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Traitements de la spasticité
A. Yelnik, V. Quintaine, M. Jousse, F. Genet

Le terme spasticité est employé ici dans son sens large, d’hyperactivité musculaire spastique, englobant
les symptômes les plus souvent associés à une paralysie par atteinte des voies corticospinales. La spasticité
ne doit faire envisager un traitement que si elle représente une gêne bien identifiée. Une analyse clinique
rigoureuse est indispensable pour en poser les bonnes indications. Le traitement est indissociable de
celui de la parésie. La rééducation, des étirements musculaires aux exercices de renforcement moteur,
a une place essentielle. Les traitements médicaux oraux ont une efficacité très relative et doivent être
évités en phase aiguë (accident vasculaire cérébral [AVC], traumatisme crânien, etc.). Une approche
locale doit toujours être envisagée par les traitements médicamenteux locaux : toxine botulinique (TB)
et alcool/phénol dont l’efficacité est avérée. L’administration intrathécale de baclofène est un mode très
efficace mais comportant plus de risque. La chirurgie doit être envisagée lorsque l’on recherche un effet
plus complet et/ou plus durable.
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Mots-clés : Spasticité ; Hyperactivité musculaire spastique

Plan  Définitions
■ Introduction 1 Spasticité
■ Définitions 1
Spasticité 1 Avant d’aborder le traitement proprement dit, il convient de
Facteurs de variation de la spasticité 3 définir la spasticité que l’on entend traiter et de préciser les objec-
tifs d’un tel traitement. En effet, le terme de spasticité est ambigu
■ Indications du traitement 3 car il est employé pour décrire différents symptômes cliniques. De
Pourquoi traiter ? 3 plus, une spasticité isolée est exceptionnelle, il s’agit plus volon-
Place des blocs moteurs 3 tiers de parésies spastiques et la spasticité ne peut pas être analysée
■ Moyens thérapeutiques 4 sans l’ensemble du contexte neurologique [1] .
Traitements rééducatifs 4 Dans une stricte définition [2] , la spasticité est l’exagération
Traitements médicamenteux 6 du réflexe d’étirement musculaire au réflexe myotatique. Elle se
Traitements chirurgicaux 9 traduit par deux symptômes : l’exagération des réflexes ostéoten-
■ Conclusion 10 dineux et/ou les trépidations caractéristiques, déclenchées par
l’examinateur ou parfois par le mouvement actif lui-même ; et
l’hypertonie musculaire en résistance à l’étirement passif du
muscle, hypertonie dite « élastique » et dépendant de la vitesse
 Introduction d’étirement.
Mais sous le terme de spasticité, on regroupe habituellement
Dans les affections du système nerveux central (SNC) tou- aussi d’autres symptômes d’hyperactivité musculaire : les dys-
chant les voies motrices corticospinales, la spasticité (au sens tonies et syncinésies. C’est pourquoi le terme d’« hyperactivité
large, cf. infra) a longtemps focalisé l’attention comme étant le musculaire spastique » devrait être préféré à celui de spasticité. Les
seul symptôme susceptible d’être modifié par un traitement. Les voies descendantes cérébrales (les voies rubro-, tecto-, réticulo- et
traitements visent donc à atténuer les symptômes de cette hyper- vestibulospinales) sont anormalement recrutées pour compenser
activité motrice indésirable, souvent associés au symptôme qui le défaut de commande par les lésions des voies corticospi-
demeure le principal : la paralysie. Il n’est aujourd’hui heureuse- nales. La plupart de ces voies sont en activité constante et, au
ment pas possible de présenter ces traitements comme les seules niveau médullaire, les motoneurones ne sont plus régulés par les
armes pour améliorer la commande motrice, ils ne peuvent le voies corticospinales, un bourgeonnement local d’interneurones
faire qu’indirectement. De nombreuses techniques de rééduca- crée de nouvelles connexions entre interneurones et moto-
tion ont un effet positif sur le renforcement du contrôle moteur neurones entraînant de nouveaux réflexes anormaux. Ainsi,
qui reste l’objectif principal. Contrairement à des idées trop long- outre l’exagération du réflexe myotatique, on constate des
temps répandues, ils ont un effet le plus souvent régulateur de la cocontractions, dystonies, syncinésies, voire un automatisme
spasticité et non pas aggravant. médullaire.

EMC - Neurologie 1
Volume 13 > n◦ 1 > janvier 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(15)52830-3
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A B
Figure 1. Hémiparésie droite post-accident vasculaire cérébral. Cocontraction des fléchisseurs de doigts (principalement du quatrième) lors de l’ouverture
active de la main, avant (A) et après (B) injection de toxine botulinique dans le corps du fléchisseur superficiel du quatrième.

A B
Figure 2. Dystonie spastique des fléchisseurs de poignet et des doigts post-accident vasculaire cérébral, avec rétraction des fléchisseurs de doigts (A, B).

Les cocontractions des muscles antagonistes déclenchées par la souvent un varus équin avec également fréquemment une griffe
contraction volontaire de l’agoniste définissent ce que l’on appelle des orteils (Fig. 7) ou un recurvatum de genou (Fig. 8) pouvant
la cocontraction spastique. Chez un patient dont le contrôle gêner la marche.
moteur est satisfaisant, ce phénomène est alors probablement le Les syncinésies, ou mouvements involontaires associés à un
plus gênant, les phénomènes d’hyperactivité musculaire gênant mouvement volontaire, sont également fréquentes : syncinésies
la réalisation du mouvement volontaire dans toute l’amplitude de coordination ou syncinésies d’imitation.
et dans la vitesse souhaitée. Ainsi par exemple, lors d’une tâche Il convient de rappeler que l’ensemble de ces symptômes
de préhension après accident vasculaire cérébral (AVC), les tenta- d’hyperactivité motrice ne font que compliquer une commande
tives d’extension de coude et d’ouverture de la main sont limitées motrice déjà déficiente : le premier désordre est la paralysie ou
par la cocontraction des fléchisseurs (Fig. 1). Lors de la marche, la parésie, définie comme un déficit de la commande directement
cocontraction des extenseurs de hanche peut empêcher la flexion adressée aux muscles agonistes. Il est parfois difficile de dis-
active de celle-ci. tinguer chacun de ces symptômes car ils sont associés et le
La dystonie spastique telle que décrite par Denny Brown est terme d’hyperactivité musculaire spastique peut ainsi être uti-
une contraction anormalement prolongée dans un contexte de lisé plus largement à moindre risque. L’association de parésie et
spasticité pouvant survenir dès le repos sans facteur déclenchant. d’hyperactivité musculaire spastique imprime la caractéristique
Elle est presque toujours observée et facilement reconnaissable des paralysies dites « centrales » : il s’agit d’un trouble de la com-
puisqu’elle détermine la position de repos du patient ou accom- mande où la première des difficultés est d’assurer la sélectivité de
pagne le mouvement tels l’adductum de hanche ou le varus équin. commande d’un groupe musculaire ; toute évaluation de la motri-
Ainsi, chez le patient hémiparétique, après AVC ou traumatisme cité d’un patient cérébrolésé ou blessé médullaire devrait d’abord
crânien le plus souvent, le membre supérieur est positionné au s’attacher à savoir si le mouvement est analytique, c’est-à-dire fait
repos en rotation interne d’épaule, adduction de bras, flexion et spécifiquement et, uniquement si tel est le cas, s’attacher ensuite
pronation de coude, flexion de poignet et des doigts (Fig. 2 à 4) à en connaître la puissance.
alors qu’à la marche une abduction de bras peut être observée Enfin, il faut décrire les modifications biochimiques muscu-
(Fig. 5). Au membre inférieur, cette dystonie spastique peut inté- laires observées. L’immobilisation plus ou moins relative imposée
resser au repos les fléchisseurs de genoux (Fig. 6), à la marche par les parésies conduit à des modifications biochimiques rapides
les fléchisseurs plantaires et causer un équin, rarement isolé, plus dès les premiers jours. Il s’agit notamment d’une diminution de

