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17-054-A-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-054-A-10 (2004)

Tuberculose du système nerveux central


C. Bazin

Résumé. – L’endémie tuberculeuse mondiale reste très importante. Elle est aggravée par la co-infection par
le virus de l’immunodéficience humaine. Trente pour cent des cas de tuberculose affectent le système nerveux
central. L’expression clinique est très polymorphe. La tomodensitométrie et la résonance magnétique
nucléaire sont une aide précieuse au diagnostic et au suivi des lésions intracrâniennes et médullaires. Les
méthodes d’identification bactériologique rapide dont celle par la polymerase chain reaction sont en cours
d’évaluation, il est nécessaire de les rendre accessibles aux pays en voie de développement. L’éventualité
d’une tuberculose multirésistante, quoique faible, doit être systématiquement envisagée en raison de
l’importance des flux migratoires des populations. Le traitement est souvent établi avec retard dans les pays
de faible endémie par erreur de diagnostic, dans les pays en voie de développement par difficulté d’accès aux
soins. La fréquence des séquelles neurologiques et psychiatriques est élevée et corrélée avec le score initial de
gravité avant tout traitement.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Méningite tuberculeuse ; Méningoencéphalite ; Tuberculome ; Radiculomyélite ; Tuberculose


multirésistante

Introduction un temps capital pour mettre très vite sur la voie d’une tuberculose,
éventualité évoquée souvent trop tardivement dans les pays de
Le nombre annuel de nouveaux cas de tuberculose est estimé à huit faible endémie. [42]
millions, les décès entre deux et trois millions et les projections La notion d’un contage possible dans les mois ou années passés, le
prévoient pour 2005 12 millions de nouveaux cas dont 30 % environ fait d’avoir vécu dans un pays de forte endémie, un contexte social
correspondront à une pathologie du système nerveux central. [25] défavorable, une thérapeutique immunosuppressive (traitement
Ce risque, très élevé dans les pays de forte endémie, est en fait récent par des corticoïdes) une pathologie associée (infection par le
omniprésent et une pathologie immunosuppressive, telle que le VIH, diabète, cancer, alcoolisme) sont autant d’éléments pouvant
virus de l’immunodéficience humaine (VIH), peut en augmenter faire craindre une tuberculose. Les personnes originaires du
brusquement l’incidence. L’émergence de Mycobacterium tuberculosis Maghreb, les sujets de race noire, sont particulièrement sensibles à
(MT) multirésistants à la fin des années 1980, s’il elle n’a pas pris la tuberculose.
l’ampleur que l’on pouvait craindre, reste toutefois une menace Très schématiquement, la tuberculose du système nerveux central
permanente. (SNC) peut être à l’origine :
L’atteinte du système nerveux central est une des expressions les – d’une méningite et/ou d’une méningoencéphalite ;
plus sévères de la tuberculose. Le retard au diagnostic, en raison de
– d’une atteinte médullaire ou radiculaire ;
difficultés d’accès aux soins dans les pays pauvres, de la faible
incidence de la maladie dans les pays occidentaux en faisant une – d’une lésion expansive intracrânienne ou intramédullaire.
maladie rare, reste un des principaux facteurs d’échec. [79] Les
nouvelles techniques d’identification de MT et les progrès de
l’imagerie médicale devraient contribuer à améliorer le pronostic. Méningite ou méningoencéphalite
L’endémie tuberculeuse est particulièrement élevée dans les pays en
voie de développement, singulièrement en Afrique où les sujets de CONDITIONS DE SURVENUE
race noire sont très sensibles à la tuberculose, en Extrême-Orient, La dissémination hématogène et la constitution d’un granulome
dans certains pays d’Amérique Centrale et en Europe de l’Est, plus tuberculeux méningé sont probablement contemporaines de la
particulièrement depuis la dissolution de l’Union des républiques primo-infection. Le délai entre celle-ci et la méningite est très
socialistes soviétiques (URSS). En raison des flux migratoires et des variable, 6 mois à 2 ans chez l’adulte, rarement plus, il est très court
mauvaises conditions sociales des immigrants dans les pays chez le nourrisson, moins de 3 mois.
occidentaux, il est prudent de considérer la tuberculose comme une Chez le nourrisson, la primo-infection est due à une contamination
menace omniprésente. massive à peu près toujours par un membre de la famille,
Quel que soit le mode d’expression clinique de la tuberculose et les tuberculose connue et mal traitée, ou plus souvent ignorée chez un
progrès des moyens paracliniques de diagnostic, l’anamnèse reste parent âgé. Elle est suivie, en l’absence de traitement, d’une
dissémination miliaire, pulmonaire et méningée. La vaccination par
le bacille de Calmette et Guérin (BCG) à la naissance ou dans les
premiers mois a montré là son efficacité, permettant d’éradiquer à
C. Bazin (Professeur) peu près totalement la méningite tuberculeuse du nourrisson dans
Adresse e-mail: bazin-c@chu-caen.fr
Service de réanimation médicale-maladies infectieuses, CHU Côte-de-Nacre, avenue de la Côte-de-Nacre,
les pays qui l’ont appliquée de façon très systématique. Lorsqu’il y
14033 Caen cedex, France. a contamination, il semble que l’atteinte tuberculeuse et méningée

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

soit moins sévère. [77] En revanche, à distance du BCG, ou lorsque la processus inflammatoire explique que l’on puisse observer, dans les
contamination est massive, la protection est souvent insuffisante. [86] premiers jours du traitement antituberculeux, une aggravation
En dehors de toute vaccination par le BCG, dans les pays d’endémie clinique du syndrome méningé ou, dans le cas d’un tuberculome,
tuberculeuse, la primo-infection survient habituellement à l’âge une augmentation paradoxale de son volume. [52] Un modèle récent
scolaire et, si elle n’est pas reconnue à temps, peut se compliquer de méningite tuberculeuse expérimentale chez le lapin confirme le
d’une méningite 18 mois ou deux ans plus tard. rôle délétère du TNF-a dans la constitution des lésions
Aujourd’hui, dans les pays de faible prévalence comme la France, la inflammatoires neuroméningées. [80] Ces constatations, ainsi que
primo-infection survient souvent plus tard, autour de 20 ans, à beaucoup d’autres travaux, apportent un support, au moins
l’occasion d’une contamination dans le milieu professionnel, souvent théorique, au bien-fondé d’un traitement anti-inflammatoire dans les
favorisée dans les grandes villes par de mauvaises conditions de formes graves de méningite tuberculeuse.
logement. Elle peut ensuite se compliquer d’une méningite dans les
mêmes délais que chez le jeune enfant. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
L’existence d’un déficit immunitaire favorise la survenue et la Un ou plusieurs petits tubercules, quelquefois difficiles à identifier à
dissémination de la tuberculose. Chez la femme enceinte, la la superficie du cerveau ou dans la leptoméninge, plus volontiers à
tuberculose est à craindre et plus particulièrement au cours du la base du cerveau, sur les faces latérales des lobes temporaux ou
deuxième semestre. [44, 62] La tuberculose est également une des pariétaux, sur les berges de la vallée sylvienne ou le long des petits
premières complications après contamination par le VIH, il faut y vaisseaux, constitueraient les premières lésions. Histologiquement,
penser bien avant la survenue d’un déficit immunitaire profond, dès ces tubercules sont formés de cellules géantes épithélioïdes,
lors que les lymphocytes CD4 sont aux alentours de 400 mm3–1. disposées en amas compact ou en cercle, entourant, dans les formes
D’autres circonstances altèrent l’immunité cellulaire et les défenses évoluées, une zone centrale de nécrose caséeuse.
contre la tuberculose, c’est le cas des traitements immuno-
suppresseurs et de la corticothérapie. L’alcoolisme est aussi un ¶ Exsudat méningé
élément favorisant. Des facteurs ethniques (populations indiennes Il adhère au plancher du troisième ventricule, entoure l’origine des
des Amériques, hispaniques, asiatiques ou sujets de race noire), la nerfs crâniens, envahit les plexus choroïdes et les régions
neurovirulence de certaines souches identifiées sur des variations épendymaires. L’extension se fait vers le bulbe, le cervelet, les
moléculaires pourraient favoriser une plus grande fréquence des citernes de la base et, dans les formes les plus évoluées, vers le trou
atteintes neurologiques. [3] de Luschka qu’il tend à obturer. Sur les hémisphères, l’exsudat
intéresse surtout la scissure sylvienne où il peut comprimer l’artère
PHYSIOPATHOLOGIE [19]
sylvienne.
Le mécanisme de l’infestation des méninges par MT a fait l’objet de Microscopiquement, la leptoméninge est le siège d’une exsudation
plusieurs hypothèses. Jusqu’aux travaux de Rich et MacCordock en sérofibrineuse et d’une congestion vasculaire, voire de nécrose
1929 et 1933, il était admis que le MT gagnait les méninges par voie caséeuse. La réaction cellulaire est faite de lymphocytes et de
sanguine mais à cette théorie s’oppose l’impossibilité de reproduire nombreux polynucléaires dont la proportion diminue avec le temps.
chez l’animal une méningite tuberculeuse par simple injection intra- L’individualisation de nodules tuberculeux y est possible.
artérielle expérimentale de MT. Le passage du MT au travers de la L’inflammation et la nécrose des lésions apparaissent comme une
paroi remaniée par du tissu granulomateux des petits vaisseaux du réaction d’hypersensibilité.
cerveau, avancé par Hetkoen dès 1894, se heurte à l’inconstance des
lésions vasculaires. Une contamination des méninges à partir des ¶ Hydrocéphalie
lésions tuberculeuses observées dans les plexus choroïdes, proposée La constitution de l’exsudat méningé s’associe à un trouble de la
par Kment en 1924 et Engel en 1944, est en désaccord avec les circulation du liquide céphalorachidien (LCR) qui relève à la fois
constatations faites par Greenfield, infirmant l’antériorité des lésions d’un défaut de réabsorption et d’une gêne ou d’un blocage de la
des plexus choroïdes par rapport à celles des méninges. [33] circulation secondaire à l’envahissement des citernes de la base par
L’hypothèse la plus communément admise est celle de l’effraction l’exsudat, ultérieurement par la constitution d’une fibrose, voire par
de MT à partir d’un granulome tuberculeux des méninges de la l’obstruction du foramen de Luschka ou de l’aqueduc de Sylvius,
corticalité du cerveau, secondaire à une dissémination hématogène. obstruction qui peut être également due à l’œdème du mésencéphale
Rich et MacCordock, en 1933 dans 77 cas sur 82, MacGregor, Kirck- ou à l’existence d’un tuberculome.
Patrick et Craig en 1935, dans les 27 cas observés, ont trouvé un
nodule tuberculeux méningé superficiel dont la constitution leur a ¶ Lésions vasculaires
paru antérieure aux lésions anatomiques de la méningite
tuberculeuse, mais Beres et Metzler, en 1938, et Greenfield par la Les premières descriptions en ont été faites par Baumgarten en
suite n’ont pas observé de foyer méningé tuberculeux préexistant à 1880 et Hoetkoen en 1896. Il semble y avoir une corrélation entre
la méningite aussi fréquemment que les auteurs précédents. Une l’importance des lésions méningées et l’importance des lésions
contamination directe à partir d’un foyer osseux paraméningé d’une vasculaires. Celles-ci peuvent conduire à la sténose ou à
otite ou d’une mastoïdite tuberculeuse est devenue exceptionnelle l’oblitération de la lumière vasculaire. Ces lésions relèvent
de nos jours. globalement du même mécanisme immunopathologique que celles
La rupture d’un follicule à la surface de la pie-mère permet la observées dans les méninges. Des travaux récents ont souligné le
libération dans l’espace sous-arachnoïdien de bacilles et de rôle possible du vascular endothelial growth factor (VEGF) dont
substances antigéniques à l’origine d’une réaction d’hypersensibilité l’élévation est plus marquée dans la méningite tuberculeuse que
amenant très rapidement à la constitution d’une arachnoïdite dans les autres méningites, qu’elles soient bactériennes, virales ou
proliférative et d’un exsudat méningé qui débute habituellement et mycotiques. Une évolution favorable s’accompagne d’une
reste prédominant dans la région interpédonculaire et la partie diminution du taux de VEGF. [53]
antérieure de la région pontomésencéphalique. Une expérience déjà Microscopiquement, l’atteinte est souvent diffuse, tous les vaisseaux
ancienne qui consistait en l’administration intrathécale de protéines peuvent être touchés. L’adventice est la première atteinte, il est
de MT à des volontaires ayant une allergie cutanée à la tuberculine possible d’y mettre en évidence des lésions spécifiquement
avait permis d’observer la survenue d’un syndrome méningé et de tuberculeuses, granulome, voire nécrose caséeuse, la média peut
symptômes cliniques en tous points comparables aux premières également être le siège de lésions microscopiques. L’œdème peut
manifestations d’une méningite tuberculeuse. Le traitement, en dissocier la limitante élastique interne de l’endothélium. Une
permettant la restauration des réponses cellulaires T et la dégénérescence fibrinoïde est possible. Ultérieurement, une fibrose
réactivation des macrophages inhibés par le transforming growth s’installe dont l’importance varie en fonction des lésions initiales.
factor (TGF)- b, lui-même induit par MT, élève transitoirement la Ces lésions vasculaires sont à l’origine de thrombose et de lésions
production de tumour necrosis factor (TNF)-a. Cette réactivation du ischémiques intéressant le plus souvent les ganglions de la base, la

