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Farid EL BACHA
Professeur
Faculté de Droit de Rabat Agdal
Cours
La responsabilité civile
Les quasi-contrats
2016
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Selon l’article 1er du DOC, les obligations dérivent des conventions et autres
déclarations de volonté, des quasi-contrats, des délits et des quasi-délits. Les conventions
et autres déclarations de volonté constituent des sources volontaires d’obligations. Ces
dernières ont été voulues, les parties ont voulu assumer les conséquences de leurs
engagements. L’inexécution de ces engagements, le retard dans leur exécution ou une
exécution défectueuse peuvent engendrer une responsabilité de nature contractuelle.
Les quasi - contrats, les délits et les quasi -délits sont des sources involontaires
d’obligations. Dans toutes ces situations, une personne va se trouver obligée sans l’avoir
voulu et sans avoir voulu assumer les obligations qui seront mises à sa charge. Il peut
s’agir d’un fait qui lui est profitable, comme dans les situations de quasi-contrats. Il peut
également s’agir, et c’est le cas le plus fréquent, de faits dommageables qui sont à
l’origine d’une responsabilité civile. Un dommage est causé, il doit être réparé si la
responsabilité est engagée.
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PARTIE 1
LES FAITS JURIDIQUES DOMMAGEABLES
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Sur le plan théorique et des principes, la responsabilité civile met en cause toute
l’organisation sociale puisqu’elle délimite le domaine du licite et de l’illicite. Il s’agit en
effet de savoir quand on peut agir impunément et quant on doit répondre de ses actes
dommageables.
Le droit de la responsabilité civile délictuelle offre également un bel exemple d’un droit
jurisprudentiel. A partir de textes limités, les tribunaux ont construit le droit de la
responsabilité en précisant les règles applicables aux différents régimes de responsabilité.
Aidée en cela par la doctrine, la jurisprudence a contribué au progrès et à l’évolution du
droit de la responsabilité, en dépit des flottements inévitables de la création
jurisprudentielle.
Il sera alors plus utile de tenter de répondre à une question essentielle :Pourquoi une
personne est-elle obligée de réparer le dommage causé ? C’est le problème du fondement
de la responsabilité. (Chapitre Préliminaire).
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Entre le conducteur qui blesse un piéton qui va réclamer réparation, il n’y a pas de
convention.
Le principe de cette distinction est simple mais en pratique il soulève certaines difficultés.
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Le contractant qui se plaint de l’inexécution d’un contrat peut-il, si tel est son intérêt,
placer son action en responsabilité sur le terrain de la responsabilité civile délictuelle ? Le
contractant a –t-il le choix ? Les tribunaux n’admettent pas le principe dit du « cumul des
responsabilités ».Le contractant victime d’une inexécution ne peut agir que sur le terrain
de la responsabilité contractuelle. Les règles de la responsabilité civile délictuelle sont
donc sans application lorsqu’il s’agit d’une faute commise dans l’exécution d’une
obligation résultant d’un contrat. La règle du non cumul peut trouver un fondement
dans le principe de la force obligatoire des conventions. Permettre à la victime d’une
inexécution du contrat de s’écarter du cadre contractuel et invoquer d’autres règles
constituerait une atteinte à ce principe.
La distinction entre responsabilité contractuelle et responsabilité délictuelle est
aujourd’hui critiquée et d’autres sont proposées (responsabilité de droit commun et
responsabilités spécifiques, liées à des professions ou à un domaine.) Elle garde
cependant un intérêt. En matière contractuelle, seul le dommage prévisible est réparable.
Il y a là une règle qui se justifie car le contrat a pour finalité de prévoir et d’organiser, par
anticipation, une relation conventionnelle.
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Alors que le code pénal comprend plus de six cents articles, le code des obligations et
contrats consacre moins de trente articles aux délits et aux quasi-délits. Alors que la
responsabilité civile suppose la réalisation d’un dommage, la responsabilité pénale peut
être engagée même en cas de simple tentative (art.114 à 117 du code pénal).
La responsabilité pénale est soumise au principe de la personnalité des peines alors qu’il
existe une responsabilité civile du fait d’autrui. (Parents du fait de leurs enfants,
commettants du fait de leurs préposés).
Les domaines des deux responsabilités peuvent cependant se recouper car un même fait
peut constituer un délit pénal et un délit civil. (Le responsable d’un accident de
circulation commis à la suite d’un excès de vitesse peut engager une responsabilité civile
(réparer le dommage causé) et pénale (répondre pénalement de l’infraction commise :
non respect du code la route).
Les démarches qui vont conduire aux deux responsabilités ne sont pas identiques. C’est
par l’action publique intentée devant les tribunaux répressifs qu’est déclenchée la
démarche judiciaire pour la sanction de l’infraction commise. C’est devant les juridictions
civiles que la victime d’un dommage porte son action pour obtenir réparation. Si le
tribunal civil est saisi de l’action civile et le tribunal répressif de l’action publique, deux
règles s’imposent pour éviter les risques de contrariété de décisions :
- Le tribunal civil doit surseoir à statuer tant qu’il n’a pas été prononcé sur l’action
publique. On dit que le criminel tient le civil en l’état. L’objectif de cette règle classique est
donc d’éviter des contradictions entre les deux ordres de juridictions mais elle peut
retarder ou paralyser le procès dans ses aspects civil , commercial ou social.
Afin de parer aux lenteurs de la justice occasionnées par l’application de ce principe,
la loi française du 5 mars 2007 a modifié l’article 4 du Code de procédure pénale en
restreignant sa portée. Ainsi « la mise en mouvement de l'action publique n'impose pas la
suspension du jugement des autres actions exercées devant la juridiction civile, de
quelque nature qu'elles soient, même si la décision à intervenir au pénal est susceptible
d'exercer, directement ou indirectement, une influence sur la solution du procès civil ».
- La chose jugée au criminel a autorité au civil. La juridiction civile ne peut pas contredire ce
qu’a jugé la juridiction répressive. La cour suprême a récemment décidé que cette
autorité était d’ordre public. (Arrêt du 6 octobre 2004, dossier n°452/04, Bulletin
d’information de la Cour Suprême,n°16/2006, p.24).
Cela signifie, positivement, qu’une condamnation au pénal entraîne condamnation à
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dommages intérêts, lorsque le préjudice est établi. Le tribunal civil ne peut pas dire qu’il
n’y a pas faute quand la juridiction répressive a constaté une infraction pénale. Il a ainsi
été jugé qu’une « constatation de la faute de la victime par le juge pénal, faute qui a été
déterminante pour l’application de la peine, s’impose au juge civil et exonère pour partie
l’automobiliste de la responsabilité du dommage tant à l’égard de l’article 78 du DOC
que de celles de l’article 88 du DOC » (CAR, 10-12-1963, GTM, n°1350, p.50).
Mais la relaxe laisse, en principe, substituer la responsabilité civile lorsque cette dernière
n’a pas pour fondement une faute. C’est pourquoi il a été justement décidé que « s’il n’est
pas permis au juge civil de méconnaître ce qui a été nécessairement et positivement jugé
par la juridiction pénale, soit quant à l’existence du fait qui forme la base commune de
l’action publique et de l’action civile, soit quant à la qualification légale, soit quant à la
participation du prévenu à l’événement dommageable, il conserve sa liberté
d’appréciation toutes les fois qu’il ne décide rien d’inconciliable avec ce qui a déjà été
jugé au pénal ».Trib. 1re inst. Casablanca, 17-1-1949, R.M.D., 1949, p. 69-78. note H
Carteret).
La relaxe au pénal n’exclut donc pas toujours la responsabilité civile. Il en est ainsi toutes
les fois que la faute n’est pas une condition de mise en œuvre de la responsabilité civile.
Il en est ainsi également lorsque l’infraction n’a causé aucun préjudice.
Lorsqu’un même fait est constitutif d’un délit pénal et d’un délit civil, la victime peut
porter son action civile devant la juridiction répressive. Elle déclenche ainsi l’action
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publique si celle-ci ne l’a pas été par le ministère public et pourra tirer avantage des
preuves rassemblées au pénal.
CHAPITRE PRELIMINAIRE
LES FONDEMENTS DE LA RESPONSABILITE CIVILE
DELICTUELLE
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Un tel fondement suffisait au début du siècle dernier et il inspirait très largement les
règles du code civil français, du DOC et de la jurisprudence ; les accidents étaient peu
nombreux et d’importance minime. L’apparition et le développement du machinisme
dans l’industrie, les transports (notamment la circulation automobile) multipliaient
considérablement les accidents auxquels étaient exposées des personnes vulnérables, en
situation de faiblesse: salariés, piétons…. L’accident était synonyme de misère et la
nécessité d’établir une faute à l’origine du dommage laissait souvent les victimes sans
réparation. Les exigences accrues de sécurité, le développement de l’assurance, la
nécessité de protéger les victimes en situation de faiblesse, les difficultés de trouver une
faute à l’origine d’un dommage devaient conduire à assigner à la responsabilité un autre
fondement : le risque.
C’est une responsabilité objective, causale, fondée sur le lien de causalité objective entre
le préjudice et l’activité du tiers responsable. Il suffit que le dommage se rattache
matériellement à l’activité du tiers pour que la responsabilité de ce dernier soit engagée,
car celui qui exerce une activité doit en assumer les risques, surtout dans le cas où cette
activité est source de profits.
Cette théorie, favorisée par le prodigieux développement de l’assurance, est plus facile à
mettre en œuvre que celle de la faute qui implique une recherche psychologique et une
appréciation morale. En vertu de la théorie du risque, il s’agit simplement de rapporter la
preuve matérielle d’un rapport de causalité.
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Celui qui introduit un danger dans la vie sociale doit le faire à ses risques et périls et non
aux risques et périls d’autrui. Toute activité dommageable, même en l’absence de faute,
doit engager responsabilité. C’est le risque créé.
Il y a également la thèse du risque profit. Ceux qui tirent profit de leurs activités doivent,
par cela même, en supporter les conséquences dommageables.
