Médecine d’Afrique Noire

1ère Revue Médicale Internationale Panafricaine Juin 2019

Prise en charge de la glomérulonéphrite aiguë

post-infectieuse chez l’enfant : expérience
du Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique
Charles De Gaulle de Ouagadougou (Burkina Faso)
1. Sce pédiatrie médicale,
H. SAvADOGO1, L. TOGUYeNI/TAmINI1, A. KABORe1, A.S. OUeRmI2, P.e.m.R. TARAm1, Centre Hospitalier
G. COULIBALY3, S. KABOReT1, L. DAO1, D. Ye1 Universitaire Pédiatrique
Charles-De-Gaulle,
Ouagadougou, Burkina
Faso
2. Sce pédiatrie, Centre
Hospitalier Universitaire
Régional (CHUR) de
Résumé Ouahigouya, Burkina Faso
3. Sce néphrologie-
hémodialyse, Centre
Hospitalier Universitaire
Introduction : La Glomérulo-Néphrite Aiguë Post-infectieuse (GNAP) reste fréquente chez l’enfant Yalgado-Ouédraogo
Ouagadougou, Burkina
dans les pays en développement. Au Burkina Faso, il existe très peu de données sur le sujet. Le but de
Faso
ce travail était de contribuer à travers les données fournies par l’étude, à l’amélioration de la prise en
charge de la maladie en milieu pédiatrique au Burkina Faso.
Patients et méthode : Il s’est agi d’une étude rétrospective descriptive sur la période du 1er janvier
2008 au 31 décembre 2017 (10 ans). Ont été inclus dans l’étude les enfants âgés de 0 à 15 ans hos-
pitalisés dans le service de pédiatrie médicale du Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles
De Gaulle (CHUP-CDG) de Ouagadougou pour glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse pendant notre
période d’étude. Les données collectées ont été traitées sur micro-ordinateur à l’aide du logiciel SPSS
dans sa version 20.
Résultats : Cinquante-huit patients ont été inclus durant la période d’étude, soit 1,6% des hospitali-
sations. L’âge moyen était de 5,8 ± 2,9 ans avec des extrêmes de 20 mois et 13 ans. La tranche d’âge
Mots-clés :
la plus concernée était celle de 5 à 12 ans. La prédominance était masculine (65,5%). Les enfants
Néphropathie
étaient dans la majorité des cas issus de familles à niveau socioéconomique défavorable. Un syndrome glomérulaire,
œdémateux était retrouvé chez la plupart des patients à l’admission. La tension artérielle a été mesurée enfant

chez 44 patients soit 75,86% des cas. Les moyennes des pressions artérielles systolique et diasto-
lique étaient respectivement de 113,18 ± 23 mm Hg (extrêmes = 80 et 190) et 70,82 ± 18 mm Hg
(extrême = 40 et 120). Sur le plan paraclinique nous avons noté des ASLO positifs dans 40,4% des
cas. Un seul patient avait une protéinurie > 50 mg/kg/24h. La créatininémie moyenne était de
125,6 ± 197,1 µmol/L avec des extrêmes de 17 et 1830 µmol/L. Le traitement était essentiellement
symptomatique. La durée moyenne d’hospitalisation était 12,03 ± 8,6 avec des extrêmes de 0 et
47 jours. L’évolution était favorable dans 79,31% des cas.
Conclusion : La GNAPI reste relativement fréquente au CHUP-CDG de Ouagadougou probablement à
cause des conditions de vie et d’hygiène précaires. L’évolution est généralement favorable mais des
complications peuvent survenir.

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 • Prise en charge... •

Abstract
Post-infectious acute glomerulonephritis in children: experience
of the Pediatric University Hospital Charles de Gaulle of Ouagadougou

Introduction: Post-infectious acute glomerulonephritis remains common in children in developing

countries. In Burkina Faso, there is very little data on the subject. The aim of this work was to contri-
bute, through the data provided by the study, to the improvement of the management of the disease
in children in Burkina Faso.
