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AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine

Hypotensions orthostatiques

AS Blanc, O Bletry

L ’hypotension orthostatique constitue un diagnostic courant en médecine. Le plus souvent, elle est liée à une
prise médicamenteuse, un trouble de l’hydratation. Sa prévalence augmente avec l’âge.
Le diagnostic étiologique peut parfois se révéler particulièrement difficile. Les explorations en milieu spécialisé
peuvent alors être indiquées.
Le traitement fait appel à des mesures hygiènodiététiques et pharmacologiques fondées sur la physiopathologie de
l’hypotension orthostatique.
La plupart des traitements proposés sont à visée symptomatique.
© Elsevier, Paris.


entraîne une baisse du débit cardiaque et de la
Introduction pression artérielle et l’augmentation immédiate de la Adaptation normale à l’orthostatisme :
fréquence cardiaque par levée du tonus vagal. ✔ chute de la pression artérielle
L’adaptation tensionnelle posturale fait intervenir systolique de 5 à 10 mmHg ;
L’hypotension orthostatique (HO) est définie par ✔ augmentation de la pression
d’une part l’arc du baroréflexe artériel stimulé par la
une chute de la pression artérielle en position
diminution de la pression artérielle, d’autre part les artérielle diastolique de 3 à
debout résultant d’un défaut d’adaptation posturale
volorécepteurs cardiopulmonaires stimulés par la 5 mmHg ;
et entraînant des signes d’ischémie cérébrale. Il s’agit
d’une situation clinique fréquente en pratique
diminution du retour veineux. Les influx afférents ✔ accélération cardiaque de 5 à
sont véhiculés par les nerfs vague et glossopha- 20 bpm.
quotidienne, notamment lors de traitements
ryngien et intégrés dans les centres médullaires et
médicamenteux et chez les personnes âgées. Plus
bulbaires. Les voies efférentes empruntent le nerf


rarement, elle peut être symptomatique d’une
vague et les fibres sympathiques. Les organes
affection neurologique dégénérative. La prise en Diagnostic clinique
effecteurs sont vasculaires, cardiaque, rénaux et
charge diagnostique et thérapeutique des
surrénaliens. L’activation de ces réflexes aboutit à
dysautonomies peut se révéler dans certains cas
une augmentation du tonus sympathique et une Le diagnostic d’HO est évoqué devant des
extrêmement complexe.
diminution du tonus vagal. L’hypertonie lipothymies accompagnées de manifestations
sympathique provoque une libération accrue de neurosensorielles survenant au lever ou aux


noradrénaline par les terminaisons synaptiques. La changements de position particulièrement lors du
Épidémiologie stimulation par les catécholamines des récepteurs premier lever, en période postprandiale ou après
a-vasculaires et b-cardiaques provoque alitement prolongé (tableau I). Les syncopes, rares,
vasoconstriction et tachycardie. L’activation du sont habituellement brèves, réversibles en décubitus
système rénine-angiotensine par le système mais peuvent parfois s’accompagner de clonies. Les
La prévalence de l’OH augmente avec l’âge, elle
sympathique et l’augmentation de la sécrétion sujets âgés souvent polymédicamentés constituent
varie entre 7 à 30 % au-delà de 65 ans selon les
d’hormone antidiurétique interviennent le terrain de prédilection de l’HO : c’est un motif
populations étudiées. Les déterminants majeurs de
cette augmentation sont les médicaments et ultérieurement dans la régulation posturale en fréquent de consultation pour chute. L’hypertension
l’hypertension artérielle. favorisant rétention hydrosodée, hydrique et de décubitus est fréquemment associée.
vasoconstriction. L’interrogatoire vise à préciser la notion de prises
Chez le sujet diabétique, elle est estimée environ à
10 % des patients. La régulation posturale fait intervenir également médicamenteuses, de déshydratation, de fièvre, de
les vestibules, les ergorécepteurs des muscles grossesse, d’intoxication alcoolique, ainsi que les
antécédents de diabète.
posturaux et la sécrétion d’autres substances


vasoactives telles que les prostaglandines, les L’examen clinique détermine l’état d’hydratation,
Adaptation tensionnelle neuropeptides sensoriels, l’endothéline et la l’état veineux des membre inférieurs, recherche des
au stress orthostatique sérotonine.
signes d’endocrinopathie. L’examen neurologique
s’attache à détecter des signes centraux : syndrome
Lorsque l’ensemble de la boucle réflexe est extrapyramidal, cérébelleux, pyramidal, troubles des
Lors du passage de la position couchée à la fonctionnel (cf encadré ci-contre), le lever provoque fonctions supérieures, atteinte des nerfs crâniens
© Elsevier, Paris

