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Métastases cérébrales
C. Chargari, G. Kaloshi, A. Benouaich-Amiel, M. Lahutte, K. Hoang-Xuan, D. Ricard
On estime que 25 % des patients souffrant d’un cancer développeront des métastases cérébrales. Les
cancers du poumon et du sein représentent plus de la moitié des tumeurs d’origine. Le traitement des
métastases cérébrales est palliatif. Il améliore l’état de près de trois patients sur quatre en prolongeant
parfois la durée de vie, mais surtout en lui offrant une qualité de vie. La chirurgie et la radiochirurgie
stéréotaxique constituent actuellement le traitement de choix chez des patients sélectionnés, mais la
radiothérapie encéphalique in toto demeure le traitement de référence en cas de métastases multiples qui
ne peuvent bénéficier des traitements focaux. Avec l’avènement des thérapies ciblées et de nouvelles
chimiothérapies, la place des traitements systémiques est en cours de réévaluation.
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“ À retenir
niques par les cellules tumorales [8] . Cependant, toutes les
cellules tumorales circulantes ne sont pas aptes à générer une
métastase [9]. Elles doivent résister aux chocs mécaniques liés à
la pression sanguine et à la friction dans les capillaires et
Principaux gènes impliqués dans le processus
échapper aux défenses immunitaires de l’hôte (cellules natural
métastatique (d’après [3, 4])
killer [NK], lymphocytes T et macrophages). On estime que
• Perte de fonction moins de 1 % des cellules cancéreuses circulantes sont encore
C E-cadhérine (adhérence) vivantes à 24 heures, et que 0,01 % peut finalement s’implanter
C Vinculine (interaction avec le cytosquelette) dans l’organe cible.
C Intégrine a4b1 (adhérence)
C nm23 (transduction du signal) Arrêt dans l’organe cible
C TIMP1,2 (régulation des protéases)
La dissémination au cerveau s’effectue par voie hématogène.
• Gain de fonction
Les cellules doivent donc traverser le tissu pulmonaire ce qui
C MMP11 (dégradation de la matrice) expliquerait que deux tiers des patients souffrant de MC
C MMP9 (collagénase IV) présentent également des lésions pulmonaires. Les métastases
C MMP2 (collagénase IV) pourraient également atteindre le cerveau via une voie sanguine
C CD44 (récepteur à l’acide hyaluronique) rétrograde, le plexus veineux de Batson [10], reliant directement
C CDv4-v7, v6-7 (récepteur à l’acide hyaluronique et le plexus veineux sacré aux plexus veineux cérébraux, bien que
autres) cette voie d’accès reste discutée. Alors que la localisation
C a(1-2) fucosyltransférase (glycosylation) préférentielle au parenchyme cérébral de certains cancers reste
C Intégrine a2b1 (adhérence) mal expliquée, il existe deux principales hypothèses dites
C Intégrine a6b1 (adhérence) « mécanique » et « adhésive », probablement intriquées.
C mts1/P9ka (transduction du signal) Dans l’hypothèse « mécanique » ou hypothèse d’Ewing [11], la
C Tiam-1 (transduction du signal) localisation métastatique dépend du trajet emprunté par les
cellules tumorales, du débit et du volume sanguin : l’embole
C EGFR ligand HBEGF (croissance, motilité, invasion)
métastatique, après avoir été libéré dans la circulation générale,
C COX2 (facteur de perméabilité)
obstrue un capillaire où il provoque des microlésions. Dans un
C ST6GALNAC5 (interactions cellulaires) second temps, il se fixe à la paroi vasculaire lésée et envahit le
C VEGF-R (angiogenèse) tissu hôte. La distribution des MC, concernant volontiers les
C FOXC1 (facteur de transcription) territoires distaux des principales artères et les zones de jonctions
C CDH2, KIFC1, FALZ3 (N-cadhérine) entre substance grise et substance blanche, est un argument en
C HDAC1, JAG2 (voie NOTCH) faveur de cette hypothèse microembolique. Cependant ce méca-
C HOXB9 (facteur de transcription) nisme ne peut expliquer à lui seul le tropisme cérébral de
C LEF1 (facteur de transcription) certaines tumeurs. En effet, à l’autopsie, les MC sont retrouvées
C HK2 (métabolisme glucidique) dans seulement 5 % des cancers du foie et dans 70 % des
C HER2 (récepteur tyrosine kinase) mélanomes, ce qui suggère un mécanisme d’interaction spécifique
entre les cellules tumorales et les cellules de l’organe « cible ».
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a b c d
Figure 2. Rôle de l’adhésion dans la spécificité des localisations membranaires (hypothèse « adhésive »). Après ralentissement de la cellule tumorale dans les
microcapillaires (a), des ligands spécifiques situés sur la cellule tumorale (1) circulante peuvent être reconnus par des récepteurs situés sur la cellule endothéliale
(2) (b). La sécrétion de métalloprotéases (4) de la matrice (3) (c) permet le franchissement de la membrane basale et l’invasion du tissu cérébral (d).
L’hypothèse « adhésive » a été soulevée initialement par Paget impliqués dans la survie et la différenciation neuronales comme
sous la dénomination seeds and soil hypothesis [8, 12], supposant le nerve growth factor [NGF] par exemple) semblent favoriser le
une affinité entre les cellules tumorales et un environnement développement de MC des mélanomes qui expriment des
favorisant leur implantation et leur croissance. Schématique- récepteurs aux neurotrophines [20]. Il a ainsi été démontré que
ment, des molécules de surface exprimées par les cellules dans ces cellules, la surexpression de p75NTR était associée à la
endothéliales cérébrales et spécifiques des molécules exprimées colonisation cérébrale et à la dégradation de la matrice extracel-
par les cellules tumorales permettraient leur fixation et leur lulaire. La synthèse de neurotrophines par les cellules gliales
extravasation dans le parenchyme. Plusieurs travaux confortent pourrait être régulée en retour par les cellules métastatiques
cette hypothèse, notamment concernant les métastases de elles-mêmes [21].