Patients and methods : It was a retrospective descriptive study over the period from January 1st,
2008 to December 31st, 2017 (10 years). We included in the study children aged 0 to 15 years, hos-
pitalized in the pediatric medical service of the Pediatric University Hospital Charles De Gaulle (CHUP-
CDG) of Ouagadougou for post-infectious acute glomerulonephritis during our study period. The data
collected was processed on a microcomputer using SPSS software in version 20.
Results: Fifty-eight patients were included during the study period (1.6% of hospitalizations). The
average age was 5.8 ± 2.9 years with extremes of 20 months and 13 years. The most concerned age Keywords:
Glomerular
group was 5 to 12 years old. The predominance was male (65.5%). most of the children came from
nephropathy,
families with low socioeconomic status. An edematous syndrome was found in most patients on child
admission. Blood pressure was measured in 44 patients (75.86% of cases). mean systolic and diastolic
arterial pressures were 113.18 ± 23 mm Hg (extremes = 80-190) and 70.82 ± 18 mm Hg (ex-
tremes = 40-120), respectively. Paraclinically, we found positive antistreptolysin O in 40.4% of cases.
Only one patient had proteinuria > 50 mg/kg/day. mean serum creatinine was 125.6 ± 197.1 μmol/L
with extremes of 17 and 1830 μmol/L. The treatment was essentially symptomatic. mean hospital stay
was 12.03 ± 8.6 with extremes of 0 and 47 days. The evolution was favorable in 79,31% of the
cases.
Conclusion: Post-infectious acute glomerulonephritis remains relatively common in the Pediatric Uni-
versity Hospital Charles De Gaulle of Ouagadougou, probably because of precarious living and hygiene
conditions. The evolution is generally favorable, but some complications can arise.

Introduction La glomérulonéphrite post-infectieuse est la
néphropathie glomérulaire la plus fréquente
chez l’enfant [1]. elle survient principalement
chez l’enfant d’âge compris entre 2 et 10 ans,
plus rarement chez l’adulte. La gloméruloné-
phrite aiguë post-streptococcique est la plus
fréquente des syndromes néphritiques aigus ;
elle complique généralement une pharyngite
ou un impétigo [2, 3].
D’autres infections, bactériennes, virales, pa-
rasitaires ou fongiques peuvent être responsa-
bles de la glomérulonéphrite aiguë. On estime
à 472.000 le nombre de cas de Gloméruloné-
phrite Aiguë Post-Streptococcique (GNAPS)
dans le monde chaque année, parmi lesquels
404 000 enfants. La majorité de ces cas de
GNAPS sont retrouvés dans les pays en déve-
loppement [4].
entre 2001 et 2006 la fréquence hospitalière
de la maladie était de 2,65% au CHU Donka
de Conakry en Guinée [5]. La GNA représentait
12,9% des maladies rénales et urologiques re-
censés au CHU de Treichville en Côte d’Ivoire
de 2006 à 2011 [6]. Au Burkina Faso, très peu
de données sont disponibles sur la glomérulo-
néphrite post-infectieuse chez l’enfant.
entre 2001 et 2010, 53 cas de GNA ont été ré-
pertoriés dans une étude sur les maladies ré-
nales, menée au CHU pédiatrique Charles De
Gaulle de Ouagadougou ; ce qui correspondait

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à 18,5% des enfants inclus dans l’étude [7].
Nous avons entrepris ce travail en vue de four-
nir dans nos conditions d’exercice, des don-
nées sur cette pathologie encore d’actualité
dans les pays en développement, ce qui per-
mettrait d’améliorer sa prise en charge en mi-
lieu pédiatrique au Burkina Faso.
Patients et méthodes
Il s’est agi d’une étude rétrospective descrip-
tive menée sur la période du 1er janvier 2008
au 31 décembre 2018, soit dix ans.
elle s’est déroulée dans le service de pédiatrie
médicale du CHU pédiatrique Charles De
Gaulle de Ouagadougou, au Burkina Faso.
Nous avons inclus dans l’étude les enfants de
0 à 15 ans hospitalisés dans le service pour
une glomérulonéphrite aiguë durant la période
d’étude.
