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L'Ordre des constructeurs

21 Août 2012 , Rédigé par Ordre des constructeurs Publié dans #histoire de la FM

Introduction

"Le mythe est toujours une histoire vraie parce que son essence est réelle"

M. Eliade

Au-delà des origines historiques apparaissant nettement dans des documents ne remontant pas plus
loin que le moyen âge, les Maçons tiennent pour essentiel de placer leur Ordre dans le prolongement
de la tradition multimillénaire des sociétés initiatiques.

A ce titre, l'origine profonde, secrète de la Maçonnerie se perd dans la nuit des temps. L'aspiration de
l'homme vers la compréhension de ses origines et son besoin corollaire d'ordonner sa vie, lui ont
inspiré l'idée de se grouper pour former des communautés qui se sont peu à peu hiérarchisées. Les
manifestations de cette aspiration spirituelle se confondent avec les premières manifestations du
culte rendu aux morts et à la famille, dès les époques proto-historiques.

Les origines

Les Francs-Maçons ont coutume de se référer aux courants de pensée les plus brillants de l'époque
historique, celui qui a produit notamment l'Egypte des Pharaons, tout en venant très
vraisemblablement d'ailleurs et de plus loin dans le temps, celui qui a donné naissance à la pensée
biblique, ainsi que plus tard à la sagesse grecque.

Tous ces courants, dont les plus anciens supposent l'existence d'une vie spirituelle ayant des
structures cohérentes, remontent à plus de 3000 ans avant J.C. De l'époque pharaonique jusqu'à nos
jours, l'existence de sociétés initiatiques traditionnelles, n'est pas contestable, et n'est pas contestée.

La filiation la plus vraisemblable dans les temps anciens semble être liée à la création de certaines
corporations d'Oeuvriers, forgerons, fondeurs, orfèvres, bâtisseurs principalement. Ces hommes
formaient des confréries dont les membres avaient subi une initiation et se reconnaissaient à travers
le monde à des signes et attouchement secrets.

HIRAMABIF, architecte du temple de Salomon, utilisait déjà ces compagnons artisans dix siècles avant
J.C. Il est donc fort probable que les corporations d'Oeuvriers du Moyen Age soient directement
issues de ces antiques confréries, bien qu'il ne soit pas possible de l'affirmer avec une totale
certitude, puisque nous manquons de preuves écrites à défaut de preuves graphiques ou
scripturaires.

Il convient cependant de noter, qu'en tous temps, il y eut un lien étroit et profond entre les
détenteurs de la science et ce qu'on pourrait appeler l'Art Royal des bâtisseurs ; et symboliquement,
la Franc-Maçonnerie veut remonter à l'organisation matérielle et morale du monde habité.

A partir du moment où l'homme s'est verticalisé, qu'il s'est posé les trois grandes questions : D'où
venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, il a accumulé peu à peu un ensemble de
connaissances qui sont devenues la Tradition.
La Tradition primordiale

La Tradition est la transmission d'un ensemble de moyens consacrés, qui facilite la prise de
conscience de principes immanents, d'ordre universel, qui en fait une filiation spirituelle qui passent
d'une génération à l'autre, en étant formatrice et consubstantielle à l'Esprit. Fut-elle révélation,
comme la plupart des mythes l'affirment, ou simplement sédimentation d'un savoir affiné peu à peu
par l'empirisme ? C'est une des grandes interrogations que se pose l'humanité à travers les différents
courants de la métaphysique.

L’être qui détient ce dépôt traditionnel doit en être totalement imprégné de façon à être
complètement ce qu'il transmet, par ce qu'il transmet et au moment où il le transmet.

Il faut savoir aussi, que seule une tradition initiatique et/ou religieuse peut transmettre des symboles,
alors que, par exemple, une tradition culturelle profane est incapable de transmettre d'autres signes
que ceux que nous appelons des synthèmes. Cette différence est aisément compréhensible en raison
du caractère toujours non humain de l'expérience, du tout autre, auquel l'unanimité des traditions
initiatiques rapporte la révélation et l'institution des symboles, appellation qui doit être réservée
uniquement aux signes du sacré.

