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Cl Rev Mardi 13 décembre 6016

A:. L:. G:. D:. G:. A:. D:. L’U:.

RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ


LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE

Ordo Ab Chao

Au nom et sous les auspices de la Grande Loge de France

R :. L :. FORCE ET SAGESSE
N° 1112, Orient de Toulon

Vénérable Maître, et vous tous mes Frères,

Pourquoi l’homme a-t-il besoin de rites ?

Depuis la nuit des temps, l’homme est fasciné par la mort. Ses premières
interrogations métaphysiques ont sans doute émergé devant la mort. Devant la
mort de l'autre, et devant la prise de conscience de sa propre mort. Puis il s’est
interrogé sur le sens de sa vie, et sur le sens de toute chose. Car l’Homme est
incapable de se contenter de ce qu’il voit. Il lui faut imaginer pour chaque chose
une origine, un pourquoi, un comment, et un après. Chaque peuple possède sa
propre cosmogonie, qui est la représentation du monde et de sa création, dans les
diverses cultures et civilisations du monde. Tout ce qui est incompréhensible,
inexplicable, ou ce qui échappe à sa raison le pousse vers l’ésotérisme sous
toutes ses formes : la religion, la magie, l’occultisme, la divination, la sorcellerie,
etc. Il a forgé ses mythologies et ses légendes, et c’est ainsi qu’il est devenu lui-
même, le jour où il a été capable de pratiquer l’abstraction, et de projeter son
esprit vers l’imaginaire et le non-visible, vers l’inexplicable, puis enfin vers le
Sacré.

…/...
Il a inventé des mythes, pour expliquer ce qu’il ne comprend pas, pour donner
un sens à tous ces mystères. Dans toutes les traditions, il a inventé, raconté,
partagé des mythes sur la Création, sur la vie et sur la mort. C’est le moyen qu’il
a trouvé pour donner un sens à ce qu’il ne peut expliquer, et surtout pour
l’accepter. Si les mythes impliquent des symboles, ils impliquent aussi la
création et l’usage de rites et de rituels, pour révéler et expliquer ces symboles.
Les mythes, les symboles et les rites ont ainsi baigné notre conscience, et par
leur universalité, ils ont formé une intuition collective, une connaissance
commune, qui ont fondé les racines culturelles de chaque civilisation.

Un rite est un ensemble de règles, de codes, de formes fixées, organisées et


répétitives. Une cérémonie rituelle est constituée de gestes, de mouvements, de
paroles qui révèlent et expriment une symbolique chargée de sens, que chacun
s’approprie et fait résonner en soi suivant son propre vécu. Symbolique que
chacun peut ressentir aussi comme quelque chose à la fois de très universel, et
de très personnel.

Les termes rite et rituel sont souvent interchangeables, mais en général un rite
est formé de plusieurs rituels. Ainsi, au sein d’un rite funéraire, il y a plusieurs
rituels qui sont organisés, tels le rassemblement au funérarium, le discours au
crématorium, la dispersion des cendres, puis la collation prise en commun…

Pour les ethnologues, le rite, ordonnancé dans un rituel cérémonial propre à


chaque croyance ou à chaque culture, est l’acte qui a pour objet d’orienter une
force occulte vers une action déterminée, un but commun ou individuel et qui
consiste en gestes, paroles, actions ou attitudes adaptés à chaque circonstance.
Une des constantes du rite est sa répétition, sa pratique est renouvelée à
l’identique dans un contexte perpétuellement similaire. Le déroulement est
précis, ne laisse pas la place à l’improvisation, il s’inscrit dans une tradition.

Il existe deux catégories de rites : les rites périodiques ordinaires, ils s’inscrivent
dans une continuité cyclique, liée aux saisons, ou aux célébrations régulières,
comme les offices religieux hebdomadaires. Il y a également les rites
particuliers, qui jalonnent la vie, et ponctuent le parcours d’un individu. Ce sont
les rites de passage. Ils sont le plus souvent utilisés, en dehors de fonctions
cultuelles spécifiques, pour marquer les grands moments de la vie, individuelle
ou sociétale, en sacralisant des moments particuliers. Depuis bien longtemps les
hommes commémorent les grands événements de la vie comme la naissance, la
puberté ou la mort.