Les définitions opérationnelles suivantes ont
été retenues pour les besoins de l’étude :
• La glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse
a été définie par l’apparition brutale d’une
hématurie macroscopique ou microscopique,
associée à une protéinurie pouvant atteindre
un taux néphrotique, avec ou sans hyperten-
sion artérielle ; des œdèmes ou une insuffi-
sance rénale peuvent être associés.
• L’insuffisance rénale a été définie arbitraire
ment par une créatininémie ≥ 120 µmol/L.
elle est considérée comme aiguë si elle a
duré moins de trois mois et chronique si la
fonction rénale est restée altérée au-delà de
trois mois d’évolution.
• Hypertension artérielle : Nous avons utilisé
les formules de Somu [8] :
- valeur systolique (95ème percentile, en
mm Hg) : 1-17 ans = 100 + (âge x 2)
- valeur diastolique (95ème percentile, en
mm Hg) :
* 1-10 ans = 60+ (âge x 2)
* 11-17 ans = 70 + âge.
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• L’oligurie : nous l’avons définie par une diu-
rèse inférieure à 300ml/24h.
• L’anurie : elle a été définie par une diurèse
journalière nulle avec une absence de globe
vésical.
• Infection urinaire : tout cas où un germe a
été isolé à l’examen cytobactériologique des
urines (eCBU) et qu’un traitement a été ins-
tauré.
• ASLO : le dosage des anticorps Anti-Strep-
tolysine O ; qui est positif si > 200UI/L.
La source des données a été constituée par les
dossiers médicaux des patients et la base de
données du service d’informatique médical du
CHU Pédiatrique Charles De Gaulle.
Nous avons ainsi collecté sur une fiche les don-
nées socio démographiques, le mode et le
motif d’admission au service, les antécédents
pathologiques personnels et familiaux, les
signes cliniques et paracliniques, et le devenir
des patients. Les données ont été saisies et
traitées sur micro-ordinateur à l’aide du logiciel
d’analyse SPSS dans sa version 20.
Les variables continues ont été exprimées par
leur moyenne ± déviation standard et les va-
riables discontinues par les fréquences abso-
lues.
Résultats
Données épidémiologiques
Cinquante-huit patients ont été inclus dans
l’étude durant la période d’étude soit 5,8 cas
par an. Ces 58 patients représentaient 1,6%
de l’ensemble des patients (n = 3530) hospi-
talisés dans le service de pédiatrie médicale du
CHUP-CDG pendant la période d’étude.
La moyenne d’âge des patients était de 5,8 ±
2,9 ans avec des extrêmes de 20 mois et
13 ans. Les patients de sexe masculin ont
constitué 65,5% de notre population d’étude
(sex-ratio de 1,9).
325
 • Prise en charge... •

Les caractéristiques sociodémographiques des servée dans 15 cas (25,9%). Pour les patients
patients sont résumées dans le tableau I. référés, les structures d’origine étaient varia-
Le niveau socio-économique des parents a été bles comme le montre le tableau III.
évalué chez 53 enfants (tableau II).
Signes cliniques
Mode d’admission Les signes cliniques à l’admission des patients
Dans 43 cas (74,1%) les patients ont été réfé- étaient essentiellement la bouffissure du vi-
rés ; l’admission sur le mode direct a été ob- sage (50 cas soit 86,2%), les œdèmes des
membres inférieurs (47 cas soit 81%), la pâ-
Tableau I : Caractéristiques sociodémographiques des patients (n = 58) leur cutanéo-muqueuse (28 cas soit 48,3%),
l’ascite (26 cas soit 44,8%), les râles crépitants
Caractéristiques sociodémographiques Effectif %
(14 cas soit 24,1%) et les lésions cutanées
Tranches d’âge (années) [0-5[ 23 39,7 (7 cas soit 12,1%). La tension artérielle a été
[5-12[ 32 55,2 mesurée chez 44 patients soit 75,86% des cas.