René GUENON, parmi tant d'autres, n'a cessé de rappeler cette vérité fondamentale : " Toutes les
déformations de la notion de tradition ont pour caractère commun, de faire descendre l'idée de
tradition à un niveau purement humain, alors que tout au contraire, il y a et il ne peut y avoir de
véritablement traditionnel que ce qui implique un élément d'ordre supra humain». C'est là en effet le
point essentiel, celui qui constitue, en quelque sorte, la définition même de la Tradition et tout ce qui
s'y rattache depuis l'origine du monde. Ceux qui l'ont transmise, que nous pourrions nommer les
pneumatophores, porteurs de la lumière et de l'esprit de la Tradition primordiale, se sont toujours
attachés à ce que sa connaissance soit dès l'origine, un bien commun à toute l'humanité.

Malheureusement un hiatus croissant s'est creusé entre ceux qui transmettaient le message et la plus
grande partie de ceux qui tentaient de le recevoir. Ces derniers ne voyaient que l'aspect extérieur,
rituel, littéral, exotérique en fait; alors que ceux-là en percevaient, puisqu'ils le vivaient
intérieurement et spirituellement, le sens originel donc ésotérique.

En Occident, l'aspect extérieur prit, en général, une forme religieuse destinée à la foule des fidèles. La
doctrine se scinda en trois éléments : un dogme pour l'intelligence, une morale pour l'âme et des
rites pour le corps.

Pendant ce temps, à l'opposé, le sens profond devenu comme nous l'avons dit, ésotérique, se
résorbait de plus en plus dans des aspects si obscurs qu'il fallût souvent recourir aux exemples
parallèles des spiritualités orientales, pour reconnaître leur cohérence et leur validité.

L'obscuration progressive de la Tradition nous a longtemps empêché de comprendre le vrai visage des
civilisations anciennes, qu'elles soient orientales ou occidentales et en même temps, nous a interdit
le retour au plan synthétique qui était le leur. Seule la perspective des principes permet de tout
comprendre sans rien supprimer, de faire l'économie d'un nouveau vocabulaire, d'aider la mémoire
et de faciliter l'invention, d'établir des liaisons entre les disciplines, en apparence les plus éloignées,
en réservant à celui qui se place en ce centre privilégié, l'inépuisable richesse de ses possibilités et
ceci, grâce aux Symboles.

Nous citerons, comme exemple précis de ce que nous venons de dire, la mythologie qui a été
complètement édulcorée et vidée de tout son sens réel. Un dernier mot sur les origines : Il y a la
Tradition primordiale et les traditions qui en dérivent. Nous avons vu que dans l'étymologie même de
ce mot, il y a cette idée de transmission et c'est un principe à ne jamais perdre de vue. Cette
transmission pouvant être orale, écrite, rituelle, et doit être reçue en principe sans modification
depuis son origine.

Les traditions

Les grandes formes traditionnelles susceptibles elles-mêmes de nombreuses adaptations et


diversifications, sont en nombre limité. Nous avons la tradition chinoise dont le taoïsme est l'aspect
sacré, l'hindouisme, le bouddhisme, le judaïsme, le christianisme et l'islam. Encore faut-il préciser
qu'un double regroupement s'imposerait. Le bouddhisme apparut au sein de la tradition hindoue ;
quant aux trois religions du Livre, c'est à dire celles des juifs, des chrétiens et des musulmans, elles
doivent être considérées comme les trois ramifications d'un tronc commun, le tronc Abrahamique. Si
toutes les traditions convergent vers le même centre de Vérités fondamentales, on retrouve toujours,
sauf dans des conditions anormales qui ont prévalu dans le monde moderne, la nécessité d'une
préalable et complète intégration à l'exotérisme d'une tradition avant de pouvoir accéder à
l'ésotérisme qu'il encercle et qui est, pourrait-on dire, son noyau. Contrairement à ce qu'en laisserait
supposer son histoire, en général riche en affrontements spirituels, voire en conflits religieux. l'étude
approfondie des traditions nous mettrait à même de nous rendre compte de leur accord profond, et
l'image traditionnelle de l'ascension de la montagne ou de la pyramide, par des voies différentes à la
base, mais se rejoignant au sommet, serait tout à fait appropriée. Les chemins au flanc de la
montagne, ce sont les voies diverses, les différents itinéraires spirituels appropriés aux sociétés, aux
pays, aux époques ; le sommet où tous se réunissent, c'est la Tradition primordiale, source originelle
des traditions diverses. Chacune de celles-ci se trouvant forcément rejoindre l'origine commune, mais
seulement accessible au plus haut degré de la Connaissance. Si le syncrétisme est un phénomène
moderne qui aurait tendance à amalgamer les choses les plus diverses, l'existence de contacts entre
différentes voies traditionnelles apparaît cependant comme une réalité indéniable ; par exemple, le
fait que certains enseignements métaphysiques de la tradition tibétaine soient d'origine hindoue ne
les affaiblit en rien et que dire de la tradition chrétienne dont on retrouve toujours les principaux
éléments en amont du christianisme, seulement adoucis par le message du Christ ; sans parler de
l'influence de l'Ancien Testament juif sur le Nouveau Testament chrétien. La faculté de puiser à toutes
les sources quelles qu'elles soient, pour illustrer la doctrine et de fondre à son usage les éléments les
plus inattendus, est le signe même de l'universalité qui unit toutes les traditions authentiques. Si
éloignés que leurs points de vue puissent paraître, il existe sous des différences qui peuvent sembler
inconciliables et antinomiques, une seule et même Connaissance qui revêt tantôt l'une, tantôt l'autre
forme, suivant ses buts immédiats, sans perdre pour cela une parcelle de son authenticité.