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sinon principale, dans la gêne observée afin d’espérer un béné-


fice grâce à sa réduction. Une analyse complète de son véritable
retentissement est nécessaire avec si besoin l’avis des rééduca-
teurs, kinésithérapeutes et ergothérapeutes, ou l’avis des soignants
et aidants. Cette analyse clinique peut être utilement complé-
tée d’une analyse de la cinématique du mouvement pour affiner
les propositions une fois que l’utilité d’un traitement a été
reconnue.
Trois questions doivent être systématiquement posées avant
tout traitement :
• la spasticité est-elle réellement en cause et, si oui, à quel degré ?
Une analyse complète de l’impact de cette hyperactivité dans
ses composantes fonctionnelles passives et actives doit être soi-
gneusement conduite afin de définir des objectifs personnalisés
pour chaque patient ;
• est-elle la cause principale de la gêne ou un des éléments expli-
quant celle-ci ? Dans ce dernier cas, quelles sont les autres
composantes impliquées ? Il faut définir cette responsabilité par
rapport au déficit de commande motrice, aux troubles sensi-
tifs, aux troubles cognitifs, etc. Si l’hyperactivité est considérée
comme l’élément principal du désordre moteur, il y a alors les
meilleures chances d’un résultat positif ;
• est-elle limitée à un groupe musculaire ou plus largement répar-
tie ? Le choix du traitement dépend en partie de la réponse à
cette question.
Il peut être défini ainsi globalement deux grands types
d’indications à un traitement de la spasticité :
• améliorer le mouvement volontaire : il peut s’agir d’améliorer
la préhension en facilitant l’ouverture de la main, l’extension
Figure 3. Dystonie spastique des extenseurs poignets et des fléchisseurs du coude ; améliorer la marche par la réduction d’un équin
des doigts post-accident vasculaire cérébral. ou d’un varus équin, d’une griffe d’orteils, l’amélioration de la
flexion de genou ou la diminution d’un adductum (sclérose en
plaques [SEP], paralysie cérébrale [PC]) ou même en améliorant
synthèse protéique qui va s’accentuer avec également des modi-
la position du membre supérieur à la marche ;
fications des propriétés contractiles des fibres musculaires. Une
• atténuer des postures dystoniques gênantes : adductum et rota-
diminution d’élasticité et un raccourcissement des fibres muscu-
tion interne de bras, hyperflexion de coude, hyperflexion des
laires sont observés, conduisant à une rétraction musculaire en
doigts dans la paume, adducteurs de hanche, Babinski perma-
l’absence de traitement préventif adapté.
nent, griffe des orteils principalement. Les objectifs portent ici
sur le confort et les douleurs (le terme de confort n’induit pas
Facteurs de variation de la spasticité l’idée que ce traitement soit superflu, bien au contraire et peut
impliquer autant le patient que les aidants) : faciliter la toilette
De nombreux facteurs contribuent à modifier l’intensité de ou l’habillage ; améliorer une position assise en fauteuil roulant,
l’hyperactivité musculaire spastique et doivent être identifiés atténuer une oppression thoracique.
et si possible contrôlés. Le moment dans la journée, la posi- Ainsi, il est indispensable avant tout traitement d’avoir établi la
tion du corps par rapport à lui-même en sont les éléments les liste du et des objectifs personnalisés, le plus précisément possible
plus habituels. Le stress, la température extérieure et tous fac- pour chaque patient, faute de quoi l’évaluation du résultat ne por-
teurs nociceptifs internes peuvent augmenter considérablement terait pas sur les véritables objectifs mais sur des indicateurs très
la spasticité. Le traitement doit toujours envisager la recherche insuffisants de spasticité (échelle de Tardieu, échelle d’Ashworth,
d’éventuelles épines nociceptives qui peuvent avoir déclenché ou etc.).
souvent aggravé une spasticité existante. Parmi les facteurs les plus
courants : escarres, infection urinaire ou lithiases, constipation
et/ou hémorroïdes, fracture passée inaperçue (ce qui n’est pas rare Place des blocs moteurs
notamment chez le blessé médullaire), ongle incarné, etc. Il peut
arriver que le traitement d’un facteur nociceptif passe également Une paralysie sélective par injection locale d’anesthésique sur
par le traitement de la spasticité compte tenu du rôle aggravant un tronc nerveux ou, plus encore, sur les branches de division
mutuel, au point qu’il peut arriver la nécessité d’implanter tran- d’un tronc nerveux permet la réalisation de ce que l’on appelle
sitoirement une pompe intrathécale à baclofène pour permettre un bloc moteur dont la pratique est très utile avant certaines déci-
le traitement d’escarre dans une paraplégie spastique, la guéri- sions thérapeutiques [1, 3, 4] . Il peut s’agir de répondre aux questions
son de l’escarre permettant ultérieurement d’enlever la pompe à suivantes :
baclofène. • y a-t-il une rétraction musculaire ? En effet, une hyperacti-
vité spastique peut donner le change avec une vraie rétraction
musculaire, cette dernière n’étant accessible à aucun traitement
 Indications du traitement médical ou kinésithérapique ;
• comment se passe la réalisation du mouvement par
l’affaiblissement d’un groupe musculaire spécifique tel que
Pourquoi traiter ? pourrait le faire un traitement local, médical ou chirurgical (la
Tous les patients spastiques ne nécessitent pas de traitement. marche, l’écriture par exemple) ?
Quelle que soit son étiologie, l’hyperactivité musculaire spastique • y a-t-il une commande efficace sur la motricité antagoniste
a le plus souvent un impact négatif sur la commande musculaire qui pourrait devenir néfaste en cas d’atténuation trop forte
et peut justifier un traitement en lui-même indépendamment de de la spasticité de l’agoniste ? Cette dernière information, bien
l’étiologie. Mais elle n’est bien souvent pas la cause principale qu’utile, ne peut pas être recueillie avec certitude compte tenu
des désordres moteurs : paralysie, anesthésie, troubles cognitifs et du caractère transitoire et brutal du bloc moteur qui ne permet
complications neuro-orthopédiques sont souvent associés. Avant pas une véritable modification de la motricité après traitement
de traiter, il faut être certain que la spasticité a une place réelle, par réentraînement.

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A B C
Figure 4. Hémiparésie droite post-accident
vasculaire cérébral. Mesure de la part
d’hypertonie et de rétraction (faible) des
muscles fléchisseurs du poignet et des doigts
avant (A à C) et après (D, E) bloc des nerfs
médians et ulnaires.

