DOSSIER

Le côté sombre
Amours païennes – Ière partie
Un couple païen - l’histoire d’un amour sous la bénédiction des Dieux

Runes
Thurisaz

Recettes pour la saison sombre

Gelée d’If
Rituels pour cheveux
L'ÉDITO
par Sólríka

L
a saison froide approche et les nuits se rallongent... Pour ce numéro de Lune Bleue, le thème
abordé est intrinsèquement lié au sombre. Les dieux sombres, nos côtés sombres... le dark dans
nos vies. De témoignages en articles documentés, et même « comment soigner ses cheveux
durant la période sombre », nos contributeurs ont été particulièrement enthousiastes et
inspirés. Un grand merci à toutes et à tous.

Il est vrai qu’il est généralement peu confortable de regarder certains côtés de nous-mêmes, mais
c’est un « mal » nécessaire, si l’on veut être une personne aboutie, physiquement et spirituellement.
Accepter pour mieux canaliser. Mais les dieux sombres ne sont pas en reste, exigeants, parfois durs, ils
savent aussi nous guider et nous montrer la voie.

C’est bizarrement le moment où j’ai choisi de laisser partir la Lilith pour entrer dans la lumière.
Pour cela, je remercie Hécate, profondément, sincèrement, pour être venue me secouer. Sólríka,
l’ensoleillée. Mais comme me l’a récemment dit mon médecin « vous êtes montée à l’envers madame ».
Oui, je vous remercie docteur.

Mais c’est également l’amour qui va occuper ces pages, avec l’interview d’un couple païen. Le prochain
numéro de Lune Bleue verra leur handfasting raconté par votre dévouée rédactrice.

Bonne lecture chers amis et joyeux sabbats !

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L’équipe du N°22
Aeyos
est un païen passionné toujours en quête de réponses. Son chemin l’amène à
côtoyer différents univers intérieurs, grâce aux rencontres enrichissantes qu’il
fait parfois, et c’est ce qui lui permet d’avancer sereinement dans la vie.
Il se délecte d’en apprendre toujours d’avantage sur les réalités de ce monde.
Bien que ses pas le conduisent par moments vers des panthéons variés, il se
sent chez lui lorsqu’il rentre auprès de la Déesse de la Lune et du Dieu cornu.
Amalia des Vents
est paienne, wiccanne éclectique, passionnée par l’ésotérisme, l’archéologie,
l’histoire…et les sciences. Elle s’inspire des traditions celtes et gauloises,
grecques, nordique et asiatique. Geek, gameuse, crafteuse (bijoux, dessins,
graphisme, photos, argile, re-uses...)
Caitlín Urksa
Je suis née en décembre 1965 (Sagittaire-Verseau) dans le sud de la France, où
je réside à nouveau après 3 ans de vie en Angleterre et une dizaine en Ile de
France. Je suis prof d’anglais dans la vie de tous les jours, artiste quand la
Muse veut bien, et païenne depuis la fin des années 1980 (au siècle dernier).
Mon cheminement spirituel a débuté par la Wicca, avec une touche de
druidisme, jusqu’en 2007, où je me suis tournée exclusivement vers la
Morrigan avant de graduellement bifurquer vers un paganisme sans étiquette,
à base de polythéisme gaélique et de préhistoire euro-méditerranéenne. Sur
internet, j’ai “sévi” sous les divers pseudos, qui ont changé au fil de mon
cheminement : Moonstonekat, NightWind, Morrigan Darkmoon et l’actuel
(définitif?) Caitlín Urksa
Cernunnos Crowulf, dit Carnún,
Cernunnos Crowulf, dit Carnún, est un païen indécis passionné d’histoire et
de mythologies, et particulièrement axé sur les cultures celtique et
germanique. Ses voyages ont nourri sa spiritualité et l’ont mené sur les
chemins rocailleux de l’Indicible qu’il explore avec passion et essaie de
transmettre à travers l’illustration, l’enluminure et l’écriture.
Gilles Gras :
Mon domaine privilégié, cela reste avant tout les plantes, abordées selon le
prisme de la phyto-aromathérapie moderne, mais également l’étude des
pharmacopées anciennes issues de divers endroits du monde, des dimensions
sacrées et spirituelles des plantes au sein de nombreuses civilisations, de la
portée symbolique et mythologique accordée aux plantes par les hommes,
etc.
Tout cela constitue grand nombre d’articles sur mon blog (booksofdante.
wordpress.com), ainsi que la rédaction et la publication régulière d’ouvrages.
Outre cela, je me passionne de chamanisme, d’astrologie, de tarot et de bien
d’autres choses encore.
Mirafre :
Ce quadra voue depuis sa naissance une fascination pour les insectes, qui
l’entourent dans sa chambre dans de multiples boîtes d’élevage jusque sous
son lit. Cet intérêt s’est vite mué en un attrait global vers le naturalisme et
l’ethnobotanique, suivie par des expérimentations ésotériques. Si les études
de biologie et écologie ont conforté sa foi en des énergies non
conventionnelles et l’aspect sacré du vivant, son orientation vers le paganisme
est un aboutissement récent et conclusif de près d’une trentaine d’années de
recherche du divin. Selon lui, à l’instar du développement, une religion ne
peut être « durable » (soutenable) que si elle place l’homme dans la nature et
non pas au-dessus.
Morinwé Laurië :
Morinwé a, un jour, ouvert son corps, son esprit et son cœur à la Nature qui
murmurait depuis si longtemps à ses oreilles. Comme un fleuve retenu depuis
longtemps, elle s’est déversée en lui et il peut enfin voguer sur un cours qui lui
correspond. Wiccan, Morinwé ne se considère pas comme praticien de la
magie (du moins pas encore) mais a une affinité avec les plantes et la
divination.
Morrigwen Whitecrow :
Mon nom de sorcière est Morrigwen Whitecrow, j’ai 24 ans, mariée et maman
d’une petite puce de 2 mois. Je pratique la wicca depuis quelques années.
Depuis petite j’ai toujours eu une attirance pour la culture et la musique
celtique. Ayant grandit dans une famille très terre à terre, je ne me suis jamais
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intéressée à l’occultisme jusqu’à l’âge des mes 20 ans. J’ai commencé à lire de
plus en plus de livres fantastiques et j’ai commencé à faire des liens entre eux,
notamment pour ce qui est des créatures mythiques, des croyances, eh bien
entendu de la magie. Et c’est en me mettant à la recherche des origines de
tous ces points communs que j’ai fini par apprendre l’existence de l’Art.
Depuis, en plus des romans fantastiques, je dévore tous les livres de magie
que j’ai pu accumuler au fil des années. Ainsi, je peux explorer toutes ses
facettes.
Depuis quelques mois, je me suis lancée dans un projet de site de référence
web, pour les novices et les chevronnés, où je compte au fil des années,
mettre à disposition toutes les informations et connaissances sur la pratique
de la magie, et ainsi contrecarrer les sites douteux qui proposent des rituels
sans mis en garde et ainsi mettre en danger les personnes avec peu
d’expériences. Sur mon site, je fais en sorte de mettre les bases et de
dissuader toutes pratiques visant à faire le mal. Je propose de s’améliorer soit
même et d’éloigner ceux qui nous nuisent à la place. Je pense qu’il est
important aujourd’hui de proposer des sites «sûrs», car de plus en plus de
personnes s’intéressent à la magie.
Nemesis :
Nemesis est un humble païen qui flâne avec passion dans le monde des dieux
à la recherche de lui-même. Je m’intéresse plus particulièrement à la
mythologie gréco-romaine et essaye d’être le disciple à mon petit niveau de
Julien, le philosophe qui m’inspire tant.
Siannan :
Siannan est une prêtresse païenne, polythéiste et panthéiste s’inspirant de la
Wicca, du Reclaiming et des mythologies et traditions celtes et gréco-
romaines. Administratrice de la LWE, elle a participé à l’organisation de
nombreux évènements païens, via le Cercle Sequana et le Festival des
Déesses, s’attachant particulièrement au sujet des dynamiques de groupes et
des énergies dans les rituels collectifs.
Sólríka :
Je fus autrefois Lilith, païenne éclectique, une âme couverte de cicatrices.
Dame Hécate m’a fait la bonté de m’aider à guérir. Je suis aujourd’hui, toujours
païenne éclectique, mais je suis l’ensoleillée, Sólríka, apaisée, toujours
curieuse de la wicca et des paganismes, coordinatrice de Lune Bleue, membre
du coven Innis Crainn, et sorcière en quête de savoir magique.
The Bewitching Poisoner :
Blogueuse, herboriste, amoureuse de la forêt et passionnée de plantes, c’est
mon amour et ma curiosité pour la Nature qui m’a amené sur le chemin de la
spiritualité. D’abord étudiante en biologie végétale puis en paysage, j’ai enfin
trouvé ma voie dans le domaine de l’herboristerie. J’y ai découvert que nature
et spirituel sont indissociables. J’aime étudier et tester les plantes pour
différents usages  : alimentaire, médicinale, bien-être, beauté, déco,
ésotérisme… Je suis également très intéressée par les mythologies et légendes
celtiques, druidiques plus particulièrement. Étant intrinsèquement liée au
mouvement « Hedgewitch », je suis passionnée par les plantes dites toxiques
et j’étudie leurs propriétés et leurs usages, je pratique également les arts
divinatoires.
http://www.thebewitchingpoisoner.com
Ysis Sophia :
Ysis Sophia est la fondatrice de l’EMD/OD et se consacre profondément aux
mystères de la Dame Noire. Elle est présentement en démarche pour faire sa
prêtrise à la déesse hindoue Kali et explore le shaktisme comme voie
spirituelle. Son amour pour le Divin Féminin est tel qu’elle y consacre sa
spiritualité.
Xaël :
Xaël se passionne d’ésotérisme, de spiritualité et de psychologie depuis plus
de dix ans. Sans suivre une tradition quelconque, ses affinités l’ont amené à
arpenter son chemin avec les Runes, côtoyant les mondes féeriques et
l’univers chamanique. Amoureux de la Nature, il est aussi écrivain, poète,
créateur artisanal (voir son site xael.wifeo.com) et donne des cours de
méditation.
Dossier : l’aspect sombre

Textes traduits
19 Ensombrissement - traduction par Siannan
23 Réhabiliter les ténèbres dans le paganisme – traduction par Caitlín Urksa
27 Un rituel pour Baba Yaga – traduction par Siannan

Le côté sombre
33 Ombres et lumières dans l’imaginaire celtique par Cernunnos Crowulf, dit Carnún
41 Les runes sombres par Xaël
44 Le sauvage en nous par Sólríka
47 Les katadesmoi dans la Grèce antique par Gilles Gras
50 Liens de sang – briser les stéréotypes par Morrigwen Whitecrow

Les dieux sombres

53 Cybèle par Nemesis
56 L’aspect sombre du divin par Morrigwen Whitecrow
59 Hécate, le vrai visage par Ysis Sophia

Témoignages
64 L’aspect sombre par Aeyos
68 Le loup garou par Moriñwé Laurie
70 Le côté sombre par Sólríka et le coven Innis Crainn

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© Morrigwen Whitecrow | la triade guerrière

Amours païennes – Ière partie

6 Un couple païen - l’histoire d’un amour sous la bénédiction des Dieux par Sólríka

Runes
10 Thurisaz par Xaël

Recettes pour la saison sombre

12 Gelée d’If par Mirafre
16 Rituels pour cheveux par The Bewitching Poisonner

Rituels
77 Mabon par Sólríka
80 Samhain par Sólríka
Ritualiser seul-e par Sólríka

Lectures
84 La consolation nécessaire par Morgwen

Musique
88 Chants païens

90 Calendrier par Siannan

N°22 – Septembre 2017

Une publication de la Ligue Wiccane Eclectique la-lwe.bbfr.net
http://lunebleuezine.wordpress.com
lunebleuelwe@gmail.com

Les articles publiés dans ce magazine sont sous la responsabilité de leurs auteurs et sous copyright.
Si vous voulez reproduire un article, vous devez en demander la permission à l’auteur sans omettre d’en indiquer la source de
première publication (Magazine Lune Bleue/LWE) et le lien : http://la-lwe.bbfr.net

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Interview

Un couple païen
l’histoire d’un amour
sous la bénédiction des Dieux
par Sólríka

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Ière partie – La rencontre
Zénith : Notre rencontre, eh bien, essayez de vous

Lune Bleue : Mésange et Zénith, pouvez-vous nous souvenir de la manière dont vous avez rencontré un

parler de vous ? En bref, votre parcours spirituel, vos ami avec lequel vous avez plus de 8 ans d’amitié... Voilà

particularités (type de magie, sensibilité, etc) et ce pour la rencontre. Sinon en ce qui concerne le

que vous pensez être. premier coup de foudre, c’était il y a 2 ans de cela, je
n’avais plus vu cette charmante demoiselle depuis près

Zénith : j’ai commencé à m’intéresser réellement à de 4 mois voire plus et je me suis dis «et si on passait

la spiritualité aux alentours de mes 16 ans. Bien que j’ai un après-midi ensemble». Nous nous sommes vus et

toujours été intéressé par les mythologies durant mon nous avons passé un après-midi merveilleux et deux

enfance (netjer et gréco-romaine pour l’essentiel) je ne semaines plus tard je lui avouais mes sentiments sous

peux pas dire que c’était, à l’époque, de la spiritualité à la lune bleue.

part entière. A 16 ans j’ai commencé à m’intéresser à

l’occultisme et tout ce genre de pratiques parce que Mésange : Nous nous sommes rencontrés il y a déjà

j’étais trop « dark de la gothitude »! ... Hum... En ce qui plusieurs années car nous étions dans le même lycée.

concernait ma pratique, peu de rituels, Nous avions déjà un certain nombre de pratiques

essentiellement des exercices de méditation et de spirituelles à l’époque, qui n’ont évidemment plus rien

manipulation d’énergie. Alors bien sûr quelques à voir avec celles d’aujourd’hui ! Mais nous avions

déboires « fluffy » comme le coup du « baptême simplement des amis en commun, et les croyances et

wiccan » à base de jus de pomme et de fleurs « jaunes pratiques n’entraient pas du tout en compte à cette

cueillies à L’Aurore » ... Bon voilà hein, pas de jugement période !

merci.
Ce que je suis? Un humain, même si j’ai quelques Lune Bleue : Mésange, as-tu «amené» Zéntih à

doutes quand je vois mes contemporains certaines s’intéresser à la wicca et au paganisme, ou bien,

fois. Sinon un pratiquant lambda avec un peu plus Zénith étais-tu déjà tombé dedans ?

d’expérience que certains et beaucoup moins que

d’autres. Zénith : Ma pratique était « loin» du paganisme au
sens où je n’ai jamais voulu devoir mes réussites ou me

Mésange : mon parcours commence assez tôt, j’ai reposer sur quelqu’un d’autre que moi. Donc faire

découvert ma spiritualité très jeune, auprès de la appel à des divinités n’était pas envisageable. Ma

nature et également de ma grand-mère (ou plutôt de position à évolué depuis, je ne considère plus les dieux

mes grands mères puisque l’une m’a énormément comme étant des «boites à doléances» mais plus

appris sur les plantes et énergies, en dehors de tout comme des «amis» qui peuvent filer un petit coup de

cadre spirituel, et l’autre, sur la spiritualité en dehors pouce dans la vie dans leurs domaines respectifs.

de tout cadre physique, deux enseignements qui se

complètent sans s’être mélangés au préalable). Je Mésange : Il s’y intéressait déjà il y a un bout de

travaille avec les plantes, les cristaux et l’énergie pure temps ! Je lui ai simplement fait découvrir, comme à

à laquelle je suis très sensible. Je me considère comme d’autres, le forum sur lequel j’étais lorsque nous nous

Païenne, sans y mêler les termes «wicca» ou sommes mis ensemble, ce qui a ravivé ses pratiques en

«éclectique» car je trouve qu’aujourd’hui ils ne veulent lui faisant rencontrer mes amis Païens !

plus rien dire.

Lune Bleue : Comment pensez-vous que 2 païens

Lune Bleue : Comment s’est déroulée votre puissent vivre leur relation amoureuse au quotidien?

rencontre? Sans donner tous les détails, comment Y a-t-il un lien plus fort du fait de la confidentialité

pensez-vous que celle-ci s’est inscrite ? de cette spiritualité ?

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 Zénith : Le paganisme n’est pas le centre de notre
relation bien que ça simplifie certains moments, par
exemple, éviter ce type d’échange :
«- Pourquoi tu fais des gestes bizarres en jetant un
morceau de pomme ?
- C’est pour remercier les esprits du lieu.
- Ah OK .»
Confidentialité pas tellement, plus de la moitié de
nos proches savent que nous sommes des illuminés de
sorciers bizarres . Ça simplifie les choses. Pour ce qui
reste de l’autre moitié ce sont des gens pour qui la
spiritualité ne veut ou ne peut rien dire. Ce qui n’en
fait pas des gens intolérants ou moins intéressants,
c’est juste que l’amalgame qu’ils pourraient faire entre
secte et notre conception de la spiritualité
n’apporterait rien. Rien ne sert de brandir le grimoire
et la baguette à tout va sous prétexte que l’Inquisition
n’a plus court. Une spiritualité n’est pas une manière
de se vanter et prêcher une spiritualité n’a jamais rien
apporté.
Mésange : Oui, je pense que le fait de partager une
spiritualité proche est déjà en soi quelque chose de
formidable entre deux personnes. Si en plus il s’agit
des mêmes croyances, que c’est une spiritualité peu
répandue et dont on a du mal à parler autour de nous,
c’est vraiment merveilleux, ne serait-ce que d’avoir
son autel chez soi et que ça soit parfaitement normal !
Que ce soit dans des relations amicales, amoureuses
ou même familiales, ça crée forcément quelque chose,
et chez un couple en particulier, ça ouvre des portes :
en discuter librement, s’interroger, partager des
lectures, des articles, des moments formidables avec
des amis qui ont les mêmes croyances et pratiques, et
puis évidemment, avoir le mariage qu’on souhaite ! Se
lier durant un handfasting avec une personne ayant
une croyance plus conventionnelle, c’est forcément
plus difficile !
Lune Bleue : Que faites-vous ou que ne faites-
vous pas ensemble, s’agissant de vos pratiques
spirituelles ? Comment gérez vous cela dans votre
couple ?
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Zénith : Mis à part les sabbats pour les rituels c’est
plutôt chacun dans son coin. Il nous est arrivé de nous
soutenir durant certains rituels (l’un s’occupe de
maintenir le cercle, l’autre pratique). Mais nous avons
des manières bien particulières de pratiquer. Ma
manière va être un peu plus «brutale» je vais me servir
essentiellement de ma propre énergie et de mon corps
pour absorber et purifier au besoin les énergies que je
vais manipuler. Ma douce va avoir tendance à être plus
subtile dans sa manipulation des énergies et à servir
davantage des énergies extérieures. Du coup pratiquer
ensemble c’est un peu comme essayer d’enfiler un fil
avec un burin dans le chas d’une aiguille si je puis dire.
Mésange : On pratique peu ensemble chez nous,
nos autels sont séparés et ne sont même pas dans la
même pièce. Comme nous avons des façons de faire
différentes, c’est aussi simple comme ça et ça ne nous
dérange pas du tout, puisqu’on fait partie du même
coven et qu’on a donc une pratique de groupe qui nous
permet quand même de partager des moments rituels.
Mais la pratique ensemble au sein d’un couple de
croyants, quelque soit la croyance, n’est pas une fin en
soi !
Lune Bleue : Racontez-nous une anecdote qui
représente l’autre dans votre couple.
Zénith : Euh... Une anecdote? Je vis avec elle depuis
près de deux ans, plus qu’une anecdote ce qui
caractérise ma douce c’est l’empreinte qu’elle a sur
moi au quotidien. Sa douceur et sa joie, son humour et
sa sensibilité. La définir par le biais d’une anecdote
serait trop réducteur, je l’aime et elle embellit ma vie.
Elle est ma fleur de vie.
Mésange : Une anecdote ? C’est compliqué ça.... OK,
anecdote : il y a quelques mois, en avril, on est parti en
vacances aux Canaries, qui sont des îles volcaniques....
Nous avons visité le parc national de Timanfaya, sur
l’île de Lanzarote, 5000 hectares de lave solidifiée,
paysages lunaires, sol noir à perte de vue. Il était
tellement dans son élément qu’il est évidemment
revenu avec des cailloux plein les poches !
Lune Bleue : Vous allez procéder au handfasting
bientôt, entourés de vos proches. Celui-ci fera l’objet unir sous l’égide de nos Dieux, esprits, énergies.... Et
d’un publi reportage pour le numéro 23 du webzine. au sein de notre coven ! La mairie, c’est le mariage de
Quel sens le handfasting donne à votre couple et à forme, le handfasting, c’est l’union de fond !
l’amour que vous portez l’un à l’autre ? L’invitation, au sein du cercle de toutes ces énergies
protectrices qui nous sont chères sera, je pense, un
Zénith : Le handfasting est pour nous le moyen de moment très beau et très fort !
célébrer notre union avec notre coeur plus que par un
simple bout de papier. Il est aussi l’occasion de nous
entourer de nos proches et de nos dieux pour célébrer
ce moment avec nous.
Mésange : C’est très important pour nous de nous

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Runes

Thurisaz
par Xael

Thurisaz ouvre la voie

Puissance du tonnerre
Sans réserve agira
Tel le fécond éclair

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NOMS :
Thorn, thiuth, thurs, thauris, thursi EN MAGIE ET CHAMANISME :
Débloquer, libérer l’énergie
TRADUCTION : Faire circuler l’énergie, les émotions
Epine Créer un mouvement, créer sa chance, saisir
l’opportunité
SYMBOLE : Briser les barrières, développer la combativité
FOUDRE, MARTEAU DE THOR (MJÖLLNIR), Fertilisation, renforcer la fertilité masculine
FRICTION DE DEUX FORCES OPPOSÉES Développer une troisième voie, combiner deux
opposés
COULEURS : Secouer, ébranler
Jaune vif, métallique, rouge vif Protection combative
Augmenter l’énergie (circulation triangulaire)
ARBRES ET PLANTES :
Plantes épineuses, monnaie du pape, chêne, aubépine,
joubarbe, prunellier YOGA/DANSE :

ANIMAUX : Posture :
Bouc, scorpion
Debout, le dos droit, replier la jambe gauche et poser
CHAKRAS : le pied sur son genoux droit. Soit rester debout et
Plexus solaire, racine plier son bras gauche de telle sorte que la main se
pose sur sa hanche et que le bras forme un triangle.
CORPS :
Bras, mains, coudes, épaules, phallus Mudra :

DIVINITÉS : La main gauche : auriculaire, index et majeur tendu

Thor, géants du froid vers le haut ; le pouce et l’annulaire se touchent pour
former le triangle.
PIERRES :
Saphir, hématite, pierre rouge sang, tourmaline GALDR : 

SIGNES ASSOCIÉS : tttttttttt

Straif (ogham = prunellier), L’Impératrice (III), Thyth ta-te-ti-to-tu
(lettre gothique correspondant au Th dont le sens est ddddddddddda-da-de-di-do-du
« sphère de cristal »), Beta (grec : «démon »), Gimel thor-thorr-thorn-thurs-thuris-thyth
(hébreux : « chameau/nature »)

ELÉMENTS :
Feu

CHIFFRES :
3-5

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Recettes pour la saison sombre

