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22/03/2023 10:25 La Revue Fiduciaire - Impression

5 - Loi d'adaptation au droit


européen : volet droit des affaires
La loi d'adaptation au droit européen comporte plusieurs dispositions intéressant la vie
des affaires, et notamment le droit des sociétés. La loi réduit en effet le risque de
dissolution pour les sociétés dont les capitaux propres deviennent inférieurs à la moitié
de leur capital social.
Loi 2023-171 du 9 mars 2023, JO du 10

L'ESSENTIEL
Prochainement, le risque de dissolution ne pèsera plus sur toutes les sociétés en cas de perte de
plus de la moitié du capital social. / 5-3

Les transactions en monnaie électronique ne sont plus plafonnées lorsqu'elles portent sur des titres
financiers stockés grâce à la technologie des registres distribués. / 5-6

Les entreprises exclues des marchés publics à la suite de certaines infractions peuvent candidater à
nouveau en prouvant leur fiabilité. / 5-9

À l'exception des plus petites, les entreprises seront, à moyen et long terme, soumises à de
nouvelles exigences vis-à-vis des personnes handicapées. / 5-11 à 5-15

Risque réduit de dissolution en cas de perte de capitaux


propres

Réglementation française actuelle

5-1 Lorsque les capitaux propres d'une société deviennent inférieurs à la moitié de son capital
social, une procédure en deux étapes est actuellement prévue.

Tout d’abord, l'assemblée générale des associés doit se réunir dans les 4 mois suivant la
constatation de cette perte pour décider de dissoudre, ou non, la société. Si l’assemblée
générale n’est pas convoquée ou si les associés ne délibèrent pas valablement, alors tout
intéressé peut demander la dissolution de la société.

Puis, si la société n’est pas dissoute, elle a un délai de deux exercices pour réduire son capital,
faute de quoi tout intéressé peut, également à ce stade, demander en justice sa dissolution (c.
com. art. L. 223-42 pour les SARL ; c. com. art. L. 225-248 pour les sociétés par actions).

Comparaison avec la réglementation européenne

5-2 L'article 58 de la directive (UE) 2017/1132 du 14 juin 2017 relative à certains aspects du droit
des sociétés prévoit qu'en cas de perte grave du capital, l'assemblée générale de la société
doit être convoquée dans un délai fixé par les législations des États membres afin d'examiner
s'il y a lieu, soit de dissoudre la société, soit d'adopter toute autre mesure. Le non-respect de
cette obligation ne conduit pas pour autant à la dissolution.

Eu égard à la directive européenne, il est apparu que notre code de commerce soumettait les
entreprises françaises à un risque de dissolution excessif.

Un risque de dissolution bientôt réduit

5-3 La loi du 9 mars 2023 met en place un nouveau mécanisme. Il permettra que les sociétés ne
risquent pas, toutes, la dissolution si elles n’ont pas réduit, dans le délai de deux exercices,

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leur capital afin de reconstituer les capitaux propres à concurrence de la moitié du capital
social.

Le risque de dissolution pèsera uniquement sur les sociétés qui n’auront pas, à l’issue d’un
nouveau délai de deux exercices, réduit leur capital jusqu'à un seuil minimal, ce seuil devant
encore être fixé par décret. D’ores et déjà, la loi précise que ce seuil sera fonction de la taille
du bilan de la société (loi art. 14 ; c. com. art. L. 223-42 et L. 225-248 modifiés).

Exception au plafonnement des paiements en monnaie


électronique

Les paiements en monnaie électronique sont plafonnés

5-4 Définition de la monnaie électronique


La monnaie électronique est ainsi définie : il s’agit d’une valeur monétaire stockée sous une
forme électronique, y compris magnétique, représentant une créance sur l'émetteur. Elle est
émise contre la remise de fonds pour des opérations de paiement et est acceptée par une
personne (physique ou morale) autre que l'émetteur (c. mon. et fin. art. L. 315-1).

Les exemples les plus fréquents de monnaie électronique sont les cartes cadeaux, les cartes
bancaires prépayées ou encore le porte-monnaie électronique. Ce porte-monnaie permet à son
utilisateur de stocker une petite somme d'argent sur une carte à puce avec laquelle il
effectuera des règlements de faibles montants.

5-5 Des plafonds variables selon l’utilisateur


Les paiements peuvent être effectués au moyen de monnaie électronique (c. mon. et fin. art.
L. 112-6, I et D. 112-3, I) :

-jusqu’à 3 000 € lorsque le débiteur a son domicile fiscal en France ou agit pour les besoins
d'une activité professionnelle ;
-jusqu’à 15 000 € lorsque le débiteur justifie qu’il n’a pas son domicile fiscal en France, n’agit
pas pour les besoins d’une activité professionnelle et que le paiement est effectué au profit
d’une personne assujettie aux obligations relatives à la lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme (un avocat, par exemple) ;
-jusqu'à 10 000 € lorsque le débiteur justifie qu’il n’a pas son domicile fiscal en France, n’agit
pas pour les besoins d’une activité professionnelle et que le paiement est effectué au profit
d’une personne non assujettie aux obligations relatives à la lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme.

