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OBJECTIFS
Définir la dengue
Décrire les signes cliniques et paracliniques de la dengue classique à la phase d’état chez l’adulte
jeune
Enumérer 2 formes cliniques de la dengue
Citer au moins trois signes d’alerte de survenue d’un syndrome de choc lié à la Dengue
Décrire 4 diagnostics différentiels de la dengue
Enumérer 4 moyens de lutte contre la dengue
INTRODUCTION
Maladie tropicale négligée, la dengue est une maladie réemergente. Elle est endémo-épidémique,
survenant majoritairement dans les régions tropicales et subtropicales.
1. Généralités
1.1.Définition
La dengue est une arbovirose, non contagieuse, due à un virus à ARN de la famille des
Flaviviridae du genre Flavivirus, transmise par la piqure d’un arthropode vecteur, moustique
femelle hématophage diurne du genre Aedes.
1.2.Intérêt
- Epidémiologique : Problème de santé publique, OMS: 50 à 100 millions, Maladie limitée à 7 pays,
il y a 50 ans notamment en Asie du sud-est, elle s’est propagée à plus de 100 pays et touchant environ
40% de la population mondiale. Annuaire statistique 2018 au BF: 4356 cas
- Diagnostique : Diagnostic clinique difficile du fait de sa similitude avec plusieurs affections fébriles,
Confirmation nécessitant un laboratoire de niveau élevé
- Thérapeutique : Il n’existe pas de traitement curatif d’où l’intérêt de la prévention
- Pronostique : Habituellement bénigne, elle reste grave dans sa forme sévère avec une létalité pouvant
atteindre 10%. Annuaire statistique 2018 BF : 0,6% de létalité
1.3.Rappels
2. Epidémiologique
- Répartition géographique
Désormais, la maladie est endémique dans plus de 100 pays en Afrique, dans les Amériques, en
Méditerranée orientale, en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, ces 2 dernières régions
étant les plus touchées.
- Agent pathogène
Famille Virus Distribution Transmission Réservoir
Flaviviridea Flavivirus Régions tropicales Moustique Homme
Dengue type 1 (Afrique, Asie, (Aedes aegypti,
Dengue type 2 Pacifique, Aedes albopictus)
Dengue type 3 Amérique)
Dengue type 4
Quatre sérotypes génétiquement et antigéniquement distincts
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Réservoir de virus
L'homme représente le principal réservoir du virus de la dengue.
- Mode de transmission
La transmission à l’homme est faite par la piqure d’un moustique femelle lors de son repas sanguin :
Aedes aegypti anthropophile (qui se retrouve dans les zones intertropicales de tous les continents) et
Aedes albopictus considéré comme vecteur secondaire (anthropophile et zoophile).
Il existe une transmission transovarienne du virus à sa descendance par le vecteur.
- Les gites des vecteurs
Gites urbain domestiques : containers d'eau propre et artificielle (jarres, barriques, citernes,
vases, pots, les toits, gouttières…) ;
Gites péri domestiques : boites de conserves vides, canettes, les pneus usagés, les flaques
d’eau, les puits…
Gites ruraux : les feuilles engainantes et les trous d'arbres, trous des rochers……
- Facteurs de risque de gravité
Liés à l’hôte : immunodépression, âge ˂ 5 ans, les comorbidités (asthme, diabète, la
drépanocytose), infection secondaire avec un sérotype différent
Liés au vecteur : densité vectorielle, résistance aux insecticides…
Liés au virus : virulence, intensité de la virémie
3. Physiopathologie
L’infection de l’hôte par le virus de la dengue (DENV) s’effectue suite à une piqûre de moustique au
niveau du derme. Les cellules dendritiques interstitielles ou du derme – appelées cellules de Langerhans
– sont la cible où il se réplique. Des nouveaux virions sont produits localement et la migration des cellules
dendritiques infectées vers les ganglions lymphatiques va permettre la présentation de DENV aux
lymphocytes T, et l’atteinte de nouvelles cellules cibles telles que les monocytes et les macrophages,
engendrant ainsi une première virémie transitoire qui permet au virus circulant d’atteindre les organes
cibles et de s’y répliquer activement.
Lorsque la réponse de l’organisme est efficace le malade évolue vers la guérison avec ou sans séquelle. Il
s’établit alors une immunité solide, durable, spécifique du virus en cause.
En cas de réponse inefficace et pour des raisons encore mal élucidées, survient une libération de
médiateurs vasoactifs et de facteurs intervenant dans la coagulation avec pour conséquence : activation de
la thromboplastine, coagulopathie de consommation, diminution du fibrinogène et des facteurs de
coagulation responsable de l’hémorragie.