Gelée d’If
par Mirafre

12
E
nvie d’une recette originale pour Samhain ?
A la fois sucrée et austère, à la fois colorée
et sobre ?
Une recette qui, tel le fugu mal découpé,
vous enverra ad patres si elle est mal préparée ?
Une recette mettant en œuvre le fruit d’un arbre de
cimetière, à la croisée des chemins ? Symbole de mort
pour son extrême toxicité, et pourtant lié à la vie par
son feuillage vert persistant…
En effet, je vous propose une recette de gelée, tirée
de l’if, cet arbre si particulier, dédié à Hécate et aux
dieux de la mort. Un résineux sans résine, un conifère
sans cône… Potentiellement immortel, tant qu’il ne
tombe pas sous la hache d’un bûcheron… Pour plus
d’informations sur la symbolique et l’usage magique de
cet arbre, je vous invite à découvrir l’excellent article
rédigé par Huath et Xael, page 28 du huitième « Lune
Bleue ».
Vous pouvez en faire un produit profane ou,
compte tenu de la charge pouvant être accordée à
cette gelée, dédier cette offrande à une divinité liée à
la mort, au crépuscule, ou la consacrer au sabbat de
Samhain.
J’insiste : soyez extrêmement prudent lors de la
préparation des arilles, le petit fruit rouge de l’if. Ne
gardez que la chaire (et la peau) de l’arille. Jetez la
graine, jetez le pédoncule. Ne laissez aucune feuille.
Même si potentiellement la graine centrale peut être
avalée si elle est intacte et non mâchée, votre
couteau peut la griffer et rendre accessible à votre
organisme la toxine mortelle. Si jamais vous éclatez
ou ouvrez la graine, jetez le fruit. Ne réutilisez pas
votre couteau si vous coupez une graine en deux,
lavez-le.
Préparation :
Ingrédients :
Le principe des ingrédients, comme pour une
confiture classique, est d’avoir le même poids entre le
sucre et les fruits (« dénoyautés »). Car il n’est pas
évident que vous puissiez avoir une récolte de poids
bien précis ! Vous pouvez ajouter des éléments de
saison en petite quantité (j’y avais ajouté quelques
13
faînes de hêtre et trois noisettes, mais finalement je
trouve que cela nuit à la texture), qui vous parlent
pour leur symbolique (comme la verveine sauvage de
mon jardin).
- 200 grammes d’arilles d’if
- 200 grammes de sucre
- une branche de verveine séchée
La cueillette :
Tout d’abord, veuillez à bien choisir votre if. J’aurais
bien envie de dire « iffe », car il faut trouver « une » if
femelle : les mâles ne portent pas d’arille, ce petit fruit
rouge au jus visqueux et un peu sucré. « Sentez » votre
if, et évitez ceux en bord de route fréquentée.
Si vous souhaitez charger en énergie votre gelée, je
vous invite à prélever discrètement les arilles d’un if
du cimetière accueillant vos ancêtres. Si on vous pose
la question, dites que c’est pour utiliser les graines. En
jardinerie, les pieds de « taxus baccata » sont onéreux,
on pourrait vous comprendre ! Prenez soins de saluer
préalablement vos défunts et demandez-leur leur
permission. Faites votre cueillette avec respect et
humilité, en remerciant l’if. Dites-lui que vous sèmerez
les graines par la suite (car vous le ferez !).
Pendant la cueillette, imaginez les racines de l’if
absorber l’énergie des corps se dégradant à proximité.
Songez comme il les reconvertit en feuillage vert et
persistant. Ces fruits portent une vie alimentée par
tous ces morts. Dans ce cimetière, vous êtes lié à ces
arilles par vos ancêtres.
Personnellement, j’ai cueilli les premiers fruits d’un
jeune if se trouvant devant la fenêtre de chambre de
ma fille. La cueillette était moins solennelle, moins
grave, surtout associée au renouveau.
Je vous invite à ne pas cueillir les arilles d’ifs sacrés
(il en demeure parfois, comme par chez moi en
Normandie, qui ont été christianisés, cf. Lune Bleue
n°8).
Rituel de préparation des arilles :
Lavez vos arilles, égouttez-les.
Tarez le récipient dans lequel vous mettrez les
arilles dénoyautées.
 Installez-vous confortablement, car la
suivante sera longue (j’ai mis 2 heures pour 200
grammes). Préparez-vous une bonne assise, un
torchon, un petit couteau pointu, un récipient pour les
graines, le récipient taré pour la chaire.
Je vous invite à disposer près de vous des éléments
propres à vous inspirer pour Samain (lame XIII du
tarot, citrouille décorée, musique, encens, pentacle,
représentation de divinité…) Vous pouvez aussi
réaliser cela sur votre autel, dans le cadre d’un rituel,
après avoir tracé le cercle.
Lors du dénoyautage, pensez aux cycles de la vie,
aux transformations, à vos défunts. Remerciez encore
l’arbre. N’oubliez pas que chaque graine que vous
retirez porte la vie, et que celle-ci a été alimentée par
des créatures défuntes, mais aussi le soleil. Pensez à la
toxicité de cet arbre, dont 100 grammes de feuilles
peuvent tuer un cheval.
Vous noterez que le jus d’arille est extrêmement
visqueux (d’où mon conseil de torchon pour vous
essuyer les doigts). Ce gluant issu d’un fruit, n’est pas
sans rappeler le blanc d’œuf ou le liquide séminal, eux
même fortement associés à la fécondité et vitalité. Le
rouge de l’arille peut évoquer le sang porteur de vie,
mais aussi de la mort par sang versé ou celle de l’ovule
non fécondé perdu lors des menstruations.
Cuisson :
Pesez votre bol taré. Versez son contenu dans une
casserole (ou une bassine à confiture en cuivre) et
ajoutez-y une quantité de sucre dont le poids est celui
de vos arilles (de source bio et non purifié de
préférence). Placez vos compléments (verveine…)
Ajoutez-y de l’eau, mais pas trop : la réduction en sera
allongée en temps, et surtout, le fruit contient
tellement de mucilagineux qu’au moment
l’ébullition une grande quantité de mousse apparaît
soudainement de façon presque éruptive. J’ai cuit mes
200 g d’arille pendant une heure, alors que ça aurait
pu être beaucoup plus rapide. Surveillez
régulièrement la consistance de votre préparation
après 15 minutes.
Le temps de cuisson peut être l’occasion de
méditer sur l’élément feu et sur sa capacité de
phase transformation.
La préparation réduit beaucoup ! Il faut reconnaître
qu’à part la peau du fruit, il n’y a pratiquement qu’un
peu de pectine, de la sève et du mucilage visqueux (qui
garde pas mal cette texture après cuisson 
: la
confiture file). Une fois que la préparation devient bien
visqueuse, versez là dans un pot de verre stérilisé à
travers un chinois. Pour ses dimensions : en ce qui me
concerne, les 200 g d’arilles tenaient dans un petit pot
de yaourt en verre. Je donc qu’un pot de confiture de
taille classique ne soit trop grand !
Afin de limiter l’oxydation de votre gelée, vous
pouvez y mettre quelques gouttes de jus de citron. Si
vous souhaitez lui donner un peu plus de consistance,
vous pouvez y ajouter un peu de peau d’arille contenue
dans le chinois.
Astuce :
Pour faciliter le retrait du « noyau », plongez la
pointe du couteau dans l’ouverture du fruit, faites
tourner l’arille vers le bas pour faire une fente jusqu’au
«cul» du fruit, et faire une petite rotation de la pointe
du couteau afin de séparer l’attache (invisible) de la
graine à la chaire et au pédoncule. En poussant avec le
doigt, la graine ressort «dénudée».
Certains fruits contiennent dans la paroi interne de
l’arille de petites anomalies noires et semi-ligneuses,
en écaille longue et fine. Par mesures de précaution,
au cas où ce tissu contiendrait des alcaloïdes toxiques,
retirez-les. Retirez bien aussi tous les pédoncules
verts des fruits.
Avertissement :
Cette préparation n’est pas proposée pour ses
de qualités gastronomiques. Les arilles d’if n’ont que peu
d’intérêt organoleptique. A titre personnel, j’y retrouve
toutefois l’odeur boisée et la sensation enveloppante
que me procure la présence des ifs, buis et massifs de
très lierre.
Appréciez cette recette pour l’opportunité qu’elle
présente 
: une offrande pouvant être fortement
chargée. Le choix de l’if, la visite au cimetière, la
cueillette et la préparation ritualisée sont susceptibles
14
de faciliter votre connexion aux divinités contactées
lors du sabbat de Samain. La gelée n’est pas l’objectif
au final. Ce qui compte, c’est le cheminement intérieur
qui vous a porté dans chaque étape de sa confection.
Et n’oubliez pas de semer plus tard les graines d’if.
Laissez les sécher et jetez-les à l’orée d’un bois semi-
ombragé, pourquoi pas à Ostara.
15
Précaution :
Cette recette vous met en contact avec
une plante hautement toxique, et vous fait
manipuler des fruits dont la graine contient
des alcaloïdes mortels. Si vous ne vous
sentez pas suffisamment concentré ou
minutieux pour retirer consciencieusement
toutes les parties dangereuses, ne vous
lancez pas dans cette entreprise.
La rédaction de Lune Bleue ne saurait
être tenue pour responsable de tout
empoisonnement induit par une erreur de
manipulation de votre part.
Recettes pour la saison sombre

Rituels pour cheveux

par The Bewitchng Poisoner

16
L
es cheveux sont le lien parfait entre le
physique et le spirituel. Bien que faisant
partie de notre corps, ils sont l’extension de
notre psychique, décuplant ainsi notre
sensibilité. Cette double appartenance les rend
d’autant plus fragiles : un état mental laborieux pourra
très vite avoir des répercutions catastrophiques, de
même qu’une négligence physique quotidienne.
Chez païens, sorciers, druides et autres confrères
du domaine spirituel, la chevelure est un élément
primordial, il est donc important d’en prendre soin.
Pour ce qui est de la santé psychique pouvant influer
sur la qualité de la chevelure, vous seul êtes maîtres.
En revanche, pour pallier aux agressions de la vie de
tous les jours, je vais vous confier deux recettes
complémentaires de soins afin de les protéger et les
embellir mécaniquement, mais aussi d’en prendre soin
en maintenant une connexion avec le spirituel et la
Nature.
La clé d’une chevelure saine, en bonne santé et
resplendissante se résume en deux mots : nutrition et
hydratation. Certaines chevelures nécessitent plus l’un
que l’autre, mais c’est l’union et l’équilibre des deux qui
vous garantira des cheveux en parfait état. Pour ces
recettes, j’ai décidé de mettre à l’honneur des plantes,
fleurs et graines prépondérantes durant la saison
sombre. Si vous récoltez vous-même les plantes
nécessaires pour ces recettes, n’oubliez pas de
remercier la Nature et de ne prendre que ce qu’il faut !
RECETTE NOURRISSANTE :
Onguent de fleurs de calendula
À privilégier pour les cheveux secs, abîmés, bouclés,
frisés
50 ml de beurre de karité
50 ml de macérât solaire de fleurs de calendula
(Calendula officinalis)
50 ml d’huile de noix de coco
8 gouttes d’huile essentielle d’encens oliban
17
Commencez par réaliser votre macérât solaire.
Déposez vos fleurs séchées de calendula dans un bocal
en verre transparent, ajoutez-y de l’huile de sésame
afin de les recouvrir et laissez infuser le tout à la
lumière directe du soleil durant plusieurs jours.
Pensez bien à fermer le bocal afin qu’il n’y ait pas
d’insectes ou de saletés qui s’infiltrent, tout en laissant
circuler l’air pour éviter la condensation. Une fois
l’infusion terminée vous n’avez plus qu’à filtrer le tout !
Si jamais vous n’avez pas le temps de réaliser le
macérât grâce à la chaleur du soleil, sachez que vous
pouvez également faire chauffer l’huile et les fleurs à
feu doux durant quelques minutes. En revanche, l’huile
de calendula obtenue ne sera pas aussi bénéfique,
physiquement et spirituellement.
Faites ensuite fondre à feu doux au bain-marie le
beurre de karité ainsi que l’huile de coco. Ajoutez-y le
macérât de calendula et mélangez doucement. Une
fois le mélange homogène, ajoutez les quelques
gouttes d’huile essentielle puis mettez en pot et
laissez refroidir jusqu’à ce que le mélange se solidifie
et forme un baume légèrement crémeux. Vous noterez
que le calendula apporte à la préparation une belle
couleur jaune rappelant la chaleur de la caresse du
soleil.
Cet onguent se conserve (à l’abri de la lumière et
dans un pot stérile) facilement plusieurs mois. Vous
pouvez en appliquer un peu sur les pointes tous les
jours lors du démêlage ou bien, pour un soin plus en
profondeur, appliquez-le sur toute la chevelure et
laissez poser plusieurs heures avant votre shampoing.
D’un point de vue spirituel, cet onguent est parfait
pour apporter un peu de soleil à nos chevelures
durant la période sombre qui approche. De plus, l’huile
essentielle d’encens oliban créé un cocon envoûtant
très apaisant et élève notre degré de sensibilité au
monde spirituel qui nous entoure.
RECETTE HYDRATANTE : Spray à printemps et durant l’été la pousse se fait sentir, à

l’ortie et au lin l’automne nos cheveux ont tendance à chuter de

même que les feuilles des arbres. L’ortie est une plante

À privilégier pour les cheveux déshydratés, rêches, remarquable pour fortifier et surtout pour prévenir la

ternes chute des cheveux. C’est un puissant allié durant la

saison sombre pour conserver une belle chevelure

70 ml d’infusion lunaire d’ortie piquante (Urtica dense.

dioica)
10 ml de glycérine végétale La lune est l’astre ayant la plus grande influence sur

20 ml de gel de lin les cheveux, que ce soit au niveau de leur pousse ou

8 gouttes d’huile essentielle de myrrhe bien de leur qualité. C’est pourquoi il ne faut pas
hésiter à charger en énergie ces soins rituels pour en

Commencez par réaliser votre infusion lunaire. retirer un maximum de bénéfices ! De même que pour

Pour cela, mettez les feuilles fraîches d’orties dans un l’onguent, l’ajout d’huile essentielle de myrrhe apporte

bocal en verre transparent, ajoutez-y de l’eau froide et une dimension spirituelle parfaite, permettant ainsi de

laissez infuser le tout au clair de lune une nuit entière. baigner entre deux mondes.

N’importe quelle lune fera l’affaire, mais la plus

puissante sera bien entendue la pleine lune. Prenez
(crédit photo : Seregwen Pix - https://www.facebook.com/seregwenpix/
soin de récupérer votre infusion et de la filtrer au petit
http://seregwenpix.wixsite.com/seregwenpix avec l’aimable autorisation
matin, avant qu’elle ne prenne le soleil.
de la photographe)

Pour ce qui est du gel de lin, vous pouvez soit

l’acheter tout prêt, mais prenez garde à l’éventuelle
présence de produits additifs, soit le fabriquer vous-
même. Pour ce faire, Mélangez une dose de graines de
lin pour 4 doses d’eau froide dans une casserole. Faites
frémir le tout durant une dizaine de minutes en
remuant délicatement. Une fois que le mélange
devient visqueux et forme des fils gluants, retirez du
feu, filtrez et laissez refroidir.

Dans un flacon spray stérile, mélangez votre

infusion d’ortie, la glycérine végétale ainsi que le gel
de lin. Mélangez délicatement en renversant le flacon
afin d’homogénéiser. Enfin, ajoutez l’huile essentielle
de myrrhe.

Le spray peut se conserver quelques semaines, au

frais. Il est à utiliser dès que les cheveux montrent un
manque d’hydratation. Vous pouvez également
l’utiliser pour texturer vos cheveux, le gel de lin est un
très bon coiffant !

Nos cheveux subissent les mêmes changements

que les plantes au cours des saisons. Alors qu’au

18
L’aspect sombre : Textes traduits

Ensombrissement
par Molly, traduit par Siannan

19
C
’est de l’espace sombre que nous
émergeons – qu’il s’agisse de nos mères ou
de la plus mystérieuse « mer » cosmique
des âmes – et c’est à l’obscurité que nous
retournons lorsque nous fermons les yeux au temps
de la fin.
Je trouve qu’au sein des cercles de la Déesse, l’idée
du « sombre » reste communément associée au mal,
au négatif, au mauvais ou au désagréable. La Mère
Sombre, bien que reconnue et acceptée, est souvent
en même temps assimilée à la mort, à la destruction,
au défi, aux épreuves et aux obstacles. Bien que je
reconnaisse que ce concept de mère sombre,
démoniaque et destructrice puisse aussi avoir une
place dans les traditions de la Déesse (comme avec
Kali ou Durga), je pense qu’il est limitant de façon
inutile et que l’idée de l’ « Obscurité » en général a
besoin d’être revue. Il n’y a pas que le rôle ou la place
de la mort au sein de la roue de la vie ou que
l’archétype de déesse que la déesse en tant que Mère
Sombre et destructive puisse être honorée et
reconnue, mais on peut explorer l’Obscurité comme
lieu de soin et de repos.
Dans son article “Revisioning the Female Demon”
(1998), Elinor Gadon (1) explique qu’il y a une tendance
dans le mouvement de la Déesse contemporain à «
ignorer son côté sombre », et elle remarque que «
dans son entièreté elle est à la fois créative et
destructrice… Le mouvement de spiritualité féminine
a besoin d’un miroir plus inclusif dans lequel
reconnaître et retrouver les pouvoirs élémentaux
féminins qui ont été scindés entre la pacifique, la
bonne nourricière, et la maléfique, destructrice
guerrière » (p.2).
Dans le livre Fire of the Goddess de Katalin Koda (2)
dans le chapitre Reclaiming the Dark Mother l’auteur
dit :
« Les qualités féminines de l’obscurité,
l’humidité, la naissance, et le sang,
symbolisent la mère sombre et notre
Initiée interne. On nous a appris à
nier ces parties de nous et de nos
20
corps ; honorer le féminin sacré vous
invite à revendiquer des parties, non
seulement comme parties de qui
vous êtes, mais aussi comme aspects
puissants de votre vie. Quand nous
faisons face à notre ombre, nous
sommes initiés à nos pouvoirs les
plus profonds. Il se peut que ces
parties nous effraient ; Ces aspects
de nous-mêmes hurlants, sous-
alimentés, réprimés qui demandent à
être entendus, mais auxquels nous ne
supportons pas de faire face. »
Et si le côté Sombre de la Déesse , n’était pas
maléfique, furieux et destructeur ? Et si en fait la
Déesse Elle-même se trouvait dans l’obscurité ? Judith
Laura (3) écrit à propos de la matière noire «
pourrions-nous appeler cette « force invisible » Déesse
? La matière noire pourrait être assimilée à l’utérus de
la Mère, en gestation continuelle de particules, soleils,
galaxies, qui s’écoulent d’elle dans un courant
continuel… La matière noire peut aussi être
représentée sous l’aspect de la Déesse de l’Ancienne
[crone] – sombre et puissante » (Goddess Spirituality
for the 21st Century, p. 181).
Une des tâches de la Théalogie a été de réévaluer le
concept d’obscurité. Jacqueline DaCosta note « Cette
obscurité… équivaut à l’obscurité du savoir inné,
instinctif, où nous sommes au sein de l’utérus de la
Déesse » (p. 115 (4)). Les observations de DaCosta sont
cohérentes avec mes propres expériences et
observations du monde. Dans l’obscurité, les choses
germent et poussent. Le sombre est un lieu calme,
contenant, sécurisant et accueillant – nous venons de
l’obscurité et c’est là que nous retournons. L’utérus est
l’endroit où j’ai nourri et fait grandir mes enfants, et il
est sombre et sécure en mon expérience. En fait,
l’obscurité n’est-elle pas l’utérus de toute la création ?
C’est de l’espace sombre que nous émergeons – qu’il
s’agisse de l’utérus de nos mères ou de la plus
mystérieuse « mer » cosmique des âmes – et c’est
dans l’obscurité que nous retournons lorsque nous
fermons les yeux pour la dernière fois. L’obscurité
contient notre ADN. Notre lien au passé et au futur. A
la naissance de l’univers, une partie de nous était là,
dans cette explosion à partir de l’obscurité.
Dans le livre Meditation Secrets for Women (5),
Camille Maurine écrit sur l’idée de descente, et de «
descendre » dans ses propres lieux sombres :
« Il y a des moments dans la vie
d’une femme, où l’appel vers le bas
est un voyage transformateur, une
convocation dans les profondeurs
de l’âme. Les gens ont tendance
à penser la spiritualité comme
élévatrice vers le ciel. Dans les
enseignements traditionnels
(masculins), l’illumination est souvent
décrite comme un envol des centres
bas du corps, de l’instinct et de la
sexualité, vers les centres plus élevés
dans la tête puis en dehors. Au
contraire, la quête de la femme mène
à un certain moment à sombrer de
toute son âme en elle-même. Tout
le monde craint cette descente.
Pourtant sombrer nous connecte à la
terre, à notre sol personnel, à notre
fondation. Il y a un secret dans l’ «
ensombrissement »(5). »
La Sombre Déesse n’a pas besoin d’être associée
automatiquement ou traduite en « sombre », «
souffrante », « négative » ou « côté sombre ». Je pense
l’obscurité comme un cocon. Je pense à l’utérus. Je
pense à la germination. Je pense à un lieu de repos,

21
d’attente, d’immobilité et de transformation. « Pour chacune de nous en tant que
Émergence. Profondeur. Richesse de la terre. femme, il y a un endroit profond
en nous, où enfouit et grandissant
Gloria Orenstein fait référence à
s’élève notre véritable esprit. En ces
l’ensombrissement comme « un lien avec la terre et
lieux profonds, chacun est porteur
l’invisible qui va ré-établir notre sens d’interconnexion
d’une réserve incroyable de créativité
avec toutes les choses, phénoménales (6) et
et de puissance, d’émotions et de
spirituelles, qui composent la totalité de notre vie
ressentis inexplorés et inédits. Le lieu
dans notre cosmos. Les arts écoféministes ne
de pouvoir de la femme en chacune
maintiennent pas que le savoir analytique, rationnel
serait supérieur aux autres formes de connaissances.
de nous. Est sombre, est ancien, et est
Ils honorent l’intelligence de la Terre Gaïa et les profond.»
souvenirs accumulés par ses plantes, pierres, sol et
créatures. Par la communication non verbale avec les Audre Lorde
énergies de sites sacrés dans la nature, les artistes
Article initialement publié en anglais sur https://feminismandreligion.
écoféministes obtiennent un savoir important sur com
l’esprit du lieu, qu’ils peuvent honorer au travers des Retrouvez les articles et créations de Molly sur http://www.brigidsgrove.
com/blog
rituels créatifs et des pièces environnementales. » NDT :
1 « Révision du démon féminin », Elinor Gadon http://www.belili.org/
(Reweaving the World, p. 280). Cela me parle en raison
marija/bios/elinor_gadon.html
de mes expériences théapoétiques de la présence de la 2 « Feu de la Déesse » http://katalinkoda.com/tag/fire-of-the-goddess/
3 https://hecatedemeter.wordpress.com/2012/02/09/an-interview-with-
Déesse dans mon propre coin sacré dans les bois
judith-laura-about-goddess-matters
derrière ma maison, où je vais aux « rochers de la 4 « To Explore Whether the Concept of ‘Dark’ as Expressed in Theology
Can Be Reconciled in Any Way to the ‘Dark’ of Thealogy » http://fth.
prêtresse » pour prier, réfléchir, méditer, ritualiser, sagepub.com/content/12/1/103
penser et converser avec les esprits de ce lieu. 5 « endarkenment » en anglais
6 phénoménales au sens philosophique : qui peut être l’objet d’expé-
rience par les sens
J’ai assisté à une présentation d’histoires de
naissances à une conférence en 2011 durant laquelle la
conférencière, Pam England, a utilisé la descente
d’Inanna comme métaphore pour expliquer quelques
concepts. Elle dit que le lieu « où vous avez été le plus
blessé-e – le lieu où la chair vous a été arrachée des os
et mâchée, devient le siège de votre médecine la plus
puissante et l’endroit où vous pouvez attendre quelqu’un
là où personne d’autre ne le peut. » C’est ce que je
ressens comme ce qu’offre la Déesse Sombre. Elle est
présente quand la chair est arrachée. Elle est là dans la
guérison des blessures et La connaître, marcher avec
Elle, Lui faire face mène à une médecine puissante.

22
L’aspect sombre : Textes traduits

Réhabiliter les Ténèbres

dans le Paganisme : un Appel à l’Equilibre

par John J. Coughlin, traduction Caitlín Urksa

23
S
ur internet, j’utilise le titre de polarités – deux aspects opposés mais
« DarkWyccan », ce qui entraîne souvent des complémentaires d’un tout. Le yin-yang, qui montre
réactions mitigées parmi les Païens ; certains chaque « moitié » comme une partie d’un ensemble
sont juste curieux de savoir ce que je veux plus grand, chacune contenant un aspect de son
dire par « 
sombre 
», mais une majorité est contraire, est un symbole de polarité qui nous est
véritablement offensée. Immédiatement, on m’associe familier.
au mal et on m’accuse d’encourager les stéréotypes Cette polarité clair/sombre de la pensée païenne
négatifs envers la sorcellerie. (En fait le « Dark » dans n’est plus la même que le dualisme bien/mal, mais
le nom se rapporte à mon style vestimentaire et mon plutôt associée à des principes complémentaires
penchant pour l’imagerie macabre mais c’est une autre comme création/destruction, externe/interne,
histoire!) attirant/repoussant, clarté/mystère, actif/passif,
solide/fluide, statique/dynamique, masculin/féminin,
Il est vrai que le mot « sombre », comme le mot et ordre/chaos, pour n’en nommer que quelques-uns.
« sorcière », a longtemps été utilisé en association Les connotations morales qui étaient opposées dans le
avec le concept du Mal dans la société occidentale dualisme clair/sombre de la pensée occidentale
moderne. En tant que païens nous savons qu’une traditionnelle ne s’appliquent tout simplement pas
sorcière n’est pas nécessairement mauvaise. Nous dans l’approche moniste. (Ne confondez pas
avons travaillé dur pour réhabiliter le terme « monisme » et « monothéisme », ce sont deux choses
« 
sorcière 
», ne serait-ce que pour pouvoir nous totalement différentes.)
libérer de notre propre conditionnement social qui Ayant été élevés dans une société basée sur le
veut que « sorcière » soit synonyme de « mauvaise ». dualisme, nous avons l’habitude de vouloir
En cherchant à réhabiliter le mot « sorcière » nous décomposer les choses, même lorsque nous
nous sommes souvent distingués des autres termes choisissons une spiritualité basée sur le monisme.
chargés négativement dans l’opinion publique. La Ainsi, lorsque nous, païens (provenant d’un
façon la plus simple d’effectuer cette distanciation environnement judéo-chrétien pour la plupart), avons
était de se focaliser sur des images associées avec le commencé à utiliser l’imagerie de la lumière (bien),
bien, comme la « lumière ». empruntée à la pensée occidentale, en association
avec le mot « 
sorcière 
», pour le réhabiliter par
Toutefois, cela pose un problème. La façon dont les rapport à son association négative avec les ténèbres
païens voient la dualité clair/sombre n’est pas la même (mal), nous avons inconsciemment altéré la polarité
que celle de la société occidentale moderne, qui a été clair/sombre de la pensée païenne pour qu’elle
grandement influencée par la pensée chrétienne s’accorde à cette imagerie. La dualité dans un
pendant de nombreux siècles. Le point de vue monisme n’est pas la même que la dualité dans un
occidental est basé sur un dualisme marqué entre dualisme.
deux parties irrémédiablement séparées. Ces deux
parties sont indépendantes et peuvent être En outre, lorsque le paganisme est devenu plus
complémentaires ou en conflit. Dans le cas de la ordinaire dans les années 1980 et 1990, on a porté
pensée occidentale traditionnelle, le symbolisme clair/ moins d’attention à l’étude et à la pratique, et
sombre est profondément enraciné dans le dualisme malheureusement de nombreux auteurs ont
éthique chrétien symbolisé par la bataille du bien popularisé le concept de « sorcellerie instantanée »
(clair) et du mal (sombre). La paganisme, par contre, a tandis que les livres de type « A.B.C » inondaient le
adopté un point de vue basé sur le monisme, où la marché. Des covens et même des traditions ont été
dualité est le plus souvent perçue comme deux formés par des novices, et pourtant ont accueilli des
aspects d’un tout qui les englobe. Les dualités comme étudiants. Ceci a eu (et a toujours) des résultats
celle du clair/sombre existent donc comme des radicaux lorsque cela s’est mélangé aux influences

24
 dans un contexte approprié. Bien sûr le même
processus peut survenir à un solitaire dévoué, avec de
la discipline et de la motivation. Un changement de
point de vue ne peut se produire qu’à travers la
pratique et l’expérience. Il faut travailler sous les
principes du nouveau point de vue avant que ne se
produise un déclic et qu’il ne devienne une partie de
nous-mêmes, et cela prend du temps et des efforts,
deux choses que de nombreux novices livrés à eux-
mêmes (ou de professeurs non qualifiés) ne
parviennent pas à voir.