[12-15[ 3 5,1 Les moyennes des pressions artérielles systo-
Sexe masculin 38 65,5 lique et diastolique étaient respectivement de
Féminin 20 34,5 113,18 ± 23 mm Hg (extrêmes = 80 et 190)
et 70,82 ± 18 mm Hg (extrême = 40 et 120).
Niveau d’instruction Non-scolarisé 33 56,9
Huit patients présentaient une hypertension
Primaire 22 37,9
artérielle soit 18,2% des patients chez qui la
Secondaire 3 5,2
tension artérielle a été mesurée.
Résidence milieu urbain 33 56,9
milieu semi-urbain 16 27,6 Sur le plan des antécédents pathologiques, les
milieu rural 9 15,5 antécédents médicaux ont été précisés chez
36 enfants. Les principaux antécédents patho-
Tableau II : Répartition des patients en fonction du revenu des parents logiques retrouvés étaient : infections ORL à
(n = 53)
répétition (cinq cas soit 13,9%), automédica-
Niveau socio-économique des parents Effectif % tion, paludisme récent (moins de 2 semaines),
œdèmes des membres inférieurs dans respec-
Bas 35 66 tivement quatre cas soit 11,1% des patients
Moyen 17 32,1 chez qui les antécédents ont été précisés.
Elevé 1 1,9 Quant au statut vaccinal, il a été précisé chez
Total 53 100 30 enfants parmi lesquels 19 (63,3%) étaient
à jour des vaccinations selon le programme
Tableau III : élargi de vaccination pour l’âge.
Répartition des patients Mode d’admission Effectif %
selon le mode
d’admission et la Direct 15 25,9 Signes paracliniques
structure sanitaire de Des examens biologiques (sanguins et uri-
référence (n = 58) Référence CMA 24 41,4 naires) ont été pratiqués chez les patients.
CHR : Centre Hospitalier
CSPS 10 17,2 Concernant les examens sanguins, la créatini-
Régional, Privé 4 6,9 némie a été réalisée chez 57 patients (98,3%).
CMA : Centre médical avec
CHR 5 8,6 elle était en moyenne de 125,6 ± 197,1 µmol/L
Antenne Chirurgicale,
CSPS : Centre de Santé et avec des extrêmes de 17 et 1830 µmol/L.
Total 58 100
de Promotion Sociale L’urée a été faite chez 53 patients (91,4%) ;

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 • Prise en charge... •
sa moyenne était de 12,3 ± 15,5 mmol/L avec
des extrêmes de 1,4-57 mmol/L. La CRP, ef-
fectuée chez 28 patients (48,3%) avait une
moyenne de 15,3 ± 24,2 mg/L avec des ex-
trêmes de 1,5 et 100 mg/L.
A l’hémogramme (54 patients soit 93,1% des
cas), les leucocytes étaient en moyenne de
19229,8 ± 21922,9 éléments/mm³ (extrêmes
de 4900-98000 éléments/mm³) ; le taux d’hé-
moglobine en moyenne de 7,6 ± 2,1 g/dL (ex-
trêmes de 2,5 et 12,7 g/dL) et les plaquet-
tes en moyenne de 356.638 ± 162.539 élé-
ments/mm³ (extrêmes de 49.500 et 919.000
éléments/mm³).
Quarante-sept patients (81%) avaient un do-
sage des antistreptolysines O (ASLO) avec une
moyenne de 217,64 ± 519 UI/L (extrêmes de
100 et 650 UI/L).
Les résultats des examens urinaires sont pré-
sentés dans le tableau Iv.
L’eCBU a permis d’isoler des germes chez 7 pa-
tients : escherichia coli (2 cas), Proteus vulga-
ris (2 cas), Klebsiella pneumoniae (1 cas),
Pseudomonas sp (1 cas), enterococcus sp (1
cas).
Sur le plan des examens d’imagerie, l’échogra-
phie rénale a été réalisée chez 37 patients soit
63,73% des cas. La taille du rein a été mesu-
rée dans 15 cas. Cette taille était en moyenne
de 83,9 ± 14,9 mm (extrêmes de 62 et
105 mm) et de 87,9 ± 14,4 mm (extrêmes de
63 et 113 mm) respectivement pour le rein
droit et le rein gauche.