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Neurologie Tuberculose du système nerveux central 17-054-A-10

capsule interne ou la corticalité. Ces infarctus cérébraux peuvent Dans un premier temps, l’expression clinique peut être limitée à des
survenir à la phase aiguë de la maladie mais également en cours de céphalées, des vomissements ou trompeuse telles des douleurs
traitement. L’hypertension intracrânienne (HIC) peut jouer un rôle abdominales, des otalgies chez l’enfant, des cervicalgies ou une
délétère et la décompression ventriculaire précoce est nécessaire sciatalgie évoquant la possibilité d’une localisation temporairement
pour prévenir de futurs accidents ischémiques. Les veinules et les limitée à la méninge spinale ou à son manchon périradiculaire chez
veines traversant les méninges sont quelquefois thrombosées l’adulte.
secondairement à d’importantes lésions méningées. Le syndrome méningé peut être masqué par la symptomatologie
Sur 100 cerveaux d’enfants et d’adultes, il a été observé 46 fois neurologique. Il est absent dans les formes comateuses et très
d’importantes lésions vasculaires et 41 fois des infarctus cérébraux hypotoniques.
principalement dans le territoire de l’artère sylvienne et des
perforantes. Des infarctus hémorragiques sont possibles, mais ils Altération de la conscience
sont rares. [18] Une hémorragie intraventriculaire par rupture
Une somnolence diurne contrastant avec une insomnie nocturne est
d’anévrisme a été rapportée. [34]
fréquente au début de la maladie puis s’installe une altération de la
¶ Autres altérations possibles du cerveau conscience et tous les degrés existent entre la simple obnubilation et
le coma profond. Un coma d’emblée est possible. Il peut être
En regard des lésions méningées et épendymaires, un œdème et une
postcritique, en particulier chez l’enfant et chez la personne âgée,
réaction gliale très importante dans les formes évoluées difficilement
ou conséquence d’un accident ischémique ou hypoxique.
imputable à l’ischémie seule, ont fait discuter un mécanisme toxique
ou immunoallergique, évoqué également devant l’œdème et les Chez l’adulte, il n’est pas exceptionnel que des troubles du
zones de démyélinisation périvasculaire avec altération des veinules comportement, un syndrome confusionnel ou un delirium tremens
et des capillaires constatée par Dastur sur des formes évoluées. [18] inaugurent la maladie ou que l’interrogatoire de l’entourage ne
révèle, dans les semaines qui ont précédé, un état d’indifférence et
¶ Évolution anatomique sous traitement d’adynamie, voire un syndrome dépressif.
La restitutio ad integrum est habituelle dans les formes traitées tôt. Au cours de l’évolution, l’altération de la conscience peut être la
Grumbach décrit trois phases : le premier mois, les lésions de conséquence d’un trouble respiratoire ou métabolique
nécrose dominent, puis apparaît au cours du deuxième mois un (hyponatrémie), d’une HIC par hydrocéphalie ou d’un nouvel
tissu de granulation et, à partir du troisième mois, les lésions accident ischémique, voire de ce que Dastur a appelé une
disparaissent, remplacées éventuellement par une sclérose. Des encéphalopathie tuberculeuse responsable de larges plages de
tubercules peuvent persister contenant encore du caséum, facteur démyélinisation visualisées par la résonance magnétique nucléaire
éventuel de récidive. Les lésions vasculaires évoluent vers la fibrose (RMN), réagissant bien à la corticothérapie et que l’auteur attribue à
de l’intima dont dépendra la perméabilité ultérieure du vaisseau. un mécanisme immunopathologique. [18]
Une circulation de suppléance se développe d’autant plus
efficacement que le malade est jeune. [35] Paralysies des nerfs crâniens

CLINIQUE [30, 40, 47, 59, 82, 85] Elles évoquent une méningite de la base. Il s’agit principalement
d’une paralysie oculomotrice, celle de la III e paire étant plus
¶ Phase prodromique significative que celle de la VIe paire, conséquence possible d’un
La méningite de l’adulte est souvent précédée d’une longue période œdème cérébral. Une inégalité pupillaire avec modification des
marquée par le développement insidieux de symptômes non réactions à la lumière, la survenue brutale d’une ophtalmoplégie
spécifiques : tendance à la somnolence diurne, perte de l’appétit, douloureuse ont été signalées. La paralysie du nerf facial est
chute du poids, irritabilité, céphalées, voire éléments confusionnels possible.
ou dépressifs contribuant, surtout chez les personnes seules, à
retarder l’accès aux soins. Une fébricule est fréquente mais non Signes basilaires
constante. On entend par là les signes de souffrance bulboprotubérantielle
Chez l’enfant, la phase prodromique est souvent plus courte. Dans observés dans les formes graves. Les anomalies du rythme
un tiers des cas, on relève des céphalées ou des vomissements, la respiratoire ont un grand intérêt séméiologique si elles surviennent
fièvre est inconstante. en dehors d’un trouble majeur de la conscience. Les irrégularités du
pouls et de la tension artérielle, les bouffées vasomotrices ne doivent
¶ Signes généraux être retenues comme signes d’atteinte basilaire que si tout désordre
Fièvre de l’hématose et de l’équilibre hydroélectrolytique a été
formellement éliminé.
La fièvre est présente à quelques rares exceptions, elle est souvent
modérée, autour de 38 °C. Cependant, elle peut quelquefois être Convulsions
supérieure à 39 °C, comme elle peut manquer.
Elle peut être la première manifestation clinique de la tuberculose et Elles peuvent être la première manifestation de la maladie, surtout
peut précéder de quelques semaines les premiers signes de chez la personne âgée et l’enfant où elle aurait une signification
méningite. Au cours d’une fièvre prolongée, un premier LCR normal pronostique défavorable. Survenant au cours de l’évolution, elles
n’élimine pas le diagnostic de méningite tuberculeuse et il faut font rechercher une hyponatrémie, une hypoxie, un œdème cérébral.
savoir renouveler la ponction lombaire si le doute persiste. Les épilepsies focales peuvent correspondre à une lésion ischémique
ou à un tuberculome cortical ou sous-cortical.
Dans les formes graves, les lésions bulbaires peuvent être la cause
de grands dérèglements thermiques. Devant un trouble de conscience mal expliqué, il est prudent de faire
un électroencéphalogramme à la recherche d’un état de mal
Altération de l’état général épileptique infraclinique.
La fatigue, une perte de poids sont fréquentes. La dénutrition est un
facteur favorisant important dans les pays de forte endémie. La Hémiplégies et autres déficits neurologiques
bonne conservation de l’état général est possible et, en aucun cas, ne Ils se constituent très rapidement, ils sont parfois révélateurs de la
doit faire exclure l’éventualité d’une tuberculose. maladie, il peut s’agir d’une monoplégie correspondant à un
ramollissement superficiel ou d’une hémiplégie massive consécutive
¶ Signes neuroméningés
à une ischémie profonde et étendue, compliquée d’aphasie, laquelle
Syndrome méningé peut être observée isolément.
À la différence des autres méningites bactériennes aiguës, tous les L’examen neuropathologique ne met pas toujours en évidence une
éléments du syndrome méningé sont rarement réunis d’emblée. lésion vasculaire à l’origine des symptômes constatés, alors que

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

d’autres lésions ischémiques fréquemment identifiées par la TDM l’absence d’une évolution rapidement favorable, il faut savoir penser
dans le mésencéphale, et de pronostic défavorable, n’ont pas de à la tuberculose et renouveler la ponction lombaire car
traduction clinique. [41] l’hypoglycorachie peut ne pas être présente dès le premier examen.
Le déficit moteur peut être en rapport avec des tuberculomes Chez l’enfant, il n’est pas rare que ce soit l’aggravation progressive
associés à la méningite, en particulier chez l’enfant et dans les zones du tableau clinique qui fasse réorienter le diagnostic vers la
de forte endémie. Exceptionnellement, un déficit moteur apparu tuberculose. Dans les méningites dites décapitées par les
progressivement a pu être rapporté au développement initialement antibiotiques, la glycorachie n’est abaissée que transitoirement et en
hémisphérique, le plus souvent dans la vallée sylvienne, de l’exsudat principe, il existe une élévation plus franche de l’acide lactique.
méningé. Des étiologies plus rares ne doivent pas être négligées : méningite
Dans deux observations, dont l’une personnelle, qui n’ont pas été syphilitique chez un sujet infecté par le VIH, forme méningée de la
publiées, après quelques jours de fièvre et de céphalées, une cécité maladie de Lyme, infection à rickettsies.
est survenue brusquement accompagnée de troubles de la
conscience rapidement régressifs. Des lésions arachnoïdiennes ¶ Méningoencéphalite tuberculeuse
majeures et un tuberculome ayant été éliminés, un mécanisme Au syndrome méningé s’associent des signes neurologiques tels
ischémique a été invoqué pour expliquer la soudaineté d’installation qu’un coma, une hémiplégie, des convulsions. La première difficulté,
des symptômes. Dans les deux cas, cette cécité a été définitive, source de retard au traitement, est de ne pas rapporter
contrastant avec l’évolution favorable de la méningite. immédiatement les signes neurologiques déficitaires à une
pathologie infectieuse évolutive.
PRINCIPAUX REGROUPEMENTS SYMPTOMATIQUES
ET DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL La méningoencéphalite à cryptocoques peut réaliser un tableau tout
à fait similaire, la listériose neuroméningée dans ses formes graves,
¶ Méningite basilaire comateuses, également. Une méningoencéphalite virale peut avoir
une expression clinique voisine et, dans quelques cas exceptionnels,
C’est encore l’aspect le plus fréquent, en particulier chez l’enfant, s’accompagner d’une hypoglycorachie. L’herpès doit être le premier
associant un syndrome méningé, une fièvre, une altération de l’état évoqué dans la mesure où un traitement administré en urgence a
général puis des paralysies oculomotrices, une somnolence ou une prouvé son efficacité.
obnubilation, évocatrices d’une souffrance de la base et d’un trouble
de l’hydraulique cérébrale.
¶ Méningite du nourrisson
Le diagnostic est celui d’une méningite à liquide clair associée ou non à
des paralysies des nerfs crâniens. Elle s’individualise par son mode de contamination et sa sémiologie.
L’hypotonie remplace le plus souvent la raideur méningée et le
La méningite à cryptocoques est celle dont l’expression clinique est diagnostic doit être suspecté sur une somnolence inhabituelle de
la plus proche de la méningite tuberculeuse : c’est une méningite de l’enfant, un plafonnement intermittent du regard et, à l’examen assis,
la base, d’installation lente sur plusieurs semaines compliquée de en dehors des cris, une tension de la fontanelle. La cutiréaction est
troubles de la conscience et très fréquemment d’accidents très positive. La contamination habituellement massive est le fait
ischémiques cérébraux. Le LCR a les mêmes caractères, dans l’un et d’un parent proche.
l’autre cas, il existe une hypoglycorachie. La recherche systématique
de l’antigène cryptococcique et de Cryptococcus neoformans à
l’examen direct permet de porter le diagnostic. Très fréquente dans
¶ Méningite tuberculeuse et infection par le virus
certaines régions, elle survient aussi préférentiellement chez les
de l’immunodéficience humaine [7, 11, 37, 43, 88]
sujets immunodéprimés et elle est évoquée chez les sujets Le taux d’incidence cumulé sur 12 ans de la méningite tuberculeuse
contaminés par le VIH au même titre que la tuberculose. [49, 58] était aux États-Unis en 1996 de 1,72 pour 100 000 habitants chez les
La listériose neuroméningée a habituellement un début plus brutal personnes non contaminées par le VIH (VIH-N) et de 400 pour
mais ce n’est pas toujours le cas. Elle associe au syndrome méningé 100 000 chez les personnes contaminées par le VIH (VIH-P).
une fièvre, souvent plus élevée, des paralysies des nerfs crâniens L’atteinte neuroméningée représente presque 10 % des complications
habituellement plus importantes que dans la tuberculose. tuberculeuses chez les patients VIH-P. Elle est, dans la moitié des
L’hypoglycorachie est présente mais moins constante. Le contexte cas, la première infection définissant le syndrome
clinique (hémopathie, traitement immunosuppresseur, cirrhose d’immunodéficience acquise (sida). Elle est aux États-Unis la
alcoolique) est commun aux deux maladies. première complication méningée devant la cryptococcose. En
Afrique, l’ordre s’inverse. Une méningite tuberculeuse associée à
Les méningites carcinomateuses peuvent s’accompagner de fièvre et
une méningite à cryptocoques a été rapportée. [58] La méningite
se compliquent fréquemment de paralysies par infiltration des
tuberculeuse survient chez les sujets assez sévèrement
racines et des nerfs, voire d’une hydrocéphalie communicante en
immunodéprimés, un taux de T4 très bas ayant une signification
particulier dans les gliomatoses de la leptoméninge. [66] Une
péjorative.
hypoglycorachie est possible. Survenant chez un sujet traité pour un
cancer et immunodéprimé, le diagnostic se pose entre une extension L’expression clinique méningée n’est pas différente chez les sujets
métastatique de la tumeur primitive aux méninges et une infection VIH-P, en revanche, les tuberculomes cérébraux y seraient plus
tuberculeuse toujours possible. fréquents. [7] Dans une étude comparative de 60 sujets, les accidents
L’atteinte neurologique de la sarcoïdose peut se manifester par une vasculaires cérébraux sont plus fréquents chez les sujets VIH-P alors
paralysie des nerfs crâniens avec réaction lymphocytaire dans le que l’exsudat méningé, élément favorisant les lésions vasculaires,
LCR. Le diagnostic est d’autant plus délicat que la sarcoïdose peut est beaucoup moins important chez les sujets VIH-N. [43] La prise de
avoir fait l’objet d’une corticothérapie ou en relever ultérieurement. contraste méningée est inconstante chez les sujets VIH-N et peut
n’apparaître qu’une fois le traitement engagé. Le diagnostic est
La méningoencéphalite herpétique a en principe une expression habituellement plus vite évoqué chez les personnes VIH-P, facilité
clinique de souffrance temporale mais dans certaines formes par la découverte d’une tuberculose extrapulmonaire plus fréquente,
subaiguës, elle peut se compliquer d’atteinte des paires crâniennes, adénopathies périphériques intrathoraciques ou intra-abdominales
surtout chez les personnes âgées ; l’identification du virus par exemple. Une méningite tuberculeuse a pu se développer chez
herpétique par PCR devrait en principe permettre le diagnostic. des patients VIH-P recevant un traitement antituberculeux pour un
Dans l’attente du résultat, il est prudent d’engager un traitement MT non multirésistant, probablement par diminution du taux
antiviral. sérique des antituberculeux consécutive au traitement antirétroviral
En l’absence de paralysie des paires crâniennes, se discutent, outres rendant les concentrations dans le LCR insuffisantes. Les
les étiologies précédentes, toutes les causes de méningites à liquide modifications du LCR sont atténuées et, dans un cas
clair et en particulier toutes les méningites présumées virales. En d’immunodépression très sévère, absentes.