La franche maçonnerie opérative compagnonnique

"L'Art commence où la nature cesse d'agir. l'Art accomplit au moyen de la nature ce que la nature est
incapable d'accomplir sans l'aide de l'Art"

Hier...

Les Constitutions Maçonniques dites d'ANDERSON, qui en réalité furent rédigées par Théophile
DESAGULIERS, font remonter l'origine de l'Ordre à Adam qui enseigna la Géométrie à ses fils par une
transmission naturellement divine et légendaire. Nous voyons ensuite cette transmission passer de
Noé aux Egyptiens, puis aux Grecs, aux Romains, etc....
On ne peut assurément, au plan historique, suivre ANDERSON, mais si l'on s'attache au seul sens
symbolique, on est obligé d'admettre que l’Ordre a existé de tout temps, comme une expression de la
pensée humaine la plus évoluée. Cette expression trouve son origine dans le mot "Géométrie" qui ne
cessera de figurer dans la pensée et l'enseignement maçonniques.

La tradition maçonnique insiste aussi sur le rôle de Noé et de ses trois fils SEM - CHAM et JAPHET -
que nous retrouverons dans les anciens rituels très antérieurs à l'apparition de la légende d'Hiram,
architecte du Temple de Salomon. C'est Noé, le Juste, qui reçut de Dieu la mission de construire
l'Arche du salut selon la Géométrie et en accord avec les règles divines.

Des témoignages incontestables nous sont laissés aussi bien à Rome qu'à Pompéï, par la présence de
mosaïques qui nous présentent un emblème sans équivoque, puisqu'il s'agit de l'équerre et du
compas associés ; emblème qui constituera justement la marque des bâtisseurs médiévaux avant de
devenir celle de la Franc-Maçonnerie.

Les maçons, bâtisseurs des édifices sacrés, églises et cathédrales ainsi que des châteaux forts,
formèrent très vite un métier à part. Les secrets professionnels de l’art de bâtir étaient nombreux. Les
chantiers étaient des entreprises énormes pour l'époque et la protection de l'Eglise, principal
commanditaire des constructions, s'étendait directement sur eux. Ainsi, les Maîtres Maçons, à la fois
architectes et chefs de chantier, leurs aides, compagnons et apprentis, échappèrent-ils aux servitudes
seigneuriales et constituèrent dès le 12ème siècle, un Franc Métier. Ils devinrent des Francs-Maçons,
« francs » ayant le sens de libres et traduisant la possession d'un statut personnel et professionnel
indépendant des juridictions seigneuriales et féodales.

Les associations de Maçons francs très vivantes encore au 15ème siècle, entrèrent en décadence par
la suite.

A l'époque Romane, les constructeurs laïques travaillaient dans l'ombre des Ordres monastiques, à
l'exemple de Cîteaux qui les protégeaient.

Nous savons également que les moines du Moyen Age étaient aussi les seuls vrais détenteurs de la
Connaissance, et nombreux furent ceux qui pratiquèrent l'alchimie opérative comme moyen de
sublimation de l'Etre. Il était donc naturel que les outils de la Voie Royale se superposassent à ceux de
l'Art Royal dans la signification et la signature des édifices, et il n'est pas un ouvrage de cette époque
qui n'en porte le témoignage.

Avec la phase gothique apparaît la réalisation démonstrative. La "Domus Deï", la maison de Dieu
devient non seulement lieu public, mais affirmation à la fois de la gloire de Dieu et de la souveraineté
de son Eglise qui entend visiblement prendre le pas sur les princes de ce monde.