Sanctions. Ne pas respecter les plafonds réglementaires peut conduire à une amende (jusqu'à
5 % de la somme payée). Le débiteur et le créancier sont solidairement responsables du
paiement de l'amende (c. mon. et fin. art. L. 112-7).

Le plafonnement est désormais exclu dans un cas

5-6 La loi 2023-171 du 9 mars 2023 apporte une exception aux règles du plafonnement. Ainsi,
depuis le 11 mars 2023, le plafonnement ne s’applique pas aux paiements réalisés en monnaie
électronique dans le cadre du règlement des paiements au titre du règlement (UE) 2022/858
du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2022 sur un régime pilote pour les
infrastructures de marché reposant sur la technologie des registres distribués, et modifiant les
règlements (UE) n° 600/2014 et (UE) n° 909/2014 et la directive 2014/65/UE (loi art. 7 ; c.
mon. et fin. art. L. 112-6, III, d nouveau).

Cette disposition a été ajoutée par amendement en commission des affaires sociales, à
l'occasion de la première lecture à l’Assemblée nationale. Elle a pour objet d’exclure du
plafonnement les transactions en monnaie électronique qui portent sur des titres financiers
stockés grâce à la technologie des registres distribués afin que toutes les transactions de ce
type puissent entrer dans le champ du régime pilote, indépendamment de leur montant
(amendement n° AS106 déposé le 17 janvier 2023 par M. Daniel Labaronne).
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Ouverture des marchés publics à certaines entreprises


condamnées

L'exclusion de plein droit après une condamnation pénale

5-7 Actuellement, lorsqu'une entreprise est définitivement condamnée pour avoir commis certaines
infractions, elle est de plein droit exclue des marchés publics, même si sa condamnation
pénale ne le précise pas.

Les infractions qui entraînent l'exclusion de plein droit sont listées par le code de la commande
publique. Sont par exemple visés le blanchiment (c. pén. art. 324-1) (y compris la tentative)
ou encore le fait de se soustraire au paiement d'impôts (CGI art. 1741).

De même, lorsque la condamnation (pour une des infractions listées) touche une personne
physique qui détient un pouvoir de représentation, de décision ou de contrôle d'une personne
morale, celle-ci est exclue de plein droit tant que la personne physique exerce ces fonctions (c.
com. pub. art. L. 2141-1, al. 1 et 2).

Le nouveau mécanisme d'auto-apurement

5-8 La procédure d'exclusion française jugée trop sévère


Le Conseil d'État a eu l'occasion de juger que le droit français était incompatible avec la
réglementation européenne, faute de permettre à un opérateur économique qui aurait fait
l'objet d'une condamnation pénale définitive de pouvoir démontrer sa fiabilité pour réintégrer
le processus de candidature des marchés publics (CE, 7e - 2e ch. réunies, 12 octobre 2020 ;
directives 2014/23/UE et 2014/24/UE du 26 février 2014).

C'est pourquoi la loi du 9 mars 2023 instaure une nouvelle procédure d'auto-apurement (voir §
5-9).

Par ailleurs, la loi nouvelle précise que l’exclusion de plein droit n’est pas applicable en cas
d’obtention d’un sursis, d’un ajournement du prononcé de la peine ou d’un relèvement de
peine (loi art. 15 ; c. com. pub. art. L. 2141-1, al. 4 nouveau).

5-9 Prouver sa fiabilité malgré une condamnation définitive


L'entreprise exclue de la procédure de passation d'un marché public peut, depuis le 11 mars
2023, fournir à l'acheteur public la preuve de sa fiabilité, notamment en démontrant qu'elle a
(loi art. 15 ; c. com. pub. art. L. 2141-6-1 nouveau, al. 1) :

-entrepris de verser une indemnité pour réparer le préjudice causé par l'infraction ;
-clarifié totalement les faits en collaborant activement avec les autorités chargées de
l'enquête ;
-pris des mesures concrètes pour régulariser sa situation et prévenir une nouvelle infraction.

Les preuves apportées par l'entreprise seront évaluées en tenant compte de la gravité et des
circonstances particulières de l'infraction.

Si l'acheteur estime que ces preuves sont suffisantes, l'entreprise pourra alors candidater au
marché public malgré sa condamnation définitive (loi art. 15 ; c. com. pub. art. L. 2141-6-1
nouveau, al. 2).

