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THE KRAAL GUIDE DE

SPIRITUALITÉ AFRICAINE

VOLUME 0 - INTRODUCTION
ÉDITIONS PANAFRICANA
Abidjan, Côte d'Ivoire
CET OUVRAGE EST DÉDIÉ À
TOUS NOS ANCÊTRES.

ASÉ
IN LOVING MEMORY OF OUSMANE DIALLO
1995-2019
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION

I. PHILOSOPHIE AFRICAINE: INTRODUCTION À LA MA'AT


1. Animisme & Ma'at
2. Les 42 lois de Ma'at
3. La plume de Ma'at et la pesée du cœur
4. Ma’at & Isfet
5. Géometrie Sacrée
6. Ma’at dans les langues à travers l’Afrique

II. LA LIBATION: LE RITUEL LE PLUS IMPORTANT


1. ”Water No Get Enemy: Essai sur l'importance et le caractère sacré de l'eau
2. Introduction à la Libation et pourquoi c'est le rituel le plus important
3. Sur la Libation et la Pureté
4. Pourquoi honorons-nous nos ancêtres par Gogo Thule
5. Ancêtres bienveillants à qui vous pouvez verser une libation

III. LES 9 CONSTITUANTS DE L'ÊTRE EN ÉGYPTE ANCIENNE


1. Khat (le corps)
2. Sekhem (énergie vitale)
3. Ren (le nom)
4. Khaibit (l'ombre)
5. Ba (la personnalité)
6. Ab (le cœur)
7. Ka (The Life Essence)
8. Akh (le Soi Immortel ou Soi Supérieur)
9. Sa-Hu (l'âme incorruptible)
IV. LA LOI DE LA RÉINCARNATION DANS LA TRADITION AFRICAINE
1. Qu’est-ce que la réincarnation?
2. La réincarnation dans l'hindouisme
3. La loi de la réincarnation n'est pas africaine
4. La croyance en la réincarnation dans la tradition africaine

V. DÉCOLONISER LA LANGUE: 50 NOMS POUR DÉSIGNER DIEU EN AFRIQUE

GLOSSAIRE
CREDITS
SOURCES
AVANT-PROPOS

THE KRAAL GUIDE TO AFRICAN SPIRITUALITY (GUIDE DE SPIRITUALITÉ AFRICAINE) est


notre tentative de vous présenter les concepts les plus intéressants de la spiritualité africaine,
ainsi que vous donner un aperçu de ce à quoi ressemble une vie spirituelle Africaine.

Cet ouvrage est un compendium de connaissances et un journal de recherche où vous trouverez


des informations utiles pour vous guider dans votre compréhension et si applicable, votre
pratique de la spiritualité africaine.

Démystifier la spiritualité africaine et éliminer de nos esprits toute corruption provoquée par les
invasions étrangères sont des éléments essentiels de notre décolonisation collective.

Ceci est un guide pour tout le monde. Si vous voulez en savoir plus sur les principaux aspects et
concepts de la spiritualité africaine, ce livre est pour vous. Si vous voulez vous rappeler
quelques petites choses, ce livre est également pour vous.

Ce guide est notre humble contribution pour raconter notre histoire et transformer en positif, un
récit trop souvent négatif et sombre.

Entre vos mains, un ouvrage pour se décoloniser car l'Afrique a besoin d'une révolution
spirituelle.

Asé

3
INTRODUCTION

Le dénominateur commun dans la majorité des systèmes spirituels africains est le révérence
envers les ancêtres et la reconnaissance en un seul Être suprême, d'où émane tout ce qui
constitue la VIE.

Les Yoruba ont appelé cet être suprême Olodumare, les Ibibio/Efik Abasi et les Igbos Chukwu,
Chineke ou Chi. Cet Être Suprême devient Umvelinqangi, UQama ou uMdali chez les Zoulous
d'Afrique du Sud, Imana parmi nos frères et soeurs au Rwanda, ou encore Mwene Nyaga pour
les Kikuyu du Kenya.

Dans le Bukôngo, la religion des Besikongo (ou peuples Kongo), et parmi d’autres groupe
ethniques Bantous, le terme Nzambi est utilisé pour parler de Dieu.

Ici, le terme Nzambi (Dieu) nous rapporte a 3 concepts principalement: L'Être Suprême, La
Manifestation de l'Être Suprême & La Religion.

Pour essayer de définir la nature de Dieu, les Besikongo l'appellent: Nzambi Ampûngu Tulêndo
(pouvoir qui inclut toute autorité), Kalunga (le Tout en Tout), Mbumba Lowa (symboliser la
création), Mpina Nza (le mot divin), et même Kongo. Chacun de ces termes traduit une nature
précise de la divinité vue dans la personnalité ou à travers les manifestations de cet Être
suprême. Le Bukôngo nous apprend que Nzambi est infini, a une personnalité illimitée, est
invisible et est spirituel. Nzambi remplit tout espace et est omniprésent. Dieu, Nzambi Ampûngu
Tulêndo, est l'Être suprême; à qui tout appartient sur la terre et au ciel, et à qui aucune autorité
n'est supérieure ou égale.

Dans son ouvrage «La longue odyssée de Ma’at», le professeur Melki Sedek So nous informe
que le monothéisme existait en Afrique depuis l’Égypte ancienne, et fut même emprunté à la
Nubie. Il explique en outre que, selon les croyances égyptiennes, le Dieu Amon était le seul
générateur au ciel et sur terre. Amon est décrit comme le seul Dieu vivant, celui qui existe
depuis le début, qui a tout fait et qui n'a pas été fait.

Nous reviendrons au monothéisme en Afrique en temps voulu. Pour le moment, bonne lecture.
5
I. PHILOSOPHIE AFRICAINE:
INTRODUCTION À LA MA’AT
I. PHILOSOPHIE AFRICAINE: INTRODUCTION À LA MA'AT

La plupart d’entre nous connaissent Ma’at comme la déesse de la vérité, de la justice, de


l’harmonie et de l’équilibre. Ma’at représente également l’ensemble des lois que le
Créateur a utilisé pour créer la vie et maintenir l’ordre qui gouverne notre univers.

De ce point de vue, Ma’at peut être décrite comme l’idée centrale de l’approche africaine
de la vie. Présente dans la plupart de nos sociétés traditionelles, cette approche est
caractérisée par l’harmonie, l’équilibre, et le respect de la nature et de l'homme.

Un mode de vie pratiqué partout en Afrique, bien avant que le capitalisme, le colonialisme
et les activités néo-coloniales viennent tout chambouler.

ANIMISME & MA’AT

"ANIMISME", du mot latin "anima", signifie souffle, esprit ou vie. Il est décrit comme la
croyance selon laquelle les objets, les lieux et toutes créatures possèdent une essence
spirituelle. L'animisme dit que toutes choses; les animaux, les plantes, les rochers, les
rivières, les systèmes météorologiques, le travail manuel de l'homme et peut-être même
les mots sont animées et vivants. L'animisme sait que l'homme n'est pas le centre de la
création et de l'existence. Dans la pensée animiste, le spirituel et le divin sont placés au-
dessus de tout. C’est également une philosophie où l'être humain reconnaît sa propre
divinité.

De par cette definition, nous pouvons conclure que MA'AT = ANIMISME

Cependant, il a été enseigné aux Africains que tout ce qu'ils avaient appris de leurs
ancêtres était faux ou mauvais. Cela a conduit à une mauvaise utilisation de leur pouvoir
mental, d'où la chute de l'Afrique.

Il est tout de même intéressant de constater qu'avec l'émergence du mouvement “New


Age”, la plupart d'entre nous revient lentement mais sûrement à une certaine forme
d'animisme, car c'est la vibration naturelle de l'humanité.