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Neurologie Tuberculose du système nerveux central 17-054-A-10

¶ Méningite après bacille de Calmette et Guérin (BCG) La baisse du chlore, si elle est due pour une grande part à une hypo-
osmolalité sanguine et pour une faible part à une perturbation
C’est une complication exceptionnelle, deux cas seulement ont été
spécifique de l’équilibre ionique du LCR, n’en revêt pas moins une
rapportés. [76] Mycobacterium bovis a été mis en évidence dans le LCR
grande valeur d’orientation.
dans un cas où le diagnostic n’a été porté qu’après 4 mois
d’évolution et 6 mois après la vaccination ; une dilatation
¶ Acide lactique
ventriculaire s’est constituée qui a obligé à une dérivation. Dans l’un
et l’autre cas, la guérison a été facilement obtenue par le traitement Le taux d’acide lactique est augmenté dans le LCR alors que la
antituberculeux et aucune anomalie de l’immunité n’a été mise en lactacidémie reste dans les limites de la normale. Cette
évidence, le typage des populations lymphocytaires étant normal. hyperlactacidorachie est constante, elle est moins importante que
Dans l’une des deux observations, l’index de prolifération celle observée au cours des méningites purulentes. Elle contribue à
lymphocytaire après stimulation par la tuberculine est un peu bas et l’acidose modérée du LCR et au remaniement des concentrations de
la réponse en immunoglobulines G (IgG) faible vis-à-vis du BCG, bicarbonate et de chlore déjà mentionnées.
mais elle est normale en IgM.
¶ Pression partielle d’oxygène
LIQUIDE CÉPHALORACHIDIEN
La mesure de la pression partielle de l’oxygène dans le LCR,
Macroscopiquement, le LCR est clair, eau de roche, modérément comparée à celle du sang artériel, montre une baisse nette et
hypertendu. Un aspect trouble, dû à une réaction cellulaire prolongée de celle-ci pendant plusieurs mois alors même que la
importante à prédominance de polynucléaires neutrophiles, est glycorachie est revenue à la normale. L’importance de cette chute de
possible et ne doit pas faire récuser la tuberculose. la pression partielle d’oxygène dans le LCR est anormale comparée
à celle qu’entraîne une hypoxie artérielle chez un sujet indemne de
¶ Cytologie toute pathologie méningée ; elle apparaît directement en rapport
La réaction cellulaire est faite de lymphocytes, 200 à 300 mm [3–1], avec la méningite. L’interprétation physiopathologique de cette
quelquefois supérieure à 1 000 avec un fort pourcentage de perturbation est complexe et doit être rapprochée d’une étude de
polynucléaires progressivement remplacés par des lymphocytes. La l’hémodynamique cérébrale, du débit et de la consommation de
présence exclusive de polynucléaires est possible dans les tous l’oxygène cérébral. Les nombreux facteurs d’erreur liés à la
premiers jours, avant que ne se constitue la lymphocytose. contamination possible du prélèvement liquidien par des bulles d’air
Chez un patient immunodéprimé, la réaction cellulaire peut être et aux difficultés de mesure de la pression partielle du gaz dissous
faible, inférieure à 50 éléments, et il a été rapporté quelques cas de interdisent d’en faire un examen de routine. [10]
LCR acellulaire.
¶ pH et bicarbonates
¶ Protéinorachie
Le pH du LCR, physiologiquement un peu plus acide que celui du
Elle est supérieure à 1 g l–1, sauf exception, ce qui, parmi les sang artériel, l’est nettement plus au cours de la méningite
méningites à liquide clair, est un premier élément de différentiation tuberculeuse, mais de façon moins prononcée qu’il ne l’est dans les
des méningites virales. Le taux de protéinorachie est corrélé à la méningites purulentes. L’écart entre les taux de bicarbonate dans le
réaction inflammatoire et, de ce fait, à l’importance de l’exsudat sang et le LCR est important, il atteste d’un élément métabolique
méningé. Son élévation au cours du traitement fait craindre un prédominant qu’il faut rapprocher de l’élévation de l’acide lactique.
blocage de la circulation du LCR et la constitution ou l’aggravation
d’une arachnoïdite de la base ou dorsolombaire. ¶ Osmolalité du liquide céphalorachidien
Chez le sujet immunodéprimé, la réaction inflammatoire est moins Elle est abaissée pour une grande part en raison de l’hypo-osmolalité
importante, l’élévation de la protéinorachie peut n’être que très sanguine et pour une faible part en raison d’un gradient osmotique
modérée, dans près de 40 %, chez des sujets VIH-P, elle est apparue sang-LCR semblant lié à la méningite.
normale.
EXAMENS BACTÉRIOLOGIQUES
¶ Glycorachie
Elle est constamment abaissée et le reste pendant plusieurs ¶ Identification par examen direct et mise en culture
semaines. C’est une donnée biochimique capitale au diagnostic
L’identification de MT dans le LCR dès l’examen direct après
étiologique des méningites à liquide clair, justifiant le dosage de la
centrifugation varie suivant les séries entre 7 et 40 % ; le temps passé
glycémie avant toute ponction lombaire, de façon à ce qu’une
à cet examen n’est probablement pas étranger à de tels écarts. Le
hyperglycémie ne masque pas une hypoglycorachie débutante. Les
pourcentage d’identification du MT au direct a été amélioré en
variations de la glycémie modifient la glycorachie mais il n’est pas
renouvelant deux ou trois fois la ponction lombaire, permettant
possible d’établir une corrélation exacte entre ces deux variables ; il
l’examen d’un volume de LCR plus important. De même, l’examen
est nécessaire d’attendre le retour à une glycémie normale pour
du prélèvement ventriculaire, souvent plus abondant, s’est révélé
évaluer le degré réel d’une éventuelle hypoglycorachie. Il semble,
quelquefois positif alors que celui du liquide recueilli par voie
toutefois, que la hausse de la glycorachie dans le LCR à l’occasion
lombaire ne l’était pas. [17]
d’une hyperglycémie sera de toute manière beaucoup moins
importante au cours de la méningite tuberculeuse que chez le sujet L’identification par culture sur milieu spécifique demande un délai
normal. La baisse de la glycorachie est quelquefois retardée par de 3 ou 4 semaines, nécessitant d’engager le traitement sur des
rapport au début de la méningite, d’où l’intérêt de renouveler la arguments de présomption.
ponction lombaire. La réapparition d’une hypoglycorachie, après La culture radiométrique rapide en milieu liquide, suivie d’une
normalisation, doit faire craindre une rechute ou une exceptionnelle détection de la pousse par la mesure de la production de CO2
association à une levure, un cryptococoque, voire une listéria. marqué au carbone 14, raccourcit ce délai ; elle demande environ
2 semaines pour identifier la bactérie et préciser sa sensibilité aux
¶ Chlore antibiotiques. Cette méthode nécessite des mycobactéries viables et
La baisse du taux de chlore dans le LCR est un signe d’orientation l’utilisation des isotopes. La détection fluorométrique à travers le
important. Elle est, pour une grande part, la conséquence de flacon, le dosage de la bioluminescence de l’adénosine triphosphate
l’hypochloronatrémie qui accompagne souvent la méningite (ATP) des mycobactéries, variantes de la méthode précédente,
tuberculeuse. En revanche, à un stade initial, en l’absence de troubles évitent d’avoir recours aux isotopes. Ces techniques sont coûteuses.
de l’osmolalité sanguine, la baisse du chlore est beaucoup moins C’est en raison de ces difficultés d’identification bactériologique que
évidente ; elle n’est alors que la conséquence du remaniement de la de nombreuses recherches ont été engagées pour mettre au point
colonne anionique dans le LCR consécutive à la présence d’une des méthodes d’identification rapide de MT qui soient fiables à la
acidité non volatile, anormale. fois pour le diagnostic et l’établissement d’un antibiogramme.