position debout, la gravité induit une translation une diminution modérée de la pression artérielle ainsi que des signes de diffusion à l’ensemble du
passive du sang veineux vers les régions déclives du systolique comprise entre 5 et 10 mmHg, une système nerveux autonome : rétention urinaire ou
corps. Cette redistribution se fait surtout dans le augmentation de la pression artérielle diastolique de incontinence, nycturie, gastroparésie, constipation,
système capacitif veineux splanchnique et des 3 à 5 mmHg et une accélération cardiaque de 5 à diarrhée, incontinence fécale, impuissance,
membres inférieurs. La diminution du retour veineux 20 battements par minute (bpm). anhidrose, myosis, sécheresse nasale et buccale.

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Le dosage des catécholamines et de l’activité


Tableau I. – Caractéristiques cliniques des hypotensions orthostatiques. rénine-plasmatique lors du tilt-test, la mesure de la
réponse cutanée sympathique, les enregistrements
Circonstances évocatrices : lipothymies, syncopes au lever, en postprandial
Terrain : sujet âgé, grossesse, prises médicamenteuses, alcool, hypertension intraneuraux, les tests sudoraux, la perfusion de
Antécédents : diabète drogues pressives permettent, en milieu spécialisé,
Examen clinique : fièvre, état d’hydratation, varices l’étude plus spécifique des voies efférentes
rétention urinaire ou incontinence sympathiques.
diarrhée, incontinence fécale, gastroparésie
impuissance ‚ Tests explorant la voie
anhidrose parasympathique
myosis L’arythmie respiratoire sinusale est un
sécheresse nasale et buccale phénomène physiologique plus marqué chez les
troubles trophiques enfants et les adolescents : normalement, la
fréquence cardiaque augmente à l’inspiration et
L’électrocardiogramme recherche un trouble du l’examen clinique fait suspecter une atteinte diminue à l’expiration. La voie efférente de ce réflexe
rythme ou de conduction, un trouble de organique du système nerveux autonome ou en cas passe par le nerf vague.
repolarisation et la présence de l’arythmie d’hypotension sévère résistant aux mesures La mesure de l’intervalle R-R lors d’inspirations
respiratoire sinusale. symptomatiques simples. Chez le diabétique, la profondes ou de respirations profondes lentes
Le diagnostic est confirmé par la mesure recherche d’une dysautonomie parasympathique régulières constitue un bon reflet de l’activité
manométrique de la pression artérielle associée à infraclinique a valeur pronostique. parasympathique. Une variation supérieure à
la mesure de la fréquence cardiaque pendant les 5 15 bpm est considérée comme normale et anormale
minutes qui suivent le passage à la position debout ‚ Tests explorant l’arc baroréflexe si elle est inférieure à 10. Elle n’est interprétable
après une période de repos allongé, au calme. La dans son ensemble qu’avant 60 ans et en l’absence d’insuffisance
chute de la pression artérielle systolique doit être au respiratoire. Il existe également des méthodes
Test d’inclinaison passive informatiques d’étude des variations de l’intervalle
moins égale à 20 mmHg, la chute de la pression
artérielle diastolique de 10 mmHg, mesurée à Les variations posturales de pression artérielle et R-R.
plusieurs reprises. Elle doit s’accompagner de de fréquence cardiaque peuvent être étudiées en L’injection d’atropine entraîne normalement une
manifestations cliniques symptomatiques d’un bas utilisant une table basculante : il s’agit du test tachycardie. Il est possible d’établir des courbes
débit cérébral pour être significative. d’inclinaison passive ou tilt-test. Le patient est dose-réponse à l’atropine. La pratique du massage
installé, sanglé, sur une table basculante qui après sinocarotidien ou de la compression des globes
une période de repos est inclinée selon un angle de oculaires pouvant entraîner des asystolies est
L’hypotension orthostatique : 45 à 60° avec l’horizontale pendant 5 à 15 minutes. déconseillée.
✔ chute de la pression artérielle Dans les atteintes sévères du système nerveux