La théorie du risque écarte ainsi la faute comme condition de responsabilité. L’objectif
n’est pas d’apprécier le comportement de l’auteur du dommage mais de réparer le
dommage causé. Il s’agit de réparer et non de punir.
L’homme est ainsi pratiquement tenu de répondre de tous ses actes par le seul fait qu’ils
causent un dommage à autrui. Cela a pu paraître excessif et on a reproché à la théorie du
risque créé le fait que la victime a également agi et contribué à la création du risque.
Dans le risque profit, la victime profite également de son activité (le salarié victime
perçoit un salaire).
3) La théorie de la garantie
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4) Le principe de précaution
On constate un déclin certain de la faute (§1) qui conserve malgré tout une place
importante (§ 2). Cela a permis à certains auteurs de parler de « renouveau de la faute ».
La théorie du risque a influencé le droit positif marqué par des régimes de responsabilité
détachés de l’idée de faute.
La réparation des accidents du travail est essentiellement fondée sur le risque.
En vertu de l’article 485 du code de commerce (1996) , le transporteur répond des
dommages qui surviennent à la personne du voyageur pendant le transport et sa
responsabilité ne peut être écartée que par la preuve d' un cas de force majeure ou de la
faute de la victime.
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Le principe demeure en effet que tout fait quelconque de l’homme qui, sans l’autorité de
la loi, cause sciemment et, volontairement à autrui un dommage matériel ou moral,
oblige son auteur à réparer ledit dommage, lorsqu’il est établi que ce fait en est la cause
directe. (Article 77 du DOC). De même, « Chacun est responsable du dommage moral
ou matériel qu’il a causé, non seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi
que cette faute en est la cause directe. (Article 78 du DOC.)
Il est de même admis en jurisprudence que « quand des fautes sont imputables à la fois à
l’auteur de la victime et à la victime d’un accident de la circulation, il y a lieu à partage de
responsabilité » (CAR, 1-11-1941, RAC, T XI, p.32).
Les juges du fond, qui relèvent les fautes respectivement commises par le prévenu et par
la victime d’un accident, peuvent légitimement estimer que ces fautes ont toutes deux
concouru à la réalisation de l’accident et procéder en conséquence à un partage de
responsabilité. (C.S. Crim., 19-VII-1962, R.A.C.S., T. III, p. 303). La faute de la victime
peut ainsi réduire ou supprimer ses indemnités.
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Selon l’article 752 du DOC, l’indemnité peut être réduite, lorsqu’il est établi que
l’accident dont l’ouvrier a été victime l’a été par son imprudence ou par sa faute. La
responsabilité du maître cesse complètement, et aucune indemnité n’est allouée, lorsque
l’accident a eu pour cause l’ivresse ou la faute lourde de l’ouvrier.
Il arrive parfois que les tribunaux affichent clairement le fondement qu’ils assignent à un
régime de responsabilité. (CAR, 21-6-1960, GTM 1961, N°1286, p.27 ; Trib 1ère Inst.
Fès 27-11-1963, GTM 1964, n 1345 p28).
TITRE 2
LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITE CIVILE
CHAPITRE 1
LE FAIT GENERATEUR DE RESPONSABILITE
Il existe trois régimes de responsabilités: du fait personnel, du fait d’autrui et du fait des
choses. Ce sont les régimes généraux (section 1). Il existe également des régimes
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C’est le régime de base qui trouve son fondement dans les articles 77 et 78 du DOC.
Article 77 : « Tout fait quelconque de l’homme qui, sans l’autorité de la loi, cause
sciemment et, volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur
à réparer ledit dommage, lorsqu’ il est établi que ce fait en est la cause directe.
C’est un régime basé sur la faute prouvée. La victime qui agit sur la base de ce régime
doit prouver la faute de l’auteur du dommage pour obtenir réparation. La faute est la
condition préalable de la responsabilité du fait personnel. Il faut nécessairement une
faute dûment prouvée pour que cette responsabilité soit engagée. Ce n’est donc pas un
régime très favorable aux victimes.
Que faut-il entendre par faute ? D’après l’article 78 du DOC, la faute consiste, soit à
omettre ce qu’on était tenu de faire soit à faire ce dont on était tenu de s’abstenir, sans
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La faute, telle qu’elle peut se dégager des dispositions et applications du DOC et telle
qu’elle est perçue et analysée en jurisprudence implique deux éléments: un élément
objectif, l’illicéité, la violation d’un devoir, et un élément subjectif, l’imputabilité de cette
violation.
La loi pose un ensemble de normes qui s’imposent à tous. Ces normes sont des règles de
conduite sociale. La transgression de ces normes constitue une faute. La faute civile
apparaît ainsi comme un écart par rapport à une norme. La Cour de cassation française a
constamment défini la faute comme la violation d’une norme de conduite (civ. 16 juil
1953, JCP 1953 11. 7792).
Cette norme est le plus souvent légale ou réglementaire, fixée par un texte. Mais il peut
s’agir d’un écart par rapport à une norme non codifiée, une règle de prudence et de
diligence. L’auteur du dommage ne s’est pas comporté comme il aurait dû le faire,
comme se serait conduite une personne normalement diligente placée dans les mêmes
conditions. La faute est ainsi une défaillance de conduite, non pas forcément par rapport
à une norme écrite mais par rapport à un comportement de référence. Il appartient ainsi
aux juges du fait de constater les faits desquels ils peuvent déduire l’existence ou
l’absence de faute à la charge de l’auteur ou de la victime d’un dommage ; mais leur
appréciation à cet égard est soumise au contrôle de la Cour Suprême (CS Civ.9-7-1963,
RACS, T.2, p.132).
Le Droit impose ainsi un modèle de conduite et tout écart par rapport à ce modèle peut
être source de responsabilité. Le modèle est celui du « bon père de famille ».Le DOC
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La faute ainsi définie peut être intentionnelle ou non intentionnelle. C’est la distinction
du délit et du quasi-délit de l’article 1er du DOC. En droit civil, cette distinction ne
devrait pas avoir d’intérêt puisqu’il s’agit non pas de punir mais de réparer le dommage
causé. Et c’est l’importance du dommage et non l’intention qui sert de base à la fixation
des indemnités. Même causé sans intention, le dommage appelle réparation. Selon
l’article 78:« Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé, non
seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause
directe. »
La responsabilité et la réparation qui en découle doivent compenser le préjudice causé et
non punir l’auteur du dommage. Il n’y a pas à réduire le montant de l’indemnité en cas
de quasi-délit et l’augmenter en cas de délit. La responsabilité civile n’a théoriquement
pas pour fonction de punir mais de réparer le dommage causé. C’est pourquoi il a
toujours été admis en jurisprudence que la réparation du dommage devait être égale à
l’intégralité du préjudice (CS Crim, 6-3-1962, GTM, 1962, n°1310, p.52 ; RACS, T.3,
p.161).
L’article 98, al.2 du DOC qui oblige les tribunaux à évaluer différemment les dommages
selon qu’il s’agit de la faute du débiteur ou de son dol procède d’une vision punitive des
dommages –intérêts. Rien cependant n’interdit aux juges d’appliquer cette disposition.
Les juridictions répressives y recours parfois arguant de leur droit d’évaluer les
indemnités, dans les limites des conclusions de la partie civile, sans être tenues de «
spécifier les bases sur lesquelles ils en ont calculé le montant » (CS Crim, 22-7-1963,
RMD, 1964, p.398.)
Il est par ailleurs interdit de souscrire une assurance couvrant les fautes intentionnelles
de l’assuré.
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s’agit d’une faute qu’une personne n’aurait pas dû commettre. La gravité de la faute
commise par la victime peut faire cesser la responsabilité ou réduire le montant des
indemnités (voir par exemple l’article 752 du DOC et la législation sur la réparation des
accidents du travail).
Il est admis en droit et en jurisprudence qu’il ne saurait y avoir de faute que si l’agent
possède le discernement, c’est-à-dire est à même d’avoir conscience du caractère illicite
de son acte, de pouvoir distinguer le bien du mal. L’acte doit donc être imputé à son
auteur. Un dommage, quelque soit son importance, reste ainsi sans réparation si son
auteur n’a pas conscience, au moment de sa commission, du caractère illicite de son
agissement. La situation est injuste pour la victime qui peut cependant agir contre les
personnes chargées de la surveillance de l’auteur dépourvu de discernement.
Le mineur répond, au contraire, du dommage causé par son fait, s’il possède le degré de
discernement nécessaire pour apprécier les conséquences de ses actes. »
De même, les sourds-muets et les infirmes ne répondent des dommages résultant de leur
fait ou de leur faute que s’ils possèdent le degré de discernement nécessaire pour
apprécier les conséquences de leurs actes. (Article 97 du DOC).
Sur cette base, les tribunaux ont donc estimé que ne pouvaient « être considérés comme
des fautes au sens des articles 78 et 88 du DOC, les actes accomplis par des aliénés ou
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des mineurs en bas – âge, l’un et l’autre sont, en effet, considérés comme irresponsables
pour défaut de discernement ». (CS Civ.15-6-JCS, 1968, n°3, p.20).
En droit français, la rège est différente. Celui qui a causé un dommage à autrui alors qu’il
était sous l’empire d’un trouble mental n’en est pas moins obligé à réparation. (Art.482-2
du code civil). La jurisprudence française à étendu cette règle aux mineurs dépourvus de
discernement. (Arrêt Le Maire :Ass.plén.9 mai 1984, D ; 1984 .525, concl. Cabannes,
note F. Chabas.). Ces solutions se fondent sur une conception objective de la faute.
Il ressort de ce texte que le principe est qu’il n’y a pas de responsabilité lorsqu’une
personne exerce un droit dont elle titulaire. Cependant, le titulaire d’un droit qui fait ce
qu’il avait le droit de faire mais dans l’intention de nuire à autrui abuse de son droit et
engage sa responsabilité. L’intention de nuire rend illicite un acte objectivement licite. Le
propriétaire qui élève un mur dans le seul but de gêner son voisin abuse de son droit de
propriété, commet un abus de droit et engage sa responsabilité. Le caractère absolu du
droit de propriété ne fait pas obstacle à un usage abusif de ce droit.