mélanomes (interaction entre intégrines et molécules d’adhé-
sion vasculaire comme vascular cell adhesion molecule-1 [VCAM-
1]) [13]. Par ailleurs, des études in vitro ont montré que Néoangiogenèse métastatique
l’expression par le parenchyme cérébral d’une chimiokine,
CXCL12, ligand d’un récepteur CXCR4 exprimé par les cellules Plusieurs études ont souligné le rôle du vascular endothelial
tumorales mammaires, favorisait l’invasion des cellules métas- growth factor (VEGF) dans la formation et la croissance des MC.
tatiques à travers l’endothélium [14, 15]. Permettant d’assurer une croissance tumorale continue, l’angio-
genèse est sous le contrôle de plusieurs facteurs proangiogéniques,
dont le VEGF [22] . Son expression accrue semble corrélée à
Invasion du tissu cérébral
l’apparition de MC dans des modèles animaux de cancers du
L’invasion du tissu « hôte » est une étape primordiale dans la sein [23].
genèse des métastases : des études sur modèles murins ont
montré que 80 % des cellules de mélanomes injectées s’extra- Régulation moléculaire de la croissance
vasaient dans l’organe cible (dans cette étude il s’agissait de
métastatique
métastases hépatiques) mais que seulement 3 % de ces cellules
formaient des micrométastases et 1 % des macrométastases [16]. Il existe de nombreux gènes régulateurs de la croissance
L’invasion du parenchyme cérébral implique une modification tumorale. Parmi eux, les gènes suppresseurs de tumeurs se
des capacités d’adhésion cellulaire et un remodelage de la distinguent des proto-oncogènes par leur capacité à stopper ou
matrice extracellulaire : les intégrines et les enzymes de dégra-
ralentir le processus métastatique en divers points de la cascade
dation de la matrice extracellulaire (MMP, activateurs du
de régulation de la croissance tumorale. Ainsi, le gène nm23 a
plasminogène) sont donc des molécules clés de ce phénomène
été décrit dans les cancers du sein et les mélanomes. Des études
(Fig. 2).
in vitro récentes ont montré que sa surexpression réduisait la
Les MMP permettent la dégradation de la matrice extracellu-
croissance tumorale induite par TGF-b, ainsi que les propriétés
laire et leur expression (MMP2, MMP3 et MMP9 notamment)
est augmentée au sein des MC [17]. En parallèle, sur modèle invasives des cellules tumorales, par une différenciation cellu-
murin, la surexpression d’un inhibiteur de MMP réduit le laire accrue. Les patients souffrant d’un mélanome et présentant
nombre de MC [18]. une expression faible de nm23 seraient à risque accru de
Le processus d’invasion est généralement activé dès l’adhé- développer des MC [24] . Le gène CD82 code une protéine
sion des cellules tumorales à l’endothélium et repose en grande régulant l’adhésion, la croissance et la différenciation cellulaire.
partie sur les interactions entre les cellules tumorales et le Son expression est inversement corrélée à la présence de
microenvironnement cérébral. Ainsi, les cellules métastatiques métastases dans le cancer du sein et le mélanome. CD44 code
de mélanome synthétisent plusieurs molécules telles que le basic une glycoprotéine impliquée dans l’adhésion des cellules
fibroblast growth factor (bFGF), le transforming growth factor (TGF) tumorales circulantes à l’endothélium. Il est surexprimé dans
ainsi que des interleukines qui induisent la synthèse de facteurs près de 48 % des MC. L’expression de CD44 sauvage est
mitogènes par les cellules gliales environnantes [19]. largement retrouvée dans la tumeur primitive, alors que les MC
En parallèle, les cellules du parenchyme cérébral sécrètent des expriment fréquemment un variant du gène. Ces données
molécules favorisant l’implantation et la croissance des métas- suggèrent que les mutations de CD44 seraient associées à un
tases. Ainsi les neurotrophines (famille de facteurs de croissance potentiel métastatique cérébral accru [25].
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une chirurgie de réduction tumorale associée à une radiothéra- (CBNPC) ont des MC au diagnostic. D’autres facteurs pourraient
pie (RT) et à un traitement par desmopressine [31]. influencer le potentiel métastatique des cancers du poumon,
mais il existe une corrélation entre l’envahissement ganglion-
Métastases durales naire et le risque de développer des MC [46].
Les métastases durales (MD) seraient présentes chez 10 % des
patients décédés de cancer et auraient la même fréquence que Cancer du sein
les méningites carcinomateuses [26] . Les tumeurs les plus
fréquemment à l’origine des MD sont les cancers du sein et les Les MC de cancer du sein ne surviennent que tard dans
cancers du poumon représentant respectivement 50 % et 17 % l’évolution de la maladie métastatique et la moitié des MC
des causes de MD [27]. En termes d’affinité, ce sont encore les resterait asymptomatique. Les MC des cancers du sein ne
cancers du sein puis les mélanomes et les cancers de la prostate s’expriment cliniquement que chez 10 % des patientes au stade
qui ont le plus grand tropisme pour la dure-mère [26, 27]. La IV, et de manière isolée sans autre localisation métastatique dans
dissémination à la dure-mère pourrait se faire selon plusieurs seulement 1 % des cas [39]. Dans une étude rétrospective chez des
voies, dépendant de l’histologie du cancer primitif [38] . La patientes atteintes de cancer du sein et porteuses de MC, 78 %
première voie suppose une extension directe des cellules présentaient des MC multiples, 14 % une MC unique et 8 %
tumorales implantées initialement à l’os du crâne ou au corps souffraient de métastases leptoméningées [47]. L’atteinte associée
vertébral (cancers bronchiques, otorhinolaryngés, prostatiques, de la dure-mère est relativement fréquente et retrouvée jusque
mammaires et sarcomes d’Ewing) avec une dissémination des dans 30 % des cas autopsiques [27]. Le délai moyen entre le
cellules tumorales partant des métastases osseuses par reflux diagnostic du cancer du sein et celui d’une MC est de 2 à 3 ans.
rétrograde de cellules tumorales vers les plexus veineux et par Jusqu’à 33 % des cancers du sein expriment human epidermal
conséquence vers la dure-mère [39]. La seconde voie serait une growth factor receptor-2 (HER-2), connu comme un récepteur à
propagation lymphatique de contiguïté à partir des ganglions l’EGF (erbB2 ou oncogène neu). Cette amplification ou la
cervicaux ; les cellules métastatiques pourraient alors pénétrer surexpression d’HER-2 semble être associée à une forte incidence
les espaces épiduraux par les orifices de la base. Enfin, la voie des MC, estimée à 25 %-41 % [48]. La cause en reste incertaine.
hématogène permettrait la dissémination à partir des artères Le diagnostic différentiel avec un méningiome (dont l’associa-
méningées ou par les sinus veineux via le plexus de Batson. tion avec un cancer du sein est connue) est parfois difficile.