Contrats de concession. Le même mécanisme est instauré dans le cadre des procédures de
passation des contrats de concession (loi art. 15 ; c. com. pub. art. L. 3123-1 modifié et L.
3123-6-1 nouveau).

5-10 Exception
Lors d'un procès pénal, les juges peuvent prononcer expressément une peine d'exclusion des
marchés publics à l'encontre d'une entreprise (c. pén. art. 131-34 et 131-39). Dans ce cas,
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l'entreprise ne peut pas se prévaloir du mécanisme d'auto-apurement pendant toute la période


d'exclusion fixée de façon définitive par les juges (loi art. 15 ; c. com. pub. art. L. 2141-6-1
nouveau, al. 3).

Mesures en faveur de l'insertion des personnes handicapées

Une meilleure accessibilité aux produits et services

5-11 Dans le cadre de la transposition de la directive (UE) 2019/882 du 17 avril 2019, la loi du
9 mars 2023 renforce les exigences d'accessibilité des produits et services en faveur des
personnes handicapées, notamment en les imposant à un plus grand nombre d'acteurs.

Cette transposition, qui doit encore être complétée par des décrets et arrêtés, s'appliquera aux
produits ou services fournis après le 28 juin 2025 (loi 2023-171 du 9 mars 2023, art. 16,
VIII).

Un délai supplémentaire pour certains services. Certaines prestations


bénéficient d'un report de la date de mise en accessibilité. Cette date est repoussée
au :
-28 juin 2027 pour le recours au numéro d'urgence « 112 » ;
-28 juin 2030 pour les contrats de services conclus avant le 28 juin 2025 ;
-28 juin 2030 pour les prestataires de services dès lors qu'ils emploient des produits
qu'ils utilisaient légalement pour fournir des services similaires avant cette date ;
-28 juin 2040 pour les terminaux en libre-service.
Durcissement des sanctions. Des ordonnances seront prises par le gouvernement,
au plus tard le 9 septembre 2023, en vue de renforcer ou de mettre en place les
sanctions en cas de manquement aux règles d'accessibilité, notamment pour les
services de communication au public en ligne ou les services téléphoniques (loi 2023-
171 du 9 mars 2023, art. 16, VII).

Les produits ou services concernés

5-12 Des secteurs déjà pressentis


La loi du 9 mars 2023 prévoit des exigences d'accessibilité pour des opérations particulières,
notamment :

-dans le secteur bancaire (loi 2023-171 du 9 mars 2023, art. 16, I et III) :
-ouverture, gestion et clôture d'un compte bancaire,
-autorisation de découvert bancaire,
-accès aux services de paiement, tels le retrait d’espèces, prélèvement ou virement,
-méthodes d'authentification pour effectuer un paiement en ligne,
-information légale pour les crédits à la consommation et les crédits immobiliers,
-émission et gestion de monnaie électronique,
-services d'investissement,
-dans le secteur de la culture (loi 2023-171 du 9 mars 2023, art. 16, II) :
-livres numériques,
-logiciels permettant l’accès aux livres numériques et services intégrés sur appareil mobile
ou application mobile,
-dans le secteur des transports : terminaux de paiement en libre-service pour accéder aux
services de transport de voyageurs en avion, train, bus, métro ou tramway (loi 2023-171 du
9 mars 2023, art. 16, IV).
5-13 Une liste à compléter par décret
Une liste des produits et services soumis au respect des exigences d'accessibilité aux
personnes handicapées sera fixée par décret.

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Ce texte déterminera également les cas dans lesquels ces produits ou services seront
présumés conformes aux nouvelles exigences ainsi que les obligations applicables aux
opérateurs économiques qui mettent sur le marché ces produits ou services (loi art. 16, I ; c.
consom. art. L. 412-13 nouveau).

Les cas de dispense

5-14 Les micro-entreprises


Ne seront pas concernées par les nouvelles dispositions, les entreprises qui (loi art. 16, I et II ;
c. consom. art. L. 412-13 nouveau) :

-emploient moins de 10 salariés ;


-réalisent un chiffre d'affaires annuel ou un total du bilan inférieur à 2 M€.
5-15 Une mise en conformité impossible ou trop coûteuse
Les nouvelles mesures ne s’appliqueront pas si la mise en conformité du produit (loi art. 16, I
et II ; c. consom. art. L. 412-13 nouveau) :

-entraîne une modification fondamentale de la nature de celui-ci ;


-impose une charge disproportionnée pour le vendeur, sauf s’il a perçu un financement
spécifique à cet effet. L’évaluation du caractère disproportionné de la charge sera déterminée
par décret.

Parution: 23/03/2023

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