Dans cet arrêt -Clément Bayard (Req. 3 août 1915 D. P. 1917. 1. 79)- le propriétaire d’un
terrain y avait édifié deux carcasses de bois d’une hauteur de 15 mètres, surmontée de
piquets en fer, et séparées l’une de l’autre de quelques mètres. Ces édifices étaient situés
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juste en face des hangars de Clément Bayard et avaient pour seul objectif de gêner ce
dernier dans ses manoeuvres sur des dirigeables. La cour de cassation a estimé que le
propriétaire avait agi dans le seul but de nuire et l’a condamné à démolir les dits édifices.
En jurisprudence marocaine il a de même été considéré que « celui qui se sert de son
droit d’une manière préjudiciable à autrui, sans intérêt légitime, pour la satisfaction d’un
mobile malicieux ou dans le dessein manifeste de nuire » commet un abus de droit. (Trib.
1re inst. Casablanca, 20-111-1930, G.T.M., 1930, n° 399, p. 116).
Ainsi et dans un premier temps, les tribunaux ont admis qu’une plainte ou dénonciation
portée non seulement dolosivement, mais même avec légèreté, sans que son auteur se
soit assuré de la vraisemblance de ses imputations, peut donner ouverture à une action
en dommages-intérêts. (Trib. 1ère Inst. Rabat, 11-XII-1918, R.L.J.M., 1920, p. 79).
Par la suite, les décisions de justice, confirmées par la cour suprême, ont été plus
restrictives. Une action en justice ne peut donner lieu à dommages-intérêts, pour abus de
droit, que si le demandeur a agi par pure malice, mauvaise foi ou erreur grossière
équipollente au dol. (Trib. 1re inst. Casablanca, 16-11-1952, R.M.D., 1954, p. 37, note R.
Rodière ; Arrêt de la Cour suprême n° 45, 9 février 1958, Arrêts de la Cour suprême en
matière civile, 1958-1996, publication de la Cour suprême, 1997, CS, Civ, 15-8-1979,
GTM, n.s,1985, p.11).
Un plaideur qui exerce une voie de recours uniquement pour nuire à son adversaire
abuse de son droit et s’expose non seulement au paiement d’indemnité mais également à
une amende civile. (Art. 164 du code de procédure civile de 1974 qui sanctionne l’appel
purement dilatoire dans la procédure d’injonction de payer). Il a également été décidé
que lorsque la saisie conservatoire apparaît plutôt comme un acte comminatoire que
comme une mesure de sûreté, elle présente un caractère abusif et il peut être accordé au
saisi la réparation du préjudice causé. (CAR., 31-XII-1935, R.A.C., 1. VIII, p. 431).
De même, commet un abus de droit celui qui, ayant acquis dans l’indivision la moitié
d’une maison immatriculée se refuse à faire inscrire son achat sur le titre foncier, dans le
dessein manifeste d’échapper à l’exercice du droit de préemption par le copropriétaire.
(CAR., 20-VI-1946, R.A.C., T. XIII, p. 532).
L’exercice d’un droit peut causer préjudice à un tiers sans qu’il soit établi à l’encontre de
son titulaire une faute dans la manière de l’exercer ou dans le but poursuivi. La question
s’est surtout posée à propos des troubles de voisinage .Les auteurs admettent
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La jurisprudence française distingue entre les troubles ordinaires qui doivent être
supportés par les voisins et les inconvénients anormaux de voisinage dont les tiers sont
en droit d’obtenir réparation pour le préjudice qui leur est causé.
C’est la même règle qui est édictée à l’article 92 du DOC en vertu duquel « les voisins ne
sont pas fondés à réclamer la suppression des dommages qui dérivent des obligations
ordinaires du voisinage, tels que la fumée qui s’échappe des cheminées et autres
incommodités qui ne peuvent être évitées et ne dépassent pas la mesure ordinaire ».
Le principe de la responsabilité du fait d’autrui est posé à l’article 85 du DOC qui précise
qu’ « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre… ».
La question s’est posée de savoir cet article pose un principe général de responsabilité
pour autrui ou ne fait qu’annoncer les régimes spéciaux qu’il développe (fait des
commettants, fait des parents….) ? La liste des personnes qui doivent répondre des
dommages causés par autrui selon l’article 85 est-elle limitative ? Bien que les tribunaux
appliquent le principe de la responsabilité du fait d’autrui à de nombreuses personnes
(Les aéro-clubs responsables des fautes commises par les moniteurs, le pilote considéré
préposé temporaire et occasionnel de l’armateur.( CAR., 20-VI-1958, G.TM., 1958, n°
1235, p. 83 ; R.M.D., 1959, P 72, note Lacombe ; RAC., T. XX, p. 831.Trib. 1re Inst.
Casablanca, 4-I-1932, R.L.J.M., 1933, p.77), la jurisprudence n’a pas énoncé un principe
général de responsabilité du fait d’autrui.
Par un arrêt de l’assemblée plénière de la Cour de cassation française (29 mars 1991), il a
été décidé que la liste des personnes responsables de l’article 1384 ne présentait pas un
caractère limitatif. (D.1991, 324, note Larroumet.) Ainsi toute personne qui dispose d’un
pouvoir de direction et de contrôle sur l’activité d’une autre peut engager sa
responsabilité pour les dommages que celle-ci viendrait à causer.
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Le père et la mère après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs
enfants mineurs habitant avec eux (article 85 al.1). La responsabilité ci-dessus nous
précise l’article 85 du DOC a lieu à moins que les père et mère et artisans ne prouvent
qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité. La loi fait ainsi
peser sur les parents une présomption de faute. Le dommage causé par l’enfant présume
un défaut d’éducation ou de surveillance.
S’agissant des personnes responsables, il convient d’abord de préciser que le DOC fait
peser la responsabilité sur le père. La mère ne voit sa responsabilité engagée qu’après le
décès du mari. C’est à elle qu’est confiée en premier lieu la garde de l’enfant (article 171
du code de la famille). La garde, qui consiste à préserver l’enfant de ce qui pourrait lui
être préjudiciable, l’éduquer et veiller à ses intérêts, incombe cependant selon l’article 164
du code de la famille au père et à la mère tant que les liens conjugaux subsistent. Le père
et la mère ne doivent-ils donc pas être déclarés solidairement responsables des
dommages causés par leurs enfants ? Il faut ajouter que ce sont légalement les parents
(père et mère) qui doivent à leurs enfants un certain nombre de droits dont la garde et
l’éducation fondée sur la bonne conduite, (article 54 du code de la famille). Enfin le
mariage vise légalement la fondation d’une famille stable sous la direction des deux
époux.
La première condition a trait à la minorité de l’enfant. L’enfant doit être mineur le jour
de l’accident. La garde cesse en effet avec la majorité. Selon l’article 166 du code de la
famille, la garde de l’enfant se prolonge, aussi bien pour le garçon que pour la fille,
jusqu’à sa majorité légale. (Dix huit années, article 209 du code de la famille). La cour
suprême a ainsi cassé des arrêts ayant condamné le mineur à réparation. (Cass Crim, 15-
4-1983, JCS, 1984,n°33-34, p.166).
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laquelle il avait été invité à jouer, le père ayant été dans l’impossibilité manifeste
d’empêcher le fait dommageable de se produire ». (CAR, 8-11-1952, RMD, 1954, p.181-
182 note Rodière.).
Faut-il enfin que le mineur ait commis une faute pour engager la responsabilité des
parents ? Le DOC n’édicte pas une telle condition. Cela peut s’expliquer par la
prééminence de la faute subjective. Les dommages causés par les mineurs dépourvus de
discernement sont, par hypothèse, non fautifs. (Voir article 96 du DOC). Exiger une
faute que le mineur ne peut juridiquement pas commettre rendrait illusoire la
responsabilité des parents pour tous les dommages causés par les enfants dépourvus de
discernement.
Après avoir exigé la faute du mineur comme condition de la responsabilité des parents,
la jurisprudence française a décidé qu’un acte objectivement illicite du mineur permettait
d’engager la responsabilité de parents, alors même qu’il ne lui était pas subjectivement
reprochable. (Civ.2ème, 16 juillet 1969, Bull Civ, II, n°255, p 183, RTDCiv, 1970 .575,
obs G .Durry.). Plus récemment, la cour de cassation affirme que « la responsabilité de
plein droit encourue par les pères et mères des dommages causés par leur enfant mineur
habitant avec eux n’est pas subordonnée à l’existence d’une faute de l’enfant » (Civ 2ème,
10 mai 2001, Bull Civ II, n°96, JCP 2001, II, 10613, note J/Mouly.).
La responsabilité des parents repose sur une présomption de faute. Cela signifie que du
dommage causé par l’enfant, la loi déduit une faute des parents, faute d’éducation ou de
surveillance. Il s’agit d’une présomption réfragable, c’est-à-dire que les parents peuvent
l’écarter en prouvant qu’ils n’ont pas commis de faute.
C’est ainsi que les tribunaux ont interprété l’article 85 qui engage la responsabilité des
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26
parents à moins qu’ils ne prouvent « qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à
cette responsabilité. »
La responsabilité du père en raison des dommages causés par son enfant mineur
habitant avec lui, repose ainsi selon la Cour d’appel de Rabat, sur une présomption de
faute et doit être écartée s’il est établi que tant au point de vue éducation que de la
surveillance, le père s’est comporté comme une personne prudente et n’a pu ainsi
empêcher l’acte dommageable. C.A.R. 24-1-1958, R.M.D., 1961, p. 133-135, note R.
Rodière ; R.A.C., T. XIX, p.390 et CAR, 15-7-1938, RAC, T.IX, p 597).La cour suprême
a par la suite confirmé ce fondement (CS Crim, 3-XII-1964, RACS, T.IV, p 302).