D E

Les principaux blocs moteurs effectués sont, au membre supé- Traitements rééducatifs
rieur, l’anse des pectoraux, le musculocutané, le médian et
l’ulnaire et, au membre inférieur, le nerf obturateur, le nerf du Plus encore que dans l’abord des autres moyens thérapeutiques,
droit fémoral, le tibial postérieur dans ses différentes branches, la place importante des moyens rééducatifs dans le traitement de
notamment gastrocnémiens, soléaire et tibial postérieur. Le bloc la spasticité montre combien on ne peut séparer la spasticité de
moteur est effectué par injection locale d’anesthésique type lido- la parésie toujours associée. Les différentes techniques et moyens
caïne contrôlée sous électrostimulation afin d’assurer la proximité physiques sont détaillés en insistant sur les modes d’action sup-
parfaite du nerf. posés et les données actuelles de la littérature sur leur efficacité
potentielle.

Techniques actuelles de rééducation


 Moyens thérapeutiques
Étirements
Le traitement de la spasticité fait appel à divers moyens qu’il est L’étirement des muscles spastiques est un élément-clé du
le plus souvent utile d’associer. La kinésithérapie demeure le trai- traitement. Il agit sur les différentes structures musculaires, ten-
tement de base, ne serait-ce que pour empêcher les complications dineuses, capsulaires, conjonctivales, vasculaires, nerveuses et
orthopédiques de la spasticité. Rééducation, appareillage et cutanées. L’étirement modifierait les propriétés viscoélastiques du
électrostimulations sont présentés ensemble. L’autoentretien y muscle, ainsi que ses caractéristiques structurales et ses proprié-
tient une place importante. Les traitements médicamenteux ne tés d’excitabilité chez le sujet sain. Chez le sujet spastique, les
doivent qu’exceptionnellement être employés de façon isolée. effets sont plus discutés [5] . L’effet de l’étirement sur les propriétés
La chirurgie orthopédique et neurochirurgicale est une alter- viscoélastiques des structures musculotendineuses chez le sujet
native utile lorsqu’un effet plus incisif ou plus durable est spastique diffère selon les études, probablement en raison des
souhaité. différents paramètres d’étirement. La comparaison de types et

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Figure 7. Dystonie en griffe des orteils post-accident vasculaire


cérébral.

Figure 5. Dystonie en abduction du bras à la marche post-accident


vasculaire cérébral.

Figure 8. Hémiparésie droite post-accident vasculaire cérébral plus


hémianesthésie sévère. Recurvatum de genou.

du thérapeute) ou actif par la réalisation d’une contraction active


et lente des muscles antagonistes qui vont entraîner, par inhi-
Figure 6. Dystonie spastique des fléchisseurs de genoux (maladie de bition réciproque, un relâchement et un étirement des muscles
Little). agonistes. L’étirement balistique correspond à un mouvement de
balancement rythmique d’un bras ou d’une jambe jusqu’à une
position extrême alternant la contraction et le relâchement des
de durées d’étirement dans le traitement de la spasticité a fait muscles agonistes et antagonistes. Du fait de la parésie, les éti-
l’objet de peu d’études. Bien qu’il existe très probablement un rements actifs et balistiques sont difficilement réalisables par les
effet des étirements sur la spasticité et l’amélioration du contrôle patients à la phase initiale. L’étirement manuel de certains groupes
moteur, les données actuelles scientifiques sont insuffisantes pour musculaires ne permet pas d’obtenir un étirement suffisant. Un
déterminer les modalités exactes d’étirement [6, 7] . Des études avec étirement par le poids du corps doit être privilégié, notamment
de fortes qualités méthodologiques sont encore nécessaires. Les par l’emploi de table de verticalisation pour posturer le triceps
programmes d’autorééducation guidée impliquant des autoétire- sural dans le cadre d’un équin, puis au verticalisateur.
ments/postures et des exercices physiques semblent également
bénéfiques sur la spasticité [8] . Immobilisation prolongée
Plusieurs techniques d’étirements existent. L’étirement est Plâtres, strapping ou orthèse sont utilisés afin d’effectuer un
caractérisé par : l’intensité, la vitesse, la durée, le nombre de étirement musculotendineux prolongé et d’éviter les modifica-
répétitions, la dose (durée totale d’étirement pendant une ses- tions structurales conduisant à la rétraction musculaire observée
sion), la fréquence des sessions, la position d’étirement et le type en cas d’immobilisation en position courte. L’immobilisation par
d’étirement. L’étirement peut être passif appliqué à l’aide de forces plâtre potentialise l’effet sur la spasticité des injections de toxine
extérieures (prise en main d’un segment corporel, intervention du pied équin spastique de l’enfant avec PC, mais la balance