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

De nombreux tests ont été proposés : partition du bromide, dosage – par la recherche du bacille de Koch (BK) par tubages gastriques et
de l’adénosine désaminase, etc. sans succès, tandis que les dans les urines après centrifugation ;
techniques d’immunodiagnostic se sont avérées, dans le même
– la cutiréaction et l’indradermoréaction à 10 unités sont négatives
temps, manquer de sensibilité et souvent de spécificité.
dans plus de la moitié des cas, au moins pendant les premières
semaines de la maladie, témoignant vraisemblablement d’une
¶ Identification par « polymerase chain reaction »
anergie transitoire. Chez le nourrisson, la cutiréaction est le plus
À ce jour, la technique de polymerase chain reaction (PCR) est la seule souvent phlycténulaire.
alternative aux techniques standards permettant un diagnostic
rapide, mais elle ne peut pas être considérée comme l’examen de EXAMEN OPHTALMOLOGIQUE
référence qui reste la culture, étant donné les éventuels problèmes L’examen du fond d’œil est d’un grand intérêt diagnostique lorsqu’il
de contamination et jusqu’à ce jour de spécificité, tant que les met en évidence un ou plusieurs tubercules de Bouchut. Ceux-ci se
techniques ne seront pas standardisées et contrôlées. La technique présentent comme une tache ronde, ovalaire, jaunâtre, plus pâle que
de PCR nécessite un laboratoire avec des pièces dédiées à cette la choroïde avoisinante aux bords assez flous ; ils siègent au pôle
technique isolées, des contrôles de qualité rigoureux pour se postérieur autour de la papille ou le long des vaisseaux, souvent en
prévenir de toute contamination et maintenir une sensibilité et une périphérie, nécessitant une bonne dilatation de la papille et une
spécificité acceptables. Elle reste une méthode coûteuse. Par ailleurs, recherche attentive. Ils ont une existence transitoire, justifiant de
afin d’obtenir après centrifugation une quantité de matériel bactérien répéter l’examen. Témoin d’une dissémination tuberculeuse
suffisante, elle demande un volume de LCR important et souvent choroïdienne, leur fréquence est diversement appréciée, elle est
difficile à obtenir, en particulier chez le petit enfant, à un âge très beaucoup plus grande lorsqu’il existe une miliaire pulmonaire
concerné par la méningite tuberculeuse. associée.
Si plusieurs études ont donné la PCR comme plus sensible que la
La papille est souvent modifiée, elle apparaît hyperémiée, voire
culture, d’autres ne l’ont pas confirmé ; [14] elle est néanmoins plus
œdématiée dans un tiers des cas ; l’inflammation du nerf optique ou
sensible que l’examen direct et toutes les autres techniques d’examen
le retentissement d’une hypertension intracrânienne débutante en
rapide. La négativité de la PCR n’exclut pas le diagnostic de
seraient responsables. Au cours de l’évolution, la décoloration de la
méningite tuberculeuse, surtout si la quantité de LCR examinée est
papille fait craindre une souffrance du nerf optique par arachnoïdite
inférieure à 1 ml, ce qui est inévitable chez le tout petit enfant. Son
ou tuberculome comprimant les voies optiques.
coût élevé et le besoin d’une quantité importante de liquide
interdisent d’en faire un examen d’orientation dans le diagnostic des L’étude du champ visuel peut être nécessaire. L’examen
méningites à liquide clair. Elle doit être réservée aux situations de ophtalmologique est également nécessaire à la surveillance du
forte présomption et le traitement ne peut s’appuyer sur le résultat traitement par éthambutol.
de la seule PCR sans confirmation par les méthodes
microbiologiques usuelles, la clinique ou les données du LCR et de ÉQUILIBRE HYDROÉLECTROLYTIQUE
l’imagerie. La technique de PCR est actuellement le moyen de L’hyponatrémie est fréquente au cours de la méningite tuberculeuse.
diagnostic le plus rapide. Elle donne une sensibilité acceptable Il existe une étroite corrélation entre la baisse du sodium
comparée à la culture et, en l’absence de celle-ci, son résultat doit plasmatique et celle du chlore dans le LCR.
toujours être confronté aux autres données de la maladie. L’hyponatrémie est responsable de troubles de la conscience
pouvant aller jusqu’au coma, de crises convulsives généralisées ou
¶ Antibiogramme localisées, de signes irritatifs pyramidaux diffus, voire d’un déficit
L’éventualité d’une tuberculose multirésistante oblige à un hémiplégique.
antibiogramme systématique dont la réponse doit être la plus rapide Deux mécanismes différents peuvent être à l’origine de
possible. Les méthodes de culture classique en milieu solide l’hyponatrémie. Il peut s’agir d’une hyponatrémie par antidiurèse,
demandent plusieurs semaines. Les méthodes de culture rapide en l’hypo-osmolalité plasmatique s’associant à une natriurèse et à une
milieu liquide, radiométriques ou non, demandent jusqu’à 12 jours osmolarité urinaire élevée. La clairance de l’eau libre est négative.
après réception de l’isolat et elles ont un coût très élevé, c’est La restriction hydrique en est le traitement. Dans l’autre hypothèse,
pourquoi les efforts de recherche se portent vers la mise au point il s’agit d’une perte d’eau et de sel par hypersécrétion d’atrial
d’examens s’appuyant sur des techniques de biologie moléculaire. [24] natriuretic peptide (ANP), souvent observée dans les affections
Celles-ci auraient pour avantage d’être rapides et de ne nécessiter neurologiques graves entraînant une perte progressive de poids
qu’une culture a minima, voire aucune. Une étude génotypique accompagnée d’une contraction du volume plasmatique et relevant
permet d’identifier les mutations mais l’exacte proportion d’un apport d’eau et de sel. [57] L’intrication de ces deux mécanismes
d’organismes résistants conduisant à un échec clinique n’est pas ou le passage de l’un à l’autre chez un même patient n’est pas
établie. L’étude génotypique est fiable pour prédire la résistance impossible. En tout état de cause, il faut s’appuyer sur l’ensemble
réelle à la rifampicine (95 %), elle l’est beaucoup moins pour des données du laboratoire pour identifier le mécanisme en cause et
l’isoniazide, la ciprofloxacine ou la streptomycine. L’étude y apporter la correction adéquate.
phénotypique mesure directement la mort ou la survie du bacille et
de nouvelles méthodes ont été proposées qui consistent à utiliser TOMODENSITOMÉTRIE ET RÉSONANCE MAGNÉTIQUE
des mycobactériophages recombinants infectant le MT. [28] La NUCLÉAIRE [32, 63, 74]
réponse pourrait être obtenue en 2 à 3 jours avec un taux de
Les moyens modernes d’imagerie médicale peuvent aider au
sensibilité élevé, non seulement pour la rifampicine (100 %), mais
diagnostic initial ; dans tous les cas, ils permettent de faire un bilan
aussi pour la streptomycine, l’éthambutol et la pirazinamide. Le coût
des lésions encéphaliques associées, de visualiser une hydrocéphalie.
de cette méthode serait moins élevé que celui de l’étude génotypique
Leur caractère non invasif permet de les répéter et en fait un élément
et serait compatible avec le budget des pays de forte endémie.
précieux de surveillance.
RECHERCHE D’UNE TUBERCULOSE EXTRAMÉNINGÉE
¶ Ventricules
Cette recherche s’effectue :
Une augmentation de la taille des ventricules, qu’elle traduise un
– par l’examen clinique explorant les aires ganglionnaires, la trouble de la résorption et/ou de la circulation du LCR, est observée
radiographie pulmonaire, qui peut montrer des séquelles de primo- dans près de deux tiers des cas. Elle peut exister d’emblée et sa
infection ou une image de miliaire, quelquefois visible seulement constatation est un élément précieux d’orientation diagnostique sur
sur un cliché retardé (elle est souvent normale et de peu de secours un scanner de débrouillage demandé aux urgences devant un
au diagnostic) ; syndrome confusionnel ou une altération de la conscience
– par un examen tomodensitométrique thoracoabdominal ; inexpliqués. Cette dilatation peut se constituer dans les mois qui

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Neurologie Tuberculose du système nerveux central 17-054-A-10

suivent la mise en route du traitement, elle justifie la surveillance inflammatoire en regard de l’exsudat méningé ou autour de petits
tomodensitométrique régulière de façon à déceler à temps la tubercules, siège d’une transsudation du LCR.
constitution d’une hydrocéphalie communicante ou par blocage.
Résonance magnétique nucléaire
¶ Méninges Sur les séquences pondérées en T2, les infarctus se traduisent par
un hypersignal.
Tomodensitométrie
La RMN est supérieure à la TDM pour déceler des petites zones
Avant injection de produit de contraste, il peut être observé, d’ischémie secondaires à une vascularite. La fréquence des infarctus
occupant l’espace correspondant à la citerne de la base, une image est de 20 à 38 % par TDM, supérieure à 50 % par RMN.
iso- ou discrètement hyperdense surtout en périphérie, traduction De même que dans les espaces méningés, il peut être observé de
de l’exsudat méningé. multiples petits granulomes dans le parenchyme cérébral se
Après injection, il existe une prise de contraste homogène des présentant en TDM comme des images hypo-, hyper- ou isodenses
méninges de la base s’étendant souvent aux espaces sous- avec éventuellement une prise de contraste en périphérie. La RMN,
arachnoïdiens avoisinants, à la vallée sylvienne, à la région du fait de sa plus grande sensibilité, permet de détecter de petits
périprotubérantielle et chiasmatique. granulomes non visualisés par la TDM, hypo-intenses en T1 et
hyper-intenses en T2 par rapport au parenchyme cérébral avec une
Résonance magnétique nucléaire prise de contraste homogène. Ils sont particulièrement fréquents
Avant injection, il n’est mis habituellement en évidence aucune lorsqu’il y a une miliaire pulmonaire associée, leur topographie suit
image méningée pathologique. En revanche, après gadolinium, les celle de la distribution vasculaire, ils prédominent dans le territoire
séquences pondérées en T1 visualisent une prise de contraste très de l’artère sylvienne.
nette des images, maximum à la base du cerveau, s’étendant selon Dans l’étude précitée portant sur 202 enfants, contrairement à ceux
la même topographie que celle observée par TDM. des méninges, les granulomes, observés dans le parenchyme
L’intensité et la diffusion des lésions arachnoïdiennes ne préjugent cérébral, l’étaient dès le premier jour, avant tout traitement. [65]
pas de l’évolution de la maladie. La prise de contraste peut persister Les corticoïdes semblent jouer un rôle favorable dans l’involution
pendant plusieurs mois et même années après guérison du volume des granulomes, tant dans les méninges que dans le
bactériologique. parenchyme cérébral. La majorité des lésions disparaît après 6 mois
Dans les espaces méningés les plus remaniés par l’exsudat de traitement.
inflammatoire peuvent exister des granulomes et, en début de La présence d’un tuberculome asymptomatique, plus souvent à la
traitement, une augmentation du volume de ces granulomes ou la base du cerveau ou dans la région des noyaux gris, peut être
constitution d’autres formations identiques sont possibles. découverte par la TDM ou, avec plus de sensibilité encore, par la
Vraisemblablement, l’interaction entre les défenses immunitaires de RMN.
l’hôte partiellement rétablies par le traitement et les antigènes
mycobactériens expliquent le développement paradoxal ou ANGIOGRAPHIE
l’apparition de granulomes dans les espaces méningés de la même L’angiographie pourrait montrer un rétrécissement des artères de la
manière que l’on peut observer une expansion paradoxale des base, des artères de petit ou moyen calibre, plus ou moins occluses,
tuberculomes en début de traitement. [52] Dans une série de avec des veines de drainages précoces, les zones le plus souvent
200 méningites de l’enfant, 16,8 % des enfants présentaient des atteintes étant le segment terminal de la carotide interne et le
images de granulomes en TDM au moment du diagnostic ou au segment proximal de la sylvienne et de l’artère cérébrale antérieure.
cours du traitement. [65] Les granulomes méningés siégeaient En fait, l’angiographie, même digitalisée, n’a plus d’indication dans
principalement à la base du cerveau. Chez 50 % des enfants, les la méningite tuberculeuse. S’il s’avère nécessaire de préciser une
images de granulomes n’étaient pas présentes à l’admission et pour lésion vasculaire au cours de la méningite tuberculeuse, il est plus
50 d’entre eux, les granulomes ont paru continuer de se développer raisonnable de faire appel à l’angiographie numérisée par RMN.
encore après le premier mois de traitement. L’apparition ou le
développement de granulomes peuvent se voir dans les 5 premiers ÉLECTROENCÉPHALOGRAPHIE
mois du traitement. Ils s’observent habituellement là où l’exsudat Au tout début de la maladie, de grandes ondes lentes, témoin d’une
inflammatoire est le plus important et peuvent être à l’origine de perturbation de l’électrogenèse cérébrale, ont été données comme
multiples complications, troubles de l’hydraulique du LCR un élément d’orientation. Au cours de la maladie,
(localisation épendymère avec obstruction du trou de Monro ou de l’électroencéphalogramme (EEG) peut mettre en évidence un foyer
l’aqueduc de Sylvius), compression des voies optiques pouvant d’ondes lentes ou des signes de comitialité.
nécessiter un geste chirurgical. En TDM, le granulome apparaît
comme une lésion hypo-, hyper- ou isodense, bien circonscrite
pouvant, après injection, prendre le contraste en périphérie. Tuberculome [4, 5, 36, 50]

Dans quelques rares cas, il a pu être observé des lésions


granulomateuses diffuses de la base. [9] En RMN, il existe un Un tuberculome est une masse de tissu granulomateux tuberculeux
hyposignal sur les images pondérées en T2 et un signal iso-intense ayant été contenue et limitée par les défenses immunitaires de l’hôte.
en T1, après gadolinium, une prise de contraste hétérogène de la Il se présente comme une lésion expansive, intracrânienne,
méninge de la base. Une compression des voies optiques est à quelquefois asymptomatique.
craindre. La fréquence des tuberculomes a beaucoup diminué en même temps
que régressait l’endémie tuberculeuse dans les pays développés ; ils
¶ Parenchyme cérébral représentaient 34 % des tumeurs intracrâniennes diagnostiquées en
1933 et seulement 2 % en 1972. Leur incidence reste élevée dans les
Tomodensitométrie
pays en voie de développement où l’endémie tuberculeuse est
Les infarctus cérébraux apparaissent hypodenses. Les zones importante : 17 % des lésions expansives intracrâniennes en Inde,
d’hypodensité étendue traduisent une thrombose d’artère de moyen 12 % au Niger, 14 % en Rhodésie, seulement 1 % à Taïwan où la
calibre souvent déjà suggérée par la clinique sur la constatation d’un tuberculose est encore très répandue, laissant supposer qu’il y a
syndrome déficitaire. Beaucoup plus instructive et ayant une peut-être des facteurs constitutionnels dans le développement d’un
signification pronostique globale péjorative est la mise en évidence tuberculome. Dans les pays à forte endémie, les tuberculomes sont
de lacunes dans les noyaux gris centraux, totalement particulièrement fréquents chez les enfants. Dans les pays à faible
asymptomatiques, par atteinte des artères perforantes, endémie, comme pour la méningite tuberculeuse, c’est à l’égard des
d’hypodensités périventriculaires pouvant correspondre à une zone populations immigrées qu’il faut être le plus vigilant.