En France, la tendance est à une plus grande sévérité à l’égard des parents. Dans un
premier temps, la cour de cassation se contente d’un acte du mineur qui soit la cause
directe du dommage invoqué par la victime .Pour que soit présumée, sur le fondement
de l’art. 1384 al. 4 du Code civil, la responsabilité des père et mère d’un mineur habitant
avec eux, il suffit que celui-ci ait commis un acte qui soit la cause directe du dommage
invoqué par la victime .(Arrêt Fullenwarth, Ass. Plén. 9 mai 1984, D 1984.525). En 1997,
elle décide que seule la force majeure ou la faute de la victime pouvait exonérer un père
de la responsabilité de plein droit encourue du fait des dommages causés par son fils
mineur habitant avec lui, optant ainsi pour une certaine objectivisation de cette
responsabilité ( arrêt « Bertrand » (Civ. 2ème, 19 février 1997, Bull. n° 55) .
Par la suite, elle affirme en 2001 que la responsabilité des parents n’est pas subordonnée
à l’existence d’une faute de l’enfant. ( Civ 2ème, 10 mai 2001, Bull Civ II, n°96, JCP 2001,
II, 10613, note J /Mouly.). Les parents ne peuvent donc pas s’exonérer en prouvant que
l’enfant a eu un comportement normal, licite, irréprochable. Des auteurs ont ainsi pu
écrire à ce sujet que « la responsabilité de l’anormalité cède la place à la responsabilité de
la normalité ».
Le père, la mère, mais aussi les autres parents ou conjoints répondent des dommages
causés par les insensés, et autre infirmes d’esprit, même majeurs habitant avec eux, s’ils
ne prouvent:
1- Qu’ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire :
2- Ou qu’ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l’insensé:
3- Ou que l’accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime.
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Sur cette base, il a été décidé qu’il n’existait aucun lien de commettant à préposé entre le
joueur « amateur » d’une association de football et l’association elle-même et qu’il n’y
avait pas lieu, en conséquence, à l’application de l’article 85 du D.O.C. (Trib. 1ère inst.
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C’est parce que le commettant commande, use d’une autorité, qu’il a la responsabilité des
actes de son préposé. Le commettant est responsable du dommage causé par le préposé
sur lequel il exerce les pouvoirs d’ordre et de direction.
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b- Le dommage doit avoir été causé dans l’exercice des fonctions du préposé
Il s’agit là d’une exigence légale. Les commettants sont responsables du dommage causé
par leurs préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
Il y a des situations où l’application de cette règle ne pose pas de problèmes. Un
chauffeur qui, pendant les heures de travail, blesse un piéton avec le véhicule de
l’entreprise, engagera la responsabilité du commettant. Ce même chauffeur qui, pendant
son congé, blesse un piéton avec son propre véhicule, verra engagée sa propre
responsabilité et non celle de son commettant. Il n’y a, disent les tribunaux, aucun lien
de connexité entre l’acte dommageable et la fonction du préposé. (CAR., 21-X-1959,
R.M.D., 1961, p. 401).
Entre ces deux situations extrêmes se situe ce que doctrine et jurisprudence qualifient
d’abus de fonctions ou de détournement de fonctions. La jurisprudence offre de
multiples situations d’abus de fonctions. Le commettant doit-il, par exemple, être déclaré
responsable de l’accident causé à un tiers par l’explosion d’un détonateur dont son
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préposé avait, sans l’en aviser, transporté une caisse à son domicile, estimant que celui-ci
risquait d’être dérobé si elle était laissée dans le chantier de l’entreprise ? Le propriétaire
d’un car est-il civilement responsable de la faute quasi-délictuelle de son préposé qui,
après l’arrivée du car, blesse un voyageur en lançant un colis du haut de l’impériale ? La
responsabilité des commettants s’étend-elle aux dommages résultant de l’abus de
fonction, c’est-à-dire l’acte en vertu duquel le préposé utilise soit ses fonctions elles-
mêmes, soit des moyens mis à sa disposition par le commettant pour l’exercice de ces
fonctions, dans un but étranger à celui qui lui a été fixé par le commettant.
Dans le même esprit, il a été décidé que la responsabilité du commettant est engagée
quand le préposé abuse de ses fonctions, notamment en matière de délit de contrebande
commis par son préposé avec l’automobile qu’il était chargé de conduire, et il importe
peu que le préposé ait agi à l’insu ou contrairement aux instructions du commettant, ou
pour son compte personnel. (Trib. 1ére Inst. Kenitra, 17-IV-1951, R.M.D., 1952, p. 133-
136; CAR., 13-VII-1951, R.M.D., 1952, p. 133). De même, le propriétaire d’un véhicule
est civilement responsable de l’accident causé par son préposé, conducteur utilisant le
véhicule sur un parcours non prévu par le commettant et transportant, au mépris de
l’interdiction formulée par ce dernier, des passagers à titre onéreux, dès lors que c’est à
l’occasion de ses fonctions et en raison des facilités qu’elles lui procuraient que le
préposé a pu commettre le dommage. (C.S. Crim., 18-11-1960, R.A.C.S., T. 1, p. 219).
D’autres adoptent une conception plus restrictive de l’abus de fonctions. Elles rejettent
plus facilement la connexité entre préposition et abus de fonctions ou écartent la
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Il a ainsi été décidé que le commettant ne saurait être déclaré responsable d’un accident
dont a été victime une personne transportée dans un camion lui appartenant et conduit
par son préposé, alors qu’en ayant pris place dans ce camion, qui n’était nullement
agencé pour le transport des voyageurs, cette personne ne pouvait ignorer qu’elle se
trouvait en présence d’un abus commis par le chauffeur dans son service. (CAR., 23-VI-
1959, G.T.M., 1959, n°1257, p. 94).
Les tribunaux écartent de même la responsabilité des commettants lorsque le préposé a
été envisagé par la victime de l’acte dommageable comme ayant agi pour son compte
personnel. (CAR., 27-11-1959, G.T.M., 1959, n° 1251, p. 58).
Les tribunaux exigent parfois une relation de cause à effet entre l’acte dommageable du
préposé et ses fonctions.
Ainsi une personne chargée par des chauffeurs de taxi de surveiller leurs véhicules en
stationnement et de les pousser à la main pour qu’ils gardent leur place dans la file peut
être considérée comme préposée de ces chauffeurs. Mais il n’y a pas de lien de connexité
entre ce rapport de préposition et l’abus de fonction ayant consisté pour cette personne,
non titulaire du permis de conduire, à mettre l’un des taxis en route, à le conduire à une
allure folle tous feux éteints, hors du parc de stationnement, et à renverser un piéton sur
le trottoir. Le chauffeur de ce taxi ne saurait donc être déclaré responsable de l’accident
en qualité de commettant. (C.S. Civ., 26-1-1960, R.A.C.S., T. 1, p. 137). Plus récemment
et confirmant cette tendance, la Cour Suprême exige « une relation de cause à effet »
entre le fait dommageable et les fonctions du préposé. (CS Soc.18-3-1975, RJL, 1977,
n°126, p.20).
Si ces conditions sont réunies, le commettant, à moins d’un abus de fonctions, ne peut
pas s’exonérer en prouvant qu’il n’a pas commis de faute, qu’il a bien surveillé son
préposé…. Le commettant est présumé responsable et pour écarter sa responsabilité, il
devra prouver que le dommage est dû à un cas de force majeur ou à une faute de la
victime présentant les caractères de la force majeure. Il s’agit d’une présomption de
responsabilité. L’article 85 n’ayant pas prévue, comme il l’a fait pour les parents, de
possibilité d’exonération par la preuve de l’absence de faute ou d’une bonne surveillance
du préposé.
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Les artisans sont responsables du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps
qu’ils sont sous leur surveillance.
Cette responsabilité, précise l’article 85, a lieu à moins que artisans, comme pour les
pères et mères, ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité.
Les instituteurs sont responsables du dommage causé par les enfants et jeunes gens
pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance.
Cette responsabilité est prévue à l’article 85 bis du DOC qui substitue la responsabilité
de l’Etat à celle de l’instituteur : « La responsabilité de l’Etat sera substituée à celle de ces
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agents qui ne pourront jamais être mis en cause devant les tribunaux civils par la victime
ou ses représentants ».
Les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre eux, comme ayant causé le fait
dommageable, devront être prouvées conformément au droit commun par le demandeur
à l’instance.
L’article 85 bis est applicable “ toutes les fois que, pendant la scolarité ou en dehors de la
scolarité, dans un but d'éducation morale ou physique non interdit par les règlements, les
enfants ou jeunes gens confiés ainsi audits agents se trouveront sous la surveillance de
ces derniers”.
Les accidents dont peuvent être victimes les élèves dans les écoles sont régis par le dahir
du 26-10-1942 relatif à la réparation des accidents survenus aux élèves des établissements
scolaires publics. L’Etat assume une responsabilité de plein droit, uniquement
conditionnée par la survenance du fait dommageable au sein de l’établissement scolaire.
La victime, si tel est son intérêt, peut toujours agir sur la base du droit commun de la
responsabilité civile, en l’occurrence l’article 85 du DOC qui fonde la responsabilité sur
la faute prouvée de l’établissement (CS, 26 mai 1994, Arrêts de la cour suprême, 1958-
1996, Publications de la Cour Suprême, 1997, p.229).
Selon l’article 88 du DOC, « chacun doit répondre du dommage cause par les choses
qu’il a sous sa garde, lorsqu’il est justifié que ces choses sont la cause directe du
dommage, s’il ne démontre :
1- Qu’il a fait tout ce qui était nécessaire afin d’empêcher le dommage ;
2- Et que le dommage dépend, soit d’un cas fortuit, soit d’une force majeure, soit de la
faute de celui qui en est victime. »
L’article 1384, al 1er du code civil qui a inspiré l’article 88 du DOC, ne faisait
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qu’annoncer les régimes particuliers prévus aux articles article 1386 (89 du DOC)
(écroulement ou ruine partielle d’un édifice) et article 1385 (86 du DOC) (fait des
animaux).
