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CHAPITRE IV

ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DES R.T.A.

A. La Communauté religieuse des RTA


Les communautés religieuses se calquent généralement sur les communautés de vie
composant nos sociétés (nomades du désert, riverains, forestiers, paysans des savanes).
Chaque société humaine (famille, tribus, clan, ethnie, race, région, génération, langue,...)
demeure très largement dépendante du cadre de vie qui est le sien, dans lequel elle puise
la quasi-totalité de ses ressources religieuses. Les communautés religieuses sont
généralement bien organisées et hiérarchisées. On y trouve le(s) chef(s) religieux ainsi
que les lois ou règlements régissant la communauté croyante notamment le culte et les
rites du culte.

B. Le Culte dans la RTA


Dans les R.T.A., le culte sous-entend une relation entre les vivants et le monde des
esprits à travers des rites. Le culte dans les RTA est aussi assimilé (appelé) au culte des
ancêtres, des esprits, des dieux / idoles. C’est un moment solennel et bien codifié,
nécessitant une raison valable (évènement important), des invités spéciaux, des officiants
et le lieu spécifique et approprié. Après la mort physique, l’individu rejoint le règne
(monde) des esprits, lequel n’est ni enfer, ni paradis, mais un espace parallèle très proche
de celui des vivants où l’âme continue d’évoluer au gré de ses qualités bonnes ou
mauvaises.
La mort confère généralement le statut d’ancêtre au défunt qui rejoint le monde des
esprits. L’âge du défunt reste déterminant raison pour laquelle certains sont considérés
comme ancêtres de leurs vivants. L’ancêtre, est donc considéré comme l’intermédiaire
entre les vivants et les divinités, connaissant les deux mondes. L’ancêtre est consulté et
honoré à maintes occasions, participant à la vie quotidienne et présidant les rites religieux
sous la forme de masques mais aussi de reliquaires. Les esprits des ancêtres veillent sur
leurs descendants à condition d’être honorés et bien traités par ces derniers.
Les génies ou esprits supérieurs est une entité de soldats spirituels chargés de veiller
sur les intérêts des dieux (offrandes, sacrifices, interdits). Les dieux (divinités) sont des
patrons de l’au-delà mais chacun a sa zone d’opération, sa spécialité (récolte, fécondité,

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etc.) auquel un soldat génie est attaché. Les ancêtres, esprits, génies et dieux sont des
démons selon 1Cor 10.20.

1. Lieu de culte : temple


C’est un lieu sacré. Il peut s’agir d’une case ou une hutte spéciale ou un lieu sacré placé
hors ou au milieu du camp. Il peut être aussi la résidence du ministre du culte. Dans
certaines familles on peut trouver des cases ou chambres sacré pour le culte familial.

2. Objets et instruments de culte / Temple


Le temple est garni d’objets sacrés servant à officier le culte ou administrer les
rites. Les objets de cultes sont parfois mystiques et mystérieux même s’ils ont l’apparence
ordinaire.

3. Le ministre de Culte :
Il est le gardien du temple et des textes sacrés. À ce titre, il reste l’unique détenteur
de la connaissance des interdits et du monde des esprits. Il maitrise les rites et tous les
usages relatifs à la religion (administrer les rites d’initiation des novices). Le ministre de
culte peut être un prêtre, un devin, un sorcier, un bon initié ou un chef de famille.

C. Le Rituel dans les RTA


Les rites religieux individuels sont quotidiens. Le cultivateur invoque la terre avant de
la travailler. Pour conjurer le mauvais sort, les hommes et les femmes portent des gris-
gris, des amulettes fabriquées par des sorciers. Ils consultent le devin pour obtenir une
réponse à une question ou interroger l’avenir. Bien sûr, chaque étape de la vie est marquée
par un rituel qui aide les hommes et les femmes lors de moments importants comme la
naissance, le mariage, la moisson, la chasse, la mort…
Le rite d’initiation est le rite d’intégration dans la communauté, il passe par des
épreuves physiques et symboliques. A la puberté, les jeunes garçons sont initiés dans la
brousse ou dans la forêt par des adultes qui les encadrent pour leur transmettre les
repères de la vie morale, l’explication des rites communautaires et parfois aussi le sens de
l’existence. Les jeunes devront montrer qu’ils résistent à la douleur en subissant la
circoncision.