Les MD sont habituellement multifocales et peuvent prendre
une forme nodulaire protrusive dans les espaces sous-duraux et
adhérer à l’arachnoïde. Elles peuvent envahir secondairement Cancers d’origine gastro-intestinale
les leptoméninges (notamment en s’infiltrant le long des nerfs
La fréquence des métastases intracrâniennes au cours de
crâniens) et le parenchyme cérébral. Le diagnostic différentiel
l’évolution d’un cancer gastro-intestinal est de l’ordre de
avec un méningiome est parfois impossible à faire sur l’image-
8 % [27]. La principale cause en est le cancer du côlon, compli-
rie. En dehors de l’envahissement cérébroméningé, les deux
qué de MC dans 5 % à 12 % des cas. Les MC sont localisées
principales complications des MD sont les trombophlébites
dans plus d’un tiers des cas dans la fosse postérieure. Elles sont
cérébrales et les hématomes sous-duraux. Des observations de
associées dans 85 % des cas à des métastases pulmonaires et
MD se compliquant d’occlusion de sinus veineux ont été
dans 50 % à des métastases hépatiques. Les cancers du pancréas
rapportées. Dans une série comportant 23 cas, 15 touchaient le
et de l’estomac métastasent au cerveau respectivement dans 9 %
sinus longitudinal supérieur. Les huit autres concernaient le
et 6 % des cas. Les MC de carcinomes de l’œsophage sont
sinus caverneux [27]. Les hématomes sous-duraux non traumati-
encore plus rares [49]. La rareté des MC de carcinomes gastriques
ques (pachymeningitis interna haemorragica) compliquant une MD
et de l’œsophage pourrait être liée à leur sombre pronostic et au
sont retrouvés avec une fréquence allant de 0,5 % à 4 % [40].
fait que les nausées et vomissements indiquant une hyperten-
Dans une série de 216 patients porteurs de MC, Meyer et al.
sion intracrânienne (HTIC) puissent être attribués à la tumeur
rapportaient 26 cas d’envahissement de la dure-mère, dont neuf
primitive, retardant ainsi le diagnostic d’une MC [50].
étaient associés à un hématome [41] . Ils proviendraient du
saignement direct de la MD.
Cancer du rein
Métastases de la région pinéale
Les MC de cette région sont rares, représentant 0,3 % à 4 % Des études autopsiques retrouvent une fréquence plus élevée
de la totalité des MC [42]. Les plus fréquentes sont les métastases variant de 10 % à 24 % [27]. La majorité des MC sont nodulaires
de cancer du poumon (surtout le cancer bronchique à petites et multiples et associées à d’autres localisations, surtout
cellules [CPC]) [43], suivies par celles du cancer du sein et des pulmonaires. La localisation des MC est habituellement supra-
autres tumeurs (mélanome, carcinome gastrique et cancers rénal tentorielle [51] et les MC sont pratiquement toujours associées à
et colorectal). La physiopathologie reste incertaine. Dans une dissémination métastatique extracrânienne (90 %). Hyper-
environ 50 % des cas, les MC de la région pinéale constituent vascularisées, elles peuvent présenter une hémorragie intratu-
la seule manifestation de la maladie métastatique [44]. morale évocatrice.
Mélanomes
■ Caractéristiques selon la tumeur
Bien qu’ils ne représentent que 2 % des cancers, ils corres-
d’origine pondent à une cause majeure de métastases intracrâniennes
(4 % à 10 % des MC) en raison de leur affinité cérébrale,
Cancers du poumon particulièrement marquée pour le cortex et les noyaux gris [52].
L’incidence des MC varie de 6 % à 43 % selon les séries
Les CPC sont les cancers du poumon les plus neurophiles cliniques et de 12 % à 90 % selon les séries autopsiques [53, 54].
devant les adénocarcinomes et les carcinomes épidermoïdes qui Le délai moyen entre le diagnostic de mélanome primaire et
métastasent respectivement au cerveau dans 70 %, 50 % et 32 % celui d’une MC est de 3,7 ans [55]. Elles sont multiples dans plus
des cas autopsiques [27]. En ce qui concerne les CPC, 10 % des de deux tiers des cas. Près de 30 % d’entre elles sont hémorra-
patients ont déjà des MC au bilan initial et ce taux augmente à giques. Les enveloppes sont fréquemment affectées, jusqu’à
80 % après 2 ans de survie [45]. Les MC des CPC sont pratique- 50 % dans une série autopsique et plus particulièrement la dure-
ment toujours multiples et associées dans plus de trois cas sur mère (32 %) [27]. Les MC sont associées dans trois quarts des cas
quatre à d’autres localisations métastatiques. Près de 10 % des à d’autres localisations métastatiques extracrâniennes. Dans
patients porteurs d’un cancer bronchique non à petites cellules 10 % des cas, le mélanome primitif n’est pas retrouvé.
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A B C
Figure 3. Imagerie par résonance magnétique (IRM) d’une métastase unique nodulaire occipitale droite d’un cancer à primitif inconnu.
A. Hypo-intensité en séquence T1.
B. Rehaussement nodulaire lors de l’injection de gadolinium.
C. Séquence fluid attenuated inversion recovery (Flair).
A B
Figure 4. Imagerie par résonance magnétique (IRM) de métastases cérébrales multiples d’un cancer du sein.
A. Coupe axiale en pondération T1 injection, montrant des nodules à rehaussement périphérique plutôt en région cortico-sous-corticale, métastases
partiellement nécrotiques.
B. Coupe axiale transverse en pondération T2 fluid attenuated inversion recovery (Flair), mettant en évidence de l’œdème périlésionnel en hypersignal
T2 périphérique.
A B C
Figure 5. Imagerie de métastases cérébrales hémorragiques.
