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Master Comptabilité-Contrôle-Audit

2éme année
Audit externe

CHAPITRE 07. RESPONSABILITÉS


DU COMMISSAIRE AUX COMPTES

Aymen ABBADI
Maître de conférences
Directeur adjoint des Relations Internationales
Responsable du M2CCA (FI)
Responsable M2 ACG Gig Data
aymen.abbadi@univ-lille.fr
SECTION 01.
RESPONSABILITÉS DU
COMMISSAIRE AUX COMPTES

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1. RESPONSABILITÉ CIVILE

➢ Principes
▪ Les CAC sont responsables, tant à l’égard de la personne ou de l’entité que
des tiers, des conséquences dommageables des fautes et négligences
commises par eux dans l’exercice de leurs fonctions (C. com., art. L.822-17).

▪ Le CAC n’est pas civilement responsable des infractions commises par les
dirigeants et mandataires sociaux sauf s’il en a eu connaissance et qu’il ne
les aurait pas signalées dans son rapport à l’assemblée ou à l’organe
compétent.

▪ Les CAC sont couverts par une assurance.

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➢ Étendue de la responsabilité civile
▪ La faute du CAC résulte de l’inexécution de l’obligation que la loi et les
normes professionnelles lui ont imposée.

▪ Le CAC est soumis à une obligation de moyens.

▪ Le CAC n'est pas responsable des infractions commises par les dirigeants
de l'entreprise, sauf s'il ne les signale pas.

Révélation des faits délictueux au Procureur de la


république

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▪ L'action en responsabilité civile peut être exercée devant le tribunal de grande
instance (TGI) dans les 3 années suivant les faits.

▪ La responsabilité des fautes personnelles peut résulter d’un manquement à


son obligation de moyens: le CAC ne sera responsable vis-à-vis des
actionnaires et des tiers que dans la mesure où sa faute aura causé un
préjudice.

▪ Constater la faute n’est pas suffisant, il faut prouver l’existence d’un lien de
cause à effet entre la faute du commissaire et le préjudice subi.

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➢ Exemples de fautes :

▪ Détournement de fonds par un comptable salarié: Le CAC engage sa


responsabilité civile s’il n’a pas mis en place les contrôles nécessaires pour
détecter une telle anomalie.

▪ Ne pas consacrer le temps nécessaire pour mettre en place les contrôles


requis: une seule journée chez le client pour l’examen de comptes sociaux
(qui ne permet pas de faire le nombre de sondages suffisants) d’une société
se trouvant dans une conjoncture difficile constitue une faute.

▪ Garder sous silence dans des situations frauduleuses: laisser s’accomplir


une distribution de dividendes fictifs constitue une faute qui engage la
responsabilité civile du CAC.

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2. RESPONSABILITÉ DISCIPLINAIRE

➢ Les fautes disciplinaires

Les fautes susceptibles d’engager la responsabilité disciplinaire des CAC


recouvrent « les infractions aux lois, règlements et normes d’exercice
professionnelles homologuées par arrêté du garde des Sceaux ministre de
la Justice, ainsi qu’au Code de déontologie de la profession et aux bonnes
pratiques dentifiées par le Haut Conseil du commissariat aux comptes,
toute négligence grave, tout fait contraire à la probité, à l’honneur ou à
l’indépendance commis par un commissaire aux comptes, personne
physique ou société, même ne se rattachant pas à l’exercice de la
profession» (C.com., art. R. 822-32).

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➢ Les juridictions disciplinaires

C’est la commission régionale d’inscription constituée en chambre


régionale de discipline qui intente l’action disciplinaire. Le commissaire aux
comptes peut faire appel auprès du H3C.

➢ Les peines disciplinaires

▪ Les sanctions disciplinaires sont:


• Avertissement ;
• Blâme ;
• Interdiction temporaire d’exercer pour une durée n’excédant pas cinq
ans ;
• Radiation de la liste;
• Retrait de l’honorariat.
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▪ L’avertissement, le blâme et l’interdiction temporaire peuvent être assortis
d’une sanction complémentaire : l’inéligibilité aux organes professionnels
pendant une durée de dix (10) ans au plus.

▪ L’ordonnance n°2016-315 du 17 Mars 2016 a durci le régime en prévoyant


une sanction pécuniaire importante.