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Les secrets du groupe ne sont révélés qu’aux initiés : ils concernent les dieux, mais aussi
des techniques, des savoir-faire. Ainsi, après l’initiation des adolescentes, les femmes
mûres leurs révèlent les secrets de la maternité.
La fin de chaque rite est marquée par de grandes fêtes, lors desquelles on utilise
les statues et les masques des ancêtres pour communiquer avec eux. Les initiés doivent
pour cela cesser d’être des êtres humains "ordinaires" pour être entraînés hors d’eux-
même par une exaltation qu’ils considèrent comme surnaturelle, la transe. Lorsque la
divinité prend possession de la personne qui est en transe, celle-ci devient possédée et a
des comportements extraordinaires. Ces initiations, qui déterminent la place de chacun
dans la société, sont très présentes encore aujourd’hui.
Les cérémonies funéraires constituent aussi un rituel d’une grande importance.
Sans ce rituel, l’âme du défunt, condamnée à errer parmi les vivants, devient une menace
pour les familles. Il s’agit, grâce aux masques, aux danses et aux musiques, de canaliser les
âmes et de les accompagner vers le monde des ancêtres. Par l’intermédiaire d’objets
symbolisant la figure de l’ancêtre, il s’agit d’intercéder avec le monde invisible pour qu’il
agisse de manière bénéfique sur le monde des vivants.
Chaque étape de la vie est marquée par un rituel approprié (naissance, mort,
mariage, travail, voyage, cultiver, construire...). Le rituel s’effectue en fonction des origines
(montagnes, rivière, vallée, savane, foret) et suivant les castes (marchand, pêcheur,
chasseur, éleveur, cultivateur, forgeron, etc.). En Côte d’Ivoire, les Sénoufos du Nord,
pratiquent le Polo ; au Sud, le Dipri, la fête des générations, l’Abissa, au Sud Comoé, il y a
le Komian, alors qu’au centre chez les Baoulés il y a le rite de paquinou…
Les secrets du rite ne sont révélés qu’aux initiés : ils concernent les dieux, mais
aussi des techniques, des savoir-faire. Ainsi, Avant de faire quoique ce soit, on consulte le
devin pour obtenir une réponse ou interroger l’avenir sur une situation donnée.
Pour conjurer le mauvais sort, les hommes et les femmes portent des gris-gris, des
amulettes fabriquées par des sorciers. Le rituel d’initiation est un rite d’intégration dans
la communauté. Les jeunes et les nouveaux passent par des épreuves physiques ou
spirituels symboliques. Les initiés les encadrent pour leur transmettre les lois et les
valeurs de leur croyance ou même du quotidien qui, normalement en dépend.

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D. Prière, communion et communication avec le monde des esprits
Le thème de la prière est très dense dans la religion traditionnelle. Dans la R.T.A., la
prière « est le fil mystérieux par lequel l'être de l'homme en péril cherche son salut dans
la source première. La prière est un 'ressourcement'. Elle rétablit le contact avec la vie
tout court. Elle est verbe salvateur » (R.P. Mweng, Structures fondamentales de la prière
négro- africaine, 1963, p. 160).
Dans la R.T.A., la prière redit l'ordre des choses, à la limite, elle le recrée. Elle prévient
le danger possible, elle exorcise ce que l'inattendu peut recéler d'ignorance et, par là, de
menace. Elle appelle tout ce dont l'homme vivant a besoin pour se survivre : la nourriture,
la santé, l'enfant, la paix.

