostic biologique, d’autres
explorations biologiques sont actuellement disponibles afin de déterminer l’étiologie de la
fièvre. Le diagnostic du paludisme est donc à la fois clinique et biologique.
Pour faciliter la prise en charge du paludisme, l’OMS suggère de considérer les deux formes
suivantes : paludisme simple et paludisme grave.
Le paludisme simple se définit par la présence d’une fièvre (température axillaire ≥ 37°5) ou
antécédent de fièvre depuis les dernières 24 heures avec une Goutte Epaisse (GE) ou un Test
de Diagnostic Rapide (TDR) positif sans aucun signe de gravité.
La fièvre est accompagnée des signes et des symptômes courants tels que les courbatures, les
myalgies, les céphalées, les nausées, les vomissements passagers, l’asthénie, la diarrhée ou les
douleurs abdominales.
Le paludisme simple peut être précocement et correctement pris en charge à domicile par un
agent de santé communautaire formé à cet effet.
Il est plus fréquent chez les sujets sans immunité ni prévention notamment les
enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes les sujets immunodéprimés
(splénectomie, VIH, etc), les sujets autochtones vivant en zones de transmission
intermittente, les personnes provenant des zones indemnes de paludisme.
Il associe une fièvre (température très élevée) et des signes de gravité à la fois
cliniques et biologiques à type de :
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défaillance respiratoire (Syndrome Défaillance Respiratoire Aiguë avec ou
sans images radiologiques)
défaillance cardio-circulatoire (collapsus cardio-circulatoire, choc)
hémorragie (saignement)
ictère (clinique ou bilirubine totale > 50 µmol/l)
acidose métabolique (bicarbonates < 15 mmol/l, ou acidémie avec pH <
7,357)
Anémie grave ou profonde (Hb < 5 g/dl ou Hte < 15%)
insuffisance rénale (Adulte : diurèse < 400 ml/j, créatininemie > 265 ou
urémie > 17 mmol/l), (Enfant : diurèse < 12 ml/j)
hyperparasitémie (seuil entre 5% sujet non immun et 20% sujet prémuni)
hypoglycémie (glycémie < 2,2 mmol/l ou 0,40 g/l)
hémoglobinurie macroscopique
Au niveau communautaire, l’ASC doit orienter l’enfant vers l’ESPC devant les signes de
gravité suivants :
raideur de la nuque ;
enfant incapable de boire ou de prendre le sein ;
enfant qui vomit tout ce qu’il consomme ;
convulsion actuelle ; convulsion dans ses antécédents ;
enfant léthargique ou inconscient.
Il est confirmé par la présence des formes asexuées de P. falciparum dans le sang
du patient.
Les formes graves doivent être référées aux structures de références publiques
(HG, CHR, CHU) ou privées disposant de plateaux techniques adéquats.
Paludisme chez la femme enceinte : il peut s’agir d’un paludisme simple ou d’un
paludisme grave avec un risque élevé de complications tant pour la mère que pour le
fœtus ou du nouveau-né, à type de prématurité, d’avortement, de mort in utero,
d’hémorragies de délivrance, d’anémie, de petit poids à la naissance (inférieur à 2,5
kg) et de paludisme congénital. Chez la femme enceinte, le diagnostic et le traitement
du paludisme doivent être considérés comme des urgences.
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staturo-pondéral, une leuconeutropénie et une thrombopénie. La recherche
parasitologique à la microscopie est négative ou parfois faiblement positive. Les Ig
G sont fortement positives.
Une fois le diagnostic clinique établi, il convient d’évoquer d’autres pathologies fébriles qui
peuvent prêter à confusion avec le paludisme. Un cas de paludisme confirmé peut cacher une
autre pathologie fébrile qu’il faut savoir rechercher et prendre en charge correctement. C’est
dire tout l’intérêt de réaliser le TDR ou la GE/FS avant de débuter le traitement.
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Elle est proposée concomitamment dans les structures de soins publiques et privées ayant un
laboratoire techniquement opérationnel. C’est l’examen de référence pour établir le diagnostic
de paludisme (espèce plasmodiale et densité parasitaire) et évaluer l’efficacité du traitement.