7
Une autre idée de Ma’at et de pensée
animiste se retrouve dans la célèbre
philosophie UBUNTU de l’Afrique du
Sud:

”JE SUIS PARCE QUE NOUS


SOMMES"

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AVANT LES 10 COMMANDEMENTS DE MOISE, IL Y AVAIT LES 42
LOIS DE LA MA'AT

1. Je n’ai pas commis l’iniquité. (Mauvaises actions ou actions perverses) 2. Je n’ai pas
brigandé, 3. Je n’ai pas été cupide, 4. Je n’ai pas dérobé. (Je n’ai pas volé), 5. Je n’ai tué
personne, 6. Je n’ai pas diminué le boisseau (de blé), 7. Je n’ai pas commis de fraude, 8. Je n’ai
pas volé les biens d’un dieu, 9. Je n’ai pas dit de mensonges, 10. Je n’ai pas dérobé de
nourriture (à mes semblables), 11. Je n’ai pas été de mauvaise humeur, 12. Je n’ai pas
transgressé les lois universelles, 13. Je n’ai pas tué d’animal sacré, 14. Je n’ai pas moissonné
illégalement dans les champs, 15. Je n’ai pas volé de rations de pain, 16. Je n’ai pas espionné,
17. Je n’ai pas fait d’excès de paroles. (faire des racontars, critiquer autrui, etc..), 18. Je ne me
suis disputé que pour mes propres affaires, 19. Je n’ai pas eu commerce avec femme ou homme
marié. (Adultère), 20. Je n’ai pas forniqué, 21. Je n’ai pas terrorisé, 22. Je n’ai pas violé
l’ordonnance des temps, 23. Je ne me suis pas emporté à la colère, 24. Je n’ai pas été sourd aux
paroles de vérité et de justice, 25. Je n’ai jamais soulevé de querelles, 26. Je n’ai jamais fait
verser de larmes à mes semblables, 27. Je n’ai pas été dépravé, ni pédéraste, 28. Je n’ai pas été
faux, 29. Je n’ai injurié personne, 30. Je n’ai pas été querelleur, 31. Je n’ai pas agi avec
précipitation, 32. Je n’ai pas transgressé ma condition au point de m’emporter contre Dieu, 33. Je
n’ai pas été bavard, 34. Je suis pur, je n’ai pas agit avec méchanceté, 35. Je n’ai pas insulté le
Roi, 36. Je ne n’ai pas pollué les eaux, 37. Je n’ai pas eu des paroles méprisantes, 38. Je n’ai
pas blasphémé Dieu, 39. Je ne me suis pas donné de l’importance. (Humilité), 40. Je n’ai pas fait
de favoritisme personnel, 41. Je ne me suis pas enrichi de façon illicite, 42. Je n’ai pas calomnié
Dieu dans ma ville.

Source : Chapitre 125 du livre des formules efficaces pour l’émergence dans la lumière
divine (le livre que les égyptologues occidentaux appellent le livre des morts des anciens
égyptiens)
LA PLUME DE MA’AT & LA PESÉE DU COEUR

Les Anciens Égyptiens disaient que la pesée du cœur était la cérémonie au cours de laquelle
Ma’at déterminait si oui ou non une personne pouvait atteindre avec succès l'au-delà. Si le cœur
de cette personne était plus lourd que sa plume (également connue sous le nom de plume de
vérité), alors l'individu était immédiatement dévoré par le monstre Ammit, et n’atteignait pas le
"niveau suivant". Le cœur était la clé de l'au-delà. Dans ce cas, le coeur représentait la
conscience.

La philosophie spirituelle africaine insiste sur la purification quotidienne du cœur. L'idée de rester
pur, en partant du cœur, jusqu'a dans nos pensées, nos paroles, notre nutrition et nos relations
entre humains et avec la nature.
MA’AT & ISFET

L’opposé de Ma’at est connu sous le nom


d’Isfet. Isfet représente le chaos,
l'injustice et le déséquilibre. En tant que
verbe, il exprime l'acte de «faire le mal».
Certains suivent et décident de pratiquer
Ma’at, d’autres Isfet. LA PALETTE DE NARMER

Nous devons noter que à Kemet (Egypte


ancienne), la population ne croyaient pas
à un pacifisme naïf lorsqu'il s'agissait de
promouvoir la Ma’at. Tout ce qui
représentait Isfet devait être combattu.

Cette idée est clairement visible sur la


palette de Narmer, où l'on voit le roi
combattre les envahisseurs de son
royaume, ainsi que dans le Livre des
Morts, où Ra sous la forme d'un chat, tue
le serpent Apep, la représentation du mal LE DIEU RA, SOUS LA FORME
D'UN CHA T, TUE LE SERPENT
. APEP, LA REPRÉSENTATION DE
ISFET, LE MAL (CHAPITRE 17 DU
LIVRE DES MORTS)

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GÉOMETRIE SACRÉE

L’école Ki-Muntu de la sagesse Kongo nous apprend que la différence entre un


système déchu (isfétique) et un système ma’atic (équilibré / harmonieux) est
caractérisée par leur structure géométrique. La tradition Kimuntu nous montre
que l'empreinte énergétique de la nature est structurée sous la forme d'un cube
organique naturel avec ses 12 cercles (ou kongolo) - figure de droite. Cependant,
nous constatons que certaines spiritualités de ce monde utilisent le cube
métatronique (à gauche) qui est un système déchu qui déformant les énergies.

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MA'AT DANS LES LANGUES À TRAVERS
L'AFRIQUE

Comme décrit précédemment, la Ma'at a été la philosophie clé de l'approche


de la vie en Afrique, il est donc tout à fait évident de remarquer la récurrence
de cet ensemble de valeurs traduit dans diverses langues Africaines.

Voici quelques exemples de comment "Ma'at" se traduit dans différentes


langues à travers l'Afrique.

Ngbaka (République centrafricaine): ma = médecine (pour connaître la


vérité),
Fang (Gabon, Guinée équatoriale, sud du Cameroun): mye / mie, "pure" -
tabe mye, être physiquement et moralement pur,
Mpongwe (Gabon): mya, «connaître» la vérité ("mya re some" - connaissance
de soi),
Yoruba (Nigéria): mo, «connaître» la vérité,
Nuer (Nilotic, Soudan du Sud): mat, «total», «résumé», «forces» / ro mat,
"pour unir ses forces". Ma'at est la somme de toutes les vertus, toutes les
forces idéales pour guider l'être humain dans sa vie personnelle et spirituelle

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II. LA LIBATION: LE RITUEL
LE PLUS IMPORTANT
WATER NO GET ENEMY: SUR L'IMPORTANCE ET LE CARACTÉRE
SACRÉ DE L'EAU

Dans l'histoire de la création de Kemet (L'Egypte Antique), le Nun, (ou eaux primordiales)
est la substance la plus ancienne et la plus fondamentale du cosmos. La Nun était la
substance qui contenait toutes les possibilités d'existence. L'impact de l'eau sur la
psychologie des habitants de Kemet était si profond que, pour eux, une rivière séparait ce
monde des vivants du Duat, le monde des morts.

En Afrique, l'eau est reconnue comme l'agent suprême de la purification spirituelle et


physique. Comme nous le savons bien, l'eau est une entité vivante, donc rien ne peut
croître ou prospérer sans eau.

Parler positivement à l'eau avant de prendre un bain ou de boire, active cette eau avec des
charges électriques qui aideront le corps, mais surtout l'esprit à atteindre son plein
potentiel.
Pour de nombreux Africains, l'eau est un élément naturel qui est utilisé à des fins
purificatoires et également lors de cérémonies.

Il est dit que les étoiles ou les poussières d'étoiles, ainsi que la lune, activent l'énergie que
l'eau possède. L'eau a une mémoire et par conséquent, il est important de toujours parler
positivement à l'eau.

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INTRODUCTION À LA LIBATION ET POURQUOI IL S'AGIT DU
RITUEL LE PLUS IMPORTANT

L’intention de la libation est toujours de promouvoir la Ma’at.

La libation était si importante pour les habitants de Kemet que dans leurs récits sacrés,
elle était toujours dans le domaine du divin. Par example, les scribes versaient des
libations à Imhotep avant d'écrire quoi que ce soit.

La libation est plus ancienne que la prière, bien que les deux rituels soient des cousins
enracinés dans l'Afrique ancienne. Ils expriment le même désir d'honorer le divin et les
ancêtres. À travers la libation, on peut rechercher des bénédictions, des conseils, ou
même de l'aide pour atteindre un objectif. La libation est également utilisée pour remercier
la vie ainsi que tout ce qui la compose.

La libation est souvent effectuée le matin, avant le lever du soleil, et est alors un moyen de
demander de l'aide et des conseils aux ancêtres avant de commencer la journée. En tant
qu'Africains, la vénération de nos ancêtres joue un rôle majeur car nous sommes certains
que les souvenirs et les caractéristiques d'une personne peuvent être transmises à travers
les gènes. Par conséquent, verser une libation le matin aide à rester spirituellement stable,
et est aussi un moyen de remercier les ancêtres.

La libation est la preuve que les Africains vivaient dans un monde intelligemment organisé
pendant de nombreux millénaires avant l'arrivée perturbatrice des envahisseurs.

C'est par la libation que l'humanité a manifesté la conviction que les forces cosmiques
doivent être constamment prises en charge, afin d'assurer l'harmonie psychologique,
sociale, matérielle et spirituelle de l'homme et de la société.

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LIBATION & PURETÉ

Les offrandes faites aux ancêtres et aux divinités


par la libation doivent être pures. Celui qui fait la
libation doit l'être également. Physiquement (en
terme d'hygiène) et spirituellement.

En termes de propreté physique et spirituelle, les


prêtres de Kemet, par exemple, se lavaient cinq
fois par jour avec de l'eau d'une piscine spéciale
construite près de chaque temple.