C’est très proche du choc culturel. Lorsqu’on ne

peut pas s’identifier à une culture étrangère, ses
pratiques qui ne rendent pas hommage à notre propre
culture peuvent sembler étranges ou barbares. Si,
toutefois, nous devions vivre dans le contexte de cette
culture, nous finirions par voir ces pratiques en
contexte et peut-être par apprécier (ou au moins
comprendre) les pratiques locales dont nous nous
étions moqués. Ce qui se produit de plus en plus dans
la communauté païenne, c’est un influx de personnes

New Age qui dépouillent de leur contexte culturel les qui prennent son symbolisme et ses pratiques en

diverses croyances et leurs associations négatives, dehors du contexte de monisme, et les traduisent

pour produire une forme plus acceptable, plus à la pour qu’ils correspondent à leur propre contexte basé

mode, qui est mise en oeuvre par les masses. Le sur le dualisme. Le clair et le sombre deviennent

paganisme a été envahi de débutants manquant opposés et les polarités sont déséquilibrées puisque

d’orientation et de clarté. Bien que je sois un ardent tout ce qui est associé aux ténèbres est désavoué. Des

défenseur de la validité de la pratique en solitaire, le religions païennes populaires comme la Wicca

changement soudain de majorité de coven à solitaire a deviennent « fluffy » en perdant leur profondeur. De

eu un coût. tels païens ne sont pas réceptifs aux défis faits à leur

Normalement, lorsque quelqu’un commence à niche spirituelle confortable. Ils y trouvent une

étudier et à pratiquer une religion païenne, il y a un libération des aspects trop étouffants de leur religion

changement dans son point de vue spirituel du précédente, tout en trouvant sécurité et

dualisme vers le monisme. Ce changement est un encouragements de la part des traditions les plus

processus interne – une initiation – et se produit à la flexibles. La flexibilité peut aller jusqu’à l’extrême où

fois chez les solitaires et les membres de covens. tout ce qui ne nous convient pas peut être jeté sans

L’auto-dédication externe ou le rituel d’initiation regret.

utilisent une imagerie qui permet de catalyser

l’initiation interne ; sans cela, de tels rituels sont vides A moins que ce déséquilibre ne soit corrigé, les

et inutiles. L’une des raisons pour lesquelles les vrais mystères qu’offre le paganisme sont perdus. Les

novices de coven doivent attendre un an et un jour traditions païennes deviennent des coquilles vidées de

avant une initiation formelle est de laisser au novice le ce qu’elles étaient avant et le sens communautaire est

temps de faire l’expérience des mystères de l’Art ; une brisé par les « guerres sorcières » et les politiques

compréhension personnelle du symbolisme païen idiotes. Avant de pouvoir récupérer nos croyances,

25
nous devons d’abord réhabiliter les « ténèbres » et de savoir que certains auteurs établis commencent à
encourager cette réhabilitation de l’intérieur. La route prendre conscience de leur responsabilité et à ne pas
devant nous ne sera pas aisée, mais avec l’effort de sous-estimer leur influence – pour le meilleur ou pour
ceux qui sont sérieux par rapport à l’Art, nous le pire – sur l’Art.
pourrons l’extirper progressivement du cloaque de
article d’origine : Reclaiming Darkness in Paganism : a Call to Balance
l’ignorance, et à nouveau apprécier les vrais précédemment publiée le 24/06/2010 sur La Caverne (blog désactivé)
enseignements et mystères qu’offre le paganisme.
Pour finir sur une note positive, j’ai remarqué de
nombreux livres récents qui commencent à mettre
l’accent sur la pratique et s’éloignent des livres à
l’emporte-pièce qui suivent le même format
d’information générique complétée par des sorts et
rituels de remplissage et des graphismes tape-à-l’oeil.
De nombreux livres depuis la fin des années 90
commencent à se concentrer sur les principes et le
sens derrière la pratique, et à s’appuyer sur des
recherches saines et des expériences personnelles.
Malheureusement il y aura toujours des auteurs et des
éditeurs peu scrupuleux qui continueront à être
motivés uniquement par le profit, mais c’est rassurant

26
L’aspect sombre : Textes traduits

Un rituel pour
Baba Yaga
par Blue Star Owl
traduit par Siannan
Sculpture depicting the gnarly-faced character of Baba Yaga.
27
B
aba Yaga a toujours été une de mes
sorcières préférées. C’est une personnage
terrifiant qui se cache juste en dehors des
limites de la civilisation. Mais je pense que
ce j’aime le plus chez elle c’est qu’elle est prête à aider
si vous êtes prêts à vous aider vous-mêmes. Elle
reconnaît que la mort est parfois la seule option, et sa
nature cruelle peut simplement vous sauver de choses
bien pires. (Préfereriez-vous une mort propre à une
mort horrible, sous la torture, désordonnée ?)
Il est possible que Baba Yaga vous mange, mais elle
peut aussi vous sauver. Vous devez simplement faire
vos preuves par vous-mêmes : « Aussi ambiguë qu’elle
est hideuse, Baba Yaga a été décrite par
universitaires comme une anomalie, à la
maternelle, image de mère-nature, et comme une
méchante qui aime manger tous ceux qui échouent à ses
tâches » (Stone 2015). Dans l’histoire de Vasilissa la-
très-belle, elle aide Vasilissa pas une fois, mais deux !
La première fois elle aide Vasilissa en lui donnant un
crâne de brûlant, qui tue la cruelle belle-mère de
Vasilissa et ses belles-sœurs. La seconde fois, Baba
Yaga apparaît comme une gentille vieille grand-mère
qui a les connaissances dont chaque jeune femme a
besoin pour avoir un gars !
Baba Yaga incarne l’archétype de la femme sauvage.
L’image de la vieille sauvage dont les leçons ne font pas
dans la fignole pour vous les rendre plus facile à
supporter : « Certains pensent que c’est la sombre
déesse qui symbolise la mort de l’ego qui est nécessaire
pour obtenir la sagesse, et par cette mort, renaître à une
nouvelle vie » (Chambers 2007). Son domaine est la
forêt, bien au-delà des frontières des mortels, un
personnage du monde souterrain qui se cache dans les
parties les plus sombres de nous-mêmes. Bien sûr, en
tant que sorcière dans les bois, son véritable rôle est
celui d’initiatrice ou de prêtresse. Elle est capable de
juger le caractère instantanément et n’a pas de
patience pour ceux qui ne méritent pas son aide. Elle
nous montre comme notre nature la plus sombre peut
nous être utile dans notre lutte contre nos plus grands
obstacles. Son aide ne serra pas mignonne, elle vous
changera pour toujours, mais elle vous rendra
puissante et vous permettra de triompher et de vous
assurer la place qui vous revient. Son pouvoir est
l’instinct de nos tripes et nos premières impressions.
Elle est cette chose en nous qui frappe ceux qui nous
feraient du mal. Elle est notre réponse la plus basique,
primaire, à la menace sanguinaire.
Et à la différence d’autres personnages sombres,
Baba Yaga est digne de confiance : « Bien qu’il apparaît
qu’elle n’en a jamais après quelqu’un sans avoir été
provoquée – c’est à dire, sans que la personne ne soit
au moins venue à la porte de sa hutte – elle paraît ne
suivre peu ou pas de morale. Néanmoins, quelle que
soit la promesse qu’elle fasse au héros après
l’achèvement de la tâche qu’elle donne, elle la tient »
les (Stone 2015). Elle ne cherche pas à vous piéger. Elle
fois vous dit ce qu’elle a besoin que vous lui fassiez et si
vous réalisez la tâche qu’elle a donnée, elle vous
aidera. Elle n’est pas du tout filou.
Baba Yaga nous prouve que ça n’est pas parce qu’il y
a des choses terribles qui nous arrivent que nous
sommes sans pouvoir. Baba Yaga nous apporte son
aide dans les moments les plus sombres. Elle n’aura
peut être pas de solution jolie, gentille, joyeuse, mais
elle va libérer le chemin pour vous et vous donner au
moins une satisfaction sanglante. Elle prouve que nous
ne sommes que des victimes si nous nous laissons
vivre et qu’il y a toujours une voie de sortie : « Les
vérités qu’Elle dit sont souvent amères ; Sa guérison
peut être aussi douloureuse que la maladie qu’elle
guérit. Mais nous méprisons ce qu’Elle a à nous
apprendre à nos risques et périls : si nous ne sommes
pas suffisamment forts pour regarder sans se dérober
la vérité qu’Elle nous montre, nous devrons laisser
tomber Ses nombreux dons de sagesse et de guérison
aussi » (Vassy 2000). Baba Yaga est la vieille grand-
mère qui fait en sorte que les choses soient faites et
qui ne se dérobe pas devant les terribles choses que la
vie nous apporte. Elle a tout vu, tout fait, et elle n’a pas
peur du sang et de la saleté dans lesquels nous
pataugeons constamment dans notre bataille avec la
vie.
Un rituel pour faire appel à Baba Yaga
28
Baba Yaga, illustration d’Ivan Bilibine pour une édition du conte Vassilissa-la-très-belle.

29
pour l’auto-guérison
Projetez votre cercle en balayant avec un balais

(Ne pratiquez pas ce rituel si vous ne voulez pas des traditionnel.

résultats soudains et possiblement drastiques).

Pour appeler les points cardinaux :
Préparation
Commencez à l’Est, dites : « Cavalier Blanc, je vous

Il peut être réalisé en intérieur ou extérieur selon supplie de me bénir de la lumière de l’aube ! »

votre préférence, mais de préférence pendant la Déplacez vous au Sud, dites : « Cavalier Rouge, je

nouvelle lune. vous supplie de me bénir de la lumière du soleil de

Soyez préparés à passer du temps sur ce rituel. Ne midi ! »

vous précipitez pas. Déplacez-vous à l’Ouest, dites « Cavalier Noir, je

vous supplie de me bénir de la lumière de la lune

Dresser un autel au centre de votre espace avec : nocturne ! »

- Une unique bougie au centre de votre autel – Déplacez vous au Nord, dites : «  Baba Yaga, Mère

assurez vous d’avoir une bougie fine également de la Mort, permets-moi d’accéder au Monde

disponible. Souterrain ! »

- Une bougie allumée à l’Est. Retournez à l’Est et dites : « Tourne ton front !

- Un pot avec 3 sortes de haricots séchés mélangés, Tourne ton dos ! En rond vers moi ! J’entre dans la hutte

placé au Sud, et 3 bols. de Baba Yaga de mon plein gré ! »

- Un mortier et un pilon placés à l’Ouest avec un

peu de terre dedans Tournez-vous vers le centre de votre autel avec le

- Une bouteille de vodka, un verre vide, et un pot de mélange de haricots. Tenez le pot et pensez à

steack cuisson bleue sur une assiette avec couteau et toutes les choses qui vous causent de la douleur

fourchette. Il vaut mieux prendre le temps de cuire le mentale. Pensez à toutes les choses dont vous voulez

steak vous-mêmes préalablement). Placez-les comme vous débarrasser dans votre vie. Méditez sur les

si vous mettiez la table au côté Nord de l’autel. émotions viscérales que ces choses causent.

- Une miche de pain fraîche (là aussi c’est mieux si Concentrez tout cela sur le pot et les haricots. Une

vous l’avez cuite vous-mêmes). fois que vous avez déversé toutes vos blessures et vos
angoisses, versez lentement le mélange de haricots

Il vaut mieux le faire à la nouvelle lune. Commencez sur la partie Sud de votre autel. Dites : « Baba Yaga !

à travailler dans une salle sans lumière excepté une Comme vous l’avez demandé à Vasilissa la jeune fille, je

bougie allumée à l’Est. vais trier ces graines pour vous aider à redresser les
torts de vos propres ennemis. » Triez avec soin chaque

Le rituel haricot par type dans les différents bols, en méditant

tout ce temps sur comment éloigner de votre vie les

Pour commencer prenez la miche de pain frais et problèmes sur lesquels vous vous étiez précédemment

placez-là à l’Est, auprès de la bougie allumée, et penché-e. Une fois les trois différents types de

psalmodiez : «  Baba Yaga ! Baba Yaga ! Baba Yaga ! Je haricots séparés et triés, alignez les trois bols au Sud

viens à toi vous de mon plein gré ! Baba Yaga ! Baba et dites : « Baba Yaga, merci pour ce travail honnête et

Yaga ! Baba Yaga ! Je demande ton hospitalité et ne suis dur qui m’aide à vous rembourser pour votre

porteuse d’aucun charme ni bénédiction ! Baba Yaga ! hospitalité. »

Baba Yaga 
! Baba Yaga 
! Je suis volontaire pour
travailler pour vous et partager mon énergie avec vous Déplacez-vous au côté Ouest de l’autel. Prenez le

pour votre aide ! ». mortier et le pilon et commencez à broyer la terre.

30
The heroine Vasilisa outside of the hut of Baba Yaga as depicted by Ivan Bilibin (1902).

31
Dites : «  Baba Yaga, tout comme je broie cette terre
dans le mortier avec le pilon, vous broyez les os des
morts. Les morts n’ont pas besoin de leurs os, et pour
ceux d’entre nous qui vivent encore, nos os sont
constamment pilonnés et enterrés dans la terre par le
monde autour de nous. Mon corps a été battu par le
monde vivant ! S’il vous plaît mettez-moi dans votre
mortier et pilon pour me guérir de mes chagrins ! »
Continuez à broyer la poussière jusqu’à ce que vos
mains et bras s’affaiblissent. Reposez le mortier et le
pilon et dites : «  Baba Yaga ! Une honnête journée de
labeur dans la poussière me nettoie de mes chagrins et
vous aide à garder votre maison en ordre ! »
l’aube. Laissez la bougie de l’Est brûler toute la nuit. Au
matin, revenez et dites merci aux trois cavaliers pour
leur lumière et souhaitez leur du bien dans leur
voyage permanent. Prenez le repas que vous avez
préparé et laissez-le dehors quelque part pour que
Baba Yaga en fasse ce qu’elle veut. Dispersez les
haricots secs dans la forêt, prenez la terre du mortier
et du pilon et incorporez la délicatement à votre jardin
ou vos plantes d’intérieur. Souvenez-vous que vous
portez maintenant le feu de Baba Yaga en vous à
présent, et que tout peut advenir.
Références :

Déplacez-vous au Nord. Versez un verre de vodka
de votre bouteille. Prenez le pain à l’est et tranchez-le,
en laissant un morceau sur l’assiette. Présentez le
steak et dites : « Baba Yaga, j’ai préparé ce repas pour
vous ! Par mon dur travail et mes intentions pures, je
demande que vous mangiez cette nourriture que j’ai fait
pour vous et partagiez mon énergie pour aider et
restaurer votre travail ! » Restez debout et laissez-lui
. “Baba Yaga”. 2007. dans Chambers Dictionary of the Unexplained,
édité par Una McGovern. London: Chambers Harrap. https://libproxy.
tulane.edu/login?url=http://literati.credoreference.com/content/entry/
chambun/baba_yaga/0
. Ryan Stone. “Baba Yaga, The Confounding Crone of Slavic Folklore,”
Ancient Origins, 29 mars 2015, vu le 19 novembre 2015, http://www.
ancient-origins.net/myths-legends-europe/baba-yaga-confounding-
crone-slavic-folklore-002836.
. Rebecca Vassy. (2000). “Wild Women Don’t Get the Blues Or My
Adventures with Baba Yaga.” Sagewoman, 31 octobre 2011. http://
search.proquest.com.libproxy.tulane.edu:2048/docview/221846152?ac-
countid=14437.

le temps de « manger ». Comprenez que vous avez

construit de l’énergie à travers le rituel, et que c’est Retrouvez le articles en anglais de Blue Star Owl sur son blog : https://
bluestarowl.wordpress.com
une partie de ce que vous lui offrez. Quand vous vous Texte original : https://bluestarowl.wordpress.com/?s=baba+yaga
sentez vidée à nouveau, déplacez-vous vers l’Est.

A l’Est, dites : « Baba Yaga ! J’ai trié vos graines, j’ai

travaillé dans la terre pour vous, je vous ai cuisiné un
bon dîner. S’il vous plaît donnez-moi votre feu pour
ramener avec moi dans le monde des vivants ! » Prenez
la bougie fine et allumez-là à votre bougie à l’Est.
Allumez la bougie centrale. Soufflez doucement la
bougie fine. Dites : « Baba Yaga, je sais quand je dois
cessez de demander. Je n’ai pas à comprendre tout de
vos manières. S’il vous plaît renvoyez-moi vers les
terres des vivants ! » Prenez la bougie au centre et
marchez hors de votre cercle.

Quand vous êtes bien à l’écart de votre cercle (si je

le faisais en intérieur, je sortirais dehors), levez votre
bougie et dites : « Baba Yaga ! Merci pour le feu et vos
bénédictions 
! Je suis prêt-e pour ce qu’elles vont
apporter dans ma vie ! » Soufflez votre bougie.
Laissez votre cercle et votre autel en place jusqu’à

32
L’aspect sombre

Ombres et lumieres
dans l’imaginaire celtique
par Cernunnos Crowulf, dit Carnún

Carnyx sanglier original - Musee de l'Homme de Neandertal

© Site de Tintignac (Naves-19)- cl. Patrick Ernaux-Inrap 33
O
n sait la richesse de l’imaginaire celtique,
l’un des plus brillants mais aussi l’un des
plus méconnus de l’histoire européenne.
Mais de quoi parle-t-on ? Je pense
qu’il est important de commencer par faire un tri dans
ce qu’on appelle ‘celtique’.
Tout d’abord il y a les Celtes antiques, Gaulois,
Galates ou autres Celtibères. Leur religion nous est
très peu connue du fait de l’interdit que les druides,
les ‘fort savants’ imposaient sur toutes les choses
religieuses, liées au culte, aux rituels, aux dieux. Seules
des bribes de leur savoir nous sont parvenues par des
auteurs grecs ou latins, donc partiaux, et par ce que
nous livre l’archéologie, sujette toutefois à des
interprétations parfois fantaisistes. Nous n’avons
aucun texte, aucune légende.
Ensuite il y a les Celtes d’Irlande, communément
appelés Gaëls, d’une civilisation à la fois plus archaïque
que le reste des Celtes, mais aussi d’une tradition
répertoriée plus récemment, à l’époque chrétienne. Si
proches et si différents que des historiens se
demandent de nos jours s’ils étaient Celtes ou bien
d’une culture proto-celtique plus ancienne.
Enfin il y a l’ère moderne et ces mouvements
folkloriques naviguant en eaux troubles, entre néo-
druidisme, fourre-tout New Age et carnaval de kilts et
de cornemuses ; nous laisserons cette partie de côté,
elle ne nous dit rien de cet imaginaire dont nous allons
traiter. Ces « philosophies » se réclamant des druides
ont été créées de toutes pièces il y a 300 ans
exactement, nourries de clichés, de faussetés et de
falsifications dont il faut se défaire si l’on veut traiter
sérieusement de notre sujet. Ainsi la pensée druidique
n’avait-elle rien à voir avec une quelconque forme de
shamanisme, mais elle était bien plus proche de
l’Hindouisme et l’on pourrait rapprocher les druides
des brahmanes de l’Inde. Pour les uns comme pour les
autres, le monde est né et disparaîtra dans l’eau et le
feu. Nous n’en savons pas plus ; pas d’Abred ou de
Ceugant, pas plus que d’alphabet des arbres ou
d’astrologie oghamique, d’origines atlantes ou
troyennes, pas de Grande Déesse ou de cérémonies
mystérieuses au cœur de forêts millénaires, mais des
34
sanctuaires sacrés et aménagés dont les usages sont à
jamais perdus, mais une classe sacerdotale qui règne
sur tous les aspects de la vie civile et dont la formation
dure vingt ans. Quand cette société changea, de par
l’appât du gain et l’attrait pour les cultures
méditerranéennes (et le vin!), les druides s’effacèrent
d’eux-mêmes, avant même la conquête romaine. Ils
n’eurent pas de successeurs.
Gaulois et lumières
Mais commençons par le commencement.
Au départ est une culture surgie du centre de
l’Europe vers le 8ème siècle avant l’Ère Commune.
Nous ne savons que très peu de choses sur cette
période des princes de Hallstatt et de leurs
croyances ; avaient-ils des druides ? Quels dieux
honoraient-ils ? Pendant des siècles leur culture va se
nourrir des cultures environnantes et les influencer
par la technique du fer plus que par la guerre jusqu’à
bâtir une civilisation relativement homogène étendue
sur un espace qui allait de l’Irlande aux Balkans, et plus
tard jusqu’en Turquie.
Leur nom même est sujet à polémique : vient-il
d’une racine indo-européenne qui veut dire ‘rapide,
furieux’ ? Ou bien d’un mot celtique signifiant ‘caché’,
expression proverbiale pour tout ce qui touche à leur
culture ? Selon César, ils comptaient le temps en nuits
et non en jours, ils se disaient issus du dieu des
ténèbres, que l’Imperator appelle d’un nom latin, le
‘Dispater’. Cela trouve une relative confirmation dans
les textes irlandais : les Milésiens, ancêtres légendaires
des Gaëls dans le Lebor Gabala Erenn, le Livre des
Conquêtes d’Irlande, sont supposés venir du pays des
ombres situé en Espagne, fait mythologique qui
semble maintenant confirmé par la génétique !
Et c’est ici qu’il faut être précis sur ce qu’on
pourrait nommer le côté obscur 
: dans une
perspective moderne, judéo-chrétienne, on verrait
dans l’opposition jour/nuit une opposition entre bien
et mal. Ceci ne ressemble en rien à la conception du
monde selon les Anciens. Tout l’imaginaire celtique en
particulier repose sur la notion du seuil, de la
transition, entre ombre et lumière, vie et mort, animal,
végétal et humain, le goût pour le crépuscule et les
35
marécages. Il suffit pour s’en rendre compte
d’observer les pièces archéologiques du type laténien :
là où l’œil romain ne voyait que des spirales sans
ordre, le regard celte pouvait voir un dieu caché et
souriant dont le visage vaguement humain se fendait
d’un groin et se couronnait de gui ; là où le moine ne
soupçonnait qu’une vague idole grossièrement taillée,
le Gaulois percevait une réalité qui dépassait le
réalisme artistique pour se concentrer sur l’essence de
l’esprit qui l’avait inspiré. C’est le cœur même de
l’incompréhension et du mépris affiché des Classiques
pour l’art celte qui n’a été redécouvert que par le goût
des surréalistes pour la numismatique gauloise et ses
formes abstraites, fracturées, qui nous racontent tout
un monde perdu.
Ainsi être issu du dieu de la Mort n’est en rien
morbide ou maléfique ; il s’agit juste d’un fait qu’il faut
accepter, comme de l’ombre surgit la lumière et la vie
et la mort sont deux faces d’une même pièce.
Célébrant le seuil, l’année celtique était donc rythmée
36
par quatre fêtes, dont deux particulièrement
importantes :
- Samonios (de ‘samo’, été, ou de ‘samonion’,
réunion), mois de novembre, passage de la saison
claire à la saison sombre. Considéré comme le Nouvel
An celtique, il se déroulait sur trois jours (Tri Nox
Samoni). Alors s’ouvraient toutes grandes les portes
entre les deux mondes et la frontière entre vie et mort
était des plus ténues. Des savants modernes le placent
plutôt vers mi-juin (Irl. Samhain) ;
- Belotepnia ou Belotenia ou encore Beltan (Feu
Brillant ou Feu de Bel(enos) ?), entre fin avril et mi-
juin, passage de la saison sombre à la saison claire (Irl.
Beltaine), où de grands feux étaient allumés entre
lesquels on faisait, encore il y a peu de générations en
Irlande, défiler les troupeaux pour en quelque sorte
les purifier.
Nous sommes bien dans cette éternelle vision du
seuil, de la transition.
Des dieux fort obscurs morts vers l’Autre Monde, un autre monde parfois
considéré comme une île située à l’ouest, au-delà du

Pour obscurs qu’ils soient, les attributions des dieux grand océan, du moins pour ce qui est des populations

semblent aussi floues que le reste de la culture de la frange atlantique ; nous ne savons rien du monde

celtique, ayant parfois varié entre les époques, et des morts perçu par les tribus purement continentales

parfois uniquement locaux (Grannos, Arduinna, d’Auvergne ou de Hongrie, pour qui l’idée même d’un

Vosegus) : le dieu Sucellos (le Bon Frappeur), armé d’un océan était purement abstraite, voire inconcevable. Il

maillet, peut aussi bien donner la mort que rendre la leur restait les lacs, les rivières, souvent vues comme

vie, ce qui le rapprocherait du Dagda irlandais. Est-ce des portails sacrés. On présume que Belenos a pu

lui le Dispater dont on parlait plus haut ? avoir un sanctuaire au Mont Saint Michel, l’archange

Nous ne possédons pas vraiment, contrairement ayant repris les différents attributs du dieu : la guerre,

aux Grecs et aux Romains, de preuves qu’il y ait eu des la lumière, le passage vers la mort.

divinités spécifiquement liées à la nuit ou à la lune. En La seule divinité liée apparemment au monde

revanche, les figures solaires abondent, étant parfois souterrain pourrait être Cernunnos (le ‘Beau Cornu’),

les différents avatars d’un même dieu sous des noms dont le nom incomplet (*ernunnos) se retrouve sur le

divers. Il faut garder en mémoire que les noms réels Pilier des Nautes de Lutèce. Vraisemblablement dieu

sont inconnus et nous n’avons que ce qui semble être de la chasse, de l’abondance et des animaux sauvages,

des surnoms (le Tonnant, le Bon Frappeur, la divinité aux bois de cerfs, ou aux cornes de bouc, voire

Dispensatrice) répertoriés à l’époque gallo-romaine ; il de taureau, il est aussi un candidat pour le rôle tant

en va de même pour les représentations, inconnues à convoité de Dispater. Contrairement à ce qu’on peut

l’époque de l’indépendance. Voici quelques exemples : lire sur certains sites, il n’existe aucun mythe, aucune

Lugus (le Lumineux, ou le Noir, voire le Corbeau, ou légende liés à ce dieu, d’ailleurs peut-être pré-

d’une racine indo-européenne signifiant ‘prêter celtique. Pas de lien avéré non plus avec Pan ; il serait

serment’), seigneur du soleil, polytechnicien plus proche d’un Dionysos archaïque. Sa

assimilable à Hermès-Mercure, sûrement roi des représentation sur l’autel de Reims, surmonté d’un rat,

dieux, guerrier, chantre, magicien, qui a donné son le renvoie clairement au monde des morts mais son

nom à Lyon, Leyde, Loudun. Selon certains absence des terres insulaires pose question sur son

scientifiques, il aurait été le dieu de la rive gauche de aspect pan-celtique ; il n’est pas Herne le Chasseur,

la Seine (Mont Sainte Geneviève), civilisée et lieu du mais pouvait-il être le guerrier irlandais Conall

rassemblement en société, tandis que son jumeau Cernach, lié au serpent et aux trésors cachés ? Rien ne

Smertrios aurait présidé à la rive droite, inculte et le dit.

sauvage. Il serait aussi le frère de l’Aurore qui l’aide à

se lever. (Irl. Lúgh Lámhfhada in Samhildánach, Lúgh Un obscur détour vers la Goidélie
au Long Bras, Gal. Llew Llaw Gyffes). On peut en
déduire que la lumière est liée à la civilisation et Nous trouverons des différences certaines en

l’ombre à la nature, voire au chaos, comme nous le Irlande, où les textes, tardifs et compilés par des

verrons avec les Fomores irlandais. moines autour du 11ème siècle, sont empreints de

Belenos (le Brillant) est peut-être aussi Grannos le mysticisme chrétien et de visions plus tranchées du

Barbu honoré à Grand (Vosges), et Maponos le Grand monde.