systolique d’au moins 20 mmHg ; autonome, après l’inclinaison de la table, la pression
✔ chute de la pression artérielle artérielle chute progressivement et l’on n’observe Étiologie
diastolique de 10 mmHg ; pas de tachycardie compensatrice. Dans les
syncopes vasovagales, la chute de la pression
✔ manifestations de bas débit
artérielle est brutale, associée à une bradycardie, de ‚ Hypotensions orthostatiques à pouls
cérébral ; survenue retardée, parfois plus de 30 minutes après variable : accélération > 15 bpm
✔ pression artérielle mesurée dans les le basculage. Les troubles sont plus marqués le matin La mesure conjointe de la fréquence cardiaque et
5 minutes suivant le lever à au lever, après un repas ou dans une ambiance de la pression artérielle lors du lever permet de
plusieurs reprises. chaude. Ce test peut être encadré de dosages distinguer les hypotensions orthostatiques à pouls
hormonaux. Il explore l’ensemble de l’arc variable ou sympathicotoniques (tableau II) et les HO


baroréflexe. à pouls invariable dites asympathicotoniques. Dans
Diagnostic différentiel les HO à pouls variable, l’accélération cardiaque
Manœuvre de Valsalva témoigne généralement d’une insuffisance de
La manœuvre de valsalva consiste en la mesure l’adaptation posturale sans atteinte lésionnelle
Le premier diagnostic différentiel des HO est celui de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque organique de l’arc baroréflexe. La tachycardie est
des syncopes neurocardiogéniques ou vasogales. lors d’une expiration à glotte fermée maintenue souvent excessive et liée à la stimulation de la
Celles-ci surviennent dans un contexte émotionnel pendant au moins 10 secondes. La diminution du médullosurrénale et à l’élévation de l’adrénaline
chargé, lors d’une stimulation nociceptive, d’une retour veineux provoquée par l’élévation de la circulante.
station debout prolongée. L’hypercatécholergie pression intrathoracique entraîne une chute de la Les prises médicamenteuses représentent
observée dans ces situations entraîne une pression artérielle et une tachycardie réflexe. À l’étiologie principale des HO sympathicotoniques. La
augmentation de l’inotropisme cardiaque. La l’ouverture de la glotte, on observe un rebond de la liste des molécules responsables est longue. La
stimulation des mécanorécepteurs ventriculaires pression artérielle (overshoot) lié à l’activation plupart des psychotropes : neuroleptiques,
provoque une vasodépression réflexe avec persistante du sympathique suivi d’une bradycardie antidépresseurs, antiparkinsoniens ; des
bradycardie responsable du syndrome « hypoten- réflexe d’origine vagale. Le rapport des intervalles antihypertenseurs, principalement les diurétiques,
sion-bradycardie ». Les autres causes de syncope R-R en phase de bradycardie et de tachycardie est les dérivés nitrés, les antihypertenseurs centraux, les
d’effort : trouble du rythme cardiaque, angor normalement supérieur à 1,2. Dans les déficits alphabloquants, mais également les antagonistes
syncopal, obstacle à l’éjection ventriculaire sont à sympathiques, la pression artérielle chute calciques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion,
éliminer soigneusement. Il faut également penser à continuellement, il n’y a ni overshoot ni bradycardie les bêtabloqueurs sont très souvent impliqués
un trouble métabolique : hypoglycémie, compensatrice, le ratio se rapproche de 1. Cette surtout en association et chez les sujets âgés.
hyperventilation, intoxication éthylique, épreuve est sans valeur chez l’insuffisant cardiaque L’alcool, les amphétamines et la marijuana sont des
oxycarbonée. et respiratoire. drogues hypotensives.
Les troubles de la volémie sont fréquemment
‚ Tests explorant la voie sympathique


responsables d’HO. Il peut s’agir d’hypovolémie
Explorations spécialisées L’immersion de la main dans l’eau froide, le calcul vraie : déplétion sodée, pertes urinaires et digestives,
mental, l’exercice musculaire isométrique entraînent syndrome hémorragique ou d’hypovolémie
normalement une réponse pressive et tachycardi- efficace : varices, obstacle cave, grossesse, fièvre.
Les explorations suivantes ne sont entreprises sante. Ces tests sont peu spécifiques et dépendent L’adaptation posturale peut également être mise
que si l’hypotension est symptomatique, lorsque fortement de la stimulation cérébrale corticale. en défaut par une vasodilatation inappropriée :