La victime d’un dommage résultant de l’explosion d’une machine (une chose) ou d’un
accident d’automobile devait prouver une faute à l’origine du dommage pour obtenir
réparation. Dans cet esprit, il avait été décidé que « la faute restait la première source de
la responsabilité civile et dans ce cas c’est l’article 78 du DOC qui s’applique. Seul un
rôle subsidiaire est dévolu à l’idée de risque qui découle de l’article 88 du DOC ».
( Trib.paix, Casablanca, 17-IV-1931, GTM, 1931, n°451, p.173).
A - Une chose
Il s’agit en principe de toute chose. L’article 88 s’applique aussi bien aux meubles qu’aux
immeubles. Pendant un temps, les tribunaux ont considéré que « la responsabilité du
propriétaire de la chose, telle qu’elle est établie par l’article 88 du D.O.C., ne saurait être
étendue aux immeubles ». (CAR., 5-XI-1924, G.T.M., 1924, n° 150, p. 339). (CAR., 28-
XI-1936, G.T.M., 1937, n° 714, p. 45). (CAR., 14-1-1944, R.A.C., T. XII, p. 369). Ils en
ont notamment déduit que « le propriétaire d’un immeuble, dans lequel un incendie a
éclaté, n’est pas responsable du préjudice causé aux immeubles voisins par le sinistre, s’il
n’est pas établi que ce sinistre est la conséquence directe d’une faute à lui imputable. »
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après, « sont d’une généralité absolue. Il n’y a donc pas lieu de faire une distinction entre
les choses mobilières et les choses immobilières. » (CAR, 17-XI-1953, RMD, 1956, p.172,
note Gayral). (CAR., 30-V-1958, G.T.M., 1958, n° 1235, p. 82; R.M.D., 1958, p. 419-420;
R.A.C, T.XX, p. 71).
En décidant que les termes de l’article 88 sont d’une généralité absolue, la jurisprudence
permet d’écarter d’autres distinctions proposées par la doctrine. Cette dernière a en effet
pu soutenir que la responsabilité du fait des choses ne pouvait s’appliquer qu’aux choses
atteintes d’un vice propre ayant causé le dommage, aux choses non actionnées par la
main de l’homme et aux choses en mouvement (contrairement aux choses inertes). Cette
jurisprudence n’autorise pas enfin à distinguer les choses dangereuses des choses non
dangereuses.
B- Le fait de la chose
Pour que la responsabilité du gardien soit engagée, il faut que la chose soit
matériellement intervenue dans la réalisation du dommage. Les tribunaux parlent parfois
de « participation matérielle de la chose au dommage » (CAR, 4-X-1940, RAC, T.X,
p.533). Il n’est pas nécessaire pour cela qu’il y ait eu contact matériel entre la chose et la
victime du dommage. Si l’article 88 du D.O.C. n’exige pas la matérialité du contact,
encore faut-il que la chose ait participé au dommage, c’est-à-dire que le rapport de
causalité entre les faits allégués et le dommage définitif ait joué la condition nécessaire. II
ne suffit donc pas, pour que la responsabilité du gardien soit engagée, que la chose ait pu
ou ait exercé une influence psychologique sur la victime au moment de l’accident. (CAR,
22-VI-1956, R.M.D., 1956, p.364). Le fait de la chose exprime ainsi l’exigence d’un
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La chose doit encore en effet avoir joué un rôle actif dans la production du dommage.
Une chose en mouvement est supposée avoir joué un rôle actif. Lorsque la chose est
inerte cette supposition tombe et il appartient alors à la victime de prouver qu’elle a joué
un rôle actif, qu’elle n’était pas dans une situation normale. Certaines décisions de
jurisprudence française ont cependant admis que « la chose inerte peut jouer un rôle actif
du simple fait qu’elle a été l’instrument du dommage ». (Civ .2éme, 18 sept.2003, JCP
2004, II, 10013, note C. Le Tertre.)
C- La garde de la chose
L’article 88 du DOC ne définit pas la notion de garde. C’est la jurisprudence qui s’en est
chargée en procédant à la détermination du gardien et en en tirant un certain nombre de
conséquences.
Dans un arrêt célèbre (arrêt Franck), la cour de cassation française décide, dans un
affaire où un voleur s’était emparé d’une voiture et avait écrasé un piéton, que le
propriétaire « privé de l’usage, de la direction et du contrôle de sa voiture, n’en avait plus
la garde » ( Arrêt Franck, Ch.réunies, 2 déc .1941, DC, 1942,25, note G .Ripert). La garde
était ainsi définie et le gardien celui qui avait la maîtrise de la chose. Cette théorie se
fonde sur la théorie de la garde matérielle. La théorie de la garde juridique aurait conduit
à considérer que le propriétaire reste gardien « tant qu’il ne s’est pas volontairement
dessaisi de la chose».
La jurisprudence marocaine est allée dans le même sens. En 1965, la Cour Suprême
considère que le gardien d’une chose est celui qui a sur elle les pouvoirs d’usage, de
direction et de contrôle. (C.S, Civ 2-XI-1965, R.AC, S T, Il, p, 283-284). Elle confirme
les juridictions de fond qui avaient adopté la même définition et en avaient tiré un certain
nombre de conséquences. Le tribunal de première instance de Casablanca avait ainsi en
1961, ( G.T.M.,1961, n° 1300, p. 112) décidé que la responsabilité pèse en premier lieu
sur le propriétaire qui est réputé gardien à moins qu’il ne prouve qu’au moment où s’est
produit le fait dommageable il en avait perdu la garde de sa chose, soit parce que celle-ci
lui avait été indûment soustraite, soit parce qu’il l’avait confiée pour un usage
entièrement libre à une personne tenue de l’utiliser aussi raisonnablement que lui-même.
Mais cette responsabilité doit jouer dans toute sa rigueur si le propriétaire de la chose,
tenu d’exercer sur elle un contrôle permanent et de veiller à ce qu’elle ne cause pas
d’accident, ne prouve pas ni n’offre de prouver qu’il avait délégué à un tiers l’usage, la
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direction et le contrôle de sa chose, ou qu’il avait été dépossédé de ces mêmes pouvoirs
par l’effet d’un vol.
Il a de même été décidé que la responsabilité du gardien juridique d’un scooter, cause
d’un accident, ne saurait incomber au propriétaire, puisqu’il avait perdu, en prêtant
l’engin à sa fiancée, alors que lui-même était rappelé sous les drapeaux, le pouvoir d’user
de la chose, de la surveiller et de la contrôler. (Trib. Paix Kenitra, 18-111-1957, R.M.D.,
1958, p. 84-92, note M. Sumien).
Lorsque le propriétaire d’un véhicule a cédé à un tiers la garde de la chose, il ne peut plus
être considéré comme responsable. (Trib. 1re inst. Casablanca, 11-11-1962, R.M.D.,
1962, p. 752).
La non délivrance de la carte grise par le vendeur à l’acheteur n’empêche pas ce dernier
de devenir gardien dès la livraison, dès lors qu’il a un pouvoir de commandement et de
contrôle sur le véhicule. (CAR . 16-11-1960, R.M.D., 1961, p. 129). En cas de vente d’un
véhicule, l’acquéreur a la qualité de gardien et engage sa responsabilité avant même
l’accomplissement des formalités de cession. (CS Crim, 14-12-1980, JCS, n°28, p.222).
La garde cependant ne peut porter que sur une chose sur laquelle on peut exercer les
pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle. Les alpinistes n’ont pas été considérés
gardien des pierres qui tombent sur leur passage (Civ 2ème, 24 avril 2003, D.2003, IR,
1340.)
La garde est en principe alternative et non cumulative. La chose ne peut avoir qu’un seul
gardien. Quand le propriétaire loue une chose lui appartenant, c’est le locataire et lui seul
qui en devient gardien.
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Une difficulté peut surgir quand des personnes différentes ont un pouvoir d’usage, de
direction et de contrôle sur divers éléments de la chose. En déchargeant des bouteilles de
gaz, une d’entre elles explose et blesse un salarié du transporteur. Si l’accident a pour
origine une mauvaise manipulation des bonbonnes de gaz, une mauvaise disposition qui
a permis l’explosion, c’est le gardien du comportement - en l’occurrence le transporteur -
qui est responsable. Si la bouteille a explosé par suite d’un vice de fabrication, c’est le
propriétaire gardien de la structure qui est responsable et non le transporteur. C’est la
distinction entre la garde de la structure et la garde du comportement. La distinction
paraît juste, il n’y a pas de raison que le gardien du comportement soit responsable pour
un vice de la chose auquel il est étranger.
Une difficulté peut également surgir en cas d’exercice en commun d’une activité ayant
causé un préjudice. (des joueurs, des chasseurs….) Selon l’article 99 du DOC « si le
dommage est causé par plusieurs personnes agissant de concert, chacune d’elles est tenue
solidairement des conséquences, sans distinguer si elles ont agit comme instigateurs,
complices ou auteurs principaux. » La règle établie en l’article 99 s’applique au cas où,
entre plusieurs personnes qui doivent répondre d’un dommage, il n’est pas possible de
déterminer celle qui en est réellement l’auteur, ou la proportion dans laquelle elles ont
contribué au dommage. Celui qui a indemnisé conservant un recours pour moitié contre
l’auteur .(Civ.2ème, 24 janv.1996, Bull Civ, II, n°7).
Enfin le gardien doit avoir une certaine indépendance. La qualité de gardien est
incompatible avec celle de proposé. Il est admis en jurisprudence que la « préposition
implique un lien de subordination et de dépendance incompatible avec les pouvoirs
d’usage, de contrôle et de direction qui constituent le gardien (CAR, 31-III-1950, RAC,
T.XVI, p.236-237).
L’article 88 du DOC énonce clairement que chacun doit répondre du dommage cause
par les choses qu’il a sous sa garde, lorsqu’il est justifié que ces choses sont la cause
directe du dommage, s’il ne démontre :
1- Qu’il a fait tout ce qui était nécessaire afin d’empêcher le dommage ;
2- Et que le dommage dépend, soit d’un cas fortuit, soit d’une force majeure, soit de la
faute de celui qui en est victime.