A, B. Imagerie par résonance magnétique (IRM) d’une métastase frontale droite hémorragique, séquence T2* (A), séquence T1 avec injection (B), inaugurale
d’un cancer du rein.
C. Tomodensitométrie sans injection : hyperdensités spontanées correspondant à des métastases multiples hémorragiques d’un mélanome malin.
traitements. Cependant, aucune image n’est spécifique et le L’absence d’angiogenèse suggère l’existence d’une pseudotumeur
diagnostic de certitude reste toujours un diagnostic histologique. (nécrose postradique, abcès cérébral). Les valeurs de rCBV
supérieures ou égales à 1,5 fois la normale sont typiques de
l’existence d’une MC. L’évaluation de l’œdème péritumoral
Tomodensitométrie cérébrale permet d’affiner le diagnostic différentiel entre MC unique et
La majorité des MC de diamètre supérieur à 5 mm est gliome de haut grade : le rCBV péritumoral de la MC est
visualisée au scanner cérébral. Cet examen conserve un intérêt inférieur à celui de la substance blanche (en raison d’un œdème
pour confirmer l’existence de calcifications qui concernent vasogénique pur et d’une augmentation de l’eau interstitielle),
moins de 10 % des MC de cancers du poumon et du sein. Il alors que le rCBV péritumoral du gliome de haut grade lui est
permet de détecter des hémorragies intra-MC. supérieur (en raison d’une infiltration tumorale des espaces
périvasculaires et d’une néovascularisation) [78]. L’IRMp peut être
utile aussi dans le diagnostic différentiel entre les MC avec un
Imagerie par résonance magnétique attachement dural et les méningiomes, diagnostic qui reste
cérébrale difficile à préciser avec les examens conventionnels. Le rCBV
d’un méningiome est très élevé (proche de neuf fois la normale,
L’IRM possède une sensibilité accrue (plus d’un tiers des en raison d’une hypervascularisation) alors que le rCBV des MC
patients avec une MC unique au scanner ont de multiples est modérément élevé (proche de 1,8 fois la normale) [79].
lésions en IRM avec injection [75]) et permet d’explorer la fosse
postérieure et la région de la voûte du crâne, souvent mal Imagerie par résonance magnétique
visualisées à la TDM. L’extension tumorale et le retentissement spectroscopique
sur le parenchyme cérébral environnant sont également mieux
Cet examen permet une évaluation semi-quantitative des
appréciés. L’injection de gadolinium est nécessaire car certaines
métabolites présents dans le volume cérébral choisi (Fig. 6). Les
MC peuvent être iso-intenses en T1. La plupart des MC présen-
métabolites les plus fréquemment mentionnés sont : la choline
tent un signal moins intense que le parenchyme cérébral en
(marqueur de la synthèse de la membrane cellulaire), le lactate
séquence T2 alors que l’œdème entraîne un hypersignal. Les
(marqueur d’une glycolyse anaérobique), le N-acétylaspartate
MC des mélanomes peuvent apparaître hyperintenses sponta-
(NAA) (marqueur de la densité et de la viabilité neuronale), la
nément en T1 du fait de leur contenu riche en mélanine qui a
créatinine (marqueur de l’énergie cellulaire) et les lipides
des propriétés intrinsèques paramagnétiques. L’IRM avec une
(marqueurs de nécrose). La spectroscopie à multiples voxels
triple dose de gadolinium (0,3 mmol/kg) semble être plus
permet une évaluation précise des lésions cérébrales, différen-
efficace dans la détection des lésions petites et/ou asymptoma-
ciant l’œdème péritumoral du parenchyme voisin ou controla-
tiques, permettant de rectifier un diagnostic erroné de métastase
téral. La spectroscopie des MC est caractérisée par une élévation
unique chez 25 % des patients [76]. L’amélioration des machines
des signaux de choline, lactates et lipides et une diminution des
d’IRM (3,0 teslas) devrait permettre d’améliorer encore la
signaux de NAA et de créatinine. En conséquence, il existe une
détection des MC les plus petites [77].
augmentation des rapports choline/créatinine et une diminu-
tion du rapport NAA/créatinine. L’évaluation péritumorale aide
Imagerie par résonance magnétique de perfusion au diagnostic différentiel entre MC et gliomes de haut grade : le
pic de choline est diminué dans les MC et élevé dans les
Cet examen permet une cartographie des variations de la
gliomes malins [37].
microperfusion cérébrale liées aux différences intrinsèques entre
les systèmes capillaires tumoraux et non tumoraux. L’IRMp
Imagerie par résonance magnétique de diffusion
permet d’évaluer le degré de la vascularisation de la tumeur et
donc son caractère malin. Cette méthode utilise les change- L’IRM de diffusion conventionnelle permet de détecter les
ments du signal en T2 pendant le passage de contraste à travers mouvements aléatoires (browniens) des molécules d’eau dans le
le système vasculaire cérébral. Le volume du sang cérébral relatif parenchyme cérébral, utilisant un coefficient moyen de diffu-
(rCBV) est un reflet précis de la néovascularisation tumorale [37]. sion locale. Certains auteurs n’ont pas retrouvé de différence
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Figure 6. Métastase cérébrale unique et prévalente explorée en IRM multimodalité, faisant découvrir une néoplasie pulmonaire métastatique (foie, os).
A. Coupe axiale transverse IRM de l’encéphale en pondération T2 fluid attenuated inversion recovery (Flair), montrant un processus intra-axial frontal gauche
associé à une plage d’œdème périlésionnel, avec effet de masse sur les structures médianes.
B. Coupe axiale à même hauteur, en pondération T1 après injection de produit de contraste, mettant en évidence un rehaussement périphérique de la lésion,
avec centre en hyposignal d’allure nécrotique.
C. Cartographie de la perfusion de premier passage à hauteur de la lésion, ne montrant pas de majoration de la perfusion en regard de la lésion, avec au
contraire diminution de la perfusion. Pas de majoration du débit sanguin cérébral local. Pas de néoangiogenèse.
