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Diagnostic biologique des fièvres typhoïde et paratyphoïde

1. Définition
 Les fièvres typhoïde et paratyphoïdes sont des infections bactériennes systémiques
à point de départ digestif. Les bactéries responsables appartiennent au genre des
Salmonella, sérotype Typhi (bacille d'Eberth est le plus grave) ou Paratyphi A,
B (le plus fréquent) ou C (très rare).
 Les Salmonelles possèdent des Antigènes de types : flagellaire (AgH) ;
somatique (AgO), capsulaire (AgVi) (spécifique aux salmonella typhi et
paratyphi C).
 Les patients se contaminent généralement par l’ingestion d’eau et/ou d’aliments
contaminés par des selles de personnes infectées ou, via une transmission directe
de personne-à-personne. La maladie aiguë est caractérisée par une fièvre
prolongée, des maux de tête, de la fatigue, et des signes digestifs (nausées,
constipation ou diarrhée).
 Il existe des formes plus graves avec complications intestinales, cardiaques ou
neurologiques qui peuvent être mortelles sans traitement (létalité de 10 à 20%).
Suite aux meilleures conditions de vie et à l’introduction des antibiotiques à la fin
des années 1940, la morbidité et la mortalité liées aux S. Typhi ont chuté dans les
pays industrialisés et la maladie touche principalement des voyageurs. En
revanche, dans les régions en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine, la maladie continue de poser un problème de santé publique.

2. Physiopathologie
2.1. La fièvre typhoïde
 Incubation : 1-2 semaines, Après ingestion, les germes vont se localiser dans la paroi
de l'intestin grêle (cellules M des plaques de Peyer) et les ganglions satellites où ils
vont se multiplier.
 Septicémie : Une partie des germes va se disséminer dans la lymphe et le sang
(fièvre).
 L'autre partie des germes va être détruite localement dans les ganglions provoquant la
libération des endotoxines (signes neurologiques, cardiaques et digestifs)
 Des facteurs tels que : la virulence de la souche, la quantité d’inoculum ingéré, la
durée de maladie avant le traitement et l’âge influencent la sévérité de la maladie.
3. Aspects cliniques
3.1. Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes
 Après une période d'incubation de 1 à 2 semaines, survient la phase d’invasion
appelée premier septénaire caractérisée par une fièvre ( 39-40°C) continue plus ou
moins associée à des signes digestifs : diarrhée ou constipation, anorexie, douleurs
abdominales et signes nerveux : céphalée rebelle, insomnie. La fréquence des
différents signes est très variable selon les séries et le seul symptôme constant au
début de la maladie est la fièvre. Chez l’enfant, la fièvre typhoïde peut se présenter
comme une fièvre isolée ou associée à une obnubilation (troubles de la
conscience).
 Lorsque le malade est vu au 2ème septénaire, le diagnostic clinique reste
difficile : il faut retenir une fièvre en plateau datant de plus de 7 jours, des signes
digestifs : douleurs abdominales diffuses ou localisées à la fosse iliaque droite, une
diarrhée « jus de melon » chez les jeunes enfants, une constipation chez les
adultes ; des signes nerveux : (céphalée, tuphos : apathie, indifférence,
prostration, délire, inversion du sommeil (veille la nuit, dort le jour), mouvements
carphologiques (cherche à attraper des objets imaginaires)
 Les complications apparaissent au 3ème septénaire, en particulier les péritonites
par perforations du grêle, avec une mortalité et une morbidité élevée, les
hémorragies digestives, la myocardite, l’ostéite. Les rechutes, chez le malade non
traité, sont fréquentes (10 à 20 %), ainsi que le portage chronique (porteurs
asymptomatiques), 1 à 4 % des malades continuant d'héberger S. typhi dans leurs
intestins et dans la vésicule biliaire pendant des mois ou des années. Le portage est
favorisé par une lithiase vésiculaire. Les porteurs biliaires chroniques présentent
un risque accru de cancer hépatobiliaire. Le taux de létalité se situe entre 1 et 4 %
parmi les malades qui reçoivent une antibiothérapie adéquate et atteint 10 à 20 %
chez les malades qui ne sont pas traités ou reçoivent une antibiothérapie
inappropriée.
Les personnes à risques sont les sujets présentant un déficit immunitaire, les
jeunes enfants, chez les personnes âgées, les drépanocytaires.

4. Diagnostic biologique
Compte tenu des symptômes souvent non spécifiques de la fièvre typhoïde, posant un
diagnostic différentiel avec le paludisme, la dengue, la grippe, fébriles,
rickettsioses ;leptospirose ; shigellose ; méningite/encéphalite ; brucellose ; grippes. Une
cytolyse hépatique est fréquente ainsi que la positivité du frottis sanguin et/ou la goutte
épaisse pour le paludisme (co-infection).

Le diagnostic se repose essentiellement sur les cultures bactériennes, la sérologie et la


PCR :

 Les hémocultures sont positives dans 90 % des cas au cours de la première


semaine, 75 % en deuxième semaine et seulement 40 % en troisième semaine. Il
faut ensemencer 10 mL de sang pour l’adulte, 5 mL pour l’enfant, le nombre de
bactéries dans le sang étant en règle faible. L’ensemencement se fait sur flacon de
Castaneda.
 Les coprocultures se positivent à la deuxième semaine (entre 40 et 80 % des
cas). Il faut ensemencer sur milieu sélectif type milieu salmonelles - shigelles
(milieu SS), compte tenu de la présence de nombreuses autres bactéries dans les
selles.
 Le sérodiagnostic de Widal et Félix : est la recherche des agglutinines O et H.
Les agglutinines O se positivent au 8-10ème jour, les agglutinines H au 10-12ème
jour. Elles sont donc présentes au 2ème septénaire. Un taux ≥ 1/200 pour les
agglutinines O et H est habituellement retenu comme limite de positivité du test.
Plusieurs sérodiagnostics sont nécessaires pour suivre l’évolution des agglutinines.
Les agglutinines O disparaissent en 2 à 3 mois. Les agglutinines H persistent
plusieurs années.

5. Le traitement
Le traitement repose sur l’antibiothérapie éventuellement associée à des mesures hygiéno-
diététiques. Cette antibiothérapie fait appel à des molécules actives in vitro sur les
salmonelles, ayant une bonne pénétration dans le tissu lymphatique et intracellulaire. La
voie orale est utilisée chaque fois que possible ; en cas d’intolérance digestive les
antibiotiques sont administrés par voie veineuse.

Les fluoroquinolones (ciprofloxacine) et les céphalosporines de troisième génération sont


des antibiotiques de choix pour traiter les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes. Cependant
de plus en plus de souches résistantes aux antibiotiques sont isolées, en particulier en
Asie du Sud- et dans le sous-continent Indien. Ainsi plus de 90 % des souches isolées dans
ces régions sont de sensibilité diminuée aux fluoroquinolones. Depuis 2018, des souches
résistantes à la fois à la ciprofloxacine et aux céphalosporines de troisième génération ont
été isolées en France métropolitaine. Ces souches sont originaires d’Asie du Sud.

6. Prévention
 Mesures d’hygiène : hygiène collective (alimentaire) et individuelle.
 Vaccination.

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