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UNIVERSITE HASSAN II

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES


ET SOCIALES, AIN SEBAA

Filière de Droit

Cours :

La Responsabilité Civile

S3

2021/2022

BEL-AMIN Samir

Enseignant chercheur à la FSJESAS


Chapitre 2 : Responsabilité civile contractuelle

En droit civil marocain, la responsabilité contractuelle a ses principales sources aux


articles de 228 à 305 du DOC.

La responsabilité civile contractuelle d’une personne est engagée lorsque cette


personne n’a pas exécuté une obligation résultant d’un contrat, l’a exécutée partiellement ou
ne l’a pas exécutée conformément à ses engagements.

Le principe de la responsabilité civile contractuelle est énoncé à l'article 263 du DOC


qui dispose que « les dommages-intérêts sont dus, soit à raison de l'inexécution de
l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, et encore qu'il n'y ait aucune mauvaise
foi de la part du débiteur »

Ceci étant, la responsabilité contractuelle nécessite, pour sa mise œuvre, que soit
remplient certaines conditions (section 1) qui tiennent tant au fond qu’à la procédure. Etant
d’origine contractuelle, cette responsabilité peut être aménagée par les parties au contrat
(section 2).

Section 1 : Les conditions de la mise en œuvre de la responsabilité contractuelle

Avant d’aborder les conditions d’ordre procédural (sous-section 2), l’analyse portera sur les
conditions d’ordre substantielles (sous-section 1).

Sous-section 1 : Les conditions substantielles

Pour qu'il y ait responsabilité contractuelle, il faut d'une part qu'existe un contrat valable (§1),
d'autre part que le dommage résulte de l'inexécution d'une obligation née du contrat (§2), enfin que le
contrat relie le responsable à la victime (§3).

§ 1 : Existence d'un contrat valable

Cette condition complexe se subdivise en plusieurs. Il faut d'abord qu'un contrat existe (A), et
que ce contrat soit valablement formé (B).

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A- Existence du contrat

Lorsque le contrat n’a pas été conclu se pose le problème de la détermination de la limite de
la sphère contractuelle. En principe, les problèmes relatifs à l’existence du contrat doivent être résolus
conformément aux règles générales du DOC. En l’absence de contrat, la responsabilité recherchée est
nécessairement extracontractuelle.
Ce qui exclut certaines situations précontractuelles (I), para-contractuelles (II) et post-
contractuelles (III), de la mise en œuvre de la responsabilité contractuelle.

I- Les situations précontractuelles

Les situations précontractuelles peuvent être définies comme étant l'état des rapports entre les parties
avant la conclusion du contrat susceptible de les lier.
En dépit de l’importance de cette phase préparatoire, le DOC ne contient aucune disposition spéciale
relative à cette période précontractuelle. Celle-ci pourra toutefois être examinée à la lumière du droit des
obligations et à la lumière du droit comparé.
Les parties entre d’abord en pourparlers (a) ne constituant pas encore un contrat. Si le besoin s’en
fait sentir, elles concluent des pactes ou des promesses (b), considérés comme étant des contrats.

a- Les pourparlers

Les pourparlers sont une invitation à engager une négociation. Ils se situent avant l’offre de
contrat. Il s’agit en effet de discussions préalables. Celui qui invite une personne à participer à des
pourparlers n’a pas encore une intention véritable de lui proposer un contrat. Ceci dit, les pourparlers
n’ont aucune force obligatoire. Ils peuvent aboutir à un contrat ou ne pas aboutir du tout.
En principe, chacun est libre de poursuivre ou non les négociations puisqu’il s’agit d’une
période de réflexion. Toutefois, cette liberté n’est pas sans limite. Les parties doivent négocier de
bonne foi. Si l’une des parties qui les a rompus est de mauvaise foi, elle engage sa responsabilité.
Cette responsabilité est extracontractuelle, puisque par définition, il n’existe encore aucun contrat
liant les deux parties.

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b- Les avant-contrats

La conclusion du contrat peut être précédée de l’établissement d’un acte que l’on appelle un
avant-contrat ou contrat préparatoire.
L’avant contrat est un accord entre deux parties en vue de fixer les éléments essentiels du futur
contrat pendant un certain délai jusqu’à ce que les conditions nécessaires à la conclusion du contrat
définitif entre les parties soient réunies.
Les dommages causés lors de cette phase relèvent de la responsabilité contractuelle dans la
mesure où il s’agirait d’une période précontractuelle organisée par un avant contrat qui est lui-même
un contrat.

II- Les situations para-contractuelles

Ce sont des situations qui ressemblent à celle d’un contrat qui s’exécute en l’absence de tout
contrat.
En raison de l'absence de tout lien contractuel, la responsabilité contractuelle n'a pas été
retenue par la jurisprudence lorsqu'aucun contrat n'a été conclu entre le demandeur et le défendeur.
Ici, la responsabilité ne peut être alors que logiquement extracontractuelle.
Ceci est notamment le cas de la responsabilité du transporteur, en cas d'accident subi par une
personne qui voyage sans titre régulier de transport1.
Le voyageur sans billet victime d'un dommage ne pourra se placer sur le terrain contractuel :
il n'a pas contracté.
Ceci est également le cas de l’accident survenu à l’occasion de l’utilisation par un individu
des toilettes d’un café ou restaurant dont il n’est pas client. Il est exclu du champ d’application
contractuelle.
Ceci est aussi le cas du squatteur qui occupe un immeuble sans titre, en cas de dommage, ce
ne sont pas les règles de responsabilité contractuelle qui s’appliqueront, car le contrat n’existe pas.

III- Les situations post-contractuelles

Elles correspondent à la situation dans laquelle des parties ont été liées par un contrat mais ne
le sont plus car le contrat a pris fin. Le voyageur qui est allé plus loin que la gare où il doit descendre

1
Civ. 2 e, 5 oct. 1988, D. 1988, I.R. 255 ; Trib. grande inst. Paris, 5 mai 1982, Gaz. Pal. 1982. 1. Somm. 188, Rev.
trim. dr. civ. 1982. 604, obs. G. Durry ; Paris, 26 mars 1987, D. 1987, I.R. 115.

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ou encore le locataire qui continue a occupé abusivement les locaux malgré l'expiration du bail, ils
n’engagent que leur responsabilité extracontractuelle car il n’y avait plus de contrat.
En revanche, si au moment du fait dommageable, il n’y a plus de contrat, mais une obligation
survit à ce contrat visant à régir une situation post-contractuelle, c’est la responsabilité contractuelle
qui sera engagée.
Ceci est notamment le cas du contrat de travail qui comprend une obligation de non
concurrence à l’égard du salarié, obligation précisément destiné à régir la relation future. La
responsabilité est ici contractuelle.

B- Validité du contrat

La responsabilité contractuelle ne peut être mise en œuvre que si le contrat s’est valablement
formé entre la victime et celui dont la responsabilité est recherchée.
L’article 2 du DOC prévoit quatre conditions essentielles pour la validité d’un contrat : la
capacité de contracter (I), le consentement (II) des parties qui s’obligent, un objet certain (III) et une
cause licite (IV).