D. Séquence de spectroscopie par résonance magnétique à temps d’écho court (35 ms) sur la portion charnue de la lésion. Effondrement des pics de
N-acétylaspartate (3), choline (1) et créatine (2). Quantité massive de lipides libres (4) et lactates (5).
significative entre les valeurs des coefficients de diffusion en cas Biopsie cérébrale
de MC et celles observées dans le cas des gliomes de haut grade
ou des lymphomes [80]. Chiang et al. ont cependant mis en La survenue d’une ou plusieurs lésions cérébrales expansives
évidence une différence en utilisant une machine IRM 3,0 tes- prenant le contraste n’est pas pathognomonique de MC. En
las [35]. L’évaluation semi-quantitative de l’œdème péritumoral effet, le risque est de méconnaître une tumeur bénigne ou un
permet en effet de mieux identifier les MC, caractérisées par une processus inflammatoire ou infectieux (toxoplasmose, asper-
diffusion moyenne plus élevée que dans les gliomes [81]. gillome) associé au cancer. La biopsie cérébrale est donc
indiquée, non seulement devant toute tumeur cérébrale surve-
Artériographie nant en l’absence de cancer primitif connu, mais aussi quand
Elle n’est plus utilisée à visée diagnostique. Elle permet de le cancer primitif est connu, en cas d’incertitude sur la nature
visualiser classiquement un blush tumoral arrondi à contour de la lésion cérébrale [30]. En particulier, la possibilité d’un autre
régulier, alimenté par un pédicule artériel et un drainage diagnostic que celui de MC doit être soigneusement envisagée
veineux précoce. La vascularisation tumorale est aujourd’hui quand le cancer primitif est contrôlé ou en rémission depuis
largement évaluée par angio-IRM et IRMp, permettant de plusieurs années, quand la lésion est unique ou s’il existe un
quantifier le rCBV qui semble fortement corrélé au blush contexte infectieux. Patchell et al. [30] ont biopsié 59 patients
tumoral observé en artériographie. cancéreux présentant un aspect de MC unique à la TDM
Bilan systémique à la recherche d’un cancer Groupe Caractéristiques des patients Survie médiane (en mois)
primitif I IK ≥ 70 7,1
Âge < 65 ans
Quand la MC est révélatrice d’un cancer non connu, un bilan Tumeur primitive contrôlée
systémique s’impose : examen clinique complet, scanner
Absence de métastases
thoracique, échographie ou scanner abdominopelvien [82]. Le
extracrâniennes
rendement d’une mammographie systématique dans le bilan est
faible en cas d’examen mammaire normal et en l’absence de II IK ≥ 70 et présence d’un des 4,2
métastases systémiques, en particulier pulmonaires. Un bilan facteurs suivants :
négatif impose une biopsie cérébrale (ou une exérèse) à visée - âge ≥ 65 ans
diagnostique. L’association d’une IRM cérébrale et d’un scanner - tumeur primitive évolutive
thoracique (incluant le foie et les glandes surrénales) permet le
- présence de métastases
plus souvent d’orienter la biopsie. La tomographie par émission extracrâniennes
de positons au 18-flurodésoxyglucose (18-FDG-TEP) permet
aujourd’hui d’affiner le bilan d’extension et de retrouver un III IK < 70 2,3
primitif [83, 84].
IK : index de Karnofsky.
■ Traitement Tableau 5.
Classification Score Index for Radiosurgery (SIR) permettant d’estimer la
But du traitement et facteurs pronostiques survie après radiochirurgie stéréotaxique.
0 point 1 point 2 points
Le traitement approprié des MC constitue un véritable défi.
L’apparition et la progression des MC sont associées à une Âge (ans) ≥ 60 51-60 ≤ 50
morbidité considérable, entraînant le décès dans 30 % à 50 % Indice de Karnofsky ≤ 50 60-70 ≥ 70
des cas. L’évolution naturelle sans traitement est une détériora- Cancer primitif P RP-S RC ou absence
tion clinique et neurologique progressive avec une survie Volume de la lésion (cm3) > 13 5-13 <5
médiane de 1-2 mois. Sous traitement, la survie médiane reste Nombre de lésions ≥3 2 1
faible. L’analyse des causes de décès a montré que la majorité
Classe A : 1-3 points, survie médiane de 2,9 mois ; classe B : 4-7 points,
des patients traités décède des complications extraneurologiques survie médiane de 7 mois ; classe C : 8-10 points, survie médiane de 31,4 mois ;
du cancer et non des conséquences directes des MC. Le traite- P : progression ; RP : réponse partielle ; S : stabilité ; RC : réponse complète.
ment des MC est donc essentiellement palliatif. Le but est
assurément de prolonger la survie des malades mais surtout d’en
préserver au mieux la qualité. De plus, l’amélioration neurolo- radiochirurgie, Weltman et al. ont proposé d’attribuer un Score
gique acquise suite au traitement propre des MC se maintient Index for Radiosurgery (SIR), calculé à partir de cinq facteurs
jusqu’au décès chez plus de la moitié des patients [85]. Les études pronostiques majeurs [92] (Tableau 5).
prospectives réalisées ces vingt dernières années ont mis en
évidence des facteurs pronostiques permettant d’identifier des
sous-groupes de patients et de leur proposer un traitement Évaluation de l’efficacité du traitement
adapté à leur pronostic [86]. Le Radiotherapy Oncology Group
(RTOG) a classé les patients porteurs de MC en trois groupes de Médiane de survie
manière à estimer leur pronostic après RT encéphalique en
C’est l’indice classiquement utilisé, mais il reflète plutôt
totalité (Classification Recursive Partitioning Analysis [RPA]) [87]
l’extension du cancer primitif. De plus, la médiane de survie ne
(Tableau 4). Cette classification intègre l’indice de Karnofsky
rend pas compte de la qualité de survie qui reste le but essentiel
(IK), l’âge, le contrôle de la maladie tumorale systémique et la
du traitement.