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L’évènement ne peut être considéré cause étrangère que s’il est extérieur au gardien lui-
même. Le gardien reste donc responsable lorsque le dommage est dû à un vice de la
chose. La rupture d’un câble de commande des freins d’un véhicule automobile ne
saurait être considérée comme un cas fortuit ou de force majeure, le gardien de ce
véhicule ayant l’obligation de s’en prémunir en faisant procéder à toutes vérifications
utiles. Doit donc être accueillie l’action en réparation du préjudice causé à la victime d’un
accident survenu à la suite de la rupture d’un câble de commande des freins. (CAR., 3-
XI-1932, R.A.C., T. VII, p.30).
Les tribunaux apprécient la notion de force majeure et de cause étrangère avec une
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certaine rigueur. La rupture d’un câble de frein, le fait d’avoir été ébloui par les phares
d’une voiture venant en sens inverse, la chute de la foudre, l’orage n’ont pas été
considérés cas de force majeure. Il a par contre été jugé que l’accident provoqué par un
enfant de cinq ans qui, jouant sans surveillance sur la route, fait brusquement irruption
sur la chaussée au moment où arrive le véhicule est dû à la faute exclusive et imprévisible
de la victime, (Trib. 1ère Inst. Casablanca, 31-X-1958, G.T.M., 1959, n°1250, p. 54).
Si le dommage provient d’une cause étrangère qui n’est pas imputable au gardien, par
définition imprévisible et insurmontable, pourquoi faut-il encore exiger qu’il prouve qu’il
a fait a fait tout ce qui était nécessaire afin d’empêcher le dommage ? Prouver la force
majeure n’est–il la preuve que la gardien n’est pas en faute. ?
La cause étrangère est un événement imprévisible et irrésistible que l’on n’a pas pu
prévoir et auquel on ne peut résister, dont on ne peut éviter les effets. Le gardien a été
mis dans l’impossibilité d’éviter le dommage. En maintes occasions, le DOC fait état
d’une force majeure ou un cas fortuit « non imputable à leur faute » …. La preuve de
l’absence de faute n’étant pas exonératoire, l’article 88 ne repose pas sur une
présomption de faute mais bien sur une présomption de responsabilité.
Certains régimes spéciaux de responsabilité sont consacrés par le DOC (§1), d’autres par
des textes particuliers (§2).
§1- Les régimes spéciaux prévus par le DOC : la responsabilité du fait des
animaux et la responsabilité du fait de la ruine d’un bâtiment
En vertu de l’article 86 du DOC, chacun doit répondre du dommage causé par l’animal
qu’il a sous sa garde, même si ce dernier s’est égaré ou échappé, s’il ne prouve :
1- Qu’il a pris les précautions nécessaires pour l’empêcher de nuire ou pour le surveiller ;
2- Ou que l’accident provient d’un cas fortuit ou de force majeure, ou de la faute de celui
qui en a été victime.
Ce texte fait peser sur le gardien de l’animal une présomption de faute puisqu’il peut se
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libérer en prouvant qu’il a pris les précautions nécessaires pour l’empêcher de nuire ou
pour le surveiller, c’est-à-dire qu’il n’a pas commis de faute. L’article 86 fait peser sur le
gardien de l’animal une présomption de faute. Il n’existe cependant aucune
responsabilité s’il est prouvé que l’on a pris les précautions nécessaires pour empêcher le
dommage ou que la victime a commis une faute. La responsabilité doit être partagée s’il
y a eu fautes réciproques. (Trib. 1ère inst. Rabat, 24-1-1925, G.T.M., 1925, n° 175, p.
157).
Cette règle se distingue de celle de l’article 1385 du code civil français qui fait peser sur le
propriétaire de l’animal une présomption de responsabilité. Le propriétaire ne pouvant se
libérer qu’en prouvant la cause étrangère. Influencé plus par l’article 1385 du code civil
que par l’article 86 du DOC, les tribunaux ont pu, par moments, faire peser sur le
gardien de l’animal une présomption de responsabilité. (C.A.R., 20-XI-1945, G.T.M.,
1940, n° 985, p. 150; R.A.C., T.XIII, p. 150). Il a en effet été décidé que le propriétaire
d’un animal est responsable, aux termes de l’article 86 du D.O.C., du dommage causé par
cet animal. Il ne saurait se décharger de la présomption de faute existant à son encontre
qu’en prouvant la faute de la victime, la force majeure ou le cas fortuit. (Trib. 1ère Inst.
Fès, 25-XI-1931, G.T.M., 1932, n° 480, p. 45. CAR., 18-IV-1939, R.A.C., T. X, p. 182).
Dans le même esprit, il a été jugé que l’animal domestique qui a blessé, indirectement, un
laboureur engage la responsabilité civile de son propriétaire qui en est « le gardien », au
sens de l’alinéa 1er de l’article 86 du D.O.C., si celui-ci ne prouve que l’accident provient
d’un cas fortuit ou de la faute de la victime. (CAR, 14-11-1946, R.A.C., T. XIII, p. 442;
G.T.M 1940, n° 979, p. 109).
Les juges à qui est soumise une demande de dommages-intérêts, fondée sur « la
présomption de responsabilité de l’article 86 du D.O.C. », doivent rechercher qui, de la
victime ou du propriétaire, avait la garde juridique de la chose ayant causé le dommage.
Le gardien de la chose n’est pas en effet nécessairement son propriétaire. Spécialement,
le chef de culture qui fait le tour de la propriété agricole de son patron, en montant un
cheval docile, dont il a d’habitude la libre disposition, doit en être considéré comme le
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42
seul gardien, alors surtout qu’il exerce ses fonctions dans la propriété, sans être sous la
dépendance de son patron. Dès lors, celui-ci n’est pas responsable de l’accident survenu
à son préposé, alors surtout que le dommage causé n’est pas dû au comportement de
l’animal, mais seulement à la chute de la victime sur le sol. (C.A.R., 20-XI-1945, G.T.M.,
1940, n°985, p. 150; R.A.C., T. XIII, p. 150).
Aux termes de l’article 89 du DOC, le propriétaire d’un édifice ou autre construction est
responsable du dommage causé par son écroulement ou par sa ruine partielle, lorsque
l’un ou l’autre est arrivé par suite de vétusté, par défaut d’entretien, ou par le vice de la
construction. La même règle s’applique au cas de chute de ruine partielle de ce qui fait
partie d’un immeuble comme les arbres, les machines incorporées à l’édifice et autres
accessoires réputés immeubles par destination. Cette responsabilité pèse sur le
propriétaire de la superficie, lorsque la propriété de celle-ci est séparée de celle du sol.
Lorsqu’un autre que le propriétaire est tenu de pouvoir à l’entretien de l’édifice, soit en
vertu d’un contrat, soit en vertu d’un usufruit ou autre droit réel, c’est cette personne qui
est responsable.
Certaines décisions judiciaires anciennes avaient considéré que ce texte établissait une
présomption de faute à la charge du propriétaire, ce dernier pouvant donc se décharger
de sa responsabilité en prouvant qu’il n’a pas commis de faute. (CAR., 5-XI-1924, R.A.C.,
1925, T. III, p. 87 ; CAR., 28-XI-1936, R.A.C., T. IX, p. 201). La dite présomption
n’étant d’ailleurs opposable qu’au propriétaire de l’immeuble ou à celui qui a la charge de
son entretien. (CAR., 5-XI-1924, R.A.C., 1925, T. III, p. 87). D’autres y avaient vu une
responsabilité de plein droit. (CAR., 28-XI-1936, R.A.C., T. IX, p. 201).
Les tribunaux ont par ailleurs veillé à ne pas élargir le champ d’application de ce texte. La
responsabilité du fait des immeubles est réglée par l’article 89 du D.OC., lequel n’établit
une présomption de faute que pour les cas expressément déterminés où le dommage,
provenant du fait d’un immeuble, est dû à l’écroulement ou à la ruine partielle et lorsque
l’un ou l’autre de ces événements est arrivé par suite de vétusté, par défaut d’entretien ou
par le vice de construction, ladite présomption étant opposable au propriétaire de
l’immeuble ou à celui qui a la charge de son entretien. Pour la cour d’appel de Rabat,
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Le dahir portant loi n° 1-84-177 du 2.10.1984 fixe les limites, les bases et la procédure
relatives à l’indemnisation des victimes d’accidents causés par des véhicules terrestres à
moteur.
Le texte fixe les modalités d’indemnisation des dommages corporels causés à des tiers
par un véhicule terrestre à moteur soumis à l’obligation d’assurance. Il s’agit non pas
d’une remise en cause des principes de la responsabilité civile mais d’une barémisation
des indemnités, jusque-là laissés à l’appréciation souveraine des juridictions. Ce régime –
régi par un texte particulier- se rattache cependant plus aux aspects liés à la réparation du
dommage.
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En cas de décès de la victime des suites de l’accident, les personnes envers lesquelles elle
était tenue à une obligation alimentaire en vertu des règles de son statut personnel ainsi
que toute autre personne aux besoins de laquelle elle subvenait ont droit à la
compensation de la perte des ressources qu’elles ont subie du fait de sa mort.
L’indemnisation due aux ayants droit de la victime pour perte de ressources du fait du
décès de cette dernière est répartie entre eux, conformément à des pourcentages prévus
par la loi appliqués au capital de référence de la victime, et en prenant en considération la
part de responsabilité imputable à l’auteur de l’accident ou au civilement responsable.
Les dispositions du dahir ne sont pas applicables à la réparation des dommages matériels
qu’ils soient causés au véhicule ou à tous autres biens se trouvant à l’intérieur ou à
l’extérieur de ce dernier.
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La personne à qui incombe la réparation dudit préjudice, aux termes de l’article 63, peut
cependant demander de limiter sa responsabilité à un montant global par incident. Ce
montant est fixé par voie réglementaire.