Ces rites de passages soulignent le passage d’un état à un autre, ils ponctuent ou
célèbrent, dans de nombreuses civilisations ou traditions, des événements tels
que la naissance, l’adolescence, le mariage, le deuil, ou une initiation. Le plus
souvent, il s’agit de cérémonies destinées à aider le sujet à surmonter la crise
provoquée par un changement (heureux ou malheureux) qui intervient dans sa
vie. Un rite de passage comprend en général trois phases :

…/...
- Une séparation forcée, où le postulant est mis à l’écart de la communauté.
- Une mise à l’épreuve, où l’on teste ses qualités et sa capacité à s’élever, à
changer de statut.
- L’intégration dans un nouveau groupe, la renaissance dans un nouvel état.

Les rites se situent dans une chronologie particulière, qui est à l’intersection
entre l’éternité, qui fonde le Sacré, et la datation précise de l’événement, au sens
cartésien, qui fractionne le temps d’une manière artificielle.

La première fonction d’un rituel est de provoquer une rupture, de nous faire
sortir de notre quotidien, de nos habitudes, hors de l’espace et du temps habituel.
Le participant se retrouve hors du quotidien, et quitte progressivement le monde
profane, pour entrer dans le monde du Sacré. Un rituel sert à bâtir un pont entre
le profane et le Sacré.

Le terme de Sacré n’est pas utilisé ici comme synonyme de religieux, ou de


relatif à une croyance. Sa définition est bien plus large et dépend directement de
chacun. Il y a une immanence, c’est-à dire la perception personnelle du principe
de Sacré, de cette émotion qui éclot au plus profond de nous-même, autant
qu’une transcendance, qui est la sensation d’un principe extérieur et supérieur
qui pénètre notre conscience. La source du Sacré pourrait être : la rencontre, la
conjonction entre une énergie externe, et quelque chose de présent au plus
profond de nous-mêmes (peut-être notre âme?). La perception du Sacré est la
synthèse entre l’immanence et la transcendance, son impact psychique et
spirituel est une épreuve bouleversante, et le place à l’origine du fait religieux.

La raison n’explique pas toujours ce que les rites et les rituels peuvent
provoquer en nous. Les rituels symbolisent l’inexplicable. Ils ont pour fonction
de susciter l’émotion, de favoriser l’introspection, ou de procurer un apaisement,
une paix intérieure et de permettre, pour toute la communauté, de vivre
ensemble la même chose, de favoriser le rapprochement, la communion.

En franc-maçonnerie, notre R.E.A.A., sous des aspects mystérieux, alchimiques


et ésotériques, est en réalité un système de pensée qui fait appel à une logique
rationnelle très cohérente, tout en restant très ouvert, par ses références et ses
sources. Il se situe au confluent de plusieurs traditions. S’il s’est nourri de
spiritualité religieuse, il a également accueilli la pensée des kabbalistes, des
hermétistes, des alchimistes. Tout cet ensemble a créé le R.E.A.A. La diversité
de ses sources, et son ouverture à la pensée universelle ont engendré une
méthode de progression initiatique d’une richesse incomparable, qui permet
l’accession à une connaissance de plus en plus élevée.

L’apprenti qui entre en maçonnerie découvre peu à peu que le rituel et ses
symboles lui permettent de baliser sa lente progression vers son
perfectionnement individuel. Le rituel pratiqué en commun cimente la
communauté, mais n’altère en rien la personnalité de chacun, la spécificité de
chaque individu est préservée.
…/...
Le R.E.A.A. n’est pas un but en soi, mais un accompagnement vers l’éveil
progressif de la conscience. Il n’en est que plus indispensable, car la richesse
d’une quête, c’est le chemin parcouru par le franc-maçon, lors de sa progression
spirituelle avec ses frères. Le but, que l’on sait inaccessible, est un horizon
duquel on se rapproche sans jamais l’atteindre, car la Vérité n’est pas unique.