présence éventuelle de métastases extracrâniennes. Les patients
d’IK supérieur ou égal à 70, d’âge inférieur à 65 ans, sans
métastase extracérébrale et présentant une tumeur primitive
Évolution des manifestations neurologiques
contrôlée (classe RPA 1) ont une survie médiane de l’ordre de Elle peut être un indice trompeur. Outre sa subjectivité, il faut
7,1 mois. En cas de présence d’un facteur de mauvais pronostic insister sur sa grande sensibilité aux corticoïdes qui rend
(âge ≥ 65 ans et/ou métastases extracérébrales et/ou tumeur l’évaluation des traitements associés difficile. D’autre part,
primitive évolutive), la survie médiane est de l’ordre de l’aggravation ou la réapparition des symptômes ne signifie pas
4,2 mois. Le groupe de plus mauvais pronostic est constitué des toujours une progression ou une récidive tumorale. Elles
patients présentant un IK inférieur à 70. Leur survie médiane est peuvent être par exemple la conséquence d’une encéphalopa-
estimée à 2,3 mois. Ces facteurs pronostiques sont retrouvés en thie métabolique fréquente chez les patients à un stade avancé
cas d’association à une radiochirurgie ou en stratifiant les de la maladie cancéreuse, d’une complication vasculaire (endo-
patients en fonction de l’histologie initiale [88-90]. L’intervalle cardite thrombotique non bactérienne, coagulation intravascu-
entre le diagnostic du cancer primitif et le diagnostic de la MC laire disséminée), d’un processus infectieux cérébral favorisé par
est confirmé comme un facteur pronostique seulement dans les l’immunodépression (méningite, abcès cérébral, infection
carcinomes du sein [91]. Le nombre des métastases constitue un fungique ou autre infection opportuniste), ou de complications
facteur pronostique majeur qui influence le traitement. En retardées de la RT ou de la chimiothérapie [93].
conséquence, les patients des classes RPA 1 et 2 avec des MC
uniques peuvent avoir des taux de survie similaires, d’où une Taux et durée de réponse objective
sous-division de la classification de RTOG pour les classes 1 et
2 : classe 1 avec une MC unique ou non (médiane de survie de L’évaluation la plus objective repose sur les données de
13,5 ou 6,0 mois respectivement) et classe 2 avec une MC l’imagerie IRM. Cette dernière est utilisée en routine après la
unique ou non (médiane de survie de 8,1 ou 4,1 mois respecti- chirurgie pour évaluer le résidu et les complications potentielles.
vement) [71] . Pour les patients éligibles au traitement par La première IRM postopératoire doit être pratiquée dans les 48
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A B
A B
Il a été également suggéré que certains sous-groupes sélec- l’intersection des multiples minifaisceaux d’irradiation conver-
tionnés de patients pourraient bénéficier des nouvelles techni- geant en son centre, évitant les chevauchements de faisceaux.
ques d’irradiation. Ainsi, la tomothérapie hélicoïdale associe RT Cela permet une irradiation avec un gradient très important,
avec modulation de l’intensité et repositionnement guidé par homogène au sein du volume cible, alors que la dose distribuée
l’imagerie. Il a été montré la grande homogénéité dosimétrique à l’extérieur de celui-ci est négligeable. Le traitement s’adminis-
d’une RT encéphalique en totalité par tomothérapie chez des tre le plus souvent en une fraction. La dose délivrée est habi-
patients porteurs d’une à quatre MC, recevant 30 Gy en dix tuellement de 20 Gy au centre de la tumeur et de 15 Gy à la
fractions avec boost intégré dans les sites tumoraux [126]. Par périphérie. Il s’agit donc de techniques peu contraignantes pour
ailleurs, cette technique permettrait de minimiser la dose les malades, qui peuvent se faire en ambulatoire et qui ont
délivrée à l’hippocampe en cas d’irradiation encéphalique en l’avantage de pouvoir éventuellement se combiner aux autres
totalité, suggérant un intérêt potentiel pour limiter la toxicité traitements et en particulier à la RT conventionnelle [128].
neurologique tardive de la RT [127]. Ces nouvelles pistes néces-
sitent cependant d’être validées.
À l’heure actuelle, ces stratégies d’amélioration de l’efficacité Résultats
de la RT restent limitées au cadre de protocoles expérimentaux ;
L’analyse de la littérature est rendue difficile par l’hétérogé-
il est primordial de proposer ces protocoles aux patients.
néité des séries qui comportent souvent au sein de la même
étude des MC uniques et des MC multiples, traitées en première
Radiochirurgie intention ou à la rechute, en association ou non avec une RT
de l’encéphale in toto. De plus, en raison de la sélection des
patients traités, il est difficile de comparer objectivement les
Méthode et indication
résultats obtenus avec ceux des autres traitements. La radiochi-
Cette technique de RT permet de délivrer de manière extrê- rurgie permet d’obtenir une réponse dans plus de 80 % des cas,
mement précise une irradiation focale à haute dose dans un le taux de contrôle local à 1 an étant supérieur à 70 % dans la
volume tumoral sphérique, dont le diamètre ne dépasse pas plupart des séries et la médiane de survie de l’ordre de 12 mois
3 cm, tout en préservant le tissu périphérique. Les MC sont de (Fig. 8). La médiane de survie est comparable à celle obtenue
bonnes candidates dans la mesure où elles sont souvent bien pour les patients traités par chirurgie et RT conventionnelle
circonscrites et de petite taille. Différents systèmes ont été (Tableau 9). Les décès neurologiques représentent environ 30 %
imaginés pour réaliser cette irradiation avec une précision de des cas et sont dus le plus souvent à l’apparition de nouvelles
l’ordre du millimètre. Le Gamma Knife ® unit est un corps MC. De manière paradoxale, les MC de cancers connus pour
sphérique creux contenant 201 sources de cobalt 60 collimatées être les plus radiorésistants (comme les adénocarcinomes rénaux
individuellement vers l’isocentre. Une collimation secondaire est ou les mélanomes) sont les plus sensibles à la radiochirurgie [130-
132]. Dans une cohorte de patients traités pour des métastases
faite par un casque d’acier amovible percé de 201 trous dont les
axes convergent aussi vers l’isocentre. La tête du patient est classiquement considérées comme radiorésistantes, l’association
placée de telle sorte que le centre de la lésion à traiter coïncide d’une radiochirurgie à la RT encéphalique en totalité permettait
avec l’isocentre du casque. La seconde technique de radiochi- d’obtenir un excellent contrôle local à 6 mois [133]. Le traite-
rurgie est la « RT pendulaire par minifaisceaux de rayons X de ment est dans la très grande majorité des cas bien toléré et les
haute énergie en condition stéréotaxique ». Cette technique a radionécroses et/ou œdèmes symptomatiques, souvent contrô-
l’avantage par rapport au Gamma Knife® d’utiliser un accéléra- lables par une corticothérapie, ne sont rapportés que dans 5 %
teur linéaire, de coût plus faible et, de plus, utilisable pour les à 15 % des cas [134] . Si l’efficacité de la radiochirurgie est
techniques courantes de RT. Le CyberKnife® est une technique démontrée tant en termes de régression tumorale que de qualité
récente non invasive de radiochirurgie, qui associe un accéléra- de vie des patients, sa place dans la stratégie thérapeutique des
teur linéaire miniaturisé et un bras robotisé permettant d’orien- MC reste à déterminer. Son intérêt apparaît clairement pour les
ter le faisceau dans toutes les directions de l’espace parfaitement MC en récidive après traitement conventionnel [134]. En revan-
adapté à l’irradiation en conditions stéréotaxiques. Quelle que che, dans le traitement de première intention, on ne sait pas
soit la technique utilisée, la dose est délivrée à la cible par actuellement s’il faut préférer la radiochirurgie à la chirurgie
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Tableau 10.