I- La capacité juridique

Toute personne est présumée capable et il n’y a pas d’incapacité que dans les cas prévus par
la loi, cela renvoie à l’article 3 du DOC, qui dispose « toute personne est capable d’obliger et de
s’obliger, si elle n’est déclarée incapable par cette loi ».
Pour ceux qui n'ont pas la capacité ou ont une capacité partielle, l'article 112 du code de la
famille prévoit que : « les personnes incapables et celles qui le sont partiellement sont soumises, selon
le cas, à la tutelle… ».
Il existe deux catégories de la capacité : la capacité de jouissance (a) et la capacité d’exercice
(b).

a- La capacité de jouissance

C’est la capacité à acquérir des droits et d’en devenir titulaire, c’est à dire la détention d’un
pouvoir de création ou d’application du droit mais aussi d’assumer des obligations telles que fixées par
la loi.

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En principe, toute personne ne possède cette capacité, toutefois il peut y arriver que certaines
personnes soient frappées d’une incapacité de jouir de certains droits.

b- La capacité d’exercice
C’est la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits personnels et patrimoniaux, et qui rend
ses actes valables. Cette capacité est reconnue à toute personne ayant atteint l’âge de majorité à moins
qu’un motif quelconque ne lui limite ou lui faire perdre cette capacité. Il y a donc lieu de distinguer les
personnes ayant la pleine capacité d’exercer, des personnes ne jouissant pas de cette capacité ou jouissant
d’une capacité partielle.
La pleine capacité : toute personne ayant atteint l’âge de majorité fixé à 18 ans sauf pour le
dément, le prodigue et le faible d’esprit. Toutefois, le mineur de moins de 18 ans peut bénéficier d’une
déclaration d'émancipation ordonné par un juge ou d’une autorisation d’administration d’une partie de
ses biens.
L’incapacité d’exercice : il s’agit d’une incapacité totale dans le cas de l’enfant qui n’a pas
atteint l'âge de discernement et le dément, les actes passés par ces personnes sont nuls et de nul effet.
Est une capacité partielle ou limité pour l’enfant ayant atteint l'âge de discernement, le
prodigue et le faible d’esprit, les actes passés par l’un de ces personnes sont valables s’ils sont pleinement
profitables à l’incapable-recevoir une donation comme exemple- et nul s’ils lui sont préjudiciables -faire
une donation-.

II- Le consentement

Le contrat n’est autre que le produit de la rencontre de volonté, plus précisément, cette
rencontre de volonté s’opère selon le processus suivant : dans un premier temps, une personne, le
pollicitant, émet une offre de contracter. Dans un second temps : l’offre fait l’objet d’une acceptation
par le destinataire.
En l’absence de la rencontre de l’offre (a) et de l’acceptation (b), aucun contrat ne saurait
valablement être formé, car c'est bien cette rencontre qui traduit l’échange de consentement des deux
parties ce qui concrétise le principe de la liberté contractuelle. Mais le consentement des parties au
contrat ne doit pas être entaché d’un vice de consentement (c).

a- l’offre
L’offre est une proposition de contracter adressé à une personne déterminée ou au public.
Pour être valide, l’offre doit être ferme et précise

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L’offre doit être ferme. Cela veut dire qu’elle doit exprimer une volonté sans équivoque de
son auteur de conclure le contrat proposé. Plus précisément, l’offre ne doit pas contenir des réserves, ce
qui aurait pour conséquence de permettre au pollicitant de faire échec à la formation du contrat en cas
d’acceptation.
L’offre doit être précise et complète. Elle doit contenir tous les éléments dont la détermination
constitue une condition de la validité du contrat. Par exemple, la validité du contrat de vente est
subordonnée à la détermination de la chose cédée et du prix, et la validité du contrat de bail est
subordonnée à la détermination de la chose louée et le prix.

b- L’acceptation

L’acceptation est l’agrément pur et simple donné à l’offrant. Dès qu’il y ait rencontre entre
l’offre et l’acceptation, le contrat est formé.
L’acceptation doit être conforme à l’offre. Il faut donc une concordance entre l’offre et
l’acceptation sur les éléments essentiels des stipulations contractuelles. En vertu de l’article 27 du DOC
« Une réponse conditionnelle ou restrictive équivaut au refus de la proposition, accompagné d'une
proposition nouvelle ».
Mais l’acceptation n’est soumise à aucun formalisme. Elle peut être tacite ou expresse.
Parfois, l’acceptation peut résulter du commencement d’exécution du contrat. En vertu de l’article 25 du
DOC, « Lorsqu'une réponse d'acceptation n'est pas exigée par le proposant ou par l'usage du commerce,
le contrat est parfait, dès que l'autre partie en a entrepris l’exécution ; l'absence de réponse vaut aussi
consentement, lorsque la proposition se rapporte à des relations d'affaires déjà entamées entre les parties ».

c- Les qualités du consentement

Le texte de référence est l’article 39 du DOC aux termes duquel « Est annulable le consentement
donné par erreur, surpris par dol, ou extorqué par violence ».
Il se dégage de cet article que les vices du consentement sont l’erreur (1), le dol (2) et la violence
(3). A cette liste traditionnelle, l’article 54 du DOC ajoute un autre vice de consentement supplémentaire.
Il s’agit de la maladie et des cas analogues (4).
La loi a entendu protéger les personnes dont le consentement est vicié en leur permettant de
demander la rescision du contrat.

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1- L’erreur
Le DOC ne donne pas de définition à l’erreur. Au sens courant, l’erreur est le fait de se
tromper. Plus juridiquement, l’erreur est la représentation inexacte que se fait un contractant d’un
élément qui a déterminé son consentement.
L’erreur n’est sanctionnée que lorsqu’elle est opérante et présente une certaine gravité.
Il en est ainsi de l’erreur-obstacle qui exclue toute rencontre de volonté au point qu’il n’y a
donc de contrat. C’est le cas de l’erreur sur la nature ou l’objet du contrat.
Il en est également de l’erreur vice du consentement proprement dite qui porte sur la qualité
déterminante de la chose, objet du contrat. C’est le cas de l’erreur sur la substance ou la personne.
Il en est aussi de l’erreur de droit, comme le cas d’une personne qui ignore le droit successoral
et se trompe dans la part qui lui revient dans la succession.
Ces erreurs ne sont cause de rescision que si elles ont déterminé le consentement du
contractant.
Des erreurs indifférentes, ne présentant aucune gravité, nécessitent seulement des
rectifications et ne peuvent être une cause de rescision, comme les erreurs de calcul.
Toutefois, l’erreur, n’entraine pas dans tous les cas la nullité du contrat, afin d’éviter que le
cocontractant ne soit victime d’une injustice trop grave. Il en est ainsi de l’erreur inexcusable (erreur
grossière que l’on pouvait vérifier facilement avant la conclusion du contrat), lorsqu’elle est
imprévisible (dans lequel l’une des parties considère une qualité particulière comme essentielle et
l’autre partie l’ignore) ou lorsque l’une des parties a accepté les risques.

2- Le dol

C’est une manœuvre, une tromperie, un artifice pour tromper le cocontractant, c’est une erreur
provoquée.
Alors que l’erreur est vice du consentement seulement si elle porte sur des éléments essentiels
du contrat, le dol entraine la nullité du contrat même si cette erreur porte sur une qualité non
substantielle.
Le dol nécessite la réunion de deux éléments : l’un psychologique et l’autre matériel.

• L’élément psychologique :
Le dol sanctionne une faute intentionnelle qui suppose la volonté manifeste et réelle de tromper
l’autre partie. Ceci dit, une simple imprudence n’est pas constitutive de dol.