Elle fournit le diagnostic de paludisme en 30 à 90 mn.
II - TRAITEMENT DU PALUDISME
Dans tous les cas, il convient de rechercher et traiter toute autre cause de
fièvre et surveiller attentivement le patient.
Le traitement repose sur l’utilisation des molécules dont le taux d’échec est estimé à moins
de 10% après correction par PCR et la bonne tolérance démontrée dans le pays1.
Chez toute personne fébrile et porteuse de parasites, le traitement du paludisme fait appel
à une Combinaison Thérapeutique à base de dérivés d’Artémisinine (CTA) fixe en 3 jours
consécutifs comme suit :
Première intention,
Artésunate + Amodiaquine à la posologie de 4mg/kg/j d’Artésunate +
10mg/kg/j d’amodiaquine en 1 à 2 prises orales/jour espacée de 12H à 24H
ou Artéméther + Luméfantrine à la posologie de 4mg/kg/j d’Artéméther + 24
mg/kg/j de Luméfantrine en 1 à 2 prises orales/jour espacée de 12H à 24H
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Rapport PNLP 2016
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ou Dihydroartémisinine + Pipéraquine à la posologie de 4 mg/kg/j de
dihydroartémisinine et de 18 mg/kg/j de pipéraquine en 1 prise orale/jour
espacée de 24H
En cas de non disponibilité de ces trois CTA, on utilisera une CTA fixe
recommandée par l’OMS en l’occurrence l’Artésunate + Méfloquine (AS-MF) aux
posologies préconisées par le fabricant.
Deuxième intention (échec confirmé par GE/FS ou PCR, contre-indication et effets
indésirables graves des CTA), il faut avoir recours à la Quinine base par voie orale à
la posologie de 25 mg/kg/jour en 3 prises pendant 5 jours.
Le suivi du patient sera réalisé à J3, J7 et à J14 du début du traitement par l’examen clinique
et le contrôle de la GE/FS en cas de persistance de la fièvre.
Chez toute personne fébrile, porteuse d’un ou de plusieurs signes de gravité et porteuse
des formes asexuées de P. falciparum dans le sang périphérique, le traitement regroupe, à
la fois, des mesures symptomatiques de réanimation et le traitement antipaludique rapidement
efficace.
Première intention
Artésunate injectable par voie IV ou IM en 9 doses pendant 7 jours consécutifs selon le
schéma suivant :
- J1 : une dose de 2,4 mg/kg à H0, H12 et H24 (3 doses)
- J2 à J7 : une dose de 2,4 mg/kg toutes les 24 heures (6 doses).
NB : Cette posologie s’applique à l’adulte et l’enfant de 20kg et plus.
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- - L’artéméther par voie IM pendant 7 jours comme suit : 3,2 mg/kg en deux
injections à J1 puis 1,6 mg/kg/jour en une seule injection de J2 à J7. Soit chez
l’adulte : 160mg en IM le 1er jour puis 80mg les jours suivants pendant 7jours
La formule pour calculer le débit (nombre de gouttes par minute) en fonction de la quantité
de soluté à perfuser est la suivante :
- Débit = Q / (3 x H)
- D = nombre de gouttes/mn
- Q = quantité de soluté à perfuser (en ml)
- H = durée prévue (en heure)
H0 H6 H12 H18
Tableau I : Mesures symptomatiques du traitement du paludisme grave
Insuffisance rénale aiguë Exclure les causes pré-rénales, vérifier le bilan liquidien,
ionogramme sanguin et urinaire, hémofiltration ou
hémodialyse ou dialyse péritonéale
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troubles hémodynamiques
Traitements de relais
Après 2 ou 3 jours de traitement parentéral du paludisme grave, si l’état du malade le permet
(capable de manger et de boire), des relais peuvent être opérés avec les CTA ou la quinine
orale.
Le traitement de relais doit débuter 12 à 24 heures après la dernière dose du traitement
parentéral afin d’éviter les interactions médicamenteuses avec risque accru d’effets
indésirables graves. Avec les CTA, la durée de traitement doit toujours couvrir les 3 jours
conventionnels.