▪ De plus, d’autres personnes sont concernées par ce dispositif : les associés,


les salariés du CAC, toute autre personne participant à la mission de
certification, ainsi que les personnes étroitement liées au CAC. Sauf élément
interruptif, la prescription est de 6 ans.

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3. RESPONSABILITÉ PÉNALE

La mise en œuvre de la responsabilité pénale nécessite une infraction


implique la réunion de trois éléments: légal, matériel et moral:

❖ Élément légal correspond au texte de loi d’incrimination d’un


comportement (qualification pénale).

❖ Élément matériel se caractérise par un acte qui peut être soit positif:
acte de commission. Par exemple, extorsion de fonds; soit négatif: acte
d’omission. Par exemple: non révélation par le CAC des faits délictueux.

❖ Élément moral encore appelé élément intellectuel ou psychologique :


une faute pénale qui peut être intentionnelle ou non intentionnelle.

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Exemples d’infractions engageant la responsabilité pénale du CAC

1. Infractions relatives aux incompatibilités.

2. Violation de secret professionnel.

3. Utilisation abusive d’informations privilégiées.

4. Délits d’informations mensongères.

5. Délits de non révélation de faits délicieux.

6. Exercice illégal de la profession.

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SECTION 02. PROCÉDURE D'ALERTE
ET

LA RÉVÉLATION DES FAITS


DÉLICTUEUX

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La procédure d'alerte et la révélation des faits délictueux s'inscrivent parmi
les «autres interventions définies», ayant pour objet de «porter à la
connaissance, signaler des faits, des situations, des informations... ».

1. Procédure d'alerte

Le CAC doit mettre en œuvre la procédure d'alerte lorsqu'il relève, à


l'occasion de l'exercice de sa mission, « tout fait de nature à compromettre la
continuité de l'exploitation ».

À défaut, sa responsabilité civile peut être mise en cause, par exemple, par
des créanciers.

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Avant le déclenchement de la procédure d'alerte, un entretien
avec les dirigeants permet généralement au CAC de parfaire son
information sur les faits relevés, d'apprécier, si déclencher une procédure
d'alerte, est approprié et d'informer les dirigeants des étapes de la procédure
fixée par la loi.

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Après avoir déclenché la procédure d’alerte, le CAC doit
informer sans délai, par LRAR , le président du conseil d’administration
(CA) des faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation
et demander à celui-ci de lui donner, par LRAR dans le délai de 15 jours,
son analyse de la situation et, le cas échéant, les mesures envisagées.

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2. Révélation des faits délictueux

2.1. Obligations de révéler : la loi fait obligation au CAC de révéler au


procureur de la République les faits délictueux dont il a eu connaissance dans
l'exercice de sa mission (c. com., art. L 823-12 et L 820-7).

2.2. Faits susceptibles d'être révélés : Par « faits délictueux », il faut


entendre les infractions (crimes, délits ou contraventions) définies par le code
de commerce ou par les textes de base applicables aux non-commerçants ; ou
bien prévues par d'autres textes et présentant une incidence significative sur
les comptes.

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2.3. Modalités de révélation : Le CAC doit indiquer les textes auxquels les
faits délictieux révélés sont susceptibles d'être rattachés. Il n'a cependant pas
à les qualifier pénalement, cette qualification incombant aux autorités
judiciaires.

Le CAC établit et conserve, dans le dossier de chaque entité contrôlée, une


feuille de travail particulière à la révélation. Il y indique, pour les faits
présumés délictueux dont il a eu connaissance au cours de sa mission, les
analyses et les investigations effectuées, la révélation faite ou, le cas échéant,
les raisons pour lesquelles celle-ci a été écartée.

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2.4. Information : Le CAC signale l'irrégularité que constitue le fait délictueux,
d'abord à l'organe de direction, puis dans son rapport général à l'assemblée
générale la plus proche.

Remarques :

▪ Les motifs conduisant un CAC à révéler un fait délictueux n'entraînent pas


nécessairement une réserve ou un refus de certifier. De même, les motifs
entraînant un refus de certifier, notamment pour limitation ou incertitude, ne
conduisent pas nécessairement à une révélation de faits délictueux.

▪ Le CAC peut, si les faits délictueux constituent également des faits de nature
à compromettre la continuité de l'exploitation, être conduit aussi à mettre
en œuvre la procédure d'alerte et le cas échéant à en faire, le moment venu,
un rapport destiné à l'assemblée.

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