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• L’élément matériel

Le dol suppose des manœuvres qui peuvent s’extérioriser par des artifices, des ruses, des paroles
ou des machinations matérialisant ainsi la tromperie.
C’est ainsi que le mensonge est constitutif de dol à condition qu’il atteigne un certain seuil de
gravité.
La réticence est également constitutive de dol selon l’article 52 du DOC. Le fait de ne pas
renseigner son cocontractant sur certains éléments du contrat est un dol par omission.
Par ailleurs, le dol ne peut entrainer la rescision du contrat que lorsque certaines conditions
sont réunies.
- Le dol doit avoir déterminé la conclusion du contrat, ce qui signifie que sans ces manœuvres,
l’autre partie n’aurait pas contracté. On parle alors du dol principal par opposition du dol
incident qui ne porte que sur les éléments accessoires du contrat et ne justifie pas son
annulation. Il donne droit, conformément à l’article 53 du DOC, seulement à des dommages-
intérêts.
- Le dol doit avoir émané de l’un des contractants, du représentant ou du complice du
contractant. De même, le dol pratiqué par un tiers a le même effet, lorsque la partie qui en
profite en avait connaissance. C’est ce qui découle de l’article 52 du DOC.

3- La violence

Le DOC a consacré plusieurs articles à la violence (de 46 à 51). Elle peut être définie comme
étant la contrainte exercée sur un contractant en vue d’obtenir de celui-ci un consentement forcé. La
violence peut être morale, physique ou pécuniaire.
Pour entrainer l’annulation du contrat, la violence vice du consentement suppose la réunion
des conditions suivantes :
- La violence doit, conformément à l’article 47 du DOC, être déterminante, c’est-à-dire elle doit être
impressionnante pour le contractant qui cède à ce chantage et finit par donner son consentement.
- La violence doit être illégitime, lorsqu’on a abusé de la position de la partie menacée pour lui
extorquer des avantages excessifs ou indus. C’est ce qui découle de l’article 48 du DOC.
La violence est néanmoins légitime chaque fois que le contractant agit dans l’exercice d’un
droit dont il est titulaire.

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Ainsi, si les salariés menacent l’employeur d’une grève à défaut d’une augmentation des
salaires, cette violence est parfaitement légitime. Par contre, si ces mêmes salariés séquestrent le
patron, cette violence est illégitime.

4- La maladie et les cas analogues

A côté de l’erreur, du dol et de la violence, le législateur ajoute un autre vice du consentement.


Il s’agit de La maladie et les cas analogues, prévus à l’article 54 du DOC qui dispose : « Les motifs
de rescision fondés sur l'état de maladie, et autres cas analogues, sont abandonnés à l'appréciation des
juges ».

III - L’objet :

L’article 2 du DOC dispose qu’ : « un objet certain pouvant former l’objet de l’obligation ».
L’objet du contrat vise ce à quoi le débiteur est tenu envers le créancier. Il correspond à la prestation
promise par le contractant.
Habituellement, on considère que l’objet doit avoir les qualités suivantes : l’objet doit exister.
Il doit être déterminé ou déterminable. Il doit être possible et licite.
Quant à la lésion (déséquilibre entre les prestations qui interviennent lors de la formation du
contrat), le principe prévu par le DOC à l’article 55 est que « pas de rescision pour lésion ». Mais, ce
principe connait des exceptions :
• la lésion qui résulte d’un dol (article 55 du DOC).
• La lésion commise au détriment des mineurs et incapables (article 56 du DOC).

IV- La cause

N’étant nullement définie par le DOC, la cause a été prévue dans plusieurs articles : 62, 63 et 64.
Selon une conception classique, la cause est objective et abstraite. Elle est la même pour le
même type de contrat indépendamment des mobiles des contractants.
Or la théorie moderne considère que la cause est subjective et concrète, propre à chaque
individu. Ce sont les mobiles ayant amené les parties à contracter qui sont prise en considération.
Quoiqu’il en soit, la cause doit exister, légitime et certaine.

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§ 2- Dommage résultant de l'inexécution d'une obligation contractuelle

L'existence d'un contrat valable ne suffit pas toujours pour retenir une responsabilité
contractuelle, même entre les parties. Pour que la responsabilité soit contractuelle, il faut en outre que le
dommage procède de l'inexécution de l'une des obligations nées du contrat.
Il faut alors, un dommage ou préjudice (A), un lien de causalité entre ce dommage (C) et
l'inexécution de l’obligation contractuelle (B), ainsi que l'absence des causes d'exonération (D).

A- Dommage réparable

L'inexécution, à laquelle il faut assimiler l'exécution tardive, incomplète ou défectueuse, de


l’obligation contractuelle n'est génératrice de responsabilité contractuelle que dans la mesure où elle
entraîne un dommage pour le créancier. Il convient alors d’envisager la nature (I) et les caractères du
dommage source de responsabilité (II).

I- La nature du dommage

En dépit que la nature du dommage importe peu en termes de réparation, le dommage peut
être matériel (a) ou moral (b).

a- Le dommage matériel
Appelé également dommage patrimonial ou pécuniaire, ce dommage peut revêtir
conformément à l’article 264 du DOC, soit la forme d'une perte éprouvée (1), soit celle d'un gain
manqué (2).

1- La perte éprouvée

Il s'agit d'une diminution subie par le patrimoine du créancier victime de l'inexécution du


contrat. Ceci est l’exemple d’un garagiste qui répare mal la voiture d'un client. Celui-ci subit, suite à
cette mauvaise réparation, un accident. Dans ce cas, la perte éprouvée est constituée par toutes les
dépenses engagées en raison, de cet accident : frais de dépannage, de réparation de la voiture, frais
médicaux et pharmaceutiques supportés par le client ...

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2- Le gain manqué
Il s’agit ici que la victime de l'inexécution manque un enrichissement qu'il aurait dû réaliser
si le contrat avait été correctement exécuté.
En retenant l'exemple précèdent, si le client du garagiste a été obligé d'interrompre son
activité professionnelle en raison des blessures dont il a été victime lors de l'accident, il peut
parfaitement réclamer au garagiste tout ce qu'il aurait pu gagner s'il n'avait pas été empêché par cet
accident d'exercer son activité.

b- Le dommage moral

Le dommage moral est celui qui résulte de l'atteinte à un droit extrapatrimonial. Il existe des
variétés très différentes de dommage moral, selon que l'atteinte est portée à l'intégrité corporelle (1),
à l'affection (2) ou à un droit de la personnalité (3).

1- L'atteinte à l'intégralité corporelle

Elle peut revêtir trois formes :


Dans le même cas de figure précédent, les blessures subies ont fait souffrir le client du
garagiste. Il a donc droit à demander une indemnité compensatrice des souffrances physiques, un prix
pour la douleur (le pretium doloris).
Le client du garagiste peut se voir privé, à la suite de l'accident, des joies de l'existence. C'est
le préjudice d'agrément. Tel est le cas, notamment, lorsque l'intéressé ne peut plus se livrer au sport,
se marier,
Enfin l'atteinte à l'intégrité corporelle peut être génératrice d'un préjudice esthétique. Le client
du garagiste peut garder, pour le reste de ses jours, des mutilations ou des défigurations qui le font
souffrir et pour lesquelles il est fondé à demander une réparation.