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

ASPECTS ANATOMIQUES ¶ Tuberculome du tronc cérébral


ET ANATOMOPATHOLOGIQUES
Un tuberculome se constitue à partir d’une réaction inflammatoire Les tuberculomes du tronc cérébral sont rares, dans les régions où
autour du bacille tuberculeux parvenu dans le parenchyme cérébral cette pathologie avoisine 10 à 30 % des lésions expansives
par voie hématogène. Cette réaction inflammatoire est faite de intracrâniennes, ils n’excèdent jamais 2,5 à 8 % de l’ensemble des
cellules épithélioïdes, de cellules géantes de Langhans et d’un tuberculomes. Il est possible que les développements de l’imagerie
pourcentage variable de lymphocytes et de polynucléaires. Plusieurs amènent à porter plus souvent ce diagnostic.
petits tubercules se constituent, entourés d’un tissu cérébral Les différences de taille et de localisation anatomique des
œdémateux, puis ils fusionnent pour former une lésion souvent tuberculomes du tronc expliquent l’extrême variété de leur
lobulée, plus grande, ayant en son centre du caséum et à son expression sémiologique.
pourtour l’équivalent d’une capsule faite de fibres de collagène. La Des céphalées, une paralysie oculomotrice, un déficit moteur par
coupe d’un tuberculome montre toujours la même formation, le atteinte des fibres longues, une ataxie, voire un syndrome alterne,
caséum au centre, entouré d’une couronne de lymphocytes et de sont les symptômes les plus fréquemment rencontrés. Une altération
cellules épithélioïdes. de la conscience, probablement par souffrance de la substance
À l’intérieur même du tuberculome, on ne trouve que très peu de réticulée, une hydrocéphalie d’origine mécanique sont possibles.
bacilles alcoolorésistants, voire aucun, même après un examen en Cette symptomatologie s’installe progressivement sur des semaines,
coupes sériées. Les mycobactéries n’ont peut-être pour rôle que de ou mois, rien ne la différencie de celle liée à une tumeur maligne ou
déclencher le processus, tandis que se constitue une réponse bénigne.
tissulaire qui est le résultat d’un mécanisme immunitaire à
médiation cellulaire. À la périphérie se forme une liogse et, au ¶ Tuberculome du chiasma optique
voisinage de la lésion, les parois des vaisseaux sont infiltrées de
lymphocytes. Progressivement, la périphérie devient fibreuse et Les tuberculomes du chiasma et du nerf optique sont, pour certains,
l’infiltrat inflammatoire disparaît progressivement. Des calcifications développés au sein de l’arachnoïdite basale, ils sont de siège
peuvent se constituer surtout en périphérie de la zone nécrotique. préchiasmatique, pour d’autres, dont se rapproche le tuberculome
du nerf optique, à développement intrachiasmatique. Les signes
De très rares abcès tuberculeux du cerveau ont été décrits, très
d’appel sont habituellement une baisse de l’acuité visuelle ou la
différents du tuberculome et des formes pseudo-abcédées de celui-ci
découverte d’une hémianopsie bitemporale orientant vers le
par simple liquéfaction du matériel caséeux. L’abcès se caractérise
chiasma.
en fait par l’absence de réaction granulomateuse périphérique,
probablement par défaillance des mécanismes immunitaires de Une insuffisance hypothalamique et antéhypophysaire, souvent
l’hôte. La poche purulente est inconstamment limitée par une trompeuse et tardive a été observée par développement de la lésion
bordure semblable à celle que l’on observe dans les abcès à vers le plancher du 3e ventricule, un développement vers le haut a
pyogènes. Le pus est, contrairement au caséum des tuberculomes, pu être à l’origine d’un syndrome frontal. [54]
très riche en bacilles tuberculeux. Lorsque cette symptomatologie survient, au décours d’une atteinte
méningée ou chez un sujet connu pour avoir un antécédent de
CLINIQUE méningite tuberculeuse, l’erreur est de l’attribuer à la seule
Les signes cliniques d’appel les plus habituels sont des céphalées, arachnoïdite sans recherche tomodensitométrique attentive d’un
des signes d’hypertension intracrânienne, des convulsions chez tuberculome. Le diagnostic est d’autant plus important que c’est une
l’enfant. Cette symptomatologie peut s’inscrire dans un contexte des rares localisations relevant, par ses incidences anatomiques, d’un
évocateur parce qu’il existe un antécédent de tuberculose, des signes geste chirurgical urgent.
cliniques ou radiologiques d’une tuberculose extracérébrale mais il
est fréquent, dans les pays à forte endémie, d’observer des ¶ Autres localisations
tuberculomes, première expression clinique de la tuberculose. La Elles sont plus rares : tubercules quadrijumeaux, corps calleux,
cutiréaction n’est positive que dans un quart des cas et la amygdales cérébelleuses, plexus choroïdes, 3e ventricule, espace
radiographie pulmonaire anormale dans un tiers. La fièvre fait sous-dural, cavités mastoïdiennes ou du sinus caverneux.
souvent défaut.
Un tuberculome en plaque sur la méninge corticale faisant discuter
La symptomatologie du tuberculome intracrânien n’a pas de le diagnostic de méningiome ou un empyème sous-dural chez un
spécificité et dépend pour beaucoup de son siège, de l’effet de masse sujet traité pour une tuberculose pulmonaire ont été rapportés. [12, 83]
possible, de l’œdème avoisinant, du trouble de l’hydraulique
cérébrale engendré. Moins de la moitié des patients porteurs d’un EXAMEN PAR TOMODENSITOMÉTRIE [68]
tuberculome ont des signes de localisation neurologique. ET PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE NUCLÉAIRE
Les tuberculomes peuvent siéger n’importe où dans le cerveau. Le tuberculome caséifié est la forme la plus classique. Il apparaît en
Classiquement, la localisation a plutôt tendance à être sous- TDM isodense, discrètement hypodense par rapport au parenchyme
tentorielle chez l’enfant, sus-tentorielle chez l’adulte. Dans 15 à 20 % cérébral. Après injection, il ne prend pas le contraste à l’exception
des cas, il y a plusieurs tuberculomes. de sa périphérie, la partie granulomateuse du tuberculome, ce qui
lui donne un aspect en couronne, très évocateur, sans être pour
¶ Tuberculome hémisphérique autant spécifique. Quelquefois, on peut observer des calcifications
Il est longtemps bien toléré avant de se manifester par des crises dans la partie centrale.
convulsives ou un syndrome déficitaire hémiplégique, souvent par En RMN, sur les images pondérées en T1, le tuberculome donne un
effet de masse. signal iso-intense à hypo-intense par rapport au parenchyme
Dans une étude rétrospective de 1 247 cas de tuberculomes cérébral, en T2, un signal hypo-intense par rapport au cerveau tandis
intracrâniens, [4] la moitié d’entre eux était localisée dans les lobes qu’il existe, à l’intérieur de la lésion, plusieurs hypersignaux
pariétaux et de manière significative plus souvent dans l’hémisphère punctiformes. Le tuberculome est entouré d’une zone irrégulière
gauche, en concordance avec l’hypothèse d’une dissémination d’hypersignal en T2 correspondant à un œdème.
embolique par voie hématogène plus fréquente sur l’hémisphère Après gadolinium et en T1, on observe une prise de contraste
dominant. intense périphérique et circulaire. Le diagnostic se pose avec un
abcès à pyogènes, un granulome fungique, une tumeur en partie
¶ Tuberculome cérébelleux nécrosée, des métastases, un gliome, un lymphome et surtout un
Le tuberculome du cervelet reste longtemps asymptomatique, mais kyste de neurocysticercose dans les régions parasitées.
il peut être responsable d’une hydrocéphalie s’il est diagnostiqué À un stade plus précoce, avant caséification, on peut observer en
tard ou situé au voisinage du 4e ventricule. TDM une image iso- ou discrètement hyperdense entourée d’une

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Neurologie Tuberculose du système nerveux central 17-054-A-10

zone hypodense correspondant à l’œdème et après injection, une souvent associée à une miliaire tuberculeuse pulmonaire, se voit en
prise de contraste d’aspect nodulaire, irrégulière de la lésion. particulier chez l’enfant. Il est d’autant mieux documenté
En RMN et en T1, les lésions donnent un signal iso- ou hypo- aujourd’hui que les techniques de RMN sont plus sensibles.
intense par rapport au parenchyme, et en T2 un hypo- ou un L’augmentation de taille d’un tuberculome et l’apparente non-
hypersignal. Après injection de gadolinium, il y a une prise de réponse au traitement dans les premières semaines malgré un
contraste intense et homogène. À ce stade, le diagnostic se pose avec traitement bien adapté sont une éventualité non exceptionnelle
celui d’autres granulomes, d’une sarcoïdose par exemple ou avec justifiant une surveillance attentive par TDM car ils peuvent être à
celui d’une tumeur non nécrosée en son centre, gliome ou métastase. l’origine de l’aggravation d’une hypertension intracrânienne ou
L’artériographie peut aider à différencier le tuberculome d’un gliome d’une compression.
hypervascularisé. Étant donné le mécanisme immunopathologique à l’origine de ce
phénomène, après s’être assuré de la sensibilité de MT et de la bonne
ARTÉRIOGRAPHIE observance du malade au traitement, il est habituellement bénéfique
D’intérêt limité, l’artériographie met en évidence une image de faire appel à l’effet anti-inflammatoire des corticoïdes. Si la
avasculaire et c’est en ce sens qu’elle peut contribuer au diagnostic corticothérapie n’a pas été engagée, il faut le faire, si elle a été
en éliminant un glioblastome hypervascularisé. En revanche, elle ne diminuée ou interrompue, il faut la reprendre et si elle est
permet pas de faire la différence avec un astrocytome peu ou pas maintenue, augmenter les doses en s’étant assuré qu’il n’y a pas de
vascularisé dans la mesure où, dans quelques tuberculomes, il a été contre-indication par ailleurs. [1]
décrit une très fine revascularisation de la coque à la limite de la À distance, des calcifications séquellaires, voire une atrophie de la
visibilité. Lorsque le tuberculome est très superficiel et adhérent à la zone parenchymateuse adjacente sont des constatations relativement
dure-mère, le diagnostic peut aussi se poser avec un méningiome rares. Dans la majorité des cas, il n’y apas de séquelle après
peu vascularisé. Au voisinage ou plus souvent sur les vaisseaux de traitement médical mais il est prudent de faire un
la base, l’existence d’irrégularité de calibre, témoin d’une vascularite, électroencéphalogramme pour éliminer un foyer électrique
surtout chez un sujet jeune, peut être un argument indirect pour épileptogène résiduel.
une tuberculose. Les abcès tuberculeux surviennent habituellement dans un contexte
sévère et nécessitent d’associer au traitement médical une évacuation
SCINTIGRAPHIE ISOTOPIQUE du pus, soit par simple ponction, drainage fractionné ou continu,
Elle donne, pour le tuberculome, une image d’hyperfixation soit par une excision de l’abcès en sachant le risque d’une
apparaissant dès la première heure, mais surtout nette sur les clichés dissémination foudroyante de la tuberculose neuroméningée. Le
tardifs. Elle n’est pas capable d’en préciser la nature et ne visualise pronostic est sévère, la mortalité importante. [46]
pas de masse inférieure à 1 cm de diamètre ; dans 10 à 15 % des cas,
elle serait en défaut. TUBERCULOSE MILIAIRE DU NÉVRAXE

[46, 87]
Elle doit être distinguée des aspects cliniques précédents. Dans les
ABCÈS TUBERCULEUX formes typiques, le LCR est normal, tout au plus y a-t-il une
C’est une éventualité rare, 87 cas ont été relevés 87 . L’image élévation de la protéinorachie en rapport probablement avec une
hypodense en TDM, cerclée par une fine prise de contraste n’est en hypertension intracrânienne débutante. Les lésions cérébrales
rien distinguable d’un abcès à pyogènes, voire de certaines tumeurs s’apparentent plus à celles observées dans la miliaire pulmonaire,
primitives ou métastatiques ou encore d’un hématome en voie de elles diffèrent de tuberculomes multiples, d’où le terme de granulie
résolution. En RMN, il existe un hyposignal en T1 et un hypersignal subaiguë du névraxe employé par Garcin qui rapporte en 1952
en T2 dans la zone centrale avec une prise de contraste en couronne plusieurs observations associées à une miliaire pulmonaire. [31]
comme dans un abcès à pyogènes. Le parenchyme avoisinant La sémiologie est souvent peu bruyante, évoluant sur plusieurs
montre habituellement un œdème moins marqué que dans un abcès mois. Dans une observation, la TDM visualise des opacités de 2 à
à pyogènes. [63] La RMN, en faisant appel à une technique de 3 cm de diamètre au nombre de 12, superficielles et profondes,
transfert d’aimentation (MR imaging) ou par spectroscopie pourrait réparties dans les deux hémisphères, dans le tronc cérébral et le
aider à la différenciation, la composition chimique du pus n’étant cervelet, sans effet de masse. [23] La curiosité de cette observation,
pas la même. [36] comme de celle rapportée en 1979, est qu’elle n’est pas accompagnée
L’intérêt de cette entité est de savoir qu’une lésion cérébrale en tout d’une miliaire pulmonaire, mais de lésions sous-cutanées abcédées
point semblable à un abcès à pyogènes peut être exceptionnellement où il a été possible microscopiquement de mettre en évidence des
d’origine tuberculeuse, justifiant la recherche de BK dans le pus, structures épithélio-giganto-cellulaires. [78] Dans l’un et l’autre cas, la
l’histologie évocatrice de tuberculose étant en défaut. guérison a été obtenue par la chimiothérapie.