NB : La quinine peut interagir avec les autres antipaludiques (amodiaquine, halofantrine,
luméfantrine, méfloquine) pour majorer, réciproquement, la toxicité métabolique
(hypoglycémie) ou la toxicité cardiaque (allongement de l’espace QT, torsades de pointe)
accidents rapidement mortels. Il en est de même des interactions avec les statines et certains
antibiotiques à toxicité cardiaque (fluoroquinolones, télithromycine).
Il faut donc éviter de co-administrer ces médicaments avec la quinine, les CTA, l’artésunate
IV/IM et l’artéméther IM. Le mieux est d’espacer leurs prises de 12 à 24 heures de celles des
antipaludiques si la co-administration s’avère indispensable pour la survie du patient (Tableau
III).
Traitement de pré-transfert
Il arrive souvent qu’un patient souffrant de paludisme grave, ne peut pas bénéficier du
traitement complet dans l’établissement sanitaire local.
- Il doit immédiatement être transféré dans la structure la plus proche pour recevoir ce
traitement approprié. Avant le transfert, il doit recevoir :
- chez l’adulte et le grand enfant : une dose d’Artésunate injectable de 2,4 mg/kg, ou
d’Artéméther IM.
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- chez l’enfant de moins de 6 ans : une dose d’Artésunate rectale (10 mg/kg) ou d’Artéméther
IM (3,2 mg/kg) et de paracétamol (50 mg/kg) à répéter 2 à 3 fois en fonction du temps de
latence du transfert,
- quel que soit l’âge du patient, une fiche du traitement doit être adressée au centre d’accueil.
Seule la quinine base est préconisée quels que soient le type de paludisme et l’âge de la
grossesse.
Paludisme simple
Donner de la quinine par voie orale à raison de 25 mg/kg/jour en 3 prises pendant 5 jours.
Paludisme grave
Recours à la quinine base à raison de 25 mg/kg/jour en 3 perfusions IV pendant 7 jours.
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NB : Les dérivés d’artémisinine (CTA, Artéméther IM, Artésunate IV/IM) sont déconseillés
au cours du premier trimestre de la grossesse. Cependant, les études actuellement publiées
montrent l’absence d’anomalies congénitales majeures entre les dérivés d’artémisinine en 3
jours et la quinine orale en 7 jours3.
Aujourd’hui, l’OMS recommande l’utilisation des CTA chez les nourrissons de moins
de 5 kg en administrant ces médicaments à la même dose que les enfants de 5 kg avec
une surveillance accrue, le risque de paludisme grave n’étant pas toujours démontré
chez ces nourrissons.
En cas de paludisme grave, la dose recommandée pour l’Artésunate injectable est de 3 mg/kg
pour avoir une efficacité équivalente que chez les plus de 20 kg.
En cas de paludisme simple, les patients non immuns seront traités par les CTA aux
posologies habituelles en première intention. La quinine par voie orale reste le traitement de
deuxième intention.
En cas de paludisme grave, l’Artésunate injectable doit être utilisée selon le schéma
conventionnel. Les alternatifs restent l’artéméther injectable ou la quinine en perfusion IV.
Sur ce terrain, il est recommandé d’utiliser des doses de charge de quinine dès la première
perfusion IV.
Il existe certes des interactions entre les antipaludiques et certains antirétroviraux mais elles
ne constituent pas une contre-indication formelle du traitement antipaludique de courte durée
de 3 à 7 jours. Ainsi, chez le patient coinfecté par VIH et P. falciparum sous traitement
antirétroviral ou non, le traitement antipaludique repose sur :
La primaquine prend ici toute son importance car ce médicament possède des activités sur
les formes hépatiques de toutes les espèces plasmodiales et les gamétocytes de P. falciparum.
Deux stratégies thérapeutiques sont actuellement préconisées :
une CTA fixe en 3 jours associée à la primaquine en dose unique de 0,25 mg/kg
pour éliminer les gamétocytes de P. falciparum. Ce schéma est bien toléré et présente
peu de risques, même chez les individus légèrement ou modérément déficients en
G6PD. Il pourrait endiguer la transmission dans les pays où l’incidence du paludisme
à P. falciparum a considérablement baissé.