2- L'atteinte à l'affection

Il s'agit du chagrin qu'une personne ressent notamment à la suite de la perte d'un être cher.
Supposons, dans l'exemple précédent, que le client du garagiste perde son fils qui se trouvait avec lui
dans la voiture au moment de l'accident. Cette perte lui cause un chagrin pour lequel il est autorisé à
se demander une compensation.

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3- L'atteinte à un droit moral de la personnalité
Les droits de la personnalité sont ceux « qui visent la garantie et l'épanouissement de
la personne elle-même »2. Le droit au nom, à l'honneur ou à la réputation en sont des exemples.
L'atteinte portée par l'inexécution du contrat à l'un de ces droits cause un préjudice moral à la victime
lui ouvrant droit à la réparation.
Par exemple, un loueur de voitures confie les véhicules de son parc pour réparation à un garagiste.
Celui-ci n'exécute pas correctement la mission qui lui a été confiée provoquant ainsi une série
d'accidents et une atteinte à la réputation de son client.

II- Les caractères du préjudice réparable

Le préjudice réparable doit non seulement être certain et direct, mais il doit aussi ne pas avoir être
réparé. Comme le caractère direct sera traité lors de l’analyse du lien de causalité, nous nous
limiterons, ici, à l'examen des caractères certain (a) et l’absence de réparation antérieure (b).

a- Le dommage doit être certain

Cela signifie que le juge ne doit avoir aucun doute sur l'existence du dommage résultant de
l'inexécution. Le juge ne peut accorder une réparation pour un dommage éventuel hypothétique.
L'exigence de la certitude ne soulève aucune difficulté particulière lorsque le dommage est
actuel, réalisé au moment où le juge statue.
Mais qu'en est-il du dommage futur ? Celui-ci est réparable dans deux cas :
1- D'abord lorsqu'il revêt un caractère de certitude incontestable, comme le gain manqué
résultant d'une incapacité partielle permanente de travail. Par exemple, le client d'un
transporteur qui perd un bras, à la suite d'un accident subi lors du transport, aura dans le
futur des revenus inférieurs à ceux qu'il pourrait avoir s'il n'y avait pas perdu son membre.
2- Le préjudice futur est également réparable lorsqu'il se concrétise par la perte d'une chance.
Par exemple, un avocat qui n'interjette pas appel dans le délai fait perdre à son client une
chance d'obtenir la révision du jugement par la juridiction d'appel.

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L'avocat doit réparer le préjudice subi par le client suite à la perte de cette chance. Il en est de
même du transporteur qui, par suite du retard dans l'exécution de son obligation, prive le voyageur de
la possibilité de participer à un concours ou à une compétition.
Il va de soi que les juges n'accordent la répartition que dans la mesure où la chance perdue
leur parait sérieuse et dans la limite de cette chance. Ainsi, si le client de l'avocat avait 50% de chances
de gagner le procès en appel, il n'obtiendra la réparation que pour ces 50%. Il ne peut prétendre à la
réparation de la totalité du procès perdu, comme s'il avait gagné.

b- Le dommage ne doit pas avoir été réparé

La victime de l'inexécution d'une obligation contractuelle déjà indemnisée ne peut obtenir une
réparation.
Il faut, bien entendu, qu'il s'agisse d'une réparation totale, car si la réparation déjà accordée à
la victime est simplement partielle, celle-ci demeure fondée à réclamer un complément de réparation.
Dans l'exemple suscité précédemment, si le garagiste avait mal réparé la voiture qui lui a été
confiée, le client victime pourrait obtenir de son employeur une réparation dans le cadre de la
législation relative aux accidents du travail, si l'accident a eu lieu au moment où il se rendait de son
domicile à son travail ou inversement.
Mais, comme, en principe, la réparation des accidents du travail n'est que partielle, le client
victime peut demander au garagiste un complément de réparation.

B- L’inexécution d’une obligation contractuelle : la faute

L’article 263 du DOC dispose « Les dommages-intérêts sont dus, soit à raison de l’inexécution
de l’obligation, soit à raison du retard dans l’exécution, et encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de la
part du débiteur ».
Ceci étant, l'étude de la faute en matière de responsabilité contractuelle soulève deux séries
de problèmes concernant la gradation des fautes (I), ainsi que la preuve de la faute (II).

I- La gradation de la faute

La faute contractuelle est susceptible de degrés. On distingue la faute intentionnelle (a), et la faute
non intentionnelle (b).

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a- Faute intentionnelle

La plus grave est la faute intentionnelle qui suppose la mauvaise foi du débiteur. Cette faute est
désignée parfois par le terme « dol ». Il s'agit bien entendu du dol dans l'exécution et non du dol dans la
formation du contrat déjà examiné.

b- Faute non intentionnelle

A un degré de moindre gravité, se situe la faute non intentionnelle d'imprudence ou de négligence.


Cette faute se subdivise elle-même en trois catégories :
1- La faute lourde, appelée aussi faute grave, faute grossière ou faute inexcusable. Il s'agit d'une faute
que n'aurait pas commise l'homme moyen placé dans les mêmes circonstances de fait. La faute lourde
témoigne d'une négligence ou d'une imprudence très grave. Aussi, elle est regardée en général
comme équipollente au dol.
2- La faute légère, c'est celle qui aurait pu être commise par un homme moyen placé dans les mêmes
circonstances de fait.
3- La faute très légère, c'est celle qui aurait pu être commise par un homme prudent et diligent.
Force est de constater que cette classification des fautes en fonction de leur degré de gravité
n'est pas mentionnée par les articles 263 et 268 du DOC. Mais d'autres textes de ce code tiennent compte
de la gravité de la faute.
Ainsi, l'existence de la responsabilité peut, dans certaines hypothèses, dépendre de la gravité
de la faute. Par exemple, les articles 903 et 904 du DOC subordonnent la responsabilité du mandataire
salarié (rémunéré) à l’existence d’une faute grave de sa part.
De même les clauses exonératoires ou limitatives de responsabilité pour faute lourde ou intentionnelle
sont nulles conformément à l’article 232 du DOC.
La loi fait même varier le montant de la réparation en fonction de la variété de la faute. A cet
égard, l'article 264 du DOC dispose que : « le tribunal doit évaluer différemment la mesure des
dommages et intérêts, selon qu'il s'agit de la faute du débiteur ou de son dol ». Par conséquent,
l'inexécution intentionnelle devrait entraîner à la charge du débiteur défaillant une réparation plus
importante que celle consécutive à une exécution par imprudence ou négligence. Toutefois cette fonction
de peine privée de la responsabilité contractuelle se heurte à la fonction réparatrice de la responsabilité.

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Remarquons que si le dépassement du montant du préjudice effectivement subi paraît
difficilement réalisable, rien n'empêche de faire varier la réparation en fonction de la gravité de la faute,
sans dépasser le montant du préjudice effectivement subi. Par exemple, en matière d'accident de travail,
la réparation n'est intégrale que lorsqu'il y a faute inexcusable de l'employeur.