Pour bénéficier de cette limitation de responsabilité, la personne à qui incombe la
réparation du préjudice doit déposer, auprès du tribunal où l’action est engagée, une
caution dont le montant égale la limite de sa responsabilité. Cette caution peut être
constituée soit par le dépôt d’une somme, soit par la présentation d’une garantie bancaire
ou de toute autre garantie admise par la législation en vigueur. La personne visée a
l’article 63 de la loi n’est pas fondée à se prévaloir d’une limitation de responsabilité si
l’incident est causé par sa faute. L’administration peut imposer à tout auteur d’une
infraction, ayant eu pour conséquence une dégradation de l’environnement, de remettre
en l’état l’environnement lorsque cette remise en l’état est possible.
Cette loi a pour objectif d’assurer la réparation civile des dommages que pourraient
causer certaines utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, conformément aux
dispositions de la convention de Vienne relative à la responsabilité civile en matière de
dommages nucléaires.
Aucune personne autre que l’exploitant d’une installation nucléaire n’est responsable
d’un dommage nucléaire.
L’exploitant est réputé responsable de tout dommage nucléaire causé par un accident
nucléaire survenu dans cette installation nucléaire.
Lorsqu’un dommage nucléaire engage la responsabilité de plusieurs exploitants
d’installation nucléaire, et s’il n’est pas possible de déterminer avec certitude quelle est la
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La loi opte pour un système de responsabilité objectif mais la faute conserve une place.
En effet si l’exploitant d’une installation nucléaire prouve que le dommage nucléaire
résulte, en totalité ou en partie, d’une négligence grave de la personne qui l’a subie ou
que cette personne a agi ou omis d’agir dans l’intention de causer un dommage, le
tribunal compétent peut dégager l’exploitant, totalement ou partiellement, de son
obligation de réparer le dommage subi par cette personne.
Tout exploitant d’une installation nucléaire est tenu d’avoir et de maintenir une
assurance ou une autre garantie financière à concurrence, par accident, du montant de sa
responsabilité civile tel que prévu à l’article 22 de la loi.
Les personnes ayant droit à réparation d’un dommage nucléaire en vertu de la cette loi
peuvent, à leur choix, intenter une action en réparation soit contre l’exploitant
responsable, soit directement contre l’assureur ou contre toute autre personne
fournissant une garantie financière en vertu de l’article 19 de la dite loi.
D- La loi 24-09 du 17 août 2011 relative à la sécurité des produits et des services
Cette loi a pour objet d’établir les exigences que les produits et services mis à disposition,
fournis ou utilisés sur le marché doivent respecter en précisant les obligations mises à la
charge des différents responsables de la mise à disposition sur le marché des produits et
services (producteurs, importateurs, distributeurs) et de compléter le DOC par un
chapitre sur la responsabilité civile du fait des produits défectueux.
Ce chapitre, qui fixe le régime de cette responsabilité, a été maladroitement rattaché par
la loi à l’article 106 du DOC qui ne concerne que la question de la prescription de
l’action en indemnité.
Désormais, l’article 106-1 du DOC tel que complété par la loi 24/09 pose le principe que
le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit. Il y a là
une présomption de responsabilité qui pèse sur le producteur. Pour obtenir réparation, la
victime est tenue, selon l’article 106-7 d’apporter la preuve du dommage qui lui a été
causé par le produit défectueux. Elle n’a pas à prouver une faute du producteur. Ce
dernier engage sa responsabilité même si le produit a été fabriqué dans le respect des
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La responsabilité du producteur ne peut être réduite ou écartée par une clause limitative
ou exonératoire de responsabilité.
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CHAPITRE 2
LE DOMMAGE
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Aux termes de l’article 98 du DOC, les dommages, dans le cas de délit ou de quasi-délit,
sont la perte effective éprouvée par le demandeur, les dépenses nécessaires qu’il a dû ou
devrait faire afin de réparer les suite de l’acte commis à son préjudice, ainsi que les gains
dont il est privé dans la mesure normale en conséquence de cet acte.
Les droits extra-patrimoniaux n’ayant pas une valeur pécuniaire, et n’étant donc pas
évaluable en argent, le problème de leur réparation a pu être posé. Certains auteurs se
sont en effet farouchement prononcés contre la réparation des dommages moraux. Ils se
fondent sur la différence qualitative entre le bien endommagé (valeur morale) et le
moyen par lequel on entend le restaurer (valeur pécuniaire).
Selon eux, quel qu’en soit le montant offert, l’argent attribué à la victime d’un dommage
moral ne saurait réparer le tort qui lui est causé. La valeur morale n’étant pas quantifiable,
on ne pourrait pas la mesurer et déterminer son équivalent pécuniaire. Pour ces auteurs,
l’allocation d’une indemnité correspondant au préjudice extrapatrimonial est inefficace et
ne saurait se justifier que par la notion de peine privée, ce qui constitue une atteinte au
principe de la séparation de la responsabilité civile et de la responsabilité pénale.
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Ce point de vue est aujourd’hui dénoncé par la plupart des auteurs qui estiment que
l’allocation d’une indemnité peut procurer une satisfaction de remplacement, et que la
faute du responsable doit être nécessairement sanctionnée.
Le préjudice ne peut s’entendre que d’un dommage actuel et certain. La perte d’un
manque à gagner hypothétique, d’un lucrum cessans incertain et futur ne constitue qu’une
possibilité de préjudice éventuel et ne saurait constituer le dommage certain et direct,
seul susceptible d’être considéré par le juge. (CAR, 15-VI- 1937, RAC, T.IX, p.467).
Pour pouvoir être réparé, le préjudice allégué doit donc être certain et il suffit de
rapporter la preuve de la matérialité du dommage. Le problème se pose plutôt pour ce
qui concerne le préjudice futur, c’est-à-dire celui qui n’est pas encore réalisé, qui n’existe
pas matériellement au moment où sa réparation est envisagée. (Exemple : revenus
auxquels pouvait s’attendre la victime d’un accident). Le dommage futur peut être
également certain, s’il apparaît comme inévitable et devant nécessairement se réaliser
dans l’avenir.
Au préjudice futur réparable, c’est-à-dire celui qui apparaît comme inévitable, s’oppose le
préjudice futur éventuel, celui dont la réalisation est subordonnée à un événement. C’est
ce qu’on appelle la perte de chance. Celle-ci est- elle réparable ? Il appartient aux juges
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d’apprécier les chances de réalisation du dommage. Si ces chances sont légères, minces,
le dommage sera considéré comme simplement éventuel, et par conséquent non
réparable. Si elles sont par contre fortes, la condition de certitude serait alors remplie, et
le dommage réparable. (Un étudiant victime d’un accident la veille de l’examen perd une
chance de réussir et peut ainsi obtenir réparation, perte d’une chance de gagner un
procès…). La réparation dépend alors de la chance perdue et non de l’avantage qu’aurait
procuré cette chance si elle s’était réalisée ( Civ.1ère , 9 avril 2002,Bull.Civ.n°116 ). La
notion de perte de chance permet de relativiser l’exigence de certitude du préjudice.
Le dommage doit être la suite directe du fait reproché au tiers, il faut un lien de causalité
entre le préjudice et la faute. L’exigence du caractère direct vise à écarter des actions
intentées par des personnes autres que la victime immédiate principale : parent, conjoint
qui peuvent se prévaloir d’un dommage par ricochet.
La jurisprudence a admis que ces personnes, bien que n’étant pas victimes principales,
mais victimes médiates, pouvaient se prévaloir de la qualité de victime principale, cette
disparition les privant des revenus ou subsides que leur procurait la victime immédiate.
La victime peut agir dès lors qu’il y a atteinte à son intérêt. Mais cet intérêt doit être
légitime, c’est-à-dire n’être contraire ni à la loi ni aux bonnes mœurs. Il est admis en
jurisprudence que « le demandeur d’une indemnité délictuelle ou quasi-délictuelle doit
justifier non d’un dommage quelconque, mais de la lésion certaine d’un intérêt légitime
juridiquement protégé».(Cass Civ 21-X-1952, RMD, 1955, p.217 note J.Ch.Laurent ;
RAC, T.XVII, p.278-279).
CHAPITRE 3
L’exigence de causalité entre le fait générateur et le dommage est légale. Tout fait
quelconque de l’homme qui, sans l’autorité de la loi, cause sciemment et, volontairement
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à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit dommage,
lorsqu il est établi que ce fait en est la cause directe. (Article 77 du DOC). De même, «
Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé, non seulement par
son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe.
(Article 78 du DOC.)
La mise en œuvre de cette exigence légale pose parfois problème. Plusieurs événements
peuvent en effet avoir concouru à la réalisation du dommage et toute la difficulté
consiste à déterminer celui ou ceux qui ont été la cause du dommage.
On peut soutenir que tous les événements ayant contribué à la réalisation du dommage
doivent être considérés en être la cause. C’est la théorie de l’équivalence des conditions.
Une personne quitte son domicile et est mortellement blessée alors qu’elle se dirigeait
vers son médecin avec lequel elle avait pris rendez-vous. Appliquer la théorie de
l’équivalence des conditions sans nuances conduirait à retenir la responsabilité du
médecin. Cela est naturellement excessif et inacceptable. C’est pourquoi une seconde
théorie dite de la causalité adéquate a proposé de ne considérer comme ayant concouru à
la réalisation du dommage que les événements ayant directement participé à sa
réalisation. Seuls les événements ayant joué un rôle déterminant seront retenus. C’est à
cette théorie que se rallie le DOC en exigeant dans ses articles 77 et 78 « la cause directe
».
Malgré cela il est des situations ou le doute devient permis et les tribunaux décident
selon les circonstances propres à chaque espèce. Le suicide d’une personne gravement
blessée dans un accident a pu être imputé à l’auteur de cet accident (Crim. 4 janv 1971,
D.1971, 164.). De même, les tribunaux ont considéré que l’auteur d’un accident de
circulation à la suite duquel une personne a été transfusée et contaminée par le sida a pu
être considéré responsable de cette contamination. (Civ 1ere, fevr.1993, JCP, 1994, II,
22226, note Dorsner-Dolivet.)
