Vous êtes sur la page 1sur 5

La différence entre sacré et profane

La différence entre sacré et profane : définitions. Comment aborder ces


deux termes ? Où commence le sacré et où se termine-t-il ?

Si tu veux que brille la flamme, médite dans le Temple et agis sur le forum, mais
garde-toi bien de faire du Temple un forum.
J. Corneloup

Sacré et profane sont deux termes opposés et complémentaires qui s’appliquent


à la spiritualité en général et à la religion en particulier.

Ces termes définissent deux réalités bien distinctes :

 le sacré (du latin sacer : « consacré, dédié ») désigne ce qui est saint, relié
au principe supérieur ou divin. Le sacré a vocation à être respecté,
protégé, sanctuarisé et vénéré. Le sacré véhicule crainte et respect. Par
extension, le sacré désigne tout ce qui est relatif à la religion, aux cultes
ou aux rites (du sanscrit rita : sacré),
 à l’inverse, le profane (du latin pro fanum : « devant le lieu consacré »
c’est-à-dire « hors du temple ») désigne tout ce qui n’est pas sacré, donc
tout ce qui n’est pas directement relié au divin (bien que le profane puisse
être jugé conforme au plan divin).

Autrement dit :

 le sacré est absolu et éternel, alors que le profane est séculier et temporel,
 le sacré est noble, alors que le profane est banal, commun et utilitaire,
 le sacré touche au céleste, le profane au terrestre,
 le sacré représente un centre, le profane une périphérie,
 le sacré est du domaine de l’esprit, alors que le profane est du domaine de
la matière.

L’adjectif « sacré » s’applique le plus souvent à un espace, mais peut aussi


concerner un objet, un être vivant, un concept ou une période de temps. En
réalité, tout peut être sacré : un édifice religieux, un sanctuaire, une forêt, un
chemin, un livre, une pierre, un animal, la terre d’un pays, certaines valeurs,
traditions ou événements…

Par définition, ce qui est sacré ne doit pas être profané : il faudra se soumettre à
des règles et à un protocole particulier pour pouvoir y accéder.

Dans les cultures du Pacifique, le mot tabou désigne ce qu’il n’est pas permis
de toucher. Tabou et sacré signifient donc « intouchable », « inviolable »,
« interdit ».

De même, au Japon, les torii (shintoïsme) sont des sortes de portails qui
marquent l’entrée dans l’espace sacré, sanctuarisé.

En réalité, le champ du sacré est très variable d’une société à l’autre :

 dans les sociétés traditionnelles, tout est sacré, y compris ce qui touche à
la vie quotidienne (manger, se vêtir, se comporter…). « Profane » est
alors un terme péjoratif qui désigne les comportements déviants
(transgression, sacrilège, profanation), qui sont rares et immédiatement
réprimés,
 à l’inverse, dans les sociétés modernes et sécularisées, une distinction
claire existe entre le domaine religieux et le domaine profane ou public.
En outre, le sacré peut s’appliquer à des valeurs telles que la liberté,
l’égalité, la fraternité, la tolérance, la famille, l’amour de la patrie, la
propriété privée, etc.

Ainsi, selon les époques et les cultures, la différence entre le sacré et le profane
est plus ou moins évidente…

Tentons d’approfondir la différence entre le sacré et le profane.

La différence entre sacré et profane : définitions.


La relation entre sacré et profane est l’essence du fait religieux.
Émile Durkheim

Nous l’avons vu, sacré signifie « séparé », « à part » : c’est donc ce qui a une
valeur supérieure, primordiale, qui se détache du profane.

Cette définition pose la question de l’irruption du sacré dans le quotidien de


l’Homme. Or la manifestation du sacré (que Mircea Eliade
appelle hiérophanie) se fait toujours à travers un événement fondateur :
apparition de Dieu, révélation, phénomène surnaturel, prophétie, etc.

Cet événement donne du sens à l’existence, il crée un ordre nouveau. Il donne


lieu à un récit, à un culte, des rites, des coutumes et des traditions qui se
rattachent à son souvenir, et qui forment la « sphère du sacré ».

La sphère du sacré s’étend aux témoins (ou à leurs descendants) ainsi qu’aux
objets présents au moment de la révélation primordiale. Par exemple, les
reliques des saints sont hautement sacrées. De même, les lieux de culte sont
sacrés, leur but étant de commémorer l’événement fondateur, de faire vivre la
tradition et de transmettre le message divin.