II-La preuve de la faute

La charge de la preuve sera différente selon qu’il s’agisse d’une obligation de moyens ou
d’une obligation de résultat.
Une obligation de moyen est une obligation par laquelle le débiteur s’oblige à utiliser tous les
moyens possibles en vue d’atteindre un résultat déterminé, mais sans s’engager à y parvenir (
médecin, avocat…). La responsabilité du débiteur ne peut, ainsi, pas être engagée du seul fait que le
résultat n’a pas été obtenu. Ce que le créancier doit donc démontrer, c’est que les moyens adéquats
pour parvenir au résultat n’ont pas été mis en œuvre.
Dans ce cas, l’appréciation se fait in abstracto, c’est-à-dire que le juge va comparer l’attitude
du débiteur avec celle d’un individu prudent et avisé se trouvant dans les mêmes circonstances. C’est
le standard du bon père de famille. Le débiteur, pour se dégager de sa responsabilité, doit démontrer
qu’il a utilisé tous les moyens nécessaires pour arriver au résultat, et qu’il n’a pas commis de faute
dans l’exécution.
Or, dans l’obligation de résultat, le débiteur a promis un résultat précis (le cas du transporteur).
L’absence de résultat constitue le débiteur en faute. Le créancier doit donc simplement démontrer que
le résultat n’a pas été obtenu. L’appréciation se fait ici en ne tenant compte que des propres aptitudes
du débiteur, sans référence à ce qui aurait été le comportement standard d’une personne prudente et
avisée. Le débiteur ne peut s’échapper de la responsabilité qu’en cas de force majeure.

C- Lien de causalité entre l’inexécution de l’obligation contractuelle et le dommage

L'inexécution n'est génératrice de responsabilité que dans la mesure où elle a un lien direct
avec le dommage subi par le créancier insatisfait. C'est ce qu'on exprime, sous une autre forme, en disant
que le dommage doit être direct.
Cette question est très délicate. L'exemple de Pothier l'illustre bien : un marchand vend une
vache malade, qui contamine le troupeau de l'acquéreur, qui ne peut plus cultiver ses terres, et ce, privé
de ses revenus, ne peut plus payer ses créanciers, qui saisissent ses biens. Les fiançailles de sa fille se
trouvent rompues et, à la suite de ces malheurs, l'acquéreur se suicide.

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Quels sont dans cette cascade de dommages ceux qui sont réparables par le vendeur de la vache malade?
L'article 264 du DOC relatif à cette question se borne à exiger un lien direct entre l'inexécution
et le dommage. Et c'est au juge du fond de décider souverainement, sans contrôle des juges
de cassation, en fonction des circonstances de chaque espèce, si le dommage dont la réparation est
demandée par la victime de l'inexécution constitue ou non une conséquence directe de cette inexécution.
Mais le caractère directe du dommage est-il suffisant ou faut-il encore que le dommage soit prévisible ?
En France, le caractère prévisible du dommage est requis, expressément, par l'article 1150 du code civil
français. Le dommage imprévisible n'est pas réparable en droit français. Par exemple, en cas de vol d'une
voiture confiée à un garagiste.
Celui-ci n’est tenu à rembourser au client que la valeur de la voiture, à l'exclusion des objets
précieux laissés dans cette voiture. Car il n'a pas pu prévoir leur existence.
Au Maroc, le DOC ne précise pas si le dommage réparable doit être prévisible. Cette question est
controversée en doctrine

D- Absence des causes d’irresponsabilité

L'exécution du contrat peut être rendue impossible par certaines causes. Dans ce cas, le
débiteur n'est pas responsable de l'inexécution du préjudice qui en résulte pour le créancier. Ces causes
qui exonèrent le débiteur de son obligation sont énumérées à l'article 268 et 270 du DOC. Il s'agit de la
force majeure (I) et de la demeure du créancier (II).

I- La force majeure ou le cas fortuit

Un événement est considéré comme constituant une force majeure ou cas fortuit (les deux termes
peuvent être considérés comme synonymes) s'il présente les 3 caractères suivants conformément à
l’article 269 du DOC) : l’imprévisibilité (a), l’irrésistibilité (b) et l’extériorité (c).

a- L’imprévisibilité
L'événement qui a rendu l'exécution impossible doit avoir échappé au débiteur au moment de
la conclusion du contrat. Si le débiteur connaissait cet événement, il n'y aurait plus d'imprévisibilité,
donc de force majeure.

b- L’irrésistibilité

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L'événement qui a entraîné l'inexécution doit être de ceux qu'il est absolument impossible
d'éviter. S'il s'agit d'un événement qui peut être évité par un autre que le débiteur, il n'y aura pas
irrésistibilité donc de force majeur. Il faut qu’il s’agisse d’une impossibilité insurmontable et nom d'une
difficulté, aussi grande soit-elle.

c- L’extériorité
L'événement qui a empêché l'exécution doit être extérieur au débiteur. Par conséquent, ne
constitue pas une force majeure la défaillance du matériel ou du personnel que le contractant emploie à
l'exécution du contrat.
Ces caractères de la force majeure sont cumulatifs, c'est-à-dire que si l'un deux fait défaut, il n’y
aura pas de force majeure. Peu importe qu'il s'agisse de phénomènes naturels (inondations, sécheresses,
tremblements de terres, orages, sauterelles ...) ou d'actions humaines (guerres, émeutes, pillages,
interventions des pouvoirs publics- le fait du prince- comme l'expropriation ou l'interdiction
d'importation ...).
Remarquons, néanmoins, qu'un évènement qui a été occasionné par une faute précédente du
débiteur ne constitue pas une force majeure en application de l’article 269, alinéa 3 du DOC.

II- La demeure du créancier

Lorsque l'évènement qui a empêché l'exécution du contrat réside dans le comportement du


créancier, la responsabilité du débiteur ne peut être engagée. Ainsi, le créancier ne peut invoquer
l'inexécution pour demander une réparation à son débiteur lorsqu'il refuse, sans raison valable, de
recevoir la prestation ou de concourir à l'exécution du contrat. C’est ce qui ressort de l’article 270 du
DOC.
De même, le transporteur n'est pas contractuellement responsable du décès du voyageur qui
s’est suicidé au cours du voyage.

Sous-section 2 : Les conditions procédurales

En droit civil marocain, pour mettre en œuvre son droit à indemnisation, la victime doit
satisfaire à certaines conditions d’ordre procédural.
Il s’agit principalement de l’existence d’une mise en demeure (§1) prévu par l’article 255 du
DOC et de la nécessité d’agir dans un délai déterminé devant le tribunal compétent (§2). Il s’agit ici de
la prescription prévue au premier paragraphe de l’article 371 du DOC.

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§ 1- La mise en demeure

Pour mettre en œuvre son droit à indemnisation, le créancier doit en principe mettre le débiteur
en demeure d'exécuter ses obligations, sauf lorsque l'exécution n'est définitivement plus possible. La
mise en demeure est parfois exigée comme un préalable nécessaire à la mise en œuvre d’une procédure
judiciaire. C’est une exception de procédure. Faute de mise en demeure du débiteur, tous les actes
subséquents de la procédure sont entachés de nullité.
D’où l’intérêt d’envisager le domaine de la nécessité de la mise en demeure (A), avant
d’aborder ses formes et ses effets (B).

A- Domaine de la nécessité de la mise en demeure

Faut-il, avant d'engager la responsabilité civile du débiteur, lui rappeler son obligation en lui
demandant de l'exécuter, c'est-à-dire le mettre en demeure ?
Deux situations sont à distinguer, selon qu'un terme ait été fixé (I) ou non pour l'exécution de l'obligation
(II).