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Tableau II. – Causes principales des OH à pouls variable. Tableau III. – Causes principales des HO
secondaires.
Psychotropes : neuroleptiques
antidépresseurs tricycliques Vieillissement
antiparkinsoniens : L.Dopa, bromocriptine, amantadine Hypotension postprandiale
benzodiazépines Métaboliques : diabète
amphétamines amylose
alcool porphyrie
Antihypertenseurs : diurétiques alcool et déficits en thiamine
centraux : alphaméthyldopa, clonidine anémie de Biermer
alphabloquants : prazosine insuffısance rénale chronique
antagonistes calciques hépatopathies
inhibiteurs de l’enzyme de conversion Paranéoplasiques : cancer bronchique
bêtabloqueurs Connectivites : polyarthrite rhumatoïde
dérivés nitrés lupus érythémateux disséminé
Hypovolémie vraie : déplétion sodée connectivite mixte
pertes urinaires et digestives sclérodermie
syndrome hémorragique Infections : VIH
Hypovolémie efficace : varices lèpre
grossesse tabès
obstacle cave maladie de Chagas
Endocrinopathies : insuffısance surrénale botulisme
phéochromocytome Toxiques : vincristine
diabète insipide métaux lourds, saturnisme
panhypopituitarisme solvants organiques
hypothyroïdie Autres : lésions centrales ou médullaires
diabète maladie de Parkinson
Vasodilatation : chaleur excessive syndrome de Guillain-Barré
effort musculaire
flush
Désensibilisation du baroréflexe : alitement prolongé Amylose et autres causes d’HO
vol en apesanteur
Autres : tétraplégie C’est une étiologie fréquente d’HO asympathico-
Gayet Wernicke tonique. Les neuropathies végétatives sont
déficit en dopamine β-hydroxylase observées surtout dans les amyloses primitives et les
syndrome de Guillain-Barré polyneuropathies amyloïdes familiales. De même,
tétanos les manifestations dysautonomiques compliquant
les porphyries (porphyries aiguë intermittente et
chaleur excessive, effort musculaire intense, flush tel HO du sujet âgé variegata) peuvent comporter des HO. Dans les
qu’on peut en observer dans les syndromes polyneuropathies inflammatoires aiguës (syndrome
Elle constitue l’étiologie la plus fréquente d’HO.
carcinoïdes ou les mastocytoses systémiques. Les de Guillain-Barré), l’HO est un symptôme fréquent ;
Son déterminant essentiel est l’élévation de la
modifications de la volémie et de la sensibilité elle est rare dans les formes chroniques.
pression artérielle systolique dont les effets
vasculaire rendent également compte de l’HO Elle peut émailler l’évolution d’autres désordres
s’ajoutent au vieillissement physiologique des
rencontrée au cours de nombreuses affections métaboliques : neuropathies alcoolique et désordres
systèmes nerveux autonome et cardiovasculaire : la
endocriniennes : insuffisance surrénalienne, nutritionnels, déficit en vitamine B12, insuffisance
sensibilité du baroréflexe est diminuée ainsi que la
phéochromocytome, hypothyroïdie, diabète rénale chronique, hépatopathies chroniques.
compliance vasculaire entravant la compensation
insipide, panhypopituitarisme et dans certains cas Les atteintes dysautonomiques peuvent se voir
vasculaire normale au stress orthostatique. La plus
diabète sucré. occasionnellement dans les connectivites :
grande sensibilité des patients âgés aux
L’HO peut être observée après alitement prolongé polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie, lupus
modifications de la volémie, aux médicaments
ou vol en apesanteur. L’un des mécanismes proposé érythémateux disséminé, connectivites mixtes et au
vasodépresseurs, leur relative immobilité participent
est la diminution de la sensibilité du baroréflexe. cours de certaines infections telles que l’infection
à ce défaut d’adaptation. Chez ces sujets, la
Dans certains cas, l’HO à pouls variable peut VIH, la lèpre, le botulisme, la maladie de Chagas. Des
prévalence des affections secondaires du système
témoigner d’altérations organiques du baroréflexe. neuropathies végétatives compliquent parfois les
nerveux autonome (diabète, cancer, amylose) est
En effet, lors de section médullaire haute ou de neuropathies toxiques à la vincristine, aux métaux
également plus élevée. Les troubles sont aggravés
sympathectomies multiples, l’intégrité de lourds, aux solvants organiques.
en période postprandiale en raison de la persistance
l’innervation vagale cardiaque explique la D’exceptionnelles HO paranéoplasiques ont été
de la vasodilatation splanchnique.
persistance de la tachycardie réactionnelle à décrites à l’occasion de cancers bronchiques
l’orthostatisme. Dans les encéphalopathies de anaplasiques. Elles peuvent s’intégrer dans un
Diabète
Gayet-Wernicke et les déficits congénitaux en syndrome de Lambert-Eaton qui associe des signes
dopamine b-hydroxylase (déplétion en catéchola- L’HO est une manifestation tardive et de myasthéniformes et dysautonomiques. Ce
mines des terminaisons synaptiques), l’atteinte du mauvais pronostic de la neuropathie végétative du syndrome paranéoplasique est lié à des anticorps
sympathique semble également sélective et diabète : la dénervation sympathique succède à une dirigés contre les canaux calciques voltage-
l’accélération cardiaque préservée. atteinte parasympathique responsable d’une dépendants.
Les manifestations dysautonomiques rencontrées dénervation cardiaque qui peut être dépistée à un Certaines lésions centrales, vasculaires,
au cours du syndrome de Guillain-Barré ou de stade préclinique. La dysautonomie du diabète dégénératives, tumorales, sont parfois responsables
certaines formes de tétanos comportent des accès comporte des troubles digestifs (gastroparésie, d’HO. Les HO observées dans la maladie de
hyper- et ou hypotensifs fluctuants et parfois une HO diarrhée), urologiques (impuissance, stérilité, Parkinson, en l’absence même de tout traitement,
avec tachycardie. rétention), des anomalies pupillaires, des troubles sont habituellement de sévérité modérée
trophiques et des troubles de la sudation. Dans sa (tableau III).
‚ Hypotension orthostatique à pouls phase avancée, elle est très souvent associée à une
invariable : accélération < 15 bpm polyneuropathie distale et une microangiopathie Dysautonomies primitives
L’absence d’accélération cardiaque lors du lever rétinienne. L’obtention d’un équilibre diabétique Il existe également des atteintes primitives
est évocatrice de lésion organique du système optimal permet de stabiliser ou au mieux d’améliorer périphériques ou centrales du système nerveux
nerveux autonome. les symptômes. autonome (tableau IV). Lorsqu’il s’agit d’une atteinte

