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Borrelioses

I. Definition
• Les borrelioses ou fièvres récurrentes sont des anthropozoonoses, dues à des Borrelia, bactéries
de la famille des Spirochaetacea.
• Fièvres récurrentes et borrélioses ont été des termes synonymes jusqu’à la description de la
maladie de Lyme aux USA en 1975.
• Outre la maladie de Lyme, elles sont dues à différents spirochètes transmis par des arthropodes
• Les fièvres récurrentes à poux et à tiques
• Maladie le Lyme

A. Les fièvres récurrentes à poux


• Les fièvres récurrentes à poux sont cosmopolites et surviennent par épidémie dans un contexte
de mauvaises conditions d’hygiène et de promiscuité.
• Les fièvres récurrentes à poux, strictement humaines, dues à Borrelia recurrentis, sont transmises
par l’écrasement du pou de corps, Pediculus humanus

B. Les fièvres récurrentes à tiques


• Affections géographiquement limitées à la présence de tiques qui les transmettent,
• Les fièvres récurrentes à tiques sont régionales, dont la répartition suit celle des tiques molles ou
ornithodores
• La transmission est effectuée lors de la morsure de la tique, ainsi que par les sécrétions coxales.

C. La borréliose de Lyme :
• Est une maladie multisystémique due à une infection par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu
lato.
• Les organes atteints sont surtout la peau, le système nerveux, les articulations, le cœur et les
yeux.
• La transmission se fait par une piqûre de tique, en Europe en est responsable surtout Ixodes
ricinus.
• Plus de 95% des infections sont asymptomatiques.
• Lorsque se développe une maladie, on parle de borréliose de Lyme

II. Les fievres recurrentes


A. Manifestaions Clinique
1. Description de la forme «classique »
• Après une incubation silencieuse de 3 à 20 jours (moyenne : 7 jours), la maladie débute par un
frisson suivi d’une brusque poussée fébrile à 40°. Des céphalées intenses, des myalgies, des
arthralgies, des douleurs abdominale, accompagnées d’anorexie, de nausées, de vomissements.
• Le malade est hébété, sans tuphos, parfois agité.
• Un rash maculo-papuleux ou pétéchial .
• A l’examen: langue saburrale, facilement tirée, des conjonctives ictériques ou subictériques, une
hépato-splénomégalie sensible.
• Après une période de fièvre de quelques jours (1 à 14 jours, 3 jours en moyenne), l’accès se
termine par une chute thermique rapide, des crises urinaire et sudorale et une chute
tensionnelle.
• Suit une période d’apyrexie de 5 à 14 jours (moyenne : 7 jours, extrême : 1 à 63 jours) au cours de
laquelle le patient continue à se sentir mal.
• En l’absence de traitement, plusieurs récurrences surviennent (1 à 18).
• Pendant les accès peuvent survenir des complications :
o hémorragiques : pétéchies et épistaxis, parfois hémorragies d’organes (cerveau, méninges,
rétine, rate)
o hépatiques : ictère en règle discret, anomalies biochimiques habituelles
o neurologiques : méningite lymphocytaire aiguë, méningo-encéphalite, myélite, hémiplégie,
paralysie des nerfs crâniens (paralysie faciale de type périphérique, paralysies oculomotrices).
La paralysie faciale est le signe le plus fréquent chez l'enfant.
o psychiatriques : agitation, prostration, hallucinations, état dépressif.
o pulmonaires : toux, pneumonie, œdème pulmonaire.
o cardio-vasculaires : anomalies ECG (allongement de l’espace QT, extrasystoles ventriculaires),
collapsus au moment de la chute thermique, myocardite;
o oculaires : uvéite, iridocyclite, hémorragies rétiniennes, névrite rétrobulbaire.
• Le taux de mortalité varie de 2 à 5 %. Il est élevé surtout chez les enfants et les femmes
enceintes.
• Les décès surviennent par collapsus cardio-vasculaire, insuffisance hépatique grave, hémorragies,
lors de la défervescence thermique ou dans les suites d'un traitement antibiotique (réaction de
JarishHerxheimer) ou par complications obstétricales.

2. Fièvres récurrentes chez la femme enceinte.


• Les complications obstétricales sont fréquentes et graves : risque élevé d’avortements et
d’accouchements prématurés, complications maternelles, infection congénitale avec pronostic
réservé pour le nouveau-né