Fils, protecteur de la jeunesse, proche du Oengus Mac On peut définir deux grands peuples en éternel

Óg irlandais et du Mabon ap Modron gallois, combat pour la possession de l’île et de sa

protecteur de la jeunesse et peut-être de l’initiation souveraineté : les Tuatha Dé et les Fomores.

des jeunes hommes à l’instar d’Apollon. Belenos Les Tuatha Dé, plus tard appelés Tuatha Dé Danaan

représente le soleil souverain, civilisateur, mais il a pour éviter les confusions avec les peuples bibliques,

aussi un rôle psychopompe, c’est-à-dire de guide des sont clairement liés à la lumière ; surgissant du Nord

37
sur des navires volant entre les nuées, de quatre cités
d’où ils apportèrent quatre trésors, il seraient les
esprits des ancêtres des Gaëls. Les attributs et les
noms de nombres d’entre eux sont si proches de
certains dieux continentaux qu’on peut faire un
parallèle clair entre les deux civilisations. Ils ont été en
partie l’inspiration de Tolkien pour les elfes de la Terre
du Milieu : clairs de peau et de cheveux, à la fois
guerriers, poètes, musiciens, dotés de capacités
fabuleuses pour les sciences et les arts, ils regroupent
tous les dons à la fois de la classe combattante et de la
classe sacerdotale des peuplades celtiques, mais aussi
de la classe artisanale : ainsi ils tirent leur immortalité
de la viande des porcs de Goibhniu le Forgeron, avatar
local du Gobannos gallo-romain. Ils combattirent les
Fomores dans un combat sans merci entre la lumière
et les ténèbres et sortirent vainqueurs avant d’être à
leur tour vaincus par les Milésiens : les humains
gardèrent l’Irlande visible tandis que les dieux se
regroupèrent dans le monde invisible, les tertres et les
cercles sacrés interdits aux mortels, devenant en
partie ce qu’on appelle le Petit Peuple, auquel on fait
toujours des offrandes, mais aussi les terrifiantes
banshees. Il est toutefois possible que les Milésiens
aient été inventés de toutes pièces par les scribes
chrétiens : les Tuatha Dé étaient d’essence bien trop
païenne pour faire des ancêtres dignes qui auraient pu
recevoir la Communion.
Les Fomores, que l’on pourrait comparer aux
Géants grecs ou scandinaves, semblent avoir
représenté la violence du monde naturel ; ils n’ont pas
d’équivalents connus en Gaule et pourraient bien être
des personnifications des phénomènes naturels des
pays du Nord : tempêtes, vents puissants, terreurs
nocturnes des jours qui rétrécissent. On disait qu’ils
vivaient sous la mer, au Nord du monde, et
possédaient de monstrueuses machines qui pouvaient
provoquer tempêtes et naufrages : cette situation
sous-marine en fait clairement des figures
chthoniennes ancrées dans le monde des ombres.
D’ailleurs leur apparence est peu flatteuse : difformes,
sombres, munis d’un seul œil, ou d’un seul bras, ou
d’une seule jambe, parfois cornus, ou dotés de têtes de
bêtes, ils peuvent ressembler à des figures de
cauchemar. Mais certains sont aussi d’une beauté
38
stupéfiante, telle Eithniu, mère de Lúgh Lámhfhada, le
Lugus cité dans la partie précédente. Son père était
Balor à l’Œil Maléfique, roi-druide des Fomores dont le
regard pouvait décimer des rangs entiers de guerriers.
Une prophétie disait qu’il serait tué par son petit-fils,
aussi enferma-t-il sa fille dans une tour imprenable.
Bien sûr un homme, Cian, réussit à s’introduire dans la
tour et mit Eithniu enceinte ; de cette union naquit
Lúgh.
Des années après, au matin de la seconde bataille
de Mag Tuired qui opposa Tuatha Dé et Fomores pour
une issue définitive, Balor perçut une lumière s’élevant
à l’ouest ; surpris que le soleil se lève à l’occident, il
comprit que cette clarté peu commune ne pouvait
être que son petit-fils, le ciel lumineux. Son destin
était alors scellé et la prophétie s’accomplit : Lúgh tua
son grand-père en un combat homérique, couronnant
définitivement la victoire de la lumière sur les
ténèbres, de la civilisation sur la sauvagerie, de l’ordre
sur le chaos. Le folkloriste Alexander Hagerty Krappe,
quant à lui, propose la continuité d’un très vieux
mythe agricole 
: une femme (la terre) gardée
enfermée par un vieil homme (l’année finissante) est
fécondée par un homme jeune (l’année nouvelle), dont
l’enfant tue le vieil homme.
Nous pourrions aussi parler de la Mór-ríoghain, ou
Morrigan, voire Morrígu (Grande Reine ou Reine de
Terreur), qui, curieusement, connaît un certain succès
ces derniers années dans le milieu néo-païen.
Contrairement à ce qu’on peut lire, elle n’était pas, ou
plus, une déesse mère, mais sûrement, comme la
plupart des déesses gaéliques, une ancienne divinité
de la souveraineté devenue la personnification de la
guerre et du destin mortel. Elle n’est d’ailleurs jamais
explicitement citée comme déesse, il n’y a aucune
trace d’un culte quelconque qui lui aurait été rendu en
Irlande, et ressemble plutôt à la Lamia grecque ou à la
Lilith orientale (selon une traduction du Livre d’Isaïe
au 9ème siècle), un monstre à apparence féminine ;
telle les Walkyries scandinaves, elle se joint aux
combats, choisit les guerriers qu’elle va prendre,
change de camp et se comporte telle une stryge
destructrice. Selon les sources, elle peut être une
déesse triple ou bien l’un des aspects de la Badb Catha,
ou Badhbh, grande corneille de la pourriture qui
déchire les chairs des morts sur les champs de
bataille, et dont on retrouve peut-être un équivalent
continental en la référence d’une divinité mystérieuse
appelée [C]athubodua (Haute-Savoie) ; d’autres (mais
s’appuyant sur des textes plus que discutables)
l’associent à la déesse gauloise Nantosuelta, parèdre
de Sucellos, pourvoyeuse du bon hydromel, dont le
nom signifierait ‘Vallée ensoleillée’… Nous sommes loin
de la noirceur de la harpie irlandaise. Mór-ríoghain
fut-elle une antique déesse insulaire maternelle, la
bonne Dame qui emmenait les morts vers l’Autre
Monde, avant de devenir la harpie que l’on connaît ?
Une chose est sûre : la figure des textes irlandais
médiévaux est clairement liée à la mort et à la
violence, mais protège le héros CúChulainn, demi-dieu
solaire équivalent à l’Achille homérique. Enfin brisons
une idée reçue : malgré la possible ressemblance des
noms, la Morrigan n’a rien à voir avec Morgane le Fay
dont nous allons parler brièvement, si ce n’est peut-
être, une vague inspiration qui reste encore à établir.
Et du côté des Cymry ?
Les Cymry, ce sont les Gallois 
; les Romains
appelaient ‘Bretons’ les Celtes d’Angleterre, de
Cornouailles et du Pays de Galles (de pritanii, ‘ceux qui
sont peints’) ; ce n’est qu’au sixième siècle que certains
d’entre eux vinrent s’établir en Armorique, pays déjà
latinisé et christianisé depuis des siècles. Les récits
gallois sont plus tardifs que les textes irlandais, et les
faits décrits, ainsi que les étymologies proposées,
montrent que les bardes de l’époque n’avaient plus
39
qu’une connaissance relative, narrative des mythes
anciens mais avaient perdu le lien avec la tradition
passée et la symbolique profonde des histoires qu’ils
contaient pour les cours médiévales.
Pourtant on pourrait épiloguer sans fin sur les
récits tels qu’ils sont donnés, y trouver des mythes
éternels, mais tellement imprégnés de christianisme et
de mythologie grecque et germanique qu’ils en
deviennent sujets à caution.
Laissons de côté le roman dit breton, né à l’est de la
France au 12ème siècle, et encore plus marqué par les
épopées allemandes et les romances arabes que par
les légendes celtiques. Retournons aux textes
insulaires qui disent les contes populaires, et replacent
Artus-Arthur dans un contexte de fin du monde, au
moment de la conquête par les anglo-saxons de l’île de
Bretagne laissée sans protection après le départ des
légions romaines : le chef lui-même, qui n’est pas roi
mais ‘imperator et dux bellorum’ et ses guerriers
semblent mythiques : Artus est l’ours des batailles,
fusion d’un chef gallois réel et d’un dieu guerrier,
Artaius ; Gwalchmei (Gauvain) est un dieu solaire dont
la force croît jusqu’à midi et décline ensuite. Dans ces
récits présentés comme historiques, il n’y a ni Graal, ni
Brocéliande, ni Lancelot, et Merlin n’est qu’une sorte
d’illuminé appelé Myrddin, mélange d’un personnage
historique, Myrddin Wyllt, et d’une possible divinité
solaire ; il est intéressant de voir que dans la geste
arthurienne continentale, Merlin est le fils du diable et
d’une religieuse, ‘baptisé’ par les larmes de sa mère :
faut-il y voir une manière de récupération chrétienne
d’une divinité païenne ? Un démon sauvé par l’amour
d’une mère comme le pécheur peut être sauvé par
l’Eglise ? Rien ne peut l’affirmer ou l’infirmer, mais
Merlin gardera cette ambiguïté et cette part sombre
qui le maintient à la frontière du monde.
Morgane le Fay, dont le prénom signifie ‘née de la
mer’, est peut-être la figure la plus intéressante et la
plus incomprise de toute la littérature arthurienne,
qu’elle soit insulaire ou continentale. Présentée plus
tard comme une sorcière, elle semble avoir subi la
même déformation que Marie de Magdala, que chaque
génération s’est efforcée de noircir : comme elle, elle
n’est qu’une femme qui lutte pour s’affirmer dans un
monde d’hommes avec ses moyens de femme, rebelle
et indomptable, et son image actuelle est le produit de
plusieurs personnages fondus en un. Elle eut une
sœur, Morgause (‘sang’), sœur incestueuse d’Arthur.
Plus tard les deux femmes furent confondues en une
seule entité sombre, enchanteresse maléfique et
manipulatrice, séductrice démoniaque en appelant aux
forces des ténèbres. Il est intéressant de voir qu’elle
est l’une des femmes qui mèneront Arthur, selon Sir
Thomas Mallory (Le Morte d’Arthur), vers Avalon : elle
retrouve là un rôle psychopompe et bienveillant qu’elle
devait avoir dans son aspect archaïque ; elle a pu être
une déesse guerrière, Gwyar (d’ailleurs mère de
Gwalchmei dans des versions anciennes), mais aussi
un aspect modernisé de la grande déesse Modron.

Une conclusion en forme d’ouverture

Il y aurait tant à dire encore, tant d’études à publier,

et la recherche sur les Celtes est en pleine ébullition ;
chaque année, de nouvelles découvertes
archéologiques, des relectures des textes anciens,
mais aussi le croisement de sciences nouvelles
(psycho-linguistique, archéo-astronomie)
redéfinissent totalement ce que l’on croyait connaître
et repoussent toujours plus notre connaissance de
cette culture qui véhicule encore trop de clichés et
d’erreurs gênant la recherche sérieuse. Il faut espérer
que de cet obscurantisme pseudo-religieux naîtra la
lumière !

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 clairieredecernunnos.blogspot.com

Morgan Le Fay by John R. Spencer Stanhope (1880)

40
L’aspect sombre

Les Runes sombres

par Xaël

S
’il est un domaine controversé et encore disharmonie. L’ombre chamanique.
bien méconnu sur la voie des Runes, c’est
celui des Runes sombres. Avant de nous Les mots sombres, ombre, obscurité sont connotés
aventurer plus loin sur ces obscurs souvent de manière négative. Il est important toutefois
sentiers, quelques rappels importants : de se rappeler que le bien et le mal sont souvent des
notions humaines et que les étiquettes prêtent à
* Qu’est-ce que l‘ombre ? Apprendre confusion et jugements hâtifs.
à distinguer le sauvage de la

© Mara | Rune
41
 Par exemple (contrairement aux impressions des Lorsque l’on parle des différentes voies runiques on
néophytes) le sens premier du terme « livre des retrouve :
ombres » reprend l’idée que ce que l’on écrira dessus - La voie du dragon sombre/noir (pratique des
ne sera que l’ombre de la connaissance que l’on Runes sombres et de la goétie)
cherche à transcrire. - La voie humaine (pratique des Runes grises avec
L’ombre, le sombre c’est ce qui n’est pas révélé un usage basé sur des intérêts à court terme et sur
pleinement à la lumière du jour. On pourra penser à une courte portée)
l’étymologie des mots « occulte » et « ésotérisme » qui - La voie du dragon de lumière/blanc (pratique des
illustre cette idée. Garder une chose cachée parce Runes blanches et de la théurgie)
qu’elle n’est pas compréhensible par tout un chacun, Quiconque connaît l’historique des Runes
car un œil autre peut influencer sa dynamique… ou notamment dans leur usage moderne sait l’influence
comme on l’entend souvent parce qu’elle est honteuse, du courant armaniste chez les nazis. Celles-ci ont été
malsaine. largement utilisées pour des fins disharmonieuses et
Dans l’idée de malsaine, il y a bien sûr fréquemment destructrices, créant et renforçant des égrégores
une dimension de jugement. Nous semble malsain ce « négatifs » liés aux Runes. Ce qui nous amène à la
que l’on ne comprend pas, ce qui ne s’accorde pas à dernière partie...
notre vision du normal (à notre norme issue de notre
éducation, philosophie, expérience). * Qui sème le vent
Ainsi il convient de séparer le sauvage, naturel de la
disharmonie. Le sauvage illustrant notre nature, nos Il est important de comprendre que la magie noire
aspirations instinctives qui ne sont pas politiquement (goétie) commence dès lors qu’une personne cherche
correctes et qui se moquent des cases, des étiquettes. à influer sur le libre arbitre d’une autre sans son
La disharmonie correspond aux énergies, actes qui consentement (« 
l’enfer est pavé de bonnes
viennent perturber, manquer de respect au vivant intentions »).
(même si on peut s’interroger sur la capacité à en être Le chaos n’est pas négatif en soi et peut être
juge). porteur de leçons. Néanmoins créer et entretenir des
L’ombre chamanique, elle, est la partie puissante de dynamiques chaotiques, disharmonieuses entraîne des
nous-mêmes tapie en notre sein. Elle est intimement conséquences disharmonieuses. C’est là la base des
reliée au corps, à l’enfant intérieur (le moi élémentaire pratiques magiques (le triple retour, le choc en
qui regroupe aussi la mémoire/l’inconscient). Ainsi, retour…). Ce n’est pas parce qu’une conséquence n’est
elle est connectée à nos blessures, à nos peurs, à nos pas visible ou met du temps à se manifester qu’elle ne
manques, nos besoins primitifs. C’est un réservoir de finit pas par éclater au grand jour. Elle peut par contre
puissance qui se cache (les lingots d’or à la cave) prendre des formes différentes. La pratique du chaos
derrière les aspects de nous-mêmes que l’on se refuse n’implique pas non plus une damnation éternelle…
à accepter (car honteux, pas assez désirables L’humain dans sa morale se damne déjà suffisamment
socialement etc). assez.
Comme toujours une énergie n’est pas
* Usage historique des Runes nécessairement teintée, elle est/devient ce que l’on en
sombres (dans leur dimension fait.
chaotique) et déviances
Ces précisions étant faites, voyons de plus près
Il est complexe de dater l’usage des Runes sombres. l’usage sombre des Runes.
Selon les sources historiques sérieuses, on retrouve
des traces parmi d’anciens vestiges de pratique * Les Runes de chaos
magique (bâton d’infamie – nidhstong).

42
 - Pratiques : * Les Runes sauvages
Toutes les pratiques de goétie utilisant les Runes
font appel à un usage sombre de celles-ci, on les Ici il est question d’un usage des Runes qui réveille
appelle alors les Runes sombres ou Runes de chaos. De la part sauvage en nous.
l’envoûtement (charme par effigie) aux simples - Pratiques
visualisations, en utilisant des pratiques nordiques ou Toute les pratiques liées à la Nature et visant à
n’ayant rien à voir avec l’univers culturel de celles-ci, il libérer notre être spontané s’inscrivent dans la
existe mille et une possibilités. dynamique des Runes sauvages. D’aucuns diraient que
A savoir que certains sorciers utilisent l’écriture les Runes sont sauvages par essence… Pour cela,
inversée des Runes pour faire appel à leurs propriétés favorisez bien entendu l’usage d’éléments naturels (se
plus sombres (pratique douteuse vu que l’écriture peindre des Runes avec de l’argile rouge et courir nu-e
inversée à été historiquement utilisée selon dans les bois, chanter des galdrs en laissant la force du
différentes philosophies, notamment par ceux qui corps et de l’émotion guider la voix sans chercher à
considèrent que le plan astral est inversé au plan faire « joli », jouer du tambour et appeler l’esprit des
terrestre). Runes…).
- Aspects sombres des Runes (ici, il suffit de faire - Aspects sauvages des Runes
un usage disharmonieux des qualités des Runes, par Fehu : Impulsion vitale
exemple:) Uruz : Puissance vitale (l’animal totem)
Fehu : Faire germer des envies Thurisaz : Libérer l’émotionnel
Uruz : Abrutir, rendre dépendant du physique Ansuz : Libérer la voix, le souffle magique
Thurisaz : Agresser, choquer Raidho : Libérer le mouvement
Ansuz : Aspirer l’énergie, créer une influence Kenaz : Libérer la flamme intérieure
Raidho : Perte de repères, contrôler l’évolution de la Gebo : Libérer l’amour et l’union charnelle
vie d’une personne Wunjo : Libérer la joie
Kenaz : Brûler, rendre malade Hagalaz : Libérer la puissance d’être
Gebo : Dépendance sexuelle, amoureuse Naudhiz : Vivre l’essentiel, répondre à ses besoins
Wunjo : Asservir à un groupe basiques
Hagalaz : Perturber, détruire Isaz : Vivre l’ermitage, oser l’individualité
Naudhiz : Empêcher, créer le besoin Jera : Suivre les rythmes de sa nature
Isaz : Bloquer, contraindre Eihwaz : Descendre au fond de soi
Jera : Dépendance et perte de repères, séparer Perthro : Accoucher de soi-même
Eihwaz : Mort, régression Elhaz : Vivre et laisser la vie circuler
Perthro : Agir sur le destin Sowilo : Déployer et rayonner sa puissance
Elhaz : Blesser Tiwaz : Propulser et orienter sa puissance
Sowilo : Électricité Beorc : Être fécond et fertile, faire germer en soi
Tiwaz : Implacabilité Ehwaz : Partager sa puissance
Beorc 
: Dépendance familiale, toute puissance Mannaz : Rendre son esprit puissant
maternelle Laguz : Devenir totalement fluide
Ehwaz : Lier sous contrainte, contrôler le corps Ingwaz : Conscience et intuition puissante
Mannaz : Contrôler l’esprit Dagaz : Transmutation
Laguz : Contrôler les émotions Odala : Totalité, le sauvage intégré au reste de son être
Ingwaz : Contrôler la sphère sexuelle
Dagaz : Forcer le changement
Odala : Contrôler le monde d’une personne

43
L’aspect sombre

Le sauvage en nous
par Sólríka

44
J
e vous propose dans ce numéro de Lune Bleue
consacré au côté sombre d’explorer le sauvage
en nous. Par sauvage, j’entends l’instinct pur, le
réflexe animal, l’indompté. Les civilisations, les
cultures et les éducations nous ont formatés de façon
à paraître relativement lisses. Et ceci est bien entendu
utile dans nos structures sociales, où nous essayons
de viser les relatives paix et sécurité qui nous
permettent de vivre dans une moindre inquiétude. En
même temps, il semble totalement contre productif de
s’exprimer par des grognements pour demander à
quelqu’un de nous passer le sel à table.
Mais à force de lui maintenir une chape de plomb
sur la tête, le sauvage en nous finit indéniablement par
s’exprimer. A mon sens, et de ce que j’ai pu observer,
ce sauvage qui est une partie de nous est très lié à nos
émotions. C’est par nos émotions que nous exprimons
nos sentiments et faisons ainsi comprendre aux autres
que nous sommes heureux, en colère, tristes, etc.
Or, le formatage social amène le civilisé à ignorer le
sauvage, dont les comportements peuvent être
qualifiés de «bas instincts». Mais n’est-ce pas du
mépris que de qualifier nos instincts de bas ou de vils?
Ne gagnerions-nous pas à mettre nos émotions en
lumière et les canaliser plutôt que les refouler? D’où
vient donc cette idée que l’instinct et l’émotion
puissent être des rejets malodorants de nos êtres?
I - Expérimenter le sauvage en nous
Il est à mon sens possible d’expérimenter ce
sauvage, qu’il semble sombre ou non, de plusieurs
façons :
- Lorsqu’on est en contact avec la nature, auprès
des arbres et d’autres animaux. Lors de ces
cheminements, on oublie le temps, on écoute les
bruits autour de soi. Les sens s’aiguisent. Un
froissement de feuilles à sa droite, c’est un écureuil qui
ramasse un gland et remonte très vite dans son arbre.
Un croassement au dessus de sa tête et c’est la
corneille qui bat le rappel des troupes. On regarde les
plantes et hume les odeurs et en fonction des saisons,
45
aucune n’est tout à fait la même. On se sent sens relié
à ce vivant.
- Au milieu de nos congénères humains, lorsque
nous interagissons avec elles et eux. Que ce soit pour
exprimer l’amour que l’on peut porter ou les limites
que nous souhaitons imposer. Le sauvage intérieur
peut montrer les crocs et se relever malgré les
blessures. Il est possible de se sentir oppressé au
milieu d’un rassemblement, parce que les sens sont en
éveil quand on est à l’écoute de sa propre nature. Il
faut alors s’éloigner et reprendre une respiration plus
lente.
- Lors du sommeil, les rêves peuvent parfois libérer
ce qu’il y a de plus enfoui en nous. Rêver que l’on vole
sans avoir peur de tomber, pourrait signifier qu’on a
réussi à se libérer. On peut rêver de douleur, de peur,
d’un amour immense, tout cela est ressenti comme s’il
avait été vécu éveillé. Et chaque émotion a un sens
lorsqu’elle s’exprime à ces moments oniriques.
- Lors des visualisations. Au même titre qu’il est
possible de partir à la recherche de ses divinités par le
moyen de la visualisation, il est également possible de
partir à la recherche du sauvage en soi. Le trouver et
dialoguer avec.
- Par les arts divinatoires. Dans le tarot des
magiciens, le tirage dit du «Mage noir» permet de
révéler notre côté sombre. On pose 6 cartes qui se
font face, 3 à l’endroit et 3 à l’envers. Et les 3 cartes à
l’envers sont à interpréter aussi négativement que
possible. Je pense qu’en fonction des périodes de nos
vies, nous n’avons pas les mêmes côtés sombres, donc,
c’est un tirage qu’il me semble salutaire de faire
régulièrement.
II - L’intégration du sauvage
Une fois identifié et «adopté», l’étape de
l’intégration de celui-ci peut se faire de manière
progressive. On peut par exemple commencer par
apprendre à dire «non». Cela permet au sauvage de
nous faire respecter des autres, qui parfois demandent
sans se préoccuper de ce que cela peut impliquer. Or,
le plus difficile est de soutenir le regard culpabilisant
de l’autre qui ne comprend pas le refus. Des
techniques de communication permettent de dire
«non» en douceur, sans avoir besoin d’envoyer le
sauvage agresser la personne en face.

Un pas supplémentaire pour son intégration va

peut être tourner autour de ses désirs sexuels.
S’autoriser à aimer et être aimés comme il nous
convient (entre adultes consentants), et s’épanouir de
cette façon.

Il est probable que le sauvage en nous apparaisse

en rêve et qu’il fusionne avec soi. On peut se sentir
« complet » au réveil.

Alors ce sauvage va pouvoir s’exprimer, nous

guider, nous accompagner. La « petite voix » paraît
alors plus claire.