Les prêtres rasaient régulièrement tous leurs


poils, étaient circoncis et s'abstenaient de
manger certains aliments, en particulier la
viande. Les exigences, cependant, variaient
selon la divinité servie, le rang du prêtre et la
zone dans laquelle le temple était situé.

Les prêtres et prêtresses de Kemet portaient


également des vêtements et des chaussures en
lin fabriqués à partir de fibres végétales, car
l’entretien de la Ma’at exigeait (et exige toujours)
une relation respectueuse avec l’environnement.
Cette idée de pureté ne se limitait pas aux
prêtres ou prêtresses mais était prise très au
sérieux par la majorité de la population de
Kemet.

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POURQUOI HONORONS-NOUS NOS ANCÊTRES?
GOGO THULE
Afin d'accepter et de comprendre pourquoi il est important d'honorer nos ancêtres,
nous devons saisir pleinement le fait que le mot en lui-même est plutôt fluide et ne
se limite pas à qui nous connaissons comme nos parents de sang. Un ancêtre, étant
celui qui nous a précédés et ne réside plus dans le physique, peut être n'importe qui.
L’idée est que le but de cette entité est de nous guider dans notre vie quotidienne,
ainsi que de nous connecter à l'esprit. Nos ancêtres sont nous et nous sommes nos
ancêtres.
Gogo Thule est une iSangoma, écrivain et conteuse traditionnelle Mossi et Zoulou
basée en Californie. Sa pratique de guérison propose des ateliers, des cérémonies et
des retraites basées sur les anciennes cosmologies africaines. Gogo est une
guérisseuse dévouée à la préservation des méthode ancestrale de guérison.

Que nous le reconnaissions ou non, il y en a qui nous ont précédé, qui nous ont ouvert la
voie, qui ont prié pour nous avant de vous connaître et qui se sont battus pour notre
avenir. Que nous soyons d'accord ou non, ils marchent parmi nous dans le royaume des
esprits. Nous nous tenons sur leurs épaules. Ils sont toujours dans notre sang, dans nos
os, et quand ils guérissent, nous sommes élevés. Lorsque la plupart d'entre nous
entendent le mot "ancêtres", ils se connectent instantanément à leurs parents de sang
qu'ils peuvent ou non connaître. Dans nos traditions, ce mot est plus fluide. Nous avons
les ancêtres et les êtres spirituels des eaux, de l'air, du feu, de la terre, les ancêtres de
sang des lignées paternelle et maternelle, des ancêtres élevés, des ancêtres adoptifs ou
encore des gardiens qui ont choisi de travailler avec nous dans cette vie. Certes nous
venons dans ce monde avec des parents physiques, mais aussi avec des tuteurs spirituel
liés à notre lignée.

21
Cela représente une cour spirituelle puissante et immense. Dans ma tradition, celle des
Sangomas d'Afrique du Sud, les Ancêtres sont au centre de notre travail car ils nous
relient au reste du royaume des esprits.

Il est dit que lorsque nous faisons notre propre guérison intérieure, nous guérissons 7
générations en avant et 7 générations en arrière. Les souvenirs, le pouvoir, les
traumatismes, les douleurs et la sagesse de nos ancêtres traversent actuellement notre
sang / ADN et sont donc stockés dans nos corps énergétiques et physiques.

Certains d'entre nous sont confrontés à la tristesse et à la dépression, aux déséquilibres,


aux maladies, aux phobies/problèmes mentaux et aux modes de vie liés à ce que nos
ancêtres ont pu vivre, ainsi qu'aux expériences qui sont des signes de messages
ancestraux. Beaucoup d'entre nous traversent la vie en ayant des expériences et des défis
que notre environnement moderne ne peut expliquer. Certains voient, entendent et sentent
des choses qu’ils ne peuvent pas assembler parce que nous ne savons plus comment
interpréter et reconnaître les signes et le langage des ancêtres, ni le monde des esprits.
Ensuite, il y a ceux, comme moi, qui ont simplement senti qu'il manquait quelque chose
dans leur vie et se sont sentis déconnectés.

Ignorer les ancêtres, c'est ignorer une partie et un aspect de vous-même. C’est
comme avoir 2 mains mais n’en utiliser qu’une. Nos ancêtres marchent avec nous tous les
jours, ils voient nos luttes, ils peuvent voir ce qui est sur notre chemin et ils nous protègent
constamment. Ils nous communiquent leur sagesse par l'intuition et les signes que nous
devons interpréter. Ils sont capables de voir ce que nous ne pouvons pas et ils nous
guident vers notre Moi supérieur.

Je suis particulièrement fascinée et impressionnée par la sagesse avec laquelle nous


marchons. En tant que iSangoma, j'ai été appelée à travailler avec mes ancêtres qui
étaient des guérisseurs dans les temps anciens.
22
Il y a quelques années, j'ai eu une vision où mes ancêtres me sont apparus en forme de
lions. Je le sais car à un moment donné, ils ont ramassé de la craie et ont dessiné leurs
visages humains sur une planche. J'ai d'abord eu peur et j'ai couru dans la maison quand
je les ai vus. Ils m'ont suivi et finalement, j'ai réalisé qu'ils étaient là pour me guider. L'un
des lions avait une blessure à l'épaule. Cet ancêtre a levé ma main jusqu'à la blessure et
elle a été guérie. Ensuite, ils m'ont emmené à une fenêtre, me montrant comment flotter
physiquement et spirituellement.

Cette vision, et bon nombre de mes expériences m'ont montré à quel point nous sommes
connectés à nos ancêtres et à quel point ils maîtrisent déjà la sagesse que nous pouvons
également posséder aujourd'hui. Nous avons juste besoin de faire le lien, de ne pas avoir
peur et d'honorer leurs sagesse.

Que nous l'entendions ou non, les ancêtres nous parlent toujours d'où ils sont, dans nos
rêves et dans les coïncidences de notre vie quotidienne. Ils ont de la sagesse à nous
transmettre spirituellement. Écoutez & ils parleront.

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GUIDE RAPIDE POUR UNE BONNE LIBATION

1. Quand dois-je verser la libation? Vous pouvez


verser votre libation à tout moment. Le meilleur
moment est le matin, avant de commencer votre
journée. Vous pouvez également faire votre
libation à la fin de la journée, avant de prendre un
repas, au début d'une cérémonie, lorsque vous
terminez une tâche ou pour une célébration. La
libation peut être versée chaque fois que vous en
ressentez le besoin.

2. Quel est le meilleur endroit pour le faire?


Vous pouvez verser une libation n'importe où. En
faisant la bonne incantation, n'importe quel endroit
peut être transformé en un espace sacré.

3. Quels liquides peuvent être utilisés en


libation? L'eau est le liquide le plus approprié.
Vous pouvez cependant utiliser du gin ou toute
autre liqueur blanche selon le type de libation que
vous souhaitez effectuer ou à quel(s) ancêtre(s)
vous la versée.

4. Dans quelle langue dois-je verser ma


libation? La langue n'a pas vraiment
d'importance, n'importe quelle langue peut être
utilisée mais en tant qu'Africains, la langue
maternelle est la meilleure.

24
5. Comment verser correctement une libation?
Il est important d'avoir un récipient avec de l'eau,
face à l'est et lorsque l'individu verse l'eau,
goutte par goutte, sur le sol, il doit faire appel
aux éléments de la nature tels que l'eau, l'air, le
feu, et la terre. Il est également bon de faire
appel à l'univers et ensuite on peut commencer à
appeler les ancêtres.

Avant de conclure ce chapitre, nous aimerions


répondre à une dernière question:

Est-ce verser une libation ou parler à vos


ancêtres une forme de nécromancie?

(La nécromancie est définie comme la conjuration des


esprits des morts dans le but de révéler magiquement
l'avenir ou d'influencer le cours des événements.)

Comme vu précédemment, faire une libation n'a


rien de mal. Lorsque vous honorez vos ancêtres,
vous vous honorez. La pensée coloniale nous a
fait croire que la plupart de nos traditions sont
mauvaises, et parler à nos ancêtres peut donner
l'impression que nous parlons à des morts. Nos
ancêtres ne sont pas vraiment morts. Ils vivent
en nous et s'occupent de nous là où ils sont. La
libation n'est certainement pas utilisée comme un
outil de divination. Ce n'est pas de l'idolâtrie, ni
de la sorcellerie.