Tableau IV :
Examens urinaires n (%)
examens urinaires
réalisées chez les patients
ECBU
Leucocytes (éléments/mL) 42 (72,4)
DS : Déviation Standard, Hématies (éléments/mL) 42 (72,4)
ECBU : examen
Cyto-Bactériologique Compte d’Addis
des Urines, Hématies (éléments/min) 11 (19)
n : nombre de patient ayant Protéinurie (mg/kg/24h) 58 (100)
réalisé l’examen
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Les reins étaient de taille normale chez 36 pa-
tients et augmentée chez un patient. La diffé-
renciation cortico-médullaire est bonne et les
contours réguliers chez tous les patients ayant
bénéficié de l’échographie rénale.
Modalités thérapeutiques
et évolutives
Les mesures hygiéno-diététiques ont été ap-
pliquées chez 30 patients soit 51,72% de cas.
elles consistaient à restreindre les apports hy-
driques en sel. Le traitement médicamenteux
était essentiellement symptomatique : diuré-
tiques (38 cas ; 65,5%), antihypertenseurs
(9 cas ; 15,5%). Des antibiotiques ont été
prescrits chez 57 patients (98,3%) et des cor-
ticoïdes chez 5 patients (8,6%).
La durée d’hospitalisation était en moyenne
de 12 ± 8,7 jours avec des extrêmes de 0 et
47 jours. Dans 50% des cas les enfants
avaient un séjour hospitalier compris entre
7 et 14 jours.
L’évolution sous traitement a été favorable
chez 48 patients (82,8% des cas). Trois pa-
tients ont présenté une insuffisance rénale
aiguë et un patient une insuffisance rénale
chronique.
Un décès a été enregistré parmi les 58 pa-
tients. Il s’agissait d’une fille de 13 ans décé-
dée après 47 jours d’hospitalisation dans un
tableau insuffisance rénale aiguë sévère avec
une créatinine à 1830 µmol/L et urée sanguine
à 71 mmol/L accompagnée d’une pleurésie
gauche.
Moyenne ± DS Extrêmes
254 921 ± 1 060 849 1000 - 600.000
270 331 ± 840 621 9500 - 4.500.000
1565 ± 87 654,4 1000 - 100.000
24,76 ± 15,7 5,07 - 82
327
 • Prise en charge... •
Discussion
Limites de l’étude
Notre étude a connu des limites liées à son ca-
ractère rétrospectif. en effet, certains dossiers
de patients comportaient beaucoup de don-
nées manquantes et n’ont pas été retenus.
L’enquête étiologique a été limitée par la non-
réalisation systématique de sérologies virales
accessibles dans notre contexte (sérologie ré-
trovirale, hépatites B et C).
D’autres bilans paracliniques nécessaires à
l’exploration de la glomérulonéphrite aiguë
post-infectieuse (GNAPI) restent non-disponi-
bles dans nos conditions d’exercice : anticorps
antihyaluronidase, antistreptodornase, antis-
treptokinase, fraction C3 du complément, sé-
rologie cytomégalovirus, sérologie ebstein Barr
virus etc.
Données épidémiologiques
La GNAPI représentait 1,6% des hospitalisa-
tions dans le service de pédiatrie médicale du
CHUP-CDG durant la période d’étude. Cette in-
cidence est comparable à celle retrouvée au
CHU mohamed II de marrackech au maroc qui
était de 1,34% en 2011 [9]. elle est cependant
inférieure à l’incidence de 2,65% rapportée par
BAH et coll au CHU Donka de Conakry en Gui-
née en 2002 [5]. L’incidence inférieure dans
notre étude pourrait s’expliquer par l’améliora-
tion progressive des conditions d’hygiène avec
le temps, entrainant de ce fait une baisse de
la fréquence des GNAPI. Les auteurs guinéens
ont en effet mené leur étude six ans avant le
début de notre période d’étude.