I- Si un terme a été fixé

L’article 255 à son alinéa 1, prévoit un principe emprunté au droit allemand selon lequel « le
débiteur est constitué en demeure par la seule échéance du terme établi par l'acte constitutif de
l'obligation ».
Il en ressort, qu’à la date convenue, le débiteur doit exécuter son obligation. Il n'a pas à
attendre qu'on la lui rappelle. Le silence de son créancier après cette date ne doit nullement être interprété
comme une prorogation tacite d'échéance.
Cependant, il arrive que dans certaines matières, la dette soit quérable et non portable. Dans ce cas,
même si le terme a été fixé, le débiteur ne sera pas en demeure par la seule arrivée du terme.
C’est ainsi qu’en matière de baux, le loyer étant quérable et non portable, le locataire n'est en
demeure justifiant la réalisation du contrat que par une interpellation qui lui est adressée de s'acquitter
du loyer.

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II - Si aucun terme n'a été fixé
Parfois le contrat ne fixe pas l'échéance du paiement ni expressément ni tacitement. Ceci est
le cas d’une personne qui prête à une autre une somme d'argent sans préciser le délai de remboursement.
Doit-on, dans ce cas, mettre le débiteur en demeure ou pas ?
A cette question le DOC donne, en vertu de l’article 255, une réponse de principe selon
laquelle « si aucune échéance n’est établie, le débiteur n'est constitué en demeure que par une
interpellation formelle du représentant légitime de ce dernier ».
Cette solution est logique ; car on ne peut reprocher à quelqu'un un retard et lui demander une
réparation en conséquence alors qu'aucun délai n'a été fixé, ni expressément, ni tacitement, pour
l'exécution et qu'en principe la dette est quérable et non portable.
Toutefois, ce principe connait des exceptions. En effet, si la finalité de la mise en demeure est
de rappeler au débiteur la nécessité d'exécuter son obligation et, surtout, de constater par écrit son refus
d'honorer ses engagements, la mise en demeure devient inutile dans le cas où le débiteur fait lui-même
connaître au créancier son refus d'exécuter.
De surcroît, La mise en demeure serait également vaine si l'exécution devenait impossible.
C'est en tenant compte de l'inutilité de la mise en demeure dans ces hypothèses, que l'exigence de cette
formalité a été écartée par l'article 256 du DOC, même pour les obligations dont l'échéance n'avait pas
été précisée. Ce texte dispose, en effet, que : « l'interpellation du créancier n'est pas requise :
1°- Lorsque le débiteur a refusé formellement d'exécuter son obligation
2°- Lorsque l'exécution est devenue impossible »

B- Formes et effets de la mise en demeure

Pour produire ses effets (II), La mise en demeure doit présenter certaines conditions de forme
(I).

I- La forme
La mise en demeure doit demander, de façon non équivoque au débiteur d’exécuter son
obligation dans un délai raisonnable en l’avertissant que passé ce délai le créancier se réserve le droit
de prendre les mesures qu’il juge nécessaires pour la protection de ses intérêts.

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La mise en demeure doit être faite par écrit, conformément à l’article 255 du DOC. Il en résulte
que les interpellations verbales et les visites rendues au débiteur pour lui demander l’exécution même
prouvée ne sont pas constitutives de mise en demeure.
La lettre recommandée et le télégramme sont cités par l’article 255 du DOC, à titre d’exemple.
Mais rien n'empêche de notifier la mise en demeure par l'intermédiaire du greffe du tribunal de
première instance dans les formes prévues par les articles 37, 38 et 39 du code de procédure civile.
La mise en demeure peut, également, être faite par citation en justice, même devant un juge
incompétent. En saisissant le juge, le créancier manifeste sa volonté d’obtenir l’exécution de la
prestation promise ou la sanction de son inexécution. C’est ce qui ressort de l’alinéa dernier de
l’article 255 du DOC.
Mais peut-on faire une mise en demeure par simple lettre ? A priori rien ne s'y oppose, puisque
l'essentiel est d'interpeller le débiteur pour lui demander l'exécution. En réalité, la simple lettre est
déconseillée.
Elle risque de poser de sérieuses difficultés de preuve. Le créancier n'est pas toujours en
mesure d'administrer la preuve de la réception de la lettre par le débiteur ou son représentant.

III- Les effets de la mise en demeure

La mise en demeure, valablement effectuée, produit des effets importants qui concernent
notamment les dommages et intérêts moratoires (a) et le transfert des risques de la perte de la chose
(b).
a- Les dommages-intérêts moratoires
Ce sont les intérêts dus par le débiteur en raison du retard dans l’exécution. Or, dans le cas où
une mise en demeure s'impose, le débiteur ne peut être considéré en retard (en demeure) qu'après une
interpellation formelle, lui enjoignant d'exécuter son obligation dans un délai raisonnable, demeurée
sans effet. Les intérêts de retard ne courent qu'à compter du jour du refus du débiteur.

b-Le transfert des risques

Lorsque l'obligation du débiteur a pour objet la livraison d'un corps certain, la mise en demeure
met la chose à ses risques. Cette règle est énoncée par l'article 266 du DOC aux termes duquel « le
débiteur en demeure répond du cas fortuit et de la force majeure ».
Par exemple, une personne achète un tableau. Normalement la vente étant un contrat
consensuel, l'acheteur devient propriétaire dès l'échange des consentements avant même la

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livraison. Si le tableau périt par un cas fortuit ou de force majeure, la perte est supportée par l'acheteur,
en application de la règle. L'acheteur perd le tableau et le prix, puisqu'il ne peut demander ni la
restitution du prix déjà payé au vendeur, ni refuser le paiement du prix, ou de la partie du prix, non
encore versé au vendeur.
Mais, cette règle est écartée lorsque le vendeur était déjà en demeure, c'est-à-dire lorsqu'il
gardait par devers lui le tableau qui lui avait été réclamé par l'acheteur. Dans ce cas, le vendeur
(débiteur en demeure) doit verser à l'acheteur une somme équivalente de la valeur du tableau (valeur
que l'acheteur doit prouver) au jour où la livraison aurait dû avoir lieu et ce, même si postérieurement
à cette date le cours des tableaux similaires a connu une baisse.

§2- L’action en réparation

A défaut d'accord des parties sur le principe même de la responsabilité et sur le montant des
dommages et intérêts, la victime qui désire obtenir une indemnisation doit engager une action en justice.
Cette action obéit aux règles du droit commun, mais deux questions méritent d'être précisées. L'une
concerne la compétence juridictionnelle (A) et l'autre la prescription (B).

A- La compétence juridictionnelle

En matière civile, la compétence juridictionnelle est l’aptitude d’une juridiction étatique


marocaine à connaître d’un litige ou d’une situation de droit privé. La détermination de la juridiction
compétente est le préalable nécessaire à la saisine du juge civil, et donc à l’examen de l’affaire sur le
fond.
Sont applicables aussi les règles ordinaires relatives à la compétence rationae materiae, c'est-
à-dire les matières pour lesquelles la juridiction est apte à statuer. Le tribunal de première instance
dispose d’une compétence matérielle de droit commun, tandis que les autres juridictions statuant en
matière civile disposent d’une compétence matérielle d’attribution. Ainsi, la victime peut saisir, selon
l'origine de sa créance soit le tribunal de première instance, soit le tribunal de commerce. Il en est ainsi
pour tous les litiges bancaires qui relèvent exclusivement de la compétence du tribunal de commerce.
Si l'inexécution du contrat constitue en même temps une infraction pénale, la victime peut se
constituer partie civile devant les tribunaux répressifs pour réclamer réparation de son dommage. Mais,
ces juridictions appliquent les règles de la responsabilité civile extracontractuelle, et non contractuelle,
au motif que l'infraction pénale implique une faute au sens des articles 77 et 78 du Dahir des Obligations
et Contrats.