Les bâtisseurs voyagent aussi. Appelés d'un lieu de l'Europe à l'autre, ils transportent avec eux le
bagage de leur expérience technique et leurs connaissances ésotériques. Il était difficile, sinon
impossible, de se passer de leur science architecturale et de leur savoir-faire ; en contrepartie, leurs
loges tenaient pour essentiel de conserver leurs franchises.

Toute une organisation allait en découler qui préfigure la Franc-Maçonnerie telle que nous la
connaissons, avec ses coutumes, ses mots et signes de reconnaissance qui garantissaient ses
membres contre toutes incursions d'individus curieux, étrangers, voire hostiles au métier. Ce
nomadisme professionnel, et sans autres attaches que les nécessités de leur art et de la demande
avait de quoi inquiéter les détenteurs de l'autorité, car les constructeurs s'ouvraient inévitablement
aux contacts, aux croyances, aux gens les plus divers, et ces contacts faisaient qu'ils avaient une vue
beaucoup plus large que ceux qui ne voyageaient jamais. Ils pratiquaient aussi la solidarité et la
fraternité qui étaient de règle dans leur corporation, au même titre que la connivence des secrets
partagés. De là, devait naître une nouvelle forme du secret, qui se retrouvera à travers l'histoire,
chaque fois que l'esprit d'approfondissement qui est inhérent aux Francs-Maçons, représentera un
danger pour les établissements tant religieux que politiques.

La tradition compagnonnique, et en général toutes les formes élevées d'enseignement, se donnaient


oralement jusqu'à l'invention et la mise en œuvre de l'imprimerie par Gutenberg. On sait aussi que
l'idée hermétique qui présida à la conception de nombreux édifices tant romans que gothiques, ne
cessa de compter des adeptes, à travers des traditions du type rose-croix par exemple.

Mais s'il est vraisemblable que nous trouvons ici le même hiatus qui nous interdit de relier
directement la loge compagnonnique médiévale à ses ancêtres de la tradition des bâtisseurs, dont
l'Egypte des pyramides et du temple de Salomon demeurent les constants et incontestables pôles
d'attraction en même temps que les intangibles axes de référence ; il n'en n'est pas moins vrai que les
Nombres, les figures géométriques et les calculs sont les mêmes et que les édifices dressés à travers
les âges au nom d'une foi ou d'une autre, n'étaient finalement que les véhicules d'une commune et
permanente aspiration à l'identification idéale avec l'univers.

Cette recherche de la Tradition primordiale disséminée dans toutes les révélations traditionnelles y
compris le Christianisme, qui est peut-être la forme le plus aboutie d'une foi, signifie que la hantise
du destin de l'homme dans l'éternelle marche d'accomplissement de l'univers, est de retrouver le lieu
géométrique, le point quasi absolu de convergence de toutes les cultures, de toutes les croyances, où
s'énoncera la révélation, somme et synthèse de toutes les révélations.

On imagine dès lors la ferveur, l'enthousiasme de ces hommes du Moyen Age dont la vie baignait
entièrement dans le sacré, protégés par toutes les hiérarchies divines, religieuses et civiles, étant
missionnés de ce fait pour se lancer dans la construction de ces édifices qui sont parvenus jusqu'à
nous, et sont de purs actes de Foi et de Connaissance.

Peu à peu, le facteur opératif perdant de son importance, les commandes diminuant, l'apparition de
l'imprimerie tendant à faire évoluer la transmission orale vers un enseignement écrit ouvert à un plus
grand nombre ; au phénomène opératif se substitua peu à peu le phénomène spéculatif par
l'admission de plus en plus importante, au sein des loges, de personnalités extérieures au métier,
mais choisies pour leurs qualités et pour leur élévation d'esprit. Pour des raisons que nous avons vues
auparavant, la proportion de ces Francs-Maçons spéculatifs prit l'avantage, sans toutefois que ne se
perdent aucune des spécificités qui caractérisait l'esprit des loges opératives.

Aujourd’hui...Le Compagnonnage opératif, Maçonnerie originelle, survit toujours par trois confréries
initiatiques qui ont chacune leur Rite et qui sont : Les Compagnons du Devoir de Liberté ou de
Salomon, les Compagnons de Maître Jacques et les Compagnons du Père Soubise. Un nouvel élan
leur a été donné au 19ème siècle par Agricol PERDIGUIER, Compagnon menuisier du Devoir de
Liberté, dit Avignonnais-la-Vertu.