1- Objets de la prière
En parcourant la quasi-totalité des prières recueillies, par les chercheurs aux
quatre coins de l'Afrique noire, nous voyons qu'elles ont trait à la vie : le mystère de la
naissance (qui exprime l'éternel recommencement), les rites de puberté (qui acheminent
l'adolescent vers la plénitude de son être d'homme et de femme), l'engagement dans le
mariage (qui le fait serviteur dans la transmission de la vie qui est plus grande que lui et
qu'il a pour mission de perpétuer).
Les différents rites agraires que règlent l'alternance des semailles et des récoltes,
les prières pour une heureuse chasse ou une heureuse pêche, tout cela prend sens par la
vie qu'il faut tout à la fois défendre et promouvoir. Et lorsque la menace se fera plus
précise, lorsqu'on ne pourra se soustraire au risque d'un voyage, aux nécessités de la faim,
de la maladie, lorsqu'on craindra d'être en butte à la malédiction d'un ennemi, à la haine
d'une puissance invisible, on cherchera dans l'invocation et la demande à conjurer le sort,
à conserver autant que faire se peut, la santé et la sécurité sans lesquelles il n’y aurait pas
de vie possible.

2- Destinataire de la prière dans la R.T.A. :


La prière de la R.T.A. qui peut être prononcée par tout fidèle en fonction des
situations et des cas, est adressée à l'Être suprême, aux ancêtres et aux relais de
l'Être suprême. Pour être en contact avec les esprits, les initiés utilisent les statues, les
masques ou autres objets de culte des ancêtres pour communiquer avec eux. Pour cela, ils
doivent cesser d’être des humains "ordinaires" pour être entraînés hors d’eux-mêmes par

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une exaltation qu’ils considèrent comme surnaturelle, c’est la transe. Quand la divinité
prend possession d’une personne en transe, elle devient possédée et manifeste des
comportements extraordinaires.
Les cérémonies funéraires constituent un rituel d’une grande importance en la
matière. C’est une forme de prière d’intercession. Car, sans ce rituel, certains pensent que
l’âme du défunt, est condamnée à errer parmi les vivants. Il devient donc une menace pour
les familles. Il s’agit, grâce aux masques, aux danses et aux musiques, de canaliser les âmes
et de les accompagner vers le monde des ancêtres.

E. Les Sacrifices dans les RTA


Le sacrifice est un élément de la prière. Il est l’un des rites les plus permanents et
les plus indispensables de la RTA.
Définition : Le sacrifice se définit dans la R.T.A. comme un déplacement de forces
mystiques réalisé par ‘‘Dieu’’, grâce à l'intercession du prêtre ou du devin et pour la
satisfaction du fidèle.
But du sacrifice : Le sacrifice a pour mission d'assurer un circuit de forces
mystiques à travers l'autel, par l'intermédiaire de la victime ce qui permet aux relais de
Dieu de « se nourrir » de l’âme de l'objet consacré. Le relais de Dieu perd de sa force en
intervenant dans l'existence humaine, en fécondant ou en protégeant l’homme contre les
méfaits de la sorcellerie. C’est aussi un devoir de reconnaissance pour le fidèle qui désire
restaurer l'énergie perdue : la communion avec les esprits. Il ne s'agit pas ici de paroles
prononcées (incantations), mais aussi de forces mise en jeu par le truchement des actes
commis.
Le rite du sacrifice : Avec le circuit ontologique et existentiel, il s'agit non plus de
paroles prononcées, mais de forces mise en jeu par le truchement des actes commis.
Conclusion : Nous pouvons dire que dans la R.T.A. la prière touche à tous les
domaines de la vie et qu'elle peut être prononcée, exécutée par tous selon les cas et les
situations.
Récapitulatif : Deux mondes liés par un culte
1. Mondes des Humains / Croyants : Novices-Initiés-Devins/Prêtres
CULTE : Rituels-Offrandes-Sacrifices-Prières
2. Mondes des Esprits : Morts-Ancêtres-Génies-dieux-Dieu

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