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ANCÊTRES BIENVEILLANTS À QUI VOUS
POUVEZ VERSER UNE LIBATION

FEMMES

Ahmose Nefertari (Inconnu) Première reine de la 18e dynastie et l'une des femmes noires les
plus vénérées de l’histoire.
Reine Nzinga (1583-1663) Reine guerrière du royaume de Ndongo et Matamba (aujourd'hui
Angola). Célèbre pour avoir résister à l'invasion portugaise et aux raids d'esclaves pendant 30
ans.
Kimpa Vita (1684-1706) Prophétesse Kongo et guide spirituel.
Cécile Fatiman (inconnue) Mambo haïtienne (ou prêtresse vodou), elle a présidé la cérémonie
de Bwa Kayiman, catalyseur de la révolution haïtienne.
Lieutenant Sanité Bélair (1781-1805) Officier révolutionnaire de l'armée de Saint Domingue
sous Toussaint Louverture.
Yaa Asantewaa (1840-1921) Reine mère d'Ejisu dans l'Empire Ashanti du Ghana, elle a mené la
dernière guerre contre le colonialisme britannique dans le pays.
Mbuya Nehanda (1840-1898) Guide spirituel et leader du premier Chimurenga, ou lutte
révolutionnaire contre le colonialisme britannique au Zimbabwe.
Ida B. Wells (1862-1931) Journaliste, éducatrice et première dirigeante du mouvement des droits
civiques aux Etats-Unis.
Annie Malone (1869-1957) Femme d'affaires, elle a fondé la première marque de produits
capillaires pour femmes noires aux Etats-Unis.
Funmilayo Ransome-Kuti (1900-1978) Éducatrice nigériane, politicienne, militante des droits
des femmes et mère de Fela Anikulapo Kuti.
Miriam Makeba (1932-2008) Chanteuse, actrice et militante Sud-africaine.
Toni Morrison (1931-2019) Romancière, essayiste, éditrice et professeur d’université.
Frances Cress Welsing (1935-2016) Psychiatre afrocentriste, auteur des «Isis Papers».
Octavia Butler (1947-2006) Visionnaire et auteure de science-fiction.

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HOMMES

Imhotep (27e siècle avant JC) Le premier génie connu dans l’histoire du monde.
Ptahhotep (25e-24e siècle avant JC) Sage et fonctionnaire royal à Kemet. Auteur du livre de
sagesse connu sous le nom de “Les instructions de Ptahhotep”.
Dutty Boukman (Inconnu-1791) Premier chef de la révolution haïtienne et figure centrale de la
cérémonie de Bwa Kayiman.
Papa Simon Kimbangu (1887-1951) Prophète Kongo et chef religieux.
Marcus Garvey (1887-1940) Nationaliste noir, leader panafricain et entrepreneur.
Ottawa «OW» Gurley (1868-Inconnu) Entrepreneur afro-américain, fondateur de la “The Black
Wall Street”.
Kwame Nkrumah (1909-1972) Premier président du Ghana et leader panafricain.
John Henrik Clarke (1915-1998) Historien, professeur et pionnier dans la création d'études
panafricaines et africaines.
Général Dedan Kimathi (1920-1957) Chef militaire et spirituel du soulèvement Mau Mau au
Kenya, la lutte armée contre le régime colonial britannique avant l’indépendance du pays.
Patrice Lumumba (1925-1961) Homme politique congolais, leader de l'indépendance et
révolutionnaire qui a été le premier Premier ministre de la République démocratique du Congo.
Malcolm X (1925-1965) Leader dans le mouvement américain des droits civiques, leader
spirituel, nationaliste noir et panafricaniste.
Fela Anikulapo Kuti (1938-1997) Virtuose, pionnier du genre musical Afrobeat et activiste.
Dr Amos Wilson (1941-1995) Psychologue théoricien, théoricien social, penseur panafricain,
universitaire, auteur et professeur d'université.
Walter Rodney (1942-1980) Historien, militant politique et universitaire guyanais.
Thomas Sankara (1949-1987) Révolutionnaire burkinabé et président du Burkina Faso de 1983 à
1987.

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III. LES 9 CONSTITUANTS
DE L'ÊTRE EN ÉGYPTE
ANCIENNE
1. KHAT (LE CORPS)

Le cadavre repose sur un lit de momification en forme de lion. Le corps et le lit sont les deux
signes hiéroglyphiques utilisés à l'origine pour écrire le mot «Khat».

Avant la mort, le Khat, en tant que premier constituant de l'être, était défini comme le principe
d'animation. Le Khat agissant comme le capteur des énergies nécessaires pour s'incarner dans
un corps physique. Relatif et limité dans le temps, le corps n'existe que par son dynamisme
interne, et avec la mort, il libère les autres éléments qu'il enferme dans son enveloppe fragile,
mais tout de même efficace.

Pour nos ancêtres à Kemet, la momification était importante car la préservation du corps
physique préservait en fait une partie importante de l'âme. C'est aussi pourquoi après la mort
d'une personne, des offrandes étaient toujours faites car la croyance était qu'une partie de l'âme
pouvait absorber les vertus et nutriments de ces offrandes.

2. SEKHEM (ÉNERGIE DE VIE)

Le Sekhem est l'énergie de vie qui existe en tout.


Il est dit que le Dieu Ra a envoyé sa fille, Sekhmet, sur terre pour restaurer Ma’at et mettre fin
aux guerres et au chaos. Sekhmet a soufflé des vents chauds sur le désert et a réduit l'humanité
en cendres. Sa soif de sang est devenue si incontrôlable que son père, Ra, a dû préparer un
mélange d'herbes, de jus de grenade et de bière pour lui faire croire qu'il s'agissait de sang. Elle
bu, devint ivre et dormi pendant 3 jours. À son réveil, son désir de sang avait disparu et
l'humanité fut sauvée.

Tous les dieux de Kemet étaient considérés comme des forces Sekhem en raison de leur
association à l'énergie de vie. Amon était considéré comme la grande force Sekhem, et Ra était
le Sekhem des cieux et du soleil.

La double couronne royale que les Grecs appelaient le Pschent s'appelait en réalité Sekhemty
(également orthographié Sekhemety) - les deux puissants, en référence aux deux royaumes de
Haute et Basse Égypte.
29
Le Sekhemty était une combinaison de la couronne blanche Hedjet du nord de l'Égypte et de la
couronne rouge Deshret du sud de l'Égypte. Les deux couronnes représentaient ensemble l'unité.
Ici, le roi était le Sekhem du pouvoir donné par les dieux.

Il est également important de noter que Sekhem apparaît comme une force dangereuse si elle
n'est pas manipulée avec sagesse. Tout comme le feu, la force Sekhem peut brûler et détruire. Il
faut savoir utiliser l'énergie vitale car c'est une épée à double tranchant, qui peut se retourner
contre ceux qui en abusent. D'un autre côté, si elle est bien utilisée et bien maîtrisée, la force
Sekhem devient bénéfique et dynamise harmonieusement les neuf autres corps.

3. REN (LE VRAI NOM)

Ren est le nom ou “la signature” d'un être. Il représente son identité et sa vibration particulière.
À Kemet, le nom était donné lors du rite du baptême, qui était comme une naissance spirituelle.
Lors du couronnement du Pharaon, il existait un rituel que nous pourrions traduire par
“Proclamation des noms royaux”, dans lequel 5 noms étaient donnés au souverain. Ces noms
étaient comme un programme, définissant les principaux domaines du destin choisi par le
Pharaon. De plus, le Ren est aussi ce qui permet de rester dans la mémoire de l'humanité.

4. KHAIBIT (L'OMBRE)

Le Khaibit, parfois appelé Chouyt / Shuyet, est l'ombre.


Le Livre des Morts dit que c'est la première forme de l'âme qui sort du corps.
Le Khaibit correspond à ce que le New Age appellerait le corps éthérique.
Le corps éthérique représente la première ou la plus basse couche du “champ d'énergie humain”
ou aura. Éthérique vient du mot «éther» qui fait référence à l'état entre l'énergie et la matière.

Dans le cas du Khaibit, l'ombre a deux significations: premièrement, la protection, telle que
traduite par "l'ombre de Dieu est sur moi" et deuxièmement, la projection, où le Khaibit
peut se projeter à travers le processus de duplication. C'est cette “projection” que nous
retrouvons dans les exemples de mort clinique par example.

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Dans le Khaibit s'accumule la conscience instinctive acquise au cours de l'existence. Une
conscience qui permet, au moment de la mort, le passage du visible à l'invisible, et le
développement de l'oiseau, Ba.

5. BA (LA PERSONNALITÉ)

Dans les papyrus du Livre des Morts, le Ba est un oiseau à tête humaine (la tête du défunt)
s'échappant de l'ombre Khaibit.

Prenant la forme d'un oiseau à tête humaine, le Ba était la façon dont l'âme pouvait se déplacer
entre le monde physique et le monde spirituel. Les Égyptiens croyaient également que le Ba
voyageait encore occasionnellement entre les deux royaumes alors qu'une personne était en vie,
mais que le voyage qu'il faisait entre les deux mondes augmentait considérablement après la
mort.

