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Ordo Ab Chao
R :. L :. FORCE ET SAGESSE
N° 1112, Orient de Toulon
Depuis la nuit des temps, l’homme est fasciné par la mort. Ses premières
interrogations métaphysiques ont sans doute émergé devant la mort. Devant la
mort de l'autre, et devant la prise de conscience de sa propre mort. Puis il s’est
interrogé sur le sens de sa vie, et sur le sens de toute chose. Car l’Homme est
incapable de se contenter de ce qu’il voit. Il lui faut imaginer pour chaque chose
une origine, un pourquoi, un comment, et un après. Chaque peuple possède sa
propre cosmogonie, qui est la représentation du monde et de sa création, dans les
diverses cultures et civilisations du monde. Tout ce qui est incompréhensible,
inexplicable, ou ce qui échappe à sa raison le pousse vers l’ésotérisme sous
toutes ses formes : la religion, la magie, l’occultisme, la divination, la sorcellerie,
etc. Il a forgé ses mythologies et ses légendes, et c’est ainsi qu’il est devenu lui-
même, le jour où il a été capable de pratiquer l’abstraction, et de projeter son
esprit vers l’imaginaire et le non-visible, vers l’inexplicable, puis enfin vers le
Sacré.
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Il a inventé des mythes, pour expliquer ce qu’il ne comprend pas, pour donner
un sens à tous ces mystères. Dans toutes les traditions, il a inventé, raconté,
partagé des mythes sur la Création, sur la vie et sur la mort. C’est le moyen qu’il
a trouvé pour donner un sens à ce qu’il ne peut expliquer, et surtout pour
l’accepter. Si les mythes impliquent des symboles, ils impliquent aussi la
création et l’usage de rites et de rituels, pour révéler et expliquer ces symboles.
Les mythes, les symboles et les rites ont ainsi baigné notre conscience, et par
leur universalité, ils ont formé une intuition collective, une connaissance
commune, qui ont fondé les racines culturelles de chaque civilisation.
Les termes rite et rituel sont souvent interchangeables, mais en général un rite
est formé de plusieurs rituels. Ainsi, au sein d’un rite funéraire, il y a plusieurs
rituels qui sont organisés, tels le rassemblement au funérarium, le discours au
crématorium, la dispersion des cendres, puis la collation prise en commun…
Il existe deux catégories de rites : les rites périodiques ordinaires, ils s’inscrivent
dans une continuité cyclique, liée aux saisons, ou aux célébrations régulières,
comme les offices religieux hebdomadaires. Il y a également les rites
particuliers, qui jalonnent la vie, et ponctuent le parcours d’un individu. Ce sont
les rites de passage. Ils sont le plus souvent utilisés, en dehors de fonctions
cultuelles spécifiques, pour marquer les grands moments de la vie, individuelle
ou sociétale, en sacralisant des moments particuliers. Depuis bien longtemps les
hommes commémorent les grands événements de la vie comme la naissance, la
puberté ou la mort.
Ces rites de passages soulignent le passage d’un état à un autre, ils ponctuent ou
célèbrent, dans de nombreuses civilisations ou traditions, des événements tels
que la naissance, l’adolescence, le mariage, le deuil, ou une initiation. Le plus
souvent, il s’agit de cérémonies destinées à aider le sujet à surmonter la crise
provoquée par un changement (heureux ou malheureux) qui intervient dans sa
vie. Un rite de passage comprend en général trois phases :
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- Une séparation forcée, où le postulant est mis à l’écart de la communauté.
- Une mise à l’épreuve, où l’on teste ses qualités et sa capacité à s’élever, à
changer de statut.
- L’intégration dans un nouveau groupe, la renaissance dans un nouvel état.
Les rites se situent dans une chronologie particulière, qui est à l’intersection
entre l’éternité, qui fonde le Sacré, et la datation précise de l’événement, au sens
cartésien, qui fractionne le temps d’une manière artificielle.
La première fonction d’un rituel est de provoquer une rupture, de nous faire
sortir de notre quotidien, de nos habitudes, hors de l’espace et du temps habituel.
Le participant se retrouve hors du quotidien, et quitte progressivement le monde
profane, pour entrer dans le monde du Sacré. Un rituel sert à bâtir un pont entre
le profane et le Sacré.
La raison n’explique pas toujours ce que les rites et les rituels peuvent
provoquer en nous. Les rituels symbolisent l’inexplicable. Ils ont pour fonction
de susciter l’émotion, de favoriser l’introspection, ou de procurer un apaisement,
une paix intérieure et de permettre, pour toute la communauté, de vivre
ensemble la même chose, de favoriser le rapprochement, la communion.
L’apprenti qui entre en maçonnerie découvre peu à peu que le rituel et ses
symboles lui permettent de baliser sa lente progression vers son
perfectionnement individuel. Le rituel pratiqué en commun cimente la
communauté, mais n’altère en rien la personnalité de chacun, la spécificité de
chaque individu est préservée.
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Le R.E.A.A. n’est pas un but en soi, mais un accompagnement vers l’éveil
progressif de la conscience. Il n’en est que plus indispensable, car la richesse
d’une quête, c’est le chemin parcouru par le franc-maçon, lors de sa progression
spirituelle avec ses frères. Le but, que l’on sait inaccessible, est un horizon
duquel on se rapproche sans jamais l’atteindre, car la Vérité n’est pas unique.
Les rites et les rituels, par-delà les religions, les civilisations, les sociétés
initiatiques, sont les supports nécessaires de la spiritualité. Dans leur immense
majorité, les Hommes sont des infirmes spirituels, et le rite constitue un soutien,
une béquille, l’échelle qui permet à chaque individu de gravir progressivement
les degrés de son évolution personnelle.
…/...
Peut-être qu’un jour, l’Homme n’aura plus besoin de s’appuyer sur des
cérémonies, des rites et des rituels, son évolution lui aura permis d’atteindre la
vraie sagesse, de devenir un esprit pur, en s’affranchissant réellement des
contingences matérielles. Relié et connecté spirituellement à ses semblables, à
l’Humanité, il pourra s’adresser directement à son créateur, le percevoir
naturellement.
J’ai dit.