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CORRIGÉS DES APPLICATIONS, CAS ET CAS DE SYNTHÈSE

Chapitre 14

1 QCM
Question 1
Réponse a. Le commissaire aux comptes veillera (code de déontologie des CAC, art. 5)
à être indépendant de la personne ou de l’entité à laquelle il fournit une mission ou une
prestation. Il doit également éviter de se placer dans une situation qui pourrait être
perçue comme de nature à compromettre l’exercice impartial de sa mission ou de sa
prestation. Ces exigences s’appliquent pendant toute la durée de la mission ou de la
prestation, tant à l’occasion qu’en dehors de leur exercice. Toute personne qui serait
en mesure d’influer directement ou indirectement sur le résultat de la mission ou de la
prestation est soumise aux exigences d’indépendance.
Question 2
Réponse b. L’expert-comptable ne peut effectuer des travaux d’expertise comptable,
de révision comptable ou de comptabilité pour les entreprises dans lesquelles il pos-
sède directement ou indirectement des intérêts substantiels (ordonnance 45-2138 du
19 septembre 1945 modifiée, art. 22).
En revanche, l’article 2 de l’ordonnance de 1945 autorise l’expert-comptable à tenir,
centraliser, ouvrir, arrêter, surveiller, redresser et consolider les comptabilités des entre-
prises et organismes auxquels il n’est pas lié par un contrat de travail, mais aussi à
accompagner la création d’une entreprise sous tous ses aspects comptables ou à finalité
économique et financière.
Question 3
Réponse c. Les liens financiers s’entendent (code de déontologie des CAC, art. 33)
comme :
–– l’acquisition ou la détention, directe ou indirecte, d’actions ou de tous autres titres
donnant ou pouvant donner accès, directement ou indirectement, au capital ou aux
droits de vote de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés (à l’exception
des titres détenus par l’intermédiaire d’organismes de placement collectif, de fonds de
pension, d’assurance sur la vie pour lesquels le détenteur n’a pas le pouvoir d’influer) ;
–– l’acquisition ou la détention, directe ou indirecte, d’instruments financiers définis par
l’article L. 211‑1 du Code monétaire et financier ;
–– tout dépôt de fonds à terme, l’octroi ou le maintien de tout prêt ou avance, la souscrip-
tion d’un contrat d’assurance sur la vie, l’octroi ou l’obtention de sûretés et garanties.
Question 4
Réponse a. Est incompatible avec l’exercice de la mission de contrôle légal (code de
déonto­logie des CAC, art. 34) tout lien professionnel entre, d’une part, la personne ou
entité dont les comptes sont certifiés ou ses dirigeants et, d’autre part, le commissaire aux
comptes, l’un des membres de la direction de la société de commissaires aux comptes, les
associés et salariés du commissaire aux comptes qui participent à la mission de certifica-
tion ainsi que les personnes qui leur sont étroitement liées au sens du paragraphe 26 de

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l’article 3 du règlement (UE) n° 596/2014 du 16 avril 2014 si notamment l’existence de


ce lien amène un tiers objectif, raisonnable et informé à conclure que, malgré les mesures
de sauvegarde appliquées, l’indépendance du commissaire aux comptes est compromise.
Question 5
Réponse c. Les experts-comptables ont une obligation de conseil (code de déontologie
des experts-comptables, art. 155). Ils peuvent être condamnés (responsabilité civile)
s’ils n’assument pas cette obligation.
Question 6
Réponse a. Les CAC sont astreints au secret professionnel pour les faits, actes et ren-
seignements dont ils ont pu avoir connaissance à raison de leurs fonctions (C. com.,
art. L. 822-15). Les faits couverts par le secret professionnel sont soit les faits confiés
– quelle que soit leur forme –, soit les faits connus au cours de l’exercice de la pro-
fession, dès lors que par leur nature même ils doivent rester confidentiels et qu’ils ne
sont ni publics ni publiés.
En revanche, les CAC doivent révéler au procureur de la République les faits délictueux dont
ils ont eu connaissance, sans que leur responsabilité puisse être engagée par cette révéla-
tion (C. Com., art. L 823-12). Lorsqu’une personne morale établit des comptes consolidés,
les CAC de la personne morale consolidante et les CAC des personnes consolidées sont,
les uns à l’égard des autres, libérés du secret professionnel (C. com., art. L. 822-15).