Ba a également été utilisé pour représenter la manifestation visible de l'action divine dans le
monde. A savoir, le vent était le Ba de Shu, la pluie celle de Heh (espace liquide), l'eau, le Ba de
Nun, et la nuit, le Ba de Kek. Nous voyons ici que chaque manifestation est associée à un
élément particulier.

Sous sa forme plurielle «Baou», il devient plus qu'un élément unique. Les crocodiles sont les
Baou de Sobek, les béliers sont les Baou d'Osiris et les étoiles sont les Baou des dieux. Le Ba
est un élément clé. Ba représente la force de vie.

Pendant la momification, le Ba quitte le corps à travers les liquides s'écoulant de la peau.


Dans toutes les tombes pharaoniques, on trouve de petits talismans, en forme d'échelles,
symbolisant la montée du Ba, ou l'ascension de l'âme vers une autre réalité.

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6. AB (LE COEUR)

Si le Ba est l'acteur, l'Ab est le témoin qui enregistre tout. Ab, également connu sous le nom Ib
ou Jb, est le cœur. Pour nos ancêtres de Kemet, le coeur était la base de tout.
Pour les anciens Égyptiens, le cœur était le siège de l'intelligence. Le hiéroglyphe du coeur, un
petit vase placé dans la balance de Ma’at lors de la fameuse pesée du coeur, symbolise la
conscience comme puissance morale. Face à Osiris, le défunt implore son coeur de ne pas
témoigner contre lui et affirme: “J’ai la connaissance de mon coeur” en d’autres termes; “je suis
pur par la vertu et par la connaissance.”

Ici, le coeur est aussi le siège de l’activité créatrice. Dans les danses rituelles, par exemple, le
déplacement commençait toujours vers la gauche, du côté du coeur. On entrait de même dans le
temple, avec le pied gauche en premier.

Les Egyptiens distinguent encore Ab, le coeur de la compréhension, de Haty, le coeur en tant
que siège des passions. Le coeur Ab est associé au babouin Hapy, l’animal de Djehuty (Thot),
divinité par excellence de la connaissance.

Sur le coeur des momies, qui est toujours laissé en place, on posait un scarabée vert, symbole
de renaissance. Les grands prêtres portaient souvent un pectoral dont le centre était un coeur
d’or et d’argent. L’or évoquant la conscience universelle, Ra et l’argent, la connaissance
dispensée par Djeguty. Porter ce bijou était signe de haute initiation car “explorer son coeur,
c’est connaître l’univers.”

7. KA (L'ESSENCE VITALE)

Le Ka est l'essence vitale. Ka est ce qui fait la vie. Chaque entité vivante a un Ka.
Ka est représenté par un seul hiéroglyphe: les deux bras levés, comme des antennes, pour
capter, dit-on, l'énergie des étoiles.

Kaou, pluriel de Ka, se traduit par «aliments», qui sont les offrandes placées devant les dieux ou
dans les tombes.

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Le Ka a une triple fonction:
Premièrement, il s’agit d’une source de création et de vie. Deuxièmement, c'est la force motrice
qui maintient le "feu vital", assurant à la fois la croissance du divin et celle de l'humain. Et enfin,
Ka est un pouvoir protecteur.

Le Ka peut être décrit comme un «Double». En d'autres termes, une réflexion immatérielle du
corps physique. Nous nourrissons notre Ka dans la vie en vivant et pratiquant la Ma'at, par des
prières et de la méditation, mais aussi en recevant des prières. D'un autre côté, nous comptons
sur nos descendants pour le nourrir avec des offrandes lorsque notre khat (corps physique)
meurt.

On dit que le sphinx est le Ka d'Egypte car il incarne toute la puissance magnétique de cette
terre.
Le Ka à lui seul rassemble les quatre éléments: l'air, l'eau, le feu et la terre.
Le Ka rend la chair saine, attire la connaissance et donne la vertu morale. Le champ d'action Ka
est infini et fonctionne à la fois sur les plans physique et spirituel. Le Ka est très important.

8. AKH (LE SOI IMMORTEL ou "SOI SUPÉRIEUR")

Si le Ka est donné, l'Akh, au contraire, doit être acquis. Pour le recevoir, un long travail sur soi
est nécessaire. Akh est une forme d'existence transcendante et parfaite. Comme la force
Sekhem (énergie vitale), l'Akh doit être bien maîtrisé. Sous la forme d'un loup, l'Akh est
bénéfique, cependant, s'il adopte la forme d'un serpent, il devient dangereux.

La puissance Akh a 3 composantes:


- Le Akh Cosmique ou la lumière prenant forme dans l'obscurité.
- Le Akh Naturel ou la lumière qui s'incarne dans le corps physique.
- Le Akh Superpuissance ou lumière de l’Esprit, ce que l'homme utilise pour revenir vers l'unité
avec son Créateur.

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L'idée d'Akh comme esprit ancestral nous ramène au concept que chaque individu hérite au
moins une partie de lui de ses ancêtres. Le sens du terme Akh englobe donc les notions à la fois
de provenance et de retour aux ancêtres.

Akh, cependant, n'est pas une fin en soi. La force Akh est ce qui permet de gravir toutes les
étapes de la spiritualisation. Il marque la renaissance spirituelle de l'homme et enfin, ce qui fait
de lui un Sa-Hu.

9. SA-HU (L'ÂME INCORRUPTIBLE)

Le 9ème (et dernier) constituant est le Sa-Hu. Son hiéroglyphe est un nœud qui fixe en l’homme
sa nature divine.

Sa est la connaissance de toutes choses. C'est la sagesse et l'intelligence divine. Hu est le


principe nourrissant, l'essence de vie et la puissance divine & créatrice de la Parole.

Le Sa-Hu est le corps spirituel de l'homme. Il se distingue du corps physique après que le
jugement des morts (en cas de succès) et conserve toutes les capacités mentales et spirituelles
d'un corps vivant.

Sa-hu est également associé à Orion car en effet, les anciens Égyptiens croyaient qu'Orion était
l’endroit d'où l’homme venait et retournait.

Cette présentation des neuf corps nous montre, une fois de plus, à quel point nos ancêtres
étaient bien informés en termes de métaphysique et de connaissance quantique.

34
IV. LA LOI DE LA
RÉINCARNATION DANS
LA TRADITION AFRICAINE
LA LOI DE LA RÉINCARNATION DANS LA TRADITION AFRICAINE
KIATEZUA LUBANZADIO LUYALUKA

Le but de cette article est de montrer que la loi de la réincarnation n’est pas une doctrine
de la religion négro africaine d'origine. Pour le prouver, deux approches seront utilisé:
l’approche cosmologique et l’approche métaphysique. Grâce à ces deux approches, je
vais montrer aux lecteurs que la réincarnation en Afrique n’est qu’une croyance et non
une loi de la nature comme dans la culture hindoue.
Depuis les années 60, nous assistons à un plus grand éveil de la pensée africaine qui se
traduit par une prise de conscience de notre passée glorieux. Cet éveil, qui était d’abord
l’oeuvre de penseurs scientifiques, tel que Cheikh Anta Diop, trouve aujourd’hui dans le
milieu noir, un écho pragmatique dans la résurgence de courants théologiques qui
cherchent à remettre sur la selle la spiritualité africaine.
Cependant, dans leurs efforts de ramener l’Africain vers les valeurs spirituelles qui ont
fait l’object de son épanouissement d’antan, beaucoup de savants africains nous
rapportent des aspects qui n’ont rien à voir avec la vraie religion négro-africaine. L’un de
ces aspects, emprunté soit aux sciences occultes occidentales, soit directement aux
religions hindouistes, est la loi de la réincarnation.

QU'EST-CE QUE LA RÉINCARNATION?

Dans son ouvrage “Past Life Regression”, Florence Wagner Mclain défini la reincarnation
comme “la théorie selon laquelle l’âme de l’homme (ou la conscience) survie au corps et à des
intervalles variés renaît dans un autre corps dans le but de croitre en connaissance, en
sagesse et en conscience-de-soi.”

Cette doctrine aussi appelée métempsycose ou transmigration des âmes, est liée à la loi du
karma, selon laquelle toute pensée, toute parole, ou tout acte bon ou mauvais attire à son
équivalent de bonheur ou de souffrance. Faisant allusion à ce lien entre la réincarnation et la
loi du karma, Robert Brow écrit: “la réincarnation hindoue implique un retour à une position
supérieure ou inférieure selon la conduite antérieure.”

37
LA RÉINCARNATION DANS L'HINDOUISME

Selon les enseignements hindous, les malheurs des êtres humains viennent du fait qu'ils
souhaitent profiter de maya (l'illusion) plutôt que d'en sortir.