La fréquence moyenne de la GNAPI dans notre
série était de 5,8 cas par an. Cette fréquence
est légèrement supérieure à celle rapportée
par DOUNIA [10] à Fès (maroc), qui était de
4,2 cas/an. Cela pourrait s’expliquer par le ni-
veau de développement plus élevé du maroc
par rapport au Burkina Faso. en effet la GNAPI
328 • Médecine d’Afrique Noire • 2019, Vol.66, N°6 •
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est devenue rare dans les pays développés
mais reste fréquente dans les pays en déve-
loppement. La régression de la GNAPI dans
ces pays s’explique l’amélioration des condi-
tions de vie et d’hygiène [2, 11-14].
La moyenne d’âge des patients dans notre
série était de 5,8 ± 2,9 ans avec des extrêmes
de 20 mois et 13 ans. Cette moyenne d’âge est
comparable à celles rapportées par de nom-
breux auteurs africains. C’est le cas de BAH et
coll à Conakry (8,5 ans), el BOUAZZAOUI au
maroc (8,8 ans), JeLLOUI et coll. au maroc
(8,7 ans), COULIBALY et coll. en Côte d’Ivoire
(6,83 ± 4,78 ans) et COULIBALY et coll. au
Burkina Faso (4,9 ± 4,3 ans) [5-7, 9, 15]. Cela
pourrait s’expliquer par la plus grande fré-
quence des infections streptococciques à cet
âge. Les enfants moins âgés ne seraient pas
capables de développer une réponse immuni-
taire contre le streptocoque du groupe A no-
tamment [16].
La tranche d’âge la plus représentée dans
notre étude est celle de 5-12 ans. De nom-
breux auteurs ont rapporté une tranche d’âge
similaire [10, 12, 17]. Cela s’explique par le fait
que la GNAPI survient le plus souvent chez des
enfants d’âge scolaire.
Les patients de sexe masculin ont constitué
65,5% de notre population d’étude (sex-ratio
de 1,9). La plupart des auteurs rapportent une
prédominance masculine avec un sex-ratio al-
lant de 1,58 à 2,5 [6, 9, 18]. Nous n’avons pas
trouvé d’explication à cette prédominance
masculine de la GNPI chez enfant.
DOUNIA [10] au maroc avait quant à elle
trouvé une prédominance féminine (55,38%
de la population d’étude soit un sex-ratio de
0,9).
Dans notre série plus de la moitié des patients
(56,9%) étaient non scolarisés, bien que cer-
tains aient l’âge d’intégrer le préscolaire ou le
primaire. Cela pourrait s’expliquer par le bas
niveau socioéconomique des parents. Plusieurs
auteurs ont rapporté une fréquence élevée de
 • Prise en charge... •
la maladie au sein des classes sociales défavo-
risées [10, 19-21]. en effet la pauvreté et le
niveau d’hygiène précaire sont les principaux
facteurs favorisant de la GNAPI chez l’enfant
[2, 3, 11, 12].
Mode d’admission
La majorité des patients dans notre série a été
référée (74,1%). Le même constat a été fait
par COULIBALY et coll. au Burkina Faso en
2012 [7].
Le nombre élevé de références pourrait s’ex-
pliquer par l’organisation du système de santé
au Burkina Faso qui est pyramidale. Au som-
met nous avons les Centres Hospitaliers Uni-
versitaires (CHU), qui sont des centres de
référence où se trouvent les spécialistes et à
la base les Centres de Santé et de Promotion
Sociale (CSPS) interface entre le système de
santé et les populations.
Signes cliniques
Dans notre étude le syndrome œdémateux a
été retrouvé à l’examen somatique de la gran-
de majorité des patients. D’autres signes ont
été retrouvés pâleur (48,3%), ascite (44,8%),
râles crépitants (12,11%), lésions cutanées
(12,1%), et inflammation oropharyngée (5,1%).
Ce résultat est similaire à celui de nombreux
autres auteurs.
eL BOUAZZAOUI [9] notait les signes suivants :
syndrome œdémateux (85,71%) et une ascite
(12,86%). JeLLOUI et coll. [15] avaient rap-
porté des œdèmes chez 92% des patients.