2 Incompatibilités : CAC EIP et non EIP


Certaines missions font partie de la mission de contrôle légal du commissaire aux
comptes et ne doivent pas faire l’objet d’autorisation particulière. C’est le cas de la pro-
cédure d’alerte.
Pour les EIP, certaines missions sont interdites par le code de déontologie des com-
missaires aux comptes qui renvoie à l’article 5 du règlement européen UE 537/2014.
C’est le cas du calcul de l’impôt direct et indirect, ainsi que de l’impôt différé (services
fiscaux) et de la conception et la mise en œuvre de procédures de contrôle interne.
Le commissariat à la fusion était interdit avant le décret 2020-292 du 21 mars 2020.
Cette dernière mission et les autres (augmentation de capital avec suppression du droit
préférentiel de souscription, commissariat à la transformation, examen de comptes
prévisionnels, explications données au CSE) ne sont autorisées que si le comité d’audit
(appelé « comité spécialisé » par l’article L. 823-19 du Code de commerce) de l’entité,
obligatoire pour les entités d’intérêt public, les approuve. Ce comité doit se pro­noncer
après avoir analysé les risques pesant sur l’indépendance du CAC et les mesures de
­sauvegarde appliquées par celui-ci.
Dans les entités non EIP, pour toutes les missions autres que le contrôle légal des
comptes, le CAC peut accepter toutes les tâches qui lui seraient confiées à la condition
qu’il identifie les risques liés à ces dernières. Ces risques peuvent être analysés comme
suit (code de déontologie des CAC, art. 19) :
–– risques liés à la perte d’indépendance ;

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–– risques liés à l’appartenance du CAC à un réseau ;


–– risques d’autorévision le conduisant à se prononcer ou à porter une appréciation sur
des éléments résultant de prestations de service fournies par lui-même, la société à
laquelle il appartient, un membre de son réseau ou toute autre personne qui serait en
mesure d’influer sur le résultat de la mission de certification.
Lorsqu’il se trouve exposé à des situations à risque, le commissaire aux comptes doit
prendre les mesures de sauvegarde appropriées. Il doit pouvoir justifier qu’il a procédé à
l’analyse de la situation et des risques et, le cas échéant, qu’il a pris les mesures appro-
priées.

3 Mini-cas : incompatibilités
Le Code de commerce (art. L. 822-11-3) et le code de déontologie (art. 31 à 35) précisent
les situations dans lesquelles l’indépendance du commissaire aux comptes est affectée
en cas de liens personnels, financiers et professionnels entre l’entité auditée d’une part,
et le commissaire aux comptes, les dirigeants de son cabinet, les membres de l’équipe
d’audit ou les membres de son réseau, d’autre part.
L’article 32-1 du code de déontologie relatif aux incompatibilités résultant de liens per-
sonnels précise notamment que « pour l’application du présent code, constitue un lien
personnel, le lien entre :
1° ascendant et descendant au premier degré ;
2° les collatéraux au premier degré ;
3° les conjoints, les personnes liées par un pacte civil de solidarité ou les concubins au
sens de l’article 515-8 du Code civil. »
En l’occurrence, aucun texte ne vise les cousins germains.
Néanmoins, les liens familiaux entre Sylvain Odite (le CAC) et Armand Odite (le DG)
risquent de ne pas donner une apparence d’indépendance. Il serait par conséquent
opportun (en s’appuyant notamment sur l’article 5 du code de déontologie relatif à
­l’indépendance et la prévention des conflits d’intérêts qui précise que « le commissaire
aux comptes doit être indépendant de la personne ou de l’entité dont il fournit une
­mission ou une prestation ») que le cabinet CAC Services confie la mission de commis-
sariat à un CAC autre que Sylvain Odite.