Littéralement, maya signifie illusion. Ils voilent le «Je», également appelé Jiva, de sorte qu'ils
deviennent ignorant de leur vraie nature, l'esprit. Ce voile crée une illusion et la croyance en la
dualité. Maya Se réfère à l'acceptation du temporaire comme ayant une valeur durable et à la
recherche du bonheur dans ce monde. Sous l'influence de maya, l'âme s'identifie à tort avec le
corps.

Pour les adeptes de l'hindouisme, la réincarnation est un moyen d'échapper au pouvoir illusoire
de maya, qui empêche les humains de faire l'expérience du Moksha. Les enseignements hindous
décrivent Moksha comme l'acte d'émancipation et de libération. Moksha implique la liberté ou la
libération du cycles des naissances, de la mort et de la réincarnation.

Cependant, selon la pensée hindoue, quand quelqu'un meurt et va dans l'au-delà, il se trouve
dans une plus grande illusion. Ainsi, puisque le but de l'homme est de sortir de l'illusion, la
tendance naturelle de l'hindouisme est de revenir au plan de la moindre illusion, d'où la croyance
en la réincarnation. Ici, la réincarnation est la tendance naturelle.

LA LOI DE LA RÉINCARNATION N'EST PAS AFRICAINE

La doctrine de réincarnation tire donc son origine de la culture hindoue. Cette doctrine ne fait
pas partie des dogmes de l’Egypte des pharaons, d’où la plupart des croyances spirituelles
africaines tirent leurs sources. C’est donc à tort que la plupart des courants spirituels
afrocentristes soulignent cette doctrine comme partie intégrante de la spiritualité enseignée et
vécue par nos ancêtres. La cosmologie et la métaphysique africaine permettent à quiconque s’y
penche, avec assez de lucidité scientifique, de démontrer que la loi de la réincarnation ne fait
pas partie de l’éventail des doctrines enseignées et vécues par nos ancêtres.

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Dans la culture spirituelle africaine, les choses sont différentes. L'Africain croit que le monde est
une réalité créée et pas une illusion. Dans sa cosmologie, l'Africain distingue plusieurs plans
d'existence qui sont supérieurs à ce plan dans lequel nous vivons. L'Africain considère que le
bien que nous voyons n'est qu'un avant-goût du plus grand bien qui est dans l'au-delà, parmi les
ancêtres, car eux sont plus proches du Créateur que nous vivant sur ce plan.

La culture hindoue et la culture africaine n'ont pas la même notion de cosmologie. Dans la
culture hindoue, il n'y a aucune notion de Créateur et l'hindouisme enseigne que le bien et le mal
que nous voyons maintenant ne sont qu'illusions (maya).

Dans la pensée africaine, quand les gens meurent, ils progressent vers un plus grand bien, mais
trouvent encore un bien beaucoup plus grand devant eux. Après la mort, il y a la vie. Ainsi,
puisque le but est de sortir de l'illusion de la limitation, la tendance naturelle de la doctrine
africaine est de progresser vers l'infini. La réincarnation est donc essentiellement une tendance
non naturelle. Dans la spiritualité africaine, il n'y a pas de réincarnation en soi, mais plutôt ce
que nous pourrions appeler la transmigration de l'esprit.

DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX PHÉNOMÈNES

Les trois différences suivantes peuvent être établies entre la transmigration de l'âme et la
transmigration de l'esprit:

Dans l'expérience de la réincarnation ou de la transmigration de l'âme, le corps initial cesse


de vivre tandis que le nouveau corps commence à exister. Ceci est différent du phénomène
de la transmigration de l'esprit, dans la pensée africaine, où l'expéditeur et le ou les
récepteurs continuent d'exister.
La transmigration de l'âme se produit entre deux corps, tandis que dans la transmigration de
l'esprit, il peut y avoir plusieurs récepteurs.
Le résultat essentiel de la transmigration de l'esprit est que les attributs sont partagés avec
un (ou plusieurs) autres individus sans s'épuiser chez l'expéditeur, tandis que dans la
réincarnation les attributs sont totalement épuisés dans le premier corps qui meurt.

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LA CROYANCE EN LA RÉINCARNATION DANS LA TRADITION AFRICAINE: EXEMPLES
DE TRANSMIGRATION DE L'ESPRIT À TRAVERS L'AFRIQUE

1. Le sens profond de la transmigration de l'esprit dans le Bukôngo

Dans le contexte de la culture Kôngo, le concept de transmigration de l'esprit du mort au vivant


est lié à celui du nom (nkûmbu) donné à un nouveau-né. Nkûmbu vient du verbe kûmba, «être
bruyant à l'étranger», «beaucoup parlé», «être dans la bouche de tous» ou «être célèbre»
(kûmba, s.d.). Ici, l'acte de donner un nom à un enfant s'appelle tômbola, ce qui signifie
littéralement élever. Le nom est appelé dans ce cas «nkûmbu antômbola» ou «zina di ntombola»,
zina et nkûmbu étant synonymes.

Lorsqu'on s'enquiert du nom attribué à un enfant, l'expression habituelle est: «nkûmbu a nani
batômbole?», «D'où le nom a-t-il été elevé?». C'est très instructif, car nous apprenons de cette
question que ce qui est ressuscité du monde des morts n'est pas un ancêtre, mais leur nom, leur
renommée et leur bonne nature. Il est donc inhabituel de parler de réincarnation, ou de
transmigration de l'âme.

Il faut noter que la question peut se réduire à un simple: «nani batômbole», «qui a été élevé?»
Cependant, cela ne signifie pas qu’une âme est ramenée à la vie. Ici, cette perception est exclue
par deux concepts:

Pour Lembe-Masiala (2007), les Basolongo (une sous-ethnie Kôngo) disent «nkûmbu a mûntu, i
mûntu» ce qui signifie que «le nom identifie la personne». Cela équivaut à dire que le nom et la
manière d'être sont intimement liés. Ainsi la question «nani batômbole» ne renvoie aux morts
qu'au figuré. La pratique d'élever un nom «tômbola nkûmbu» n'est pas exclusivement réservée
aux ancêtres. Le nom d'un membre de la famille vivant ici, ou d'une personne liée à la famille et
vivant dans ce plan, peut également être indiqué.

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Il est également intéressant de noter la similitude qui peut être établie entre ce concept kôngo de
nkûmbu antômbola, nom qui fait la renommée d'un ancêtre, et la coutume égyptienne du nom ka.
Le nom Ka peut être décrit comme "le nom qui est donné à une personne en fonction du ou des
attributs de bases, spécifiques à son âme."

2. Transmigration de l'esprit chez les Bomitaba d'Afrique centrale

Selon M. M. Madzoko, originaire de la province de Likouala (République du Congo) avec qui


nous avons eu une conversation, lorsqu'un bébé naît, les parents ne sont pas pressés de trouver
un nom. Ils s'enquièrent auprès des ancêtres pour savoir qui «passe par cet enfant». Les parents
et toute la famille attendent que l'enfant, dans un rêve, annonce le nom de l'ancêtre qui "est
venu". Cette conception de la Bomitaba est-elle une croyance en la loi de la réincarnation?

Correctement expliquée, cette pratique Bomitaba reflète non pas une croyance en la loi de la
réincarnation, mais plutôt une croyance en la transmigration de l'esprit. Selon mon informateur,
la transmigration de l'esprit chez les Bomitaba ressemble à la pratique Kôngo et comporte les
caractéristiques suivantes:

Contrairement à la transmigration de l'âme, l'ancêtre qui est censé être «venu» par la naissance
de l'enfant ne cesse pas de vivre dans l'au-delà, mais devient au contraire le protecteur du
nouveau-né. Les qualités développées par l'ancêtre sont supposées apparaître chez le nouveau-
né.

Comme chez les Bakôngo, ce phénomène peut se produire entre l'ancêtre et plusieurs autres
enfants de la famille. Je porte le nom de mon défunt grand-père «Luyaluka», mais je ne suis pas
le seul à posséder son nom dans la famille élargie, car nous étions trois à porter le même nom
simultanément. Tous ces traits démontrent que le phénomène évoqué par les Bomitaba est
cohérent avec l'expérience de la transmigration de l'esprit et non de la transmigration de l'âme.