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bénéfice/contrainte du port du plâtre n’est, en revanche, pas éva- notamment en combinaison avec d’autres traitements dans le
luée. Lannin et al. [9] soulignent dans leur revue de la littérature cadre d’une rééducation multimodale.
portant sur l’efficacité des plâtres sur la spasticité du membre supé- Stimulation magnétique périphérique. La stimulation
rieur chez l’enfant ou l’adulte, le faible niveau de preuve. magnétique a également été étudiée au niveau périphérique en
regard du nerf tibial et du nerf fibulaire commun, par exemple
Amélioration de la commande motrice
pour diminuer la spasticité des fléchisseurs plantaires chez
Répétition de tâches fonctionnelles. La répétition de tâches l’enfant paralysé cérébral [22] .
fonctionnelles est un des éléments-clés de la rééducation dans Stimulation électrique transcrânienne. La stimulation
les lésions neurologiques centrales. Afin d’augmenter le nombre transcrânienne à courant direct (tDCS) permet de moduler
de répétitions, il est possible d’utiliser des robots de rééducation l’excitabilité corticospinale. Un courant électrique de un à deux
et également la thérapie induite par la contrainte. Ces pro- milliampères pour une durée de 10 à 30 minutes, passe de l’anode
grammes s’accompagnent d’une diminution de la spasticité [10, 11] . (excitatrice) vers la cathode (inhibitrice) à travers les tissus. Cette
L’entraînement à la marche sur tapis roulant avec allègement du stimulation à basse intensité n’engendre pas de potentiel d’action
poids du corps chez les patients neurologiques est également sou- mais module l’activité neuronale spontanée avec une hyperexci-
vent utilisé avec un effet positif sur la spasticité chez les blessés tabilité des neurones causée par l’anode ou une hypoexcitabilité
médullaires [12] . par la cathode. Elle a pu montrer son efficacité dans le contrôle
Entraînement musculaire. Contrairement à d’anciens moteur du membre supérieur du patient hémiplégique avec une
dogmes, de nombreuses revues de la littérature et méta-analyses réduction de la spasticité combinée à une rééducation classique
ont montré l’intérêt d’un programme de renforcement sur la ou aidée par robot [23] . L’effet à moyen et long termes n’est pas
qualité de la commande motrice et la fonction dans les diffé- connu.
rentes populations neurologiques centrales [13] avec pour certains Stimulation électrique périphérique. La stimulation élec-
auteurs une diminution de la spasticité [14] . trique périphérique peut être utilisée comme outil thérapeutique,
Mouvements alternatifs répétés à intensité et vitesse ou comme un substitut à la fonction (stimulation électrique
maximale. La réalisation de mouvements alternatifs rapides fonctionnelle [SEF]). La stimulation électrique augmente les affé-
d’amplitude maximale et répétés a montré son efficacité dans rences sensitives et faciliterait ainsi la plasticité cérébrale [24] .
la rééducation du membre parétique. La répétition intensive et Les mouvements répétés induits par électrostimulation favorise-
quotidienne de mouvements alternatifs quotidiens diminuerait raient le réapprentissage moteur. Des effets sur la spasticité sont
les cocontractions autour de l’articulation par restauration d’un aussi retrouvés, la contraction induite par l’électrostimulation
meilleur niveau d’inhibition réciproque pendant le mouvement du muscle parétique entraînant probablement une inhibi-
actif [15] . tion réciproque de l’antagoniste spastique via la stimulation
d’interneurones spinaux [25] .
Techniques de rééducation prometteuses en cours L’électrostimulation peut également être utilisée uniquement
d’évaluation sur le versant sensitif (transcutaneous electrical nerve stimula-
tion [TENS]), avec une intensité n’induisant pas de contraction
Thérapie par ondes de choc
musculaire. Cette stimulation sensitive modifierait l’excitabilité
La thérapie extracorporelle par ondes de choc (TEOC) uti- des motoneurones alpha et entraînerait une réorganisation sen-
lise des séquences d’impulsions soniques uniques de courte sorimotrice avec une diminution de la spasticité [26] .
durée (< 10 microsec), haute pression (100 MPa), à pente rapide L’électrostimulation fonctionnelle, appliquée en regard du nerf
(< 10 microsec). Son utilisation s’est développée dans plusieurs fibulaire afin de stimuler les muscles releveurs du pied en asso-
pathologies musculosquelettiques. Le mode d’action sur l’unité ciation avec la rééducation conventionnelle chez le patient
musculotendineuse spastique est encore mal connu. Une effica- hémiplégique améliore les capacités de marche et la récupération
cité a été observée après AVC [16] , ou après traumatisme crânien [17] motrice par rapport à la rééducation conventionnelle seule [27] .
avec une efficacité prolongée sur plusieurs semaines. Si les études La spasticité du triceps est habituellement diminuée par la sti-
sont encourageantes, les modalités d’administration différentes mulation de l’antagoniste (tibial antérieur). Quelques études
rendent difficiles les comparaisons entre les études. retrouvent également une diminution de la spasticité au membre
Vibrations focales supérieur après utilisation de la SEF [28] .
La vibration focale est bien tolérée, facile d’utilisation et serait
efficace dans l’amélioration de la motricité et de la spasticité quelle Autres moyens
que soit l’étiologie de la lésion neurologique centrale [18] . Trois
D’autres moyens ont également été proposés comme les ultra-
effets moteurs ont été observés après vibration musculaire ou ten-
sons ou la cryothérapie (que ce soit par application de pack de
dineuse :
froid, vêtements réfrigérants, balnéothérapie) ou encore les vibra-
• inhibition des réflexes monosynaptiques, dont le réflexe myo-
tions corps entier (whole body vibration [WBS]) avec des résultats
tatique et le réflexe H ;
mitigés.
• contraction tonique du muscle vibré correspondant au réflexe
tonique vibratoire (RTV) [19] ;
• relaxation du muscle antagoniste via une inhibition réciproque.
Une action au niveau cortical est également probable, via
Traitements médicamenteux
l’augmentation du signal proprioceptif suite à l’excitation des Traitements par voie orale
fuseaux neuromusculaires [20] .
L’approche thérapeutique doit être d’abord locale ou locorégio-
Stimulation magnétique et électrique nale, ces traitements devant être réservés aux spasticités diffuses
Stimulation magnétique transcrânienne. La répétition de gênantes [1, 3, 4] . Deux molécules ont actuellement une autorisation
stimulations magnétiques transcrâniennes (rTMS) en regard d’une de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de la spasticité :
aire corticale génère des potentiels d’action et modifie durable- le baclofène et le dantrolène sodique. Une troisième molécule, la
ment l’activité électrique de la région visée. Une stimulation rTMS tizanidine, a une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) en
du cortex moteur primaire, à une fréquence inférieure à 1 Hz, a un France. Cependant, seuls le baclofène et la tizanidine [3] peuvent
effet inhibiteur sur les neurones visés, alors que la même stimula- être recommandés sur les données actuelles de la littérature,
tion, avec une fréquence supérieure à 5 Hz, a un effet excitateur. La compte tenu de l’ancienneté des études sur le dantrolène et leur
rTMS a principalement été étudiée chez le patient après AVC avec faible niveau de preuve. La tizanidine est recommandée en cas
une diminution prolongée de la spasticité après un programme d’inefficacité, d’effets indésirables ou de contre-indications au
de dix séances de stimulation rTMS inhibitrice en regard du cor- baclofène.
tex moteur primaire sain associé à une rééducation classique [21] . Ces traitements ne sont pas recommandés en première
Les études sont encore trop peu nombreuses pour la recommander intention après un AVC récent en raison de leur efficacité insuf-
en pratique quotidienne, mais les résultats semblent prometteurs, fisante et des effets indésirables (sédation, diminution du seuil