Il faut toujours admirer l'état d'esprit des Compagnons. Ils font loi la devise -Liberté- Egalité -
Fraternité - au sens strict de celle-ci. Ils font du travail une religion et leur but est de faire toujours
plus beau, pour l'amour du beau. Le Compagnon n'est pas un prolétaire, c'est à dire un citoyen de
dernière classe, au sens étymologique du terme romain, et comme a pu le comprendre
péjorativement et surtout depuis un siècle, une certaine partie de la société. Depuis qu'au mois
d'avril 1459, à Strasbourg est apparue la première Constitution Maçonnique, ratifiée ensuite à
Ratisbonne, préfigurant la séparation progressive des Compagnons opératifs et des Francs-Maçons
spéculatifs acceptés, tenant à faire de ces derniers une chevalerie spirituelle ; les Compagnons
toujours dépositaires de la tradition des constructeurs, constituaient de fait et de droit une autre
branche de cette Chevalerie, la chevalerie populaire, basée sur l'incarnation de l'esprit opératif dans
la matière brute et sur l'accomplissement du Devoir, quelle qu'en soit la charge et la durée.

La franc-maçonnerie dite spéculative, hier et aujourd’hui

« L'Enseignement maçonnique saisit les différents points de vue traditionnels

pour les approcher, les comprendre et les éclairer dans une vision œcuménique au sens le plus large
»

Hier...Changement de méthode, mais non d'objectif, telle peut être la définition du passage de la
maçonnerie opérative à la maçonnerie spéculative, dans son esprit de perpétuer la Tradition.

On observait toujours les mêmes rituels, on conservait tous les outils du métier auxquels on attachait
désormais une valeur uniquement symbolique.

Il n'a pas été possible de déterminer exactement à quel moment s'introduisirent et furent cooptés au
sein de la Maçonnerie compagnonnique, ces éléments qui n'appartenaient pas directement au
métier.

De l'année 1688, date présumée de fondation de la première loge Ecossaise à Saint-Germain -en-
Laye, jusqu'en 1877, la Franc-Maçonnerie spéculative s'est développée plus ou moins
harmonieusement avec des hauts et des bas, provoqués par des changements de régimes et la
Révolution de 1789, pendant laquelle les deux Obédiences existant alors s'étaient mises en sommeil
pendant deux ou trois ans.

Nous croyons d'ailleurs que sur cette question, il convient de séparer ce qui est anglais de ce qui est
français. Il s'agit bien d'un même tronc, mais les branches ne proviennent pas de la même greffe. La
vieille Maçonnerie opérative Anglaise, celle des OLD CHARGES est la fille légitime des organisations
compagnonniques continentales françaises et germaniques. Elle nous est revenue en tant que
Maçonnerie spéculative de l'Angleterre vers le continent, à la fin du 17ème siècle.

Certes, les documents antérieurs à 1717, sont rares et la filiation chronologique peu précise ; mais il
faut noter que l'entourage écossais et irlandais du roi Jacques II Stuart, de religion catholique, alors
réfugié à Saint-Germain-en-Laye et accueilli par Louis XIV, aurait pense-t-on, fondé une loge dès 1688
qui établirait ainsi une antériorité et une tradition Ecossaise Catholique Romaine à laquelle l'acte,
établi à Londres en 1717, ferait en quelque sorte pièce, puisque d'origine anglicane.

Donc, cette année là, quatre Loges de Londres, composées de Francs-Maçons acceptés ou spéculatifs,
décidèrent de s'agréger en un corps bien organisé. Des historiens s'interrogent encore et
vraisemblablement s'interrogeront toujours sur les motifs réels de cette union : besoin d'autorité
centrale, espoir de restaurer le système des anciennes guildes, influence de la vie des clubs, toutes
ces hypothèses sont valables sans doute.

Ces quatre loges forment une Grande Loge, c'est à dire une Obédience, ce qui signifie qu'elles se
placent sous une autorité unique et établissent un acte de constitution signé par le pasteur James
ANDERSON, mais en fait, établi par un Franc-Maçon d'origine française, le docteur Théophile
DESAGULIERS. Nous ne nous étendrons pas d'avantage sur cette première Grande Loge. Il existe des
ouvrages sur ce sujet, qui sont très nombreux et forts documentés.

Aujourd'hui...
La maçonnerie spéculative s’est développée en France depuis le 18ème siècle et y vit dans une diversité
extrême qui confine au désordre (voir Les particularismes maçonniques).