4 Mini-cas : responsabilité du commissaire aux comptes


1. Mission du commissaire aux comptes dans le cas présenté ci-dessus
Le commissaire aux comptes s’étonne de ne pas avoir reçu les confirmations dûment
demandées. Il doit, en conséquence, prendre deux décisions :
• Sur le plan pénal, on a affaire au délit d’entrave de la part de l’entreprise. L’article
L. 820‑4 2° du Code de commerce punit d’un emprisonnement de cinq ans et d’une
amende de 75 000 € le fait, pour les dirigeants au service d’une entité tenue d’avoir un

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commissaire aux comptes de mettre obstacle aux vérifications ou contrôles des com-
missaires aux comptes ou des experts nommés ou de leur refuser la communication
sur place de toutes les pièces utiles à l’exercice de leur mission : le CAC doit alerter le
procureur de la République (Code de commerce, art. L. 823‑12 alinéa 2).
• Dans tous les cas, le CAC doit effectuer un contrôle sur pièces, car l’intervention de
l’entreprise auprès de ses clients peut cacher quelque chose.

2. Mission du commissaire aux comptes après l’assemblée générale


On a ici affaire au délit de présentation de comptes ne donnant pas l’image fidèle,
réprimé par l’article L. 242‑6 alinéa 2 du Code de commerce (qui puni le délit d’un
emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 375 000 €) composé :
–– d’un élément matériel : la présentation des comptes
–– d’un élément moral : la connaissance du caractère infidèle des comptes par les diri-
geants, les comptes n’ayant pas été certifiés.
Le CAC doit révéler ce fait délictueux au procureur de la République (Code de com-
merce, art L. 823‑12 alinéa 2).
La norme NEP 240 § 31 insiste quant à elle sur la notion d’anomalies significatives résul-
tant de fraudes susceptibles de recevoir une qualification pénale. Elle ne donne aucune
précision complémentaire. Toutefois, la décision du Haut Conseil du commissariat aux
comptes du 14 avril 2014, laquelle concerne l’identification et la promotion d’une bonne
pratique professionnelle relative à la révélation des faits délictueux au procureur de la
République, précise qu’il n’appartient pas au commissaire aux comptes de qualifier l’in-
fraction, cette qualification, relevant de la seule compétence des autorités judiciaires.
Les conditions relatives à la révélation sont donc ici réunies.

5 Mini-cas : responsabilité de l’expert-comptable


L’expert-comptable peut être tenu pour responsable (CA Paris 2 octobre 2014 pourvoi
n° 13/18410, ch. 5‑9) Il appartenait en effet à l’expert-comptable de vérifier dans les
statuts de la SCI l’option fiscale choisie, ce qu’il n’a pas fait se contentant de demander
à son client non professionnel ce qu’il souhaitait. L’expert-comptable a donc manqué à
son obligation de conseil en n’attirant pas l’attention de son client sur l’option choisie
et a de plus fait preuve de négligence en ne vérifiant pas dans les statuts de la société
l’option initialement prise. L’obligation de conseil découle de l’article 155 du décret du
30 mars 2012 à l’activité d’expertise comptable (code de déontologie) qui précise que
les professionnels de l’expertise comptable « sont tenus vis-à-vis de leur client ou adhé-
rent à un devoir d’information et de conseil, qu’elles remplissent dans le respect des
textes en vigueur ».
La responsabilité de l’expert-comptable est de nature civile. Il s’agit d’une responsabilité
contractuelle qui peut être couverte par l’assurance obligatoire de l’expert-comptable.

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