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3. Transmigration de l'esprit chez les Yoruba

En parlant de réincarnation chez les Yoruba du Nigéria, Ọsanyìnbí & Falana (2016) affirment les
faits suivants:

La réincarnation est la croyance que les membres de la famille qui sont décédés reviennent à la
vie, en tant que nouvel enfant dans la famille à laquelle ils appartenaient lorsqu'ils étaient
vivants. Ceci est généralement identifié par la ressemblance, les rêves ou la divination pour
confirmer les réincarnations d'ancêtres particuliers. Les enfants reçoivent des noms tels que
Babatunde («retour du père») ou Yetunde («retour de la mère»). Ces ancêtres sont égale;ent
invoqués pour aider leurs descendants (Osanyinbi & Falana, 2016, p. 62).
Il faut cependant noter le parallélisme entre cette conception des Yoruba et la conception des
Bomitaba. Le fait que «ces ancêtres sont invoqués» alors qu'ils sont censés être «réincarnés»
chez l'enfant montre que ce qui est évoqué ici n'est pas en réalité une transmigration de l'âme,
car pour être invoqués les ancêtres doivent être vivants dans l'au-delà. Le phénomène décrit ici
est donc en réalité une transmigration de l'esprit et non une réincarnation comme le supposent à
tort les auteurs.

4. Transmigration de l'esprit chez les Esan

Les Esan sont un groupe ethnique du sud du Nigéria. En parlant du concept de réincarnation, les
Esan disent que seuls les esprits ancestraux peuvent se réincarner et ils peuvent le faire chez
plus d'un enfant. On apprend ici que:

Cette transmigration se fait entre l'ancêtre et un enfant ou plus.


La personnalité et le caractère de l'ancêtre se voient chez le nouveau-né.

Au vu de ces deux caractéristiques, il est facile de comprendre que cela nous ramène
également à la description de la transmigration de l'esprit.

42
5. Transmigration de l'esprit chez les Igbo

Les Igbo sont également un groupe ethnique du Nigéria. Écrivant sur leur croyance en la
réincarnation, Stevenson (1985) nous informe que:

"De nombreux Igbos croient qu'une seule personne décédée peut se réincarner dans deux corps
physiques ou plus. En effet, une personne peut se réincarner dans jusqu'à dix ou douze corps
nés plus tard. Ce processus, dans un sens, implique une duplication de l'âme. Cependant , cela
implique également une «division» de l'âme, car différentes traits de caractère, et même
différents traits physiques de l'ancêtre, peuvent s'exprimer dans la réincarnation multiple de
cette personne. "

Quant à la séparation de l'âme, Ogbujah (2008) répond que cette situation «ne prouve ni
l'ubiquité de l'existence, ni ne détruit ni ne diminue la vie des défunts dans le monde des
esprits». Ce qu'il faut retenir de ces deux savants sur la croyance de ce groupe ethnique nigérian
est que: a) la transmigration peut se produire entre un ancêtre et un ou plusieurs nouveau-nés et
b) il y a une résurgence du caractère et des traits chez les descendants, mais les ancêtres ne
sont ni détruits ni diminués. Encore une fois, ces deux croyances caractéristiques de la culture
Igbo sont cohérentes avec la doctrine de la transmigration de l'esprit telle qu'observée dans la
culture Kongo.

43
6. Transmigration de l'esprit chez les Luo

Selon l'Encyclopédie de la religion africaine, les Luo (Jaluo et Joluo) sont un groupe ethnique
important au Kenya, dans l'est de l'Ouganda et dans le nord de la Tanzanie (Asante, 2009b, p.
390). À propos de la croyance en la réincarnation chez les Luo, l'encyclopédie nous informe que:

L'enfant est généralement nommé entre la naissance et l'âge de 2 ans après l'apparition d'un
ancêtre dans un rêve à un membre adulte de la famille. En fait, cela signifie que la personne qui
fait de bonnes actions et qui est bien respectée retournera dans un rêve aux vivants et
recommencera ainsi le processus de réincarnation. Lorsque l'enfant est nommé, il ou elle
prendra certaines des caractéristiques de l'ancêtre revenu. Ainsi, par exemple, si l'ancêtre était
bon, l'enfant devient une personne gentille dans la vie. L’ancêtre nommé devient l’esprit
directeur de l’individu tout au long de sa vie (Asante, 2009b, p. 391).

Nous apprenons de cette coutume Luo que:

L'enfant prend certaines des caractéristiques de l'ancêtre.


Les ancêtres deviennent l'esprit directeur et protecteur de l'enfant. Cela implique que l'enfant
et l'ancêtre sont tous deux vivants, ce qui, encore une fois, contredit la transmigration de
l'âme.

Ces deux caractéristiques de cette pratique Luo sont cohérentes avec la croyance en la
transmigration de l'esprit plutôt qu'avec la loi de la réincarnation.

44
CONCLUSION: LA CROYANCE EN LA RÉINCARNATION DANS LA TRADITION AFRICAINE

La réincarnation dans la tradition africaine n'est donc pas une loi, comme ces exemples viennent
de le montrer, mais plutôt une croyance, où: 1) L'individu peut librement choisir de retourner sur
ce plan, car il se croit incapables de progresser vers les plans supérieurs , ou 2) L'individu peut
librement choisir de retourner dans ce plan pour aider son peuple à progresser ou, dans certains
cas, revenir pour s'occuper d' «affaires inachevées».

Cependant, il faut souligner que dans les deux cas ce n'est pas une loi, mais une croyance qui
va à l'encontre de la loi de la progression vers l'infini. Ainsi, puisque la réincarnation n’est pas
une loi dans la spiritualité africaine, nous devrions plutôt enseigner comment nous protéger de
cette croyance qui va à l’encontre de l’ordre naturel des choses ou encore de la Maât, tel que
dicté par la philosophie ancestrale de l’Afrique. L'accent doit donc être mis sur la loi de la
progression vers l'infini mais surtout une véritable compréhension de celle-ci, sans toutefois
écarter la loi de la réincarnation.

Comparée à l'hindouisme, la doctrine de la réincarnation n'a aucun fondement scientifique dans


la vraie pensée négro-africaine. Dans la cosmologie africaine, le bien présent est perçu comme
une préfiguration d'un bien plus grand, qui se trouve chez les ancêtres. Ainsi, l'ordre naturel des
choses dicte que l'âme (africaine) doit évoluer vers l'infini et non se réincarner.

Ce que les gens appellent souvent à tort la réincarnation dans la culture africaine n'est qu'une
transmigration de l'esprit. La transmigration de l'esprit et la réincarnation sont deux phénomènes
distincts. Alors que la réincarnation implique le passage de l'âme d'un corps à un autre, la
transmigration de l'esprit implique plutôt la contribution ou l'aide d'un ancêtre afin de soutenir un
ou plusieurs êtres du plan inférieur.

Selon la loi de progression vers l'infini, qui est une doctrine africaine, celui qui accepte la
croyance en la réincarnation est privé d'un élan dans le sens du progrès, à moins que la
motivation pour accepter cette croyance soit un besoin d'aider l'humanité dans sa croissance.
Asé!
45
V. DÉCOLONISER LA LANGUE
50 NOMS POUR DÉSIGNER
DIEU EN AFRIQUE
GLOSSAIRE
Ab:
(Égypte ancienne) Également IB ou JB, il symbolisait le cœur. Il était considéré comme le siège
de l'intelligence.

Akh:
(Egypte ancienne) L'esprit, forme supérieure de l'âme.

Ammit:
(Égypte ancienne) Divinité qui représentait le jugement des âmes dans l'au-delà. Lors de la
cérémonie de la pesée du cœur, si le cœur du jugé était plus lourd que la plume de Ma’at, alors
la personne était immédiatement consommée par Ammit. Cette divinité est représentée en partie
lion, hippopotame et crocodile.

Amon:
(Ammon, Amun, Amen, Amani Imam, Imana) Dieu suprême en égypte antique, «Roi des dieux»,
le créateur et père de tous les dieux.

Animisme:
(du mot latin «anima») Souffle, esprit ou vie. La croyance que les objets, les lieux et les
créatures possèdent tous une essence spirituelle distincte.

Apep:
(Apepi, Apophis, Aapep) Ancien esprit égyptien du mal, des ténèbres et de la destruction. Ce
démon de destruction était représenté comme un serpent.

50
Ba:
(Baou pluriel) L'un des 9 aspects de l'âme dans l'Égypte ancienne, le Ba représente la mobilité
de l'âme entre le domaine physique et spirituel. Il est représenté comme un oiseau à tête
humaine planant au-dessus de la momie décédée.

Bakongo / Besikongo:
Un groupe ethnique bantou vivant en Afrique centrale, principalement au Congo.

Bukongo:
La sagesse du Kongo, la mystique du Kongo, la foi et religion traditionnelle des Besikongo ou
Bakongo.

Cheikh Anta Diop:


Historien, anthropologue, physicien et homme politique sénégalais qui a étudié les origines de la
race humaine et la culture africaine précoloniale.

Deshret:
La couronne rouge de Basse Egypte.

Duat:
(Egypte ancienne) Les enfers ou le royaume des morts.

Hedjet:
La couronne blanche de la Haute Egypte.

Heh:
(Egypte antique) Le dieu de l'infini et du temps, de la longue vie et de l'éternité.