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Cette action judiciaire doit être impérativement introduite dans le délai légal. C’est la
prescription.
B- La prescription

Par la prescription, le droit confère au temps une fonction profondément extinctive. Elle
sanctionne avant tout la négligence à faire valoir un droit. Le droit organise à cette fin de nombreux
délais de prescription.
En matière civile, l’article 371 du DOC dispose « La prescription, pendant le laps de temps
fixé par la loi, éteint l'action naissant de l'obligation ». De son côté l’article 387 du DOC prévoie que : «
toutes les actions naissant d'une obligation sont prescrites par quinze ans, sauf les exceptions ci-après et
celles qui sont déterminées par la loi dans les cas particuliers ».
Il en découle que c’est donc la prescription de droit commun qui s’applique, en principe, aux
actions en responsabilité contractuelle. Le point de départ du délai est le jour où l'obligation inexécutée
est exigible.
A ce principe, de nombreuses exceptions sont apportées par aussi bien le DOC que des textes
spéciaux.
En effet, lorsque le contrat est commercial, la durée de prescription est de cinq ans, en
application de l'article 5 du code de commerce concernant « les obligations nées, à l'occasion de leur
commerce, entre commerçants, ou entre commerçants et non commerçants ».
Le même délai de cinq ans s'applique aux actions en responsabilité des marchands,
fournisseurs, fabricants, à raison des fournitures faites par eux aux particuliers pour leurs usages
domestiques au sens de l’article 388 du DOC.
Il en est de même pour l’action en responsabilité fondée sur l'annulation d'une société où
l’article 92 de la loi n° 5-96 dispose que : « les premiers gérants et les associés auxquels la nullité de la
société ou de l'une de ses décisions est imputable, sont solidairement responsables, envers les autres
associés et les tiers du dommage résultant de la nullité. L'action se prescrit par cinq ans à compter du
jour où la décision d'annulation est passée en force de chose jugée ».
A cela s'ajoutent diverses lois spéciales qui prévoient des délais plus brefs, éventuellement
applicables à des actions en responsabilité contractuelle. On citera pour exemple uniquement la loi n°
31-08 édictant des mesures de protection du consommateur dans le domaine de la garantie légale des
défauts de la chose vendue. En effet, l’article 65 de cette loi dispose que : « toute action en justice
découlant des défauts nécessitant la garantie ou du fait que l’objet vendu est dépourvu des qualités
promises, doit être intentée dans les délais suivants, à peine de forclusion, pour les immeubles, dans les

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deux ans après la livraison, pour les biens meubles, dans l’année suivant la livraison ». Ce texte a modifié
l’article 573 du DOC.
D’ailleurs on retrouve aussi un délai plus court en droit commun, un délai de deux ans prévu
par l’article 388 du DOC. Il en est ainsi de :
« 1° L'action des médecins, chirurgiens, accoucheurs, dentistes, vétérinaires, pour leurs visites et
opérations ainsi que pour leurs fournitures et déboursés, à partir de la date de la fourniture ;
2° Celle des pharmaciens pour les médicaments par eux fournis, à partir de la date de la fourniture ;
3° Celle des établissements publics ou privés destinés au traitement des maladies physiques ou mentales,
ou à la garde des malades, à raison des soins par eux donnés auxdits malades et des fournitures et
déboursés faits pour ces derniers, à partir du jour où les soins ont été donnés et où les fournitures ont été
faites ;
4° Celle des architectes, ingénieurs, experts, géomètres, pour leurs devis ou opérations et les déboursés
par eux faits, à partir du jour où le devis a été remis, les opérations accomplies ou les déboursés effectués,
5° Celle des marchands, fournisseurs, fabricants, à raison des fournitures par eux faites aux particuliers
pour leurs usages domestiques ;
6° Celle des agriculteurs et producteurs de matières premières pour les fournitures par eux faites,
lorsqu'elles ont servi aux usages domestiques du débiteur ; ce, à partir du jour où les fournitures ont été
faites ».
Enfin, se prescrivent par un délai d’un an selon le même article :
« 1° L'action des instituteurs, professeurs, maîtres de pension publics ou privés, pour les honoraires à
eux dus par leurs élèves, ainsi que pour les fournitures faites à ces derniers, à partir de l'échéance du
terme fixé pour le paiement de leurs honoraires ;
2° Celle des domestiques pour leurs gages, déboursés et autres prestations à eux dus, en vertu du louage
des services, ainsi que celle des maîtres contre leurs serviteurs pour les avances faites à ceux-ci à ce
même titre ;
3° Celle des ouvriers, employés, apprentis, voyageurs, représentants ou placiers de commerce et
d'industrie pour leurs salaires et commissions, pour les déboursés par eux faits à raison de leurs services,
pour leurs indemnités de congés annuels payés ou compensatrices de congé dues au titre de l'année de
référence en cours, ainsi que dans le cas de droit à des congés groupés, au titre de l'année ou des deux
années précédentes ; Celle des artisans pour leurs fournitures et journées et pour les déboursés par eux
faits à raison de leurs services ; Celle de l'employeur ou patron pour les sommes avancées à ses ouvriers,
employés, apprentis, voyageurs, représentants ou placiers, sur leurs rémunérations ou commissions ou
bien au titre des déboursés faits par eux à raison de leurs services ;

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4° Celle des hôteliers ou traiteurs, à raison du logement et de la nourriture qu'ils fournissent, et des
déboursés faits pour leurs clients ; 5° Celle des locateurs de meubles et choses mobilières, à raison du
prix du louage de ces choses ».
Section 2 : Les conventions contractuelles relatives à la responsabilité

Les parties peuvent aménager leurs rapports comme elles l’entendent, en précisant dans quels
cas le débiteur sera responsable (sous-section 1), et en déterminant par avance le montant des dommages-
intérêts (sous-section 2).

Sous-section 1 : Les clauses relatives aux conditions de la responsabilité du débiteur

Les parties insèrent souvent dans leurs contrats des clauses par lesquelles elles modifient les
conditions de la responsabilité dans le sens soit de l'aggravation (§ 1), soit de l'allégement (§ 2).

§ 1- Les clauses aggravant les conditions de la responsabilité

Si la règle consiste à ce que l'inexécution ne soit pas génératrice de responsabilité lorsqu'elle


résulte d'un cas fortuit ou de force majeure, rien n'empêche les parties d'écarter cette règle par une clause
du contrat.
Il peut être, en effet, stipulé qu'un contractant répond des conséquences de l'inexécution à son
partenaire, quoique qu'il arrive.
En principe, les clauses qui aggravent les conditions de responsabilité ne posent pas de
problème quant à leur validité, car elles vont dans le sens de la rigueur dans l'exécution, des obligations
contractuelles.
Mais qu'en est-il des clauses qui restreignent les conditions de la responsabilité.

§ 2- Les clauses limitatives des conditions de la responsabilité

Il s'agit des clauses par lesquelles un contractant limite l'étendue ou la nature des obligations
qu'il assume. En effet, le débiteur peut stipuler qu'il ne souscrit qu'une obligation de moyens, et non une
obligation de résultat.
De même, les parties peuvent insérer dans leurs contrats une clause qualifiant de force majeure
un fait qui ne présente pas ce caractère d'après le droit commun.