De façon que je n’arrive pas à expliquer, on « voit »

les choses arriver, la colère, la joie, il m’est même
parfois arrivé de « sentir » le « vent tourner », d’être
dans un état plutôt joyeux et de comprendre que les
choses ont changé...

Je me suis surprise à me dire « la barbe ! C’est

encore pire de savoir », mais en fait, c’est un vrai
cadeau.

Pour écrire ce texte, je me suis librement inspirée

du livre de Clarissa PINKOLA ESTES « Femmes qui
courent avec les loups », et bien que ce livre soit
essentiellement orienté sur la femme sauvage, je pense
qu’il est possible que chacun, homme et femme
puissent s’y retrouver.

Je souhaite à tous les sauvages en nous de se

réveiller, de s’exprimer et de nous équilibrer.

46
L’aspect sombre

Les katadesmoi
en Grèce antique par Gilles Gras

47
O
n a longtemps pensé que ce que l’on accompagnée d’un verbe conjugué au présent. Les
appelle « plaquettes de défixion » verbes utilisés sont, peu ou prou, toujours les mêmes :
n’étaient autre que des documents lier, inscrire. Puis vient le nom d’une personne en
portant des inscriptions tels des particulier, désignant la cible visée par la ligature,
brouillons, par exemple, ou l’équivalent de nos post-it laquelle commence à devenir effective dès les
modernes (la fameuse « note pour plus tard », en premiers signes gravés dans le plomb. Très souvent, le
somme). Mais vu les endroits improbables dans graveur fait appel à une ou plusieurs divinités pour
lesquels ces tablettes ont été découvertes, cette idée l’aider dans sa tâche. On rencontre très souvent
est tout à fait impensable. Hermès katokhos (c’est-à-dire « qui retient en bas »)
et Perséphone, plus rarement des divinités telles que
Le nom grec de ces tablettes – katadesmoi – va Déméter, Zeus, Hécate, Kronos, Artémis, Leucothée,
nous offrir davantage d’informations sur ce qu’elles Hadès, Gaia, Koré, etc., autrement dit un grand
sont véritablement. Kata signifie « en bas », « vers le nombre de figures chthoniennes, dont les
bas » (on rencontre ce préfixe dans le mot catacombe, imprécations du graveur ne recherchent pas autre
par exemple). Quant à desmoi, il veut dire « liens », chose que de placer la personne ciblée sous leur
« attaches ». Voyons voir comment ces deux notions emprise.
s’articulent pour mieux comprendre ce que sont les Les textes inscrits sur ces tablettes sont
katadesmoi. généralement hostiles, et peuvent être qualifiés de
formule d’exécration. Il est donc question d’attacher,
Un katadesmos se présente le plus souvent sous la d’immobiliser, de retenir (cf. l’expression « avoir des
forme d’une plaquette de plomb (plus rarement semelles de plomb », en relation avec la densité du
d’argile ou de bronze), épaisse de quelques plomb, métal très pesant. Rien de mieux pour
millimètres. Le choix du plomb s’explique, nous dit-on, « 
plomber 
» une personne, c’est-à-dire la frapper
en raison de la ductilité de ce métal. Il est parfois d’une défixion), de bloquer l’âme d’une personne, sa
associé à de l’étain afin d’abaisser son point de fusion, langue, ses pieds et ses mains (cf. l’expression « avoir
ce qui en facilite le maniement et assure une certaine pieds et poings liés »), de la placer dans l’inertie,
discrétion. Sa grande disponibilité, et donc son faible l’obscurité, la mauvaise réputation, l’échec, l’embarras,
coût, semblent aussi être des caractéristiques la privation, le néant, en un mot comme en cent, la
déterminantes. De plus, la mollesse du plomb permet « séparer » de ce qu’elle est (à ce titre, notons que
d’inscrire des caractères à la surface de la plaquette en Kronos, auquel il est parfois fait appel au cours d’un
s’aidant d’un stylet. rituel de ligatures, est souvent considéré comme un
dieu séparateur). La défixion s’attaque donc aux mots,
Ces caractères forment généralement des textes aux œuvres, aux biens, à la renommée, à la visibilité, à
débutant à la première personne du singulier l’activité professionnelle d’une personne et
éventuellement à son atelier et à ses outils (dans le cas
d’un artisan), à la réussite, etc. Elle peut aussi viser les
voleurs, les calomniateurs, les rivaux en amour, les
concurrents sportifs, commerciaux et culturels.

Une fois le texte achevé, on plie ou on enroule la

plaquette, on la perfore d’un ou de plusieurs clous
(parfois des aiguilles) afin de frapper (sceller) le sort.
Puis a lieu l’enfouissement de la tablette afin de la
soustraire aux regards. Les katadesmoi ne s’offrent pas
à la vue, ni, donc, à la lecture de quiconque. On les

48
enfouit de préférence la nuit venue dans des tombes,
des tertres funéraires, auprès des sanctuaires liés à
une divinité chthonienne, au fond d’un puits ou d’une
rivière, etc. Par cet enfouissement, on renforce la mise
en relation de la tablette (et donc du texte qu’elle
contient) avec le monde d’en bas, par effacement et
obscurcissement.
Sources :
Symboles, signes et marques, Georges Nataf, Berg International, 2009.
La cité des mages, Marcello Carastro, Jérôme Millon, 2006.
Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Robert
Laffont, 1982.
La puissance de la parole magique dans la littérature, les « papyri
magicae » et les défixions, Thierry Grandjean (article disponible sur le
site www.scribd.com).

Enfin, sachons que cette pratique rituelle ne vise

pas la mort physique de la cible, et que la défixion
n’est pas forcément définitive, puisqu’elle est parfois
réversible.

49
© Mara | Rune

L’aspect sombre

Liens de sang 
briser les stéréotypes
par Morrigwen Whitecrow

50
La notion de sacrifice
Dans les âges anciens, il était coutume de faire des
sacrifices. Que ce soit des sacrifices d’animaux ou
d’êtres humains. Les dieux que nous (re)célébrons
actuellement, sont issus de ces sociétés primitives aux
coutumes très largement différentes des nôtres. Il faut
savoir que dans des temps immémoriaux, le sacrifice
n’avait pas la même connotation négative que dans
notre société actuelle. Il symbolisait l’offrande
« ultime ». Car oui, les anciens le savaient : Une vie
vaut tout l’or du monde. Il n’y a rien de plus précieux
que la vie. C’est exactement dans cette vision des
choses que les sacrifices se faisaient. Un acte de
respect sans précédant offert aux dieux, pour recevoir
leur reconnaissance, soutien ou protection. Bien
évidemment, mon opinion actuelle n’est clairement
pas en faveur d’une réintroduction du sacrifice dans
notre société, loin de là, mais c’est une plutôt une
bonne introduction pour la suite de l’article.
Offrir son sang : pourrait-on
considérer ce geste comme un
sacrifice ?
D’une certaine manière, je pense que oui. Car nous
offrons aux dieux une partie de notre liquide vital, qui
sans lui, jamais nous ne vivrions. Le sang, en plus de sa
fonction purement physiologique, est également
imprégné de notre énergie vitale. Il est donc l’essence
51
même de notre énergie. L’offrir aux dieux est s’offrir
soi-même à eux. C’est un acte extrêmement fort, à
pratiquer avec prudence.
Mise en garde : Ne pas tomber dans
l’excès, ne pas perdre de vue sa
signification
Je pense que beaucoup d’entre vous sont d’accord
pour dire que ce qui importe le plus, ce n’est pas la
quantité mais la qualité, n’est-ce pas ? Et bien à mon
sens, les offrandes de sang vont dans le même sens.
Offrir son sang est l’offrande la plus puissante que
vous puissiez faire à une divinité. C’est un acte
marquant, une automutilation qui peut blesser votre
amour propre, qui vous procure de la douleur et,
peut-être aussi, un petit choc émotionnel. Le but de
votre dieu, s’il vous l’a demandé, ce n’est pas de vous
pousser à trouver du plaisir dans cet acte, ni à le
banaliser. Au contraire, c’est une secousse, une mise à
l’épreuve, pour vous préparer à un nouveau cap dans
votre cheminement spirituel. Il est également utilisé
pour sceller un pacte entre le pratiquant et la déité.
Un pacte lié par le sang est un serment fait sur votre
vie. C’est un pacte scellé à jamais, un point de non-
retour. C’est pour cela qu’il est primordial d’être
totalement conscient des conséquences d’un tel acte,
de vous questionner en étant totalement honnête avec
vous-mêmes (« Suis-je prêt à sceller ma vie à un dieu
pour le restant de mes jours ? »). À mon sens, ce n’est
pas le genre d’offrande à faire juste parce que nous
n’avons rien à offrir à ce moment-là. Si je peux imager
cela, ce serait comme mettre une robe de soirée en
soie sauvage hors de prix pour aller au travail. Vous
voyez l’effet que cela fait ?
Faire une offrande de sang sans se
mettre en danger
Si toutefois, vous êtes décidé et sûr de vous, je me
permets de vous donner quelques conseils pour éviter
des drames :
- Avant toute chose, préparez du désinfectant, des
sparadraps et du bandage.
 quelques gouttes sur un parchemin et le brûler
ensuite avec la bougie représentant votre divinité.

Note important : Évitez absolument ce genre

d’offrande si vous êtes enceinte. Votre système
immunitaire étant considérablement affaibli, il est
recommandé d’éviter toutes blessures. (Surtout si vous
faites cela en forêt)

Conclusion

Faire une offrande de sang est un acte qui demande

- Veillez à bien désinfecter l’instrument que vous
utiliserez pour la coupure.
réflexion. Prenez le temps de prendre connaissance de
vos ressentis et de ce que cela signifie pour vous. Si
cela inclut la création d’un lien avec une déité, posez-
vous les bonnes questions et soyez sincère avec vous-
même « êtes-vous prêt à passer à l’acte ou à sceller
votre vie ? ». Ne vous inquiétez pas, les dieux ne s’en
iront pas. Prenez tout le temps nécessaire à votre
réflexion et soyez prêts le moment venu.

- Ne touchez pas à vos avant bras ni à vos poignets

et vos chevilles. Privilégiez le bout des doigts ou une
zone assez charnue de votre corps. N’essayez surtout
pas de couper vers une veine apparente.

- N’utilisez JAMAIS un couteau

- Les lames de rasoirs : efficaces mais bon sang que

ça fait mal ! Attention, ne mettez pas trop de pression,
sinon vous finirez à l’hôpital ...

- L’aiguille est à mon sens la meilleure solution : sur

votre doigt, piquez de biais et non
perpendiculairement. Une petite perle de sang se fera
voir. A noter qu’il est préférable de le faire sur le côté
et non sur la pulpe. Piquer la pulpe à plusieurs reprises
finit par faire perdre la sensibilité au toucher du bout
du doigt, ce serait dommage quand même ! Par
ailleurs, les aiguilles qu’utilisent les diabétiques pour
prendre leur glycémie sont idéales pour ça. Ne vous
inquiétez pas, c’est largement suffisant. Vous pouvez
faire tomber quelques gouttes dans un calice rempli
d’eau et jeter l’eau à l’extérieur ou faire tomber

52
L’aspect sombre : Les dieux sombres

Cybèle, la sanguinaire
par Nemesis
Statue of a Seated Cybele with the Portrait Head of her Priestess
53
C
ybèle est l’une des déesses les plus
importantes de l’antiquité. Initialement, il
s’agit d’une déesse phrygienne de la Terre,
de la nature sauvage. Elle était par
conséquent très proche de la Gaïa grecque. Elle était
également une déesse, au départ très importante, en
Lydie et dans l’ensemble du Proche-Orient. Son culte
s’est étendu ensuite aux grecs et surtout aux romains
où elle a prit de l’ampleur. De fait, elle fut une «magna
mater», une déesse-mère.
Cette déesse très puissante avait un culte à la
hauteur de sa puissance et de sa démesure. Il était l’un
des plus violents et des plus sanguinaires du monde
antique.
Légendes autour de Cybèle
Dans la mythologie phrygienne, Zeus donna
naissance à l’hermaphrodite Agdistis en se masturbant
sur Cybèle ou, selon la version, en répandant son
sperme sur le sol pendant son sommeil. Cependant
les dieux auraient eu peur de la puissance de ce
dernier et l’auraient émasculé. Du sang d’Agditis
naquit l’amandier. Nana, fille du dieu-fleuve Sangarios,
fut d’ailleurs fécondée par une amande tombée de cet
arbre. Elle donna naissance à un garçon : Attis. Ce
dernier a été exposé et élevé par des chèvres
sauvages. Attis devint un jeune homme d’une beauté
telle que Cybèle-Agditis s’en épris. Cependant, il était
destiné à la fille du roi de Pessinos ou, selon la version,
il perdit sa virginité dans les bras d’une naïade,
Sagaritis. Furieuse, Cybèle frappa de folie Attis, qui se
réfugia sur le mont Dindyme, où il s’émascula. De ce
sang d’Attis naquit le pin, toujours vert. Il existe
d’autres mythes, mais ils restent similaires et l’issue
est la même. A partir de là, Cybèle va être liée au sang
et à la folie.
Rituels
Les rituels concernant Cybèle étaient
essentiellement limités à son temple. Cependant, les
cérémonies se sont déplacées à l’extérieur du temple
pour se répandre dans les rues de Rome chaque année
54
depuis l’empereur romain, Claude (empereur de 41 à
54) , cette période correspondant à un regain d’intérêt
pour les rites phrygiens. 
Le culte de Cybèle était également étroitement lié
à celui d’Attis. Dès lors, durant les fêtes en hommage à
Cybèle, on trouvait la renaissance de la nature et de la
floraison au printemps, elle suivait le cycle des
saisons, de la naissance et de la vie, puis de la mort.
Le 15 mars, défilaient les porteurs de roseaux (ou
cannophores) qui évoquaient la végétation bordant le
fleuve où Cybèle avait trouvé Attis.
Le 22 mars, après une période d’abstinence et de
jeûne, les «dendrophores» portaient
processionnellement un pin coupé représentant le
jeune dieu Attis, mort pour s’être mutilé à cause de la
déesse. L’Arbre Attis entrait alors dans la ville.
Le 24 mars était le Jour du Sang (Dies Sanguis qui
devint ultérieurement les Hilaria, ou fêtes de la Joie).
Les dévots dansaient de façon morbide accompagnés
de flûtes courbes et de tambourins, se flagellaient et
se blessaient pour offrir leur sang, avant de se châtrer
avec un silex pour devenir des galles, soit des
nouveaux Attis.
Ils couraient ensuite dans toute la ville en
brandissant leurs organes génitaux sectionnés qu’ils
échangeaient contre des vêtements féminins en
dévotion pour Cybèle. Ils devenaient alors des Galles,
des prêtres de la déesse Cybèle. Ils portaient
également leurs cheveux longs et décolorés, avec un
maquillage épais. Ils erraient avec les fidèles, priant
pour la charité, en échange de quoi ils étaient prêts à
dire la bonne aventure. Le jour du deuil d’Attis, le
grand prêtre de Cybèle, l’Archigalle, se tranchait la
peau du bras et en offrait le sang à la déesse, le rituel
était rythmé par le son des cymbales, des tambourins
et des flûtes, tandis que des prêtres de rang inférieur
tournaient comme saisis par la folie, se flagellaient, se
frappaient et se tailladaient le corps pour enduire
l’autel et le pin de leur sang. Ces prêtes uniquement
dévoués à la déesse phrygienne devaient être prêts à
tout pour leur déesse. Les parties génitales enlevées
étaient jetées sur la déesse.
Les galles avaient une relation très étroite avec
Attis. C’est pour imiter le geste de ce dieu qu’ils vont
jusqu’à se castrer.
 Le 25 mars, on fêtait la résurrection d’Attis. Les
initiés étaient comme unis à la déesse,
représentant Attis.
Le 27 mars, les fêtes se poursuivaient par un
carnaval et un cortège accompagnant l’idole de la
Mère Divine jusqu’aux bords de l’Anio afin de l’y
baigner. Ces ablutions clôturaient les festivités. Après,
la déesse retournait dans son temple, où elle restait
jusqu’à l’année suivante. Ces rituels étaient exotiques
et inhabituels pour les romains, mais ce peuple
adaptait très facilement son culte à de nombreuses
divinités étrangères et Cybèle était assez crainte pour
que l’on ait fait une entorse aux us et coutumes
romaines. Toutes ces pratiques et cérémonies étaient
revêtues d’un caractère officiel. L’empereur Commode
(empereur de 180 à 192) participait aux fêtes de Cybèle.
en Fin du culte à Cybèle
Sous l’empereur Théodose, au Ve siècle ap. J.-C, la
religion chrétienne étant devenue la seule religion
acceptée et le paganisme interdit, le culte de Cybèle
fut particulièrement visé à cause de sa trop grande
proximité avec celui de la Vierge Marie à qui il faisait
de l’ombre.
Sources :
http://laficelle.com/wp-content/uploads/2014/04/61.pdf
http://www.projet22.com/IMG/article_PDF/article_a175.pdf
http://www.roma-quadrata.com/lesgalles.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Galle_(prêtre)
http://atheisme.free.fr/Contributions/Cybele.htm
http://www.celebrerladeesse.net/cybegravele--la-deacuteesse-par-ex-
cellence.html
http://www.cosmovisions.com/$Cybele.htm

Taurobole

Un autre rituel sanguinaire était associé à Cybèle : le

taurobole. On offrait à la déesse un taureau en
sacrifice afin d’assurer la réussite de l’empereur ou
pour obtenir quelque chose pour soi ou sa famille.
Le rituel commençait par une fosse creusée dans la
terre afin que le grand prêtre s’y mette pour «recevoir
cette consécration». Sa tête portait des rubans, on
nouait des bandelettes de fête sur ses oreilles et on
plaçait une couronne d’or sur sa tête.
On amenait ensuite un taureau énorme, une
guirlande de fleurs formant un lien autour de ses
épaules ou de ses cornes. On plaçait l’animal à sacrifier
dans la fosse ; puis on lui déchirait la poitrine à coups
d’épieu sacré. On procédait sans doute à
l’émasculation de l’animal. On sait, par le nombre
d’autels tauroboliques retrouvés, que les Lyonnais par
exemple vouaient un culte à la déesse Cybèle.

Buste tourélé de Cybèle entre deux cornes d’abondance. Bronze

gallo-romain, Ier siècle ap. J.-C. Découvert à Tours-en-Vimeu, Picardie,
vers 1754.

55
L’aspect sombre : Les dieux sombres

L’aspect sombre du divin 

les déités sombres
par Morrigwen Whitecrow

© Amelia Whelan | September

56
C
omme le Ying et le Yang, les divinités
peuvent être totalement « 
claires 
» ou
totalement « sombres » ou posséder les 2
aspects. Tout dépend encore une fois du
panthéon, de la culture et des croyances des peuples
dont elles sont issues.
Redéfinir l’aspect sombre
Lorsque l’on évoque le sombre, notre mental fait
tout de suite allusion au mal. Or il n’y ni mal, ni bien, ni
négatif, ni positif dans l’Univers et dans la nature.
Cette notion est propre à l’être humain. Les déités
sombres sont en fait des énergies qui sont très
souvent liées au monde invisible (monde des esprits), à
la mort et tout ce qui s’y connecte fatalement (guerre,
destruction, etc..). Ce qui les rend moins accessibles
pour nous, du fait qu’elles se manifestent dans un
autre monde que celui des vivants et qui leur donne
un aspect plus intimidant.
Les énergies sombres sont plus chaotiques et
délicates à manipuler, car elles sont l’essence de ce qui
est caché. Cela peut être des choses cachées dans les
mondes, dans notre cœur ou dans notre esprit. Et
souvent, ces choses qui se tapissent dans l’obscurité
de notre âme, sont des parties de nous que nous
n’arrivons pas à accepter ou à maîtriser et qui finissent
par se transformer en démons, alimentées par notre
peur irrationnelle. Voilà la raison pour laquelle les
déités sombres sont considérées plus redoutables et
craintes par les humains, car elles sont l’essence
même des ténèbres qui nous effraient tant.
Travailler avec des déités sombres
Très souvent, lorsque l’on souhaite se mettre en
lien avec une divinité, celle-ci nous accepte assez
facilement. Ce qui n’est pas tout à fait le cas avec les
divinités sombres.
Ces entités sont puissantes et dures, elles vous
obligeront à prendre le taureau par les cornes et
n’hésiterons pas à vous torturer psychologiquement
en vous faisant faire des cauchemars, en vous donnant
l’impression d’être continuellement observé, etc. Elles
57
vous pousseront à agir et à vous sortir de vos
habitudes ou comportements autodestructeurs. Elles
vous forceront à vaincre vos peurs en vous les mettant
en pleine figure, à affronter vos démons, vos
angoisses. Elles vous testeront et vous
bousculeront dans vos derniers retranchements. Tout
ceci dans le seul but de détruire votre ancien vous et
de vous faire renaître de vos cendres, plus fort et
confiant que jamais.
Si vous êtes une personne fragile ou sensible,
passez votre chemin. Les divinités sombres seront
votre pire cauchemar. Et que vous le vouliez ou non, si
elles jugent que vous n’êtes pas prêts à recevoir leur
enseignements rigides, durs et quelques fois brutaux,
elles vous le feront savoir sans détours. Si je me
permets d’exposer les choses ainsi, c’est avant tout
pour mettre en garde ceux qui auraient un intérêt
particulier à travailler avec ce type d’entités. Mon but
n’est pas de vous décourager, au contraire, mon but
est de vous informer par rapport à ce qui pourrait
vous attendre si vous commencez un cheminement
avec une déité sombre.
Cela fait maintenant 3 ans que je suis guidée par
Morrigan et ses différents aspects et j’ai pu noter un
changement radical plus que positif dans ma vie et
dans ma perception de la vie en général. Plus jeune,
j’étais facilement déstabilisée par la confiance des
autres, je me trouvais bonne à rien et incapable. Je
restais dans mon coin, à me morfondre de ma
misérable vie. Et puis un jour, un déclic. Une fureur
que je ne soupçonnais pas d’exister en moi s’est
réveillée. Je ne saurais vraiment pas en identifier la
cause, peut-être un ras-le-bol général de ma
condition de victime ? C’est fort possible. La
découverte de l’ésotérisme m’a redonné un but dans la
vie. Et lorsque je me suis retrouvée face à Morrigan,
tout était clair et limpide. J’avais enfin trouvé ma voie.
Actuellement, malgré le chemin déjà parcouru, j’ai
encore beaucoup de choses à apprendre et beaucoup
d’expériences à vivre, mais je contemple l’avenir avec
un regard beaucoup plus serein, car j’ai confiance en
mes capacités et j’ai confiance en la guidance de mes
déesses tutélaires.
Les divinités sombres sont peut-être dures,
sévères, violentes, mais leur puissance, leur loyauté et
leur aide en valent largement la peine. Alors même si
elles donnent l’impression de n’être pas franchement
« commodes », si vous souhaitez cheminer avec une
déité sombre et que vous êtes convaincu qu’elle
pourra vous être d’une grande aide, je ne peux que
vous encourager à suivre son chemin. Bonne chance à
vous et soyez bénis !