Isfet:
(Égypte ancienne) "L'acte de faire le mal". Représente le chaos, l'injustice et le déséquilibre.
51
Ka:
(Égypte ancienne) «Âme» ou «esprit». C'est l'essence même de la vie. Au pluriel, Kaou, il
représente la «nourriture» ou offrandes déposées devant les dieux ou dans les tombeaux.

Karma (Loi du karma):


Dans l'hindouisme et le bouddhisme, la somme des actions d'une personne dans cet realité, ainsi
que dans dees états d'existence antérieurs, est considérée comme déterminant dans le sort d'un
individu dans des existences futures.

Kek:
(Égypte antique) Kek (Kuk, Keku) signifie l'obscurité. Kek était le dieu de l'obscurité du chaos.
Cette obscurité qui existait avant que le temps ne commence.

Khaibit:
(Égypte ancienne) Également connue sous le nom de Shouyt, elle représente l'ombre. Dans
l'ésotérisme occidental, nous pouvons le comparer au corps éthérique.

Khat:
(Egypte ancienne) Le premier constituant de l'être, le corps physique.

Libation:
L'action ou rituel de verser un liquide comme offrande aux ancêtres, aux esprits ou aux divinités.

Ma’at:
Déesse de la vérité, de la justice, de l'harmonie et de l'équilibre. Ma'at représente également
l'ensemble des lois qui regissent l'univers. Également associé à la philosophie originale du
peuple africain.

Maatiou:
Disciples et gardiens de la Ma’at.

52
Maya:
(Sanskrit: «magie» ou «illusion») L'acte d'accepter le temporaire comme ayant une valeur
durable et de rechercher le bonheur dans le monde physique. Aussi le pouvoir magique avec
lequel une divinité peut faire croire aux êtres humains ce qu'elle veut.

Moksha:
Un terme trouvé dans l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme désignant l'émancipation ou la
libération. Il symbolise la libération du cycle de naissance, de mort et de réincarnation.

Narmer:
Ancien roi égyptien représenté et considéré comme l'unificateur de la Haute et de la Basse
Égypte. Aussi connu comme le premier roi de la terre.

Nécromancie
La conjuration des esprits des morts dans le but de révéler magiquement l'avenir ou d'influencer
le cours des événements.

Nsw (Nsu):
Nom original pour pharaon.

Nun:
(Egypte ancienne) Eaux primordiales, substance la plus ancienne et la plus fondamentale du
cosmos. Les eaux dont la création a commencé.

Orion:
La constellation d'Orion est l'une des constellations les plus brillantes et les plus connues du ciel
nocturne. Les étoiles d'Orion étaient associées à Osiris, le dieu de la renaissance et de l'au-delà.
En Egypte Antique, la croyance considérait qu'Orion etait le lieu d'origine de l'humanité.

53
Osiris / Ausar:
Selon l'ancienne tradition africaine, Ausar (Ousiré / Osiris) a été le premier envoyé de Dieu (Sa
Râ = fils de Dieu) à apparaître sur terre, en Afrique. Il a hérité de la responsabilité de veiller sur
le trône du Dieu Geb (le sol terrestre) et sa mission était de guider les hommes sur le chemin de
la sagesse divine. Sa sœur et épouse Aset (également Aseta, Aissata ou Isis) a été envoyée par
Dieu pour l'aider à mener à bien sa mission. Ausar est parfois décrit comme un pharaon qui a
enseigné aux Anciens Égyptiens les arts de la civilisation, y compris l'agriculture. C’est lui qui
détient les secrets de la germination éternelle du corps de Geb et qui a introduit aux hommes les
lois divines de Dieu qui régissent l’univers entier: la Ma’at.

Dans le Medju Neter (la langue de Kemet), Ousiré est aussi appelé "Wounnefer" (Wn Nefer) à
savoir "le divin étant perpétuellement bon", ou "Kem Our" (Km Wr), "le Grand Noir" et à cause de
son rôle dans le maintien de Ma'at, il est également connu sous le nom de "Neb Ma'at" ou
seigneur de la vérité et de la justice. Asar est également l'un de ses noms. Dans le panthéon
égyptien des divinités, il est le Dieu de la résurrection, du monde souterrain , et de l'au-delà.

Symboliquement, Ausar représente l'être parfait que nous voulons tous devenir ou encore, le soi
supérieur.

Pschent:
(Mot grec) Double couronne portée par les souverains de l'Égypte Ancienne. Il s'agissait d'une
combinaison des couronnes Hedjet et Deshret.

Ptah:
(Egypte antique) Divinité en chef de la ville de de Memphis. Dieu de l'artisanat et de
l'architecture. Époux de Sekhmet.

Ra:
Dieu représentant le soleil en Égypte Ancienne.

54
Réincarnation (ou transmigration de l'âme):
La théorie selon laquelle l'âme de l'homme, ou la conscience, survit au corps et revient à divers
intervalles pour naître dans un autre corps dans le but de croître en connaissance, en sagesse et
en conscience de soi.

Ren:
(Egypte ancienne) Le nom.

Sa-Hu:
(Égypte ancienne) L'âme incorruptible ou le corps spirituel de l'homme, qui pouvait demeurer
dans les cieux une fois jugé par Osiris et digne d'une existence éternelle.

Sangoma (iSangoma):
Guérisseuse très respectée chez le peuple zoulou (Afrique du Sud). La Sangoma guérit les maux
physiques, mentaux, spirituels et émotionnels.

Sekhem:
(Égypte ancienne) Énergie vitale qui existe partout et en tout.

Sekhmet:
(Egypte ancienne) Déesse guerrière et déesse de la guérison, elle était la protectrice des
pharaons et celle qui les menait en guerre. Patronne des guérisseurs et des médecins,
protectrice et arbitre de la Maat.

Sekhemety (Sekhemty)
Le nom original de la double couronne royale de Kemet qui représentait l'unification de la haute
et de la basse Egypte. (voir Pschent)

55
Shu:
(Égypte ancienne) Dieu de l'air

Sobek:
(Égypte ancienne) Divinité des crocodiles, du Nil et à la fertilité des terres.

Totem:
Un être spirituel, un objet sacré (animal ou plante), emblème d'une tribu, d'un clan ou d'une
famille souvent utilisé comme rappel de l'ascendance et de la protection ancestrale.

Transmigration d'esprit:
Processus dans lequel les attributs (ou certains) d'une personne sont reçus par une ou plusieurs
personnes. Aussi l'idée africaine originale de «réincarnation».

Ubuntu:
La qualité d'être Humain, c'est un mot Nguni Bantu (Afrique du Sud) qui signifie «Humanité».
Une philosophie construite autour de l'idée «je suis parce que nous sommes».

Vodun:
Une ancienne religion africaine pratiquée principalement par le peuple Fon du Bénin et du sud /
centre du Togo, mais trouvée partout dans le monde.

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CONTRIBUTEURS

CONTENU ECRIT

Professor Kimani Nehusi - Temple University, Philadelphia USA


Professor Kiatezua Luyaluka, Ph. D. - Institut des Sciences Animiques, Kinshasa RDC
Avénon “Shaka” Amoussou
Marion Laubhouet-Akadié
Gogo Thule

GRAPHIC DESIGN

Zeben Zebehi
BrownCoffeeMoka
Keren Lasme
Mark Modimola
Chidozie Ekwensi

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ILLUSTRATIONS & PHOTOGRAPHIES
Couverture ZEBEN ZEBEHI
"Ma'at" BROWNCOFFEEMOKA
"Ma'at" Mark Madimola
Quotes Keren Lasme
Sacred Geometry Chidozie Ekwensi
"The Weighing of the Heart" from egypt-museum.com
Fulani Man, Sara Man Tchad/ Central Africa Republic via Getty (Collage, p14)
Men from the Central Africa Republic, Somali Man, Woodabe Man via Getty Niger
(Collage, p15)
Bakuba Chief, Bakuba Elder, South Sudanese man via Getty (Collage, p16)
"Libation" BROWNCOFFEEMOKA
"Ankh" BROWNKOFEEMOKA
"Mbumba" BROWNKOFEEMOKA
Archives de famille Marion Laubhouet-Akadié

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SOURCES

Kimani S.K Nehusi (2015) Libation: An Afrikan Ritual of Heritage in the Circle of Life
42 Laws of Ma’at (p.) Retrieved from http://cornerofknowledge.com/the-42-laws-of-maat-the-original-
commandments
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Asante, M. K. (2009a). Ancestors. In M. K. Asante & A. Mazama (Eds.), Encyclopedia of African religion
(pp. 45-52). Thousand Oaks, CA: Sage.
Asante, M. K. (2009b). Luo. In M. K. Asante & A. Mazama (Eds.), Encyclopedia of African religion (pp.
390-392). Thousand Oaks, CA: Sage.
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diffusion.
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