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épileptogène, diminution de la plasticité cérébrale). Ils sont injection. La répétition des injections se justifie par l’effet transi-
notamment recommandés dans la SEP et les spasticités d’origine toire de la toxine. Le renouvellement du traitement est possible
médullaire en première intention dans le cas de spasmes invali- tant que les effets bénéfiques sont observés avec un délai mini-
dants ou douloureux. mum de trois mois entre chaque injection, et est évalué en
Certains traitements n’ayant pas d’AMM sont utilisés en pra- fonction des bénéfices et de la tolérance, avec adaptation éven-
tique courante : clonazépam, tétrazépam, diazépam, gabapentine. tuelle des doses et du choix des muscles. L’utilisation d’un carnet
Cependant, aucune preuve ne permet de les recommander en de suivi avec l’objectif à atteindre, les muscles injectés, la dose
tenant compte des données de littérature. Chez l’enfant, le dia- totale/par muscle, la tolérance ainsi que la remise d’une fiche
zépam est fréquemment utilisé dans cette indication malgré d’information est recommandée.
l’absence d’AMM. Il peut être recommandé [3] mais son effet Le patient et son entourage doivent être avertis du risque excep-
GABAergique doit amener à une prudence et une utilisation de tionnel d’effets indésirables pouvant survenir pendant les trois
courte durée. premières semaines après chaque injection (troubles de dégluti-
L’introduction et l’adaptation des doses de ces traitements tion, syndrome botulinique).
oraux doivent se faire de manière progressive, en fonction de L’inefficacité du traitement doit faire remettre en cause les indi-
l’efficacité et des effets indésirables. Tout traitement prescrit de cations et/ou la technique. L’inefficacité répétée du traitement
façon prolongée doit être réévalué régulièrement. Il faut noter doit le faire abandonner, même en l’absence d’alternative théra-
que les médicaments GABAergiques (telles que le baclofène et les peutique [3] .
benzodiazépines) peuvent avoir un effet délétère sur la plasticité Autorisation de mise sur le marché. Chaque TB commercia-
postlésionnelle, telle que cela a été constaté dans les modèles ani- lisée en France a une AMM différente dans le cadre de la spasticité :
maux. Cela incite à une grande précaution chez les patients en • Botox® : adultes et enfants de plus de 2 ans pour le traitement
phase de récupération (AVC à la phase aiguë, traumatisé crânien symptomatique local de la spasticité (hyperactivité musculaire)
en phase d’éveil notamment). des membres supérieurs et inférieurs ;
• Dysport® : adultes et enfants de plus de 12 ans pour le trai-
Toxine botulinique tement symptomatique local de la spasticité (hyperactivité
La toxine botulinique (TB) est un complexe multimoléculaire musculaire) des membres supérieurs et inférieurs. Chez les
comprenant une part neuroactive, d’où le nom de neurotoxine enfants de plus de 2 ans, l’AMM concerne uniquement le trai-
et des protéines associées non neuroactives. Au pH plasma- tement de la déformation dynamique en pied équin due à une
tique, ces protéines se dissocient et libèrent la neurotoxine PC ;
qui est capturée par les terminaisons nerveuses où elle inhibe • Xeomin® n’a actuellement une AMM que chez l’adulte dans la
principalement la libération d’acétylcholine, provoquant la para- spasticité des membres supérieurs avec flexion du poignet en
lysie des fibres musculaires. Cet effet est transitoire en raison fermeture de la main faisant suite à un AVC.
de la rapide construction de bourgeonnements par l’axone Indications. La TB de type A a fait preuve de son efficacité sur
pour créer de nouvelles synapses remplaçant celles qui ont été la diminution focale de la spasticité [3] .
bloquées [29] . Elle peut être utilisée en traitement de première intention
Des sept sérotypes identifiés ce jour (de A à G), seuls deux (A lorsque l’objectif est focal ou multifocal, y compris avant
et B) ont prouvé leur efficacité. Les toxines de type A (Botox® , l’utilisation d’un traitement par voie orale.
Dysport® , Xeomin® ) sont couramment utilisées en France pour le Chez l’adulte, la plupart des résultats proviennent d’études
traitement de la spasticité. La neurotoxine de type B (Neurobloc® ) concernant des patients victimes d’AVC et, chez l’enfant, de
n’a pas d’AMM dans cette indication. patients atteints d’une PC. Cependant, l’utilisation de la TB peut
être envisagée quelle que soit la pathologie en cause comme le
Injections et sécurité d’emploi montre un récent essai sur 508 patients présentant une spasticité
Le traitement consiste en des injections intramusculaires dans gênante de diverses étiologies (AVC, traumatisme crânien, SEP, PC
le muscle strié. Il est recommandé d’utiliser le repérage par élec- et anoxie cérébrale) [31] .
trostimulation ou échographique (notamment pour les muscles Il est recommandé de fixer des objectifs personnalisés avec le
inaccessibles à la stimulation ou non stimulables ou encore chez patient : ceux-ci sont plus souvent atteints si l’objectif concerne
l’enfant, car elle est indolore) afin de cibler le bon muscle et la la déficience (maintien des amplitudes articulaires, douleur, rai-
meilleure zone musculaire [3, 30] . Le repérage anatomique seul n’est deur) ou la fonction « passive » [32] (nursing, habillage, toilette).
pas assez précis. L’électromyogramme (EMG) de détection est, L’atteinte de l’objectif est plus rare quand il s’agit de l’amélioration
quant à lui, peu précis dans le domaine de la spasticité, contraire- de la fonction « active » du membre inférieur (marche) et plus
ment à la dystonie. encore du membre supérieur (préhension) [33, 34] .
Le nombre de sites d’injection dépend de la structure et de la Chez l’enfant, on observe une amélioration de la fonction active
taille du muscle. au membre supérieur et au membre inférieur ainsi qu’un effet
Un début d’efficacité est observé une semaine après l’injection sur la douleur. La prévention des déformations orthopédiques est
et le pic se situe en général entre quatre et six semaines. Il est un objectif important qui incite à un traitement précoce chez
habituel de dire que la durée de l’effet positif est de trois mois, l’enfant [3] .
mais on observe de très grandes différences selon les patients, le Doses. Les unités sont différentes d’une marque à l’autre, ce
type de symptôme, les doses notamment. ne sont pas des unités internationales et il n’y a pas d’équivalence
Une analgésie adaptée doit être proposée au patient, locale- reconnue. La dose totale maximale recommandée chez l’adulte
ment et/ou par voie générale, particulièrement chez l’enfant par est de 500 unités (U) Allergan pour Botox® et 1500 U Speywood
l’inhalation de protoxyde d’azote. pour Dysport® [4] . Cette dose est, pour Botox® , un peu supérieure
L’injection d’un patient sous antiagrégants plaquettaires est à celle de l’AMM, en rapport avec la littérature car, et cela est
possible. Comme pour toute injection intramusculaire, il n’est probablement vrai pour les trois marques, même aux doses maxi-
pas recommandé d’injecter un patient sous anticoagulant à dose males, l’effet observé est souvent partiel sur une spasticité sévère.
efficace [3] . Pour Xeomin® , une dose maximale recommandée est de 400 U, en
Aucune complication, en dehors de douleurs au point accord avec les recommandations européennes [35] . Chez l’enfant,
d’injection, n’a été rapportée dans les suites immédiates d’une la dose totale maximale recommandée est de 20 U Allergan/kg
injection. pour Botox® et de 30 U Speywood/kg pour Dysport® . Xeomin®
Une formation préalable théorique et pratique des médecins n’a pas été étudiée dans la population pédiatrique.
est nécessaire avant toute prise en charge par TB. Selon les bonnes
pratiques, il faut distinguer la consultation dédiée à l’information
du patient de celle consacrée à la réalisation du geste, laissant ainsi
Baclofène intrathécal
au patient et à son entourage un délai de réflexion. L’administration de baclofène directement dans les espaces
Il est recommandé d’évaluer en consultation avec le patient sous-arachnoïdiens par l’intermédiaire d’un cathéter spinal est
les résultats de l’injection trois à six semaines après la première utilisée depuis 30 ans pour traiter la spasticité responsable d’une