58
L’aspect sombre : Les dieux sombres

Hécate,
son vrai visage
par Ysis Sophia
© Relief triplicate Hekate marble, Hadrian clasicism, Prague Kinsky,
59
H
écate est considérée comme une Triple-
Déesse, représentant la Jeune Fille, la
Mère et la Sage : esprit, corps et âme,
ainsi que la naissance, la vie et la mort.
Maîtresse de la nuit, elle symbolise les trois phases de
la lune : nouvelle, pleine et noire. Hécate représente le
côté sombre de notre essence, la partie de notre
psyché que nous refusons de prendre en
considération. Plusieurs ignorent la sagesse, la force et
la vérité retrouvées en Hécate car notre peur du côté
obscur est si forte. Elle est associée au côté sombre de
la lune, au vrai côté de la lune. La lune ne projette
aucune lumière par elle-même, elle reflète plutôt la
lumière du soleil. Le noir est la vraie couleur de la
lune, tout comme celle d’Hécate. Toutefois, même si
elle représente la troisième phase de la lune, elle est
elle-même divisée en trois essences, trois visages. Elle
est Hécate la Jeune Fille, Hécate la Mère et Hécate la
Sage. Hécate peut donc être invoquée durant toutes
les phases de la lune car elle est l’Une et les Trois. Pour
prononcer son nom, le “H” est silencieux, comme il
l’est dans la langue grecque. Donc, pour la nommer
adéquatement vous direz “E-CA-TA” ou “E-CO-TA”.
Dans son aspect de Jeune Fille, elle représente les
nouveaux départs. Elle peut être invoquée lorsque
vous avez besoin d’un nouveau regard sur une
situation, d’une manière dont vous n’auriez pas pensé.
Faites appel à elle lorsque la lune commence à croître.
Dans son aspect de Mère, elle est celle dont vous avez
besoin lorsque vous voulez être maternés et protégés.
Faites appel à elle lorsque la lune est pleine. Dans son
aspect de Sage, elle est protection, sagesse et magie.
Toutefois, prenez conscience qu’Hécate n’est pas
une Déesse pleine de tendresse et de compassion.
Elle sera beaucoup plus encline à être sévère avec
vous si vous provoquez une situation. Par contre, sa
colère sera juste et prompte pour ceux qui causeront
du tort à ses adeptes, car ceux qui la recherchent,
l’honorent et ne la craignent pas, sont sous sa
protection. Hécate jugera durement ceux qui leur
feront du mal. Elle n’est pas tolérante et ne console
pas. Tournez-vous vers une autre Déesse si c’est ce
que vous cherchez. Lorsque vous l’appellerez, soyez
60
préparés à ses actions promptes et à ses changements
car il se pourrait que les résultats ne soient pas ceux
auxquels vous vous attendiez.
Hécate nous apprend une leçon importante : la
féminité doit être valorisée pour ce qu’elle est. Non
pas parce qu’elle apporte la sexualité et le pouvoir
mais parce que la féminité comporte une sagesse
éternelle. Hécate est aussi une Grande Prêtresse, la
Gardienne des Mystères. Elle n’est pas la Prêtresse qui
recherche le savoir à l’intérieur d’elle-même, Hécate
est plutôt la Grande Prêtresse qui l’a trouvé et aide les
autres à le trouver en le partageant.
La Déesse Hécate est aussi connue comme une
libératrice qui libère les femmes de l’emprise créée par
les hommes. Voilà pourquoi l’Église catholique a
écrasé Hécate et l’a modifiée en une Déesse du mal et
de la destruction. Durant le Moyen-Âge, des païens se
faisaient torturer à cause de leurs croyances en la
Déesse. Le patriarcat régnait et la peur du pouvoir
féminin a causé cette “démonisation” d’Hécate.
Plusieurs la nomment, avec erreur, “la destructrice”.
Elle est une libératrice car elle est la manifestation de
nos émotions qui menacent la disparition de tout
système qui pourrait empêcher de les exprimer et de
les vivre. Elle est amour et colère, et refuse de cadrer
confortablement dans un moule social. L’expression
“être libéré de l’esclavage” signifiait avant que toutes
les classes sociales étaient égales. Aujourd’hui, nous
savons qu’il existe aussi de l’esclavage mental et
émotionnel : les jugements, les idées conditionnées,
les croyances aveuglées, ainsi que la peur. La pratique
de la Magie demande une liberté intellectuelle et du
courage dans le but de nous confronter à nous-
mêmes. Hécate renforce l’indépendance féminine des
influences masculines.
Dans la société d’aujourd’hui, nous cachons les
personnes âgées (ou les ignorons comme s’ils
n’existaient pas), les souffrants et les pauvres pour
prétendre être immunisés contre ces conditions
humaines.
Cependant, Hécate nous rappelle la vérité. Elle voit
William Blake, Hecate or the Three Fates
au travers des façades sociales. Elle ne se préoccupe
pas des rangs sociaux, de l’éducation, des titres ou des
possessions. Elle est plutôt attirée et impressionnée
par ce qui est dans le cœur. Elle est la patronne des
gens de cœur.
Hécate est originaire de Thrace et est une déesse
pré-olympienne. Zeus s’est abaissé devant sa grandeur
en lui partageant le pouvoir d’obtenir ce qu’elle voulait
de la part des humains. Il lui aurait aussi attribué la
gérance des cieux… Comme si elle n’en avait pas déjà!
Très peu de pouvoir lui a été attribué par Zeus.
De toutes les déesses, elle était la plus complexe.
Elle était la déesse de la chasse sauvage. Pour les
Romains et les Grecs, elle était particulièrement la
déesse de la croisée des chemins. Des statues d’elle
étaient érigées et des offrandes de nourriture
(nommées “Souper d’Hécate”) y étaient placées devant
61
à la veille de la pleine lune. Son festival, qui avait lieu le
13 août, avait pour but de calmer les tempêtes qui
avaient habituellement lieu à cette période de l’année.
Aussi, on croyait qu’elle hantait les cimetières et les
scènes de crimes, étant une déesse de la purification.
Hécate est la Mère Sombre, dans le sens négatif et
positif du terme. Pour ceux qui osaient l’accueillir, elle
apportait l’inspiration créatrice. Elle est Hécate Antea,
la messagère de la vision nocturne et Hécate Trivia, la
Déesse de la croisée des chemins.
Un de ses symboles est la torche car la Mère
Sombre possède la lumière qui illumine l’inconscient
pour y révéler ses secrets. De ses torches, elle guide
ceux et celles qui vivent la quête des mystères. C’est
cette lumière qui les aide à comprendre les mystères.
Dans le Tarot, elle est le Trois et la Grande
Prêtresse. Ses pierres sont le saphir, la perle, la pierre
de lune et le cristal. Ses plantes sont le cyprès, l’opium,
le pavot, l’amande, la noisette, le camphre, l’ail et
l’aloès. Ses outils sont le chaudron, le besom (balais),
l’athamé, la dague et la clé. Ses animaux sont les
chiens, les chevaux et les chats noirs. La chouette est
son messager. Son chariot est tiré par des dragons et
ses couleurs sont le noir et l’argent.
Grâce au chaudron d’Hécate, nous devons regarder
notre vraie personne, la nature de nos motivations et
les résultats de nos actions car c’est grâce à celui-ci
que nous pouvons renaître et évoluer. C’est seulement
lorsque nous regardons dans le fond noir de son
chaudron que nous pouvons y voir la lumière.
Hécate, et personne d’autre, est la reine de toutes
créatures vivantes. C’est grâce à elle que tout vit et
meurt. Elle est la Vierge souriante, la Mère vivante et
la Vieille sombre de la mort. Elle est l’anticipation,
l’accomplissement et la mort. Entendez ses paroles,
adorez-la et soyez heureux car si vous la cherchez,
elle sera à jamais à vos côtés. Elle était là au départ et
le sera jusqu’à la fin.
Une des journées d’Hécate est le 13 août, moment
où on la priait pour empêcher les tempêtes de ruiner
les récoltes. Le 16 novembre est aussi la nuit d’Hécate
qui débute au crépuscule. Le 30 novembre est la
journée d’Hécate-Trivia, la journée de la croisée des
chemins.
Ses mystères
Partie importante pour ceux qui souhaitent l’invoquer.
Hékate est une initiatrice et c’est pour cette raison
que j’utilise les « mystères » pour nommer les
enseignements qu’elle peut offrir. L’histoire nous
confirme d’ailleurs son rôle d’initiatrice car on la voit
présente dans deux des cultes à mystères les plus
importants de l’histoire des religions : les mystères
d’Éleusis et les mystères Dyonisiaques. Hékate se tient
aux portes, voyage parmi les mondes, illumine le
passage et garde les clés des mystères. C’est
exactement ce qu’elle fait avec un adepte qui est prêt à
62
vivre ses mystères et qui fait clairement appel à elle :
elle guide pendant le voyage, elle illumine le passage,
montre les portes à franchir et tend la clé pour
déverrouiller. Cette métaphore exprime bien l’essence
des enseignements d’Hékate et ceci peut paraître bien
simple en théorie mais la pratique en est tout
autrement.
Habituellement, vivre les mystères d’Hékate n’est
pas confortable et je dirais même plus, vivre ces
mystères transforme et bouleverse l’adepte de
manière déconcertante. Historiquement, on fait
référence à une Hékate terrible, sévère et sans pitié.
Je crois qu’elle peut être capable de grande
compassion mais je la crois aussi capable d’être
impitoyable. Je comprends pourquoi certains adeptes
ont pu la voir aussi terrible : elle l’est ! Elle l’est car elle
sait que c’est nécessaire pour connaître la
transformation, la connaissance de soi et la libération.
Hékate nous fait voyager et pas n’importe où. Elle
illumine le chemin grâce à ses flambeaux car elle sait
que les profondeurs de l’âme sont sombres, remplies
d’embûches et bourrés de parasites (créés par notre
propre esprit). Elle est une des seules déesses qui sait
exactement comment guider dans ces profondeurs
dangereuses tout en gardant une distance émotive
face à ce que nous vivons, pour vivre une véritable
quête de connaissance de soi, seul.
Hékate est la connaissance, elle possède les clés
pour atteindre des niveaux de conscience supérieurs
et elle maîtrise l’art de la magie pour atteindre la
transformation intérieure comme extérieure.
Hékate est aussi la libération. Elle nous apprend la
connaissance de soi tout en faisant éclater les
limitations que nous nous créons qui sont
généralement exprimées par la peur. Une fois le
voyage enclenché, on ne peut plus éviter de se
regarder dans le miroir et d’y voir ce qui nous semble
laid. Il n’y a plus de marche arrière et si nous avons le
malheur d’éviter de regarder ce qu’il faut y voir, on
demeure sur place, errant dans les souterrains sans
la lumière d’Hékate qui s’est discrètement retirée. Le
processus est long et difficile avant la libération mais ô Dame des souterrains
combien enrichissant. Maîtresse de la magie
Celle qui ouvre la voie vers la mort
Ses différents noms Reine de la croisée des chemins
Reine des morts
Le nom d’Hékate signifie “puissante de loin Reine des esprits
(éloignée)” et s’écrit aussi Hécate et Hekat. Reine de la nuit
Reine des sorcières
Elle porte aussi ces noms: Reine souveraine aux noms multiples
Celle qui est éloignée
Dea Triformis (déesse triple)
Textes et ressentis de Ysis Sophia, Grande Prêtresse du Temple de la
Déesse de la croisée des chemins Mère Divine
Déesse de minuit Publié sur le forum www.wiccandomhanda.forumactif.org le 11 août
2013 par Diana, administratrice
Déesse des tempêtes
Déesse de la lune noire
Déesse des sorcières
Grande Mère
Hékate Adonaea (dame des souterrains)
Hékate Agrotera (chasseresse)
Hékate Atalos (celle qui est tendre)
Hékate Brimo (celle qui est colèrique)
Hékate Despoina (maîtresse)
Hékate Enodia (des voies multiples)
Hékate Epipurgidia (de la tour)
Hékate Khthonia (du monde cthonien)
Hékate Kleidophoros (gardienne des clés)
Hékate Kleidoukhos (keeper of the keys)
Hékate Krataiis (celle qui est forte)
Hékate Krokopeplos (au manteau de safran)
Hékate Kurotrophos (protectrice et nourricière des
enfants)
Hékate Nyktipolos (celle qui s’aventure la nuit)
Hékate Perseis (fille de Perses)
Hékate Phosphoros (qui apporte la lumière)
Hékate Propolos (celle qui guide)
Hékate Propylaia (celle qui se tient devant la porte)
Hékate Prytania (Reine invincible des morts)
Hékate Séléné
Hékate Skylakagetis (leader des chiens)
Hékate Soteira (sauveuse)
Hékate Trikephalos (à trois têtes)
Hékate Trimorphis (triple)
Hékate Trioditis (des chemins)
Hékate Trivia (des trois chemins)
Reine invincible
Représentation d’Hécate à trois corps. Marbre, copie romaine d’après
un original hellénistique.

63
L’aspect sombre : Témoignages

Aspect sombre
par Aeyos

D
ans ce numéro 22 de Lune Bleue, il est lieu de travail ou dans la rue. Nous avons tous vu les
question de poser notre regard sur les horreurs que les médias véhiculent. Nous savons
ténèbres qui résident en nous. Partager qu’elles existent. Elles sont partout. Elles font partie
notre vision de ce qui reste enfoui est du monde et donc de nous, car c’est nous qui faisons
difficile par nature. Comment intégrer cet aspect le monde à notre image.
sombre dans nos pratiques et notre spiritualité ? Il est normal de les fuir, par réflexe. Jamais nous ne
les invitions chez nous pour une discussion
Pour ma part, je considère important d’accepter chaleureuse. Et pourtant…
que les ténèbres existent. Nous les croisons tous à un
moment ou un autre. Nous les constatons sur notre
© Steve Byrne | Solar Eclipse 2017
64
 L’aspect sombre d’un thème n’existe que longtemps. Car c’est bien ce qui leur confère ce
conjointement à son aspect clair. Et cela est d’autant qualificatif de « sombre », le fait de les avoir un beau
plus compréhensible lorsqu’il s’agit des ténèbres jour rejetés car perçus comme malsains, néfastes à ma
profondément enfouies en nous. vie.
L’aspect clair est, pour moi, ce que nous montrons Aujourd’hui, je leur accorde du temps pour qu’elles
au monde, dans notre vie quotidienne en société. C’est s’expriment. Pour cela, en méditation, je visualise la
tous ces bons côtés, qui nous plaisent et par lesquels part avec qui je souhaite communiquer, sous une
nous aimons nous reconnaître dans le regard des gens forme qui lui est propre. Je lui laisse alors de la place
que l’on fréquente. en première ligne de ma conscience, afin d’entendre
L’aspect sombre est donc son opposé. Ce que l’on ce qu’elle a à dire. Cela m’oblige à faire taire mon
cache en nous, que l’on enfoui sous des couches et des regard habituel, à accepter ce qui semble
couches de maquillage social, afin de ne jamais le habituellement déraisonnable, afin de lui permettre
retrouver dans le regard des gens que l’on fréquente. d’apparaître, de s’exprimer à haute voix.
Ces parts de nous qui nous déplaisent. Qui nous font
peur. Et que l’on identifie facilement chez les dieux Cette pratique, en plus de tout ce qu’elle apporte
sombres. Pourquoi ? Comment nos propres démons pour l’évolution personnelle, permet aussi
peuvent-ils se retrouver dans des divinités d’appréhender certaines divinités sombres avec un
millénaires ? Probablement parce que ces démons regard plus ouvert. De les comprendre mieux, et de
sont courants chez tout un chacun. Bien des gens pouvoir travailler avec, si le cœur nous en dit.
avant nous ont appris que leur laideur n’est qu’une
question de point de vue. Et qu’une fois dépassés la Un exemple que je peux partager avec vous est
peur et le dégoût, le sombre peut devenir nuit et nous celui de ma part sombre qui aime détruire, issue de la
apporter paix et tranquillité, songes, rêves et féeries. colère refoulée et d’un traumatisme d’enfance ayant
engendré un processus d’autodestruction longtemps
Laisser à mes démons, à ces parts d’ombres qui subi. Elle s’alimente le plus souvent par la vie de tous
tirent les ficelles depuis les coulisses, le droit d’exister les jours (on ne peut malheureusement pas toujours
est un travail de chaque instant dans ma vie. laisser s’exprimer sa colère en toutes occasions) et
Car je n’ai pas le choix. Que je les laisse dans prend plaisir à détruire. Longtemps enfermée,
l’ombre, ou pas, elles feront connaître leurs avis quoi emprisonnant sa chaleur et sa rage comme je pouvais,
que j’en dise. Si je choisi de les oublier, de ne pas en car considérée comme malsaine par ma raison. J’en ai
tenir compte, je subis malgré moi la conséquence de subi des poussées de colère brutale sans comprendre
leurs points de vue. Cela apparaît comme des sautes pourquoi, accompagnées souvent de crises
d’humeur, de la dépression, des peurs panique ou des destructrices. Les torts causés par cette impulsivité
crises d’angoisse, ou ainsi que des désagréments sont nombreux. Mais depuis que j’écoute son avis, en
physiques induits par somatisation. la laissant prendre consciemment place dans ma vie,
Alors qu’en leur faisant une place franche dans ma lors de moments choisis avec soins, dans l’intimité, je
journée, je peux entendre leurs avis, leurs besoins, ne subis (presque) plus ces désagréments.
mieux appréhender mes désirs réels, et donc mieux
comprendre ma véritable nature. Lorsque je la visualise et lui laisse place
consciemment, je constate intérieurement que mon
Dans la pratique, je fais une place dans ma vie, et corps se recouvre de belles flammes ardentes
donc sur mon autel, pour chaque aspect « sombre » écarlates. Une grande force m’envahit alors,
que j’ai identifié en moi et avec qui je travaille main assimilable à une forme de rage contrôlée. Rien ne
dans la main. Ainsi, j’accorde une place concrète, peut m’atteindre. Ni positif ni négatif.
consciemment, à ces aspects de moi que j’ai rejeté si Celui que je suis alors pose sur le monde un regard

65
ardent, pour qui la destruction semble en toute chose
la meilleure solution. Je peux alors entendre mon
point de vue sur l’événement qui a engendré la colère
initiale. Un point de vue non bridé,
d’enseignements lorsqu’il sera analysé par ma raison
une fois le calme revenu.
Spirituellement, cela m’a permis de
comprendre l’aspect destructeur de divinités comme
Shiva ou Kali. Elles en deviennent alors accessibles
sans blocages liés à la peur ou à l’incompréhension.
Lorsqu’une part de nous n’est plus subie, elle
devient du même coup utilisable. Et en cela aussi, le
travail sur nos aspects sombres est, à mes yeux,
essentiel.
Lorsque je constate l’influence si grande de
certaines parts sombres sur ma vie, j’ai tendance à les
considérer comme des formes de
personnelles et intérieures. Une raison de plus pour
les intégrer à ma vie spirituelle !
Un autre aspect sombre dominant ma vie et
pourtant longtemps rejeté est lié à la sexualité. Le
bénéfice retiré de l’acceptation de nos ténèbres est
immense, et l’apprentissage effectué avec les divinités
associées, très instructif. Par exemple Kâma, dieu du
désir, Shiva créateur et destructeur du monde ou
encore Kali la noire, la colérique. Tous issus de la
mythologie hindoue.
En pratique quotidienne cela consiste en un
exercice de prise de recul régulier afin d’écouter ces
voix intérieures, enveloppées de ténèbres, avant de
prendre une décision. Et pas seulement celle de la
raison logique qui me guide. Car même si l’obscurité
effraie parfois, elle vivra à mes côtés les conséquences
de mes choix. Ne pas l’écouter, surtout si son avis est
contraire, n’apportera que des tensions internes
incompréhensible, et des problèmes futurs.
Cet aspect sombre, ces parts de ténèbres que j’ai
réussi aujourd’hui à mieux comprendre
partiellement apprivoiser, m’ont appris énormément et
ont changé ma vie. Réussir à les écouter leur permet
de s’exprimer sans crier, car elles savent que même en
murmurant elles seront entendues.
riche Pour reprendre l’exemple de la colère, je n’ai pas
détrui ces ténèbres-là. Bien au contraire j’ai accepté
leur existence et leur ai fait une place dans ma tête.
Ainsi lorsque je sens une rage monter en moi, au lieu
mieux de la calmer, je lui demande de s’expliquer et lui laisse
la parole de façon contrôlée en m’isolant pour méditer.
Et si ce n’est pas possible, tant pis pour celui qui ne
m’en laissera pas l’opportunité ! En rentrant chez moi,
j’allume une bougie sur mon autel pour la remercier de
son intervention, car même si parfois elle n’apporte
pas de solution, son regard éclaire toujours la situation
d’une lumière nouvelle. Et cela permet de renforcer le
lien entre univers extérieur et univers intérieur.
Et si le trouble persiste, je me tourne vers la
divinité qui me semble adéquate sur le moment afin
d’obtenir un conseil.
divinités
Pour illustrer ce rapport que j’entretiens avec mes
aspects sombres, j’aimerais partager avec vous cette
réflexion que j’ai eue il y a quelques jours :
Le 7 août nous avons vécu une éclipse de lune
partielle.
De chez moi, ce jour-là, je n’ai constaté aucune
éclipse. Je ne savais même pas qu’il y en avait une.
C’était un jour de pleine lune, et j’ai médité sur
l’accomplissement de ma vie actuelle. C’était positif au
possible, j’en suis ressorti en paix et plein de
résolutions.
Le lendemain j’ai appris qu’une éclipse avait eu lieu
la veille. Une photo a retenu mon attention (parue sur
le site web de futura-science). Elle est intitulée « La
pleine Lune éclipsée surplombe le temple de
Poséidon »
C’était étrange de constater une lune rouge /
orange, dont une partie manque de façon anormale. Je
me suis demandé ce que les gens sur cette colline
devaient ressentir.
Avaient-ils peur ? Certains devaient peut-être
craindre le mécontentement d’une divinité. Les lunes
et à de sang n’ont pas bonne presse habituellement. Et puis
on dirait que cette lune a été croquée par un monstre
66
immense. replonger dans les ténèbres d’où je les ai tirés. C’est
mon regard qui change petit à petit et qui les trouve
Comment une même lune, le même jour, peut-elle chaque jour un peu moins laids.
être à la fois aussi enrichissante et positive pour moi,
Référence pour les divinités cité dans le texte :
et effrayante pour d’autres ? Kâma : https://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%A2ma_(divinit%C3%A9)
Shiva : https://mythologica.fr/hindou/shiva.htm
Kali : https://mythologica.fr/hindou/kali.htm
C’est exactement comme avec nos ténèbres
personnelles. Le regard que l’on pose dessus change
Référence pour la photo et l’article de futura-science :
tout. Tant qu’on les regarde avec crainte, on ne peut Photo de © Elias Chasiotis
pas s’apercevoir des bienfaits qu’il est possible d’en URL de l’article : http://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/
astronomie-eclipse-lune-plus-belles-images-26819 )
tirer. De la force que l’on peut gagner lorsqu’on
travaille main dans la main avec ses propres démons et
l’enseignement enrichissant de ces divinités dites
sombres.

Je n’aime pas être en colère. Pourtant, j’ai accepté

l’existence de cette colère comme une réalité me
constituant et cela m’a permis de comprendre
beaucoup de mes actes passés et d’appréhender mon
présent avec plus de justesse.
Je ne cherche pas à faire de mes démons des saints,
car ce serait rejeter leurs natures et donc les

67
L’aspect sombre : Témoignages

Le Loup garou
par Moriñwé

© Cenz | Wolf’s Head

68
E
ncore… encore une fois ce sombre songe,
cette sombre créature. Parfois, elle
m’observe de loin, me toise un instant. Elle a
bien conscience de mon infériorité physique
vis-à-vis d’elle. Tant de fois elle m’a pourchassé, la
gueule grande ouverte, avec la vitesse d’un guépard et
moi, en essayant de courir avec des jambes lourdes
comme du plomb. Parfois, elle était bipède et jetait
son regard rouge sur moi. Ce n’est que plus rarement
que j’ai eu l’occasion d’être elle, de sentir cette force
démesurée me traverser, cette puissance me posséder,
me rendant invincible. Mais c’est toujours avec de
l’angoisse que je me réveillais. Une angoisse mêlée à de
la fascination.
C’est ce sentiment double que j’éprouvais chaque
fois que le loup-garou s’incrustait dans mes rêves. Fort
heureusement, il ne venait pas tous les quatre matins
(ou plutôt les quatre nuits) mais ses apparitions
étaient on ne peut plus marquantes. J’ai rêvé de lui
pendant longtemps et particulièrement l’an dernier,
lors de mon ultime année d’études, avant d’obtenir le
diplôme qui ouvrirait un nouveau chapitre de ma vie.
Ce rêve devenait récurrent. Alors j’ai décidé
d’écrire, car mes deux neurones s’étaient enfin
connectés pour me faire comprendre qu’un message
voulait arriver dans ma cervelle.
J’ai donc décidé d’écrire sur que ce que le loup
garou représentait pour moi.
Loup-garou, qui es-tu ? Tu es cette force animale,
sauvage, qu’il peut y avoir en chacun de nous, en moi.
Tu es ce lien, ce passeur, entre l’homme dit civilisé et
69
l’humain qui n’est, après tout, qu’un animal comme les
autres. Tu es cette sentinelle, qui me rappelle mon lien
et mon devoir envers la nature. Mais surtout, tu es
cette force, cet autre moi, plus sûr de lui, plus fort,
plus accompli, plus autonome, plus indépendant. Tu
représentes tout cela, tout ce que je désire être mais,
en même temps, crains. J’avais tellement peur de ce
potentiel, d’avoir cette force, que c’est elle qui s’est
chargée de m’effrayer pour me forcer à la regarder en
face et à l’accepter. En couchant sur le papier tout
cela, j’ai alors réalisé que je ne devais plus en avoir
peur, que ce que je voulais être se construisait
maintenant, que je n’aurai plus de seconde chance.
Alors, après avoir écrit, j’ai fermé mon livre des
miroirs, avec une conviction, une détermination et
une force nouvelle.
Ces cauchemars m’ont réellement permit d’avancer,
de prendre conscience de ce que je voulais être et des
moyens que je devais mettre en œuvre. Ils ont
participé, sans exagération, à ma réussite. La solution
ne m’est pas venue de mon côté clair. Cette force, ce
potentiel, qui ne tolérait plus d’être ignoré a choisi de
me faire peur, de me brusquer, de me donner des
coups de griffes et de crocs pour me forcer à
reconnaître qu’elle existait en moi. Paradoxalement,
j’éprouve toujours de la gratitude et de la joie envers
ce loup-garou qui m’a permis, en partie, de me
dépasser et de réussir. Dès lors après avoir compris et
accepté son message, il ne s’est plus manifesté.
Cependant, si au gré de mes songes j’aperçois deux
oreilles pointues se dessiner, je serai toujours prêt à
apprendre la leçon que cette créature veut me
délivrer, même si cela se fait dans la peur.
L’aspect sombre : Témoignages