Résultats des taux de réponse et des survies des chimiothérapies dans les métastases cérébrales par cancer.
Séries Année Cancer n Protocole R (%) MS (mois)
Hildebrand 1975 Sein 11 CCNU, M, V 45 -
Malgré le rationnel biologique et clinique à l’utilisation des qu’en cas d’hématome intracérébral secondaire à une hydro-
antiangiogéniques en situation métastatique chez les patients céphalie pour un drainage ventriculaire. En dehors de cette
traités pour un cancer du sein, un CPNPC ou un cancer colo- situation particulière, le choix du traitement repose sur l’analyse
rectal, leur utilisation a été classiquement contre-indiquée en de trois paramètres :
cas de MC compte tenu du risque hémorragique cérébral • la nature du cancer primitif : elle conditionne en grande
théorique. Un essai clinique de phase II chez 115 patients traités partie la sensibilité aux traitements ; ainsi, les MC de chorio-
en première ou deuxième ligne métastatique pour un CBNPC carcinome peuvent être guéries par la seule chimiothérapie,
vient de rapporter des résultats suggérant que le bévacizumab alors qu’une MC d’un adénocarcinome rénal ou du côlon est
était plutôt bien toléré. En particulier, aucun événement le plus souvent radio- et chimiorésistante ;
hémorragique de grade supérieur ou égal à 2 n’a été • le bilan neurologique : l’état fonctionnel du patient en début
observé [152]. Il convient de rester prudent face à cette prescrip- de traitement est un facteur pronostique important aussi bien
tion chez les patients porteurs de MC. pour la durée que pour la qualité de vie ; l’analyse de l’IRM
précise le nombre, la taille et le siège des MC et permet
d’apprécier l’opérabilité des lésions ainsi que l’indication à
■ Stratégies thérapeutiques une éventuelle radiochirurgie ;
• le bilan systémique : il doit apprécier si la tumeur initiale est
en rémission ou non, rechercher une dissémination métasta-
Généralités tique systémique et évaluer les possibilités de contrôler
l’éventuelle extension extraneurologique de la tumeur
La présence de signes d’HTIC et d’engagement cérébral primitive ; ce bilan doit permettre de prévoir l’espérance et la
nécessite un traitement d’urgence comprenant des corticoïdes à qualité de vie du patient si les MC sont traitées de manière
forte dose, des agents osmotiques, voire une hyperventilation. adéquate et guider le choix thérapeutique ; l’âge et l’état
La RT immédiate est déconseillée car elle risquerait d’aggraver général du patient doivent être également pris en compte.
l’œdème cérébral, et la chirurgie en urgence n’est indiquée L’analyse rigoureuse des facteurs pronostiques de réponse au
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18 Creator Trial Neurologie
Métastases cérébrales ¶ 17-255-A-10
traitement ou de toxicité constitue aujourd’hui un enjeu de distance. Le taux de réponse de la radiochirurgie dans les
la prise en charge des MC [12]. récidives est similaire à celui obtenu pour les MC traitées en
première intention et avoisine les 80 %, mais la probabilité de
Cancer primitif en rémission complète rechute serait plus grande [154]. La médiane de survie varie selon
les séries de 6 à 11 mois. En 2008, Chao et al. ont rapporté leur
ou introuvable expérience de radiochirurgie pour le traitement des récidives
Un traitement radical doit être tenté. Lorsqu’il existe moins cérébrales après RT encéphalique. La survie médiane à partir de
de trois MC chirurgicalement accessible(s), une exérèse chirur- la date du diagnostic était de 17,7 mois. Après la récidive, la
gicale peut être proposée, surtout si une étude histologique est survie médiane était de 9,9 mois. Un délai supérieur à 6 mois
nécessaire (pas d’autre site accessible). La radiochirurgie, qui entre l’irradiation et la récidive constituait un élément de bon
s’adresse aux MC de petite taille (diamètre inférieur à 3 cm), pronostic. Dans les suites de la radiochirurgie, 25 % des patients
semble pouvoir remplacer la chirurgie [97] et des études rando- présentaient une récidive dans le lit tumoral [155].
misées sont actuellement en cours pour le confirmer [153]. En
pratique courante, la radiochirurgie est souvent préférée à la
chirurgie pour les cas de MC uniques ou multiples potentielle-
Réirradiation cérébrale
ment opérables, pour des raisons de simplicité de traitement. Bien que rarement proposée en routine clinique, la réirradia-
Mais les meilleures indications restent les MC uniques inopéra- tion cérébrale peut constituer une option quand une nouvelle
bles ou multiples (moins de quatre lésions). chirurgie ou une radiochirurgie sont exclues [156]. Peu d’études
La RT encéphalique en complément du traitement focal se sont intéressées à la réirradiation cérébrale dans les MC et les
améliore certainement le contrôle local [133]. Cependant, en protocoles proposés varient d’une dose unique de 10 Gy à une
l’absence d’impact démontré sur la survie globale des patients dose de 20 à 25 Gy délivrée par fraction quotidienne de 2 ou
et du risque de neurotoxicité radique, la RT encéphalique in 3 Gy. Le taux d’amélioration neurologique varie selon les études
toto complémentaire peut être réservée à la récidive cérébrale,
en particulier pour les cancers connus pour leur faible radiosen-
sibilité. Lorsque les conditions d’une exérèse chirurgicale ou
d’une radiochirurgie ne sont pas réunies, une RT éventuelle-
ment associée à une chimiothérapie, en fonction du cancer
primitif, est proposée.