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Tableau IV. – Étiologie des HO primitives. Tableau V. – Mesures symptomatiques associées au traitement des HO.

Périphérique : pandysautonomie aiguë Augmentation de la volémie : régime salé


dysautonomie chronique familiale Augmentation du retour veineux : contention veineuse élastique
(Riley-Day) Conseiller : lever progressif
dysautonomie pure (Bradbury- repas fractionnés
Eggleston) café
Centrale : atrophie multisystématisée natation
(Shy-Drager) Éviter l’hypertension nocturne : surélévation de la tête du lit
petit repas le soir
un verre de vin le soir
périphérique, on parle de pandysautonomie aiguë traitement antihypertenseur le soir
caractérisée par une atteinte extensive et réversible Éviter : chaleur
du système végétatif, de syndrome de Riley-Day bains chauds
lorsqu’il s’agit d’une forme familiale ou de exercice physique violent
dysautonomie primitive pure (anciennement port d’un objet trop lourd
hypotension orthostatique idiopathique ou fièvre
syndrome de Bradbury-Eggleston) lorsque les signes alitement prolongé
absorption d’alcool
dysautonomiques sont isolés.
gros repas
Lorsqu’il existe des signes centraux, on parle toux, hyperventilation
d’atrophie mutisystématisée (anciennement
syndrome de Shy-Drager) qui associe
diversement au syndrome dysautonomique des contention abdominale améliorent le retour certaines utilisations proposées, la mise ne route en
signes cérébelleux, extrapyramidaux et veineux. milieu spécialisé est nécessaire (tableau VI).
pyramidaux. La surélévation de la tête du lit de 20° diminue la
pression de perfusion rénale, réduit la nycturie et HO peu sévères
l’hypertension clinostatique et stimule le système Dans les HO peu sévères, on propose