Les particularismes maçonniques

Il existe en France un nombre important de loges maçonniques, soit indépendantes dans l’esprit de la
Tradition des Constructeurs médiévaux, soit associées dans des groupes de loges travaillant dans un
esprit initiatique, soit encore inféodées à des obédiences, qui selon le sens étymologique constitue
des entraves à leur liberté individuelle et une soumission à un organe administratif central.

Dans la pratique maçonnique, on voit donc que les nuances abritent et permettent une modulation
hasardeuse des choix pour qui n’est pas bien informé.

Il ne faudrait pas non plus prétendre à faire de l’ancienneté temporelle un fondement de l’autorité ou
de la régularité, comme si l’Ordre n’était pas éternel, échappant par-là même aux contingences du
temps.

Lorsque le nombre suffisant de Francs-Maçons est acquis pour que les travaux de rituels puissent être
ouverts, une loge est valablement formée. Elle peut alors se réclamer par sa transmission initiatique,
de la même ancienneté que la plus ancienne Grande Loge ou Grand Orient produisant des documents
historiquement irréfutables.

Une loge « juste et parfaite » est aussi bien et autant l’Ordre, que si elle fonctionnait depuis des
temps immémoriaux ; car existant dans l’esprit de l’Ordre, que si elle fonctionnait depuis des temps
immémoriaux ; car existant dans l’esprit de l’Ordre, elle existe elle-même en esprit et en vérité de
toute éternité.

Examinons maintenant les rites pratiqués en France : en premier l’Ordre des Constructeurs pratique
le Rite Opératif de Salomon –R.O.S., seule pratique authentique selon l’esprit et la mise en œuvre de
son fondateur de qui l’ODC tient sa patente originelle certifiée par lui.

Le Rite Ecossais rectifié – Le Rite Ecossais Ancien et accepté – le Rite français – le Rite de Memphis-
Misraïm – le Rite Emulation – Etc…

Tous ces Rites sont d’origines diverses – et il est facile de se documenter sur leur origine et leur
parcours.

Le Grand Architecte de l’Univers

En 1877 survint "l'Evénement" qui eut une grande importance, notamment dans les relations entre
les Maçonneries latines et anglo-saxonnes. A l'assemblée générale des Loges du Grand Orient de
France, il fut décidé de supprimer l'obligation pour être Franc-Maçon, de professer la croyance au
Grand Architecte de l'Univers. Jusqu'alors, la Franc-Maçonnerie se flattait d'admettre dans son sein,
des croyants aussi bien que des incroyants, et pensait que la formule rituelle « à la gloire du Grand
Architecte de l'Univers » employée dans la correspondance, dans les règlements et au cours des
travaux, était de nature à froisser les sentiments des incroyants. Une calomnie a été répandue à ce
sujet, tendant à faire croire que le Grand Orient avait rejeté de ses principes, toute idée de divinité et
de croyance. Ce n'était pas exact, il avait simplement rejeté l'obligation de l'affirmation de cette
formule rituelle, laissant à chaque Franc-Maçon le soin de conduire leur pensée comme il l'entendait.
Les Loges anglo-saxonnes prirent prétexte de cette décision du convent de 1877 pour rompre toute
relation avec la Franc-Maçonnerie française, situation qui dure encore aujourd'hui.

Le Rite Opératif de Salomon, pratiqué par l’ODC maintient l’invocation au Grand Architecte de
l’Univers .

Le « Secret » maçonnique

La Franc-Maçonnerie est une société initiatique dans laquelle on fait référence à ce mot. On a
beaucoup joué sur cela en essayant le plus souvent de le déformer ou de l'esquiver. Si nous prenons
le sens étymologique du mot secret qui vient du latin secretus, il signifie "mis à part". La notion du
secret est celle qui gêne le plus certains par désir de conformisme social, et qui veulent y substituer la
notion de société discrète, appellation, à leurs yeux, plus rassurante. L'Ordre est bien détenteur
pourtant par chacun de ses membres, d'un secret incommunicable et doit de ce fait, le garder clos.
Pour y entrer, il faut être élu, donc choisi par lui, ce qui exclut par définition toute adhésion
intempestive, toute entrée abusive, comme toute divulgation plus ou moins vaniteuse. Donc, le
secret, hormis sa signification initiatique, a pour le monde extérieur une connotation le plus souvent
politicienne ou religieuse, domaines où l'Ordre ne peut intervenir.

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