La force du R.E.A.A., c’est qu’il est œcuménique, humaniste et non dogmatique.


Il permet à l’initié de concrétiser dans le monde du vivant ce qu’il a perçu en
loge. Par une recherche assidue de la Vérité, au moyen de la spiritualité, le
franc-maçon écossais requiert pour lui-même et pour autrui une plus grande
exigence morale. En cette période actuelle de perte du Sacré et du vide spirituel
qui en résulte - propice à la prolifération des sectarismes et des fanatismes,
l’écossisme a le devoir impérieux de préserver la spécificité de sa démarche.

Le R.E.A.A. s’adresse aux hommes qui croient en la primauté de l’esprit sur la


matière. Il instaure un espace et un temps sacrés. Ce temps et cet espace sont
radicalement différents du temps et de l’espace de notre vie quotidienne, et c’est
en cela que le rituel permet à l’homme d’accéder au Sacré. Grâce au rituel, la
Loge devient un lieu spirituel, un lieu de communion et de fraternité. Le rituel
permet de découvrir au plus profond de notre être l’étincelle qui, ajoutée aux
autres, éclairera le Temple. Le franc-maçon écossais travaille à la
compréhension de l’ordre universel et de sa finalité.

Les rites et les rituels, par-delà les religions, les civilisations, les sociétés
initiatiques, sont les supports nécessaires de la spiritualité. Dans leur immense
majorité, les Hommes sont des infirmes spirituels, et le rite constitue un soutien,
une béquille, l’échelle qui permet à chaque individu de gravir progressivement
les degrés de son évolution personnelle.

L’homme possède l’intelligence et le discernement, mais son évolution ne lui a


pas encore permis d’atteindre la vraie spiritualité, car il est encore dépendant du
concret, de la Raison. Il est prisonnier de son corps physique, et doit subvenir à
sa survie matérielle. Pour parvenir à la spiritualité, il doit se détacher de son
corps physique, s’évader du monde temporel, modifier sa perception, et pour
cela il utilise des cérémonies, des prières, des chants, des symboles, des mantras,
et même des substances psychotropes ou hallucinogènes. Certains s’infligent le
jeûne, les privations, et même la douleur. Les religions l’ont bien compris : le
Carême des catholiques, le Ramadan des musulmans ou le Mikvé des juifs sont
des parenthèses de purification, de même que l’ascétisme, dans les religions
orientales. Toutes ces pratiques nettoient l’Homme de ses impuretés, seule façon
pour lui de rencontrer son créateur. Sans cela, les croyants pensent qu’ils ne
peuvent pas atteindre la pureté de l’âme, ou la béatitude, ou même la sainteté,
comme ils disent.

…/...
Peut-être qu’un jour, l’Homme n’aura plus besoin de s’appuyer sur des
cérémonies, des rites et des rituels, son évolution lui aura permis d’atteindre la
vraie sagesse, de devenir un esprit pur, en s’affranchissant réellement des
contingences matérielles. Relié et connecté spirituellement à ses semblables, à
l’Humanité, il pourra s’adresser directement à son créateur, le percevoir
naturellement.

En attendant, mes Frères, continuons à communier dans un esprit commun,


pacifié et serein, dans ce lieu hors du temps, qu’il convient de qualifier de Sacré.
Mais n’oublions jamais que si nous voulons rayonner, et diffuser parmi les
Hommes notre message de fraternité et d’espoir, c’est en nous-même que nous
devons chercher les ressources nécessaires à notre amélioration et à notre
épanouissement personnels. Car aucune vérité n’existe, et n’existera jamais en
dehors de nous-mêmes, nous pourrons ainsi ouvrir et libérer notre esprit, et
accéder enfin à la vraie Spiritualité.

J’ai dit.

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