EMC - Neurologie 7
17-046-U-15  Traitements de la spasticité

gêne diffuse, non corrigée par les traitements per os ou inacces- hanche avec le nerf obturateur. Les injections intramusculaires
sible aux thérapies focales. Le mode d’action intramédullaire du doivent être réservées à des situations bien spécifiques compte
baclofène explique son efficacité avec cette voie d’abord par rap- tenu de l’effet délétère de l’alcool sur le muscle.
port à l’efficacité très relative per os. Ils ne représentent pas le traitement local de première inten-
Le baclofène infusé par voie intrathécale a un effet significatif tion sauf dans certains cas de spasticité particulièrement diffuse
sur le score d’Ashworth et des spasmes de Penn. Il améliore les et gênante où ils peuvent être utilisés en complément d’un autre
capacités fonctionnelles chez le patient paraplégique gêné par la traitement local (toxine botulinique) [3] . La complication princi-
spasticité lors des transferts et de l’habillage du bas [36] . Il réduit pale est la survenue de douleurs neurogènes type causalgie, ce qui
les douleurs associées aux spasmes et contractures et améliore la en interdit l’usage sur des nerfs mixtes. Ni le phénol ni l’alcool
qualité du sommeil chez les patients blessés médullaires et atteints n’ont une AMM car ils n’ont pas fait l’objet d’évaluation par
de SEP [37] . Il n’a pas d’effet significatif au long cours sur la fonction l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de
vésicosphinctérienne. En revanche, il a souvent un effet délétère santé (ANSM), mais il existe une autorisation d’utilisation par les
sur la fonction génitosexuelle (érection/éjaculation) [38] . pharmacies à usage intérieur.
Chez l’enfant, il est conseillé une prudence extrême en dessous
Indications de 10 ans mais ces traitements peuvent être utilisés, uniquement
Les premières indications étaient les spasticités d’origine spi- au contact du nerf, sur le nerf obturateur spécialement, en privi-
nale incluant SEP et lésions traumatiques [39] et les indications légiant les indications trophiques et de confort [3] .
se sont par la suite étendues aux spasticités supraspinales telles Si la première injection n’apporte pas le bénéfice escompté, cela
que la PC, le traumatisme crânien, l’AVC ou l’anoxie cérébrale. doit être considéré comme un échec du traitement et un autre type
D’une manière générale, le baclofène intrathécal est réservé à de traitement doit alors être envisagé [3] .
la spasticité des membres inférieurs et parfois du tronc gênant Même si, en théorie, l’effet de ce traitement devrait être défi-
les postures, le nursing, l’accès au périnée (notamment pour les nitif, on constate souvent une récidive de l’hypertonie après 6
autosondages), les déplacements en fauteuil roulant, les trans- à 12 mois, en raison du bourgeonnement collatéral possible sur
ferts, le repos et/ou responsable de douleurs, d’escarres et de les axones indemnes du nerf périphérique. Cette situation peut
complications orthopédiques. Il est exceptionnel que l’objectif conduire à la décision d’une réinjection au contact du même nerf.
puisse être une amélioration de la marche [3] . Il doit pouvoir Il n’y a pas d’argument en faveur du phénol par rapport
être envisagé chez le blessé médullaire ou chez le patient atteint à l’alcool. L’alcool semble avoir une durée d’efficacité plus
de SEP ayant perdu l’autonomie de marche, plus rarement lors longue [41] . Le phénol glycériné doit être préféré au phénol aqueux,
de PC ou d’AVC, lorsque la spasticité diffuse est sévère et/ou qui diffuse plus et est donc moins bien toléré [3] .
les spasmes sont inaccessibles aux traitements focaux ou per L’injection locale doit être effectuée sous électrostimulation ou
os. repérage échographique [3] et elle est réservée aux équipes spécia-
lisées.
Effets indésirables
Les nerfs ayant un faible contingent sensitif et une large
Les effets indésirables les plus fréquents sont la dysfonction du prédominance motrice peuvent être traités (obturateur, muscu-
cathéter et les effets indésirables liés au baclofène [40] . Le taux de locutané, anse des pectoraux) [3] . Ces traitements sont fortement
complication est d’environ 1 % par mois d’implantation dans une déconseillés sur les nerfs mixtes (tronc du nerf ischiatique, tibial
cohorte de 130 blessés médullaires. Son usage est réservé à des postérieur et fibulaire au membre inférieur, médian et ulnaire au
équipes médicochirurgicales expérimentées. membre inférieur) du fait du risque de troubles sensitifs et de
Précautions d’emploi douleurs gênantes [3] .
La réalisation d’un ou de plusieurs tests préalables à toute Il est recommandé de faire précéder ce traitement d’un bloc
implantation de pompe (simple injection par ponction lombaire moteur pour s’assurer de son effet potentiel [3] .
ou site d’accès provisoire) est indispensable avant l’implantation Les bénéfices de l’alcool ou du phénol doivent être discutés
éventuelle d’une pompe pour s’assurer de l’efficacité et de la d’emblée avec ceux de la chirurgie. En effet, l’alcoolisation induit
tolérance et anticiper toute détérioration de la fonction induite une fibrose dès la première injection, rendant la chirurgie ulté-
par le traitement. Une information des bénéfices attendus et rieure plus difficile. De ce fait, avant une éventuelle deuxième
des risques possibles doit être systématiquement fournie préa- alcoolisation, il faut discuter un geste chirurgical, notamment si
lablement au patient et/ou à son entourage, notamment sur le une neurotomie sélective est envisagée [3] .
risque de perte de motricité fonctionnelle, réversible à l’arrêt du Il s’agit d’un geste potentiellement douloureux devant faire dis-
traitement. cuter une analgésie locale ou générale.
La dose habituelle recommandée en première dose test est de
50 ␮g chez l’adulte et de 25 ␮g chez l’enfant [3] . La dose maximale Cannabinoïdes
pour un test est de 150 ␮g chez l’adulte et de 100 ␮g chez l’enfant,
à atteindre respectivement en trois et quatre jours. Les recommandations de l’American Academy of Neurology
Les risques de l’injection intrathécale de baclofène sont des récemment publiées [42] indiquent qu’il peut être proposé aux
risques de surdosage (troubles de vigilance et respiratoire). Une patients spastiques atteints de SEP un traitement par dérivés can-
surveillance par une équipe spécialisée doit être faite dans les trois nabinoïdes sous différentes formes ; par voie orale (extraits de
heures suivant le test. cannabis et tétrahydrocannabinol [THC] de synthèse) et en spray
Le suivi postopératoire, outre la surveillance clinique locale et sublingual (Sativex® ). En effet, il a été démontré que ces traite-
générale, nécessite un contrôle radiologique de la pompe et du ments pouvaient être efficaces sur les symptômes subjectifs de la
cathéter et des télémétries régulières. Par la suite, le patient doit spasticité mais aucune étude n’a montré une diminution de la
s’astreindre à des visites régulières au sein l’une équipe médicochi- spasticité objectivée par le score d’Ashworth.
rurgicale spécialisée afin de dépister les risques liés à la procédure En France, le Sativex® a eu une AMM très récemment, avec pour
(déplacement de cathéter, infection) et prévenir la survenue d’un objectif « d’améliorer les symptômes des patients adultes atteints
syndrome de sevrage. de spasticité modérée à sévère due à une SEP qui n’ont pas suf-
fisamment répondu à d’autres traitements antispastiques et chez
qui un essai initial du traitement a démontré une amélioration
Alcool et phénol cliniquement significative des symptômes liés à la spasticité. »
L’action sur la spasticité est liée à une neurolyse chimique Sativex® se présente sous la forme d’une solution pour pulvé-
(destruction irréversible du nerf). En dénaturant les protéines et risation buccale contenant deux extraits de la plante Cannabis
en détruisant les cellules par précipitation et déshydratation des sativa, le THC (27 mg/ml) et le cannabidiol (CBD) (25 mg/ml).
protoplasmes, ils entraînent la dégénérescence des neurones qui Chaque pulvérisation contient 100 ␮l de solution. La posologie
s’entourent de fibrose. Ils sont principalement utilisés au niveau moyenne est de huit pulvérisations par jour, avec une posolo-
d’un tronc nerveux, ce qui permet l’accès facile (et peu coûteux) gie maximale de 12 pulvérisations par jour. Le traitement est à
à un ensemble de muscles comme par exemple les adducteurs de réévaluer après quatre semaines.