4. Signes
4.1.TDD : Dengue classique dans sa forme commune de l’adulte jeune
Incubation : 5 à 8 jours en moyenne
Début :
- Brutal, habituellement en quelques heures
Fièvre atteint 39 à 40 °C, accompagnée de frissons
Céphalées très vives, surtout frontales
Myalgie, Arthralgie, Rachialgie (Aspect guindé)
Des troubles digestifs : douleurs abdominales, nausées, vomissements
Parfois on note également une photophobie
Asthénie
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- A l’examen physique :
Légère dissociation du pouls
Discrète hépatomégalie
Des adénopathies
NB : il n’y a jamais de splénomégalie
Cette première phase est suivie, au bout de 3 ou 4 jours, d’une rémission transitoire de la fièvre
et des douleurs.
Phase d’état
- Elle est annoncée au 5ème ou 6ème jour par la réapparition de la fièvre qui se maintiendra en
plateau entre 39 et 40°C
- SF :
le syndrome algique est souvent au premier plan : céphalées, arthralgies, myalgies,
lombalgie, douleurs retro orbitaire
Troubles digestifs : douleurs abdominales, nausées, vomissements
une photophobie
- SG : malaise général, asthénie, anorexie
- SP :
Signes cutanés : exanthème maculeux ou maculopapuleux prédominant sur le tronc,
mais s’étendant parfois aux membres et à la face, souvent accompagnée de prurit
et d’hyperesthésie cutanée
Injection conjonctivale
une hépatomégalie
des adénopathies.
Biologiquement, on note :
- Hémogramme
une leuconeutropénie
une lymphocytose secondaire
une thrombopénie (>100000/mm3)
un taux d’hématocrite élevée >20% (hémoconcentration)
des transaminases élevée (˂ 5N)
Evolution
- Eléments de surveillance
Constantes : T, pouls, FR, FC, TA
Examen physique complet
- Favorable
La guérison survient spontanément sans séquelle après une semaine environ avec une
défervescence assez brusque (crise sudorale) donnant à la courbe de température l'aspect
classique d'une « selle à troussequin » et une régression spontanée des signes laissant un
patient asthénique. Elle laisse à leur suite une immunité durable, spécifique du sérotype viral
en cause.
- Défavorable
L’évolution peut être défavorable vers des complications : la fuite plasmatique, les hémorragies
sévères, la défaillance multiviscéral
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4.2.Formes cliniques
Formes symptomatiques
• Asymptomatiques
• Frustre
Elles sont fréquentes, se traduisant par une fièvre brève sans caractère distinctif ni gravité.
• Fébriles pures : dominée par la fièvre
• Formes subaiguës
Elles associent : un syndrome aigu fébrile et algo-éruptif et un syndrome hémorragique sans gravité
(épistaxis, gingivorragies, pétéchies ou hémorragie conjonctivale).
• Formes hyperalgiques : dominée par la douleur
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Elles aboutissent à une fuite plasmatique sévère conduisant à : un état de choc et/ou accumulation
liquidienne accompagnée d’une détresse respiratoire, une hémorragie sévère, une défaillance
organique sévère (anurie, hépatite…).
Formes selon le terrain
- Enfant
On note une fièvre très élevée entrainant des convulsions et coma, l’hépato-splénomégalie est
constante, l’éruption cutanée et les signes hémorragiques. Les formes hémorragiques sont plus
fréquentes chez l’enfant.
- Femme enceinte
La dengue peut être responsable de :
• Risque d’avortement
• Risque accouchement prématuré
• Hémorragie du post partum
- Sujet âgé
Chez le sujet âgé, la dengue le tableau est habituellement celui de sujet jeune, mais le risque
de décompensation d’une tare est élevé.
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- Confirmation
• Direct : culture, PCR, recherche de l’AgNS1
• Indirect : Sérologie (IgM, IgG)
Figure 2 : Cinétique du virus et des anticorps de type immunoglobuline M et G (IgM et IgG) au cours d'une
infection par le virus de la dengue. A. Cas d'une infection primaire.
5.2.Différentiel
Clinique Diagnostic
Dengue classique (syndrome algique et fébrile)
Paludisme Fièvre – Frissons – Chaleur GE, Frotti, TDR,
PCR
Fièvre typhoïde Céphalées, insomnie, vertiges , Épistaxis Hémoculture et la
Fièvre d'ascension progressive coproculture
Dissociation pouls/ température
Tuphos : prostration, indifférence, confusion voire délire
Diarrhée fétide, aspect "jus de melon 2ème septénaire
Tuphos : prostration, indifférence, confusion voire délire
Diarrhée fétide, aspect "jus de melon une angine de Duguet
Hépatite virale Phase pré-ictérique Sérologie,
Syndrome pseudogrippal : fièvre ou fébricule, frissons, biologie
céphalées, asthénie, anorexie, myalgies, et douleurs moléculaire
articulaires. (PCR)
Chikungunya Fièvre, douleurs ostéoarticulaires « le mal qui casse les os » PCR
Rickettsiose Fièvre en plateau, signe de Godelier (impossibilité de tirer la Sérologie de
langue), tuphos Weil-Félix,
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Immunofluoresce
nce, Western Blot,
PCR, culture
Fièvre éruptive Catarrhe oculo-respiratoire PCR
(rougeole…)
Dengue sévère (syndrome hémorragique)
Paludisme grave Tableau d’encéphalopathie aigue fébrile GE, Frotti, TDR,
PCR
Méningococcémi État infectieux brutal, une défaillance circulatoire et un PL, Bactériologie,
e purpura extensif PCR
Classification de la dengue
En fonction de la gravité de la maladie, l’OMS a adopté une nouvelle classification en 2013 des
patients en 3 groupes : groupe A, groupe B, groupe C.