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Les clauses limitatives de la responsabilité sont en principe licites. Elles sont néanmoins
dangereuses, car les contractants se trouvant dans une position de force peuvent les utiliser pour
s'exonérer de leurs obligations. Aussi ce principe comporte-t-il des exceptions.
D'abord, la loi l’exclut, expressément, dans certains contrats. C'est le cas de la plupart des
contrats régis par une réglementation impérative. Ceci est notamment le cas du transporteur qui ne peut
s'exonérer de sa responsabilité pour le retard où les avaries subies par les choses transportées.
Ces clauses ne sont pas admises également dans les contrats d’assurance.
Aussi, elles ne couvrent pas les fautes intentionnelles et les fautes lourdes, et ce par application
de l'article 232 du DOC aux termes duquel on ne peut stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute
lourde ou de son dol.

Sous-section 2 : Les conventions relatives au montant des dommages-intérêts

En cas d'inexécution du contrat, les parties doivent s’adresser au juge pour fixer le montant
des dommages et intérêts. Mais les parties peuvent éviter le recours au juge en insérant dans leur contrat
des clauses relatives au montant des dommages-intérêts. Il s’agit de la clause limitative du montant
maximal de la réparation (§1) et de la clause pénale (§2).

§1- Les clauses de limitation du montant de la réparation

Par ces clauses, on fixe, non pas le montant de la réparation, mais le plafond que cette
réparation ne doit pas dépasser. Ceci dit, si le préjudice réellement subi par la victime de l'inexécution
est inférieur à ce plafond, la réparation due par le débiteur correspondra à ce chiffre. En revanche, si le
préjudice subi dépasse le plafond, la victime ne recevra que ce plafond, d’où le caractère dangereux des
clauses limitatives du montant maximum de la réparation.
Ceci explique que la loi les exclut dans certains contrats. Il en est ainsi de l'article 743 du DOC
qui déclare nulles les clauses par lesquelles les hôteliers, aubergistes logeurs en garni, propriétaires
d'établissements de bains, cafés-restaurants, spectacles publics, limitent le montant de la réparation à
verser à leurs clients pour la perte, détérioration ou vol d'objets appartenant à ces clients.
Il en est de même de l'article 772 du DOC qui ne permet pas au locateur d'ouvrage
(entrepreneur) de limiter la garantie pour les défauts de son œuvre.
Force est de constater que les cas où ces clauses sont prohibées ne sont en réalité que des
exceptions. Ces clauses sont fréquentes dans la pratique, notamment dans le domaine des transports,
celui des rapports entre l'administration des postes télégramme et télécommunications et les usagers.

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§2- La clause pénale

La clause pénale est une évaluation forfaitaire du montant des dommages et intérêts à laquelle
procèdent les parties au contrat à l’avance dans le cas où le débiteur, n’exécuterait pas ou exécuterait de
façon défectueuse ou avec retard son obligation.
Cette faculté est avantageuse, à un double point de vue. D'abord, la fixation d'avance du
montant de la réparation par les parties supprime les difficultés et les aléas inhérents à l'évaluation
judiciaire.
Ensuite, le montant à payer par le débiteur étant souvent élevé, celui-ci est incité à exécuter
sa prestation pour éviter de payer une somme considérable.
Mais ces avantages ne doivent pas occulter les dangers de cette technique pour le créancier et surtout
pour le débiteur.
En effet, le créancier risque de ne pas obtenir l'exécution de la prestation promise. Son débiteur
préférera très probablement se soustraire à ses engagements chaque fois que le montant à payer par
application de la clause pénale est inférieur au bénéfice à retirer de l'inexécution.
A vrai dire, c'est pour le débiteur que la clause pénale présente le plus de dangers. En fixant
le montant à payer en cas d'inexécution à un montant très élevé par rapport au préjudice, cela aboutirait
à un enrichissement injustifié du créancier.
Ceci est d'autant plus à craindre que c'est la partie la plus forte dans la relation contractuelle
qui l'impose ; son partenaire n'ayant pas toujours le choix ni la lucidité suffisante pour apprécier les
dangers de son engagement. De nombreux contractants ne pensent pas, au moment de la souscription de
la clause pénale à l'éventualité d'une impossibilité d'exécution.
C’est la raison pour laquelle, de nombreuses législations aient jugé nécessaire la
réglementation de la clause pénale.
En France, si à l'origine le code civil posait comme principe la validité de la clause pénale en
interdisant au juge le droit d'augmenter ou de réduire le montant de la réparation convenue
conformément à l’article 1152, des lois postérieures ont reconnu au juge le pouvoir de modérer ou
d'augmenter la peine convenue, en vertu de la loi du 9 juillet 1975 ajoutant un second alinéa à l'article
1152 susvisé.

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La même position a été adoptée par des codes plus récents, comme le code civil égyptien à
l’article 224, qui limite la somme à payer en application d'une clause pénale au montant du préjudice
effectivement subi par le créancier et confère au juge un droit de réduire la somme convenue.
Au Maroc, le régime juridique de la clause pénale résulte de la combinaison d'un certain
nombre de dispositions. Ainsi, il ne fait aucun doute que les clauses pénales contraires à l'ordre public
ou assurant l'exécution d'une obligation immorale sont frappées de la nullité.
En réalité, il ne s'agit là que de l'application du droit commun relatif à la validité des
conventions.
Toutefois, certains textes, fixant le montant de la clause pénale éventuellement encourue,
l'excluent ou en limitent un plafond à ne pas dépasser.
Il en est ainsi en matière d'assurances ou l'assuré est tenu, au cours de l'exécution du contrat,
de porter à la connaissance de l'assureur tout changement relatif au risque si ce changement touche l'objet
du risque ou en diminue l'opinion pour l'assureur.
A défaut, et indépendamment de la rescision, les primes payées demeurent acquises à
l'assureur qui a droit au paiement de toutes les primes échues à titre de dommage et intérêts. C’est ce qui
ressort de l’article 21 de la loi du 28 novembre 1934 relative au contrat d'assurance terrestre.
Il en est de même du contrat de travail ou l’article 14 de la loi du 24 Janvier 1953 relative au
calcul et au paiement des salaires, aux économats, au marchandage et au contrat de sous-traitance, ne
permet de sanctionner pécuniairement (amende) les manquements aux règlements intérieurs que
lorsqu'ils concernent la discipline, l'hygiène, ou la sécurité des travailleurs. Elle fixe également le
plafond, par rapport au salaire, et la destination de l'amende. Celle-ci ne profite pas à l'employeur, mais
doit être versée à une caisse de secours au profit des ouvriers ou à défaut à une œuvre de bienfaisance.
Quant au DOC, le législateur marocain a permis, en vertu de l’article 264, au juge de réduire
le montant des dommages-intérêts convenu s'il est excessif ou augmenter sa valeur s'il est minoré comme
il peut réduire le montant des dommages-intérêts convenu, compte tenu du profit que le créancier en
aurait retiré du fait de l'exécution partielle de l'obligation, en affirmant que toute clause contraire est
réputée non écrite.
Toutefois, ce pouvoir modérateur du juge n’est pas sans limite. Il ne peut pas ainsi s’il
augmente une clause pénale, l’élever jusqu’à un montant supérieur au préjudice subi et s’il réduit ce
montant, le réduire à un montant inférieure au préjudice constaté.

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