rénine-angiotensine. Elle permet d’atténuer les systématiquement avant les repas la prise de
Moyens thérapeutiques symptômes matinaux. métoclopramide (Primpérant) et la dompéridone
Les repas doivent être fractionnés. Il faut éviter (Motiliumt, Péridyst) à la dose de 30 mg/j en trois
l’alcool vasodilatateur, mais conseiller néanmoins un prises. Ces molécules s’opposent à l’effet
Les possibilités thérapeutiques, en dehors du verre de vin le soir. La consommation de café après vasodilatateur périphérique de la dopamine. Elles
traitement symptomatique, résumées sur la figure 1, les repas atténue la vasodilatation splanchnique pourraient avoir un rôle dans le traitement des
associent diverses mesures symptomatiques postprandiale. dysautonomies diabétiques avec gastroparésie
physiques ou pharmacologiques.
La réponse cardiovasculaire réflexe peut être associée. La caféine après le repas est toujours
améliorée par l’apprentissage d’un lever progressif, indiquée.
‚ Traitement étiologique
assis jambes pendantes. L’alitement prolongé doit Certains sympathomimétiques d’action modérée
Les HO sympathicotoniques d’origine être proscrit. Le patient peut s’aider d’une canne sont commercialisés et proposés dans les
fonctionnelle sont souvent modérées et corrigées siège pour la marche et utiliser une chaise inclinée hypotensions peu sévères. Il s’agit de l’heptaminol
par la suppression des facteurs déclenchants ou ou s’accroupir tête penchée en avant en cas de (Hept-A-Mylt), de la cafédrine associée à la
aggravants : correction d’un trouble de la volémie, malaise. théodrénaline (Praxinort) et de l’étiléfrine (Effortilt) à
arrêt des médicaments responsables. Il faut éviter les exercices physiques violents et utiliser éventuellement comme traitement d’appoint.
L’arrêt de l’alcool, la supplémentation en vitamine tout exercice bras levés au-dessus de la tête. La Les dérivés de l’ergot de seigle induisent une
B1 ou B12, l’amélioration de l’équilibre glycémique, natation et la marche dans l’eau sont bien tolérées veinoconstriction sélective. La dihydroergotamine
l’opothérapie substitutive, les traitement même si la sortie de l’eau est parfois difficile. est efficace par voie orale à très fortes doses (20 à
anti-infectieux, la corticothérapie dans les Le médecin doit prévenir le patient des risques 30 mg/j) en raison de sa faible biodisponibilité. Elle
connectivites, les immunoglobulines intraveineuses d’aggravation des symptômes lors de l’exposition à est utilisable dans les formes peu sévères ou les
peuvent améliorer certaines HO. la chaleur, d’un exercice physique important, du port formes iatrogènes, seule ou en association avec un
de charge lourde, de l’absorption d’alcool en minéralocorticoïde. En raison du risque d’ergotisme,
Mesures non médicamenteuses quantité importante, d’un gros repas, de fièvre et il est nécessaire de surveiller les associations
Les règles hygiénodiétiques (tableau V), fondées après alitement prolongé. médicamenteuses.
sur la physiopathologie des troubles, font partie Il doit prévenir le patient des risques des prises La yohimbine (Yohimbinet), drogue sympathomi-
intégrante de la prise en charge. Elles sont médicamenteuses : les diurétiques sont métique, peut être utilisée dans les HO
susceptibles d’améliorer la qualité de vie de ces contre-indiqués. Les médicaments de l’HO doivent médicamenteuses en particulier dans les
patients parfois très handicapés : certaines formes être pris le matin et à midi. Inversement, si un hypotensions des antidépresseurs. C’est un
d’HO chroniques symptomatiques de dysautonomie traitement antihypertenseur est nécessaire, il doit antagoniste a-adrénergique central et périphérique
primitive sont si sévères que pour ces patients la être pris au coucher. Il faut éviter les traitements qui potentialise la libération de noradrénaline. Elle
station debout est impossible. locaux type collyre ou gouttes nasales (vasoconstric- est utilisée à la dose de 12 mg/j et peut être
En l’absence de système nerveux autonome teurs, bêtabloqueurs), des réponses explosives liées responsable de confusion, d’hallucinations et surtout
fonctionnel, il existe une tendance à l’hypovolémie à l’hypersensibilité de dénervation pouvant se d’hypertension sévère chez les patients dont le
avec anomalie de répartition du volume sanguin produire. système sympathique est intact. Il existe un risque de
aux dépens du volume sanguin central, défaut de priapisme.
réabsorption sodée lié à l’absence de l’activation du Traitements médicamenteux proposés (fig 1)
système rénine-angiotensine et hypertension de Leur objectif est d’augmenter la durée de la
HO sévères
décubitus avec nycturie. station debout. Ils s’adressent aux patients La 9-alpha-fluoro-hydrocortisone (Fludrocorti-
Restaurer une volémie correcte est une mesure symptomatiques chez qui les mesures précédentes sone) est le médicament de référence de
symptomatique essentielle : les apports sodés ne suffisent pas. Ils sont guidés par les mécanismes l’hypotension orthostatique particulièrement utilisé
peuvent être libéralisés, l’arrêt des diurétiques est physiopathologiques sous-jacents et sont limités par dans l’HO diabétique. Ce minéralocorticoïde favorise
impératif. Il faut savoir tolérer de discrets œdèmes le risque d’hypertension de décubitus. Il ne s’agit que l’expansion volémique et sensibilise les vaisseaux
des membres inférieurs. Les bas de contention de traitements symptomatiques, d’efficacité aux effets de la noradrénaline. Il est prescrit aux
veineuse, s’ils sont bien tolérés et les ceintures de souvent limitée dans les formes sévères. Pour doses de 100 à 400 µg/j per os, la posologie