Groupe A : Dengue probable (ou confirmée) Elles représentent 50 à 90% des cas de dengue.
Il y a une notion de vie/séjour lors d’un voyage dans une zone d’endémie de la dengue. On retrouve la
présence de fièvre et de 2 des critères suivants :
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Groupe B : Dengue probable (ou confirmée) avec « signes d’alerte »
Groupe C : Dengue sévère
6. TRAITEMENT
6.1.Curatif
La prise en charge reste symptomatique car il n’existe pas de traitement antiviral.
But
- Améliorer le confort du malade
- Maintenir l’homéostasie
- Eviter ou traiter les complications
Moyens
- Etiologiques : Pas de traitement
- Symptomatique
• Solutés de remplissage : Sérum salé isotonique, Ringer lactates, colloïdes (gélofusine,
plasmion….)
• Les produits sanguins labiles : Plasma frais, sang frais, concentré de plaquette
• Antiémétique : metopimazine (15 à 30 mg/Kg en 2 à 3 prises par jour par IV)
• Antipyrétique : paracétamol (40 à 60 mg par Kg en 4 à 6 prises par jour VO ou IV)
• Autres moyens
• Repos au lit
• Isolement du patient sous moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action
Eviter l’acide acétyle salicylique et les AINS car risque de syndrome de REYE majorant les saignements
Indications
- Dengue classique : le traitement est symptomatique (A)
• Un repos suffisant au lit
• Réhydratation suffisante
• De prendre du paracétamol, (au maximum 4 grammes par jour sans dépasser 4 g, 40 mg/Kg/J en 3
à 4 prise chez l’enfant)
- Dengue avec signes d’alerte (B)
• Administrer que des solutions isotoniques telles qu’une solution saline à 0,9 %, du lactate de
Ringer ou une solution de Hartmann, par exemple. Débuter avec un débit de perfusion de 5-7
ml/kg/h pendant 1-2 heures,
• puis ramener ce débit à 3-5 ml/kg/h pendant 2-4 heures, et
• enfin ramener à 2-3 ml/kg/h ou moins en fonction de la réponse clinique
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• Si l’état du patient adulte s’améliore, il convient d’amener progressivement le débit de
perfusion à 5-7 ml/kg/h pendant 1-2 heures, puis à 3-5 ml/kg/h pendant 2-4 heures et enfin à
2-3 ml/kg/h, débit qui peut être maintenu jusqu’à atteindre 24 à 48 heures de perfusion.
• La durée totale du remplissage vasculaire par IV ne doit pas dépasser 48 H.
• En cas de choc hypotensif avec pouls et tension imprenable, on débute par une perfusion de 20
ml/kg en 15-30 min de colloïdes puis le schéma précédent.
• En cas d’hémorragie, il faudrait transfuser du sang frais total à la dose de 20 ml/kg ou du
concentré globulaire frais.
6.2.Préventif
Individuel
- Utilisation de moustiquaire imprégné à longue durée d’action (MILDA)
- Utilisation de répulsif : insecticide, …
- Port de vêtement couvrant
- Vaccination
• Un vaccin contre la dengue a été homologué, le Dengvaxia® (CYD-TDV),. Il s’agit d’un vaccin
vivant tétravalent recombinant administré sous forme de série de 3 doses, selon un calendrier du
type M0/M6/M12.
• Le Groupe consultatif stratégique d’experts de l’OMS a recommandé aux pays de n’envisager
l’introduction de ce vaccin que dans les contextes géographiques de forte endémicité avec une
prévalence > 70%.
Collective
- Lutte antivectorielle
- Pulvérisation intra et extra domiciliaire
- Élimination des gites larvaires
- Assainissement
- Sensibilisation
CONCLUSION
La dengue est l’arbovirose la plus répandue dans le monde mais est une maladie négligée. Elle est
réemergente. Sa surveillance doit rester constante et la lutte anti vectorielle intensifiée. A l’instar de la
fièvre jaune, l’espoir dans la lutte contre la dengue, réside sur la vaccination qui existe mais non encore
recommandé à large échelle.
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