8 EMC - Neurologie
Traitements de la spasticité  17-046-U-15

Conclusion sur les traitements médicamenteux Neurotomies


L’arsenal thérapeutique pharmacologique a été amélioré avec la Quand l’hypertonie spastique est plus focale, des neurotomies
venue de la TB mais reste insuffisant. Les traitements per os ont peuvent être pratiquées [48] . L’objectif est de réduire l’influx ner-
une efficacité toute relative et l’approche locale est limitée par veux sensitif se dirigeant vers la moelle (en sectionnant les fibres
les doses utilisables de toxine. Il faut envisager les associations afférentes [Ia]) ainsi que l’influx nerveux moteur parvenant à
thérapeutiques visant à optimiser la prise en charge, notamment la plaque motrice (en sectionnant les fibres efférentes ␣ et ␥
dans les spasticités multifocales (TB-phénol, TB-baclofène intra- des troncs nerveux des muscles spastiques gênants). Ces neu-
thécal, TB-phénol-baclofène intrathécal, etc.). Ces traitements rotomies peuvent être totales et induisent donc une paralysie
pharmacologiques sont à privilégier compte tenu de leur caractère musculaire périphérique d’aval. Elles sont plus souvent réalisées
réversible. Dans les cas où les gênes fonctionnelles sont insuffi- partiellement, ce qui réduit l’activité hypertonique de l’effecteur
samment contrôlées par les traitements médicamenteux (associés musculaire (mais parfois son efficacité également). Le chirurgien
à la prise en charge physique) ou que ces traitements sont sources peut en effet décider de la quantité de fibres à sectionner en
d’événements indésirables, le recours aux techniques chirurgicales respectant des proportions variables (en général de 30 à 75 %).
est possible, en remplacement ou en complément. Cette décision s’effectue en préopératoire au cours de consul-
tations multidisciplinaires. Les techniques actuelles permettent
d’épargner les contingents sensitifs de ces nerfs pour éviter tout
Traitements chirurgicaux déficit associé. Les neurotomies sont de nos jours de plus en plus
sélectives. Ce progrès permet de ne traiter que les muscles spas-
Des traitements chirurgicaux de la spasticité et les déforma- tiques gênants en épargnant les muscles voisins et tenter de ne
tions associées existent depuis longtemps et ont été pratiqués bien pas déséquilibrer une articulation et donc altérer une fonction.
avant le développement des traitements médicamenteux [43, 44] . Un autre avantage de cette technique est que les suites sont très
Ne pouvant agir directement sur la lésion en elle-même, les trai- simples (pas d’immobilisation, pas de décharge, appui complet
tements chirurgicaux ont été réalisés aux différents niveaux de immédiat, investissement rééducatif bref). Les complications sont
la boucle réflexe de ce symptôme : la moelle épinière, la racine rares et les possibilités de récidives à terme semblent nettement
nerveuse, le tronc nerveux et même le muscle. diminuées par l’utilisation de stimulations électriques peropéra-
L’objectif du traitement de la spasticité est de rééquilibrer la toires sous contrôle microscopique pour s’assurer de la quantité
balance musculaire agoniste/antagoniste tout en assurant une de fibres sectionnées et de la précision du geste [49, 50] .
mobilité et une stabilité articulaire suffisante pour permettre la
fonction. Le rééquilibrage chirurgical de cette balance induit une Techniques associées
diminution de la gêne provoquée par les agonistes (spasticité ; rac- Il est reconnu en pratique que l’on parvient à réduire la
courcissement musculaire) et un renforcement de l’activité des spasticité d’un muscle en modifiant le seuil d’excitabilité du
antagonistes (ténodèses, transferts tendineux). L’assurance de la fuseau neuromusculaire. L’allongement d’un muscle rétracté,
mobilité et de la stabilité articulaire sont, quant à elles, des impé- dont l’objectif premier est d’augmenter le secteur angulaire arti-
ratifs à la prise en charge de la spasticité et nécessitent parfois des culaire, retarde en conséquence le seuil de déclenchement de
gestes chirurgicaux associés (arthrolyses, arthroplasties, arthro- l’hypertonie tout en corrigeant les déformations articulaires créées
dèses, ablation de para-ostéo-arthropathies). Une prise en charge par cette rétraction. Cette notion est d’autant plus importante à
de rééducation postopératoire après ablation des plâtres est le plus prendre en considération en cas de déformation mixte (hyperto-
souvent nécessaire, notamment pour assurer l’intégration par le nique et rétraction) et de chirurgie en plusieurs temps. En effet,
patient des modifications créées par le geste chirurgical. elle permet de hiérarchiser les gestes en proposant de corriger la
rétraction avant d’envisager une action sur le nerf.
Techniques chirurgicales spécifiques Enfin, le traitement de l’hypertonie spastique est indissociable
de traitement de la spasticité de celui de la parésie et de ses conséquences. Il a pour objectif
d’améliorer la balance musculaire agoniste/antagoniste tout en
L’objectif du chirurgien est de rompre la boucle qui induit assurant une bonne mobilité et stabilité articulaire. L’association
l’exagération du réflexe à l’étirement. En dehors de la moelle (la de gestes visant à lutter contre la spasticité avec ceux stabilisant
myélotomie qui a été abandonnée dans cette indication), l’action et assurant une mobilité articulaire suffisante pour la fonction est
peut concerner la racine ou le nerf. cruciale à l’obtention de bons résultats de ce type de chirurgie. Il
« Dorsal root entry zone » (DREZ)tomie est ainsi parfois proposé un geste de stabilisation articulaire par
arthrodèse (principalement de cheville ou de pied), ou un trans-
Il a donc été proposé de sectionner les racines dans ou à l’entrée
fert musculotendineux comme le transfert partiel du muscle tibial
de la moelle épinière [45] . Cette technique, appelée DREZtomie ou
antérieur pour enlever son effet varisant tout en conservant son
rhizotomie dorsale sélective, est un geste définitif et non réver-
effet de dorsiflexion plantaire.
sible. Elle avait été développée au début du XXe siècle pour traiter
les enfants paralysés cérébraux [46] . Elle est encore pratiquée de
nos jours et testée sur plusieurs étiologies entraînant des hyper- Évaluation rigoureuse avant des gestes
tonies spastiques : SEP, traumatisme crânien, blessure médullaire, chirurgicaux souvent irréversibles
AVC, encéphalopathies dégénératives ou hypoxiques [47] . Elle est Comparés aux traitements médicamenteux de la spasticité,
fondée sur la disposition anatomique des fibres afférentes noci- les traitements chirurgicaux justifient d’un bilan préopératoire
ceptives et myotatiques, situées latéralement au niveau de la corne encore plus drastique. En effet, la plupart des gestes pratiqués sont
postérieure de la moelle. Ce geste étant peu sélectif, l’indication irréversibles et il est impensable d’imaginer que certaines fonc-
est retenue quand l’hypertonie spastique est diffuse. Elle néces- tions (comme celle de la marche par exemple) soient dégradées
site une procédure chirurgicale assez lourde (laminectomie) et un par un geste dont tous les effets n’ont pas été mesurés préalable-
programme de rééducation prolongé. Cette technique a vu son ment. Il ne peut s’agir que d’une chirurgie de contrat dont les
indication diminuer depuis l’avènement de la pompe à baclo- objectifs doivent être prédéterminés et mesurés en fonction des
fène qui présente les mêmes objectifs avec une efficacité mieux capacités du patient sur les plans neurologique et orthopédique.
contrôlée (ajustements des doses délivrées) et surtout à action La première étape est d’évaluer les plaintes et les gênes ressen-
réversible. Même si elle a été peu évaluée dans les autres indica- ties par le patient et l’entourage. Spontanément, il est fréquent
tions que l’enfant paralysé cérébral, notamment à long terme, la que le patient sous-estime l’utilisation qu’il fait de son membre
DREZtomie garde cependant quelques atouts : procédure chirur- spastique. Il est crucial de bien connaître toutes les fonctions du
gicale bien codifiée, coût limité au geste chirurgical (une seule membre concerné, même si elles peuvent paraître secondaires,
opération, pas de suivi technique, de matériel implanté ni de afin de prévenir leur perte par un geste irréversible. Cela peut
remplissage de médicament) [47] . Elle est également utilisée de également permettre de comprendre en quoi la spasticité peut
nos jours pour tenter de contrôler certaines douleurs d’origine parfois être utile à une certaine fonction alors que la commande
neurologique. est insuffisante.