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récepteurs a périphériques et induit une


vasoconstriction veineuse et artérielle. Elle est
HO prescrite aux doses de 7,5 à 40 mg/j à atteindre
progressivement, en trois prises en évitant toute
prise au coucher. En de dehors de l’hypertension
nocturne, ses effets indésirables sont minimes :
horripilation et picotements du cuir chevelu.
pouls variable pouls invariable Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont
utilisés par certains pour inhiber la production de
prostaglandines vasodilatatrices. Ils sont souvent
prescrits en association à la 9 alpha-fluoro-
h y d r o c o r t i s o n e . L e u r effi c a c i t é d e m e u r e
hypovolémie médicaments secondaires primitives controversée et leur utilisation souvent rendue
difficile par leur toxicité rénale ou digestive. On peut
utiliser l’indométacine (Indocidt) à la dose de 75 à
150 mg/j per os avec un risque de céphalées. Le
flurbiprofène (Cebutidt) à la dose de 100 à 300 mg/j
apports sodés dysautonomie pure semble mieux toléré.
sujet âgé
arrêt ou Les bêtabloqueurs non sélectifs sont susceptibles
contention diabète atrophie
correcteurs d’élever les résistances périphériques probablement
veineuse amylose multisystématisée
par la suppression de la vasodilatation b : le
propranolol (Avlocardylt) et le pindolol (Viskent)
b-bloqueur avec activité sympathomimétique
intrinsèque ont été testés. Leur efficacité demeure
régime salé contestée et leur maniement est difficile chez les
contention veineuse patients diabétiques et le sujet âgé.
surélévation tête du lit Très récemment, la fluoxétine (Prozact) a été
repas fractionnés testée dans les HO sévères réfractaires. Son
rééducation du baroréflexe mécanisme d’action est peu clair, elle faciliterait les
café, antidopaminergiques transmissions neuronales. La dose de 20 mg/j est
efficace et bien tolérée.
L’utilisation paradoxale de la clonidine
(Catapressant) a été proposée dans les HO sévères
en raison de son effet a2-postsynaptique
Fludrocortisone périphérique veinoconstricteur. À la dose de 0,15 mg
midodrine matin et midi, ses effets secondaires principaux sont
AINS, β-bloqueurs la sédation et la sécheresse buccale. Ce traitement
fluoxétine, somatostatine, est à débuter en milieu spécialisé. Il ne concerne que
éryhtropoïétine les patients qui ont des lésions organiques des voies
effectrices sympathiques.
1 Prise en charge thérapeutique des HO. AINS : Anti-inflammatoires non stéroïdiens. Traitement onéreux et d’indication
exceptionnelle
optimale devant être atteinte progressivement. De exemple la dihydroergotamine, les inhibiteurs des Il s’agit des analogues de la somatostatine qui
discrets œdèmes des membres inférieurs doivent prostaglandines, la midodrine. diminuent le flux sanguin splanchnique et
être tolérés. Les effets secondaires possibles sont D’introduction récente sur le marché, la pourraient être efficaces dans les HO postpran-
l’hypokaliémie, l’insuffisance cardiaque et midodrine (Gutront), molécule sympathomimétique diales. L’octréotide (Sandostatine) est utilisé aux
l’hypertension dont la survenue doit être surveillée de longue durée d’action et active par voie orale, doses de 1,2 à 2,4 µg/kg/j en sous-cutané en trois
chez les patients à risques. La fludrocortisone peut constitue un traitement efficace et bien toléré, fois. Les effets secondaires à type de troubles
être utilisée seule ou en association avec par indiqué dans les HO sévères. Elle agit sur les digestifs, intolérance aux hydrates de carbone sont

Tableau VI. – Médicaments de l’hypotension orthostatique.