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TITRE 3
LES QUASI-CONTRATS
CHAPITRE 1
LA GESTION D’AFFAIRES
Selon l’article 943 du DOC, lorsque, sans y être autorisé par le maître ou par le juge, on
gère volontairement ou par nécessité les affaires d’autrui, en son absence ou à son insu, il
se constitue un rapport de droit, analogue au mandat.
Le quasi-contrat est analogue au mandat mais il n’est pas un mandat car le mandat est
une convention qui suppose que le mandant accepte et consente à l’intervention du
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mandataire. Dans la gestion d’affaires, le maître n’a pas chargé une personne de gérer ses
affaires. Il y a ainsi « gestion d’affaires et non mandat lorsqu’un gérant de ferme donne à
bail cette ferme après le décès du propriétaire et alors que le domaine est sans direction
utile par suite de la situation litigieuse et de l’éloignement des héritiers. »(Trib.1ère Inst.
Rabat, 23-11-1927, GTM, 1928, n°305, p.61).
Le géré ne doit pas avoir donné son accord sinon on serait en présence d’un mandat.
Lorsque le maître ratifie expressément ou tacitement, les droits et les obligations des
parties entre elles sont en effet en vertu du DOC régis par les règles du mandat, depuis
l’origine de l’affaire. (Article 958)
La gestion doit avoir été réalisée et entreprise nous dit le DOC « en l’absence ou à l’insu
du maître ». Le gérant est par hypothèse non autorisé. En outre, le maître ne doit pas
s’être opposé à la gestion et à l’immixtion du gérant d’affaires.
Le gérant d’affaires qui s’est immiscé dans les affaires d’autrui contrairement à la volonté
connue ou présumée du maître, ou qui a entrepris des opérations contraires à sa volonté
présumée, est tenu de tous les dommages résultant de sa gestion, même si on ne peut lui
imputer aucune faute. (Article 947)
Néanmoins, la volonté contraire du maître ne saurait être invoquée lorsque le gérant
d’affaires a dû pourvoir d’urgence:
1°A une obligation du maître provenant de la loi dont l’intérêt public exigeait
l’accomplissement ;
2°A une obligation légale d’aliments, à des dépenses funéraires ou à d’autres obligations
de même nature. (Article 948)
Il est admis que la gestion d’affaires peut concerner des actes juridiques, des actes
d’administration et des actes matériels.
La gestion doit être opportune et utile. Elle doit l’avoir été, nous dit le DOC, dans
l’intérêt du maître et d’une manière utile (Article 949). Il n’est pas nécessaire qu’il y ait
urgence. Cette dernière n’intervient que pour écarter la volonté contraire présumée du
maître. (article 948). L’opportunité et l’utilité de la gestion, qui doit s’apprécier au
moment où elle est entreprise, est laissée a l’appréciation du juge.
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1- Le gérant est tenu de continuer la gestion qu’il a commencée, jusqu’à ce que le maître
soit en état de la continuer lui-même, si cette interruption de la gestion est de nature à
nuire au maître. (article 944)
Il doit apporter à sa gestion la diligence d’un bon père de famille, et se conformer à la
volonté connue ou présumée du maître de l’affaire.
Le gérant est tenu et répond également de toute faute même légère mais il n’est tenu que
de son dol et de sa faute lourde lorsque son immixtion a eu pour but de prévenir un
dommage imminent et notable qui menaçait le maître de l’affaire ou lorsqu’il n’a fait que
continuer, comme héritier, un mandat commencé par son auteur.
Au même titre que le mandataire, il est tenu de rendre compte de sa gestion. Il est tenu
des mêmes obligations que le mandataire quant, à la reddition de ses comptes et à la
restitution de tout ce qu’il a reçu par suite de sa gestion.
Il est soumis à toutes les autres obligations qui résulteraient d’un mandat exprès.
A l’égard des tiers, le gérant est tenu s’il a agi en son nom. S’il a agi au nom du maître de
l’affaire, il y a représentation et c’est ce dernier qui est engagé.
2- Le maître de l’affaire quant à lui doit décharger le gérant des suites de sa gestion et
l’indemniser de ses avances, dépenses et pertes.
Lorsque l’affaire est commune à plusieurs personnes, elles sont tenues envers le gérant
dans la proportion de leur part d’intérêt.
La loi confère au gérant un droit de rétention des choses appartenant au maître pour le
remboursement de ses créances.
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CHAPITRE 2
LE PAIEMENT DE L’INDU
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fait a payé ce qu’il ne devait pas, a le droit de répétition contre celui auquel il a payé.
»Celui qui a payé n’était pas débiteur. S’il paie en connaissance de cause, il ne peut
prétendre à répétition.
II n’y a pas donc pas lieu à répétition, lorsqu’on a acquitté volontairement et en
connaissance de cause ce qu’on savait ne pas être tenu de payer. (Article 69). La preuve
de l’erreur est appréciée librement par les juges du fond. (CS, Civ.16-I-1962, RACS, T1,
p.291.)
Le principe est que le solvens dispose d’une action en répétition contre l’accipiens. Le
DOC exclut le droit à répétition dans le cas où l’accipiens a été payé par une autre
personne que son débiteur et « de bonne foi et en conséquence de ce payement, il a
détruit ou annulé le titre, s’est privé des garanties de sa créance, ou a laissé son action se
prescrire contre le véritable débiteur. Dans ce cas, celui qui a payé n’a recours que contre
le véritable débiteur. » Article 68 du DOC et, pour des applications, Trib. 1ere Inst
Casablanca, 22-XII-1930, GTM, 1931, n°437, p.60 et CAR, 16-III-1940, RAC, T.X,
p.428.
Il n’y a également pas lieu à répétition si le payement a été fait en exécution d’une dette
prescrite ou d’une obligation morale, lorsque celui qui a payé avait la capacité d’aliéner à
titre gratuit, encore qu’il eut cru par erreur qu’il était tenu de payer ou qu’il ignorât le fait
de la prescription (Article 73).
Aux termes de l’article 75 du DOC, l’accipiens de bonne foi doit restituer «
identiquement ce qu’il a reçu ». L’accipiens de mauvaise foi doit restituer en plus les
fruits accroissements et les bénéfices.
Dans le même esprit, celui qui a reçu de bonne foi a vendu la chose n’est tenu qu’à
restituer le prix de vente s’il était encore de bonne foi au moment de la vente.
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58
CHAPITRE 3
L’ENRICHISSEMENT SANS CAUSE
L’enrichissement sans cause trouve son fondement dans les articles 66 et 67 du DOC.
Celui qui a reçu ou se trouve posséder une chose ou autre valeur appartenant à autrui,
sans une cause qui justifie cet enrichissement, est tenu de la restituer à celui aux dépens
duquel il s’est enrichi. (Art 66)
Celui qui, de bonne foi, a retiré un profit du travail ou de la chose d’autrui, sans une
cause qui justifie ce profit, est tenu d’indemniser celui aux dépens duquel il s’est enrichi
dans la mesure où il a profité de son fait ou de sa chose. (Art 67)
Il s’agit là d’un principe général. En droit français, c’est la jurisprudence qui a reconnu à
l’appauvri une action contre l’enrichi (action de in rem verso).
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Celui, nous dit le DOC, qui a reçu ou se trouve posséder une chose ou autre valeur
appartenant à autrui, sans une cause qui justifie cet enrichissement, est tenu de la
restituer à celui aux dépens duquel il s’est enrichi. (Art 66). La cause est la raison, le
fondement juridique qui justifie l’enrichissement. Celui qui prétend que son
enrichissement est fondé sur une libéralité doit le prouver. (CS, Civ. 26-1-1977, Arrêts de
la Cour Suprême rendus en matière civile,1958-1996, Publication de la Cour suprême,
1997, p.55).
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d’une clause pénale excessive se verrait opposer le contrat comme cause de cet
appauvrissement. Son action devrait être placée non sur la base de l’article 66 du DOC
mais sur celle de l’article 264 qui autorise le tribunal à réduire le montant des dommages-
intérêts convenu s’il est excessif ou augmenter sa valeur s’il est minoré.
Des contractants avaient pu contester, sur la base de l’article 66 du DOC, des décisions
les ayant condamné à des astreintes jugées excessives. Les tribunaux n’ont pas suivi. Le
prétendu enrichissement du créancier victime de l’inexécution a pour fondement
l’obligation et la décision judiciaire inexécutées. (Farid EL BACHA, L’astreinte en droit
marocain, mémoire de DES, Rabat, 1984, p 60 .)
Il reste enfin à préciser que des actions en enrichissement sans cause avaient été
engagées par des victimes de l’immatriculation foncière. Les dispositions restrictives de
l’article 64 du dahir du 12 août 1913 sur l’immatriculation foncière ainsi que le
particularisme du régime des livres fonciers n’offraient aux intéressés que les seuls
recours prévus au dit article, à l’exclusion de toute autre voie de recours. Les tribunaux
ont cependant admis le droit, pour les parties lésées, d’exercer en outre, l’action en
dommages-intérêts basée sur l’article 66 du DOC compte tenu du fait que cette action a
un caractère général et non subsidiaire. Après quelques flottements dus à l’influence de la
jurisprudence française où l’action de in rem verso a un caractère subsidiaire, les
tribunaux marocains ont considéré que l’article 66 du DOC formulait « un principe
général de droit privé, susceptible de recevoir application même si des moyens
particuliers de droit s’offrent à l’intéressé » (CAR, 20-IV-1939, RAC, T.X,p.145)
Celui qui s’est enrichi indûment au préjudice d’autrui est tenu à une obligation légale de
restitution. (Art 75 du DOC). L’enrichi doit « restituer identiquement ce qu’il a reçu ».
Pour apprécier l’enrichissement et l’appauvrissement corrélatif, les juges doivent se
placer au jour de la fixation de l’indemnité à moins que des circonstances exceptionnelles
ne les autorisent à fixer cette indemnité à la date des faits d’où procède l’enrichissement.
(Cass.Civ.25-VI-1956, GTM 1956, n°1198, p.127).
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