ÉVOLUTION SOUS TRAITEMENT


Les méthodes non invasives d’imagerie médicale ont modifié Atteinte myéloradiculaire
l’approche thérapeutique des tuberculomes permettant d’en suivre
régulièrement l’évolution et d’en éviter le traitement chirurgical à tuberculeuse [20, 39, 64]

quelques situations anatomiques près, en particulier celles faisant


craindre une compression des voies optiques, une hydrocéphalie RADICULOMYÉLITE TUBERCULEUSE
aiguë, par un tuberculome du 4e ventricule par exemple, et obligeant Elle intéresse la méninge spinale et s’exprime par des signes de
à une dérivation en urgence. souffrance médullaire ou médulloradiculaire. Elle peut s’étendre
Sous l’effet du traitement médical, l’involution du tuberculome se secondairement à l’ensemble des enveloppes méningées, réalisant
fait lentement, sur plusieurs mois, et la résolution définitive n’est alors un tableau de méningite tuberculeuse classique. Pendant
souvent obtenue que très tardivement. La régression en taille est longtemps, ces atteintes médullaires au cours de la tuberculose ont
lente dans le premier mois (7,3 %) puis rapide de 15 à 20 % par été considérées comme la complication d’une tuberculose vertébrale
mois. [5] L’œdème disparaît progressivement en 6 mois. et c’est en 1947 que Ransome et Montiro ont rapporté les premiers
Les tuberculomes d’un diamètre inférieur à 1 cm régressent cas de myélopathie tuberculeuse survenus sans mal de Pott.
beaucoup plus rapidement en 4 à 10 semaines alors que l’on compte
entre 5 et 8 mois pour les lésions de l’ordre de 2,5 cm de diamètre. ¶ Anatomie pathologique
Lorsqu’il existe une réponse atypique, il n’est pas rare de devoir Cliniquement, il existe un exsudat très important pouvant occuper
prolonger le traitement jusqu’à 30 mois. tout l’espace entre la dure-mère et la leptoméninge engainant
Le développement paradoxal de multiples tuberculomes cérébraux partiellement ou complètement la moelle épinière et les racines. Au
au cours du traitement d’une méningite tuberculeuse, le plus sein de cet exsudat inflammatoire, il y a une réaction

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

granulomateuse de la leptoméninge et certains de ces granulomes La myélographie ne permet pas habituellement le diagnostic et
peuvent aggraver la compression. Aux lésions méningées peuvent l’examen de choix est la RMN.
s’associer des lésions ischémiques de la moelle épinière, les Sur les images pondérées en T1, la lésion est marquée par un signal
vaisseaux étant le siège à la fois d’une vascularite spécifiquement hypo-intense en périphérie et par un signal iso- ou hypo-intense
tuberculeuse et de lésions inflammatoires et mécaniques également sur les images pondérées en T2. Après gadolinium, il y a
consécutives à l’exsudat méningé les engainant. Ces lésions sont le une prise de contraste en périphérie. La caséification est visualisée
plus souvent observées dans la région lombosacrée mais des par un ou plusieurs hypersignaux ponctuels au centre de la lésion.
atteintes dorsales et surtout cervicales ont été rapportées. [13] Ces images de tuberculome peuvent être associées à celles d’une
arachnoïdite spinale.
¶ Clinique Le fait évolutif majeur est l’aggravation brutale possible à
Le début est souvent progressif sur 1 ou 2 mois, marqué par rapprocher des lésions vasculaires constatées opératoirement alors
l’apparition d’une paraparésie lentement évolutive : douleurs que le tuberculome lui-même apparaît comme une lésion bien
radiculaires, faiblesse musculaire, paresthésies, troubles limitée. Cette vascularite associée, d’autant plus conséquente que la
sphinctériens, troubles mictionnels précédant la paralysie qui se vascularisation de la moelle est précaire, rend probablement compte
développe habituellement en quelques jours. des paraplégies flasques observées sans blocage manométrique.
À l’examen, souvent, les réflexes ostéotendineux sont absents, le La myélographie confirmerait l’existence d’une tumeur
cutané plantaire en extension. intramédullaire, la TDM et surtout la RMN localisent mieux la lésion
Les symptômes peuvent apparaître d’emblée ou venir compliquer intrarachidienne, sans pour autant réunir tous les arguments qui
une méningite tuberculeuse diagnostiquée et traitée. Certes, il peut permettraient d’en préciser la nature.
s’agir d’une méningite insuffisamment ou mal traitée mais l’atteinte Dans la mesure du possible, le traitement est médical, une
myéloradiculaire peut aussi se développer au cours de l’évolution intervention chirurgicale est réservée à un déficit neurologique
d’une tuberculose neuroméningée correctement traitée, l’importance important, une mauvaise réponse ou une aggravation clinique sous
de la réaction inflammatoire évoquant une réaction retardée traitement, voire une expansion paradoxale de la lésion entraînant
d’hypersensibilité aux antigènes mycobactériens. Les troubles de des conséquences mécaniques. [64]
conscience retardent le diagnostic de l’atteinte médullaire et les
mesures thérapeutiques nécessaires. Cette atteinte ÉPIDURITE TUBERCULEUSE
radiculomédullaire peut encore survenir très à distance d’une Au sens strict, ce terme doit être réservé aux épidurites postérieures
méningite tuberculeuse (Voir chapitre « Complications à distance et ou postérolatérales où ni les examens radiologiques ou
séquelles »). tomographiques, ni les constatations opératoires ne parviennent à
mettre en évidence une destruction ostéoarticulaire. La plupart des
¶ Myélographie et myéloscanner auteurs incluent dans ce cadre nosologique les épidurites associées
La myélographie montre un blocage total ou partiel, le liquide de à une tuberculose vertébrale de l’arc postérieur. L’important est, en
contraste s’écoule difficilement, le fourreau dural est irrégulier et les fait, de savoir l’existence de manifestations de souffrance médullaire
racines paraissent épaissies. Les lésions sont souvent étendues et possible en dehors de tout signe d’atteinte osseuse, au moins
obligent à injecter par voie haute, cisternale et basse, lombaire. Le clinique ou radiologique.
myéloscanner montre également un remplissage irrégulier des L’épidurite a été décrite comme une gangue rougeâtre, grenue, plus
espaces sous-arachnoïdiens, des racines épaissies et éventuellement ou moins hémorragique, de 5 à 15 mm d’épaisseur, recouvrant un
un ou des tuberculomes intramédullaires associés. Ces examens sont ou plusieurs segments, contenant parfois quelques microabcès,
invasifs, outre le risque infectieux, ils risquent d’exacerber la réaction développée en arrière de la dure-mère et ne l’envahissant pas. Les
inflammatoire et, dans la mesure du possible, il faut leur préférer la lésions sont habituellement dorsales ou dorsolombaires.
RMN. L’épidurite survient fréquemment dans un contexte de maladie
tuberculeuse ganglionnaire, argument pour une dissémination
¶ Résonance magnétique nucléaire lymphatique causale. Les sujets africains de race noire semblent
C’est l’examen de choix. Les séquences pondérées en T2 montrent particulièrement sensibles, ils représentaient 11 de 13 cas rapportés
une oblitération inhomogène de l’espace sous-arachnoïdien et une en 1968 et dans 10 des 13 cas, il y avait une autre localisation
perte du contour de la moelle dans son segment cervicodorsal et tuberculeuse. [16]
lombaire, un aspect d’enchevêtrement des racines. Sur les séquences Cliniquement, l’affection débute par des douleurs rachidiennes
pondérées en T1, après injection de gadolinium apparaissent des localisées durant 2 semaines à 1 mois, pouvant en imposer pour une
images nodulaires, un épaississement de l’espace méningé et une étiologie discale, puis apparaissent en 8 à 15 jours des troubles
prise de contraste intradural occupant tout l’espace sous- moteurs. L’aggravation et la constitution de la paraplégie se font
arachnoïdien, engainant les racines qui ont un contour irrégulier et très brutalement en l’espace de quelques jours, parfois favorisées,
paraissent épaissies et comme enchevêtrées. Ces images peuvent semble-t-il, par la ponction lombaire. La rétention d’urine peut être
survivre à la guérison clinique. le premier signe révélateur de la souffrance médullaire.
La prise de contraste de la méninge spinale est un élément fort de Les radiographies du squelette ne montrent théoriquement pas de
diagnostic pour s’orienter vers une infection neuroméningée. lésions osseuses, quoique que dans trois des observations de la série
sus-citée, il existait des images ostéolytiques sur l’arc postérieur,
La RMN permet de bien visualiser la moelle épinière et
avec disparition du pédicule dans deux cas ou d’une lame dans un
éventuellement de mettre en évidence une zone d’ischémie, des
autre.
tuberculomes intramédullaires ou une lésion épidurale ou osseuse.
Elle est un élément de surveillance important au début du traitement La ponction lombaire met en évidence une dissociation
où l’on peut observer une aggravation nécessitant, dans quelques protéinocytologique évoquant un blocage mais elle n’est pas sans
cas exceptionnels, une laminectomie de décompression. Elle permet risque, une compression médullaire étant évoquée, il est préférable
de suivre l’évolution et de détecter éventuellement la constitution de s’abstenir ou de ne l’envisager que dans un temps
d’une cavité syringomyélique à distance. potentiellement préopératoire.
La myélographie, de préférence par voie sous-occipitale, montrerait
TUBERCULOMES INTRAMÉDULLAIRES [64, 75] l’arrêt en dents de peigne ou deux coulées latérales. La RMN
Ils sont beaucoup plus rares que les tuberculomes intracrâniens, le objective la compression à partir du foyer duremérien.
ratio est de l’ordre de 1/42. Ils s’observent plus volontiers chez les Le diagnostic est celui d’une compression médullaire pour laquelle
sujets jeunes. L’expression clinique est celle d’une compression une pathologie discale en raison de l’antécédent de douleurs
médullaire lente avec un déficit neurologique progressif. radiculaires ou une tumeur maligne, surtout s’il s’y associe une