EMC - Neurologie 9
17-046-U-15  Traitements de la spasticité

La seconde étape également importante est de faire la part [3] Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Recom-
des choses entre la spasticité et les autres éventuelles limitations mandations de bonne pratique. Traitements médicamenteux de
d’amplitude articulaire (rétractions tendinomusculaires associées, la spasticité. Juin 2009. http://ansm.sante.fr/var/ansm site/storage/
ankyloses articulaires). En effet, tout geste agissant sur la spasticité original/application/9771c86bf98d7af854c30b202846ab35.pdf.
peut déséquilibrer une articulation ou être totalement inefficace, [4] Yelnik AP, Simon O, Bensmail D, Chaleat-Valayer E, Decq P, Dehail
voire délétère, si une autre composante de limitation articulaire P, et al. Drug treatments for spasticity. Ann Phys Rehabil Med
est associée et gênante. Le recours à un bloc moteur sélectif peut 2009;52:746–56.
se révéler très utile ainsi que, à un moindre degré, pour apprécier [5] Gracies JM. Pathophysiology of impairment in patients with spasti-
la commande des antagonistes (cf. « Place des blocs moteurs ») [48] . city and use of stretch as a treatment of spastic hypertonia. Phys Med
Rehabil Clin N Am 2001;12, 747–68, vi.
Au final, parmi les techniques chirurgicales de la spasticité,
[6] Bovend’Eerdt TJ, Newman M, Barker K, Dawes H, Minelli C, Wade
les neurotomies sont désormais de pratique courante pour les
DT. The effects of stretching in spasticity: a systematic review. Arch
atteintes focales. La rhizotomie dorsale sélective garde ses adeptes, Phys Med Rehabil 2008;89:1395–406.
même si le développement des traitements par injection intrathé- [7] Katalinic OM, Harvey LA, Herbert RD. Effectiveness of stretch for the
cale de baclofène en a diminué les indications. Les neurotomies treatment and prevention of contractures in people with neurological
sont souvent associées à des gestes musculotendineux, voire conditions: a systematic review. Phys Ther 2011;91:11–24.
osseux, afin d’autoriser une amélioration fonctionnelle chez le [8] Harris JE, Eng JJ, Miller WC, Dawson AS. A self-administered Gra-
patient présentant des séquelles de lésion neurologique centrale. ded Repetitive Arm Supplementary Program (GRASP) improves arm
Ces prises en charge restent du domaine d’équipes pluridiscipli- function during inpatient stroke rehabilitation: a multi-site randomized
naires entraînées à l’évaluation préopératoire des objectifs et des controlled trial. Stroke 2009;40:2123–8.
gestes à réaliser. [9] Lannin NA, Novak I, Cusick A. A systematic review of upper extre-
mity casting for children and adults with central nervous system motor
disorders. Clin Rehabil 2007;21:963–76.
 Conclusion [10] Kagawa S, Koyama T, Hosomi M, Takebayashi T, Hanada K,
Hashimoto F, et al. Effects of constraint-induced movement the-
Le traitement de la spasticité, au sens large du terme, s’est enri- rapy on spasticity in patients with hemiparesis after stroke. J Stroke
chi de l’arrivée de la TB et de la meilleure précision des indications 2013;22:364–70.
chirurgicales. Mais la spasticité n’est qu’un des symptômes pou- [11] Posteraro F, Mazzoleni S, Aliboni S, Cesqui B, Battaglia A, Carrozza
vant expliquer les troubles moteurs. Le traitement nécessite avant MC, et al. Upper limb spasticity reduction following active training: a
tout une bonne analyse de son retentissement pour en poser les robot-mediated study in patients with chronic hemiparesis. J Rehabil
indications précises et des objectifs personnalisés. Les traitements Med 2010;42:279–81.
doivent souvent être associés entre eux sur la base de la rééduca- [12] Adams MM, Hicks AL. Comparison of the effects of body-weight-
tion et/ou de l’autoentretien. supported treadmill training and tilt-table standing on spasticity in
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Patten C, Condliffe EG, Dairaghi CA, Lum PS. Concurrent neurome-
chanical and functional gains following upper-extremity power training
• Le terme de spasticité désigne, au-delà de la seule post-stroke. J Neuroeng Rehabil 2013;10:1.
exagération du réflexe myotatique, les troubles moteurs [15] Floeter MK, Danielian LE, Kim YK. Effects of motor skill learning on
reciprocal inhibition. Restor Neurol Neurosci 2013;31:53–62.
involontaires le plus souvent associés lors des atteintes de [16] Moon SW, Kim JH, Jung MJ, Son S, Lee JH, Shin H, et al. The effect of
la voie motrice corticospinale. extracorporeal shock wave therapy on lower limb spasticity in subacute
• La spasticité n’est qu’un des symptômes pouvant gêner stroke patients. Ann Rehabil Med 2013;37:461–70.
la motricité. Elle ne doit pas toujours être traitée, seul son [17] Lee JY, Kim SN, Lee IS, Jung H, Lee KS, Koh SE. Effects of extracor-
retentissement réel doit être pris en compte. poreal shock wave therapy on spasticity in patients after brain injury:
• L’indication d’un traitement doit être précisément a meta-analysis. J Phys Ther Sci 2014;26:1641–7.
[18] Murillo N, Valls-Sole J, Vidal J, Opisso E, Medina J, Kumru H.
réfléchie et celui-ci instauré sur la base d’objectifs person- Focal vibration in neurorehabilitation. Eur J Phys Rehabil Med
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tiel. [20] Casini L, Romaiguère P, Ducorps A, Schwartz D, Anton JL, Roll JP.
• Les traitements médicamenteux per os doivent être évi- Cortical correlates of illusory hand movement perception in humans:
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tés en phase aiguë d’une affection du SNC, notamment
[21] Barros Galvão SC, Borba Costa dos Santos R, Borba dos Santos P,
AVC, traumatisme crânien. Tout traitement, notamment Cabral ME, Monte-Silva K. Efficacy of coupling repetitive transcra-
médicamenteux, doit être régulièrement réévalué. nial magnetic stimulation and physical therapy to reduce upper-limb
• Les traitements et les principes d’indications sont les spasticity in patients with stroke: a randomized controlled trial. Arch
mêmes quelle que soit l’étiologie. Phys Med Rehabil 2014;95:222–9.
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A. Yelnik (alain.yelnik@lrb.aphp.fr).
V. Quintaine.
M. Jousse.
Service de médecine physique et de réadaptation, Hôpitaux universitaires Saint-Louis, Lariboisière, Fernand-Widal, Université Paris Diderot, 200, rue du
Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris, France.
F. Genet.
Service de médecine physique et de réadaptation, Hôpital Raymond-Poincaré, Université Versailles-Saint-Quentin, 104, boulevard Raymond-Poincaré, 92380
Garches, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Yelnik A, Quintaine V, Jousse M, Genet F. Traitements de la spasticité. EMC - Neurologie 2016;13(1):1-11
[Article 17-046-U-15].

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