COULIBALY et coll. en Côte d’Ivoire [6] notaient
que tous les patients de leur série présentaient
un œdème périphérique. Le caractère quasi-
constant du syndrome œdémateux au cours
de la GNA s’explique par l’inflammation glomé-
rulaire, entrainant une perte des protéines sé-
riques et une diminution du débit de filtration
glomérulaire ce qui va entraîner une rétention
hydrosodée.
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Une hypertension artérielle était présente chez
8 patients (18,18%) sur les 44 chez qui la ten-
sion a été mesurée. COULIBALY et coll. [7] à
Ouagadougou (Burkina Faso) notaient dans
une étude publiée en 2012 une HTA chez
15,2% de leur effectif. Cette proportion d’HTA
est similaire à la nôtre et cela pourrait s’expli-
quer par le fait que la tension artérielle chez
l’enfant n’est pas toujours mesurée faute de
matériel adapté. en effet, dans 60 à 100% des
cas la GNA s’accompagne d’une HTA [16].
eL BOUAZZAOUI [9] à marrakech (maroc),
rapportait une HTA chez 62,2% des patients.
Ce résultat est probablement dû au fait que la
tension artérielle était systématiquement me-
surée chez tous les patients de sa série.
Dans notre série cinq enfants avaient un anté-
cédent d’infection ORL à répétition (8,6%),
deux avaient une infection cutanée à répétition
(3,4%) et quatre patients (6,9%) ont eu re-
cours à une automédication aux produits tra-
ditionnels à base de décoctions de plantes.
BAH et coll à Conakry [5] ont trouvé 11,23%
d’infection cutanée à répétition et 62,79% de
recours à l’automédication aux produits tradi-
tionnels. La fréquence élevée d’automédication
à base de plantes rappelle la place de la mé-
decine traditionnelle en Afrique.
La faible fréquence des infections ORL et cu-
tanées retrouvées dans les antécédents de nos
patients pourrait s’expliquer par le fait que ces
antécédents n’étaient pas systématiquement
recherchés et mentionnés devant tout cas de
GNAPI. Dans certains dossiers en effet aucune
mention n’est faite de ces antécédents.
Seuls 19 enfants (32,8% des cas) étaient à
jour des vaccinations selon le Programme
elargi de vaccination (Pev) pour l’âge.
Cette faible couverture vaccinale pourrait ex-
pliquer la fréquence élevée de la GNAPI dans
notre pays, car plusieurs agents bactériens et
viraux peuvent être responsables de GNAPI
[2].
329
 • Prise en charge... •
Signes paracliniques
Les principales anomalies biologiques, dans
notre étude étaient : une urée plasmatique
élevée (29,3%), une créatininémie élevée
(22,8%), une hypoprotidémie (32,5%), les
ASLO positives (40,4%), CRP positive (64,3%).
Un seul patient sur les 58 présentait une pro-
téinurie à un taux néphrotique et tous les pa-
tients présentaient une hématurie microsco-
pique. Ce résultat est similaire à ceux de nom-
breux autres auteurs.
eL BOUAZZAOUI [9] notait une protéinurie de
24h inférieure à 50 mg/Kg/24h chez 70,9%
des patients et les ASLO étaient positives dans
42,85% des cas.
DOUNIA [10] notait une protéinurie des 24h
supérieure à 50 mg/kg/24h chez un seul de
ses patients, les ASLO étaient positives dans
84,4% des cas. Le taux élevé d’ASLO dans la
série de DOUNIA [10] pourrait s’expliquer par
le fait que son étude s’est intéressée unique-
ment à la glomérulonéphrite post-streptococ-
cique.
Dans la GNA la protéinurie est généralement
inférieure à un taux néphrotique car la fuite de
protéine au niveau glomérulaire est minime
dans les formes non compliquées [17].
L’échographie abdominale dans notre étude a
permis de mettre en évidence une néphromé-
galie chez un seul patient. BAH et coll [5] ainsi
qu'eL BOUAZZAOUI [9] notaient une échogra-
phie abdominale normale chez les patients
chez qui elles avaient été réalisées.