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Neurologie Tuberculose du système nerveux central 17-054-A-10

image osseuse ostéolytique, peuvent être envisagées. MT est l’aqueduc de Sylvius. Elle peut être présente dès le début de la
rarement mis en évidence et le diagnostic est porté par l’examen maladie ou se constituer 1 ou 2 mois plus tard, justifiant de la
histologique extemporané. S’il existe des signes de souffrance rechercher devant une aggravation ou un arrêt de la progression
médullaire, le traitement chirurgical est urgent, il consiste en une dans une évolution jusque-là favorable. [60]
laminectomie postérieure décompressive.
ARACHNOÏDITE
NEUROMYÉLITE OPTIQUE AIGUË OU TUBERCULOSE
Elle se manifeste par des signes de souffrance médullaire
apparaissant en cours de traitement ou plusieurs mois, voire années
La neuromyélite optique aiguë de Devic a une définition clinique : après la méningite. Elle se révèle par une paraparésie où s’intriquent
c’est l’association d’une papillite ou d’une névrite optique des troubles moteurs et des signes de souffrance des cordons
rétrobulbaire et d’une atteinte médullaire. La baisse de l’acuité postérieurs ou des voies spinothalamiques ; les lésions sont
visuelle est le plus souvent le premier signe de la maladie allant maximum à hauteur de la moelle dorsale. Les signes de souffrance
jusqu’à la cécité, l’atteinte médullaire conduisant à l’installation en médullaire peuvent s’aggraver brutalement lorsque l’arachnoïdite
quelques semaines d’une paraplégie ou d’une tétraplégie. comprime la moelle et retentit sur sa vascularisation, pouvant
L’évolution peut être spontanément favorable en quelques semaines conduire à une myélopathie ischémique et à la formation ultérieure
ou mois. L’étude neuropathologique met en évidence des lésions de cavités intramédullaires. La RMN est l’examen de choix.
nécrotiques et démyélinisantes, localisées aux voies optiques
En 1990, il a été rapporté une observation d’arachnoïdite ossifiante
antérieures et à un segment médullaire, voire à toute la moelle, mais
révélée par une paraparésie spastique 20 ans après une méningite
jamais de façon disséminée et anarchique. Dans sept cas, ce
tuberculeuse correctement traitée. [84]
syndrome était associé à une tuberculose extraneurologique. [6]
[61, 73]
SYRINGOMYÉLIE OU SYRINGOBULBIE
Elles peuvent apparaître 1 à 20 ans après une méningite
Pronostic et évolution [55, 71, 72] tuberculeuse, se révélant habituellement par une paraparésie
spastique progressive, des troubles de la sensibilité à la température
Le pronostic de la méningite tuberculeuse est, dans l’ensemble, assez et à la douleur. La RMN permet d’objectiver les cavités qui sont
sévère, la mortalité est évaluée entre 15 et 40 % et les séquelles aux quelquefois multifocales, d’apprécier l’état de la moelle et
alentours de 15 %. La gravité de l’atteinte neurologique initiale est l’arachnoïdite potentielle qui l’entoure. La cause la plus fréquente
déterminante, qu’il s’agisse d’un coma ou de signes déficitaires. Les semble en être l’arachnoïdite spinale par ischémie vasculaire
images tomodensimétriques d’hypodensité périventriculaire ou les artérielle ou stase veineuse des vaisseaux compris dans la gangue
lacunes dans le diencéphale correspondant à des accidents méningée à l’origine d’une hypoxie médullaire. La communication
ischémiques cliniquement latents sont de pronostic défavorable. Le possible de la cavité avec le 4e ventricule a laissé supposer dans
retard au traitement, les âges extrêmes, les pathologies associées sont quelques cas le rôle d’un facteur mécanique à l’origine de la
également des éléments défavorables. cavité, [73] celui d’une hémorragie par infarctus veineux a également
La guérison est plus lente à obtenir qu’au décours des autres été avancé.
méningites bactériennes, elle dépend pour beaucoup de la sévérité COMPLICATIONS VISUELLES
de l’atteinte neurologique initiale, elle est variable d’un cas à l’autre Elles sont rares et se traduisent par une baisse de l’acuité visuelle
et s’étend sur plusieurs semaines. La correction de l’hypoglycorachie apparaissant habituellement au décours de la phase aiguë vers la 4e
demande 15 à 20 jours. semaine mais quelquefois beaucoup plus tard alors que la guérison
Une aggravation en cours de traitement doit faire rechercher : clinique semble obtenue.
À l’examen, la papille est pâle par atrophie optique, la cause en est
– une hypoxie, une hyponatrémie ;
habituellement une arachnoïdite mais il faut toujours s’assurer qu’il
– une hydrocéphalie ; n’y a pas un tuberculome du chiasma associé. La baisse de l’acuité
– un nouvel accident vasculaire cérébral ischémique ; visuelle peut être la première manifestation d’une hydrocéphalie.
– une aggravation des phénomènes inflammatoires et COMPLICATIONS ENDOCRINIENNES
immunopathologiques dans les premiers jours du traitement, Elles surviennent au décours de la maladie ou plus souvent des mois
entraînant le développement ou l’expansion d’un tuberculome ou des années après l’épisode aigu. L’obésité en est la manifestation
intracrânien, la constitution de granulomes dans les espaces la plus fréquente ; plus rarement, il s’agit d’un retard de croissance
méningés ; ou d’un hypogénitalisme, le diabète insipide ou une puberté précoce
étant exceptionnels.
– une inefficacité du traitement :
Quelques observations de panhypopituitarisme ont pu être
– par inadaptabilité aux données de l’antibiogramme en cas de rapportées. L’origine du déficit est hypophysaire dans la majorité
tuberculose multirésistante ; des cas, hypothalamique quelquefois. La cause en est une
– par sous-dosage consécutif à une interférence, en particulier arachnoïdite ou une ischémie secondaire à une artérite dans les
avec les antirétroviraux chez les sujets VIH-P, ou par défaut territoires des artères perforantes, voire d’un tuberculome.
d’observance. L’apparition de signes endocriniens à distance de l’épisode aigu
justifie une surveillance sur le long terme. Les dosages radio-
L’examen tomodensitométrique devant toute aggravation clinique
immunologiques ont mieux fait connaître le déficit hormonal et mis
inexpliquée a amélioré le pronostic amenant à un traitement
en évidence des déficits thyroïdiens ou surrénaliens latents. La
rapidement adapté devant la constatation d’une hydrocéphalie,
constatation de calcifications suprasellaires fait redoubler de
d’une arachnoïdite ou le développement de tuberculomes ayant des
vigilance. Un traitement hormonal de substitution est nécessaire. [48,
conséquences mécaniques. L’examen du LCR permet, devant une 54]
élévation anormale de la protéinorachie, de suspecter une
arachnoïdite débutante. Une hypothermie chronique a été rapportée au décours d’une
méningite tuberculeuse chez une jeune infirmière et attribuée à une
probable souffrance diencéphalique. [22]
Complications à distance et séquelles
Traitement antituberculeux
HYDROCÉPHALIE ANTIBIOTIQUES ANTITUBERCULEUX
Elle est la complication la plus fréquemment observée. Le plus Il est nécessaire de prendre en compte la qualité de la diffusion des
souvent, il s’agit d’une hydrocéphalie communicante constituée à la antibiotiques dans les espaces neuroméningés, leur activité sur les
phase aiguë, plus rarement par obstruction dans le 4e ventricule ou différentes populations de bacilles tuberculeux et les phénomènes

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

de résistance. La population de bacilles tuberculeux la plus En ce qui concerne les interactions médicamenteuses, la rifampicine
importante est faite de bactéries se développant en présence est un inducteur enzymatique, elle potentialise la toxicité de l’INH
d’oxygène et d’un pH neutre, se multipliant rapidement. C’est dans et interfère avec de nombreuses substances médicamenteuses.
cette population qu’apparaissent les mutants résistants conduisant à La surveillance biologique est identique à celle de l’INH.
l’échec thérapeutique par résistance acquise. Une seconde
population correspond à des MT intramacrophagiques se ¶ Pyrazinamide
multipliant lentement en milieu acide dont on peut rapprocher celle Le pyrazinamide a une action bactéricide sur les bacilles
des bacilles inclus dans le caséum, pouvant rester quiescents et peut- intracellulaires et les débris acides du caséum, il n’agit qu’en milieu
être responsables de rechutes. Un antibiogramme est nécessaire de acide. Du fait de sa lipophylie partielle, il passe remarquablement la
façon à ne pas méconnaître un MT multirésistant. barrière méningée, le rapport sérum/LCR est de 0,74 à la 2e heure,
de 1,15 à la 5e heure, de 1,09 à la 8e heure. [27]
¶ Isoniazide Le fait que le pH dans le système nerveux central soit voisin de la
L’isoniazide (INH) est bactéricide pour les MT en phase de neutralité pose question sur l’activité du pyrazinamide dans les
croissance. L’INH est bien absorbé per os, il le serait moins bien affections neuroméningées. [38] Son activité serait également
toutefois chez les sujets VIH-P ; il diffuse très bien dans le LCR, sa fortement altérée chez les sujets atteints de sida ayant un nombre de
cinétique est retardée de 3 heures par rapport à celle du plasma dont CD4 inférieur à 100/mm3.
il atteint alors un taux voisin. Un dosage de l’INH sérique, 3 heures Les effets adverses sont :
après la prise orale, permet de bien évaluer la concentration dans le
LCR qui se trouve être, indépendamment des phénomènes – une hépatotoxicité : elle est dose-dépendante, et contre-indique le
d’acétylation, toujours très largement supérieure à la concentration pyrazinamide chez les sujets ayant une insuffisance hépatique ;
inhibitrice minimum (CMI) de MT. La corticothérapie n’a pas – une hyperuricémie : elle est le plus souvent asymptomatique.
d’incidence sur la diffusion de l’INH. Des arthralgies indépendantes de l’hyperuricémie, réagissant bien
Les effets adverses de l’INH sont : au traitement anti-inflammatoire, ont pu être observées.
En ce qui concerne les interactions médicamenteuses, l’association à la
– l’hépatotoxicité. Elle est liée au dérivé acétylé de l’isoniazide et
rifampicine et à l’isoniazide n’augmente pas le risque d’hépatite par
elle est potentialisée par la rifampicine. Le risque est augmenté par
le pyrazinamide. Toutefois, pour éviter des signes d’intolérance,
l’âge, l’intoxication alcoolique chronique, une lésion hépatique
celui-ci doit être administré à une posologie progressive pour
préexistante, mais une hépatite chronique n’est pas une contre-
atteindre la dose totale au 4e jour.
indication formelle, elle nécessite seulement une attention
particulière ; ¶ Ethambutol
– la neurotoxicité. Elle est à craindre chez les patients dénutris, Il est actif sur les bactéries en croissance et celles éventuellement
insuffisants rénaux, diabétiques ou éthyliques. Elle se traduit par une résistantes à l’INH. Sa diffusion dans le LCR d’un sujet sain est très
neuropathie périphérique prédominant aux membres inférieurs et à variable, mais augmente très fortement au cours de la méningite et
expression surtout sensitive, une névrite optique, voire des crises atteint, pour une dose de 25 mg/kg, un taux voisin d’1 mg/l à partir
convulsives. Elle est prévenue par une vitaminothérapie B6 ; duquel la plupart des souches sont sensibles.
– rash, fièvre avec arthralgies, syndrome algoneurodystrophique, Les effets adverses de l’Ethambutol sont :
pellagre, syndrome lupique ont pu être rapportés à l’INH.
– la névrite optique. Elle se manifeste par une perte de la vision des
En ce qui concerne les interactions médicamenteuses, l’INH interfère couleurs, un scotome central ou plus communément une perte de la
avec la rifampicine, il potentialise la toxicité des phénytoïnes. vision périphérique ; l’accident peut être unilatéral ; il est réversible
La surveillance biologique porte sur l’évaluation des transaminases, à l’arrêt du traitement ;
du taux de thrombine et de prothrombine et une évaluation du taux – une élévation de l’acide urique à la troisième semaine,
d’INH en début de traitement qui apparaît d’autant plus importante
qu’il s’agit d’un sujet acétyleur lent ou d’un patient porteur d’une – des accidents allergiques sont également possibles.
insuffisance hépatique sévère. La surveillance porte sur l’étude de la vision des couleurs et du
champ visuel chaque mois si la dose est supérieure à 15 mg/kg. Son
¶ Rifampicine emploi est plutôt déconseillé avant 13 ans.

La rifampicine a un grand pouvoir de stérilisation des lésions, elle ¶ Autres antibiotiques antituberculeux
est bactéricide sur le MT, que celui-ci soit en phase de multiplication
active, quiescent ou intramacrophagique. La rifampicine pénètre très Rifabutine
lentement dans le LCR et n’atteint que des concentrations voisines Son mécanisme d’action est identique à celui de la rifampicine. Son
de 0,03 µg ml–1, très légèrement supérieures à la CMI de MT. La mode d’action sur les souches MT résistant à la rifampicine est
pénétration de la rifampicine ne paraît pas affectée par inexpliqué. La CMI de MT est inférieure à 2 µg ml–1 et souvent très
l’administration de corticoïdes. Si la méninge est très inflammatoire, basse, voisine de 0,01 µg ml–1. La biodisponibilité digestive est faible,
la rifampicine atteint dans le LCR un taux moitié de celui du sérum. de l’ordre de 20 %. Les effets secondaires sont identiques à ceux de
L’administration de la rifampicine doit se faire en une fois afin de la rifampicine.
saturer les mécanismes d’élimination hépatique et d’obtenir un taux
sérique optimum et par là même efficace dans le LCR. Fluoroquinolones : ofloxacine, ciprofloxacine, lévofloxacine
Les effets adverses de la rifampicine sont : Ils ont une activité sur MT et il ne semble par exister de résistance
croisée entre les fluoroquinolones et les autres antituberculeux, une
– l’hépatotoxicité. Elle est propre à la rifampicine et plus marquée synergie a même été mise en évidence entre la ciprofloxacine ou
chez les acétyleurs lents et les sujets ayant une insuffisance l’ofloxacine et la rifampicine ou l’INH. La bonne pénétration
hépatique ; elle se traduit par une cholestase intrahépatique à intramacrophagique et l’excellente diffusion neuroméningée des
distinguer de celle d’une tuberculose hépatique ; fluoroquinolones sont des arguments pour les utiliser dans les
– les accidents immunoallergiques. Ils sont rares mais sévères, méningites tuberculeuses à MT multirésistants.
observés surtout lors d’une chimiothérapie intermittente ou à la
reprise d’un traitement interrompu plusieurs semaines. Il peut s’agir Aminosides
d’un choc anaphylactique, d’une anémie hémolytique aiguë, d’une La streptomycine est actuellement reléguée en raison de sa toxicité
thrombocytopénie, d’où la nécessité, après une interruption, de cochléovestibulaire et de l’absence d’action bactéricide sur les formes
reprendre la rifampicine à doses progressives. extracellulaires en phase active.