Traitements médicamenteux Posologie Effets secondaires


Médicaments augmentant la volémie 9 alpha-fluorohydrocortisone : fludro- par paliers hypokaliémie, insuffısance cardiaque
cortisone
Sympathomimétiques midodrine : Gutront 7,5 à 40 mg/j horripilation, prurit, hypertension
yohimbine : Yohimbinet 12 mg/j confusion, hallucinations, HTA sévère
Dérivés de l’ergot de seigle dihydroergotamine 20 à 30 mg/j ergotisme
Antagonistes dopaminergiques métoclopramide : Primpéran 30 mg/j syndrome extrapyramidal, dyskinésies
dompéridone : Motiliumt 30 mg/j
AINS indométacine : Indocidt 75 à 150 mg/j céphalées, hypertension, œdèmes,
flurbiprofène Cebutidt 100 à 300 mg/j hémorragies digestives
Bétabloqueurs non sélectifs propranolol : Avlocardylt 40 à 120 mg/j bronchospasme, hypoglycémie, troubles
pindolol : Viskent 15 mg/j conductifs, insuffısance cardiaque
Autres fluoxétine : Prozact 20 mg/j diarrhées, céphalées
clonidine : Catapressant 0,3 mg/j sédation, sécheresse buccale
octréotide : Sandostatinet 0,4 à 2 µg/kg en sous-cutané douleurs abdominales, diabète
érythopoïétine : Eprext 50 U/kg × 3/semaine hypertension

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2-0430 - Hypotensions orthostatiques


modérés. L’érythropoïétine recombinante (Eprext) nycturie et l’hypotension matinale. Le risque est
à la dose de 50 U/kg 3 fois par semaine en l’intoxication par l’eau. Conclusion
sous-cutané, augmente la masse sanguine et peut
Les autres sympathomimétiques ne sont plus
être associée à un minéralocorticoïde. Son coût
utilisés. La phényléphrine (Néosynéphrinet), La grande majorité des HO relève de causes
rédhibitoire rend son utilisation difficile en fonctionnelles ou iatrogènes habituellement faciles à
sympathomimétique direct de synthèse est, du fait
pratique. L’implantation de cardiostimulateur à déterminer et à corriger.
de l’hypersensibilité de dénervation, responsable
fréquence asservie peut être utile pour quelques D’autres sont en rapport avec une affection
d’hypertension clinostatique sévère. Sa courte
patients bradycardes chez lesquels il persiste un dégénérative du système nerveux autonome.
durée d’action permet de l’utiliser juste avant
certain tonus sympathique. l’effort. L’association des inhibiteurs de la Les sujets âgés et les patients diabétiques peuvent
monamine oxydase avec la tyramine (sympatho- poser d’importants problèmes thérapeutiques en
mimétique indirect) ou avec la L-dopa n’est plus raison de la fréquence du trouble et de l’intrication
Autres
employée en raison de l’hypertension de des mécanismes physiopathologiques.
Accessoirement, la desmopressine (Minirint), décubitus sévère qu’elle entraînait. Les perfusions La prise en charge relève de mesures
analogue de l’ADH à la dose de 2 à 4 µg continues de noradrénaline sont utilisées à titre hygiénodiététiques et repose sur des interventions
intramusculaire/j a été proposée pour réduire la expérimental. pharmacologiques d’efficacité souvent décevante.

Anne-Sophie Blanc : Chef de clinique-assistant.


Olivier Bletry : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service.
Service de médecine interne, centre médico-chirurgical Foch, 40, rue Worth, 92151 Suresnes, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : AS Blanc et O Bletry. Hypotensions orthostatiques.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), AKOS Encyclopédie Pratique de Médecine, 2-0430, 1998, 6 p

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