“ Points essentiels
• Plus de 20 % de patients atteints de cancer systémique
Cancer primitif présentant
vont présenter des MC au cours de leur évolution.
une dissémination systémique • L’amélioration de la survie globale des patients atteints
Si le patient présente une ou des MC (moins de quatre) de de cancer, liée à l’efficacité des traitements systémiques,
petite taille, la radiochirurgie constitue le traitement de choix explique le nombre croissant de patients atteints de MC.
en raison de son efficacité et surtout de son caractère peu • Les cancers pourvoyeurs de MC les plus fréquents sont
contraignant pour des patients souvent en mauvais état général. dans l’ordre décroissant : le poumon, le sein, le mélanome
Si la (ou les) MC ne relève(nt) pas de la radiochirurgie mais est représentant la grande majorité des cas.
(sont) susceptible(s) d’être retirée(s) chirurgicalement, l’indica- • En cas de MC inaugurale de la néoplasie, le cancer
tion opératoire dépend, au vu du bilan systémique, de l’espé- primitif demeure inconnu malgré un bilan exhaustif dans
rance de vie et de la qualité de vie que peut espérer le patient
15 % des cas.
après l’intervention. Si l’on considère que le geste chirurgical
• Le pronostic des patients souffrant de MC est sombre
s’avérera efficace, mais que le patient ne conservera que 2 ou
3 mois de vie de mauvaise qualité, en raison de l’évolutivité de avec une médiane de survie de 3-4 mois, mais la majorité
la dissémination systémique du cancer, il vaut mieux ne pas de ces patients décède de l’évolution systémique du
opérer et proposer une RT encéphalique totale avec un schéma cancer.
peu fractionné. Si la (ou les) MC ne peuvent bénéficier ni d’une • Le traitement des MC est palliatif et a pour but de
radiochirurgie, ni d’une chirurgie, le choix est relativement prolonger la survie mais surtout d’améliorer ou de
simple et le traitement comporte une RT conventionnelle préserver les fonctions neurologiques et ainsi la qualité de
éventuellement associée à une chimiothérapie. Dans tous les vie.
cas, proposer au patient une inclusion dans un protocole reste • Un traitement antiépileptique préventif n’est pas
une alternative à encourager. recommandé en l’absence de crises antérieures.
• La prise en charge des MC repose sur une stratégie
■ Traitement des récidives multidisciplinaire et s’inscrit dans l’évaluation individuelle
du rapport bénéfice/risque.
Plusieurs possibilités thérapeutiques doivent être discutées • Les traitements focaux de métastases uniques ou en
devant une récidive de MC opérée. Leurs indications ne sont nombre limité (inférieur à trois) par la chirurgie ou la
pas encore bien définies. radiochirurgie ont montré leur bénéfice chez des patients
sélectionnés. Les deux techniques n’ont pas été
Réintervention chirurgicale comparées dans cette indication.
• Après traitement focal (radiochirurgie ou chirurgie) des
Environ la moitié des patients qui ont subi une exérèse de MC, la RT complémentaire encéphalique in toto améliore
leur MC va récidiver. Les rechutes se font au site initial dans un
le contrôle local, mais n’a pas d’impact démontré sur la
tiers ou deux tiers des cas selon les séries. En moyenne, 30 %
survie globale. Comme elle expose les patients à un risque
des MC en rechute sont susceptibles d’être réopérées. La
réintervention est une mesure efficace entraînant une améliora- de complications neurocognitives, son indication en
tion neurologique dans plus des deux tiers des cas, qui persiste première ligne de traitement dans ce contexte est
en moyenne 6 mois. controversée et souvent réservée en cas de récidive.
• La RT encéphalique totale demeure en revanche le
Radiochirurgie traitement de première intention des MC multiples
(supérieures à 3) ou ne relevant pas de traitements focaux
Quand elle est réalisable (MC de petite taille), la radiochirur- (chirurgie, radiochirurgie).
gie constitue le traitement de choix des rechutes locales ou à
de 25 % à plus de 50 % [157] et la médiane de survie à partir de [17] Jaalinoja J, Herva R, Korpela M, Hoyhtya M, Turpeenniemi-Hujanen T.
la seconde irradiation va de 2 à 5 mois. La réponse persiste Matrix metalloproteinase 2 (MMP-2) immunoreactive protein is
environ 2,5 mois. Le traitement serait relativement bien toléré associated with poor grade and survival in brain neoplasms.
sur le plan neurologique. Les nouvelles techniques de RT J Neurooncol 2000;46:81-90.
pourraient montrer un intérêt en cas de réirradiation. Ainsi, [18] Mendes O, Kim HT, Stoica G. Expression of MMP2, MMP9 and
certains auteurs ont récemment rapporté l’utilisation de la MMP3 in breast cancer brain metastasis in a rat model. Clin Exp
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la chimiosensibilité intrinsèque de la pathologie tumorale. Dans [22] Yano S, Shinohara H, Herbst RS, Kuniyasu H, Bucana CD, Ellis LM,
l’étude de Rosner [141] consacrée aux MC de cancers du sein, la et al. Expression of vascular endothelial growth factor is necessary but
majorité des patients sur lesquels la RT avait échoué a répondu not sufficient for production and growth of brain metastasis. Cancer
à une chimiothérapie. D’autre part, un tiers des patients qui ont Res 2000;60:4959-67.
récidivé après un premier protocole de chimiothérapie a [23] Kim LS, Huang S, Lu W, Lev DC, Price JE. Vascular endothelial growth
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Cytoplasmic expression of nm23 predicts the potential for cerebral
Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright
metastasis in patients with primary cutaneous melanoma. Melanoma
peut donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Chargari C., Kaloshi G., Benouaich-Amiel A., Lahutte M., Hoang-Xuan K., Ricard D. Métastases cérébrales.
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