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Neurologie Tuberculose du système nerveux central 17-054-A-10

L’amikacine peut être active sur les bactéries multirésistantes. nucléosidiques. Parmi les premiers, le ritonavir et parmi les seconds,
La mauvaise pénétration dans le LCR contre-indique l’usage des l’effavirenz sont recommandés pour leurs moindres interférences. Il
aminosides par voie générale mais le recours à la voie intrathécale n’y a pas d’interférences avec les inhibiteurs nucléosidiques de la
peut être envisagé dans des méningites à MT multirésistant. [8] transcriptase inverse.
L’éthionamide est bactéricide et a une bonne diffusion dans les Pour les patients traités par infliximab qui ne sont pas sous
espaces méningés. Sa toxicité, en particulier neuropsychique, est un prophylaxie antituberculeuse et qui développent une méningite
obstacle à son usage. tuberculeuse, le traitement est au moins de 1 an.
La cyclosérine a une activité relativement faible sur le bacille
tuberculeux mais elle pénètre bien dans le LCR. Elle a des effets ¶ « Mycobacterium tuberculosis » résistants
adverses neuropsychiatriques majeurs : convulsions, état dépressif. Résistance isolée à l’INH : il semble qu’elle n’obère pas la guérison
si le traitement inclut la rifampicine. [26] Une façon de la prévenir est
MODALITÉS DE PRESCRIPTION d’associer l’éthambutol à la trithérapie par INH, rifampicine et
pyrazinamide de façon systématique ou à chaque fois que l’on craint
¶ Traitement antituberculeux un facteur de résistance.
Le traitement doit être engagé le plus rapidement possible, souvent
à défaut d’un diagnostic bactériologique préalable sur des ¶ « Mycobacterium tuberculosis » multirésistants [15, 21, 28,

29, 56, 67]


arguments de présomption, après avoir réuni les meilleures
conditions pour obtenir une réponse à court terme du laboratoire, Le niveau réel de résistance dans le monde n’est pas connu. Pour la
non seulement pour confirmer l’hypothèse clinique et justifier la résistance primaire, il varie de 0 à 10,8 %, il serait voisin de moins
spécificité et la durée d’un traitement long mais aussi pour de 1 % en France mais atteint 14 % en Estonie, 9 % dans deux
permettre l’étude de la sensibilité de MT aux antibiotiques. Si régions de Russie. L’évaluation de la menace réelle doit prendre en
secondairement, la preuve bactériologique n’est pas apportée, il ne compte les flux migratoires possibles. À l’inverse de ce qui se passe
faut pas pour autant interrompre un traitement antituberculeux pour l’INH, les souches résistantes à la rifampicine sont
engagé sur des éléments cliniques présomptifs bien établis, sans constamment pathogènes. Le traitement, en fonction de
s’être assuré qu’une autre cause peut être formellement avancée à l’antibiogramme, peut associer pyrazinamide, éthambutol et une
l’origine du syndrome neuroméningé, une rechute après quinolone (ofloxacine). En sus de leur prescription par voie générale,
interruption erronée du traitement antituberculeux étant souvent il a été suggéré, à propos d’une observation, l’administration
très difficile à maîtriser. L’anbitiothérapie spécifique associe intrathécale d’amikacine et de l’évofloxacine par un réservoir
l’isoniazide (5 à 6 mg kg–1 j–1 chez l’adulte, 10 mg kg–1 j–1 chez d’Ommaya placé en frontal et sous contrôles répétés des taux
l’enfant où elle a pu être portée à 20 mg kg –1 j –1 sans signe intrathécaux à partir de prélèvements recueillis par un drain placé
d’hépatotoxicité), la rifampicine (10 mg kg–1 j–1 en une seule fois, en lombaire. [8] L’éthionamide, la cyclocérine, la ciprofloxacine
20 mg kg–1 j–1 pour les enfants de 1 mois à 7 ans), le pyrazinamide peuvent également être proposées.
(25 à 30 mg kg–1 j–1 chez l’adulte, 20 mg kg–1 j–1 chez l’enfant),
auxquels on peut adjoindre l’éthambutol de façon systématique ou TRAITEMENT IMMUNOMODULATEUR
seulement chaque fois que l’on craint des bacilles résistants à l’INH L’exsudat méningé inflammatoire et la vascularite qui l’accompagne
(20 mg kg–1 j–1 chez l’adulte, 25 à 30 mg kg–1 j–1 chez l’enfant). sont la conséquence d’un mécanisme immunopathologique
S’il existe des troubles digestifs, l’isoniazide et la rifampicine justifiant, en respectant certaines précautions, le recours à la
peuvent être administrés les premiers jours par voie intraveineuse. corticothérapie, voire à d’autres traitements immunomodulateurs.
La corticothérapie, dans plusieurs séries, chez l’enfant et également
¶ Durée du traitement chez l’adulte prescrite dès la mise en route du traitement
Le pyrazinamide est arrêté à la fin du 2e mois et l’éthambutol à la (prednisone à la dose de 2 mg kg–1), a un effet bénéfique sur la
fin du 4e. La durée totale du traitement varie de 6 mois à 1 an, voire mortalité qui passe de 17 à 4 % et sur la morbidité, particulièrement
18 mois, elle varie selon l’état immunitaire du patient, sa tolérance sur l’altération des fonctions supérieures et sur les séquelles
aux médicaments et la gravité des lésions initiales. neurosensorielles. [70]
Chez un sujet immunocompétent, un traitement court, limité à L’exsudat méningé semble plus modéré chez les sujets recevant une
6 mois, a été validé dans la mesure où à la rifampicine et à l’INH a corticothérapie et peut-être les lésions cérébrales, au contact de
été associé d’emblée le pyrazinamide. L’avantage d’un traitement méninges moins inflammatoires, sont-elles plus limitées.
court est de diminuer la toxicité et de permettre une meilleure La corticothérapie ne semble pas avoir d’effet sur la pression
observance. [2, 51] intracrânienne, elle diminuerait l’incidence et la gravité des
La fiabilité d’un traitement court a été contestée en soulignant la accidents ischémiques, la fréquence de leur survenue après mise en
gravité des rechutes dont le risque semble plus ou moins dépendant route du traitement, mais cela n’est appuyé sur aucune étude
de l’importance des lésions initiales qu’il semble nécessaire randomisée.
effectivement de prendre en compte. Par ailleurs, si le traitement est La corticothérapie a un effet bénéfique sur la résolution des
bien supporté, il est peut-être plus raisonnable et plus prudent de tuberculomes par le traitement médical, elle en favorise l’involution
prolonger jusqu’à 1 an la bithérapie par rifampicine et INH. Chez et diminue le risque d’expansion paradoxale dans les premières
l’enfant, la durée recommandée du traitement est de 1 an, mais des semaines du traitement.
traitements courts de 6 mois ont été proposés avec succès. Chez la Dans toutes ces circonstances, la corticothérapie, pour avoir un
femme enceinte, il n’y a aucune restriction à l’usage de l’INH, de la éventuel effet bénéfique, doit être administrée le plus tôt possible,
rifampicine et de l’éthambutol. Pour le pyrazinamide, également dans le 1er mois du traitement.
recommandé dans les formes sévères, il n’y a pas de données Au cours de l’évolution d’une méningite tuberculeuse traitée, la
suffisantes pour exclure de façon formelle toute tératogénicité. survenue d’une arachnoïdite relève d’une corticothérapie par voie
Chez les patients VIH-P, étant donné la moins bonne absorption des générale, éventuellement intrathécale, jusqu’à obtention d’une
antituberculeux pouvant aller jusqu’à 20 % de la dose ingérée, il est amélioration clinique.
prudent de vérifier les taux sanguins et, au besoin, d’augmenter les La thalidomide est un inhibiteur du TNF-a, elle pourrait avoir un
doses. La durée du traitement est au minimum de 1 an. Il est difficile effet bénéfique sur les lésions de vascularite induites par les
d’envisager son interruption si le déficit immunitaire est très cytokines ayant un rôle dans l’inflammation. Au cours de la
prononcé. méningite tuberculeuse expérimentale du lapin, il est observé une
Chez les sujets VIH-P, il faut veiller aux interférences entre la très nette diminution du TNF-a dans le LCR et de la mortalité, une
rifampicine, la rifabutine, les antiprotéases et les inhibiteurs non amélioration plus rapide des survivants. [81] La thalidomide ne

13

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17-054-A-10 Tuberculose du système nerveux central Neurologie

semble pas interférer sur la pénétration et l’efficacité des Une insuffisance surrénale associée à une méningite tuberculeuse
antituberculeux. Sur 15 enfants, en association avec la est une éventualité rare, justifiant dans certaines circonstances le
corticothérapie, l’administration sur 2 jours de doses progressives de dosage de la cortisolémie.
thalidomide a montré, comparé à un groupe contrôle, une chute du
TNF-a dans le LCR et une amélioration clinique. [69] Ces essais
¶ Correction des troubles respiratoires
demandent à être confirmés par l’étude de plus grandes séries.
S’il existe des troubles de la conscience, une surveillance très
TRAITEMENT DE L’HYDROCÉPHALIE
attentive des fonctions respiratoires est nécessaire pour traiter à
L’hydrocéphalie obstructive doit être dérivée le plus rapidement
temps un encombrement des voies aériennes, une atélectasie ou
possible par un shunt ventriculopéritonéal. Une hydrocéphalie non
obstructive relève pendant le 1er mois d’un traitement médical par pour corriger une hypoventilation centrale. Des irrégularités du
diurétiques, furosémide et surtout acétalozamide. L’indication d’une rythme respiratoire peuvent survenir en dehors du coma au cours
dérivation n’est posée qu’au terme du 1er mois, après échec du de certaines atteintes basilaires. Il ne faut pas hésiter à avoir recours
traitement médical, en dehors de complications neurologiques à la ventilation assistée pour assurer dans tous les cas une
majeures rendant illusoire toute guérison et si les soustractions de oxygénation adéquate. [85]
LCR par ponctions répétées ou par dérivation externe ont entraîné
une franche amélioration clinique. [45] TRAITEMENT CHIRURGICAL
Dès qu’il y a indication à drainer une hydrocéphalie, quel qu’en soit Les tuberculomes régressent habituellement bien sous traitement
le mécanisme, il ne faut pas la différer car l’hypertension médical. Le risque de compression nécessite un abord chirurgical
intracrânienne favorise les accidents ischémiques.
dans certaines localisations : pour les tuberculomes péri-
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE chiasmatiques, dans la mesure où ils risquent de compromettre
définitivement le pronostic fonctionnel et pour les tuberculomes
¶ Correction des désordres hydroélectrolytiques intramédullaires s’il existe des signes de souffrance médullaire
L’hyponatrémie peut relever de deux mécanismes. Elle peut être la faisant craindre une ischémie brutale.
conséquence d’un mécanisme d’antidiurèse, il s’agit d’une
hyponatrémie de dilution, relevant alors d’une restriction hydrique La syringomyélie peut relever d’un traitement chirurgical. La
absolue, arrêt de toute perfusion et apport au maximum de 500 ml libération des adhérences méningées est insuffisante et doit être
d’eau par 24 heures par sonde gastrique tant que la natrémie est associée à un drainage de la partie supérieure de la cavité. Une
inférieure à 125 mEq l–1. Elle peut relever d’une perte anormale de dérivation ventriculaire peut être proposée lorsqu’il y a
sodium avec taux élevé d’ANP et contraction volémique demandant communication avec le 4e ventricule. Il est nécessaire de surveiller
un apport rapide d’eau et de sel sous contrôle de l’hémodynamique ultérieurement par RMN l’évolution de la cavité ou la formation
et des pressions intracrâniennes. éventuelle d’une nouvelle cavité.

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