De fait, le sacré se déploie autour d’un point central ou d’un axe


transcendantal duquel jaillissent la réalité et la vérité. Le sacré rayonne autour
de ce point : il est « la projection du centre céleste dans le cosmos » (Irène
Mainguy).

Mais le sacré incite aussi à remonter ce rayonnement pour retrouver la


source : le sacré est donc le chemin du retour. Il s’agit du retour à Dieu, à la
perfection, à notre authenticité primordiale ou encore à la vie véritable, sorte
de paradis perdu. Il s’agit aussi de lutter contre l’oubli du Principe, ou de
corriger le péché originel.

Ainsi, le terme « sacré » ne décrit pas simplement un espace figé ou protégé,


mais la volonté d’emprunter le chemin de la Connaissance : c’est le souhait de
quitter le profane pour un monde nouveau, c’est l’effort mené pour accéder à un
état de paix, de sérénité et de vérité.

Le sacré et le profane dans les différentes traditions


spirituelles et religieuses.
Dans certaines cultures et traditions, le sacré est bien délimité : il correspond à
des croyances, des lieux de culte et des rites bien spécifiques. Le fait d’adhérer
aux dogmes, de fréquenter les édifices religieux et de se soumettre aux rites est
suffisant pour entrer dans le domaine du sacré. C’est le cas des religions
monothéistes, du moins dans leur aspect « traditionnel ».

Au contraire, dans d’autres traditions spirituelles, le sacré est moins bien


délimité car lié à une disposition mentale et spirituelle. C’est notamment le
cas dans les sociétés à caractère ésotérique ou initiatique (soufisme, franc-
maçonnerie, martinisme, etc).

Ainsi, dans le premier cas, il suffit de se soumettre aux rites et aux traditions
pour entrer dans le sacré. Dans le second cas, il faut chercher, s’ouvrir, se
convertir soi-même. Nuançons toutefois ce propos en rappelant que la quête
spirituelle n’est pas absente des monothéismes, et d’autre part que le rite
participe largement à la sacralité initiatique.

La différence entre le sacré et le profane en franc-maçonnerie.

En franc-maçonnerie, le sacré est accessible par l’initiation, sorte de porte


d’entrée vers un niveau de conscience supérieur. Cette initiation doit être
doublée d’un effort spirituel permanent. Quant au profane, il désigne celui qui
n’a pas été initié.
L’espace de la loge n’a pas de caractère sacré en lui-même : il devient sacré au
moment de l’ouverture des travaux, annonçant un moment de conscience
particulier. L’influence du rite aide à accomplir ce saut spirituel. La loge devient
alors l’image du cosmos tout entier.

Mes Frères ! Nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé
nos métaux à la porte de la Loge. Élevons nos cœurs en fraternité et que nos
regards se tournent vers la Lumière.
Rituel d’ouverture des travaux au 1er degré, Rite Ecossais Ancien et
Accepté
Sacré et profane : pour une nouvelle définition.
Le sacré est souvent associé à un espace physique bien délimité. Ce serait
oublier qu’il s’agit aussi et surtout d’un espace mental : en effet, entrer dans le
sacré consiste à cultiver la conscience de l’omniprésence du principe supérieur
en toute chose.

Ceci aboutit à l’extension du domaine du sacré, jusqu’à recouvrir l’ensemble de


la manifestation, jusqu’à épouser tous les aspects de notre existence. C’est ainsi
que le sacré vient embrasser le profane, par le jeu de la conscience qui s’ouvre.

Par conséquent, entrer dans le domaine du sacré peut se faire à tout moment, en
tout lieu, en toute circonstance, pour peu que nous y soyons prêts. Il faudra pour
cela produire un effort, car le sacré ne s’accommode jamais de passivité.

Nous tenons peut-être là la clé : le sacré s’ouvre uniquement à celui qui cherche.
Le sacré est retour actif à la Source, il est volonté de s’extirper de la matière
opaque et amalgamée. C’est un travail qui nécessite courage, persévérance et
vigilance.

Ainsi, le sacré peut être défini comme l’irruption du sens et de la conscience. A


l’inverse, le terme profane s’applique à ce qui n’est pas conscient de l’ordre qui
le sous-tend.

Au final, l’expérience du sacré dépasse largement celle de l’espace sacré : sacré


et profane décrivent un certain regard sur le monde.

Vous aimerez peut-être aussi