B. Diagnostic
• La possibilité d’une FR doit être évoquée devant une anamnèse d’épisodes fébriles antérieurs, un
ictère, des signes hémorragiques, une éruption cutanée, une méningo-encéphalite, une
hépatosplénomégalie, plus ou moins associés
• Diagnostic biologique non spécifique.
o Les examens biologiques non spécifiques : thrombopénie, hématurie, protéinurie.
• Diagnostic biologique spécifique :
o Examen microscopique du frottis sanguin ou de la goutte épaisse colorés au Giemsa ou au
May Grunwald Giemsa, examen à répéter ce qui augmente les chances de positivité.
o Le seuil de positivité de la goutte épaisse est de 10 6 spirochètes/mL le seuil de positivité du
frottis sanguin est de 10 5 spirochètes/mL.
o Cultures de Borrelia:. La culture est incubée à 33°C et examinée chaque jour à la recherche
de spirochètes. La culture est déclarée négative au bout de 4 semaines.
o Sérologie: immunofluorescence, ELISA, Western-Blot jusqu’ici peu performantes à la
différence de la sérologie de la Maladie de Lyme. La sérologie GlpQ permet actuellement de
différencier les FR et Maladie de Lyme
o Amplification génique. Les techniques de biologie moléculaire permettent une identification
des espèces par l’étude comparative des séquences de gènes codant pour l’ARN 16S (gène
rrs) ou la flabelline.
C. Traitement
• Il repose sur l’antibiothérapie : cyclines, chloramphénicol, pénicilline, érythromycine.
• Les traitements sont en dose unique : doxycycline 200 mg, minocycline 200 mg, tétracycline 500
mg per os ou 250 mg IV.
• Chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 8 ans : érythromycine 500 mg per os,
pénicilline procaïne 1 000 000 unités IM, chloramphénicol 500 mg per os ou IV.
• Dans les formes neurologiques, la fréquence des rechutes avec un traitement par dose unique
(20 %) nécessite un traitement prolongé par la pénicilline G ou les C3G pendant 10 à 14 jours,
• Risque de réaction de Jarish-Herxheimer (R-JH)
o La R-JH est caractérisée par l’exacerbation brutale des signes 1 à 2 heures après la prise de
médicaments. Elle est marquée au début par des frissons durant 10 à 30 mn, avec
tachycardie, tachypnée, hypotension artérielle, puis, à la fin des frissons, par une poussée
fébrile à 40°C.
o La chute de la température s’accompagne de sueurs et d’une chute de la tension artérielle
o Mortalité 5%

III. Maladie de lyme


A. Diagnostic
• Incubation: 3-30J
• Après la contamination, l’infection peut évoluer en trois phases, la première est cutanée : c’est
l’érythème chronique migrant (ECM) autour de la piqûre de tique, suffisant pour porter le
diagnostic de Maladie, de Lyme, mais résolutif ;
• La seconde est focalisée à différents organes où prédominent les atteintes neurologiques
(neuroborrélioses), articulaires (arthrite de Lyme), cardiaques, cutanées… ; acrodermatite
chronique atrophiante
• La troisième, plus tardive, correspond à une forme non diagnostiquée précocement et/ou non
traitée, et associe la persistance de l’infection, avec des signes cutanés, neurologiques ou
articulaires, à des réactions inflammatoires ou dysimmunitaires
1. Formes disséminées précoces de la borréliose de Lyme (< 6 mois après l’apparition des premiers
symptômes:
a. Les atteintes neurologiques de borréliose de de Lyme (parfois nommées neuroborrélioses de
Lyme), peuvent être centrales et périphériques.
• Elles sont de l’ordre de 5 % après un érythème migrant.
• Atteintes du système nerveux périphérique : atteinte radiculaire douloureuse associée à des
anomalies du liquide cérébro-spinal (LCS) (réaction méningée) dans le cadre d’une méningo-
radiculite, associée à des paresthésies et/ou à une hypoesthésie et/ou à une diminution ou
abolition des réflexes ostéo-tendineux dans la région concernée (celle-ci correspondant le plus
souvent au site de la piqûre de tique).
• La paralysie faciale périphérique uni ou bilatérale (très évocatrice en cas de diplégie) est la plus
fréquente des atteintes des nerfs crâniens et la deuxième manifestation neurologique en
fréquence de la borréliose de Lyme. Des cas d’atteinte des nerfs I, II, III, IV, V, VI, et VIII .
• Des atteintes multiradiculaires et multitronculaires et des atteintes plexiques ont aussi été
décrites.
• Atteintes du système nerveux central
• Des méningites aiguës typiques ou par des céphalées isolées témoignant d'une hypertension
intracrânienne, surtout chez l'enfant. ( ponction lombaire).
• Des cas de méningomyélites et méningo-encéphalites, associant une atteinte neurologique
centrale à une méningite.
b. La forme cardiaque principale de borréliose de Lyme
• Bloc auriculo-ventriculaire, survenant de 4 jours à 7 mois après la piqûre de tique.
o Les douleurs thoraciques, des palpitations, une dyspnée, voire des syncopes.
o L’ECG peut retrouver de troubles de la conduction de type bloc auriculo-ventriculaire ou des
troubles du rythme.
o Des péricardites, des myocardites et des pancardites

c. Les principales manifestations ophtalmologiques


• l’uvéite et la neuropathie optique (rétrobulbaire ou inflammatoire antérieure aiguë), de
diagnostic souvent difficile et retardé.
• L’examen ophtalmologique peut retrouver une uvéite (antérieure, postérieure ou panuvéite),
• une conjonctivite au stade précoce, une kératite, une rétinopathie, une épisclérite ou une
neuropathie ophtalmique.