Primaquine à raison de 0,5 mg/kg par jour pendant 14 jours, schéma efficace pour
traiter P. vivax et P. ovale mais à éviter chez les patients déficients en G6PD à cause
du risque accru d’hémorragies.
Pour l’OMS, sans la primaquine, l’élimination du paludisme à P. vivax et P. ovale semble très
difficile. Des études cliniques sont donc nécessaires pour mieux préciser l’utilisation
rationnelle de cette molécule dans le traitement radical des patients déficitaires en G6PD sur
le continent africain.
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Parler d’échec thérapeutique suppose que le patient a pris correctement le traitement en
termes de qualité du médicament, de posologie, de durée et d’observance (observance
optimale à 100%).
Un patient dont l’état ne s’est pas amélioré malgré un traitement correct de son paludisme
simple ou son paludisme grave, doit être re-évalué de la façon suivante :
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Ainsi, sans PCR seule méthode pour faire la différence entre la ré-infestation (ADN
plasmodiaux différents) et l’échec (ADN identiques), on peut gérer de façon pratique l’échec
thérapeutique.
Pour le PNLP, tout cas de paludisme simple ou de paludisme grave doit être notifié dans les
outils de collecte des données mis à la disposition des prestataires dans les structures de soins.
Cette notification doit se faire dans les régistres de consultation, de garde ou d’hospitalisation.
Pour faciliter le recueil des données, elle doit indiquer les renseignements suivants :
Toutes les plaintes des patients liées à l’utilisation des molécules (antipaludique, antibiotique,
antirétroviral, etc…) doivent être notifiées sur les fiches spéciales de pharmacovigilance.
Celles-ci sont disponibles en ligne ou en papier. Les fiches remplies seront mises à la
disposition du point focal de pharmacovigilance de la structure ou acheminées au centre
national de pharmacovigilance. Leur exploitation par les experts de pharmacovigilance
permettra de faire le choix des traitements en fonction de leur niveau de tolérance.
V - PREVENTION DU PALUDISME
5.1.1- Chimio-prophylaxie
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La première dose est donnée à partir de la 16 ème semaine de grossesse ou dès l’apparition des
mouvements actifs du fœtus. Les autres doses sont administrées à un mois d’intervalle (une
dose = 3 comprimés en prise unique) quel que soit le statut sérologique VIH de la gestante.
Les prises du médicament se font avec de l’eau propre et sous observation directe du
personnel en charge des consultations prénatales (CPN) ou de l’ASC ou autre relais dûment
formé.
Eviter la SP chez la femme enceinte VIH positive déjà sous prophylaxie au cotrimoxazole
(CTX) : le CTX a un effet protecteur antipaludique et risque de surdosage en sulfamides.
Chez la femme enceinte sous prophylaxie anti-anémique (acide folique + fer), suspendre le
traitement antianémique et le reprendre 15 jours après la prise de la SP.
Les conseils pratiques à prodiguer à toute femme enceinte susceptible de prendre la SP sont
les suivants :
• associer d’autres moyens de prévention notamment l’utilisation des MILDA et les
Pulvérisations Intra-Domiciliaires (PID),
• conseiller uniquement les MILDA et des PID en cas de toxicité majeure à la SP
(allergie),
NB: L’administration de la S/P est déconseillée au premier trimestre de la grossesse à
cause du risque tératogène lié à la sulfadoxine.
• Avant 16 semaines de grossesse, la femme sera encouragée à dormir sous la moustiquaire
imprégnée d’insecticide et ce pendant la durée de la grossesse et après l’accouchement.
A travers les résultats de nombreuses études africaines (références), l’administration des doses
complètes de la SP en TPI a prouvé son efficacité par la diminution de la prévalence de
l’anémie, des parasitémies périphériques, de l’infection placentaire, du risque de la
prématurité et surtout de l’amélioration du faible poids de naissance.
Les effets indésirables sont rares par rapport au nombre important de femmes enceintes
prenant la SP en TPI. On redoute tout particulièrement les toxidermies (syndromes de
Stevens-Johnson, Lyell) et les cytopénies qui imposent l’arrêt immédiat et définitif de la SP.