Modalités thérapeutiques et évolutives
Les mesures hygiéno-diététiques dans notre
étude consistaient en une restriction hydroso-
dée qui a été réalisée chez 51,72% des pa-
tients.
JeLLOUI et coll. [15], et DOUNIA [10] rappor-
taient dans leurs séries une restriction hydro-
sodée chez tous les patients à la phase aiguë.
Cela est dû au fait qu’au cours de la GNA les
330 • Médecine d’Afrique Noire • 2019, Vol.66, N°6 •
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œdèmes, dus à la rétention hydrosodée sont
présents chez la majorité des patients.
Le traitement médicamenteux dans notre série
était principalement symptomatique comme
c’est le cas pour de nombreux auteurs [2, 11,
12, 17].
Plus de 98% de nos patients ont bénéficié d’un
traitement antibiotique. Plusieurs auteurs [2,
12, 17], préconisent une antibiothérapie sys-
tématique de 10 jours devant un cas de
GNAPI, à base de pénicilline ; cela afin de sté-
riliser un éventuel foyer infectieux et empêcher
la propagation des organismes néphritogènes.
Les corticoïdes ont été utilisés chez 5 patients
(8,6%) dans notre série. JeLLOUI et coll. [15]
rapportaient une corticothérapie chez 66,7%
de leurs patients.
Cette fréquence élevée de corticothérapie dans
leur série s’expliquerait par le fait que leur
étude portait sur les GNA rapidement progres-
sives. La corticothérapie est indiquée dans les
formes avec prolifération extra-capillaire [2].
Compte tenu des difficultés diagnostiques et
thérapeutiques des glomérulonéphrites proli-
fératives endo- et/ou extra-capillaires dans les
pays en développement, exposant les patients
à un risque d’insuffisance rénale chronique
parfois évitable, COCHAT et coll préconisent de
proposer de fortes doses de méthylpredniso-
lone injectable à l’aveugle en présence d’un
syndrome glomérulaire aigu accompagné
d’une insuffisance rénale rapidement progres-
sive et d’une protéinurie importante, même en
l’absence de ponction-biopsie rénale [11].
Dans notre série la durée moyenne d’hospita-
lisation était de 12 ± 8,6 avec des extrêmes
de 0 et 47 jours.
Ce résultat est comparable à ceux de nom-
breux autres auteurs : COULIBALY et coll.
(10,9 ± 5,3 jours) [7] au Burkina Faso,
RAmDANI et coll au maroc (12 jours) [17].
La durée moyenne d’hospitalisation dans la
 • Prise en charge... •

plupart des études est d’environ 2 semaines,
cela pourrait se justifier par évolution rapide-
ment favorable des GNAPI sous traitement
adéquat. Nous avons enregistré un seul décès
(1,7%). Ce taux de létalité est similaire à celui
rapporté par DOUNIA [10] qui était aussi de 1
décès dans sa série.
BeN mAIZ et coll. en Tunisie [22] n’ont rap-
porté aucun décès. La très faible létalité de la
GNAPI s’explique par sa très bonne évolution
sous traitement symptomatique dans les for-
mes bénignes.
Conclusion
La glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse
est une affection en voie de disparition dans
les pays développés. Son incidence est inver-
sement proportionnelle au niveau de dévelop-
pement.
Au terme de notre étude il en ressort que la
GNAPI est une pathologie encore fréquente au
CHU Pédiatrique Charles De Gaulle de
Ouagadougou.
Les couches socioéconomiques défavorables
sont les plus touchées. Les enfants d’âge sco-
laire sont les plus exposés, les garçons plus
que les filles. Le syndrome œdémateux est au
premier plan des signes cliniques.
Quant à l’évolution elle est en général favora-
ble avec une durée d’hospitalisation relative-
ment courte.
Le diagnostic étiologique reste limité dans
notre contexte du fait de la non-réalisation des
examens complémentaires (fraction C3 du
complément, certaines sérologies virales) né-
cessaires à la confirmation diagnostique. Une
étude prospective conduite grâce à un finan-
cement conséquent permettra de mieux explo-
rer le sujet en milieu pédiatrique.

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