d. Acrodermatite chronique atrophiante (ACA)


• Apparaît plusieurs mois ou années après la piqûre de tique.
o Elle s'observe typiquement chez des patients de plus de 50 ans, et seuls d'exceptionnels cas
ont été rapportés chez l'enfant.
o On distingue une phase initiale inflammatoire puis une phase atrophique de la maladie.
o La maladie débute par un érythème violacé plus ou moins œdémateux,souvent homogène et
diffus, parfois plus irrégulier et émietté, prédominant sur la face dorsale d'une extrémité et
en regard des surfaces articulaires, sur un seul membre le plus souvent.
o L’évolution se fait vers une atrophie cutanée majeure avec peau fine et luisante en « papier à
cigarette » et réseau veineux trop bien visible, avec dans 50 % des cas une douleur d'allure
neuropathique du même côté (allodynie).

2. Formes disséminées tardives de la borréliose de Lyme (> 6 mois après l’apparition des premiers
symptômes
a. Atteintes type arthrites (Genoux+++)
b. Atteintes du système nerveux central, comprenant :
• encéphalomyélite chronique progressive caractérisée par des syndromes neurologiques focaux,
parfois sévères : monoplégies, paraplégies, syndromes cérébelleux, syndromes vestibulaires,
troubles sphinctériens, tous signes pouvant être associés. L’IRM peut montrer en T2 des lésions
hyperintenses.
• encéphalites avec troubles cognitifs réalisant un tableau de démence curable, ou de
dégradation des apprentissages chez l'enfant et/ou de manifestations psychiatriques
(dépressives ou psychotiques), pouvant comporter par ailleurs un syndrome cérébelleux, des
crises convulsives, et un déficit moteur focal. Non traitées, elles sont la source de handicaps
moteurs et mentaux définitifs ;
• hydrocéphalies chroniques ;
• vascularites cérébrales, responsables d'infarctus cérébraux ou d'hémorragies (cérébrales ou
sous- arachnoïdiennes).

c. Atteintes du système nerveux périphérique, comprenant :


• polyneuropathie sensitive asymétrique, caractérisée cliniquement par des douleurs et des
paresthésie
3. Diagnostic biologique
• Phase précoce: sérologie négative , L'érythème migrant est un marqueur diagnostique et aucun test
de laboratoire supplémentaire n'est nécessaire.
o Le diagnostic dépend de l'évaluation clinique et est soutenu par des tests de laboratoire lors des
phases secondaires et tertiaire de la borréliose.
o Le test ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) est généralement prescrit pour détecter les
immunoglobulines (IgM, Ig G) dirigées contre les bactéries, et doit être suivi d'un Western Blot
en cas de positivité.
o Une PCR à la recherche de Bb sl (Sang, LCR, articulaire, l’humeur aqueuse ) en cas de doute
diagnostique.

B. Traitement
• Le traitement antibiotique est basé sur la doxycycline, l’amoxicilline, la ceftriaxone ou
l’azithromycine.
1. En cas d’érythème migrant isolé sans autre signe clinique:
• Doxycycline (200 mg/j en 1 ou 2 prises) ou amoxicilline (1 à 2 g 3 fois par jour) pour une durée
de 21 jours.
o Chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte le traitement de première intention
recommandé est l’amoxicilline (1 à 2 g 3 fois par jour chez l’adulte ; 50 à 100 mg/kg/j en 3
prises chez l’enfant) pour une durée de 21 jours.
o En 2e intention : azithromycine pendant 10 jours : 1 000 mg le premier jour puis 500 mg/j
chez l’adulte et la femme enceinte à partir du 2e trimestre de grossesse, en une prise ; 20
mg/kg/j sans dépasser 500 mg/j chez l’enfant, en une prise.
2. Atteinte neurologique précoce:
• Chez l’adulte et l’enfant de plus 8 ans (en présence ou absence de réaction méningée),
ceftriaxone (2 g/j par voie parentérale chez l’adulte ; 100 mg/kg/j chez l’enfant sans dépasser 2
g/j) ou la doxycycline per os (200 mg/j chez l’adulte ; 4 mg/kg par jour chez l’enfant sans
dépasser 200mg/j), pendant 21 jours.
• Pour le cas particulier de l’enfant avec paralysie faciale périphérique isolée et en en l’absence
de réaction méningée, il peut être proposé un traitement per os par amoxicilline 100 mg/kg/j
réparti en 3 prises toutes les 8 heures, pendant 21 jours.
3. Atteinte neurologique tardive:
• Traitement 1re intention : ceftriaxone par voie parentérale en une injection (2 g/j chez l’adulte ;
100 mg/kg/j chez l’enfant sans dépasser 2 g/j) pendant 28 jours.
• Traitement de 2e intention : doxycycline à la dose de 200 mg/j chez l’adulte ou 4 mg/kg/j chez
l’enfant pendant 28 jours.
• La pénicilline G intraveineuse peut aussi être utilisée à la posologie de 24 MUI/j pendant 28
jours

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