Le côté sombre
compte rendu d’une discussion au sein d’un coven
par Sólríka

70
 Pré-avis d’information : bien que le texte soit rédigé
avec des affirmations, les propos tenus n’engagent que
leurs auteurs, à savoir : Sólríka, Ortha, Nemesis,
Moriñwé, Brume, Mésange et Zénith (membres du coven
Innis Crainn)
Il a été proposé d’évoquer le côté sombre de la
magie, que ce soit de la magie noire ou de son propre
côté sombre.
La discussion a tourné autour de 3 axes :
- définition du côté sombre
- utilité et usage
- peut-on s’en passer?
Il en ressorti qu’il est vraiment difficile de caler des
couleurs à la magie ; et que c’est complètement
dépendant de notre vision du bien et du mal et de nos
principes personnels. Une magie dite «sombre» serait
celle qui en viendrait à enfreindre ces principes ou qui
ne collerait pas à notre éthique.
D’un point de vue plus global, on taxe de «magie
sombre» tout ce qui ne rentre pas dans
politiquement/socialement correct. Par exemple la
nécromancie, le oui-ja et tout ce qui touche aux
morts, la magie liée au sang, la magie
bannissement, de manipulation et en général toute
magie qui peut potentiellement faire du mal à autrui.
Un point de vue personnel exprimé tend à dire que
la magie liée au sang et ce qui touche aux morts, ne
semble pas trop poser de souci du moment qu’on ne
met personne d’autre en danger que soi-même
lorsqu’on pratique et c’est la limite fixée par l’auteure
de ces propos.
Bien qu’on ne puisse pas maîtriser tous les aspects
d’un sort et que les retombées peuvent parfois causer
du tort à quelqu’un sans que l’on ne s’en aperçoive,
utiliser la magie pour consciemment faire du mal, est
intolérable. Quitte à « rentrer dans le lard » d’une
personne qui énerve et être vraiment blessante mais
c’est fait de face, et jamais avec la magie. Trop
dangereux, et aussi trop vicelard.
Pour les autres aspects du «sombre» tel que
découvrir et accepter son ombre (la fameuse Ombre
de Carl Jung) cela semble tout à fait cohérent, car c’est
lorsqu’on a déterré tous les squelettes et qu’on a
assumé ce qui nous gène, ce qui nous bloque, ce qui
nous met en colère, ce qui nous fait peur qu’on peut
enfin avancer.
Mais pour recentrer un peu le débat, il va falloir
définir en premier lieu ce qu’on appelle le côté sombre
de la magie, parce que selon les gens et les
communautés, les côtés sombres ne sont pas du tout
les mêmes.
Les adeptes des croyances conventionnelles
pourraient estimer que le côté sombre, c’est la magie
rouge. Les satanistes pourraient dire que c’est plutôt la
magie blanche. Les fluffy bunnys pourraient penser
que le côté sombre c’est cool et que tout est
abordable, y compris se transformer réellement en
vampire....
le Tout comme dans un jeu de tarot, obscur et clair
sont deux facettes d’une même pièce. La dualité régit
notre univers et en permet la richesse. A chaque fois
de que quelqu’un ait essayé de se débarrasser de son côté
sombre, il a clairement été fait comprendre qu’il
n’avait rien de «mauvais» en soi et que l’apprivoiser
permettait d’être plus complet et d’avoir accès à une
panoplie d’outils plus complets.
Par exemple, se mettre en colère peut, en dernier
recours, permettre de faire respecter sa liberté et ses
choix. Quand tout le reste a échoué ou en légitime
défense, la violence peut permettre d’avancer.
Même les grands maîtres d’armes apprennent
justement à garder leur calme et ne pas se laisser
influencer par des insultes pour faire le meilleur choix,
et souvent ne pas se battre est en effet le meilleur
choix.
Souvent c’est tout ce qui est lié à la destruction qui
71
© Frida
est dit en négatif et la construction qui est dit en
positif. Mais ça signifie que pour mettre fin à une
relation qui nous pose problème il faut passer par des
énergies dites négatives. Cela signifie aussi que tout le
cycle de la nature, du renouvellement, des saisons, fait
usage d’énergies dites positives et négatives !
Il y a aussi des histoires d’intentions, mais c’est plus
complexe. Souhaiter le bien paraît plus créateur que
souhaiter le malheur, mais il faut faire attention car,
comme le dit le dicton «l’enfer est pavé de bonnes
intentions».
De toute façon en magie / spiritualité le «fais
attention à ce que tu souhaites» revient souvent. Ce
n’est pas pour rien que la base de toute pratique est la
méditation et le travail sur ses pensées conscientes et
inconscientes.
Décider de se battre en vient à générer une friction
et une résistance opposée au moins aussi grande, et
parfois, on semble dépenser son énergie pour rien.
72
Mais l’univers est, paraît-il, aussi fait de frictions et
de résistances autant que du fait de laisser couler,
donc parfois il ne faut peut être pas se battre, mais au
moins résister et mettre en place ce qu’il faut pour
mener à bien un projet ou protéger quelqu’un ! Se
battre fait peut être autant partie du jeu que de ne pas
le faire.
Pour les polarités destruction/création, il est clair
que les deux sont nécessaires, telle que la
comparaison Shiva/Parvati, qui ont tous les deux un
pôle créateur, et un pôle destructeur. Shiva qui peut
détruire la création s’il ouvre son troisième oeil, et
Parvati qui peut devenir Kali et éliminer tous les
démons. Quand on regarde la nature, bien sûr qu’il y a
des énergies de destruction ! La grêle, les tornades, les
tempêtes, ouragans, etc. qui nous paraissent
«destructeurs» à nous parce que ça nous fait envoler
le toit de nos baraques, mais par exemple pour les
coraux et poissons, un ouragan est créateur, car il
nettoie les rochers sur lesquels les poissons pondent,
et il oxygène l’eau.
«Qu’est ce que l’ombre après tout ? L’ombre est un
pôle obscur opposé au pôle éblouissant de la lumière.
L’ombre ne cherche pas à éclipser la lumière, mais à la
sculpter, la souligner, la mettre en relief. Sans le fusain
de l’ombre, la page serait vierge et nos regards
aveugles.» (Ismaël Mérindol)
Mettons réellement une définition sur ce «côté
sombre», notre « sacro-saint » Wikipédia nous
dit ceci :
La magie noire a des effets négatifs du fait même
du magicien, de sa personne, et la sorcellerie a des
buts consciemment maléfiques et des moyens
intentionnellement négatifs (« diabolisme »). Les mages
noirs et les sorciers passent pour être néfastes à la
société, ils empoisonnent, ensorcellent, lancent des
imprécations, invoquent des diables ou démons,
utilisent des figurines d’envoûtement, nouent
l’aiguillette (ils provoquent l’impuissance sexuelle),
provoquent des sécheresses ou des orages, etc.
Également pour faire du mal à autrui, se venger, pour
des sortilèges d’amour, pour atteindre l’immortalité,
améliorer sa santé ou communiquer avec les morts. En
1317, l’évêque Hugues Géraud de Cahors fut condamné
au bûcher car il avait essayé de tuer le pape Jean XXII
avec des images de cire. Dans la culture occidentale, la
couleur noire est symbole de ténèbres, de morts, de
tristesse, de vide et d’obscurité.
La magie blanche, elle, concerne une utilisation de
la magie à des fins altruistes, ou préventives (« magie
bleue »), avec des moyens presque toujours positifs,
bénéfiques. Elle guérit, protège, exorcise, renforce,
réconcilie… Elle invoque les « esprits bons », Dieu… et
pas les mauvais démons. Dans la culture occidentale,
la couleur blanche symbolise la pureté, l’innocence, la
paix et la justice. (1)
Mais tous les intervenants au débat ne se
reconnaissent pas vraiment dans ces définitions.
Certains pensent que la part sombre de soi, c’est la
part que nous n’avons pas envie de voir ou de mettre
en lumière.
Par exemple, un criminel sadique n’aura sûrement
73
pas envie de montrer qu’il peut être touché par la
première fleur d’une plante qu’il a réussi à sauver.
Sinon, de façon plus classique, la part d’ombre, c’est
ce qui, en nous, représente les émotions qui peuvent
nuire, comme la colère, la jalousie, les comportements
aussi, comme la dépendance, le harcèlement, etc. Et
aussi la solitude, le recueillement, la dépression, etc.
Le risque, si on relègue tout ça dans un placard,
c’est qu’à un moment donné, le placard craque et que
tout ressorte d’un coup.
Donc, il y aurait 2 niveaux :
- ce qui nuit
- ce qui cache
Ce qui nuit : magie noire, intentions de faire
souffrir, etc.
Ce qui cache : descendre en soi, s’isoler, prendre le
temps de déprimer, passer un cycle, etc.
Il n’y a pas d’énergie «noire» sinon les énergies
stagnantes qui finissent par pourrir, mais quand on
l’utilise, du coup elle n’est plus stagnante ! C’est juste
l’intention qui compte : le feu, la tempête, les torrents
ont des énergies éclatantes, c’est seulement la
manière d’utiliser et le but qui vont vraiment
permettre de coller une étiquette à la «magie».
Une énergie sombre, ça pourrait être quelque
chose qui met mal à l’aise, comme quand on va dans
un endroit où quelque chose d’horrible s’est passé et
qu’on se sent super mal... Mais on ne les utilise pas
vraiment au final, on peut éventuellement invoquer un
esprit qui va faire se sentir mal... Mais là encore cela
dépend du ressenti.
On met du temps à comprendre que «côté sombre»
ne voulait pas dire que c’était mauvais pour soi ou qu’il
fallait que l’on s’en débarrasse. Il est étonnant de
découvrir qu’il y avait le satanisme «cliché» et le
satanisme qui suit notre définition du «côté sombre»
et propose d’apprivoiser ces forces différentes qui
permettent aussi d’avancer dans la vie.
Les entités également, peuvent être souvent
associées au mal, comme Lilith et n’ont au final pas
l’air d’avoir grand chose de négatif à part une mauvaise
réputation auprès de certains adeptes des religions
conventionnelles .
Il y a plusieurs définitions possibles et elles ont
toutes un intérêt pour justement mieux comprendre
cette histoire d’obscure clarté. Il y a des énergies qui
résonnent bien avec nous, d’autres moins bien. Et ça
peut varier selon les gens.
D’autres intervenants ont avancé qu’il n’y a pas de
magie sombre. La magie est neutre et c’est l’homme
qui la colore artificiellement par un jugement de
valeur. Les émotions se répercutent sur son aura, sa
magie, les entités qu’on attire et les effets de ses sorts.
Et cette magie entraîne encore plus dans cette
émotion, c’est un cercle vicieux ou vertueux selon.
Le sombre et le lumineux renvoient au
christianisme, une doctrine de l’absolue. Il est
préférable de rester dans le relatif.
Parce qu’en soi, imaginons qu’on puisse modifier
son propre être à ce point, et supprimer cette part
sombre de nous....
Du coup, on n’est plus qu’énergies lumineuses et
«positives»... On fait comment pour se défendre quand
on en a besoin ? Pour se faire respecter quand on nous
insulte ? Pour dire ce que l’on pense même si ça doit
blesser quelqu’un ?
Notre part sombre est essentielle à notre vie d’être
humain, alors pourquoi on en vient parfois à vouloir
l’occulter ?
Il faut bien faire la part des choses entre énergie
sombre et côté sombre de l’individu... On est bien
d’accord que ce qu’on ressent quand on visite
(légalement ou illégalement) un hôpital psychiatrique
désaffecté, ça ne vient pas de nous, ce sont les
énergies qui ont stagné là parce qu’il s’y est passé des
choses marquantes, souvent en mal, pour plein de
gens, et si en plus c’est un lieu ou des personnes ont
été maltraitées, torturées, tuées...
Tout ça pour dire que cette part sombre de nous,
c’est quelque chose qui est essentiel et dont il faut
74
prendre soin, pas forcément la choyer et lui faire des
poutous, sinon ça veut dire qu’on lui laisse libre cours
et ce n’est pas forcément une bonne idée, mais la
soigner c’est important, parce qu’on a toujours besoin
qu’elle soit opérationnelle !
Plus il y a de lumière, plus il y a d’ombre, question
d’équilibre. Si quelqu’un brille, un autre est dans
l’ombre. Et au fil du temps, l’ombre et la lumière
s’inversent. Les opprimés deviennent tyrans à leur
tour, les méchants deviennent gentils, la mort devient
la vie. L’un ne peut exister sans l’autre.
Comme dirait Boulet «finalement le dessin c’est ça
aussi : on part de la lumière absolue et l’on y trace
notre empreinte au noir. Nous pouvons ainsi faire
naître de ce théâtre d’ombres toutes les histoires, au
mépris total de la Vérité, de la logique et des dogmes
tyranniques. Nous sommes les ombres joyeuses et
intangibles qui s’amusent de la lumière et la font
mentir. Nous sommes la vérité invisible à dieu.» (2)
Si on rejette sa partie d’ombre ou qu’on ne la rend
pas consciente, c’est-à- dire qu’on ne la laisse pas
remonter et s’exprimer dans un contexte cadré ou par
les méthodes de son choix (le dessin, le chant, la
méditation...), alors c’est elle qui va manipuler. On ne
peut pas l’effacer ni la rejeter loin de soi en prétendant
qu’elle n’existe pas de toute façon, parce que sinon elle
fera bien morfler tant qu’on ne l’aura pas écoutée.
Ça veut simplement dire «oui, je suis comme ça».
S’autoriser aussi à être triste, à être en colère, à ne pas
aller bien, écouter ce que notre inconscient a à nous
dire. Ne pas faire semblant, c’est aussi simple que ça.
Enfin, il se peut que notre part d’ombre soit avant
tout notre protection fondamentale très lié à notre
instinct de survie.
La plupart des personnes qui ont un tempérament
colérique sont des gens qui n’ont pas d’autre recours
pour se faire entendre ou respecter. Les rares fois où il
a fallu être «violent» au travail, c’était dans les cas où
un quart d’heure de discussion à voix calme n’avait pas
eu raison de la colère des interlocuteurs ou bien les
moments où lesdits interlocuteurs commençaient à
devenir violents eux-mêmes.
Dans ces cas-là la présence de Sekhmet se faisait
plus insistante et cinq secondes plus tard
l’interlocuteur violent volait au travers de la porte du
local commercial. Et tout ce qui restait par la suite
c’était le stress de l’énervement, la culpabilité d’avoir
blessé quelqu’un et la conviction que c’était le dernier
recours.
Cette pulsion violente que beaucoup qualifieraient
de négative a permis en deux ans de boulot de ne
jamais se faire agresser physiquement. S’il fallait
définir sa part la plus «sombre» c’est celle-ci de par
l’état dans lequel on peut plonger dans ces moments-
là tout comme l’état dans lequel on est lorsqu’on en
sort.
Tout ceci est intimement lié à la survie et c’est
pourquoi en matière de magie il ne faut pas nier cette
pulsion, juste s’en servir avec responsabilité et
connaissance de cause. C’est une lame qui permet de
se défendre et de protéger ce qui est cher. Mais une
lame n’est pas faite pour épargner son opposant aussi
faut-il que ce soit l’ultime recours.
Alors du coup, que répondre à «la violence
engendre la violence» ?
Les principes de légitime défense sont basés sur le
fait de donner l’opportunité à celui qui est agressé de
se défendre pour faire cesser l’agression. Une fois qu’il
n’y a plus agression la violence doit cesser.
Il faudrait définir ce qu’est la violence aussi : est-ce
que ça dépend de la manière dont l’autre la perçoit ?
Par exemple des mots ou une attitude peuvent
paraître violents à quelqu’un alors que la personne qui
les a prononcés ne pensait pas à mal.
Du coup la violence, c’est plutôt la manière dont
c’est perçu par la personne qui reçoit quelque chose
d’extérieur, quelque chose qui est perçu comme une
attaque.
C’est aussi comme une façon de faire respecter son
espace privé en fait : on a tous des barrières, plus ou
moins solides et plus ou moins grandes, et quand
quelque chose est vécu comme une intrusion, soit on
75
se remplit et on absorbe, au risque de se sentir en
danger et de manquer de sécurité, soit on redéfinit les
barrières personnelles et on rappelle à l’autre qu’il
marche sur nos plates-bandes.
Il peut y avoir beaucoup de colère en soi, vieille et
tenace. Si on a pu évoluer, la sensation que le mal
qu’on nous a fait, qui est pourtant passé reste encore
bien présent et cherche à resurgir. Du coup, il suffit de
croiser quelqu’un dont la tête ne revient pas ou qui
peut représenter ceux qui ont pu faire du mal et les
envies de violence reviennent. Il y a vraiment une
sorte de vengeance inassouvie. Au mieux, on fait avec,
c’est également un côté sombre.
La part d’ombre c’est la part qu’on ressent au fond
de nous et qui gronde. La part qui peut nous faire peur
ou nous poser des questions. La part de rage et de
haine incontrôlée que l’on garde sous contrôle. La bête
destructrice que l’on veille à garder endormie. Le
démon que l’on combat par notre vigilance et notre
discipline quotidienne pour mieux tendre vers l’ange.
En cela, l’équilibre est une notion importante. Cette
partie «noire» de nous, c’est tout ce qu’on arrive pas
forcément à faire passer, à exprimer, tout ce qui a été
refoulé, tout ce qu’on estime «pas bien» parce que ça
ne rentre pas dans les codes sociétaux, parce qu’on a
été habitué à toujours être souriant, poli, ne pas faire
de vagues... Et que du coup il y a des personnes en
face qui en profitent, consciemment ou pas : si on ne
pose pas de limites dans ce que l’on veut, ce que l’on
est, il y a réduction de l’espace personnel et des envies
personnelles, et cette partie noire est un genre
d’indicateur.
Il faut dire aussi qu’on absorbe pas mal de choses,
de violence, d’animosité, tout ce qui vient des
problèmes des autres et du monde en général. Et si on
ne trouve pas un moyen soit de se protéger, soit de le
transformer, soit de le rendre à la terre ou de
l’exprimer, ça s’accumule comme une marée noire.
Le souci vient justement du fait de combattre cette
part d’ombre. En la combattant, on génère de la
résistance et à ce petit jeu là, c’est toujours elle qui
finit par gagner. Il faut la comprendre, l’accepter,
l’écouter, l’aimer, parce qu’elle est aussi nous et qu’elle
nous protège aussi et nous permet de voir ce que
parfois on relègue au second plan, parce qu’on a peur
de ce qu’elle veut nous dire et des conséquences que
cela peut entraîner. Ça demande un certain courage
de tendre la main à son ombre et de la regarder sans
peur, mais c’est comme ça qu’on peut être complet.
© Michael Eickelmann | Deepest Forest
76
Faire n’importe quoi avec cette part sombre est
dangereux. Il faut connaître et apprivoiser cette part
d’ombre pour mieux la canaliser et l’utiliser quand c’est
nécessaire de la manière appropriée.
(1) source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Magie_%28surnaturel%29
(2) source : http://www.bouletcorp.com/2015/03/01/le-mythe-de-la-ca-
verne/
Sabbat : Mabon
Rituel de Mabon
par Sólríka

V
oici le rituel de Mabon 2016, qui s’était prochain sabbat.
déroulé dans une forêt en Région
Parisienne. Le Cercle Sequana et (ce qui Durant le rituel, il a été proposé de fabriquer des
est devenu) le Coven Innis Crainn se sont amulettes. Donc, chacun a dû apporter un carré de
joints pour célébrer l’équinoxe automnale. Ce rituel a tissus en coton, des herbes sèches (celles qui sont
eu lieu le matin sous un temps légèrement frais et significatives pour eux) et une corde mince et longue
bruineux, mais l’après midi a été ensoleillée et nous pour fermer le sachet et le porter autour du cou
avions festoyé dignement! comme un collier.

Sentez-vous libre de vous en inspirer pour votre

© Amelia Whelan | September 77

 En ce jour où les heures claires et les heures sombres
Pour l’autel : sont égales
Permets-nous de récolter ce que nous avons semé à
- feuilles de vigne, lierre, fougère, sauge, feuilles de Beltaine et à Litha
noyers, noisetiers, pommes, pommes de pin, noix, Et bénis nos récoltes
glands, châtaignes Aide nous à entrer sereinement dans la période
- encens de jasmin, myrrhe, cèdre, sauge, benjoin, sombre
musc A toujours trouver foyer, chaleur, nourriture et
- bougies vert foncé, jaune, marron, rouge, orange ami(e)s
- autres bijoux, outils significatifs pour les participants Et à sortir de cette période dans la joie et la
renaissance

Matériel pour le rituel : Bénie sois tu Grande Mère»

Charge du Dieu :
- 1 instrument de musique
- tenue de rituel (pour celles et ceux qui en ont)
«Roi des Bois et des Forêts
- coupe
Compagnon et bienfaiteur de la Déesse
- jus de raisin pour les libations
Toi qui sait l’honorer dans l’Amour et le respect
Qui la fertilise pour mieux renaître

Déroulement du rituel : En cet équinoxe d’automne

Nous t’invitons à nous rejoindre

1 - tracer le cercle : deux personnes, une qui joue Tu nous offres une récolte abondante et bienfaisante

de l’instrument et une qui déclame «Que le cercle Tu nous donnes de quoi subsister durant l’hiver

s’ouvre et ne sois jamais brisé, que l’amour de la Et jusqu’aux prochaines récoltes

Déesse et du Dieu soit toujours dans nos cœurs. Nous te célébrons aujourd’hui et te rendons grâces

Joyeuses rencontres dans la paix et la sérénité. Nous sommes avec toi dans tes vieux jours

Joyeuses célébrations de Mabon» (jusqu’à ce que le Nous serons là à ta mort prochaine

cercle soit ouvert). Et nous serons encore là quand tu renaîtras

2 - appel des 4 éléments : une personne par Notre affection t’accompagne dans ton déclin et dans

élément, et l’ensemble des participants qui appelle les ta renaissance

éléments comme lors du festival des déesses 2015 Béni sois tu Grand Père»

(avec des sons, des bruits, des mots ou  tout ce qui

peut évoquer l’élément pour la personne qui l’appelle). 4 - Prières personnelles des participants

3 - pour la charge de la Déesse et du Dieu, Sólríka (déclamées ou non à haute voix) - c’est l’instant de

et Xavier ont fait l’ouverture et la fermeture. recueillement personnel

5 - Libations aux dieux

Pour l’ouverture, charge de la Déesse : 6 - Fabrication de l’amulette (trouvé dans un livre

sur le chamanisme amérindien)

«O Mère éternelle
Déesse du temps et de l’espace Placer devant soi le carré de tissus et émietter les

Mère de la vie et de la mort herbes en disant :

Début de tout «Herbes-médecines (ou protection)

Que tes 3 aspects soient bénis Veillez à ce que votre pouvoir pénètre en moi

Nous t’invitons à nous rejoindre en ce jour Ainsi je serai à l’épreuve du mal et de ce qui est

d’équinoxe malsain

78
 Pour le corps, l’âme et l’esprit
Protégez moi contre (dire l’objectif de l’amulette) Pour la fermeture du
Et repoussez tout au loin cercle, la Déesse :
Que cela soit fait
Par la force du Grand Esprit» «Déesse Mère
Début et fin de tout
Fermer le carré et le nouer avec la corde, le mettre Sous ton aspect de jeune fille, de mère et de femme
dans les mains et les lever au dessus de la tête et dire : âgée
Merci d’avoir été présente durant ce rituel
«Voici mon amulette-médecine (ou protection) Sois bénie Grande Mère
Grand Esprit bénis-la à ta façon Et sois Honorée»
Désormais je suis à l’écart de tous les dangers
Et mon esprit est maintenant libéré» Le Dieu :

Mettre l’amulette autour du cou. «Dieu fertilisateur

Compagnon fidèle et bienveillant
7 - Histoire de Mabon par Nemesis (on peut Merci d’avoir été présent durant ce rituel
également raconter l’histoire du Dieu Cornu, ou Sois béni Grand Père
entonner des chants en l’honneur du Dieu et de la Et sois honoré»
Déesse)
8 - Hommage et remerciements au Dieu et à la 9 - L’adieu aux éléments
Déesse 10 - Fermer le cercle avec les 2 personnes : la 2ème
déclame «Que le cercle se ferme sous la protection et
la bienveillance des dieux et des éléments. Joyeuses
rencontres, joyeux départs et joyeuses retrouvailles»
(jusqu’à fermeture du cercle).

Je vous souhaite un merveilleux Sabbat et de très

belles récoltes.