Il est recommandé à ces personnes se rendant en zone d’endémie palustre pour des séjours de
plus de 3 mois, d’observer un traitement préventif à base Proguanil+Atovaquone (Malarone),
Méfloquine (Lariam) ou Doxycycline selon les posologies présentées dans le tableau ci-
dessous.
Tableau : Chimioprophylaxie du paludisme chez les sujets provenant des zones non
impaludées
Adultes Enfants
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Proguanil+Atovaquone Au moins 24 heures avant Au moins 24 heures avant
+séjour +une semaine après +séjour +une semaine après
(Malarone)
Malarone : 1 comprimé/j - Enfant de 11 à 40 Kg
(Pendant la grossesse Malarone enfant : 1
envisageable si nécessaire) comprimé/10Kg/j
Méfloquine (Lariam) 10 jours avant + Séjour + 3 10 jours avant + Séjour + 3
Semaines après : Semaines après
Adultes et grand enfant avec Enfant dont le poids est compris
un poids supérieur à 45 Kg : entre 15Kg et 45 Kg :
Mefloquine 250mg (lariam)
Mefloquine 5mg/kg/Semaine
1comprimé par semaine
NB : En dehors des groupes pré cités, aucun traitement préventif n’est jusque-là admis, même chez
les enfants.
Elle cible l’ensemble de la population et consiste à dormir tous les nuits sous la MILDA pour
éviter le contact homme -vecteur
Afin d’accroitre la disponibilité des MILDA dans les ménages, en plus des campagnes de
distribution de masse la Politique Nationale recommande:
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- Toute femme enceinte doit bénéficier gratuitement d’une MILDA lors du premier
contact avec les services de CPN ou à l’accouchement.
- Tout enfant âgé de moins de 5 ans doit bénéficier d’une moustiquaire imprégnée lors
de la vaccination ou des séances de suivi de la croissance ou lors de tout contact avec
les services de santé ou à l’occasion de séance de distribution communautaire.
-
5.2. Prévention collective
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- porter des habits protecteurs tels que les pantalons et les chemises à manches
longues à l’extérieur, le soir et la nuit,
- appliquer des insectifuges le soir sur la peau ou sur les vêtements en respectant les
précautions d’usage indiquées par les fabricants.
6.3. Promotion des mesures de lutte contre la reproduction des moustiques
Le personnel doit rendre les communautés attentives aux moyens de lutte contre la
reproduction des moustiques, notamment :
- Les travaux de drainage et d’exploitation des ressources en eau,
- les campagnes de nettoyage communautaire pour éliminer tout récipient ou débris
pouvant contenir de l’eau,
- l’amélioration des terres par des travaux de comblement notamment les trous
d’emprunt de terre pour les fabrications de briques et de drainage.
6.4. Quelques messages de sensibilisation
- Dormir toutes les nuits sous MILDA protège contre les piqûres de moustiques
- Les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans qui sont plus fragiles doivent en
priorité dormir sous MILDA toutes les nuits.
- Les MII tuent ou repoussent les moustiques.
- L’utilisation de la MILDA ne présente aucun de risques même pour les bébés
- L’utilisation de la MILDA réduit le nombre de crise de paludisme
- l’utilisation de la MILDA permet de réduire les dépenses de santé de la famille
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- L’utilisation de la S/P pour le traitement préventif intermittent du paludisme chez la
femme enceinte empêche les parasites de s’attaquer au placenta et perturber le
développement normal du fœtus
7. LA RECHERCHE OPERATIONNELLE
Elle doit être orientée vers les études des connaissances attitudes et pratiques des
populations sur le paludisme, les études d’efficacité des traitements (artésunate injectable,
CTA, SP, Quinine), les études d’efficacité des moustiquaires imprégnées dans les conditions
d’utilisation, les études sur la sensibilité des vecteurs aux insecticides et les études de
pharmacovigilance
CONCLUSION
Les présentes directives constituent un document de référence pour les agents de santé en
matière de prise en charge des cas de paludisme à tous les niveaux du système de soins de
santé de la Côte d’Ivoire. Il est fondamental que ce document de référence soit diffusé et
appliqué dans toutes les structures de soins publiques et privées.
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