79
Sabbat : Samhain
Rituel de Samhain
par Sólríka et le coven Innis Crainn

80
V
oici le rituel de Samhain, réalisé en 2015
avec le coven Innis Crainn, qui
s’appelait pas comme ça à l’époque - Avec
l’aimable autorisation des membres.
Le rituel s’est déroulé le 31 octobre 2015 à la
tombée de la nuit, au domicile de Mésange, à
l’extérieur de la maison. L’autel a été improvisé autour
des offrandes, des souhaits pour la nouvelle année, un
feu a été allumé et les personnes ont formé un cercle.
Voici le script du rituel pour vous en inspirer
librement :
- Ouverture du cercle (une personne tournait
autour des autres avec son tambour )
- Appel des éléments
- Appel aux divinités de chacun
- Prières personnelles
- Libations
- Hommage aux ancêtres :
«Prenons ce temps pour accueillir les âmes disparues
Qu’elles soient parties de nos vies ou parties
rejoindre le monde éthéré
Que cette nuit, le voile nous permette de les
ne accueillir dans la joie
Merci aux ancêtres, merci à ceux qui sont partis,
honneur à eux
(penser aux disparus)
Prenons un temps également pour penser aux
sorcières et aux sorciers qui nous ont précédé
Celles et ceux qui ont payé de leur vie
Pour la seule raison selon laquelle ils pratiquaient la
magie, la sorcellerie, la guérison
O prédécesseurs, accordez-nous vore savoir
Rendons leur hommage
(penser aux sorcières et aux sorciers)»
- Penser aux «mauvaises habitudes» à faire partir
- Penser aux résolutions à prendre et faire les
offrandes
- Fermeture du cercle (une personne tournait
autour des autres avec son tambour )
Retour des énergies à la Terre.
Heureux Samhain, soyez toutes et tous béni-e-s
81
Sabbat : Samhain

Ritualiser seul-e
par Sólríka
82
L
a roue de l’année nous permet de célébrer 8
fêtes passant de l’ombre à la lumière, de la vie
à la mort, et inversement. Généralement, les
sabbats sont célébrés en groupe libre,
comme le propose le Cercle Sequana, ou au sein d’un
coven, comme celui dont je fais partie, Innis Crainn.
Mais nombre de personnes ne souhaitent pas
ritualiser en groupe, ou n’ont pas la possibilité de le
faire. Il m’est, moi-même, déjà arrivé de ritualiser
seule, et cela m’arrivera sûrement encore. Je vous
propose une base, un cadre à faire évoluer pour vos
pratiques personnelles. Mon inspiration pour cette
base, je l’ai puisée à la fois dans le livre «La Wicca» de
Scott Cunningham, dans les pratiques de groupe et
dans mon ressenti personnel, et ce dernier élément
est très important. J’ai régulièrement lu sur les forums
des questions de personnes un peu inquiètes, ne
sachant si leur rituel a été «bon» ou s’ils ne risquaient
de fâcher les dieux, etc. Je vais vous donner mon
sentiment personnel vis-à-vis de cela : je considère
que nous avons, chacun-e en nous, une part de
l’énergie créatrice divine (peu importe le nom qu’on lui
donne), et il nous suffit de l’écouter de temps en
temps. Donc, il me paraît très difficile dans ce cadre
de fâcher qui que ce soit. Je suis convaincue que ce
qu’on fait avec sincérité, quand bien même cela serait
teinté de maladresse, ne peut qu’être épanouissant. Et
l’apprentissage passe forcément par des choses, des
gestes qu’on ne fait pas «correctement», mais cela n’a
aucun caractère de gravité.
Lorsqu’approche un sabbat (c’est à dire toutes les 6
à 8 semaines environ), on peut se mettre mentalement
en condition en dressant un autel en rapport avec le
thème du sabbat fêté. J’ai pour habitude d’aller dans la
nature glaner des branches tombées au sol, des
feuilles, des fleurs cueillies en bord de chemin, etc
J’achète de temps en temps des bougies, des éléments
décoratifs et récemment, je me suis même mise à la
fabrication d’éléments avec de l’argile (pains d’argile
qu’on peut trouver sur internet ou dans les magasins
de loisirs créatifs). L’important c’est d’y mettre sa
patte, comme en cuisine. Prévoir aussi une offrande
en fonction du sabbat (lait, fruits, etc, toujours du
dégradable)
83
Quelques jours avant le sabbat, il est bon de
préparer le rituel en visualisant ce qu’on le voudrait y
faire (méditation guidée, prière, chant, etc). Ne pas
hésiter à écrire le rituel, même plusieurs fois s’il le
faut. Le jour-J (ou la nuit-N), voici les principales
étapes à réaliser :
- dresser un autel ou se mettre en face de l’autel
déjà dressé (avec éléments en rapport avec le sabbat,
bougies, arts divinatoires, bijoux, etc)
- ouvrir le cercle en tournant dans le sens des
aiguilles d’une montre
- appeler les 4 éléments en commençant par la
terre au nord
- appeler ses dieux (ou son dieu)
- réciter une prière (de remerciement, de demande
ou autre)
- chanter et danser si le besoin s’en fait sentir
- méditer ou visualiser
- faire une libation (dédier quelque chose à une
déité ou un ancêtre, boire une gorgée de jus de fruits
par exemple et verser dans la terre ou dans un bol une
autre gorgée)
- faire l’offrande
- remercier les dieux et les laisser partir
- remercier les éléments et les laisser partir
- clore le cercle en tournant dans le sens inverse
des aiguilles d’une montre
- faire un retour des énergies à la terre
Il est tout à fait possible de ne suivre que certaines
étapes, mais ouvrir et fermer le cercle me paraît
primordial, car cela crée un espace de protection pour
le - la ritualisant - e.
A force de pratiquer, certaines choses deviendront
intuitives et les rituels pourront être de plus en plus
affinés. Et si certaines fois, l’énergie est trop basse,
alors, il vaut mieux se reposer, ou faire un mini-rituel.
Rien n’est obligatoire et il est important de garder à
l’esprit que l’énergie divine est toujours avec nous, et
que même s’émerveiller devant un être vivant, c’est
déjà l’honorer.
Lectures

La consolation nécessaire
par Morgwen
84
L
es cycles saisonniers nous gouvernent, à leur
façon, nous wiccans ou autres néo-païens,
qui y sommes sensibles plus que d’autres.
Ainsi j’ai pu constater combien il est difficile
de se projeter dans une thématique ayant trait à la
saison sombre, alors que la saison claire bat son plein,
lorsqu’on rentre de vacances au grand air et d’un
rassemblement humain joyeux, retrouvant le jardin qui
nous offre sa plénitude de fruits et de légumes, on se
sent alors bien loin du repli et de l’intériorité qui
feront loi dès que les jours raccourciront, que la nuit
s’installera et que la terre se mettra en repos.
Mais il faut bien évoquer ce retour de la saison
froide, et avec elle, au moment du sabbat de Samhain,
et des fêtes de Toussaint, la célébration du souvenir de
nos défunts.
Le départ, parfois brutal, et l’absence ont creusé un
grand vide dont on guérira plus ou moins vite, plus ou
moins bien. Nous sommes alors assaillis par le chagrin
et la tristesse, par la nostalgie des jours enfuis où nous
étions ensemble, mais avec le deuil, vient ce que je
nomme « la consolation nécessaire ». Face à cette
disparition d’êtres très proches, très chers, chacun la
trouvera, à son rythme, et à sa mesure : aide de
l’entourage familial et amical, thérapie de soutien,
développement personnel, activité artistique,
spiritualité...
C’est dans le souvenir, - se remémorer les bons
moments passés ensemble, encadrer des
photographies -, et le rituel – allumer une bougie, dire
une prière, déposer sur la tombe des fleurs ou une
pomme, comme le suggère C. Wallace dans « La Magie
Wicca » -, qu’on trouvera un peu d’apaisement, mais
aussi grâce à des écrits qui par leur sagesse, nous
apporteront l’acceptation de ce qui est inéluctable : la
vie qui un jour prend fin.
J’ai donc choisi de vous présenter trois extraits d’
œuvres susceptibles de jouer leur rôle de baume
consolateur de l’âme.
Il s’agit tout d’abord d’un poème de Bobi Jones,
écrivain gallois né en 1929, enseignant à l’université de
Cardiff, qui a écrit toute son œuvre en langue galloise,
provenant d’un ouvrage intitulé « In the evening »
85
trouvé dans le « Petit livre de la sagesse celtique »de
Giulietta Wood  :
« Le soir près du feu mon père revient vers moi.
Les choses que nous avons faites ensemble, et moi-
même souvent
Méchant. Son aimable gentillesse se fraie jusqu’à
moi
Une voie spectrale et abrite mon cœur sous ses fières
et simples ailes
Quand la grande vacuité l’a englouti au-delà du
vide,
Il n’a pas réalisé qu’il resterait en moi malgré un
départ si définitif. (…)
Derrière le dos du monde, le soir près du feu
Son amour descend sur moi. Je le vois revenir.
Il entre dans mes veines pour créer leur pouvoir
Pour briller sur mon souvenir des jours qui furent si
chers.
Et moi aussi je m’aventure dans le soir de quelque
jour
Vers le foyer où tout est lié,
La réserve où sont entreposées toutes les choses
aimées. »
Dans la tradition druidique, on dit généralement
que les êtres se sont « désincarnés ». Quant à se
réincarner, personnellement je ne suis pas totalement
acquise à cette notion, mais il appartient à chacun
d’avoir sur ce point sa propre opinion.
Le texte suivant offre un perspective animiste, c’est
un merveilleux hommage aux ancêtres : il s’agit d’un
poème de Birago Diop, poète et diplomate sénégalais (
1906 - 1989 ) intitulé « Souffles » et extrait de son
recueil « Leurres et lueurs ». Cité dans toutes les
anthologies de la poésie africaine, ce poème est un
trésor incontournable du patrimoine littéraire
africain ; il n’est pas possible ici de le citer dans son
intégralité, mais la version intégrale est facilement sur
le web :
« Ecoute plus souvent
les choses que les êtres.
 La voix du feu s’entend,
entends la voix de l’eau,
écoute dans le vent
le buisson en sanglots.
C’est le souffle des ancêtres.
Ecoute plus souvent
les choses que les êtres.
La voix du feu s’entend,
entends la voix de l’eau,
écoute dans le vent
le buisson en sanglots.
C’est le souffle des ancêtres,
le souffle des ancêtres morts,
qui ne sont pas partis,
qui ne sont pas sous terre,
qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
et dans l’ombre qui s’épaissit,
les morts ne sont pas sous terre :
ils sont dans l’arbre qui frémit,
ils sont dans le bois qui gémit.
Ils sont dans l’eau qui coule,
ils sont dans l’eau qui dort,
ils sont dans la cave, ils sont dans la foule :
les morts ne sont pas morts. (...) »
Il serait malsain d’être dans le déni (c’est à dire le
refus de la disparition définitive), aussi ces poèmes
nous invitent plutôt à cultiver de manière positive et
heureuse le souvenir des défunts, à ressentir leur
présence près de nous, nous accompagnant encore
dans la suite de notre chemin, faire fructifier ce qu’ils
nous ont légué, et continuer d’avancer. Cela signifie
que nous avons le pouvoir de les faire revivre à travers
nous, à travers notre mémoire, simplement par une
pensée qui les honore et leur rend hommage.
Le troisième extrait n’ a pas à première vue
réellement à voir avec la mort, sauf si l’on considère
que c’est bien elle en fin de compte qui attend les
héros au bout de leur périple . Il s’agit du « Seigneur
des Anneaux » de J.R.R . Tolkien, que je ne vous
86
présenterai pas, tant il est connu de tous. Cette œuvre
qui revêt un sens symbolique très fort, offre une
lecture à divers niveaux, et prend souvent un sens
spirituel pour qui sait le déceler. Ici, il est surtout
question de « passer le pont », donc de traverser une
épreuve, et grâce à une pierre de béryl, de garder
espoir. Pour continuer à vivre et à marcher sur le
chemin de vie.
La Compagnie de l’Anneau est alors en route vers le
Pays des Elfes, et craint l’attaque des Cavaliers noirs
du Mordor :
«Le lendemain, de bonne heure, ils descendirent de
nouveau près de la Route. Sam et Grands-Pas partirent
en avant , mais ils ne trouvèrent aucun signe de
voyageurs ou de cavaliers. Là, à l’ombre des collines, il y
avait eu de la pluie. Grands-Pas jugea qu’elle était
tombée de l’avant-veille et qu’elle avait lavé toute trace
de pas. Aucun cavalier n’était passé depuis lors, pour
autant qu’il pût voir.
Ils avancèrent avec toute la hâte possible, et après un
mille ou deux ils eurent devant eux le Dernier Pont,au
bas d’une courte et rapide pente. Ils redoutèrent de
trouver là des formes noires qui les attendraient, mais
ils n’en virent point. Grands-Pas les fit mettre à couvert
dans un fourré du bord de la Route pendant qu’il partait
devant en exploration.
Il ne tarda pas à revenir en hâte :
Je ne vois aucun signe de l’ennemi, dit-il , et je me
demande fort ce que cela peut bien signifier. Mais j’ai
trouvé quelque chose de très étrange.
Il tendit la main et montra une unique pierre vert
pâle :
Je l’ai trouvée dans la boue au milieu du Pont, dit-il.
C’est un béryl, une pierre elfique. Qu’elle y ait été
déposée ou qu’elle y soit tombée par hasard, je ne
saurais le dire ; mais elle me donne de l’espoir. Je
prendrai cela comme un signe que nous pouvons passer
le Pont ; mais au-delà, je n’ose pas rester sur la Route
sans quelque indication plus claire ».
Après le deuil et le chagrin, nous pouvons nous
aussi trouver notre pierre de béryl, qui nous
redonnera espoir, afin de ne pas nous laisser
submerger par l’Ombre, et nous apportera du
réconfort afin de poursuivre notre route de terrien ou
de terrienne.
Je sais qu’il est tentant pour certains d’entre nous
de vouloir communiquer avec leurs ancêtres et leurs
proches défunts, mais pour ce qui me concerne, je me
réfère toujours à ce qu’a écrit Scott Cunningham à ce
sujet :
« cette pratique paraît assez étrange lorsque nous
acceptons la doctrine de la réincarnation. Les
personnalités que nous avons connues existent peut-
être encore, mais si l’âme est actuellement incarnée
dans un autre corps, la communication doit alors
s’avérer pour le moins difficile. Par conséquent, il
semble préférable de garder leur mémoire dans la paix
et l’amour, sans les évoquer. »

Bien que personnellement, comme je l’ai dit plus

haut, je ne sois pas convaincue par l’hypothèse de la
réincarnation, je pense en revanche qu’il est plus sage
de laisser les défunts à leur repos.

Si vous souhaitez davantage de précisions sur ces extraits, il est pos-

sible de me joindre sur la page Facebook du forum Wiccan Domhanda,
où je suis présente sous le nom de Maya Morgan.

87
 Chants Païens recueillis par Siannan

Q
uelques chants païens en français que vous pourrez écouter sur la
chaîne Youtube de la Ligue Wiccane Eclectique.

Chant des récoltes Chant d’équinoxe

par Elisa Bes
d’automne
d’après Fall equinox song de Selena Fox
Allons aux champs, amis sincères, allons aux champs.
adaptation française par Siannan
Nous trouverons la belle récolte, nous moissonnerons.
Dans un boisseau de paille neuve nous la mettrons,
Nous remercions pour la récolte,
Et quand le grenier sera plein nous la fêterons.
Nous remercions pour l’abondance,
Cuis-nous du pain, Dieu de l’été, cuis-nous du pain,
Nous remercions pour les bénédictions
Et par ma foi mes amis chers, y’en a de levé.
Dans nos vies toute l’année.
Ils ont empli la belle corbeille et l’ont mangé.
Ils ont remercié le soleil, la terre et l’été.

Prière à Danu
d’après Praise to Danu de Damiara
adaptation française par Siannan

Louons Danu, Mère de toute chose vivante,

Louons Danus, Ancienne comme terre et mer,
Louons Danu, Dame verte nourricière,
Louons Danu, et soyons l’abondance.

88
Mère sombre, Mère 13 arbres
de lumière d’après 13 trees de Aisling
adaptation française par Siannan
auteur inconnu, adaptation française par Siannan

Pommier pour la Déesse

Mère sombre, Mère de lumière,
Chêne pour le Dieu
Terre sous nos pieds, âme en vol,
Noisetier pour les Sages
Chant d’amour, amour de vie
Houx pour une épée
Guide-nous en nos cœurs.
Sorbier comme protection
Bouleau pour un départ
Père sombre, Père de lumière,
Aulne pour le feu et
Ciel au dessus, âme en vol
Saule pour le cœur
Chant d’amour, amour de vie
Frêne pour le magicien
Guide-nous en nos cœurs.
Lierre pour une couronne
Vigne pour faire le vin
Chant de la Terre sombre Quand la vendange arrive
d’après le chant de Michael Finnegan Rhys, Sureau pour les anciens
adaptation française par Siannan Tout au fond de la forêt
Et le vieil if à Samhain
Terre sombre, pierre silencieuse, Pour tous nous protéger
Racines et feuilles emmêlées, Chant d’amour, amour de vie
Hautes montagnes, herbes magiques, Guide-nous en nos cœurs.
Jeunes pousses et grande forêt
Mère montagne, viens à moi
Je te reçois avec joie,
Hecate, Cerridwen
d’après Patricia Witt
Guide mes pas, nourris mon âme,
adaptation française par Siannan
Partout, où que j’aille.

Hecate, Cerridwen
Mère sombre accueille-nous.
Hecate, Cerridwen
Laisse-nous renaître.

89
agenda recueilli par Siannan

SEPTEMBRE
RITUEL PUBLIC DE SAMHAIN DU
CERCLE SEQUANA
RITUEL PUBLIC DE MABON DU CERCLE 28 OCTOBRE 2017 À 15H
SEQUANAS 23 Septembre 2017 à 15h
23 Septembre 2017 à 15h animé par Xavier
animé par Xavier Vincennes (94)
Vincennes (94) http://www.cercle-sequana.fr
http://www.cercle-sequana.fr

NOVEMBRE

OCTOBRE

EXPO TORQUES ET COMPAGNIE

JUSQU’AU 12 NOVEMBRE 2017
ATELIER PURIFICATION PAR LE SEL ET 23 Septembre 2017 à 15h
L’EAU DE STARHAWK Cent ans d’archéologie des Gaulois dans les collections
8 OCTOBRE 2017À 15H du musée d’Epernay
animé par Xavier Musée de Bibracte, Mont Beuvray, Saint-Léger-sous-
Vincennes (94) Beuvray (71)
http://www.cercle-sequana.fr
BISTROT PAÏEN
12 novembre 2017
CAFÉ PAÏEN LYONNAIS Rencontre sur le thème des dagydes
21 OCTOBRE 2017 http://www.cercle-sequana.fr
Café Païen Lyonnais
Lyon (69) CONFÉRENCE : LA SORCELLERIE EN
https://www.facebook.com/CafePaienLyonnais/info FRANCE AUJOURD’HUI
18 novembre à 15h30
par Dominique Camus.
EXPO BRIC-À-BRAC POUR Les Champs Libres, 10 cours des Alliés, Rennes (35)
LES DIEUX ?
JUSQU’AU 22 OCTOBRE 2017
Les dépôts d’objets métalliques à l’âge du Bronze
Musée d’Archéologie du Jura, 133 rue René-Maire,
Lons-le-Saunier (39)

90
 CYCLE DE COURS SUR LA MYTHOLOGIE
DÉCEMBRE
SCANDINAVE : LES SOURCES DE
CONNAISSANCE DE LA MYTHOLOGIE
SCANDINAVE, DIEUX ET DÉESSES,
BISTROT PAÏEN
PRINCIPAUX MYTHES
Rencontre conviviale sans thème prédéfini
2 décembre 2017
5, 12, 26 mars et 9 avril 2018 de 18h30 à 20h00
Paris (75)
inscription sur
http://www.cercle-sequana.fr
http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/formations/cours-
du-soir
RITUEL PUBLIC DE YULE DU CERCLE
54 boulevard Raspail, Paris (75)
SEQUANA
17 décembre
EXPO MUSÉE DE BRETAGNE :
Vincennes (94)
J’Y CROIS, J’Y CROIS PAS !
http://www.cercle-sequana.fr
20 octobre 2017 - 1 avril 2018
Magie et sorcellerie dans Les Champs Libres
EXPO : GASTON VUILLIER, CHEZ LES
Les Champs Libres, 10 cours des Alliés, Rennes (35)
MAGICIENS ET SORCIERS DE LA
CORRÈZE
EXPO LE SYMBOLISME DANS L’ART DES
jusqu’au 6 janvier 2018
PAYS BALTES
Vivant au contact des habitants, participant aux
du 10 avril au 27 juin 2018
veillées, Gaston Vuillier observe alors les gens et leurs
En ayant recours aux éléments de la culture populaire,
coutumes, attentif en particulier aux pratiques de
du folklore et des légendes locales, ainsi qu’à la
guérison et aux dévotions. Il dessine au crayon et à
singularité de leurs paysages, les peintres des années
l’aquarelle les scènes auxquelles il assiste, s’efforçant
1890 aux années 1920-1930 font émerger un art d’une
de capter les moments cruciaux de l’action magique.
réelle originalité.
Place Montseigneur Berteaud, Musée du cloitre, Tulle
Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion-d’Honneur, Paris (75)
(19)

EXPO : VIVRE À KOENIGSHOFFEN À

EXPO : LE LUXE DANS L’ANTIQUITÉ
L’ÉPOQUE ROMAINE. IER-IVE SIÈCLE
jusqu’au 21 janvier 2018
APRÈS J.-C.
Musée départemental Arles antique, Arles (13)
jusqu’au 31 août 2018
Musée archéologique, 2 place du Château, Strasbourg
EXPO BOURDELLE ET LE DIEUX
(67)
du 4 octobre 2017 au 4 février 2018
Musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle, Paris (75)

HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE
SOURCIERS
8 février à 18h30
café histoire avec Thierry Gautier
Les Champs Libres, 10 cours des Alliés, Rennes (35)

91
 La Ligue Wiccane Eclectique
L
a Ligue Wiccane Eclectique a pour vocation
d'être une plate-forme d'expression de la
Wicca et autres Cultes de la Déesse, pratiques
honorant le féminin et le masculin sacrés,
groupes de traditions Païennes et ceux qui sont orientés
vers les voies naturelles de la Terre et dont les pratiques
sont proches des nôtres.
Voici quelques unes des traditions ou tendances que
nous essayons de promouvoir, liste qui n’est pas limitative
: Alexandrienne, Ara, Dianiste McMorgan, Dianique
Féministe, Faery, Feri, Gardnérienne, Georgienne,
Hécatine, Kitchen Witch, Reclaiming, Sorcellerie
traditionnelle, Spiritualité Féminine, Stregheria, Wicca
Eclectique, Wicca (en généralité), Womenspirit…
Notre but est de d’encourager le dialogue entre nos voies
ou traditions et de contribuer à aider les pratiquant(e)
s isolé(e)s. Nous pensons que si nous sommes unis et
menons des actions communes nous serons plus forts pour
faire entendre notre voix dans la communauté.
La Ligue Wiccane Eclectique ne prône aucune dogme ou
doctrine et n’encourage personne à suivre des pratiques
particulières dans sa vie ou dans sa spiritualité. Au contraire
notre but est de proposer toutes les traditions possibles afin
de donner constamment à chacun des outils de réflexion
et de comparaison.
Nous sommes indépendants car non liés par une entente
contractuelle ou tacite à une société commerciale
particulière, néanmoins nous nous sentons libre d’aider à
faire connaître l’artisanat éthique ou les bonnes adresses
quand nous pensons que c’est juste.
La Ligue ne rétribue personne, ne demande jamais
d’argent. Notre fierté est de fournir le même niveau de
service que les groupes qui demande des cotisations à leurs
membres.
La Ligue est apolitique dans le sens où nous ne voulons
pas être au service d’une idéologie quelconque. Pour que
règne la bonne entente dans l’organisation et éviter les
92
dérives sectaires, nous considérons qu’il faut mieux que ce
genre de débat reste dans la sphère privée mais nous ne
sommes pas opposés à des discussions sur l’écologie ou des
faits de société quand ils portent sur une argumentation
saine.
La Ligue a un conseil de surveillance qui s’assure que
l’éthique est respectée et s’occupe de la gestion courante
administrative. En dehors de cela, les actions sont menées
par tous les membres, il n’y a pas de hiérarchie formelle.
Chaque affilié-e peut donc proposer, prendre en charge un
projet s’il ou elle le désire. Le respect est basé comme dans
l'approche Reclaiming, uniquement sur ce qu’apporte
chacun-e à la communauté. Il n’y a aucune obligation de
faire, chacun fait ce qu’il veut quand il peut.
Le fait que la Ligue regroupe des personnalités importantes
représentant de nombreuses traditions parfois différentes,
garantit la pluralité de la pensée, de l’enseignement et
évite le syndrome de la subordination de l’élève au maître.
Nous avons une charte de qualité similaire réservée aux
Sites, Covens, Cercles, qui veulent s’affilier à la Ligue.
Les Covens et Sites affiliés sont donc des lieux où vous
trouverez de bonnes informations et qui sont considérés
comme présentant de bonnes garanties de sécurité et de
qualité. De fait, l’affiliation est une sorte de label de qualité
et par conséquent une reconnaissance implicite de valeur,
de probité et de sérieux.
Outre le magazine Lune Bleue, la Ligue met à votre
disposition un forum :
http://la-lwe.bbfr.net ,
une chaîne vidéos :
https://www.youtube.com/user/cdllwe
et une encyclopédie participative :
http://wiccapedia.fr .
 © Graymalkn on Flickr

Affiliation de groupes
Qui peut prétendre à une affiliation LWE ?
Tous groupes, cercles, covens… correspondant aux critères ci-dessous.

Comment cela se passe t-il ?

Tous groupes voulant être affiliés à la LWE procéderont de la façon suivante :

• il devra vérifier s’il correspond aux critères d’affiliations (cf. ci-dessous)

• faire une présentation de son groupe qui sera joint à la demande d’affiliation

• la demande d’affiliation prendra la forme suivante :

Nom du groupe :

> Responsable : (+ adresse électronique)

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 > Date de création :
> Orientation spirituelle :
> Nombre de membres :
> Localisation :
> Conditions d’entrée (précisez l’âge minimum
requis) :
> Mode de Fonctionnement (Egalitaire,
alternance, Prêtre et/ou Prêtresse…etc) :
> Activités du groupe :
si Rite d’initiation et Ordinations préciser lesquels
si enseignement préciser le type, le programme…
> Autres Précisions utiles :
> Site web, forum, liste de diffusion… :
> Contact (adresse e-mail) :
> Présentation :
le formulaire sera transmis à l’adresse mail de la
ligue (equipe.lwe@gmail.com) où à l’un de
administrateurs ou modérateurs.
au vu de la demande et de la présentation, les
animateurs vérifieront que les critères sont bien
respectés et prendront la décision de proposer
l’affiliation du groupe à l’ensemble des affiliés. A tout
moment du processus d’affiliation, tout affilié peut
demander des renseignements complémentaires et
donner son avis.
la proposition d’affiliation du groupe aux affiliés se
fera sous forme d’un sondage anonyme présent sur le
forum (partie « privée » du forum) dont le résultat ne
sera visible par tous que le jour de la clôture afin de
garantir la liberté d’expression.
si le groupe est affilié, il se verra attribué une
rubrique sur le forum où il devra au minimum faire
figurer sa présentation. La rubrique est sous la
responsabilité du groupe affilié.
les groupes affiliés à la LWE sont totalement libre
de partir quand ils le désirent au même titre que les
affiliés individuels (par exemple si leur groupes
évoluent vers un autre chemin très différent, les
éloignant des critères de base de leur affiliation). Ceci
est sous l’entière honnêteté du groupe.
Les critères :
Le groupe reconnaît :
• l’ existence de de la Déesse, ou du couple Dieu/
par Déesse, ou de plusieurs Dieux et Déesses.
• les huit sabbats de l’année.
• la sacralité de la nature.
• Le groupe doit avoir au minimum 2 membres et
s’il y a effectivement que 2 membres être
ouvert à l’adhésion d’autres personnes.
• Les membres doivent avoir déjà bien déterminé
les lignes directrices de leur groupe.
• Le groupe n’inclue pas de mineurs non
accompagnés d’un parent dans leurs rituels, ni
de mineurs de moins de 16 ans non
accompagnés d’un parent dans les autres
ses activités.
• Il doit laisser un minimum de transparence sur
ses activités.
• Le groupe s’engage a pratiquer le respect
mutuel et la tolérance, excluant notamment
toute forme de racisme et d’homophobie.
• Il doit être apolitique dans le sens de ne pas
être au service d’une idéologie, mais cela
n’interdit pas de traiter d’écologie ou de faits de
société.
• Il ne doit pas chercher à faire du prosélytisme.
• Il doit laisser la possibilité à ses membres de
pratiquer également seuls.
• Il doit avoir une certaine éthique : considérer
notamment le Wiccan Rede (ou un équivalent)
comme un critère éthique essentiel.
• Ces membres doivent être solidaires, s’entre
aider et partager des connaissances.
• Il serait souhaitable qu’un des membres du
groupe soit affilié à la Ligue.
Vous pouvez également nous contacter pour des
partenariats avec des sites, blogs, forums ou autres
groupes ou projets.
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 Npus remercions tous les partenaires et groupes affiliés à la
Ligue Wiccane Eclectique qui participent à l’organisation d’une
grande communauté de la Wicca et des Cultes de la Déesse.

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